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Noël, le choix de la faiblesse
nous dépouiller comme il le fait. Descendre
vers l’humain, c’est lui communiquer une
merveilleuse nouvelle : « Pour moi, qui suis
ton Dieu, tu es digne. Tu ne consistes pas à
n’être qu’en bas. Tu ne
seras jamais, à mes yeux,
celle, celui qui est en
bas, … devant moi qui
suis en haut. Je viens
vers toi, je descends,
parce que tu as du prix,
de la dignité. » Le Dieu
du Christ se propose, il
ne s’impose pas.
Conclusion
La crèche n’est pas un accident dans la vie
du Christ. Elle montre une dimension centrale
du visage de Dieu qu’il révèle. Jean-Sébastien
Bach a raison. Le peintre Matthias
Grünewald, lui aussi, qui sur le fameux retable
que l’on peut admirer au musée d’Unterlinden
de Colmar, peint la fragilité de
l’enfant Jésus, de son environnement
même, jusqu’au tissu déchiré, miteux, troué,
sur lequel repose l’enfant. Un tissu qui préfigure
le linceul qui l’enveloppera plus tard.
Ces deux tissus parlent très fort sur ce retable.
Celui de la nativité fait écho à celui
de la crucifixion.
La vie de Jésus est marquée, dès le début
des récits évangéliques, par la finitude, la
sobriété, le dépouillement, l’anti-puissance.
Cela dès sa généalogie et peu importe qu’il
s’agisse de celle de son père adoptif, car il
est identifié par cette lignée. Comme l’exprime
très justement Marion-Muller-Colard
dans son livre L’intranquillité, cette descente
de Dieu intranquillise, offusque les
rois, qui aiment voir les dieux suffisamment
lointains, pour sentir leur trône à l’abri de
toute compétition, leur pouvoir à l’abri de
tout partage, leur injustice à l’abri de tout
La relation de Dieu avec
l’homme restera éternellement,
comme elle l’a
toujours été, marquée par
sa volonté de descendre
vers l’homme, de le
rejoindre humblement.
jugement. Cette descente de Dieu déconcerte
aussi les religieux, qui aiment voir les
dieux suffisamment puissants, autoritaires,
intimidants, pour contrôler le peuple par des
codes, des règlements, et
des dogmes en affirmant
que tout cela est prescrit
par les dieux.
Au lieu de quoi, l’Évangile
montre Dieu, se laissant
mettre au monde
par le corps d’une jeune
femme. Et nous dit :
Voici qui je suis ! La vulnérabilité
est constitutive de sa personne, de
son identité. La naissance de Jésus nous dit
qu’il est venu - et reviendra - sans aucune intention
de menacer l’humain, de le dominer
par la contrainte, par la force. Et que sa relation
avec l’homme restera éternellement,
comme elle l’a toujours été, marquée par sa
volonté de descendre vers l’homme, de le rejoindre
humblement. Cette descente de
Dieu est inspirante pour les femmes et les
hommes qui souhaitent communiquer Dieu.
Amis lecteurs, je prie avec vous pour que la
mangeoire de Bethléem soit une source de
vie, inspirante pour nous tous, pour le
monde, pour l’Église du Christ dans son ensemble,
pour ma vie.
Notre Dieu,
Merci pour le Dieu que tu fus … à Noël
Merci pour le Dieu … que tu n’as cessé d’être
Et seras … aux siècles des siècles
Amen
Jean-Luc Rolland
Professeur de théologie
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