[LITTÉRATURE] « HUGO LÉGER MANIE L’HUMOUR NOIR AVEC DOIGTÉ ET TALENT. » Josée Lapointe, La Presse www.editionsxyz.com TÉLÉSÉRIE HUGO LÉGER Également disponible en version numérique
littérature Québécoise Pour les lecteurs qui ont besoin de prendre le large On compare son ton à celui d’Anne Hébert ou de Robert Lalonde : Micheline Morisset saura assurément ravir ceux qui ont besoin d’une grande bouffée d’air avec Ce visage où habiter (Druide), où un homme, en 1938, quitte sa morne vie du lac Témiscouata pour réapprendre à respirer, en Europe. Sara Lazzaroni, la jeune prodige des lettres québécoises, revient déjà avec un nouveau roman, Okanagan (Leméac), qui se déroule dans la vallée où le titre nous emporte. Collecte de fruits, recherche de soi, moment présent : si ce n’était pas embaumé d’une telle maturité, ce serait surfait. Mais comme c’est signé Lazzaroni, on en redemande. Prendre le large. Voilà ce dont a besoin l’héroïne de Dévissage (Iris Delagrange, XYZ), dont le père vient de mourir. Celle qui travaillait sans relâche a besoin de changer d’air et c’est celui de l’Everest qu’elle décidera d’aller respirer. Si l’ascension est en soi une aventure extraordinaire qui nécessite de plonger au plus creux de nos ressources, le voyage accompli intérieurement est également un défi à surmonter, qui ne se fait pas sans heurts. À LIRE AUSSI Cartes postales et autre courrier d’Hugues Corriveau (L’instant même) Pour les lecteurs fidèles Heureux sont les lecteurs d’Aki Shimazaki, puisque cette auteure ne nous fait jamais attendre trop longtemps avant de nous offrir un nouvel ouvrage. Cette fois, on plonge dans Suisen (Leméac/Actes Sud), qui continue le cycle entamé par Azami. On y explore les failles de Gorô, toujours avec cette limpidité et cette distance nimbées de douceur qui fait de Shimazaki l’excellente auteure qu’elle est. De retour à la fiction, Jean-François Beauchemin flirte avec le récit d’anticipation en nous proposant Le projet éternité (Leméac), qui explore l’idée de la mort à travers une société qui arrive à déjouer la vieillesse et qui est pour ainsi dire immortelle. Si Ying Chen nous avait habitués à des récits de l’intime, elle nous transporte cette fois au cœur de la Chine révolutionnaire, qu’elle aborde d’un point de vue historique et politique dans son roman Blessures (Boréal). Avec Yves Beauchemin et Les empocheurs (Québec Amérique), voilà le retour d’un auteur qui maîtrise ses lettres, de façon classique et sans fioritures, et qui sait aborder ses sujets de front. Ici, on parle de corruption. De chasse. De collusion. Jérôme, en sabbatique, se fait arnaquer deux fois plutôt qu’une. Quelle leçon en tirerat-il? Que si les uns le peuvent, lui aussi le peut. Et le voilà qui plonge parmi les « empocheurs », aveuglé par le pouvoir et l’argent, dans ce monde sale, en réplique à ce système qui l’a trahi. À LIRE AUSSI La visiteuse de Linda Amyot (Leméac) Les fautifs de Denis Monette (Logiques) Le dernier chant des premiers peuples de Jean Bédard (VLB éditeur) Pour les lecteurs qui ont besoin de faire une mise au point Le comédien Patrice Godin, qui a prouvé avec Territoires inconnus qu’un écrivain sommeillait en lui, revient avec Boxer la nuit, le roman d’un homme dont la femme vient de trépasser et qui, pour taire son chagrin, se réfugie dans le Maine. Là-bas, il rencontrera une femme accompagnée de ses deux enfants, également venue libérer son esprit et faire le point sur sa vie, pour ensuite réapprendre à aimer. Dans une langue sobre et ronde, Éléonore Létourneau raconte la vacuité d’existence qui anime deux couples dans la fin de la trentaine dans Les choses immuables (XYZ). Alors qu’un ACV qui accable sa mère réveille Louis, aux prises avec le syndrome de l’imposteur, on sent que les choses ne sont peut-être pas là où elles devraient être. On lit Christiane Lahaie pour la qualité de son écriture et l’on se réjouit d’apprendre qu’elle publie Parhélie ou Les corps terrestres (Lévesque éditeur) cet automne, l’histoire d’un postier à la retraite qui reprend du service et d’une ado vivant recluse chez sa tante. Un roman qui parle de la vie, de celle qu’on accepte lorsqu’elle ne nous en laisse plus le choix. À LIRE AUSSI Sexe, pot et politique de Lucie Pagé (Libre Expression) Nénuphar de Maryse Barbance (Fides) Pour les éternels ados Des papillons pis du grand cinéma (Libre Expression) d’Alexandra Larochelle ravira les adultes (et leurs ados, bien sûr) qui aiment se plonger dans les tourments et la force des passions des premières amours. Cette suite à Des papillons pis de la gravité nous entraîne avec Frédégonde, qui décide finalement d’aller faire le point à Londres, toujours dans ces aventures originales et cette langue vive, jeune et maîtrisée. Avec Carole Massé (Le gouffre, XYZ), on plonge dans une autre époque, soit en 1951, à Baie-Saint-Paul, alors que la jeune Estelle, 14 ans, fait une rencontre qui la marquera : Gloria, ancienne danseuse de revue de Montréal. Un roman d’apprentissage coloré, qui fera revivre aux lecteurs une époque bien campée. À LIRE AUSSI Le petit Abram de Philippe Simard (L’Interligne) Pour les lecteurs indécis Les collectifs sont toujours un moyen de découvrir plusieurs plumes différentes, en un court laps de temps. Comme un speed dating littéraire, disons! Populaire, ce genre aura des nouveaux parmi ses rangs, notamment Aimer, encore et toujours (Druide) sous la direction de Claire Bergeron. La ligne directrice autour de laquelle quatorze auteurs se sont prêtés au jeu? Les méandres de l’amour. À La mèche, Pierre-Luc Landry dirige Couronne Sud, dont le titre fait référence à ces banlieues de Montréal (Couronne Nord est prévu pour 2017), avec des textes d’une trentaine de pages chacun permettant de bien explorer les méandres non pas de l’amour cette fois, mais du territoire. Sous la direction de Michel Jean, Amun (Stanké) s’annonce comme le recueil qui fera fureur à l’automne, avec des nouvelles actuelles signées par des auteurs de tous âges et tous horizons, mais qui ont en commun leurs racines autochtones : Joséphine Bacon, Natasha Kanapé Fontaine, Naomi Fontaine, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Louis-Karl Picard-Sioui, etc. À LIRE AUSSI Comme chiens et chats d’un collectif dirigé par Florence Meney (Stanké) Des nouvelles nouvelles de Ta Mère d’un collectif (Ta Mère) LES LIBRAIRES • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 • 39