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L’énigme

Comment s’explique l’opacité totale qui plane sur les niveaux de prix des médicaments? Qui intervient dans la chaîne de valeur? Quelles sont les marges des différents intervenants dans la chaîne de commercialisation? Et pour quelles raisons les pouvoirs publics sont-ils, dans un secteur pourtant névralgique, devenus adeptes d’un laisser-faire suspect? Cette enquête dévoile les dessous de la fixation des marges à la fois des grossistes et des pharmaciens et rappelle que, souvent, les prix prohibitifs des médicaments trouvent leur source dans les dépenses marketing exorbitantes des grands laboratoires pharmaceutiques. Une série de contre-vérités seront démystifiées grâce à cette investigation qui préfigurera, quelques années plus tard, la baisse massive des prix de 1.500 médicaments dont le ministre de la Santé Houcine Louardi fut l’instigateur.

Comment s’explique l’opacité totale qui plane sur les niveaux de prix des médicaments? Qui intervient dans la chaîne de valeur? Quelles sont les marges des différents intervenants dans la chaîne de commercialisation? Et pour quelles raisons les pouvoirs publics sont-ils, dans un secteur pourtant névralgique, devenus adeptes d’un laisser-faire suspect? Cette enquête dévoile les dessous de la fixation des marges à la fois des grossistes et des pharmaciens et rappelle que, souvent, les prix prohibitifs des médicaments trouvent leur source dans les dépenses marketing exorbitantes des grands laboratoires pharmaceutiques. Une série de contre-vérités seront démystifiées grâce à cette investigation qui préfigurera, quelques années plus tard, la baisse massive des prix de 1.500 médicaments dont le ministre de la Santé Houcine Louardi fut l’instigateur.

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enquête<br />

017 À qui profite l’argent du médicament?<br />

022 Halte aux abus!<br />

026 Génériques, la fausse piste<br />

017<br />

Photo: AFP<br />

Par Nadia Lamlili<br />

À qui profite l’argent<br />

du médicament?<br />

Le prix du médicament est une véritable<br />

nébuleuse au Maroc. Un commerce juteux,<br />

où chaque intervenant engrange une<br />

marge généreuse, pour ne pas dire surréaliste,<br />

avec la bénédiction du ministère de la<br />

Santé.<br />

Avril 2009 Economie|Entreprises


Enquête|Santé<br />

018<br />

Anouar Fennich, président de la Fédération des<br />

Pharmaciens: «Nous n’accepterons jamais la révision<br />

de nos marges.»<br />

Laboratoires pharmaceutiques,<br />

assureurs publics, ministère de la Santé,<br />

pharmaciens…tout ce petit monde lié<br />

à la politique des soins est sur le quivive.<br />

Et pour cause, une commission<br />

parlementaire, dirigée par le socialiste<br />

Khalid Hariri, enquête sur le prix du<br />

médicament. Elle a auditionné tous les<br />

intervenants dans la chaîne de fixation<br />

des prix pour comprendre pourquoi le<br />

médicament est aussi cher au Maroc,<br />

et examiner à la loupe les marges que<br />

gagnent les différents intervenants.<br />

Un rapport détaillé sera rendu public<br />

dans la deuxième semaine d’avril, avec<br />

l’ouverture de la session parlementaire<br />

de printemps. Et il promet des révélations,<br />

car nos députés sont allés jusqu’à<br />

établir des comparaisons à l’international.<br />

De quoi bousculer la communauté<br />

des producteurs. «Le médicament est cher<br />

au Maroc par rapport à quoi? Il s’agit d’un<br />

produit industriel où le coût des facteurs<br />

(personnel spécialisé, matières premières,<br />

logistique..) est assez élevé. On ne peut pas<br />

faire des économies de bouts de chandelle<br />

sur une industrie de qualité alignée sur les<br />

standards internationaux», s’insurge Ali<br />

Sedrati, secrétaire général de l’Association<br />

marocaine de l’industrie pharmaceutique<br />

(AMIP).<br />

Les parlementaires ne sont pas les<br />

seuls sur ce front. S’ils s’activent de<br />

cette façon, c’est parce que le ministère<br />

de la Santé lui-même veut faire baisser<br />

les prix. Et ce n’est pas pour rien. Un<br />

médicament cher remet en cause toute<br />

la politique de santé publique au Maroc<br />

et risque de plomber la généralisation de<br />

la couverture médicale.<br />

Ce qui est encore plus critique, c’est<br />

que, jusque-là, le prix du médicament<br />

n’a jamais fait l’objet d’une étude détaillée<br />

au sein du ministère de la Santé,<br />

malgré l’assainissement que promet la<br />

ministre Yasmina Baddou. Comment ce<br />

prix est-il fixé? Qui intervient dans cette<br />

fixation? Quelles sont les marges des<br />

différents intervenants dans la chaîne de<br />

commercialisation? C’est en examinant<br />

à la loupe ce circuit que l’on pourra<br />

comprendre les raisons de la cherté du<br />

médicament dans notre pays, mais aussi<br />

l’ambiguïté d’un ministère qui laisse<br />

faire… presque avec une certaine complicité.<br />

Car la chaîne de fixation des prix<br />

est une véritable nébuleuse, consacrée<br />

par une réglementation vieillotte et<br />

inadaptée qui date de 1969!<br />

Depuis cette date, en effet, aucune<br />

modification législative n’est intervenue<br />

sur le circuit de fixation des prix, malgré<br />

l’essor considérable qu’a connu le marché<br />

du médicament.<br />

Les marges de la discorde<br />

À la base, c’est le ministère de la<br />

Santé qui encadre la politique des prix<br />

et qui fixe les marges des producteurs,<br />

des pharmaciens et des grossistes (voir<br />

schéma). L’enjeu réside au niveau des<br />

médicaments importés qui portent sur<br />

des produits innovants indispensables<br />

pour le traitement des maladies lourdes<br />

et très coûteuses (cancer, hépatites,<br />

sida…). Grossistes et pharmaciens<br />

sont les plus exposés dans la chaîne de<br />

responsabilité. Le grossiste engrange<br />

10% de marge et le pharmacien 30%.<br />

Avec des pourcentages aussi importants,<br />

on les accuse de se sucrer sur le dos du<br />

patient. «C’est injuste», répliquent ces<br />

deux corps de métier, précisant qu’il<br />

s’agit de marges brutes. «À la fin, les grossistes<br />

ne perçoivent que 1% comme marge<br />

nette. Le reste est englouti dans les frais<br />

de fonctionnement et de conditionnement<br />

du médicament (stockage, chaîne du froid,<br />

transport…)», insiste Najib Tazi, Pdg<br />

Schéma de fixation des prix<br />

des médicaments importés<br />

Les marges des différents intervenants représentent 50%<br />

du prix du médicament coûteux.<br />

Source: E&E<br />

Prix international FOB<br />

(Free on Board)<br />

Droits de douane<br />

TVA<br />

grossistes<br />

pharmaciens<br />

2,5%<br />

7%<br />

10%<br />

30%<br />

de Sophacentre, un grossiste pharmaceutique<br />

qui revendique 20% de part de<br />

marché.<br />

Même son de cloche auprès des<br />

pharmaciens. «Au final, le pharmacien ne<br />

perçoit comme marge nette que 8 à 9%»,<br />

rappelle Anouar Fennich, président de<br />

la Fédération nationale des syndicats de<br />

pharmaciens.<br />

Malgré cela, les autorités publiques<br />

demandent de revoir ces marges à la<br />

baisse à travers un système dégressif.<br />

Ainsi, plus le prix du médicament<br />

augmente, moins la marge devra être<br />

importante. Et le pharmacien restera<br />

toujours gagnant. «Car le prix de plus de<br />

93% des médicaments vendus au Maroc<br />

serait de moins de 100 dirhams», avance<br />

un cadre de laboratoire pharmaceutique.<br />

Ce qui fait que le pharmacien peut<br />

gagner sur le volume.<br />

Les grossistes et les pharmaciens<br />

rejettent en bloc ce calcul. «Il n’existe<br />

aucune étude sur la commercialisation des<br />

médicaments par typologie pour avancer<br />

un tel chiffre. Nous n’accepterons jamais<br />

la révision de nos marges!», s’enflamme<br />

Anouar Fennich. Pour lui, la profession<br />

a assez de problèmes. Sur les 10.000<br />

pharmacies que compte le pays, 30%<br />

Economie|Entreprises Avril 2009


020<br />

Consommation par paniers de soins à la CNSS<br />

Élément plaidant pour la baisse des prix des médicaments, la part<br />

prépondérante des affections de longue durée (26%).<br />

Hospitalisation<br />

68%<br />

Source: CNSS<br />

ALD<br />

26%<br />

Maternité<br />

2%<br />

Enfant<br />

5%<br />

d’entre elles seraient en difficulté.<br />

«Aujourd’hui, le pharmacien est lui-même<br />

malade. Il réalise un chiffre d’affaires<br />

moyen de 500.000 dirhams, le chiffre le<br />

plus bas de tout le monde arabe bien que<br />

notre industrie pharmaceutique soit des<br />

plus performantes», tonne-t-il.<br />

Pire encore, la profession agit dans<br />

un environnement miné du fait de<br />

l’anarchie qui règne dans la distribution<br />

du médicament. Des laboratoires,<br />

des communes sans parler des contrebandiers…Tout<br />

ce monde vend des<br />

médicaments au Maroc constituant<br />

ainsi une concurrence déloyale vis-à-vis<br />

des pharmaciens.<br />

Chère, chère… la promotion<br />

Si la situation des pharmaciens est<br />

aussi déplorable, où réside donc alors le<br />

problème du prix du médicament? Estce<br />

au niveau des frais de douane? De la<br />

TVA? Du prix de base des laboratoires<br />

eux-mêmes?<br />

À l’origine, le prix du médicament est<br />

fixé à l’international par le laboratoire<br />

qui le produit. C’est ce qu’on appelle le<br />

FOB, Free on board, le prix du fabricant<br />

hors taxes. «Et c’est là où il faut agir»,<br />

expliquent plusieurs sources médicales.<br />

Pointés du doigt, les laboratoires montent<br />

au créneau. «Le marché est réglementé.<br />

Les laboratoires internationaux ne<br />

représentent que 58% du prix final public.<br />

Le reste va aux marges des grossistes et des<br />

Enquête|Santé<br />

pharmaciens», se défendent les responsables<br />

de Maroc Innovation santé (MIS),<br />

un groupement de 13 multinationales<br />

pharmaceutiques.<br />

Cela dit, ils conviennent que leur<br />

produit est cher car la recherche est<br />

chère. «Un laboratoire dépense jusqu’à 1<br />

milliard de dollars pour inventer une molécule,<br />

avec le risque que tout cet argent parte<br />

en fumée au bout de 10 ans de recherche»,<br />

soutiennent les responsables du MIS.<br />

Sans compter les frais de formation des<br />

médecins et de promotion. Justement,<br />

combien ces frais de promotion représentent-ils<br />

dans le prix du médicament?<br />

Aucune indication n’a été donnée par<br />

le MIS. «Chaque laboratoire a sa propre<br />

politique de promotion», s’y contentet-on<br />

d’avancer. C’est la question qui<br />

fâche. Une grande partie du flou qui<br />

entoure le prix du médicament réside au<br />

niveau des frais de promotion. En 2005,<br />

un livre du docteur belge, Dirk Van<br />

Duppen, «La guerre des médicaments.<br />

Pourquoi sont-ils si chers?», paru aux éditions<br />

Aden, a jeté un pavé dans la mare.<br />

L’auteur y rapporte que les firmes pharmaceutiques<br />

investissent deux fois plus<br />

dans le marketing que dans la recherche.<br />

Des frais de marketing qui, au final,<br />

sont supportés par le consommateur.<br />

En toute logique, le Maroc ne peut<br />

pas être un cas isolé de ce qui se passe<br />

à l’international. Mais les laboratoires<br />

internationaux préfèrent détourner<br />

l’attention sur un autre sujet. «Toute cette<br />

«Quand un laboratoire fixe le prix d’un médicament<br />

innovant au Maroc, ce prix-là n’est pas révisé<br />

comme cela se fait dans le pays d’origine»<br />

polémique sur le prix du médicament n’est<br />

que la partie visible de l’iceberg. À l’origine,<br />

c’est notre système de santé qui est défaillant<br />

à cause de la pauvreté du budget du<br />

ministère de la Santé», soutient un cadre<br />

d’un laboratoire international de renom.<br />

Il n’en demeure pas moins que la<br />

problématique du prix international de<br />

référence est le véritable enjeu. «Quand<br />

un laboratoire fixe le prix d’un médicament<br />

innovant au Maroc, ce prix-là n’est<br />

pas révisé comme cela se fait dans le pays<br />

Les droits de douane,<br />

un faux problème<br />

Les droits de douane sont-ils responsables du<br />

prix élevé du médicament? Rien n’est moins<br />

sûr, même si les laboratoires pharmaceutiques<br />

s’en plaignent. Car les médicaments portant sur<br />

les pathologies lourdes, qui posent réellement<br />

problème au niveau des prix, sont soumis au<br />

droit minimum de 2,5%. «Notre logique est<br />

d’imposer au minimum les produits sensibles<br />

pour permettre au patient d’y accéder. Par<br />

contre, la fiscalité douanière augmente pour les<br />

produits importés qui ont des similaires au Maroc.<br />

Dans ce dernier cas, il s’agit d’une mesure<br />

protectionniste», explique un responsable de la<br />

Douane.<br />

Normalement, les droits de douane sont évolutifs.<br />

Chaque fois que le Maroc a besoin d’une<br />

technologie innovante à l’international, cette<br />

dernière bénéficie du régime le plus favorable,<br />

car c’est un enjeu de santé publique. Pour les<br />

autres médicaments, qui ne présentent pas un<br />

réel enjeu de santé ou dont des copies existent<br />

au niveau local, les taux sont assez importants.<br />

Ils vont de 7,5% à 35%. Des taux qui, de toutes<br />

les façons, sont appelés à baisser à cause du<br />

démantèlement.<br />

d’origine», glisse un opérateur médical.<br />

Légalement, chaque fois que ses prix<br />

baissent à l’international, un laboratoire<br />

doit aviser le ministère de la Santé<br />

pour que cette baisse soit répercutée<br />

au Maroc. Cette procédure est aussi<br />

exigée pour les changements de taux de<br />

change. «Mais le ministère de la Santé ne<br />

révise pas facilement», confie le dirigeant<br />

d’un laboratoire. Pourquoi? Malgré nos<br />

multiples sollicitations, ni le ministère<br />

de la Santé ni l’Agence nationale de<br />

l’assurance maladie (ANAM) n’ont<br />

voulu répondre à nos questions. De quoi<br />

aiguiser la suspicion sur ce dossier.<br />

Tout compte fait, le grand responsable<br />

est identifié. «Le prix public des médicaments<br />

est fixé par le ministère de la Santé.<br />

Si le ministère veut un prix plus bas, il<br />

peut l’obtenir», conclut un membre de la<br />

commission d’information parlementaire.<br />

Le mot est lâché. Ce sont nos réglementations<br />

qui posent problème. Et<br />

il est grand temps qu’elles soient révisées<br />

pour tirer au clair cette nébuleuse qui<br />

entoure le prix du médicament. E|E<br />

Economie|Entreprises Avril 2009


022<br />

Halte aux abus!<br />

La Caisse nationale des organismes<br />

de prévoyance sociale (CNOPS)<br />

a ouvert un autre front au niveau<br />

du prix du médicament. Depuis<br />

quelques semaines, elle est montée<br />

au créneau pour critiquer la nouvelle<br />

grille tarifaire que le ministère de la<br />

Santé et l’Agence nationale de l’assurance<br />

maladie (ANAM) veulent<br />

mettre en place concernant les prix<br />

des médicaments coûteux au Maroc.<br />

La CNOPS assure que les médicaments<br />

figurant dans cette liste,<br />

inspirée du prix public pratiqué au<br />

Maroc, sont 2 à 3 fois plus cher que<br />

ce qu’elle réussit à acheter directement<br />

auprès des industriels pour les<br />

Enquête|Santé<br />

C’est une grande polémique que la CNOPS a enclenché<br />

sur le prix du médicament et les abus exercés par certains<br />

laboratoires. Pour stopper ces pratiques, elle propose la<br />

création d’une centrale d’achat qui fournira tout le Maroc.<br />

Mais les industriels ne sont pas d’accord.<br />

besoins de sa pharmacie.<br />

Du coup, elle tire la sonnette<br />

d’alarme car son alignement sur<br />

cette nouvelle grille risque de plomber<br />

sérieusement ses finances. 47%<br />

de ses dépenses vont à l’achat de<br />

médicaments. De 356 millions de<br />

dirhams en 2008, ses dépenses augmenteraient<br />

à plus de 600 millions si<br />

cette nouvelle grille est adoptée.<br />

Il ne faut pas se leurrer. La CNOPS achète en masse<br />

et sans les frais de promotion du laboratoire. Elle peut<br />

donc obtenir les meilleurs prix si elle veut.<br />

Pourquoi la CNOPS réussit-elle<br />

à avoir des prix aussi avantageux<br />

par rapport à ceux existant sur le<br />

marché? «Il ne faut pas se leurrer. La<br />

Caisse achète en masse et sans les frais<br />

de promotion du laboratoire. Elle peut<br />

obtenir les meilleurs prix si elle veut»,<br />

se défend Ali Sedrati, président<br />

de l’AMIP. Oui, mais cet achat en<br />

gros justifie-t-il des écarts de prix<br />

aussi importants? Si la CNOPS<br />

arrive à avoir des prix défiant toute<br />

concurrence auprès des laboratoires<br />

pharmaceutiques, pourquoi le circuit<br />

privé ne le fait-il pas?<br />

Une polémique commerciale?<br />

L’enjeu réside au niveau des médicaments<br />

coûteux dont le prix et les<br />

circuits de distribution sont l’objet<br />

d’une anarchie organisée. En fait,<br />

la CNOPS dispose d’une pharmacie<br />

destinée à remettre aux assurés<br />

atteints de certaines maladies graves<br />

(cancer, hépatites, sida, etc.) des<br />

médicaments coûteux. Les dépenses<br />

de cette pharmacie ont connu<br />

une envolée débridée, passant de 17<br />

millions en 1996 à 184 millions de<br />

dirhams en 2006 et à 356 millions<br />

en 2008. Cinq laboratoires engrangent<br />

84% de la cagnotte et 70% des<br />

médicaments, en majorité importés,<br />

n’ont pas de générique!<br />

Si en 2004 l’OMS pensait que<br />

le prix du médicament était cher<br />

au Maroc, ce prix est également<br />

fluctuant selon les clients. Une<br />

fluctuation qui, d’ailleurs, a poussé<br />

la CNOPS a retarder la délégation<br />

de la gestion de la pharmacie telle<br />

qu’imposée par l’article 44 de la Loi<br />

65-00 instituant code de couverture<br />

médicale de base. Cette loi oblige la<br />

CNOPS à se dessaisir de sa pharmacie<br />

le 18 août 2009 et à se concentrer<br />

sur son rôle d’assureur public.<br />

Or, «ce retard a été mis à profit par le<br />

laboratoire Roche, pour essayer d’introduire<br />

«au forceps» trois nouveaux<br />

médicaments dans la liste des achats<br />

de notre pharmacie», tempête un<br />

haut responsable de la Caisse. Qui<br />

poursuit: «Il nous demande d’acheter<br />

ses médicaments innovants sur lesquels<br />

il exerce un monopole; sinon il arrêtera<br />

d’avancer aux assurés des cures à base<br />

de ces trois médicaments.»<br />

Contactés, les responsables du<br />

laboratoire Roche infirment ces<br />

allégations, précisant qu’il s’agit d’un<br />

Economie|Entreprises Avril 2009


024<br />

Omar Tazi, Pdg de Sothema: «En créant une centrale<br />

d’achat, l’État va jeter des milliers d’employés<br />

pharmaceutiques à la rue!»<br />

Aucune solution n’aura d’effet sur la baisse<br />

du prix du médicament tant que le ministère<br />

de la Santé ne saura pas où il va.<br />

problème purement commercial.<br />

«Nous fournissons aux patients certains<br />

médicaments innovants et la CNOPS<br />

doit nous rembourser par la suite selon<br />

la règle du tiers payant. Mais elle refuse<br />

de le faire. Au final, nous risquons de<br />

perdre 7 millions de dirhams», répond<br />

un cadre de Roche. «Tout ce que<br />

nous demandons, c’est que la CNOPS<br />

s’asseye avec nous pour trouver une<br />

solution», ajoute-il. Dans sa lettre,<br />

le laboratoire propose soit d’inscrire<br />

directement ces médicaments dans<br />

la liste des achats de la pharmacie<br />

de la Caisse soit de conclure une<br />

convention lui permettant, moyennant<br />

une prise en charge, de délivrer<br />

le médicament coûteux et d’envoyer<br />

la facture à la Caisse pour paiement.<br />

Sauf que cette dernière ne peut pas<br />

Des prix compétitifs, c’est possible!<br />

Médicaments<br />

TAXOL 30 mg/B1 INJ<br />

PARAPLATINE 450mg/B1<br />

EBETAXEL 30mg B1amp<br />

ZAREX 150mg<br />

Source: CNOPS<br />

Prix d’achat CNOPS (1) *<br />

640,00<br />

1 689,95<br />

392,50<br />

336,00<br />

Prix hôpital ANAM (2)<br />

1 478,60<br />

3 779,90<br />

824,20<br />

690,00<br />

Enquête|Santé<br />

contracter de nouvelles conventions<br />

avec les laboratoires, car elle se mettrait<br />

ainsi en défaut par rapport à la<br />

loi qui l’oblige à cesser son activité<br />

pharmaceutique.<br />

Une centrale d’achat<br />

Quoi faire? Face à ces enjeux, une<br />

idée est née. La Caisse propose de<br />

régler le problème du médicament<br />

à la base, en instaurant un système<br />

mutualiste en vertu duquel les<br />

acheteurs publics, privés, civils et<br />

militaires négocieraient en bloc des<br />

prix de référence avantageux, dans le<br />

cadre d’une pharmacie hospitalière.<br />

Une sorte de centrale d’achat.<br />

«Si l’Etat adopte ce scénario, il va<br />

tuer toute l’industrie pharmaceutique<br />

qui s’est construite sur le libéralisme et<br />

la concurrence», prévient Omar Tazi,<br />

patron de Sothema. L’idée de la<br />

centrale a été inspirée par le modèle<br />

tunisien. Dans le pays de Benali, une<br />

Ce tableau montre que la CNOPS achète les médicaments portant sur les maladies lourdes deux fois moins cher que le prix public et<br />

presque une fois et demi moins cher que le prix proposé par l’ANAM.<br />

Prix public Maroc (3)<br />

2 230,90<br />

5 586,80<br />

1 246,00<br />

1 040,00<br />

Variation (2)/ (1)<br />

131%<br />

124%<br />

110%<br />

105%<br />

Variation (3)/ (1)<br />

249%<br />

231%<br />

218%<br />

Valeur 209% en dirhams<br />

Comparaison des prix de certains médicaments<br />

entre le Maroc et la Tunisie<br />

Les médicaments qui figurent dans ce tableau sont ceux les<br />

plus vendus au Maroc. Cette comparaison indique la différence<br />

considérable entre les prix pratiqués dans les pharmacies tunisiennes<br />

et celles marocaines.<br />

Produits<br />

Doliprane<br />

Aspegic 1000<br />

Amoxil 1g<br />

Ventolin, Aerol en Tunisie<br />

Augmentin, 1g boîte de 12 sachets<br />

Surgam 200<br />

Source: comparaisons E&E<br />

Prix en Tunisie *<br />

7,15<br />

23,71<br />

56,65<br />

21,94<br />

109,91<br />

51,18<br />

seule entité, la<br />

Pharmacie principale,<br />

achète<br />

et distribue sur<br />

tout le marché.<br />

Les prix publics<br />

sont donc nettement plus bas qu’au<br />

Maroc (voir tableau). «Nous irons<br />

droit à l’échec si nous adoptons ce système.<br />

Car la Tunisie fonctionne encore<br />

selon le système socialiste et subventionne<br />

sa politique de médicaments. En<br />

plus, avec 10 millions d’habitants, la<br />

Tunisie n’est pas confrontée aux mêmes<br />

contraintes que le Maroc qui en a 30<br />

millions», renchérit Anouar Fennich,<br />

président de la Fédération des syndicats<br />

des pharmaciens.<br />

Les producteurs s’accordent à dire<br />

que la création d’une centrale ne fera<br />

que pénaliser une industrie performante<br />

qui a plus besoin d’incitations<br />

fiscales pour pouvoir agir sur les prix<br />

finaux. «Nous demandons que la TVA<br />

soit ramenée à 3,5% au lieu de 7%.<br />

C’est cette baisse qui va agir sur le prix<br />

final et non une économie sur nos coûts<br />

car ces derniers sont incompressibles vu<br />

les exigences que demande notre industrie<br />

en termes de qualité et d’encadrement»,<br />

explique Omar Tazi.<br />

Au final, centrale d’achat, révisions<br />

fiscales… aucune solution<br />

n’aura d’effet sur la baisse du prix du<br />

médicament tant que le ministère<br />

de la Santé ne saura pas où il va.<br />

Le problème majeur est le manque<br />

flagrant d’une politique du médicament<br />

au Maroc. E|E<br />

Ne touche pas à mes<br />

marges!<br />

Prix au Maroc)<br />

10,30<br />

30,80<br />

93,85<br />

56,30<br />

161,35<br />

55,40<br />

*(convertis en dirhams)<br />

Taux de change: 1dinar= 6,06 dirham<br />

Le coût élevé des facteurs de production revient<br />

comme un leitmotiv chez les industriels.<br />

Impossible de faire des économies là-dessus.<br />

Par contre, le Maroc peut agir à travers d’autres<br />

pistes comme l’encouragement de l’export des<br />

médicaments. Plus le Maroc en exporte, plus<br />

les frais fixes des producteurs baisseront. Et,<br />

au final, cela se répercutera sur leurs prix de<br />

vente. L’AMIP a diligenté une étude auprès du<br />

Cabinet Boston Consulting Group (BCG) qui va<br />

expliciter les niches à l’export. Seulement voilà,<br />

«pour que le marché de l’export se développe,<br />

le ministère de la Santé ne doit pas permettre<br />

une grande baisse des prix au Maroc», affirme<br />

Omar Tazi, «car un pays étranger qui importe<br />

des médicaments fabriqués au Maroc n’acceptera<br />

jamais de les prendre au prix que nous lui<br />

proposons s’il sait qu’ils sont vendus moins cher<br />

au Maroc», ajoute-il. Pour lui, vouloir baisser les<br />

prix, coûte que coûte, va torpiller la compétitivité<br />

des laboratoires marocains.<br />

Economie|Entreprises Avril 2009


026<br />

Génériques,<br />

la fausse piste<br />

L’encouragement du générique<br />

peut-il agir sur le prix du médicament?<br />

Depuis quelques semaines,<br />

l’Agence nationale d’assurance<br />

maladie (ANAM) a enclenché une<br />

campagne publicitaire appelant à<br />

la consommation des génériques,<br />

lesquels se situent à peine à hauteur<br />

de 25% des médicaments vendus.<br />

«Une campagne ratée», jugent les<br />

intervenants dans le domaine de la<br />

santé, car l’essor du générique ne<br />

dépend pas du patient marocain,<br />

mais des médecins puisqu’ils sont<br />

les seuls autorisés à prescrire un<br />

médicament.<br />

Or, on déplore leur manque d’adhésion<br />

et le peu de confiance qu’ils<br />

manifestent vis-à-vis de ces médicaments.<br />

Certains intervenants<br />

évoquent le lobbying des laboratoires<br />

pharmaceutiques qui freine<br />

l’essor du marché du générique à<br />

coups de formations continues au<br />

profit des médecins. «Je ne comprends<br />

pas pourquoi on nous reproche<br />

de former les médecins. Au Maroc,<br />

personne ne se charge de leur formation<br />

continue, même pas le ministère<br />

de la Santé», rétorque un cadre d’un<br />

laboratoire pharmaceutique international.<br />

Les labos et leurs collabos<br />

Pour les médecins, cette polémique<br />

autour du générique bon<br />

marché a été utilisée pour toucher à<br />

leur droit de prescription. «Le Maroc<br />

veut soigner sa population malade<br />

Enquête|Santé<br />

En voulant baisser les prix des médicaments à travers la<br />

promotion des génériques, le ministère de la Santé met la<br />

charrue devant les bœufs. Car en fait, il s’agit d’abord de<br />

résoudre les problèmes de qualité de ces médicaments et<br />

les conflits d’intérêt entre industriels.<br />

La ministre Yasmina Baddou a annoncé une baisse annuelle du<br />

prix du générique de 5%. Une mesure qui ne réglera pas pour<br />

autant le problème de la cherté du médicament au Maroc.<br />

et en même temps faire des économies<br />

au niveau des dépenses de santé.<br />

L’équation est impossible», constate<br />

le Dr Mohamed Naciri Bennani,<br />

président du Syndicat des médecins<br />

du secteur libéral. 70% des médicaments<br />

sont vendus de manière<br />

anarchique, sans ordonnances, sans<br />

prescription. «Tant que le générique<br />

ne présente pas des conditions<br />

de garantie, nous ne pouvons pas le<br />

prescrire», tranche notre médecin.<br />

Les médecins sont la plaque<br />

tournante de la politique des médicaments<br />

au Maroc. Les laboratoires<br />

les courtisent parce qu’ils leur<br />

permettent de faire connaître leurs<br />

produits. En termes de promotion,<br />

c’est un passage hautement stratégique.<br />

Ce n’est pas pour rien aussi<br />

que certains laboratoires vendent à<br />

des hôpitaux publics à prix cassés.<br />

Car un princeps qui entre en<br />

hôpital fera sa place très facilement<br />

dans tout le circuit médical. L’hôpital<br />

public est une référence. Lui<br />

accorder des ristournes importantes<br />

entraînera un retour sur investissement<br />

rapide et important.<br />

Les frères ennemis<br />

Bref, c’est une guerre de positions<br />

que se livrent les multinationales<br />

au Maroc. Pour elles, les «génériqueurs»<br />

sont une menace. Ce<br />

conflit entre «confrères» se matérialise<br />

même au niveau de leurs instances<br />

représentatives. En 2005, les<br />

multinationales ont préféré constituer<br />

leur propre groupement, Maroc<br />

innovation santé (MIS). Raison<br />

officielle, défendre l’innovation et<br />

la recherche. Mais officieusement,<br />

c’est clairement pour contrecarrer<br />

l’avancée des génériqueurs marocains.<br />

Ces derniers sont en majorité encadrés<br />

au sein de l’AMIP. L’AMIP<br />

et le MIS, qui entretiennent des<br />

relations somme toute cordiales,<br />

évitent soigneusement de laver leur<br />

linge sale en public, faisant même<br />

dans le politiquement correct.<br />

C’est ainsi que l’AMIP assure<br />

qu’elle compte certaines multinationales<br />

dans ses rangs.<br />

Peace and love? On aimerait bien<br />

le croire, mais c’est loin d’être le<br />

cas. Car le business du médicament<br />

est très juteux pour que les opérateurs<br />

s’interdisent d’épingler ceux<br />

qui menacent leur part du gâteau.<br />

«Générique et princeps ont tous les<br />

deux une place dans le marché. Tout<br />

ce que nous demandons, c’est que le<br />

contrôle de la qualité des génériques<br />

soit le même que pour les princeps. Le<br />

Maroc est aligné sur des standards internationaux,<br />

il serait donc pernicieux<br />

qu’il sacrifie cette image sur l’autel de<br />

la baisse inconditionnelle des prix, au<br />

détriment de la qualité», fait remarquer<br />

le MIS.<br />

Economie|Entreprises Avril 2009


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La qualité. Voilà encore une fois<br />

ce qui dérange dans le générique.<br />

Car même s’ils ne le disent pas, les<br />

laboratoires internationaux croient<br />

Tant que le générique ne présente pas des<br />

conditions de garantie, nous ne pouvons<br />

pas le prescrire.<br />

que les médicaments génériques<br />

ne sont pas tous de bonne qualité.<br />

N’en déplaise aux laboratoires<br />

marocains qui estiment que leur<br />

production est au top de ce qui se<br />

fait dans le monde!<br />

Bien sûr, il ne faut pas mettre<br />

tous les laboratoires nationaux<br />

dans le même panier. «Mais je me<br />

pose toujours des questions quand je<br />

vois un générique se vendre à un prix<br />

dérisoire, comme celui du paracétamol,<br />

vendu à 7 dirhams», observe un<br />

pharmacien. En effet, c’est douteux.<br />

Renseignement pris, le médicament<br />

en question est fabriqué par<br />

un laboratoire marocain qui emploie<br />

de la main-d’œuvre indienne<br />

qui, comme chacun sait, est réputée<br />

très bon marché. Histoire d’avoir, à<br />

la sortie, des prix très bas.<br />

Dans ce cas, quid du contrôle?<br />

Il est inexistant, pour le moment.<br />

Car les tests de bioéquivalence qui<br />

Enquête|Santé<br />

servent à attester qu’un générique<br />

aboutit à la même concentration<br />

dans le sang qu’un princeps, après<br />

son administration, ne sont pas<br />

encore appliqués au Maroc. La<br />

loi existe, mais ce sont ses décrets<br />

d’application qui tardent à paraître.<br />

Un enjeu commercial<br />

Derrière la guerre des prix, il y a<br />

donc un sérieux problème de santé<br />

publique qui se pose.<br />

Normalement, quand un médicament<br />

générique sort pour la<br />

première fois sur le marché, il doit<br />

être 40% moins cher que le princeps.<br />

Par la suite, chaque générique<br />

qui rentre doit coûter moins de 5%<br />

que celui qui le précède. Une baisse<br />

par paliers. La concurrence, sur<br />

ce créneau, est de ce fait des plus<br />

acerbes, entraînant une course à la<br />

duplication des médicaments les<br />

plus vendus au Maroc.<br />

À titre<br />

d’exemple, pour<br />

l’Homéprazol,<br />

médicament<br />

prescrit pour<br />

le traitement<br />

de l’ulcère d’estomac, il existe<br />

plus d’une quinzaine de génériques.<br />

L’Amoxicilyne, antibiotique<br />

destiné au traitement d’infections<br />

bactériennes spécifiques, en a une<br />

cinquantaine, avec une différence<br />

de prix de 50 centimes seulement.<br />

Alors qu’il n’existe pratiquement<br />

pas de générique pour les injectables,<br />

ce qui occasionne des ruptures<br />

de stocks. Moralité, d’après notre<br />

pharmacien, le générique répond à<br />

un besoin commercial et non pas à<br />

une politique de santé.<br />

Le problème ne sera donc pas<br />

résolu par le biais d’une baisse des<br />

prix car il faut une politique des<br />

génériques pour encourager les<br />

laboratoires à fabriquer toutes les<br />

gammes de médicaments. Encore<br />

une fois, le ministère de la Santé<br />

est appelé à se manifester et à mettre<br />

son grain de sel de la manière la<br />

plus judicieuse qui soit. E|E<br />

À cœur ouvert<br />

Effet d’annonce<br />

Depuis sa nomination<br />

en tant que ministre<br />

de la Santé, Yasmina<br />

Baddou a fait des<br />

sorties tonitruantes<br />

au sujet de la gabegie<br />

et de la corruption<br />

qui règnent dans<br />

les milieux hospitaliers. Tout le monde<br />

l’a applaudie à l’époque. Et c’est mérité,<br />

car pour la première fois, une ministre a<br />

brisé un véritable tabou dans un milieu<br />

réfractaire aux critiques.<br />

Mais on craint que ce ne soit qu’un simple<br />

effet d’annonce dont les dividendes,<br />

en termes de popularité, seraient les plus<br />

recherchés. La vérité est que les dysfonctionnements<br />

qui se cachent derrière<br />

notre système de santé défaillant ne se<br />

limitent pas à un déficit de moralisation,<br />

comme on nous le fait croire. À titre<br />

d’exemple, comment comprendre que<br />

le ministère veuille accélérer le chantier<br />

de la généralisation des soins de santé<br />

alors qu’il n’a même pas de stratégie<br />

chiffrée sur le médicament?<br />

C’est quand même hilarant de constater<br />

qu’une base de données exhaustive, le<br />

point de départ de n’importe quelle politique<br />

de santé au monde, n’existe pas<br />

chez nous. On se demande réellement<br />

comment la ministre pourrait appliquer<br />

son assainissement si elle n’a pas un<br />

tableau de bord détaillé sur la commercialisation<br />

du médicament, les marges<br />

réelles engrangées par les intervenants<br />

et puis aussi sur ces mystérieux coûts<br />

de promotion médicale que taisent les<br />

laboratoires pharmaceutiques et qui sont<br />

répercutés sur le consommateur final.<br />

En l’absence de ce tableau de bord,<br />

tous les intervenants dans le circuit<br />

pharmaceutique ne savent pas où le<br />

ministère de la Santé veut aller. Ils sont<br />

désemparés, irrités, excédés par son<br />

obstination à faire passer des solutions<br />

bouche-trous pour baisser le prix<br />

du médicament, coûte que coûte, alors<br />

que le principal défi reste au niveau de<br />

l’assainissement du circuit anarchique<br />

de commercialisation et la chasse aux<br />

passe-droits. C’est là qu’on attend Yasmina<br />

Baddou.<br />

Nadia Lamlili<br />

Economie|Entreprises Avril 2009

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