Restaurant, Bar & Lounge, ambiance 70 - les etes de la danse
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LE cARRé D’AS<br />
La Cinémathèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Danse n’a pas cherché à « illustrer » <strong>les</strong><br />
chorégraphies présentées par le Miami City Ballet au Théâtre<br />
du Châtelet, mais à <strong>les</strong> éc<strong>la</strong>irer d’un jour différent.<br />
Des heures <strong>de</strong> visionnage et <strong>de</strong> négociations avec <strong>la</strong> télévision<br />
américaine nous furent nécessaires pour obtenir ces images<br />
rares que nous présentons, toute <strong>la</strong> journée, à <strong>la</strong> Cinémathèque<br />
Française le lundi 11 juillet.<br />
George Ba<strong>la</strong>nchine, Jerome Robbins et Twy<strong>la</strong> Tharp ont<br />
chacun travaillé pour Hollywood : ils col<strong>la</strong>borèrent à plusieurs<br />
films célèbres et cette connaissance du 7 e art se perçoit, du<br />
reste, dans le rythme <strong>de</strong> leurs écritures chorégraphiques.<br />
On avait écouté avec passion à New York Edward Villel<strong>la</strong><br />
évoquer, en public, le tournage du seul ballet-film que<br />
Ba<strong>la</strong>nchine réalisa (1967) pour le cinéma avec Dan Eriksen,<br />
A Midsummer Night’s Dream (Le Songe d’une nuit d’été). Il était<br />
bien p<strong>la</strong>cé pour parler <strong>de</strong> ce film puisqu’il y dansait au côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
sublime Suzanne Farrell.<br />
Rencontrant ensuite Villel<strong>la</strong> dans un restaurant, on pouvait<br />
admirer, tandis que nous parlions, <strong>la</strong> précision toute cinématographique,<br />
avec <strong>la</strong>quelle il soulignait certains aspects <strong>de</strong> ce film<br />
mythique qui avait disparu pendant <strong>de</strong>s années et que l’on crut<br />
perdu. Saluons à ce propos Robert Gottlieb, éditeur américain<br />
célèbre, proche du Miami City Ballet, grâce à qui une copie <strong>de</strong><br />
ce film introuvable a rejoint nos collections. Il présentera à <strong>la</strong><br />
Cinémathèque Française le 11 juillet <strong>la</strong> séance consacrée à<br />
George Ba<strong>la</strong>nchine.<br />
Edward Villel<strong>la</strong> évoque Jean Babilée, et aussi <strong>Bar</strong>yshnikov.<br />
Il n’est pas grand, mais vif. Une noncha<strong>la</strong>nce toute popu<strong>la</strong>ire,<br />
mais aussi une élégance aristocratique : ce serait le personnage<br />
parfait d’un film <strong>de</strong> Scorsese...<br />
Comme <strong>danse</strong>ur, il était éblouissant : simplicité inspirée, style<br />
nerveux et retenu tout à <strong>la</strong> fois, que nous découvrons dans le<br />
portrait filmé par Robert Drew en 1968 Man Who Dances :<br />
Edward Villel<strong>la</strong> (5 ème séance du 11/07)<br />
Le regard <strong>de</strong> six <strong>danse</strong>uses proches <strong>de</strong> George Ba<strong>la</strong>nchine<br />
(1 ère séance du 11/07) ouvre le bal <strong>de</strong> ce programme avec le<br />
documentaire d’Anne Belle, Dancing for Mister B, Six<br />
Ba<strong>la</strong>nchine Ballerinas (1989). Chacune d’entre el<strong>les</strong> témoigne<br />
<strong>de</strong> ses re<strong>la</strong>tions, parfois complexes, avec Mr. B.<br />
Un montage <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cinémathèque <strong>de</strong> <strong>la</strong> Danse (5 ème séance<br />
du 11/07) présente, par ailleurs, <strong>de</strong>s séquences <strong>de</strong> comédies<br />
musica<strong>les</strong> « surréalisantes » qu’il chorégraphia pour Hollywood<br />
dans <strong>les</strong> années 30-40, ajoutant un aspect insolite à l’œuvre<br />
<strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>nchine.<br />
Jerome Robbins avec West Si<strong>de</strong> Story, chef d’œuvre absolu, où<br />
comme le disait Cocteau à propos du Jeune Homme et <strong>la</strong> Mort<br />
« <strong>les</strong> gestes <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue sont élevés à <strong>la</strong> dignité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>danse</strong>... »<br />
West Si<strong>de</strong> Story sera présenté au Théâtre du Châtelet le lundi<br />
18 juillet sur écran géant pour le 50 e anniversaire du film.<br />
La chorégraphie <strong>de</strong> Jerome Robbins NY Export : Opus Jazz<br />
(1958), «ballet in sneakers», a été remontée pour le cinéma<br />
par <strong>de</strong> jeunes <strong>danse</strong>urs du New York City Ballet dans un film,<br />
tourné en 2010, projeté dans <strong>la</strong> 4 ème séance du 11/07.<br />
La manière <strong>de</strong> filmer <strong>les</strong> corps, <strong>les</strong> lieux <strong>de</strong> tournage dans<br />
Manhattan, <strong>la</strong> virtuosité <strong>de</strong>s <strong>danse</strong>urs évoquent le timing<br />
trépidant <strong>de</strong> West Si<strong>de</strong> Story.<br />
Judy Kinberg qui pendant <strong>de</strong>s années a été <strong>la</strong> productrice <strong>de</strong><br />
l’émission « Dance in America » sur Channel 13 (WNET) a<br />
réalisé un riche essai cinématographique, Jerome Robbins,<br />
Something to Dance About (2009), extrêmement précis<br />
et documenté avec <strong>de</strong>s archives inédites en France, non<br />
seulement sur l’œuvre chorégraphique <strong>de</strong> Robbins, mais<br />
également sur sa vie et l’ambiguïté <strong>de</strong> ses positions politiques.<br />
Cet homme, dont on ignorait presque tout, nous est ici révélé<br />
avec force (2 ème séance du 11/07).<br />
Twy<strong>la</strong> Tharp a créé bien <strong>de</strong>s merveil<strong>les</strong>, notamment ce film<br />
qu’elle réalisa avec <strong>Bar</strong>yshnikov sur <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong> Sinatra,<br />
<strong>Bar</strong>yshnikov by Tharp. Tout simplement l’un <strong>de</strong>s plus beaux<br />
films <strong>de</strong> <strong>danse</strong> jamais réalisé (3 ème séance du 11/07).<br />
Et enfin Fancy Free, première chorégraphie <strong>de</strong> Jerome Robbins<br />
(1944), remarquable <strong>de</strong> fraîcheur et <strong>de</strong> fantaisie (4 ème séance<br />
du 11/07).<br />
Ce ballet a inspiré <strong>de</strong>ux films majeurs <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie<br />
musicale américaine, On the Town et Fair Weather <strong>de</strong> Stanley<br />
Donen et Gene Kelly : trois marins en permission découvrent<br />
d’un même mouvement l’amour et <strong>la</strong> magie <strong>de</strong> Manhattan…<br />
La boucle est presque bouclée… Le rêve américain se renouvelle<br />
et se poursuit avec <strong>les</strong> jeunes interprètes du Miami City<br />
Ballet. Le « carré d’as » d’Edward Villel<strong>la</strong>, Twy<strong>la</strong> Tharp, Jerome<br />
Robbins et George Ba<strong>la</strong>nchine continue <strong>de</strong> régner à <strong>la</strong> fois en<br />
vie et en images sur <strong>les</strong> scènes et <strong>les</strong> écrans <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>.<br />
« … Une fois que vous êtes parti, vous ne vous en souvenez<br />
plus, tout ce qui vous reste c’est l’écho fantomatique d’une<br />
obsédante merveille » écrivait Truman Capote à propos <strong>de</strong><br />
New York en 1946.<br />
Patrick Bensard / Lo<strong>la</strong> Chalou<br />
Remerciements : A<strong>la</strong>in Sinturel (Les trois petits cochons/New York),<br />
Marie-Hélène <strong>de</strong> Rancher, Agnès Schnei<strong>de</strong>r, Christopher Pennington,<br />
Twy<strong>la</strong> Tharp, Robert Gottlieb, Edward Villel<strong>la</strong>, Jan Schmidt et <strong>la</strong> NY<br />
Public Library, Xavier Baert, René Sirvin, Jennifer Bertani, Judy Kinberg<br />
et Hélène Van Dantzig, et l’équipe <strong>de</strong>s Etés <strong>de</strong> <strong>la</strong> Danse.<br />
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