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Pour les lecteurs égalitaires<br />
Les questions féministes ne sont pas en reste pour cette rentrée. Ça débute<br />
avec ce pertinent Abécédaire du féminisme (Somme toute), prolongement<br />
d’un segment de l’émission de radio Plus on est de fous, plus on lit! qui offre<br />
une vision plurielle de la femme. On aborde le sujet du fardeau de la réussite<br />
féminine dans la rencontre de Léa Clermont-Dion et de Marie Hélène Poitras<br />
avec plusieurs femmes inspirantes (Louise Arbour, Cœur de Pirate, Marie-Mai,<br />
etc.). Le livre s’appelle Les superbes (VLB éditeur). Autre option, marcher<br />
sur les pas de cette voix inspirante, l’écrivaine canadienne Élizabeth Smart<br />
décédée en 1986 (Le cœur jamais éteint, Leméac).<br />
À LIRE AUSSI<br />
Fille de Gaza d’Asmaa Alghoul et Sélim Nassib (Calmann-Lévy)<br />
Les 17 femmes Prix Nobel de sciences d’Hélène Merle-Béral (Odile Jacob)<br />
Pour les lecteurs investigateurs<br />
Les indices sont parsemés ici et là. À vous d’y voir clair! D’abord, on<br />
s’attaque à la corruption, notamment avec Corruption. Montréal et ses<br />
démons (Leméac), un collectif qui analyse le passé et réfléchit au futur.<br />
On glisse dans le monde interlope avec l’infiltrateur Éric Nadeau qui<br />
revient, avec l’aide de Stéphane Berthomet, sur la trahison de l’enquêteurvedette<br />
du SPVM Benoît Roberge (Dans l’ombre de Benoît Roberge, Edito).<br />
L’homme d’affaires déchu Éric St-Cyr, emprisonné pour un scandale de<br />
blanchiment d’argent, nous fait entrer dans le monde obscur de la finance<br />
(À l’ombre du soleil, Parfum d’encre).<br />
À LIRE AUSSI<br />
Citoyennetés à vendre. Enquête sur le marché mondial des passeports<br />
d’Atossa Araxia Abrahamian (Lux)<br />
Métier : infiltrateur 2 d’Alex Caine (L’Homme)<br />
ENTREVUE<br />
Nancy B. Pilon<br />
directrice du collectif<br />
nous parle de<br />
Sous la ceinture. unis pour<br />
vaincre la culture du viol<br />
Nancy B. Pilon enseigne au primaire, écrit – on l’a<br />
d’abord connue grâce au blogue Les populaires –, voyage.<br />
À sa façon, elle cherche à faire une différence dans sa<br />
communauté. C’est ce qu’elle accomplit avec Sous la<br />
ceinture, cri d’alarme essentiel contre la culture du viol<br />
qui prend des formes plurielles et sournoises. Le silence a<br />
assez duré.<br />
PAR DOMINIQUE LEMIEUX<br />
Aubut, Ghomeshi, Jutra… Ces histoires<br />
sont représentatives d’une société qui<br />
tolère encore trop souvent l’inacceptable.<br />
Et ce ne sont là que les manifestations<br />
les plus visibles qui font fi de mains<br />
baladeuses, de « non » pas respectés<br />
ou de commentaires désobligeants. La<br />
culture du viol, écrit Judith Lussier, l’une<br />
des collaboratrices au projet, c’est « un<br />
ensemble de comportements, de discours<br />
et d’attitudes qui font en sorte que les<br />
agressions sexuelles sont banalisées. »<br />
Pour les lecteurs identitaires<br />
Quels éléments permettent de distinguer le Québec des autres nations? Difficile<br />
d’y répondre, mais le travail de la firme Léger prétend dévoiler sept différences<br />
fondamentales des Québécois (Le code Québec,<br />
L’Homme). La diversité québécoise est une importante<br />
richesse. La situation des Autochtones continue d’attirer<br />
l’attention – et c’est tant mieux – notamment avec ce<br />
regard cinglant sur le système d’éducation au Nunavik<br />
(Une école à la dérive, Nicolas Bertrand, Septentrion).<br />
Pour une approche moins sombre, on se tournera vers<br />
le précieux médecin-écrivain Jean Désy qui plaide,<br />
avec Amériquoisie (Mémoire d’encrier), pour une plus<br />
grande « métisserie ».<br />
Fierté québécoise, Couche-Tard a conquis la planète<br />
grâce au flair de son fondateur Alain Bouchard, qui<br />
dévoile son parcours au journaliste Guy Gendron dans<br />
Couche-Tard ou l’audace de réussir (L’Homme). Autre<br />
emblème national, le Cirque du Soleil est souvent associé<br />
à Guy Laliberté : il est donc intéressant de s’attarder à son<br />
cofondateur, Gilles Ste-Croix, qui fait partie de ce grand<br />
succès né dans notre cour (Ma place au soleil, La Presse).<br />
À LIRE AUSSI:<br />
Une place au soleil. Haïti, les Haïtiens et le Québec<br />
de Sean Mills (Mémoire d’encrier)<br />
Amér-india de Gilles Bibeau (Mémoire d’encrier)<br />
La charte de la langue française. Ce qu’il reste de la<br />
loi 101 quarante ans après son adoption d’Éric Poirier<br />
(Septentrion)<br />
Histoire du Canada : des origines à nos jours de Jean-Michel Lacroix (Tallandier)<br />
Ce sujet hantait Nancy B. Pilon : « Depuis<br />
le mouvement #AgressionNonDénoncée,<br />
je voulais aborder ce sujet, mais je ne me<br />
sentais pas prête à le porter seule sur mes<br />
épaules. En juillet 2015, à la suite d’une blague controversée<br />
de Jean-François Mercier sur Facebook, j’ai été profondément<br />
dérangée par les commentaires. Une femme, notamment, a<br />
affirmé que ‘‘si t’es habillée pour te faire violer, surprends-toi<br />
pas si ça arrive’’. J’étais troublée qu’on – une femme, en plus,<br />
dans ce cas-ci – puisse encore dire ça aujourd’hui. »<br />
Après un appel à l’éditrice Myriam Caron Belzile, chez<br />
Québec Amérique, le projet de parler de façon accessible de<br />
la culture du viol était lancé. Nancy B. Pilon a alors contacté<br />
des gens de tout horizon afin de les inviter à participer :<br />
« Chaque collaborateur a été choisi pour une raison précise.<br />
Je ne leur ai pas imposé d’angle : ce qui primait était la<br />
qualité de leur plume, et la nécessité d’avoir une diversité<br />
de points de vue. » Mission accomplie, car cet ouvrage<br />
nous dévoile différents visages de la culture du viol. On la<br />
nomme, la raconte, la dévoile. Certaines le font sans pudeur<br />
(Julie Artacho, Sophie Bienvenu, Gabrielle L. Collard), et<br />
les collaborateurs masculins ne sont pas en reste (Simon<br />
Boulerice, Samuel Larochelle, Webster). Les textes de Judith<br />
Lussier et de Véronique Grenier, ainsi que l’échange initial<br />
entre Koriass et Aurélie Lanctôt, amènent une meilleure<br />
compréhension de ce sujet délicat.<br />
Cette nécessaire incursion au cœur d’un enjeu si grand<br />
permet de mettre en mots une réalité trop longtemps tue :<br />
« C’est en restant dans le silence que la culture du viol peut<br />
continuer à se perpétuer. Ce qu’on a besoin, c’est d’aborder<br />
ce sujet, de le démystifier, de le faire comprendre. » À lire,<br />
donc, et à glisser entre les mains de nos adolescents. Car<br />
ce sont eux qui seront appelés à enfin faire changer les<br />
comportements.<br />
LES LIBRAIRES • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 • 51