You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Pour les lecteurs de bédéistes au féminin<br />
Les amateurs de la nouvelle génération féminine en BD seront<br />
heureux d’apprendre qu’on retrouvera Zviane dans À l’école<br />
(Mécanique générale), un ouvrage « best of » qui reprendra<br />
certaines planches de La plus jolie fin du monde et de Le quart de<br />
millimètre, deux ouvrages épuisés, le tout augmenté de nouvelles<br />
planches inédites servant à revenir sur le passé, à commenter ou<br />
à mettre en contexte. Avec l’humour décalé qu’on lui connaît, Iris<br />
Boudreau nous propose de retourner au secondaire pour partager<br />
les aventures de ces ados, « les Autres » qui ne sont d’aucune gang.<br />
Pour les amateurs, attention : Les Autres (t. 1) chez Bayard est une<br />
compilation des planches parues dans Curium! Mais sept inédits s’y<br />
retrouvent. La Française Pénélope Bagieu propose ici rassemblés<br />
quinze portraits de femmes qui, grâce à leur culot, ont marqué leur<br />
époque. D’abord publiés sur le blogue du Monde.fr., ces portraits<br />
seront disponibles dans Culottées (t. 1) (Gallimard). La scénariste<br />
Vanyda s’allie avec Nicolas de Hitori dans une nouvelle BD pour<br />
jeunes adultes, qui s’intitule Mia et Co (Dargaud) et qui raconte ces histoires complexes<br />
où l’amitié se transforme parfois en amour. Mia, la protagoniste, préfère de loin se tenir<br />
avec les garçons, mais cela vient avec son lot de complications.<br />
À LIRE AUSSI<br />
Le rose vous va si bien d’Eva Rollins (Casterman)<br />
Pour les lecteurs nostalgiques<br />
Martha et Alan (L’Association), du talentueux Emmanuel Guibert,<br />
nous plonge dans l’enfance d’Alan Ingram Cope, alors qu’à 5 ans,<br />
il devient ami avec Martha. Cette fillette, qui comme lui grandira<br />
au gré des bêtises d’enfance et des épreuves de la vie, sera en<br />
fait son premier amour. C’est avec un dessin qu’on peut sans<br />
gêne qualifier de somptueux que Guibert nous parle du passé, de<br />
ces êtres qui nous forgent.<br />
Pour les lecteurs qui n'ont pas froid aux yeux<br />
Les trois carrés de chocolat (Mécanique générale) de Mélodie Vachon Boucher est<br />
puissant, dérangeant, douloureux et magnifique à la fois. Une narratrice revient sur<br />
son passé, sur les trois viols qu’elle a subis, de façon à forger sa guérison. Rien n’est<br />
démontré en images, tout n’est que sensation, tout n’est que faits et émotions brutes,<br />
vraies. C’est fait avec délicatesse, adresse et respect. Osons le dire : ce roman graphique<br />
est essentiel. Autre univers : celui des gangs de rue en Amérique du Sud grâce auquel<br />
on découvre, dans Vértigo (Le Lombard), un travail de recherche exceptionnel de la part<br />
de Sergeef et Bufi.<br />
À LIRE AUSSI<br />
Au fil de l’eau de Juan Díaz Canales (Rue de Sèvres)<br />
Pour les lecteurs qui fuient le réel<br />
Alain Farah (Pourquoi Bologne) plonge pour la première fois dans l’univers du 9 e art avec<br />
La ligne la plus sombre (La Pastèque), nous invitant à fuir le réel par la voie de la création.<br />
Mais il ne le fait pas seul, ayant comme alliée aux illustrations la talentueuse Mélanie<br />
Baillargé. Son personnage, un certain Joseph Farah, coule ses vacances dans le Maine<br />
lorsqu’un appel lui ouvre tout à coup un champ de possibilités, nous entraînant des<br />
bureaux de Radio-Canada aux océans de dauphins, des films d’espionnage au concept<br />
de channeling, du roman Dune à la plage avec ses enfants… À découvrir chez Ankama<br />
grâce à Shangri-la et Mathieu Bablet : dans une société où les robots dirigent la terre,<br />
D4ve est un androïde prisonnier d’un travail de bureau qui l’exténue. Comment s’en<br />
sortira-t-il? Chez ce même éditeur, on continue à découvrir l’œuvre de Stephane Wul,<br />
l’un des grands Français de la littérature de genre, adapté en BD. Cette fois, c’est au tour<br />
d’Odyssée sous contrôle de renaître sous la plume de Doobs et les dessins de Stéphane<br />
Perger. Chez Alto, on retrouve Tom Gauld et ses petites cases intelligentes dans Police<br />
lunaire : mêlant humour et mélancolie, Gauld pointe l’absurde de la vie grâce à une<br />
histoire où le point de départ est la Lune, lieu colonisé à la fois par les humains et les<br />
robots. Et finalement avec Pierre-Yves Gabrion, on débarque dans un monde futuriste<br />
régit par un gouvernement totalitaire où a lieu une enquête (Karma city, Dupuis).<br />
À surveiller<br />
S'enfuir<br />
Guy Delisle (Dargaud)<br />
Avec ce nouvel ouvrage, Guy Delisle raconte les<br />
111 jours de la prise d’otage d’un responsable<br />
d’ONG, survenue dans le Caucase, ainsi que<br />
la détention qui s’ensuivit. Chaque nouvel<br />
album de cet auteur est un incontournable,<br />
autant en raison de l’aspect documentaire<br />
qu’il apporte que pour la qualité et la fausse<br />
simplicité graphiques qui s’en échappent. Un<br />
nouveau coup de maître.<br />
Zoothérapie<br />
Catherine Lepage (Somme toute)<br />
En quelques mots seulement, Catherine<br />
Lepage sait venir nous chercher là où ça fait<br />
mal. Grâce à des images plus qu’évocatrices<br />
(exemple : un paon dont les plumes majestueuses<br />
sont ornées de plusieurs yeux, accolé<br />
à la phrase « On vit constamment sous la<br />
pression du regard des autres »), elle nous<br />
pousse à réfléchir sur notre nature profonde,<br />
sur les valeurs qu’on souhaite maintenir. Une<br />
artiste sensible, dont l’œuvre intelligente est<br />
sans pareil.<br />
Aujourd'hui, demain, hier<br />
Roman Muradov (Dargaud)<br />
Ce Russe qui demeure aux États-Unis est depuis<br />
peu la nouvelle coqueluche de l’illustration.<br />
Déjà, celui qui dessine entièrement à la main<br />
possède à son actif des couvertures du New<br />
York Times, du New Yorker, de livres chez<br />
Penguin Books, etc. Son trait a un petit quelque<br />
chose de l’éditorial et ses couleurs empruntent<br />
à l’expressionnisme allemand des années 20 :<br />
vives, chaudes, violentes. Dans ce one-shot,<br />
il présente six histoires, de quatre à soixante<br />
pages chacune, qui sont à la fois littéraires et<br />
ludiques, à la fois comiques et profondes. Les<br />
amateurs d’art adoreront.<br />
Coquelicots d'Irak<br />
Lewis Trondheim et<br />
Brigitte Findakly (Pow Pow)<br />
Si Lewis Trondheim n’a plus besoin de<br />
présentation, on se surprend d’apprendre<br />
que la coloriste Brigitte Findakly (Le chat du rabbin) est son<br />
épouse. Ensemble, ils nous proposent Coquelicots d’Irak,<br />
un petit tour d’horizon de la vie de Findakly, née d’un père<br />
irakien et d’une mère française dans les années pré-Saddam<br />
Hussein. Grâce à de multiples saynètes, à quelques photos<br />
et à des parenthèses d’information culturelle, on assiste aux<br />
souvenirs parfois doux, parfois sombres de Findakly.<br />
LES LIBRAIRES • SEPTEMBRE-OCTOBRE 2016 • 61