30.01.2017 Views

Monopole !

Tout commence par une étonnante sortie médiatique de Noureddine Ayouch, publicitaire de renom et patron de l’agence Shem’s. Ce dernier annonce, en amorce du printemps arabe, que FC Advertising, régie publicitaire issue du groupe FC Com, lancée en 1997 par le secrétaire particulier du Roi Mohammed VI, allait se dissoudre. La sortie, audacieuse, du publicitaire Ayouch délie les langues et les questions fusent sur la position dominante de FC Advertising sur le marché ultra-juteux des 4x3. Elargissant son périmètre aux annonceurs dans leur globalité, et tous supports confondus, notre enquête s’attèle à faire sens d’une activité imparfaitement réglementée et fortement liée aux sphères politiques. En outre, elle met l’accent sur la grande concentration du marché entre les mains d’une poignée d’annonceurs dont la puissance et l’orientation des investissements marketing peut faire ou défaire les entreprises de presse (gênantes).

Tout commence par une étonnante sortie médiatique de Noureddine Ayouch, publicitaire de renom et patron de l’agence Shem’s. Ce dernier annonce, en amorce du printemps arabe, que FC Advertising, régie publicitaire issue du groupe FC Com, lancée en 1997 par le secrétaire particulier du Roi Mohammed VI, allait se dissoudre. La sortie, audacieuse, du publicitaire Ayouch délie les langues et les questions fusent sur la position dominante de FC Advertising sur le marché ultra-juteux des 4x3. Elargissant son périmètre aux annonceurs dans leur globalité, et tous supports confondus, notre enquête s’attèle à faire sens d’une activité imparfaitement réglementée et fortement liée aux sphères politiques. En outre, elle met l’accent sur la grande concentration du marché entre les mains d’une poignée d’annonceurs dont la puissance et l’orientation des investissements marketing peut faire ou défaire les entreprises de presse (gênantes).

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL<br />

Le garde-fou de la nouvelle<br />

gouvernance 058<br />

ADDOHA<br />

Le revers de la<br />

boulimie<br />

078<br />

SELECT<br />

L’autre visage<br />

de Horani 107<br />

111<br />

Avril 2011 N° 136<br />

TOUCHE<br />

PAS À MA<br />

PUB!<br />

Prix Maroc 30 DH Groupe Success Publications<br />

L’épisode FC Advertising a fait éclater au grand jour les enjeux<br />

politiques que traverse le monde de la Publicité. Enquête.<br />

019


enquête<br />

019 Touche pas à ma Pub<br />

022 Un marché concentré<br />

024 En manque de régulation<br />

019<br />

L’épisode FC Advertising a fait sortir<br />

de leurs gonds les publicitaires pour<br />

défendre leurs parts de marché. Il a<br />

en même temps montré que le malaise<br />

Par Ghassan Waïl El Karmouni<br />

que traverse le secteur de la publicité<br />

n’est en fait que le résultat des relations<br />

mitigées entre les médias et le pouvoir<br />

politique.<br />

Avril 2011 Economie|Entreprises


Enquête|Marché publicitaire<br />

020<br />

L’annonce, dans certains médias, de<br />

la liquidation de la société FC Advertising,<br />

régie publicitaire issue de la société<br />

FC Com, a été ressentie comme un<br />

soulagement par le microcosme de la<br />

publicité au Maroc. Souvent décriée par<br />

les professionnels comme une entreprise<br />

qui a commencé à phagocyter le marché<br />

de la publicité, en centralisant tous les<br />

investissements publicitaires du mastodonte<br />

SNI et consorts, le démantèlement<br />

supposé de cette entité a mis en avant la<br />

réalité contrastée que connaît la publicité<br />

au Maroc. Un marché fragmenté, malgré<br />

sa polarisation autour de certains ténors,<br />

mais surtout impacté par la relation<br />

«politique» que le Pouvoir et ses démembrements<br />

économiques entretiennent<br />

avec les médias. Après l’épisode de FC<br />

Advertising, le monde de la pub semble<br />

faire son sursaut. Pour la première fois,<br />

en effet, la profession s’est liguée contre<br />

ce qu’elle a considéré comme un danger<br />

pour son business et une concurrence<br />

sur un marché trop petit, pour tolérer un<br />

nouvel acteur aussi lourd. Noureddine<br />

Ayouch a été le porte-parole de ce mouvement<br />

de sursaut et, à en croire certains<br />

médias, il aurait même eu l’idée d’adresser<br />

une lettre ouverte au Palais.<br />

Le 18 février, en plein bouillonnement<br />

arabe, le patron de Shem’s lance<br />

une bombe en déclarant que la société<br />

Fc Advertising sera dissoute. «Quelle<br />

mouche l’a donc piqué?», se sont interrogés<br />

les salons casablancais et rbatis. En<br />

réalité, la sortie de celui qui a toujours<br />

revendiqué ses liens avec le Palais était<br />

un cri de désespoir, face à un concurrent<br />

qui l’a presque mis à genoux en lui<br />

raflant tous les gros budgets. Or, on sait<br />

que ce mastodonte est, avec ses filiales,<br />

le principal faiseur de marchés. Selon<br />

nos sources, FC Advertising, avec son<br />

portefeuille composé de la fine fleur de<br />

l’économie nationale, devait, par un tour<br />

de main, s’accaparer 35% des investissements<br />

publicitaires marocains, soit plus<br />

de 2 milliards de dirhams de budgets<br />

publicitaires en 2010.<br />

«Le débat sur la politisation de la publicité<br />

pose celui des médias et leurs<br />

relations avec les cercles du Pouvoir.»<br />

Casablanca, à l’instar d’autres villes du royaume, fait l’objet d’une véritable anarchie ubaine, à travers un tropplein<br />

de panneaux d’affichage publicitaire.<br />

La presse verrouillée<br />

Au-delà de l’enjeu commercial, cette<br />

mainmise sur la publicité aurait été, si<br />

elle s’était réalisée, le couronnement<br />

de toute une politique de musellement<br />

de la presse amorcée en 2008 déjà. On<br />

se rappelle que le Pouvoir, agacé par le<br />

ton mordant de certains journaux à son<br />

égard, décide d’intervenir en encourageant<br />

la création de certaines publications<br />

ou en rachetant des journaux<br />

existants. Dans le même temps, il<br />

resserre l’étau sur les publications jugées<br />

dérangeantes, en les privant de publicité.<br />

Une «liste noire» de publications a même<br />

circulé pour inviter<br />

les annonceurs<br />

à boycotter ces<br />

supports, suivie<br />

d’appels téléphoniques<br />

pour s’assurer<br />

que le message est bien passé (...). Résultats<br />

immédiats: plusieurs entreprises de<br />

presse sont financièrement asphyxiées et<br />

certaines vont même être exposées à des<br />

fermetures arbitraires.<br />

Début 2009, en pleine offensive sur la<br />

presse, le Pouvoir passe à une deuxième<br />

étape: les réseaux de distribution. Une<br />

première approche de Sochepress, en<br />

vue de racheter les parts des Nouvelles<br />

Messageries de la Presse Parisienne<br />

(NMPP), finit à l’eau ; les interlocuteurs<br />

marocains n’ayant pas donné suite<br />

à leur offre. Les actionnaires français<br />

demeurent longtemps dans l’expectative<br />

avant de se résigner au fait qu’il n’y aura<br />

pas de suite.Viendra ensuite le tour de<br />

Sapress, plus sensible politiquement, vu<br />

qu’elle distribue la plupart des quotidiens<br />

historiques mais surtout, qui est fragilisée<br />

économiquement, nécessitant une mise<br />

à niveau urgente. Ne pouvant financer<br />

cette dernière, les partis politiques, qui<br />

composaient le tour de table de cette<br />

société, finiront par vendre leurs parts à<br />

un mystérieux pool d’investisseurs piloté<br />

par la banque d’affaires Upline (groupe<br />

Banque Populaire). Une transaction qui<br />

n’a pas encore révélé tous ses dessous…<br />

L’affichage, un terrain de convoitise<br />

Dans l’affichage aussi, les enjeux politiques<br />

sont légion. D’abord, parce que ce<br />

sont les mairies qui accordent le sésame<br />

pour toute activité d’affichage. Ensuite,<br />

parce que la tradition voulait dans le<br />

passé que les investisseurs dans cette<br />

niche aient une relation plus ou moins<br />

directe avec le Pouvoir. «On assiste à un<br />

secteur où il est facile, pour des personnes<br />

proches du Pouvoir, de se voir octroyer le<br />

droit d’avoir quelques panneaux d’affichage<br />

urbain en guise de rente», affirme un<br />

professionnel qui préfère garder l’ano-<br />

Economie|Entreprises Avril 2011


Enquête|Marché publicitaire<br />

nymat. Cette inflation se répercute sur<br />

le nombre d’acteurs, qui atteint actuellement<br />

une cinquantaine d’afficheurs.<br />

C’est aussi et surtout le média le plus<br />

rentable. Alors que la presse, la radio<br />

ou la télévision ont besoin de contenu<br />

pour commercialiser la publicité, le<br />

panneau d’affichage s’apparente plus à<br />

une activité de rente. En effet, une fois<br />

le panneau posé, celui-ci devient une<br />

pompe à cash puisqu’il ne nécessite que<br />

des dépenses d’entretien pour assurer<br />

la production. D’où les guéguerres et<br />

les conflits d’intérêt qui ont toujours<br />

traversé cette activité, particulièrement<br />

avec un seul faiseur de marché comme<br />

FC Com. Les autres afficheurs ont, tant<br />

bien que mal, essayé de se faire une place<br />

dans ce paysage mais ils y ont souvent<br />

laissé des plumes. Cela a été le cas de<br />

Karim Bennani, patron de MCN et<br />

proche de Fouad Ali El Himma. Parmi<br />

les panneaux d’affichage lui appartenant,<br />

certains ont été démantelés sur<br />

la corniche casablancaise en raison,<br />

assure-t-on, de son projet d’extension<br />

dans l’affichage à Tanger et qui aurait<br />

sacrément concurrencé FC Com. Projet<br />

qui aurait aussi coûté son siège au maire<br />

de la ville…<br />

Janvier 2011, la vente par Nasser<br />

Bouazza de sa société City pub à FC<br />

Com a été interprétée comme un<br />

nouveau tournant. Celui-ci, politiquement<br />

bien introduit dans les sphères du<br />

Pouvoir s’est défait de sa société parce<br />

qu’il aurait pressenti que l’affichage<br />

entamait son décrochage du politique.<br />

Un décrochage appelé à s’accentuer dans<br />

L’offensive de Noureddine Ayouch contre le puissant<br />

FC COM en a surpris plus d’un.<br />

le futur, avec les injonctions récemment<br />

formulées à l’égard du patron de<br />

FC Com, lui demandant de se retirer<br />

de la scène. Sans oublier les voix qui<br />

s’élèvent de plus en plus pour réclamer<br />

la régulation de l’espace urbain. La<br />

question qui se pose alors est de savoir<br />

quelles seraient la valeur et la visibilité<br />

du secteur de l’affichage, s’il venait à<br />

être nettoyé de toutes ses accointances<br />

politiques? En réalité, cette opération de<br />

toilettage risque de s’avérer infructueuse<br />

si la réglementation n’est pas réformée<br />

pour permettre aux opérateurs d’assurer<br />

la pérennité de leur business. On<br />

se souvient qu’en 2007, le mastodonte<br />

français de l’affichage JCDecaux, connu<br />

entre autres pour son projet des Vélib’<br />

parisiens, a failli racheter au Maroc l’un<br />

des plus grands afficheurs mais a dû<br />

faire marche arrière. Tout d’abord, en<br />

raison de la forte politisation de cette<br />

activité mais aussi et surtout, à cause des<br />

faibles garanties réglementaires pouvant<br />

assurer une pérennité des emplacements<br />

et donc de son investissement. Les<br />

licences de radios et de télévisions n’ont<br />

pas fait l’exception de cette politisation<br />

de la publicité, comme l’a montré l’échec<br />

de l’octroi de licences télévisuelles. Un<br />

certain Othmane Benjelloun en a fait les<br />

frais après qu’il se soit embarqué dans<br />

l’aventure ATcom, qui comprend une<br />

agence média, une société de production<br />

et une entreprise d’affichage. Un joli<br />

pôle média, qui devait être complété par<br />

une chaîne télé et une régie publicitaire.<br />

Mais, depuis que la Haca a opposé son<br />

niet à tout nouveau projet de TV, faute<br />

de publicité suffisante pour irriguer tous<br />

les nouveaux médias selon la version<br />

officielle, ATcom est entré dans l’anonymat<br />

et est actuellement en phase de<br />

dissolution(…).<br />

Le débat sur la politisation de la<br />

publicité pose donc systématiquement<br />

celui des médias et leurs relations avec<br />

les cercles du Pouvoir. Bon nombre de<br />

journaux se sont élevés pour dénoncer<br />

ces débordements dans la presse,<br />

l’audiovisuel, l’affichage urbain, les<br />

abribus… Mais le vase n’a vraiment<br />

débordé que lorsque l’on a commencé à<br />

s’attaquer aux intérêts du puissant lobby<br />

des publicitaires, qui a vite riposté pour<br />

préserver son business.<br />

In fine, la multiplication des réactions<br />

pourrait-elle contribuer à amener la<br />

démocratie dans les médias? E|E<br />

021<br />

Avril 2011 Economie|Entreprises


022<br />

Tout le monde s’accorde à dire que la<br />

vraie émergence du marché publicitaire<br />

au Maroc remonte au début des années<br />

70, avec la création du Service Autonome<br />

de Publicité (S.A.P.), pour que la<br />

télévision, qui existe depuis 1963, serve<br />

de support à la publicité. Cette dernière<br />

connaîtra alors de remarquables progrès<br />

et ne cessera de modeler le marché.<br />

«Avant, le marché était essentiellement<br />

constitué de peu d’affichage et d’insertion<br />

presse» se souvient Noureddine Ayouch,<br />

président de l’agence Conseil en Communication<br />

Shem’s. Juridiquement, le<br />

secteur ne sera réglementé qu’en 1984,<br />

avec l’article 10 du Dahir du 5 octobre<br />

de la même année. Le véritable boom<br />

survient avec le lancement de la 2 ème<br />

chaîne nationale en 1989 et la création<br />

de sa régie publicitaire en 1991, Régie 3.<br />

«Le gros déclencheur est 2M avec sa liberté<br />

de ton et, dans son sillage, va s’engouffrer<br />

toute la presse indépendante» explique<br />

Monique Elgrichi, directrice générale<br />

de l’agence Conseil en Communication<br />

Mozaïk. Pour la publicitaire, c’est à ce<br />

moment-là où le marché connaît sa<br />

première mutation, en passant de l’«ère<br />

de la publicité à l’ère de la communication».<br />

C’est en effet depuis un peu plus de 15<br />

ans que le marché a réellement commencé<br />

à se structurer. Avec l’apparition<br />

et la multiplication des supports de la<br />

presse indépendante, les annonceurs<br />

ont plus de choix pour leurs investissements<br />

publicitaires. De plus, on voit<br />

naître de vraies agences de Conseil en<br />

Communication marocaines, en plus<br />

des agences internationales. Ces agences<br />

vont progressivement séparer les métiers<br />

de conseil et d’achat d’espace, pour<br />

répondre aux exigences des annonceurs,<br />

Enquête|Marché publicitaire<br />

Un marché concentré<br />

Au-delà de ses aspects politiques, l’épisode FC Advertising<br />

a levé le voile sur un marché, considéré certes comme le<br />

marché le plus mature de la région maghrébine, mais qui<br />

n’a cessé de connaître des mutations structurelles. Pour<br />

comprendre ces enjeux, un tour d’horizon s’impose.<br />

à la diversification et à la multiplication<br />

des médias. Le marché connaîtra donc<br />

une très forte croissance. Estimé à 15<br />

millions de dirhams en 1970, le marché<br />

atteint rapidement le chiffre de 600 millions<br />

de dirhams en 1995, pour ensuite<br />

cartonner à 2,4 milliards de dirhams en<br />

2005, selon les chiffres du ministère de<br />

la Communication. C’est à cette date<br />

que le marché connaît sa 3 ème mutation<br />

majeure, avec la libéralisation des ondes<br />

et l’apparition de plusieurs stations radio<br />

privées. Certes, la dérogation qu’a eu<br />

Médi1 en 1980 et la naissance de Casa<br />

FM quelques temps plus tard avaient<br />

déjà permis à ce média de se positionner<br />

dans le gâteau des recettes publicitaires.<br />

Mais ce n’est qu’en 2005 que ce support<br />

a commencé à concurrencer les médias<br />

traditionnels, tels la télévision, la<br />

presse ou l’affichage. Mais il a surtout<br />

permis de doper les investissements<br />

publicitaires. La part de la radio va ainsi<br />

passer de 5% en 2006 à 13% en 2010,<br />

avec un bond spectaculaire en termes<br />

de dépenses publicitaires, qui passent<br />

de 163,1 millions de dirhams à plus de<br />

717,5 millions de dirhams en 2010, soit<br />

un quadruplement des investissements<br />

publicitaires, alors que la taille nominale<br />

du marché n’a fait «que» doubler. L’autre<br />

fait marquant du marché publicitaire,<br />

qui va déterminer son évolution, est la<br />

concurrence que se mènent les opérateurs<br />

télécoms. L’apparition du 2 ème<br />

puis d’un 3 ème opérateur téléphonique<br />

va métamorphoser la configuration des<br />

annonceurs. Aujourd’hui, le secteur des<br />

télécoms représente à lui seul 26% des<br />

dépenses média en 2010, soit 1,434<br />

milliards de dirhams. Quand on sait<br />

que ce chiffre équivaut à l’ensemble de<br />

l’investissement publicitaire au Maroc<br />

en 2001, on se rend compte du chemin<br />

parcouru depuis l’entrée du 2 ème opérateur.<br />

Cette prédominance des télécoms<br />

rend le marché extrêmement fragile,<br />

puisque dépendant de 3 annonceurs qui<br />

font la pluie et le beau temps. «Quand<br />

les opérateurs télécoms ont levé le pied en<br />

2009, ça a vraiment fait mal au secteur»<br />

confie Tawfik Bennani-Smires, PDG de<br />

Régie3.<br />

De prime abord, on pourrait penser<br />

que cette concentration est évidente<br />

Top 10 des annonceurs 2010<br />

Les opérateurs télécoms constituent les plus gros budgets<br />

publicitaires.<br />

Maroc Telecom<br />

Inwi<br />

Médi Télécom<br />

Procter & Gamble<br />

Centrale Laitière<br />

Coca-Cola<br />

Unilever Maghreb<br />

Lesieur Cristal<br />

Fromagerie Bel<br />

L’Oréal<br />

78<br />

74<br />

64<br />

118<br />

110<br />

182<br />

181<br />

En millions de dirhams<br />

0 100 200 300 400 500 600<br />

Source: Imperium Média<br />

438<br />

479<br />

Evolution du marché des médias 1990/2010<br />

En l’espace de 20 ans, les investissements dans les médias<br />

ont connu une hausse exponentielle.<br />

6000<br />

5000<br />

4000<br />

3000<br />

2000<br />

1000<br />

0<br />

En millions de dirhams<br />

517<br />

1990 1995 2000 2005 2010<br />

Source: ministère de la communicaton / Imperium média<br />

Ventilation des dépenses publicitaires par média<br />

La télévision, mass média par excellence, accapare le 1/4 des<br />

dépenses publicitaires.<br />

Presse<br />

22%<br />

Source: Imperium Média<br />

Radio<br />

13%<br />

Affichage<br />

24%<br />

Télévision<br />

41%<br />

Economie|Entreprises Avril 2011


mais elle est plus diffuse. La SNI (fusion<br />

de ONA-SNI), par exemple, représente<br />

d’emblée près de 35% des investissements<br />

pour le «top ten» des annonceurs.<br />

Il est représenté par le 2 ème plus gros<br />

annonceur (Inwi), le 5 ème (Centrale Laitière)<br />

et le 8 ème (Lesieur Cristal), avec<br />

un total de 738 millions de dirhams en<br />

2010 sur les 2,241 milliards de dirhams<br />

de budget publicitaire investi par les dix<br />

plus gros annonceurs. «Le marché est oligopolistique,<br />

peu d’annonceurs détiennent<br />

la plus grosse partie du gâteau publicitaire»<br />

explique Issam Fathia, directeur général<br />

de l’agence Kenz Media. Ainsi, seuls 12<br />

annonceurs représentent plus de 60% des<br />

investissements.<br />

L’audiovisuel en tête<br />

A cette concentration des annonceurs,<br />

répond une autre concentration: celle du<br />

chiffre d’affaires réalisé par les médias.<br />

En effet, près de 41% des recettes publicitaires<br />

sont récoltées par la télévision,<br />

dont 72% sont accaparées par la seule<br />

2M, contre moins de 19% pour Al Oula<br />

et 10% pour la nouvelle venue, Médi1TV.<br />

Du fait de la nature des annonceurs,<br />

cette configuration serait normale:<br />

le top ten des annonceurs représente<br />

des produits de grande consommation<br />

(télécoms, alimentaire, toilette/beauté,<br />

lessiviers…). Etant donné que la télé ait<br />

le bassin d’audience le plus large, celle-ci<br />

accapare les investissements publicitaires<br />

grâce à son coût de contact très faible.<br />

Le marché est aussi dominé par l’affichage<br />

et la presse. Bien que les mauvaises<br />

performances de cette dernière dans<br />

Enquête|Marché publicitaire<br />

la publicité soient de notoriété publique,<br />

ses services sont incontournables. «La<br />

presse a un coût de contact très élevé par<br />

rapport aux autres médias, mais elle permet<br />

de toucher directement le consommateur<br />

à travers un message clair sur un support<br />

durable» analyse Issam Fathia. Avec 22%<br />

de parts de marché en 2010, la presse a<br />

encore du chemin à faire. Elle est pénalisée<br />

par son atomisation et victime de la<br />

pénurie de lecteurs. «Il faut une campagne<br />

de pub pour promouvoir la presse»<br />

glisse Fethia. Et le potentiel existe, car<br />

son principal concurrent est l’affichage<br />

qui réalise 24% de parts de marché en<br />

2010, la dépassant et creusant encore<br />

plus l’écart alors qu’il ne représentait<br />

en 2006 que 13,5% du marché contre<br />

20% pour la presse. «L’affichage est le seul<br />

médium qui ne dépende pas de la volonté<br />

du consommateur, il permet une fréquence<br />

élevée. Mais avec la multiplication des<br />

panneaux, il est difficile de mesurer son efficacité»,<br />

explique Monique Elgrichi. La<br />

radio offre aussi beaucoup de potentiel<br />

pour concurrencer la télévision. Mais,<br />

pour bon nombre de professionnels, ce<br />

médium reste sous-exploité. «La radio a<br />

un bel avenir, à condition qu’elle soit bien<br />

utilisée» confirme Issam Fethia. Avec<br />

seulement 13% des parts de marché,<br />

la radio demeure le parent pauvre du<br />

marché. En cause, le manque de créati-<br />

vité, la faiblesse de l’investissement ou<br />

encore l’absence de mesure d’audience.<br />

Pourtant, ce médium offre de réelles<br />

opportunités pour drainer de nouveaux<br />

annonceurs. De par la proximité qu’elle<br />

offre et le coût relativement bas par<br />

rapport aux autres médias, la radio est<br />

sans conteste le média de l’avenir. Même<br />

son de cloche du côté du nouveau média<br />

qu’est Internet. Avec seulement 40 à 50<br />

millions de dirhams, la e-publicité tarde<br />

à émerger. Est pointée du doigt la faiblesse<br />

des sites proposant des contenus<br />

marocains. «70% de la bande passante est<br />

utilisée pour se connecter à des sites étrangers.<br />

Nous avons un non-marché Internet<br />

lié au déficit de contenu marocain» déplore<br />

le DG de Kenz Media. Face à cette<br />

concentration des annonceurs et des<br />

parts de marché, les agences de publicité<br />

et les agences médias sont aussi concentrées.<br />

5 d’entre elles se partagent 90%<br />

du marché, d’après Noureddine Ayouch.<br />

«C’est normal qu’il y ait concentration.<br />

«Que ce soit dans l’audiovisuel ou la presse écrite,la<br />

publicité semble être un outil politique entre les<br />

mains des annonceurs, notamment les plus gros.»<br />

Ce n’est pas spécifique au Maroc, d’autant<br />

plus que les investissements sont encore<br />

trop faibles par rapport à la population»,<br />

explique-t-il.<br />

Avec une dépense de près de 0,6%<br />

du PIB et 190 dirhams/personne/an,<br />

l’investissement publicitaire est, pour<br />

plusieurs acteurs, encore inférieur au<br />

potentiel économique du pays. E|E<br />

023<br />

Avril 2011 Economie|Entreprises


Enquête|Marché publicitaire<br />

En manque<br />

de régulation<br />

Réglementation vieillissante, manque de transparence<br />

et de régulation, le marché publicitaire est en proie à<br />

plusieurs incohérences. Retour sur les maux d’un secteur<br />

peu connu.<br />

Bien que le marché publicitaire au<br />

Maroc réalise des performances intéressantes,<br />

il reste, pour bon nombre d’acteurs,<br />

un secteur en manque de régulation.<br />

Il est à rappeler, à cet égard, que le<br />

cadre réglementaire qui régit la publicité<br />

au Maroc est fragmenté et, pour certains<br />

professionnels, obsolète.<br />

chargé de la mission de réglementation.<br />

A ces faiblesses juridiques, s’ajoutent<br />

des faiblesses économiques. «Le nombre<br />

de supports est disproportionné par rapport<br />

à la taille du marché», résume Monique<br />

Elgrichi. Avant d’ajouter: «plus il y a de<br />

canaux, plus la communication se développe».<br />

Mais pour l’optimisation, c’est une<br />

autre histoire. Avec 200 supports presse,<br />

15 radios, 3 chaînes de télévison et 50<br />

afficheurs, le marché semble être entré<br />

024<br />

Un cadre réglementaire insuffisant<br />

A titre d’exemple, le cadre réglementant<br />

l’affichage date de 1938. Il apparaît<br />

suite à une 1 ère réglementation de 1926<br />

et «a été adapté par la suite aux exigences<br />

de la protection des médinas, des sites et des<br />

monuments historiques, au développement<br />

des villes nouvelles et à l’extension du<br />

tourisme.» Ce texte avait pour principales<br />

caractéristiques d’interdire toute publicité<br />

sur le domaine public, y compris donc<br />

les voies de communication routière. A<br />

ces interdictions, se sont greffés d’autres<br />

périmètres d’interdiction de publicité<br />

par affiches, panneaux-réclames et enseignes,<br />

aux abords de certaines routes,<br />

pistes et chemins.<br />

Ce n’est qu’en 1996, à travers la loi<br />

de Finances, qu’a été assouplie cette<br />

réglementation, en raison de l’euphorie<br />

qu’a connu le marché de la publicité<br />

au Maroc mais aussi pour répondre<br />

aux sollicitations des professionnels, en<br />

ouvrant de nouveaux espaces pour leur<br />

activité. Sans oublier que cela a également<br />

constitué l’occasion de dégager de<br />

nouvelles recettes fiscales.<br />

Le cas de l’affichage n’est pas isolé,<br />

puisqu’à ce jour, les seules dispositions<br />

et critères relatifs à la publicité figurent<br />

principalement dans deux textes<br />

législatifs, notamment la loi sur la<br />

La radio constitue le média qui semble avoir un bel avenir devant lui. Ici, le plateau de la radio Aswat.<br />

concurrence et la loi 03-77 relative à la<br />

communication audiovisuelle et portant<br />

libéralisation du secteur. Ce texte stipule<br />

l’obligation de respecter les mœurs et de<br />

ne pas offenser les cibles dites vulnérables,<br />

en l’occurrence les enfants et les<br />

femmes. De ce fait, un message doit<br />

être loyal, décent, crédible, honnête et<br />

non mensonger. Des prérogatives de<br />

jugement données à la HACA, pour ce<br />

qui est de l’espace audiovisuel.<br />

L’ANRT a aussi son mot à dire pour<br />

ce qui est de la pratique de la publicité<br />

dans le secteur des télécommunications,<br />

pour garantir une concurrence saine<br />

et loyale et préserver les intérêts des<br />

consommateurs. Des disposions ont<br />

ainsi été prises dans un texte publié<br />

au Bulletin Officiel en 2007. Celui-ci<br />

délègue le suivi du respect de ces différentes<br />

dispositions réglementaires et leur<br />

exécution au directeur de la concurrence<br />

et du suivi des opérateurs au sein de<br />

l’Agence (ANRT) ainsi que le directeur<br />

dans une sorte d’inflation de supports,<br />

tandis que les investissements publicitaires<br />

restent limités.<br />

Leur répartition répond parfois à des<br />

équilibres politiques, plutôt qu’à des<br />

critères économiques. A titre d’exemple,<br />

Maroc Telecom consacre 50% de ses<br />

investissements publicitaires à Al Oula<br />

et 50% à 2M. Or, si l’on prend le critère<br />

des parts de marché, 2M détient 72% du<br />

marché publicitaire, en raison de sa plus<br />

forte audience historique par rapport à<br />

la première chaîne. La logique voudrait<br />

que la part de la dépense de l’annonceur<br />

soit proportionnelle au bassin d’audience.<br />

Or, le choix de partager équitablement<br />

la dépense semble être un choix<br />

politique plutôt que commercial. Cette<br />

répartition inéquitable trouve en fait ses<br />

raisons dans le flou total qui entoure<br />

la politique de l’Etat sur l’audiovisuel<br />

public (cf. notre enquête sur l’audiovisuel<br />

public parue dans notre numéro de<br />

décembre 2009). Bien que le cahier des<br />

Economie|Entreprises Avril 2011


026<br />

charges de 2M en fasse une chaîne d’intérêt<br />

public comme Al Oula, elle a aussi<br />

le statut d’une chaîne commerciale. Non<br />

seulement elle n’est pas subventionnée,<br />

comme sa consoeur, mais en plus, elle<br />

doit batailler pour percevoir des recettes.<br />

A la base, c’est tout le business model<br />

qui doit être revu.<br />

La nécessaire régulation<br />

Que ce soit dans les médias audiovisuels<br />

ou dans la presse écrite, au-delà des<br />

raisons commerciales, la publicité semble<br />

être un outil politique entre les mains<br />

des annonceurs, notamment les plus<br />

gros. Certes, «l’annonceur est maître de la<br />

dépense publicitaire», comme l’explique<br />

Tawfik Benani Smires, PDG de Régie<br />

3. Mais, en l’absence de régulation, des<br />

dérives sont possibles et on a bien vu des<br />

projets éditoriaux tomber à l’eau, faute<br />

de publicité. Cette situation malsaine est<br />

expliquée, entre autres, par le manque de<br />

soutien de l’Etat à la presse et les piètres<br />

chiffres que cette dernière réalise en<br />

matière de diffusion. Depuis 2005, l’Etat<br />

distribue près de 50 millions de dirhams<br />

aux journaux à titre de subventions. Très<br />

insuffisant par rapport aux investissements<br />

et aux charges de fonctionnement<br />

qui handicapent cette profession. Après<br />

les manifestations du 20 février, des<br />

bruits courent sur une augmentation<br />

conséquente de cette subvention, notamment<br />

en faveur de l’Internet…<br />

Pour l’Etat, l’enjeu est clair: Il a besoin<br />

d’une presse plurielle et en même temps,<br />

il sait qu’elle ne pourra pas vivre de ses<br />

ventes. D’où le levier de la publicité,<br />

utilisée parfois pour maintenir certaines<br />

publications en vie ou faire cesser<br />

d’autres... Cet enjeu, les annonceurs le<br />

savent également.<br />

La presse n’est pas seule à nécessiter<br />

une régulation. Il y a aussi l’affichage.<br />

«Trop de pub tue la pub», dénonce Noureddine<br />

Ayouch, patron de Shem’s. Et<br />

d’ajouter: «il faut une régulation de l’espace<br />

urbain. Il n’est pas normal de s’arrêter à<br />

un feu rouge et d’être confronté à 7 ou 8<br />

panneaux publicitaires, d’autant plus que<br />

ça nuit à l’impact du message».<br />

En effet, selon les études des publicitaires,<br />

le marocain reçoit en moyenne<br />

Enquête|Marché publicitaire<br />

600 messages publicitaires par jour à<br />

travers différents supports. De plus en<br />

plus de questions se posent donc quant<br />

à l’impact de ce matraquage quotidien<br />

sur les habitudes d’achat. La question<br />

est d’autant plus légitime quand on sait<br />

que l’exposition à la publicité ne dure<br />

en moyenne que 6 secondes. Il est vrai<br />

que les annonceurs exigent de plus en<br />

plus d’études de «tracking» pour évaluer<br />

l’impact des campagnes sur la notoriété<br />

ou la perception des marques mais,<br />

face à la multiplication des afficheurs,<br />

des panneaux et l’anarchie qui semble<br />

régir ce secteur, c’est tout l’équilibre du<br />

marché qui est en jeu.<br />

Au-delà de l’opacité dans l’octroi<br />

des autorisations et<br />

des marchés, les flux<br />

financiers manquent<br />

aussi de transparence.<br />

En effet, plusieurs<br />

acteurs remettent<br />

en cause le mode de<br />

rémunération des différents prestataires.<br />

Entre annonceurs, agences conseil en<br />

communication, agences médias, régies<br />

et médias, c’est tout un circuit économique<br />

qui n’est pas toujours équitablement<br />

réparti.<br />

Ainsi, schématiquement, quand l’annonceur<br />

veut faire une publicité, il confie<br />

un budget publicitaire à une agence<br />

conseil en communication. L’agence<br />

conceptualise la campagne et achète<br />

l’espace publicitaire à une agence média<br />

ou à une régie, chargées de commercialiser<br />

l’espace publicitaire des supports.<br />

Dans ce système, l’agence était, historiquement,<br />

à la fois rémunérée par<br />

l’annonceur et par les régies ou l’agence<br />

média. En effet, une fois la campagne en<br />

marche, l’agence touche des honoraires<br />

pour le conseil et se fait payer par la<br />

régie ou l’agence conseil pour lui avoir<br />

cédé le marché à travers une «commission<br />

d’agence» généralement de 15% de la<br />

transaction hors dégressif.<br />

Cette tradition historique, qui<br />

considérait l’agence conseil comme un<br />

pourvoyeur de marché aux médias, va<br />

tendre à disparaitre au fur et à mesure<br />

que les annonceurs deviennent puissants.<br />

Confronté à des resserrements de coûts<br />

et considérant que les agences publicitaires<br />

étaient trop «grassement» payées, les<br />

annonceurs vont de plus en plus commencer<br />

à récupérer cette commission et la défalquer<br />

de la facture finale de la campagne. En<br />

contrepartie, ils reversent des «fees forfaitaires»<br />

aux agences conseils et agences<br />

médias d’une manière contractuelle.<br />

«C’est un système qui n’encourage pas la<br />

transparence», dénoncent nos sources.<br />

Autre anomalie du marché: les chiffres<br />

qui sortent annuellement sur les recettes<br />

publicitaires par type de média. En gros,<br />

le marché fait dans les 5,7 milliards de<br />

dirhams de recettes. Selon un patron<br />

d’une agence de pub, le vrai chiffre ne<br />

dépasse pas les 2,2 milliards de dirhams.<br />

«L’Etat saura-t-il jouer son rôle<br />

de régulateur, en jugulant les<br />

appétits des uns et des autres?»<br />

Les 5,7 milliards de dirhams avancés<br />

sont dits «brut-brut» car ils sont calculés<br />

sur la base de chiffres nominaux qui ne<br />

prennent pas en compte les dégressifs<br />

et sont calculés sur la base d’une valeur<br />

faciale. Une régulation s’impose donc<br />

pour donner plus de transparence au<br />

marché et mieux rétribuer les médias qui<br />

sont finalement les plus grands perdants<br />

de cette opacité. «C’est un système qui<br />

tue le métier. Non seulement il appauvrit<br />

la créativité des agences mais il étrangle<br />

commercialement les médias», analyse un<br />

professionnel ayant requis l’anonymat.<br />

Ainsi, jusqu’à présent, le marché<br />

ne s’est pas suffisamment développé<br />

pour accepter autant de d’acteurs. Pour<br />

beaucoup de professionnels, il s’agit pour<br />

l’Etat d’intervenir afin de donner plus de<br />

visibilité et de stimuler le marché. Mais<br />

l’Etat saura-t-il se positionner pour<br />

jouer intelligemment son rôle de régulateur<br />

en soutenant les activités qui ont en<br />

besoin et en jugulant les appétits des uns<br />

et des autres? Pourra-t-il proposer une<br />

sorte de plan sectoriel pour booster le<br />

développement du marché?<br />

Aujourd’hui, les acteurs ont lancé des<br />

signaux. La balle est entre les mains des<br />

pouvoirs publics. E|E<br />

Economie|Entreprises Avril 2011

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!