Aux portes du soir. Vieillir avec splendeur
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Dolores Aleixandre<br />
<strong>Aux</strong> <strong>portes</strong><br />
<strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
<strong>Vieillir</strong> <strong>avec</strong> <strong>splendeur</strong>
<strong>Aux</strong> <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong>
Dolores Aleixandre<br />
<strong>Aux</strong> <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
<strong>Vieillir</strong> <strong>avec</strong> <strong>splendeur</strong><br />
Tra<strong>du</strong>it de l’espagnol par Ivan Murovec<br />
« Béthanie »
Du même auteur, en langue française :<br />
Raconter Jésus. Nouvelle lecture priante de l’Évangile. Tra<strong>du</strong>it de l’espagnol par<br />
Claude Chauchadis, Bayard, coll. Études et essais, Montrouge, 2014.<br />
Donnne-moi de connaître ton nom, Fidélité, coll. Vie spirituelle, Namur, 2014.<br />
Baptisés dans le feu, Lessius, coll. La revue Christus, Namur, 2015.<br />
Pour l’édition originale espagnole intitulée :<br />
Las puertas de la tarde. Envejecer con esplendor<br />
© 2007, Editorial Sal Terrae (Maliaño, Cantabrie)<br />
Grupo de comunicación Loyola, S.L.U., Bilbao<br />
Directeur de collection : Charles Delhez, s.j.<br />
© 2016, Éditions jésuites<br />
Belgique : 7, rue Blondeau • B-5000 Namur<br />
France : 14, rue d’Assas • F-75006 Paris<br />
email : info@editionsjesuites.com<br />
http://www.editionsjesuites.com<br />
Dépôt légal : D.2016, 4323.13<br />
ISBN : 978-2-87356-698-2<br />
Imprimé en Belgique
<strong>Aux</strong> religieux de l’ordre de saint Camille et aux professionnels<br />
des soins palliatifs de Tres Cantos, qui, le cœur sur la main,<br />
soignent et accompagnent ceux qui sont en transit vers l’audelà<br />
<strong>du</strong> <strong>soir</strong>.<br />
Avec toute mon admiration et ma reconnaissance.
Intro<strong>du</strong>ction<br />
« <strong>Aux</strong> <strong>portes</strong> <strong>du</strong> levant et <strong>du</strong> couchant, tu fais jaillir des cris<br />
de joie… » (Ps 64, 9).<br />
Je suis consciente que la proposition de vieillir <strong>avec</strong> <strong>splendeur</strong><br />
apparaîtra provocatrice ou, tout au moins, trompeuse, parce<br />
qu’elle réunit deux termes qui, selon notre expérience commune,<br />
s’avèrent contradictoires. En effet, comment concilier la luminosité<br />
de la <strong>splendeur</strong> <strong>avec</strong> le vieillissement, irrémédiablement associé<br />
à la sombre déchéance et à la décrépitude, si ce n’est en ignorant<br />
ses nombreux inconvénients et ennuis, évidents pour tous et<br />
craints de façon quasi unanime ?<br />
La seule perspective de vieillir déchaîne un nombre infini<br />
d’anxiétés et de préoccupations : peur de quitter son emploi, de<br />
perdre de l’importance sociale, de devenir dépendant, de voir<br />
se détériorer son état ou son image physique a … Ce désir de<br />
a. Cette crainte est à l’origine d’une offre extrêmement large de médicaments<br />
anti-âge (sic), de solutions dermo-esthétiques pour « prévenir le stress oxydant<br />
des cellules » (dans le temps, seules les serrures s’oxydaient…) à base<br />
d’« anti-cellulitiques désincrustants (?) anti-no<strong>du</strong>les », de « tenseurs de rides au<br />
7
aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
récupérer le temps que l’on considère per<strong>du</strong>, tout comme l’envie<br />
de retrouver tout ce qu’on n’a pas appris ou d’éprouver les penchants<br />
que l’on n’a pas cultivés, font aussi l’objet d’un nombre<br />
infini d’offres. Qu’il s’agisse d’une frénésie de voyages (pour qui<br />
peut se les permettre), de sollicitations par des associations, de<br />
cours, d’ateliers, de conférences ou « universités pour a<strong>du</strong>ltes » …<br />
Apparaissent aussi d’autres préoccupations plus profondes : peur<br />
de la solitude, de la perte d’autonomie et de l’estime sociale,<br />
anxiété devant la fuite <strong>du</strong> temps, refus de la finitude et de la<br />
perspective de la mort… La vieillesse souffre de voir porter sur<br />
elle un jugement qui en fait un temps de régression, d’inactivité<br />
et de perte, manquant d’expectatives et de projets, marquée de<br />
façon irrémédiable par l’amertume et la nostalgie. On ne lui<br />
concède qu’une « revanche récréative » qui con<strong>du</strong>it à une oisiveté<br />
totale, à l’étourdissement dans la consommation et le superficiel.<br />
Mais, face à cet imaginaire social qui essaie de nous assimiler<br />
et de nous engloutir, émerge le langage biblique, nous défiant<br />
<strong>avec</strong> des images de croissance et de fécondité :<br />
« Transplantés dans la maison <strong>du</strong> Seigneur,<br />
dans les cours de notre Dieu,<br />
ils seront toujours pleins de fraîcheur et de sève<br />
et ils donnent encore des fruits » (Ps 92, 14-15) 1 .<br />
moyen de liposomes restructurants et exfoliants », ou par traitements au moyen<br />
d’algues de la mer Morte et de ventouses chinoises. En somme, une guerre sans<br />
pitié pour rester jeune ou le paraître. «<strong>Vieillir</strong>… ? Peux-tu te le permettre ? »,<br />
demande une publicité pour cosmétiques masculins, faisant aussitôt surgir en<br />
nous une autre question sur le résultat qui attend celui qui estimera qu’il ne<br />
peut pas se le permettre. Mais il faut bien admettre que nous qui dépassons la<br />
soixantaine, nous représentons un marché potentiel très important, et il n’est<br />
donc pas étonnant que les publicités cherchent à répondre à nos désirs, peurs<br />
ou manques.<br />
8
intro<strong>du</strong>ction<br />
J’ose penser que cette « fraîcheur » comprend également l’attitude<br />
qui consiste à nous écarter en tant que croyants <strong>du</strong> charabia<br />
des modèles culturels dominants et à le transgresser en nous<br />
donnant la responsabilité d’ébaucher un modèle chrétien de<br />
vieillissement.<br />
Il existe un discours émergent, que nous pourrions qualifier<br />
d’« exhortation », qui recommande <strong>avec</strong> insistance (jamais le<br />
troisième âge n’a reçu autant de conseils) d’accepter les effets de<br />
l’âge et d’« admettre » ses limites, d’éviter la tendance à s’isoler<br />
et à se désintéresser de tout, de préserver la souplesse d’esprit et<br />
l’ouverture intellectuelle, de s’efforcer de rester en bonne forme<br />
physique, de s’organiser et de planifier son emploi <strong>du</strong> temps, de<br />
cultiver les activités propres à développer sa créativité, de prendre<br />
part à un volontariat… Je suis fondamentalement d’accord <strong>avec</strong><br />
tout cela, mais je réagis de la même manière que devant la formule<br />
« Repose en paix » des avis nécrologiques et des cartes de<br />
condoléances : elle m’apparaît si plate et peu stimulante cette<br />
image d’une éternité consacrée à « se reposer », pareille à celle<br />
d’une vieillesse consacrée stoïquement à sauvegarder et à prolonger<br />
le plus longtemps possible ce que l’on a vécu sans effort<br />
lors d’autres étapes.<br />
En effet, je suis convaincue que l’Évangile possède un très<br />
grand potentiel qui le rend capable d’élargir nos perspectives si<br />
étroites et de nous convier à une <strong>splendeur</strong> correspondant à ce<br />
que Paul appelait <strong>avec</strong> réalisme un état où « l’homme extérieur<br />
va vers sa ruine » (2 Co 4, 16).<br />
« Au milieu de la nuit, il y eut un cri : “Voici l’époux ! Sortez à<br />
sa rencontre” » (Mt 25, 6).<br />
C’est un appel péremptoire à sortir de cette somnolence de<br />
la distraction et de la banalité qui nous ont peut-être trop longtemps<br />
liés à l’acces<strong>soir</strong>e. Il nous défie de vivre dans l’attente de<br />
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aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
l’essentiel, attirés par ce qui nous touche sans conditions. La<br />
voilà, selon moi, l’opportunité émergente qui se présente lorsque<br />
nous nous découvrons (que l’on ne vienne pas nous demander<br />
comment) membres <strong>du</strong> corps des « a<strong>du</strong>ltes âgés » : les invitations<br />
de l’Évangile sont toujours les mêmes et rien n’y est adressé à un<br />
âge précis. Mais à ce stade, elles retrouvent la tonalité d’urgence<br />
<strong>avec</strong> laquelle elles avaient été prononcées. Les années peuvent<br />
jouer le rôle de ces serviteurs de la parabole des invités : ils vont<br />
à notre rencontre par les chemins que nous parcourions distraitement<br />
et nous invitent de manière pressante, de la part <strong>du</strong> Roi,<br />
à aller plus vite, sans retard ni prétexte, nous asseoir au banquet<br />
qu’il a préparé pour nous (Mt 22, 1-14).<br />
Vous avez sans doute enten<strong>du</strong> dire, pour imiter les propos<br />
de Jésus : « Cultivez l’art de vieillir, acceptez <strong>avec</strong> lucidité votre<br />
rythme de vie », mais moi, je vous dis : « Osez espérer ce qui<br />
vous paraît impossible, préparez-vous à la rencontre <strong>avec</strong> Celui<br />
qui n’attend de vous que confiance et gratitude. »<br />
Vous avez enten<strong>du</strong> : « Assumez votre histoire, réconciliez-vous<br />
<strong>avec</strong> votre passé », mais moi, je vous dis : « Donnez <strong>du</strong> crédit à<br />
la promesse qui vous entraîne vers un avenir qui dépassera vos<br />
prévisions. »<br />
Vous avez enten<strong>du</strong> : « Remplissez vos jarres <strong>avec</strong> l’eau de la<br />
patience et de l’acceptation <strong>avec</strong> résignation », mais moi je vous<br />
dis : « Ouvrez-vous à la venue de ce Dieu surprenant qui garde<br />
le bon vin pour le dernier. »<br />
En effet, si vous vous contentez de trouver des arrangements<br />
<strong>avec</strong> les conséquences de la vie ca<strong>du</strong>que, quel est l’intérêt ? Non,<br />
ouvrez-vous à ce démenti qui assure que la mort n’a pas le dernier<br />
mot. Cela vous est annoncé par le Premier-né d’entre les morts,<br />
celui qui est la source qui vous fait vivre.<br />
Choisir de se placer dans cette perspective suppose l’exercice<br />
d’une certaine « insolence théologale », une décision de con<strong>du</strong>ire<br />
la foi, l’espérance et l’amour jusqu’à leurs ultimes conséquences,<br />
10
intro<strong>du</strong>ction<br />
en donnant <strong>du</strong> crédit à la promesse évangélique de vie en abondance<br />
et, par conséquent, aussi d’une « vieillesse abondante ». Ce<br />
n’est pas quelque chose que nous pourrons obtenir par la persévérance,<br />
mais une tâche à entreprendre <strong>avec</strong> une « détermination<br />
déterminée », en sachant que ce que l’on obtiendra sera reçu à<br />
titre de don gratuit. Ce ne sera pas non plus une attitude dans<br />
laquelle nous nous trouverons sans nous y attendre, mais bien le<br />
propre d’un style chrétien qui effectue la transition d’un paysage<br />
de vie à un autre et parcourt ce chemin <strong>avec</strong> sagesse, patience et<br />
calme, comme il sied aux personnes âgées. Et si cette période de<br />
vie entraîne des effets coûteux et pénibles, difficiles à assumer,<br />
son horizon ne s’arrête pas là : « Un des faits merveilleux de la<br />
vie, c’est que tout finit par apporter le potentiel pour un nouveau<br />
début », écrit Joan Chittister.<br />
Ces pages prétendent accompagner dans sa traversée ce<br />
groupe, si nombreux dans notre Église, de personnes qualifiées<br />
de tant de façons (a<strong>du</strong>ltes, vieux, anciens, retraités, troisième âge,<br />
grands-parents…) et qui ont hâte de la vivre en étant marqués et<br />
soutenus par le Seigneur et son Évangile.<br />
Nous nous trouvons devant cette tâche — hautement contreculturelle,<br />
bien sûr — consistant à découvrir ce « potentiel pour<br />
un nouveau commencement » qui rend possible une vieillesse <strong>avec</strong><br />
<strong>splendeur</strong>, en présence de ce Dieu qui peut nous faire crier <strong>avec</strong><br />
joie aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong>.<br />
Moi, je trouve que c’est fascinant d’essayer.<br />
*<br />
* *<br />
11
aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
Chaque chapitre commence par une intro<strong>du</strong>ction au sujet qui<br />
est complétée par une section Des voix derrière la porte, comportant<br />
des textes de différentes sources.<br />
En franchissant le seuil offre la compagnie de certains personnages<br />
bibliques pour dépasser la simple réflexion et inviter à une<br />
dimension plus proche de la prière et de la contemplation.<br />
La Réunion de pensionnaires présente différents témoignages,<br />
opinions, anecdotes, narrations, poèmes et propositions pour<br />
faciliter l’échange et le dialogue.<br />
1
Aveux inavouables<br />
J<br />
e suis très contente d’avoir écrit ce livre. Parmi les précédents,<br />
quelques-uns sont nés d’assemblages d’articles publiés dans<br />
différentes revues, me demandant beaucoup d’efforts pour leur<br />
conférer une unité et pour en cacher les coutures. Par contre,<br />
celui-ci est né d’un titre qui m’est venu tout seul et a commencé<br />
à me défier pour que je lui fournisse un contenu.<br />
Après ce premier aveu, j’en ai d’autres encore.<br />
J’ai peut-être intro<strong>du</strong>it trop de textes d’autrui. Ce qui m’a<br />
fourni, en d’autres circonstances, un moyen honteux d’arriver à<br />
satisfaire des exigences en nombre de mots, après avoir dit tout ce<br />
que je pensais sur un sujet. Autrement dit, c’étaient des « textes<br />
objets » destinés à remplir des lignes. Mais comme ce livre, je me<br />
l’étais commandé moi-même, sans nombre de pages obligatoire,<br />
je me suis attachée à sa composition tout simplement parce que<br />
je trouvais ces textes suggestifs et éclairants. C’est là qu’est apparu<br />
un problème : je n’avais noté que les auteurs de certains textes,<br />
sans autre précision, mais j’ai décidé de les citer même si cela paraissait<br />
peu rigoureux. Je me suis dit à moi-même que la rigueur<br />
académique n’avait jamais été mon fort ; vous comprendrez dès<br />
lors que je ne vais pas changer à ce stade de ma vie. Pour ne pas<br />
13
aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
décevoir, j’ai mis en note en bas de page ceux dont je possédais<br />
la référence complète.<br />
Je n’ai pas non plus réussi à composer des chapitres qui soient<br />
symétriques en ce qui concerne la longueur, alors que cela aurait<br />
pu apparaître plus ordonné. Après plusieurs tentatives pour les<br />
allonger ou les ré<strong>du</strong>ire, je les ai laissés tels que me l’ont conseillé<br />
l’inspiration et le cœur.<br />
Une fois le livre achevé et relu de près, j’ai remarqué le peu<br />
d’allusions aux « petits-enfants » : c’est la conséquence de mon<br />
statut de célibataire, qui me familiarise <strong>avec</strong> les personnes âgées<br />
<strong>du</strong> monde religieux et ne m’offre aucune expérience <strong>du</strong> statut<br />
d’aïeule. Rien n’est parfait.<br />
En le relisant une fois achevé, j’ai l’impression que ce ne sont<br />
que variations sur un même thème, mais je ne veux pas anticiper,<br />
pour que vous n’alliez pas rapporter le livre à la librairie. Celui<br />
qui lira ceci a le droit de se demander, dès lors, le pourquoi de<br />
tant de pages ; mais qu’il mesure aussi le mérite qu’il y a à dire<br />
la même chose de tant de façons différentes.<br />
Une bonne partie de l’ouvrage a été rédigée au cours de ces<br />
longs moments que j’ai passés en accompagnant un frère qui<br />
allait très mal, d’abord dans un hôpital, et plus tard dans l’unité<br />
de soins palliatifs de la résidence « San Camilo ». Après cette<br />
étape de proximité <strong>avec</strong> le monde des malades et des personnes<br />
âgées, après avoir vu tout ce que j’ai vu, j’avoue savoir peu de<br />
choses <strong>du</strong> « grand âge » et manquer d’expérience pour les problèmes<br />
graves (les miens, jusqu’à présent, se situent plus haut<br />
que le cou : sourde d’une oreille et la voix éraillée). Disons que<br />
mon intention est d’aider à préparer des étapes parce que, quand<br />
l’heure est là, les livres ont bien peu d’utilité et il ne reste plus<br />
qu’à s’en remettre à la miséricorde de Dieu.<br />
Un dernier aveu : au fond, je me demande qui va acheter ce<br />
livre, compte tenu de la réticence quasi généralisée à se reconnaître<br />
personne âgée (pour rappel : il n’y a pas d’étage « Troisième<br />
14
aveux inavouables<br />
âge » dans le supermarché El Corte Inglés a …), et encore moins<br />
à mentionner la mort. Quelqu’un osera-t-il le prendre dans le<br />
rayon d’une librairie en courant le risque d’être vu par d’autres<br />
clients ? On ne se décidera pas non plus à l’offrir à quelqu’un<br />
d’autre, de peur que cette personne se sente offensée en se voyant<br />
inclue dans une corporation à laquelle elle n’a aucune envie d’appartenir.<br />
Avec un peu de chance, me dis-je pour m’encourager,<br />
je trouverai peut-être un acheteur grâce à l’anonymat d’Internet.<br />
En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire et j’ai bien<br />
l’intention de le relire comme s’il était d’un autre auteur, à la<br />
recherche d’un soutien pour qu’il me soit concédé de vieillir <strong>avec</strong><br />
le plus de <strong>splendeur</strong> possible.<br />
1<br />
a. Chaîne espagnole de grands magasins. (nde)
Chapitre 1<br />
Accrochez vos ceintures<br />
Les recommandations très fermes que nous recevons en commençant<br />
un vol ont le ton d’un sérieux avertissement : elles<br />
nous informent que nous sommes en train d’affronter un moment<br />
d’une certaine gravité et nous rappellent que le décollage<br />
tout comme l’atterrissage sont des moments de risque et d’instabilité<br />
auxquels il faut être préparé et savoir réagir. La formule<br />
« accrochez vos ceintures » est l’équivalent dans notre troisième<br />
millénaire à l’ordre « mets ta ceinture » que le prophète Jérémie<br />
a enten<strong>du</strong> de Dieu (Jr 1, 17), et le geste équivalait en Israël à<br />
se préparer pour entamer un travail, un voyage ou un combat.<br />
Dans notre culture, ce qui s’en rapprocherait le plus serait l’attitude<br />
d’un toréador, <strong>avec</strong> taille bandée et arquée, tout le contraire<br />
d’une posture de faiblesse, de négligence ou d’improvisation (on<br />
ne saurait imaginer un toréador sortant dans l’arène en vareuse,<br />
bermudas et pantoufles).<br />
Ces remarques ne sont pas inutiles, étant donné qu’on observe<br />
souvent la vaine tentative d’esquiver la réalité <strong>du</strong> temps qui passe<br />
17
En lecture partielle…
Table des matières<br />
Intro<strong>du</strong>ction .................................... 7<br />
Aveux inavouables ................................ 13<br />
1. Accrochez vos ceintures ......................... 17<br />
2. La question <strong>du</strong> vieux riche ....................... 27<br />
3. Les bandelettes de Lazare ........................ 37<br />
4. L’arbalétrier borgne ........................... 47<br />
5. Agence d’investissements ........................ 57<br />
6. Enfin, samedi ................................ 67<br />
7. Desseins et imprévus .......................... 77<br />
8. J’ai une question à vous poser ..................... 87<br />
9. Re-connaître : un autre mot pour la gratitude ....... 97<br />
10. Un appartement <strong>avec</strong> vues ..................... 105<br />
213
aux <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
11. Sarah et Nicodème : un couple de sceptiques ........ 115<br />
12. Inconvénients et opportunités ................... 125<br />
13. Des a<strong>du</strong>ltes en mouvement ..................... 135<br />
14. Dis-nous une parole .......................... 147<br />
15. Photos de famille ............................. 159<br />
16. La première arrivée ........................... 173<br />
17. Répétition générale ........................... 185<br />
18. Les mains <strong>du</strong> trapéziste ........................ 197<br />
Notes ........................................ 207
Dans la collection « Béthanie » :<br />
Bénédicte Oriou, Rassure mes copains.<br />
Nikolaas Sintobin, Moquez-vous des jésuites… Humour et spiritualité.<br />
Christian Vinel, La maladie peut faire grandir. Témoignage et réflexions.<br />
Pape François, 100 textes sur la miséricorde.<br />
Stockman René, La boîte de Pandore. Réflexion sur l’euthanasie sous une perspective<br />
chrétienne.<br />
Nicole Timbal, Pierre Teilhard de Chardin. Un homme de Dieu au cœur de la<br />
matière.<br />
Monique Hébrard, Pour une Église au visage d’Évangile. Douze urgences.<br />
Luc Lannoye, Car ils seront consolés. Les grâces de l’écoute et prière.<br />
Rosario Carello, 80 fioretti <strong>du</strong> pape François. Récits authentiques.<br />
Juvénal Rutumbu, La Pâque <strong>du</strong> chrétien.<br />
José Davin, Lorsque la vie prend de l’âge. Pour continuer sereinement la route.<br />
Marthe Mahieu, L’étoile de Nativitas. Monica Nève au cœur des Marolles.<br />
Jean-Marie de Marneffe, La joie d’un moine. Journal mystique.<br />
José Mpongo Ponte, Les voies <strong>du</strong> bonheur conjugal.<br />
Henri Weber, Quand bourgeonne l’espérance. 24 récits tout simples.<br />
Arthur Buekens, Quand la Bible parle de pardon.<br />
Gérard Fomerand, Renaissance <strong>du</strong> christianisme. Le retour aux origines.<br />
José Davin et Paul-Emmanuel Biron, Quand germe la semence. Chemins pour<br />
l’Église de demain.<br />
Christophe Rouard, Quinze regards sur les apparitions de Beauraing.<br />
Mgr André-Joseph Léonard, , La Divine Tragédie. Libre parcours dans la foi<br />
chrétienne.<br />
Dan Beaurain-Gaël, François d’Assise, l’insoumis de Dieu.<br />
Pascale Dalcq, Et votre joie sera parfaite. Témoignage. Itinéraire d’une résurrection.<br />
Giorgio Gonella, Le vent parfumé <strong>du</strong> désert. Sur les traces de Dieu, entre solitude et<br />
communion.<br />
Pierre Favre, La foi dans la peau. Témoignage.<br />
Didier Vandevelde et Bruno Senny, Dieu en rit encore. Perles d’ados.<br />
Hubert Jacobs s.j. (dir.), Saints et bienheureux de Belgique.
Achevé d’imprimer le 31 mars 2016<br />
sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).
<strong>Aux</strong> <strong>portes</strong> <strong>du</strong> <strong>soir</strong><br />
Peur de quitter son emploi, de perdre de l’importance sociale, de<br />
devenir dépendant, de voir se détériorer son état ou son image<br />
physique. Peur encore de la solitude, de la perte d’autonomie et de<br />
l’estime sociale. Anxiété devant la fuite <strong>du</strong> temps, refus de la finitude<br />
et de la perspective de la mort… Mais l’âge qui avance réveille aussi<br />
des désirs : récupérer le temps que l’on considère per<strong>du</strong>, retrouver<br />
tout ce qu’on n’a pas appris ou éprouver les penchants que l’on n’a<br />
pas cultivés.<br />
Le langage biblique vient nous défier <strong>avec</strong> des images de croissance<br />
et de fécondité : « Transplantés dans la maison <strong>du</strong> Seigneur, dans les<br />
cours de notre Dieu, ils seront toujours pleins de fraîcheur et de sève<br />
et ils donnent encore des fruits » (psaume 92).<br />
Des pages qui ébauchent un modèle chrétien de vieillissement.<br />
L’Évangile élargit en effet nos perspectives si étroites et nous convie<br />
à une <strong>splendeur</strong>, à une « vieillesse abondante ».<br />
Un chemin à parcourir <strong>avec</strong> sagesse, patience et calme, comme il sied<br />
aux personnes âgées.<br />
Dolores Aleixandre<br />
Dolores Aleixandre, religieuse <strong>du</strong> Sacré-Cœur, a enseigné la Bible pendant une<br />
vingtaine d’années à l’université de Comillas, à Madrid. Elle est un des auteurs de<br />
spiritualité les plus lus en Espagne et en Amérique latine. Ses écrits sont le fruit<br />
de nombreuses sessions bibliques données à des responsables de communautés<br />
ecclésiales de base et à des communautés religieuses. Baptisés dans le feu (Lessius,<br />
2015) est l’un des livres préférés <strong>du</strong> pape François, ce qui a valu à son auteur d’être<br />
qualifiée de « théologienne <strong>du</strong> pape ».<br />
ISBN 978-2-87356-698-2<br />
Prix TTC : 17,50 €<br />
Collection « Béthanie »<br />
9 782873 566982