15.09.2017 Views

syndicom magazine No 1- Le bureau dans le cloud

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
et de ses organisations affiliées.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>syndicom</strong><br />

N o 1 septembre–octobre 2017<br />

<strong>magazine</strong><br />

<strong>Le</strong> <strong>bureau</strong><br />

<strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong> Cloud


Annonce<br />

Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : Crowdwork<br />

15 Crowdwork : <strong>le</strong>s chiffres<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

19 Enfin une CCT Coursiers<br />

22 Politique<br />

24 Quels sont mes droits ?<br />

25 1000 mots<br />

26 Suggestions<br />

28 Sur <strong>le</strong> vif<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

Économisez<br />

jusqu’à<br />

10 %<br />

de prime<br />

Chères <strong>le</strong>ctrices, chers <strong>le</strong>cteurs,<br />

Bienvenue <strong>dans</strong> <strong>le</strong> nouveau <strong>magazine</strong> de<br />

<strong>syndicom</strong> ! Dès maintenant, il paraîtra tous <strong>le</strong>s<br />

deux mois. Chaque numéro apportera un<br />

éclairage approfondi sur un thème syndical<br />

particulier. Cette première édition en aborde<br />

un qui nous tient particulièrement à cœur. Avec<br />

la numérisation, certains modè<strong>le</strong>s de travail se<br />

répandent de plus en plus. Il s’agit du « crowdwork<br />

» et de ce qu’on appel<strong>le</strong> l’économie de partage<br />

(« sharing economy »). <strong>Le</strong>s free-lance organisés<br />

depuis longtemps chez <strong>syndicom</strong><br />

connaissent parfaitement <strong>le</strong>s aléas du marché<br />

libre. En tant que syndicat, nous sommes parvenus<br />

à imposer des règ<strong>le</strong>s, en particulier <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong> domaine de la presse : il faut des salaires<br />

minimaux, des prestations socia<strong>le</strong>s, des indemnités<br />

pour <strong>le</strong>s frais d’infrastructure. En outre,<br />

<strong>syndicom</strong> revendique une certification des<br />

plateformes et l’introduction de règ<strong>le</strong>s claires<br />

pour protéger toutes et tous <strong>le</strong>s « crowdworkers<br />

», afin que cette forme de travail <strong>le</strong>ur<br />

assure un avenir et ne conduise pas à la précarisation<br />

de larges catégories de la population.<br />

<strong>Le</strong> progrès ne doit pas se limiter à gonf<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s<br />

bénéfices d’une minorité de privilégiés, mais<br />

profiter à tout <strong>le</strong> monde !<br />

5<br />

8<br />

19<br />

<strong>No</strong>us vous souhaitons une agréab<strong>le</strong> <strong>le</strong>cture<br />

et nous réjouissons de vos réactions.<br />

Nina Scheu<br />

Une caisse-maladie online simp<strong>le</strong> et un conseil personnalisé?<br />

En tant que membre de <strong>syndicom</strong>, vous avez <strong>le</strong>s deux, et pour<br />

moins cher. Changez d’assureur en quelques clics:<br />

kpt.ch/<strong>syndicom</strong>/fr


4 Une fine équipe<br />

Groupe stratégique CCT Swisscom<br />

Brèves<br />

<strong>Le</strong>vée de boucliers <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s rédactions ? \ Rédactions bernoises<br />

unies pour un bon risotto \ Débat sur La Poste au Par<strong>le</strong>ment \<br />

my.<strong>syndicom</strong>.ch \ retraites.<strong>syndicom</strong>.ch \ <strong>Le</strong>ttres de <strong>le</strong>cteur<br />

5<br />

Michel<strong>le</strong> Geneviève Crapella-Papet<br />

(37 ans)<br />

Habite à Ennetbürgen (NW). Depuis<br />

2006 chez Swisscom, el<strong>le</strong> a d’abord<br />

travaillé <strong>dans</strong> l’administration, puis<br />

s’est spécialisée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> support technique<br />

avant d’obtenir un diplôme de<br />

coach en développement personnel.<br />

El<strong>le</strong> est devenue membre de <strong>syndicom</strong><br />

quand el<strong>le</strong> était très jeune.<br />

Urs Zumbach (53 ans)<br />

Originaire de Schliern près de Köniz<br />

(BE), il est employé chez Swiss com,<br />

à Berne, depuis 1981. Il y a occupé de<br />

nombreuses fonctions et œuvre<br />

actuel<strong>le</strong>ment comme Solution Designer<br />

AllIP, à la transformation des<br />

« anciens » réseaux téléphoniques pour<br />

de grandes à très grandes entreprises.<br />

Yannick Loigerot (47 ans)<br />

De Galmiz (FR). Depuis 1987, il occupe<br />

différentes fonctions chez Swisscom,<br />

tout d’abord à Genève, puis Berne et<br />

maintenant Fribourg. Actuel<strong>le</strong>ment<br />

Security Manager pour la Suisse latine,<br />

il est actif <strong>dans</strong> différentes instances<br />

de <strong>syndicom</strong>. C’est un fondu de moto<br />

autant que de voyages.<br />

Texte : Riccardo Turla<br />

Image : Jens Friedrich<br />

« <strong>No</strong>us nous rappelons<br />

ce que nous avons<br />

dû concéder pour<br />

aboutir aux acquis<br />

de la CCT 2013 »<br />

L’aboutissement des négociations<br />

CCT de 2012 a marqué <strong>le</strong> coup d’envoi<br />

pour notre groupe stratégique.<br />

Après la conclusion d’une CCT, on<br />

prépare <strong>le</strong>s négociations de la suivante,<br />

et nous n’avons pas perdu <strong>le</strong><br />

rythme. <strong>No</strong>us nous rappelons ce que<br />

nous avons dû concéder pour aboutir<br />

aux acquis de la CCT 2013. Dès <strong>le</strong><br />

début, nous avions identifié sur<br />

quels points nous pourrions obtenir<br />

des améliorations, et la voie à suivre<br />

pour y parvenir.<br />

Pendant trois ans, nous nous<br />

sommes rencontrés deux à quatre<br />

fois par an pour formu<strong>le</strong>r nos revendications<br />

et aborder de nouveaux<br />

thèmes en lien avec la numérisation,<br />

notamment la disparition de la frontière<br />

entre vie professionnel<strong>le</strong> et<br />

vie familia<strong>le</strong>, la joignabilité permanente,<br />

la protection des données<br />

et <strong>le</strong> crowdwork. Certaines<br />

rencontres se sont déroulées sur<br />

un jour, d’autres ont duré deux jours.<br />

Puis en 2016, au sounding board,<br />

nous avons décidé quel<strong>le</strong>s revendications<br />

présenter et élu <strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s<br />

des négociations. La délégation<br />

de négociation est composée<br />

d’une douzaine de membres et d’employé·e·s<br />

de <strong>syndicom</strong> et des représentant·e·s<br />

de transfair. La responsabilité<br />

des négociations est du ressort<br />

de <strong>syndicom</strong>.<br />

En 2016 éga<strong>le</strong>ment, nous avons<br />

terminé <strong>le</strong>s travaux préparatoires et<br />

présenté nos revendications aux<br />

membres de <strong>syndicom</strong>. La Conférence<br />

d’entreprise Swisscom Group<br />

nous a ensuite confié <strong>le</strong> mandat de<br />

négociation, avec un cahier de revendications.<br />

La composition de la délégation<br />

montre que <strong>le</strong>s différentes unités de<br />

Swisscom sont bien représentées.<br />

<strong>No</strong>us avons des spécialistes de tous<br />

<strong>le</strong>s domaines et de toutes <strong>le</strong>s régions<br />

du pays – et couvrons ainsi toute la<br />

pa<strong>le</strong>tte. <strong>No</strong>tre travail s’est déroulé<br />

<strong>dans</strong> un climat de respect et de<br />

confiance mutuel<strong>le</strong>. Chacun·e a pu<br />

apporter sa contribution et se sentir<br />

écouté, pris au sérieux, en un mot<br />

respecté. <strong>Le</strong> groupe fait du bon travail.<br />

La collaboration est excel<strong>le</strong>nte.<br />

Ça rou<strong>le</strong> !<br />

A quand une vraie <strong>le</strong>vée de<br />

boucliers <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s rédactions ?<br />

Deux jours seu<strong>le</strong>ment après l’annonce<br />

de six licenciements et du regroupement<br />

de 20minutes et <strong>Le</strong> Matin en<br />

Suisse romande, Tamedia communiquait<br />

la restructuration la plus lourde de<br />

conséquences depuis sa création : dès<br />

2018, seuls deux « centres de compétences<br />

» produiront tous <strong>le</strong>s journaux<br />

du groupe, avec des contenus identiques.<br />

On nous dit qu’il faut absolument<br />

économiser, alors que Tamedia<br />

annonce des bénéfices gigantesques.<br />

Quant à Ringier, il communiquait aussi<br />

des restructurations et des licenciements<br />

à la newsroom du Blick. Pour sa<br />

part, la NZZ économise sur <strong>le</strong>s correspondants<br />

culturels. <strong>syndicom</strong> soutient<br />

<strong>le</strong>s rédactions <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur protestation et<br />

partage <strong>le</strong>urs préoccupations quant à la<br />

diversité de la presse. (nsc)<br />

<strong>Le</strong> risotto, c’est bien mieux<br />

qu’une tambouil<strong>le</strong> uniforme.<br />

<strong>Le</strong> 17 août déjà, <strong>le</strong>s rédactions des<br />

quotidiens Berner Zeitung et Der Bund<br />

mettaient en garde contre <strong>le</strong> risque<br />

qu’implique la restructuration. <strong>Le</strong>s rédactions<br />

en concurrence se sont unies<br />

pour organiser un repas sous la devise<br />

« du risotto plutôt qu’une tambouil<strong>le</strong><br />

uniforme ». <strong>Le</strong>s rédactions seront remplacées<br />

par deux centres de compétences;<br />

<strong>le</strong> <strong>le</strong>ctorat en sera réduit à ingurgiter<br />

une « tambouil<strong>le</strong> uniforme » :<br />

des contenus identiques <strong>dans</strong> des journaux<br />

de conception identique – qui ne<br />

se distingueront plus que par <strong>le</strong>ur nom<br />

et quelques commentaires locaux. (nsc)<br />

Débat sur La Poste<br />

au Par<strong>le</strong>ment<br />

Après que <strong>syndicom</strong> a mené longtemps<br />

une campagne sur <strong>le</strong> démantè<strong>le</strong>ment<br />

des offices de poste, <strong>le</strong> sujet fait débat<br />

au niveau fédéral. Plus d’une douzaine<br />

d’interventions sont en suspens au<br />

Par<strong>le</strong>ment et toutes suivent la même<br />

direction : il faut fixer des conditions<br />

plus sévères à La Poste, afin de ne pas<br />

compromettre <strong>le</strong> service public. <strong>Le</strong>s<br />

commissions des deux Chambres et <strong>le</strong><br />

Conseil national ont déjà plaidé pour<br />

une motion <strong>dans</strong> ce sens. Il faut encore<br />

que <strong>le</strong> Conseil des Etats prenne position.<br />

Au dernier moment, la conseillère<br />

fédéra<strong>le</strong> <strong>Le</strong>uthard tente de se soustraire<br />

à la discussion en instituant un<br />

groupe de travail composé de toutes<br />

<strong>le</strong>s parties concernées. Mais, jusqu’au<br />

bouc<strong>le</strong>ment du journal, <strong>syndicom</strong> n’a<br />

pas reçu d’invitation. Une discussion<br />

qui exclurait <strong>le</strong> personnel serait un<br />

affront et ne contribuerait certainement<br />

pas à détendre la situation. <strong>Le</strong><br />

danger existe que des faits soient<br />

créés avant que de nouvel<strong>le</strong>s conditions-cadres<br />

ne soient définies. (dro)<br />

Actualisez vos données<br />

sur my.<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Depuis <strong>le</strong> 20 septembre, notre nouveau<br />

site Web est en ligne. Il est nettement<br />

mieux adapté aux smartphones et<br />

tab<strong>le</strong>ttes mais surtout, il répond mieux<br />

aux besoins de nos membres. Autre<br />

nouveauté : my.<strong>syndicom</strong>.ch. Sur cette<br />

page, nos membres peuvent consulter<br />

<strong>le</strong>urs données personnel<strong>le</strong>s et y introduire<br />

eux-mêmes <strong>le</strong>s corrections<br />

néces saires. <strong>Le</strong>s personnes qui suivent<br />

des cours ou utilisent des prestations<br />

peuvent s’y référer en tout temps pour<br />

obtenir un aperçu. Pour avoir accès à<br />

my.<strong>syndicom</strong>.ch, il ne te reste donc<br />

plus qu’à préparer ton numéro de<br />

membre et commander <strong>le</strong> login. (nsc)<br />

retraites.<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Sur notre site figure aussi une page<br />

consacrée aux membres retraités :<br />

retraités.<strong>syndicom</strong>.ch. On y trouve des<br />

artic<strong>le</strong>s intéressants et des informations<br />

sur des manifestations, ainsi que<br />

des invitations ou des comptes rendus<br />

d’excursions ou d’assemblées. Merci<br />

de continuer à nous envoyer vos textes<br />

à : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

<strong>Le</strong>ttres de <strong>le</strong>cteur<br />

sur <strong>le</strong> réseau<br />

Dès maintenant, <strong>le</strong>s contributions<br />

de nos <strong>le</strong>cteurs sont éga<strong>le</strong>ment publiées<br />

sur notre site, sous forme d’extraits.<br />

Néanmoins, <strong>le</strong>s contributions<br />

anonymes ne seront pas publiées.<br />

Agenda<br />

Septembre<br />

22–24<br />

Conférence des jeunes 2017<br />

So<strong>le</strong>ure, auberge de jeunesse,<br />

Landhausquai 23<br />

Pour tous <strong>le</strong>s membres jusqu’à 31 ans.<br />

Plus d’infos sur <strong>syndicom</strong>.ch<br />

22–24<br />

Tramlabul<strong>le</strong> 2017<br />

Tramelan, CIP, chemin des Lovières 13<br />

Des conférences, des spectac<strong>le</strong>s,<br />

de la musique, des concours, des animations,<br />

à boire et à manger ... mais<br />

surtout des dessinateurs, des scénaristes,<br />

des dédicaces, des bandes<br />

dessinées et des bul<strong>le</strong>s, des bul<strong>le</strong>s,<br />

des bul<strong>le</strong>s ...<br />

30<br />

16 e Journée romande<br />

de la typographie<br />

Nyon, UNI Global Union<br />

Avenue Reverdil 8-10, de 8 h à 14 h<br />

Avec Sandrine Nugue (Paris),<br />

Erich Brechbühl (Lucerne),<br />

Jean-Baptiste <strong>Le</strong>vée (Paris),<br />

Kristyan Sarkis (Amsterdam<br />

et Beyrouth)<br />

<strong>No</strong>vembre<br />

10–11<br />

Congrès 2017 de <strong>syndicom</strong><br />

Bâ<strong>le</strong>, Congress Center, Messeplatz 21<br />

<strong>Le</strong> Congrès posera des jalons et<br />

déterminera l’orientation stratégique<br />

pour <strong>le</strong>s quatre prochaines années.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/agenda


6 Du côté des<br />

employeurs<br />

1<br />

Quels sont <strong>le</strong>s avantages d’une CCT ?<br />

<strong>No</strong>us comptons sur la déclaration<br />

de force obligatoire généra<strong>le</strong>. Sinon,<br />

nous espérons au moins mettre la<br />

pression sur <strong>le</strong>s entreprises qui tirent<br />

des avantages concurrentiels du flou<br />

juridique quant aux conditions de<br />

travail de <strong>le</strong>ur personnel. La CCT<br />

forme une partie d’un tout, <strong>dans</strong> un<br />

vaste contexte politique, légal et<br />

d’évolution du marché. Avec d’autres<br />

mesures <strong>dans</strong> ces domaines, étendues<br />

à toutes <strong>le</strong>s branches, une CCT<br />

peut contribuer à une concurrence<br />

loya<strong>le</strong> et équitab<strong>le</strong>.<br />

4<br />

Que pensez-vous du niveau<br />

des salaires <strong>dans</strong> la branche ?<br />

<strong>Le</strong>s exigences à l’égard des coursiers,<br />

donc <strong>le</strong>ur niveau de salaire, varient.<br />

Dans la livraison aux restaurants,<br />

nous sommes en concurrence directe<br />

avec <strong>le</strong>s services de livraison de pizzas.<br />

La pression est très forte <strong>dans</strong><br />

ce secteur. Il y a des entreprises qui<br />

paient moins de 20 fr./h. Comparé<br />

aux autres services coursiers, Veloblitz<br />

offre des conditions de travail<br />

et de salaire quasi imbattab<strong>le</strong>s. Pour<br />

<strong>le</strong>s tâches comp<strong>le</strong>xes qui exigent<br />

des con naissances particulières, <strong>le</strong><br />

salaire horaire peut dépasser 40 fr.<br />

Christian Schutter, luthier, est membre de la direction de la<br />

coopérative Veloblitz à Zurich. Il a participé aux négociations<br />

pour la nouvel<strong>le</strong> convention col<strong>le</strong>ctive de travail (CCT)<br />

des services de coursiers menées avec <strong>syndicom</strong>.<br />

2<br />

Quel<strong>le</strong> démarche adoptez-vous pour<br />

résoudre d’éventuels conflits ?<br />

<strong>Le</strong>s parties au conflit doivent montrer<br />

<strong>le</strong>ur volonté de trouver des solutions.<br />

Sinon, la situation devient pesante<br />

pour tout <strong>le</strong> monde et nuit à l’ensemb<strong>le</strong><br />

de l’entreprise. En cas de<br />

mécontentement, il faut trouver des<br />

solutions constructives au lieu de<br />

se plaindre et de stagner. <strong>No</strong>us attachons<br />

beaucoup d’importance à la<br />

communication et à la transparence.<br />

Ces va<strong>le</strong>urs constituent certainement<br />

un des éléments du succès de<br />

Veloblitz ces dernières années.<br />

5<br />

Quel<strong>le</strong> est la proportion de femmes<br />

<strong>dans</strong> votre entreprise ?<br />

Parmi <strong>le</strong>s coursiers, <strong>le</strong> rapport est<br />

de 1 : 15. Mais ce n’est pas lié à notre<br />

politique du personnel, nous recevons<br />

simp<strong>le</strong>ment beaucoup moins<br />

de candidatures féminines. On pense<br />

souvent que <strong>le</strong>s coursiers à vélo<br />

doivent se précipiter chez <strong>le</strong>s clients<br />

(d’un client à l’autre) et que <strong>le</strong>s<br />

hommes ont une meil<strong>le</strong>ure constitution<br />

physique pour un tel travail.<br />

Mais c’est faux – cette activité repose<br />

surtout sur une bonne organisation<br />

logistique.<br />

3<br />

Existe-t-il une commission<br />

du personnel <strong>dans</strong> l’entreprise ?<br />

Dans notre coopérative, <strong>le</strong> personnel<br />

est associé à la gestion de l’entreprise<br />

à plusieurs niveaux et pas seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre d’une commission<br />

du personnel. Près de la moitié<br />

des employé·e·s sont membres de la<br />

coopérative et donc copropriétaires<br />

de l’entreprise. <strong>No</strong>us organisons<br />

régulièrement des séances avec <strong>le</strong><br />

personnel, afin que <strong>le</strong>s employés, la<br />

direction et l’administration puissent<br />

se concerter. <strong>No</strong>us avons aussi une<br />

commission paritaire de prévoyance.<br />

6<br />

Qu’est-ce qui vous irrite<br />

chez <strong>le</strong>s syndicats ?<br />

Parfois, on a l’impression qu’ils ne se<br />

sont pas encore adaptés à la rapidité<br />

de notre époque. Dans ma position<br />

de directeur d’une entreprise qui<br />

fonctionne par définition de manière<br />

f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> et très rapide, j’ai du mal<br />

quand <strong>le</strong>s syndicats sont tournés vers<br />

<strong>le</strong> passé.<br />

Texte : Sina Büh<strong>le</strong>r<br />

Image : Tom Kawara<br />

L’invité<br />

Depuis plus de six mois, je travail<strong>le</strong><br />

comme indépendant pour deux plateformes,<br />

upwork.com et freelancer.com, qui comptent<br />

parmi <strong>le</strong>s plus importantes du marché. J’ai<br />

postulé pour plusieurs offres de travail, notamment<br />

la réalisation d’un cours de taï chi pour<br />

professionnels. <strong>Le</strong> mandat consistait à écrire<br />

dix cours pour un montant global de 1500 francs<br />

suisses. <strong>Le</strong>s textes faisaient une longueur<br />

tota<strong>le</strong> de 600 000 signes, ce qui représente plus<br />

de 100 pages A4. Pour 1500 francs.<br />

Ces plateformes offrent la possibilité de toucher<br />

<strong>le</strong> monde entier et de recevoir des mandats<br />

d’une multitude de clients. Mais <strong>le</strong> travail<strong>le</strong>ur se<br />

retrouve en compétition avec des concurrents<br />

dont <strong>le</strong> salaire est largement au-dessous des<br />

normes européennes. C’est profitab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s<br />

free-lance asiatiques mais pour <strong>le</strong>s européens,<br />

il est diffici<strong>le</strong> de s’en sortir avec des rémunérations<br />

si faib<strong>le</strong>s.<br />

J’avais éga<strong>le</strong>ment remporté l’offre d’un client<br />

basé à Interlaken. Il s’agissait de réaliser un<br />

shooting photo de quelques heures pour<br />

environ 300 francs. <strong>Le</strong>s frais de déplacement<br />

n’étaient pas inclus. Fina<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> client a<br />

trouvé moins cher, et annulé la commande. Je<br />

trouve ces conditions injustes. J’avais pris du<br />

temps pour communiquer et présenter mon<br />

projet et il a été annulé à la dernière minute.<br />

C’est un peu comme un client d’Uber qui annu<strong>le</strong><br />

sa commande alors que <strong>le</strong> chauffeur est déjà<br />

sur place.<br />

D’ail<strong>le</strong>urs ces plateformes – des intermédiaires<br />

qui mettent en relation employeurs et travail<strong>le</strong>urs<br />

– sont un peu <strong>le</strong> Uber des free-lance. Souvent<br />

situées en Californie, el<strong>le</strong>s ouvrent de nouvel<strong>le</strong>s<br />

perspectives aux free-lance, mais à des<br />

conditions qui <strong>le</strong>s précarisent lourdement. El<strong>le</strong>s<br />

s’inscrivent <strong>dans</strong> un modè<strong>le</strong> d’ubérisation du<br />

travail, qui ne profite <strong>le</strong> plus souvent qu’aux<br />

employeurs. Ils peuvent ainsi trouver des travail<strong>le</strong>urs<br />

à bon compte.<br />

Opportunité<br />

ou menace ?<br />

Grégoire Praz<br />

Il a travaillé pour de nombreux journaux<br />

de la presse écrite, dont <strong>Le</strong> <strong>No</strong>uvelliste,<br />

L’Hebdo, <strong>Le</strong> Matin, 20 minutes, Immorama<br />

et <strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine de la communication<br />

comme porte-paro<strong>le</strong> de Caritas<br />

Suisse (où il a notamment réalisé des<br />

reportages au Darfour et au Bangladesh),<br />

du Département de la santé et de<br />

la Poste. Indépendant depuis 2012.<br />

7


Dossier<br />

Photos : Travail<strong>le</strong>r en réseau chez Colab<br />

Un phénomène pas si nouveau ?<br />

<strong>No</strong>uvel<strong>le</strong> étude sur <strong>le</strong>s crowdworkers en Suisse<br />

9<br />

<strong>Le</strong><br />

<strong>bureau</strong><br />

<strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong> Cloud


10 Dossier<br />

<strong>Le</strong> crowdwork, revival<br />

du travail à domici<strong>le</strong> ?<br />

Sur la Toi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s crowdworkers assurent<br />

de petits mandats mal payés, sans aucune<br />

protection juridique ou socia<strong>le</strong>. <strong>Le</strong> travail<br />

à domici<strong>le</strong> tel qu’on <strong>le</strong> connaît depuis plus<br />

d’un sièc<strong>le</strong>, avec ses conditions de travail<br />

précaires, revit. Assisterait-on à l’émergence<br />

d’un nouveau « précariat numérique » ?<br />

Texte : Andres Eberhard<br />

Images : Tom Kawara<br />

Rédiger un texte publicitaire pour 3 francs, conduire<br />

quelqu’un de Zurich à Winterthour pour 15 francs, participer<br />

à un sondage sur Skype pour 20 francs. La numérisation<br />

rend tout cela possib<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> permet de trouver rapidement<br />

du travail par <strong>le</strong> biais d’Internet ou d’une de ses<br />

nombreuses applications. On par<strong>le</strong> d’ail<strong>le</strong>urs déjà d’une<br />

gig economy, c’est-à-dire d’une armée d’employés qui se<br />

maintient à flot grâce à une flopée de petits mandats.<br />

<strong>Le</strong> crowdwork est parfaitement adapté à cette nouvel<strong>le</strong><br />

forme f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> de travail. <strong>Le</strong>s entreprises mettent au<br />

concours des mandats sur des plateformes numériques<br />

tel<strong>le</strong>s que Freelancer.com ou Upwork.com, et <strong>le</strong>s employés<br />

peuvent y postu<strong>le</strong>r. On par<strong>le</strong> souvent de « crowdsourcing<br />

» pour désigner l’externalisation (out sourcing)<br />

de tâches à une masse indéfinie de personnes (crowd).<br />

Ce qui apparaît comme une tendance à la mode n’est en<br />

réalité pas si nouveau. En fin de compte, <strong>le</strong> crowdwork et<br />

d’autres modè<strong>le</strong>s de travail f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s de l’ère numérique<br />

marquent une renaissance du travail à domici<strong>le</strong> : au lieu<br />

d’engager du personnel, <strong>le</strong>s employeurs confient des<br />

tâches à des prestataires extérieurs à l’entreprise – notamment<br />

pour économiser de l’argent, mais aussi profiter de<br />

<strong>le</strong>ur savoir-faire technique ou de <strong>le</strong>urs idées.<br />

<strong>Le</strong>s nouveaux crowdworkers (aussi nommés « clickworkers<br />

») sont confrontés aux mêmes problèmes que <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs<br />

à domici<strong>le</strong> d’autrefois, que l’on trouvait en grand<br />

nombre <strong>dans</strong> l’industrie d’exportation jusqu’au milieu du<br />

XX e sièc<strong>le</strong>. Ils sont eux aussi très mal payés et entièrement<br />

livrés aux caprices de la conjoncture ou de <strong>le</strong>urs employeurs.<br />

Car ils supportent seuls <strong>le</strong>s ris ques économiques<br />

et <strong>le</strong>urs conséquences socia<strong>le</strong>s. Alors que <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs à<br />

domici<strong>le</strong> étaient autrefois payés à la pièce, <strong>le</strong>s crowdworkers<br />

reçoivent aujourd’hui une somme symbolique,<br />

par exemp<strong>le</strong> pour tester un logiciel.<br />

L’apogée du travail à domici<strong>le</strong><br />

En fait, <strong>le</strong> travail à domici<strong>le</strong> remonte déjà au XVI e sièc<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s marchands des vil<strong>le</strong>s engageaient alors des ouvriers à<br />

la campagne, comme main-d’œuvre bon marché. <strong>Le</strong> travail<br />

à domici<strong>le</strong> a connu son apogée au XVII e sièc<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s processus<br />

de production étaient segmentés en étapes de travail<br />

distinctes, réalisées par des spécialistes travaillant à<br />

domici<strong>le</strong>. Dans l’industrie texti<strong>le</strong> par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s commerçants<br />

livraient aux ménages des matières premières<br />

(p. ex. du coton) ou des produits intermédiaires (p. ex. du<br />

fil), ainsi que <strong>le</strong> matériel nécessaire à <strong>le</strong>ur transformation<br />

(p. ex. en tissus) et exportaient ensuite <strong>le</strong> produit fini.<br />

Dans <strong>le</strong> canton de Zurich, des travail<strong>le</strong>urs à domici<strong>le</strong> établis<br />

à la campagne traitaient une grande partie du coton,<br />

de la soie et de la laine. Jusqu’au milieu du XIX e sièc<strong>le</strong>, une<br />

grande partie des famil<strong>le</strong>s rura<strong>le</strong>s vivaient encore de ces<br />

revenus. El<strong>le</strong>s étaient payées à la pièce ou au poids, <strong>le</strong>s<br />

pertes de travail n’étaient pas indemnisées.<br />

<strong>Le</strong>s montres ont el<strong>le</strong>s aussi été fabriquées pendant de<br />

nombreuses années par des travail<strong>le</strong>urs à domici<strong>le</strong>. Au milieu<br />

du XIX e sièc<strong>le</strong>, pour la production d’une seu<strong>le</strong> montre,<br />

il fallait compter une cinquantaine d’étapes, assurées par<br />

des spécialistes travaillant à domici<strong>le</strong> ou <strong>dans</strong> des ateliers.<br />

Dans de nombreuses régions, ce travail occupait des<br />

famil<strong>le</strong>s entières – y compris <strong>le</strong>s enfants. Il représentait<br />

une activité accessoire au travail des champs et constituait<br />

une nécessité économique pour la population rura<strong>le</strong>.<br />

« <strong>Le</strong> revenu était correct et <strong>le</strong>s enfants nombreux », déclarait<br />

un horloger jurassien <strong>dans</strong> <strong>le</strong> Gewerbliche Rundschau<br />

de 1909. L’avènement de l’ère industriel<strong>le</strong> au début du<br />

XX e sièc<strong>le</strong> a toutefois induit des changements : <strong>le</strong>s revenus<br />

ont diminué, la durée du travail a augmenté, <strong>le</strong> travail des<br />

enfants est devenu plus fréquent. D’innombrab<strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs<br />

à domici<strong>le</strong> ont dû quitter <strong>le</strong>urs villages pour travail<strong>le</strong>r<br />

comme ouvriers salariés <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s fabriques.<br />

Alors qu’au début du XX e sièc<strong>le</strong>, 68 000 personnes travaillaient<br />

encore à domici<strong>le</strong> pour l’industrie d’exportation,<br />

el<strong>le</strong>s n’étaient plus que 12 300 au début de la Seconde<br />

Guerre mondia<strong>le</strong>. Quelques années plus tard, <strong>le</strong> travail à<br />

domici<strong>le</strong> avait pratiquement disparu ; ce n’était plus que<br />

de maigres revenus d’appoint pour <strong>le</strong>s femmes au foyer<br />

des régions de montagne éloignées.<br />

Vers la fin du sièc<strong>le</strong>, avec l’avènement des nouvel<strong>le</strong>s<br />

technologies de communication, de l’ordinateur et d’Internet,<br />

<strong>le</strong>s entreprises se sont remises à externaliser des<br />

tâches. <strong>Le</strong> « nouveau » travail à domici<strong>le</strong> par <strong>le</strong> biais de<br />

« Ce que nous<br />

qualifierions<br />

de peanuts<br />

est un bon<br />

salaire pour<br />

un Indien ou<br />

un Bulgare. »


Travail<strong>le</strong>r <strong>dans</strong> un espace de coworking :<br />

on se partage <strong>le</strong> <strong>bureau</strong> et l’infrastructure,<br />

on peut échanger sur certains projets<br />

ou simp<strong>le</strong>ment boire un café ensemb<strong>le</strong>.<br />

13<br />

horaires définis. Parmi <strong>le</strong>s jeunes générations, beaucoup<br />

préfèrent exercer un métier qui a du sens plutôt que de<br />

sacrifier <strong>le</strong>ur liberté et <strong>le</strong>ur indépendance, jugées plus importantes<br />

que <strong>le</strong> salaire ou <strong>le</strong>s conditions de travail. En<br />

maint endroit, ils sont considérés comme de « nouveaux<br />

hippies ». Conformément au stéréotype, ils vivent à Bali,<br />

font du yoga <strong>le</strong> matin et la fête <strong>le</strong> soir, et travail<strong>le</strong>nt entretemps<br />

sur <strong>le</strong>ur ordinateur portab<strong>le</strong> pour des clients du<br />

monde entier. Dans ce contexte, il faut rappe<strong>le</strong>r que<br />

<strong>le</strong>s plateformes ne proposent pas seu<strong>le</strong>ment des tâches<br />

répétitives, adaptées à des personnes non qualifiées. <strong>Le</strong>s<br />

La bohème numérique<br />

attache plus de prix<br />

à sa liberté personnel<strong>le</strong><br />

qu’à des conditions<br />

de travail régulières.<br />

qui ont été obtenus en plus d’un sièc<strong>le</strong> – reposent encore<br />

sur des rapports de travail traditionnels à p<strong>le</strong>in temps :<br />

deuxième pilier et assurance maladie, indemnités versées<br />

en cas de maladie et congé maternité, limitations de la durée<br />

du travail et jours fériés, codécision en entreprise ou<br />

conventions col<strong>le</strong>ctives. Une fois de plus, la société sera<br />

donc contrainte de modifier fondamenta<strong>le</strong>ment son système<br />

social pour que <strong>le</strong>s nouveaux indépendants – un mélange<br />

de précariat numérique et de bohème numérique –<br />

ne deviennent pas <strong>le</strong>s perdants de cette nouvel<strong>le</strong> révolution<br />

numérique. Pour éviter que, sans fi<strong>le</strong>t social, ils tombent<br />

<strong>dans</strong> une précarité permanente.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/crowdworking<br />

L’étude complète : ta-swiss.ch/fr/<br />

assouplissement-du-monde-du-travail/<br />

Des répercussions importantes,<br />

particulièrement pour <strong>le</strong>s femmes<br />

plateformes de crowdworking existe depuis une dizaine<br />

d’années, depuis l’émergence des réseaux sociaux.<br />

Pour <strong>le</strong>s entreprises, l’externalisation est rationnel<strong>le</strong><br />

Quel est l’intérêt pour <strong>le</strong>s entreprises de confier du travail<br />

à des prestataires externes ? L’économiste britannique<br />

Ronald Coase anticipait la réponse à cette question en<br />

1937 déjà, gagnant par la suite un prix <strong>No</strong>bel d’économie.<br />

Selon lui, plus il faut consacrer de temps et d’efforts à la<br />

recherche d’un prestataire externe adapté à chaque étape<br />

du travail, plus il est sensé d’engager du personnel au sein<br />

de l’entreprise. Aujourd’hui, la numérisation a permis de<br />

réduire ces « coûts de transaction » drastiquement. En<br />

d’autres termes, l’externalisation du travail est devenue<br />

bien meil<strong>le</strong>ur marché pour <strong>le</strong>s entreprises.<br />

Qu’en est-il des « indépendants » qui exécutent ces travaux<br />

? Prenons l’exemp<strong>le</strong> du crowdwork : souvent, ils accomplissent<br />

des tâches monotones et répétitives pour un<br />

tarif horaire de quelques francs, sans bénéficier de la protection<br />

de la législation du travail. A cela s’ajoute que <strong>le</strong>s<br />

exploitants des plateformes profitent d’une situation de<br />

flou juridique. Sur la Toi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s frontières entre <strong>le</strong>s pays<br />

sont ténues, ce qui incite <strong>le</strong>s entreprises à remplacer des<br />

contrats de travail par <strong>le</strong>urs conditions généra<strong>le</strong>s. Même<br />

si cette situation juridique ne perdurait pas, <strong>le</strong> travail numérique<br />

s’accomplit <strong>dans</strong> un environnement transfrontalier<br />

et souvent anonyme. Il est donc toujours diffici<strong>le</strong> de<br />

contrô<strong>le</strong>r ou imposer l’application du droit du travail.<br />

<strong>Le</strong>s personnes dont <strong>le</strong> gagne-pain principal est constitué<br />

de mandats de crowdwork sont aussi appelées<br />

« clickworkers » ou travail<strong>le</strong>urs du clic. De l’avis du professeur<br />

Jan Marco <strong>Le</strong>imeister, expert du crowdwork à l’Institut<br />

d’informatique de gestion de l’Université de Saint-<br />

Gall, en Suisse, on rencontre très peu de travail<strong>le</strong>urs de ce<br />

type. « Pour <strong>le</strong>s Suisses, <strong>le</strong>s mandats de crowdwork représentent<br />

plutôt des petits jobs de troisième, voire cinquième<br />

rang. » Réalisé pendant des périodes creuses, ce<br />

travail permet d’obtenir un revenu supplémentaire, offre<br />

un dérivatif à d’autres activités ou une occasion d’acquérir<br />

de nouveaux clients. Par contre, <strong>le</strong>s crowdworkers étrangers<br />

mandatés <strong>dans</strong> des pays tiers par des entreprises<br />

suisses vivent de ces revenus <strong>dans</strong> <strong>le</strong>urs pays respectifs.<br />

M. <strong>Le</strong>imeister souligne que cette situation n’est pas si négative.<br />

« Ce qui est pour nous un salaire précaire constitue<br />

un bon revenu en Inde ou en Bulgarie. »<br />

Précarité ou bohème numérique ?<br />

<strong>Le</strong>s détracteurs du nouveau travail à domici<strong>le</strong> considèrent<br />

que cela constitue un retour au taylorisme. Ils dénoncent<br />

<strong>le</strong> « précariat numérique » : une armée de travail<strong>le</strong>urs sur<br />

appel acceptent de petites commandes pour des salaires<br />

de misère, car ils ne trouvent pas de travail. En fait, <strong>le</strong>s<br />

parallè<strong>le</strong>s au travail à domici<strong>le</strong> d’autrefois sautent aux<br />

yeux. Pourtant, il existe une différence importante. Alors<br />

que <strong>le</strong> travail à domici<strong>le</strong> résultait autrefois d’une nécessité<br />

économique, de nombreux salariés au bénéfice d’une<br />

bonne formation choisissent aujourd’hui délibérément <strong>le</strong><br />

travail à domici<strong>le</strong> malgré ses conditions précaires.<br />

On observe partout une tendance à la f<strong>le</strong>xibilisation du<br />

travail, à ne pas être attaché à un lieu précis, ni à des<br />

entreprises cherchent aussi des créatifs pour inventer un<br />

nouveau logo ou un slogan publicitaire. <strong>No</strong>us n’avons<br />

donc pas seu<strong>le</strong>ment affaire à un « précariat numérique »,<br />

mais aussi à une « bohème numérique ».<br />

Quel sera l’avenir du travail, de notre société, si ces<br />

« nouveaux indépendants » deviennent toujours plus nombreux<br />

? L’économiste Jens Meissner, de la Haute éco<strong>le</strong> de<br />

Lucerne, et <strong>le</strong> psychologue du travail Johann Weichbrodt,<br />

de la Haute éco<strong>le</strong> spécialisée de la Suisse du <strong>No</strong>rd-Ouest,<br />

se sont notamment posé cette question. Dans <strong>le</strong>ur étude<br />

intitulée « <strong>No</strong>uveau monde du travail f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> », ils se sont<br />

interrogés sur <strong>le</strong>s conséquences. Ils estiment qu’une majorité<br />

de la population pourrait à l’avenir travail<strong>le</strong>r comme<br />

personnes de condition indépendante. M. Weichbrodt<br />

écrit : « La couverture socia<strong>le</strong> deviendrait problématique,<br />

car notre système social repose sur des engagements<br />

fixes. » En outre, il en résulterait des pertes de revenus fiscaux.<br />

D’une part parce que <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs gagneraient<br />

moins et d’autre part parce qu’il serait plus faci<strong>le</strong> d’éviter<br />

de déclarer des revenus.<br />

Repenser <strong>le</strong> système social<br />

M. Weichbrodt souligne toutefois qu’il ne s’agit là que de<br />

scénarios : « Il est peu probab<strong>le</strong> qu’ils se réalisent. Avec<br />

cette étude, nous avons surtout voulu montrer que si des<br />

modè<strong>le</strong>s de travail plus f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong>s s’imposaient à l’avenir, <strong>le</strong><br />

système social devrait être repensé fondamenta<strong>le</strong>ment. »<br />

Au début du XX e sièc<strong>le</strong>, quand l’industrialisation a coupé<br />

de nombreux travail<strong>le</strong>urs de <strong>le</strong>urs réseaux sociaux, garants<br />

d’une certaine sécurité, la société a trouvé une réponse<br />

à ce problème. Des réseaux de sécurité socia<strong>le</strong>, qui<br />

sont <strong>le</strong> fruit de plusieurs dizaines d’années de travail, ont<br />

été créés <strong>dans</strong> la conviction qu’une responsabilité col<strong>le</strong>ctive<br />

peut remédier à des situations de détresse individuel<strong>le</strong>.<br />

Une fois de plus la numérisation modifie <strong>le</strong>s rapports<br />

de travail de manière radica<strong>le</strong>, en raison des<br />

contraintes économiques, mais aussi de normes socia<strong>le</strong>s<br />

qui ont changé. Toutefois la plupart des acquis sociaux –<br />

<strong>Le</strong>s opportunités de la numérisation ne sont pas <strong>le</strong>s mêmes<br />

pour tous <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs. Parmi <strong>le</strong>s métiers menacés, il y a<br />

de nombreuses professions « typiquement féminines ». Si<br />

aucune mesure n’est prise pour qualifier <strong>le</strong>s femmes <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong>s domaines professionnels en expansion, el<strong>le</strong>s seront trop<br />

souvent reléguées <strong>dans</strong> <strong>le</strong> secteur des bas salaires, risquant<br />

ainsi une précarisation accrue. Indispensab<strong>le</strong>, la formation<br />

continue doit donc être accessib<strong>le</strong> à toutes et à tous !<br />

Or, comme <strong>le</strong> prou vent des études de l’Office fédéral de la<br />

statistique, c’est loin d’être une évidence aujourd’hui. Pour<br />

se perfectionner, <strong>le</strong>s hommes obtiennent plus d’argent et<br />

d’heures de travail que <strong>le</strong>urs collègues femmes. <strong>Le</strong> salaire<br />

de l’homme est toujours perçu comme la principa<strong>le</strong> source<br />

de revenus de la famil<strong>le</strong>. Il est temps que <strong>le</strong>s entreprises<br />

corrigent <strong>le</strong>ur approche, faute de quoi <strong>le</strong>s femmes seront<br />

réduites à une « variab<strong>le</strong> d’ajustement ».<br />

La f<strong>le</strong>xibilisation du travail peut offrir des possibilités de<br />

faciliter la conciliation entre vie professionnel<strong>le</strong> et vie familia<strong>le</strong>.<br />

Toutefois, <strong>le</strong> temps qu’el<strong>le</strong>s devraient consacrer au<br />

perfectionnement risque d’alourdir <strong>le</strong>s charges déjà multip<strong>le</strong>s<br />

des femmes, qui assument la majeure partie du travail<br />

d’éducation et de soins non rémunéré. En outre, el<strong>le</strong>s<br />

gagnent toujours 20 % de moins que <strong>le</strong>s hommes pour un<br />

travail de va<strong>le</strong>ur éga<strong>le</strong>. <strong>No</strong>us avons besoin de solutions équitab<strong>le</strong>s,<br />

avec la participation des employeurs. L’expérience<br />

montre que <strong>le</strong> Conseil fédéral doit faire pression. Par<br />

exemp<strong>le</strong> en instaurant un contrô<strong>le</strong> des salaires.<br />

Patrizia Mordini<br />

Responsab<strong>le</strong> Égalité, membre du comité directeur


Étude : en Suisse <strong>le</strong> crowdwork est<br />

plus répandu qu’on <strong>le</strong> pense<br />

14 Dossier 15<br />

Crowdwork en Suisse : de plus en plus de personnes cherchent du travail<br />

par l’intermédiaire de plateformes en ligne. Vue d’ensemb<strong>le</strong> des principaux résultats<br />

de l’étude :<br />

Un Suisse sur cinq a recours au crowdwork.<br />

C’est ce qui ressort d’une nouvel<strong>le</strong> étude en<br />

ligne réalisée par l’Université du Hertfordshire<br />

et Ipsos MORI, en coopération avec la Foundation<br />

for European Progressive Studies (FEPS),<br />

UNI Europa et <strong>syndicom</strong>.<br />

Crowdworkers suisses<br />

Crowdwork<br />

hebdomadaire<br />

Crowdwork<br />

mensuel<br />

10,0 %<br />

12,7 %<br />

Comparaison<br />

avec d’autres pays<br />

européens<br />

Grande-Bretagne<br />

Suède<br />

Pays-Bas<br />

Al<strong>le</strong>magne<br />

Autriche<br />

Suisse<br />

Texte : Andres Eberhard<br />

La proportion des personnes interrogées en Suisse (18 %)<br />

qui ont trouvé du travail via des plateformes en ligne a été<br />

nettement supérieure à cel<strong>le</strong> de la majorité des autres<br />

Européens, comme <strong>le</strong> montrent des comparaisons avec<br />

l’Al<strong>le</strong>magne, la Grande-Bretagne, la Hollande et la Suède,<br />

où la même étude a été effectuée en 2016. Seu<strong>le</strong> l’Autriche<br />

présente un chiffre un peu plus é<strong>le</strong>vé. <strong>Le</strong>s Suisses sont<br />

même 32 % à avoir cherché du crowdwork, mais ils n’ont<br />

pas tous réussi.<br />

L’étude qualifie de crowdworkers toutes <strong>le</strong>s personnes<br />

qui avaient trouvé du travail via des plateformes en ligne.<br />

Dans la définition de l’étude, <strong>le</strong> crowd work comprend non<br />

seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s prestataires qui travail<strong>le</strong>nt sur <strong>le</strong>ur propre<br />

ordinateur (Upwork), mais aussi <strong>le</strong>s services de transport<br />

et de livraison (Uber), ainsi que <strong>le</strong>s travaux de dépannage<br />

ou d’assistance technique effectués chez des tiers à domici<strong>le</strong><br />

(Mila). La condition requise étant que <strong>le</strong> travail ait été<br />

procuré par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne.<br />

<strong>Le</strong> plus souvent, un revenu d’appoint<br />

Pour la plupart, <strong>le</strong> crowdwork n’était qu’un revenu d’appoint.<br />

Malgré tout, un crowdworker sur quatre (26 %) a indiqué<br />

en tirer plus de la moitié de son revenu. Cela correspond<br />

à environ 4,7 % de l’ensemb<strong>le</strong> de la population active<br />

suisse. Pour approximativement la moitié de ce pourcentage,<br />

<strong>le</strong> crowdwork était même la seu<strong>le</strong> source de revenus.<br />

Il est frappant de constater que la plupart des crowdworkers<br />

ont effectué plusieurs travaux différents. « C’està-dire<br />

qu’el<strong>le</strong>s et ils ont accompli toutes <strong>le</strong>s tâches qu’ils<br />

pouvaient trouver », explique la professeure Ursula Huws,<br />

directrice de l’étude. Sa thèse : « Peut-être qu’il s’agit de<br />

travail<strong>le</strong>urs saisonniers qui recherchent un autre travail<br />

pendant <strong>le</strong>s périodes creuses. »<br />

Crowdwork<br />

effectué<br />

l’année dernière<br />

À la recherche<br />

de crowdwork<br />

17,0 %<br />

Crowdworkers selon l’âge<br />

45–54<br />

14,9 %<br />

55–64<br />

9,8 %<br />

35–44<br />

20,3 %<br />

65–70<br />

4,6 %<br />

16–24<br />

25,3 %<br />

25–34<br />

25,1 %<br />

32,2 %<br />

Part du crowdwork<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s sources de revenus<br />

de l’économie en ligne<br />

Crowdwork<br />

hebdomadaire<br />

Crowdwork<br />

mensuel<br />

Crowdwork<br />

effectué<br />

l’année<br />

dernière<br />

À la recherche<br />

de crowdwork<br />

Statut<br />

professionnel<br />

60 %<br />

00 % 05 % 10 % 15 % 20 % 25 % 30 % 35 % 40 %<br />

Employé·e à p<strong>le</strong>in temps<br />

Employé·e à temps partiel<br />

Indépendant·e·s<br />

Parents à p<strong>le</strong>in temps<br />

Retraité·e·s<br />

Étudiant·e·s<br />

Plutôt des hommes, assez jeunes, et plus fréquents au<br />

Tessin<br />

Qui sont <strong>le</strong>s crowdworkers ? L’étude montre qu’on en<br />

trouve <strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>s couches socia<strong>le</strong>s ; mais un peu plus<br />

parmi <strong>le</strong>s jeunes et parmi <strong>le</strong>s hommes. Plus de la moitié<br />

(52 %) ont un travail à p<strong>le</strong>in temps, 21 % sont employé·e·s<br />

à temps partiel, 9 % sont indépendant·e·s, 5 % sont respectivement<br />

étudiant·e·s et retraité·e·s et 3 % sont parents à<br />

p<strong>le</strong>in temps. Des différences d’origine géographique ont<br />

aussi été observées : la densité des crowdworkers la plus<br />

haute est au Tessin, la plus basse on la rencontre en Suisse<br />

orienta<strong>le</strong>. L’étude repose sur une enquête représentative<br />

réalisée en ligne auprès de 2001 personnes domiciliées en<br />

Suisse, âgées entre 16 et 70 ans.<br />

En savoir plus :<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/crowdworking<br />

Photos<br />

Cel<strong>le</strong>s de ce dossier ont été réalisées par <strong>le</strong> photographe<br />

indépendant Tom Kawara au Colab de l’Impact Hub de Zurich.<br />

<strong>Le</strong>s espaces de coworking tels que <strong>le</strong> Colab de l’Impact Hub<br />

de Zurich ne se limitent pas à fournir des postes de travail<br />

en <strong>bureau</strong> et l’infrastructure nécessaire. IIs mettent<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>urs membres en réseau, ainsi que <strong>le</strong>urs projets.<br />

Ils organisent aussi des événements et élaborent des<br />

programmes communs. En plus des sal<strong>le</strong>s de réunion et des<br />

postes de travail individuels, <strong>le</strong> Colab comprend des espaces<br />

communs et un café, lieu de convivialité.<br />

zurich.impacthub.ch — kawara.com<br />

Airbnb<br />

Vente de produits<br />

de sa propre fabrication<br />

Vente de produits<br />

sur son propre site<br />

Crowdwork<br />

Revente de produits<br />

Vente de marchandises et biens<br />

personnels sur une page Web<br />

12,3 %<br />

14,0 %<br />

17,7 %<br />

18,2 %<br />

48,5 %<br />

65,1 %<br />

50 %<br />

40 %<br />

30 %<br />

20 %<br />

10 %<br />

0 %<br />

Tous <strong>le</strong>s<br />

crowdworkers<br />

Crowdwork<br />

fréquent<br />

Au moins 50 % du<br />

revenu tiré du<br />

crowdwork


Au cœur de<br />

16 17<br />

« Pour nous, <strong>le</strong>s employeurs, il est très important de définir <strong>dans</strong> la CCT<br />

des standards valab<strong>le</strong>s pour toute la branche. » Peter Weigelt, président de contactswiss<br />

nos métiers<br />

Des membres actifs ont discuté des objectifs du syndicat et de son avenir. (© Samuel Bauhofer)<br />

Fairlog : coopération<br />

entre <strong>syndicom</strong>, <strong>le</strong> SEV<br />

et Unia<br />

<strong>Le</strong> domaine du transport routier est<br />

très peu rég<strong>le</strong>menté, pourtant il se développe<br />

sans cesse. <strong>No</strong>tamment parce<br />

que de grandes entreprises externalisent<br />

<strong>le</strong>urs transports de marchandises.<br />

À l’instar de La Poste, qui a supprimé<br />

sa flotte de véhicu<strong>le</strong>s de plus de<br />

3,5 tonnes et transféré ces mandats à<br />

des sous-traitants privés.<br />

Quand <strong>le</strong>s entreprises par<strong>le</strong>nt d’efficience,<br />

el<strong>le</strong> pensent surtout aux bas<br />

salaires pratiqués <strong>dans</strong> ce secteur.<br />

La logistique des camions de transport<br />

concerne des branches que<br />

Protéger tous <strong>le</strong>s<br />

salariés quel que soit<br />

<strong>le</strong>ur modè<strong>le</strong> de travail,<br />

c’est l’un des objectifs<br />

de <strong>syndicom</strong>.<br />

Parmi <strong>le</strong>s quatre objectifs stratégiques<br />

qui doivent être validés par <strong>le</strong> Congrès<br />

de <strong>syndicom</strong> figure notamment la protection<br />

des salarié·e·s. C’est urgent : la<br />

numérisation galopante favorise de<br />

nouvel<strong>le</strong>s formes précaires de travail.<br />

« <strong>No</strong>tre objectif est d’améliorer la couverture<br />

socia<strong>le</strong> et la situation professionnel<strong>le</strong><br />

[des employés] pour empêcher<br />

qu’ils ne soient contraints à ces<br />

nouvel<strong>le</strong>s formes de travail », lit-on<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> papier stratégique. Cela suppose<br />

une meil<strong>le</strong>ure protection des assurances<br />

socia<strong>le</strong>s, la certification des<br />

plateformes, la rég<strong>le</strong>mentation col<strong>le</strong>ctive<br />

des indemnités et la protection de<br />

la propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> des freelance.<br />

<strong>Le</strong>s quatre objectifs stratégiques<br />

ont été élaborés avec <strong>le</strong> comité central<br />

et sont actuel<strong>le</strong>ment en seconde phase<br />

de consultation auprès des organes du<br />

syndicat. <strong>Le</strong>s autres objectifs stratégiques<br />

concernent l’évolution des effectifs<br />

de membres, <strong>le</strong> développement<br />

des CCT et <strong>le</strong> droit à la formation et au<br />

perfectionnement à vie. <strong>Le</strong>s organes<br />

peuvent soumettre des propositions à<br />

ce sujet jusqu’au congrès.<br />

(Christian Capacoel)<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/congres2017<br />

couvrent en partie <strong>syndicom</strong>, <strong>le</strong> SEV et<br />

Unia. Ils ont donc mis sur pied un projet<br />

de coopération commun et fondé<br />

l’association Fairlog.<br />

C’est un premier pas. Fairlog doit<br />

ouvrir la voie à une régulation globa<strong>le</strong><br />

de toute la branche, que <strong>le</strong>s trois syndicats<br />

visent à moyen terme.<br />

(David Roth)<br />

La politique CCT<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> contexte de<br />

la numérisation<br />

Alors que <strong>le</strong> débat public sur la numérisation<br />

bat son p<strong>le</strong>in, nous travaillons<br />

à des solutions concrètes <strong>dans</strong> nos<br />

conventions col<strong>le</strong>ctives de travail<br />

(CCT) pour re<strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s défis syndicaux<br />

du monde du travail numérique. La<br />

CCT Sunrise est la première CCT qui a<br />

été renouvelée <strong>dans</strong> ce contexte. Deux<br />

avancées significatives. D’abord <strong>le</strong><br />

droit explicite à la déconnexion, une<br />

étape capita<strong>le</strong> : la délimitation entre<br />

vie professionnel<strong>le</strong> et vie privée tend à<br />

s’estomper de plus en plus. <strong>Le</strong>s collègues<br />

de Sunrise ont désormais <strong>le</strong> droit<br />

de ne pas être joignab<strong>le</strong>s en dehors<br />

de <strong>le</strong>urs horaires de travail. Ensuite,<br />

nous avons pu ancrer <strong>dans</strong> la CCT <strong>le</strong><br />

droit à des mesures appropriées de<br />

formation et de perfectionnement<br />

Centres de contact et d’appels :<br />

une CCT pour toute la branche<br />

CallNet.ch a rejoint la CCT en tant que nouveau partenaire<br />

social, aux côtés de <strong>syndicom</strong> et de contactswiss. C’est une<br />

étape importante vers la déclaration de force obligatoire.<br />

La rég<strong>le</strong>mentation des conditions de<br />

travail <strong>dans</strong> toute la Suisse – par une<br />

déclaration de force obligatoire – est<br />

une nécessité. En effet, <strong>dans</strong> la<br />

branche des centres de contact et<br />

d’appels, <strong>le</strong>s exigences auxquel<strong>le</strong>s<br />

sont confrontés entreprises et employé·e·s<br />

se sont intensifiées ces dernières<br />

années. <strong>Le</strong>s agentes et agents<br />

doivent se plier à des critères de qualité<br />

toujours plus stricts, <strong>dans</strong> un<br />

contexte de standardisation accrue,<br />

où l’orientation commercia<strong>le</strong> est désormais<br />

davantage axée sur <strong>le</strong>s clients.<br />

Ainsi, <strong>le</strong>s employé·e·s sont tiraillés<br />

entre des objectifs de rentabilité en<br />

contradiction avec l’encadrement individualisé<br />

des clients souhaité.<br />

<strong>Le</strong>s signataires de la CCT : Dieter Fischer, Giorgio Pardini et Peter Weigelt (de g. à d.). (© màd)<br />

pour maintenir l’employabilité sur <strong>le</strong><br />

marché du travail. Pour <strong>le</strong>s négociations<br />

CCT à venir, nous visons de<br />

nouveaux progrès, notamment la<br />

rég<strong>le</strong>mentation et la certification des<br />

plateformes. <strong>Le</strong>s exploitant·e·s de<br />

plateformes numériques doivent garantir<br />

qu’ils ne recourent pas au dumping<br />

social, ni à la sous-enchère salaria<strong>le</strong>.<br />

Ils doivent cotiser aux assurances<br />

socia<strong>le</strong>s et payer des impôts. <strong>syndicom</strong><br />

cherche à empêcher <strong>le</strong>s employeurs<br />

de reporter <strong>le</strong>ur risque d’entreprise<br />

sur des plateformes de<br />

crowdworking, donc indirectement<br />

sur <strong>le</strong>s employé·e·s.<br />

Daniel Hügli, secrétaire central au secteur TIC<br />

et responsab<strong>le</strong> de la branche Centres de contact<br />

et d’appels<br />

Avantages pour <strong>le</strong>s employés<br />

et <strong>le</strong>s employeurs<br />

Dans ce contexte, la CCT – qui instaure<br />

des critères minimaux en matière de<br />

salaire et conditions de travail – offre<br />

une protection efficace contre la sousenchère<br />

salaria<strong>le</strong> et <strong>le</strong> dumping social<br />

dont profitent éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s entreprises.<br />

La CCT favorise une concurrence<br />

saine et équitab<strong>le</strong>, qui repose<br />

sur la qualité des prestations et non<br />

sur la réduction des frais de personnel.<br />

<strong>Le</strong> président de l’association<br />

contactswiss, Peter Weigelt, déclare :<br />

« <strong>No</strong>us, <strong>le</strong>s employeurs, souhaitons un<br />

véritab<strong>le</strong> partenariat social et des standards<br />

de branche compréhensib<strong>le</strong>s,<br />

qui va<strong>le</strong>nt aussi bien pour nous que<br />

pour la branche entière. » Quand on<br />

lui demande pourquoi une entente<br />

avec <strong>le</strong>s autres membres de l’association<br />

patrona<strong>le</strong> n’a pas été possib<strong>le</strong><br />

jusqu’à maintenant, Peter Weigelt<br />

répond : « La branche est nouvel<strong>le</strong>, très<br />

vaste et en essor constant. Il faut donc<br />

d’abord ressentir une certaine pression<br />

avant de se mettre d’accord. » <strong>Le</strong><br />

président de CallNet.ch, M. Fischer<br />

renchérit : « La CCT est un moyen efficace<br />

d’approcher des acteurs du marché<br />

réfractaires via la déclaration de<br />

force obligatoire. El<strong>le</strong> permet de faire<br />

face à une pression croissante <strong>dans</strong> la<br />

branche, et de préserver <strong>le</strong>s régions<br />

frontalières. » (Christian Capacoel)<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/ccc


18 <strong>Le</strong> monde<br />

du travail<br />

Si on veut de la f<strong>le</strong>xibilité, el<strong>le</strong> doit être assortie<br />

de bonnes conditions de travail<br />

« La négociation d’une CCT améliorée servirait <strong>le</strong>s intérêts<br />

de toute la branche. » Daniel Münger<br />

19<br />

Empocher <strong>le</strong>s profits et reporter<br />

<strong>le</strong>s risques sur <strong>le</strong>s salariés<br />

Rapports de travail déséquilibrés, à l’instar du service coursier<br />

zurichois <strong>No</strong>time : <strong>le</strong>s coursiers ont beaucoup d’obligations<br />

mais aucun droit.<br />

<strong>Le</strong> sourire de cette coursière de <strong>No</strong>time cache des conditions de travail très dures. (© Franziska Scheidegger)<br />

<strong>No</strong>uvel<strong>le</strong> CCT Coursiers<br />

La campagne Poste<br />

continue<br />

La start-up <strong>No</strong>time, qui a son siège à<br />

Zurich, cherche à s’implanter sur <strong>le</strong><br />

marché suisse de la livraison de marchandises<br />

depuis environ deux ans.<br />

L’entreprise se positionne comme un<br />

intermédiaire très f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s<br />

boutiques en ligne et <strong>le</strong>s clients. Selon<br />

sa publicité, el<strong>le</strong> offre une « solution<br />

complète de services de livraison, <strong>le</strong><br />

jour-même et par plage horaire ». La<br />

start-up s’est rapidement développée<br />

en Suisse, où el<strong>le</strong> gère ses propres réseaux,<br />

avec plus de 400 coursiers <strong>dans</strong><br />

8 vil<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> collabore en outre avec<br />

des entreprises renommées – notamment<br />

avec La Poste et <strong>le</strong>s CFF.<br />

Selon <strong>le</strong> principe des plateformes,<br />

une partie des coursiers de <strong>No</strong>time<br />

ne sont pas des employés de l’entreprise,<br />

ils utilisent sa technologie en<br />

tant qu’indépendants. « Cette f<strong>le</strong>xibilité<br />

me convient tout à fait », déclare<br />

un coursier qui souhaite rester anonyme.<br />

En contrepartie, il accepte un<br />

La logistique est un marché en expansion,<br />

à l’instar de la branche KEP<br />

(coursier, express et colis). <strong>syndicom</strong><br />

possède certes une convention col<strong>le</strong>ctive<br />

de travail (CCT) <strong>dans</strong> ce domaine,<br />

mais el<strong>le</strong> ne suffit pas à garantir des<br />

conditions de travail adaptées au futur.<br />

<strong>Le</strong> domaine des coursiers à vélo,<br />

même s’il ne couvre qu’une petite partie<br />

du marché, est porteur d’avenir,<br />

d’où l’importance d’une bonne CCT.<br />

<strong>Le</strong> reste du secteur doit se mettre d’accord<br />

avec <strong>syndicom</strong> sur une CCT améliorée<br />

: pour garantir des prestations<br />

logistiques de bonne qualité, il faut<br />

des conditions de travail équitab<strong>le</strong>s !<br />

Après plus d’un an déjà, grâce à<br />

une campagne intense pour préserver<br />

<strong>le</strong> réseau postal, nous avons réussi à<br />

salaire horaire légèrement inférieur à<br />

celui qu’il touchait auparavant <strong>dans</strong><br />

d’autres jobs de coursier. <strong>Le</strong>s plans de<br />

service sont communiqués deux semaines<br />

à l’avance, ce qui complique<br />

déjà <strong>le</strong>s rapports de travail : plus un<br />

coursier rou<strong>le</strong> pour <strong>No</strong>time, plus tôt il<br />

peut réserver ses plages horaires en<br />

ligne. « Je n’ai pas souvent eu l’occasion<br />

de travail<strong>le</strong>r ces derniers temps,<br />

j’ai donc dû me contenter d’horaires<br />

‹ en stand-by ›, donc rester disponib<strong>le</strong><br />

en permanence pour effectuer des<br />

courses <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s 20 minutes. » S’il n’y a<br />

pas de courses, on touche 5 francs de<br />

l’heure. Pendant <strong>le</strong> temps de piquet, il<br />

est interdit de travail<strong>le</strong>r pour d’autres<br />

entreprises. Selon <strong>le</strong> contrat de travail,<br />

<strong>le</strong> coursier doit s’assurer lui-même<br />

contre <strong>le</strong>s accidents professionnels et<br />

la perte de gain et payer <strong>le</strong>s cotisations<br />

socia<strong>le</strong>s. Il est responsab<strong>le</strong> de tout<br />

dommage éventuel et ne bénéficie pas<br />

d’un délai de résiliation.<br />

<strong>Le</strong> coursier doit être couvert par <strong>le</strong>s<br />

assurances socia<strong>le</strong>s. « Jusqu’ici, nous<br />

avons pris en charge ces cotisations<br />

pour <strong>le</strong>s indépendants », indique Philipp<br />

Antoni, cofondateur de <strong>No</strong>time.<br />

En mars dernier, l’entreprise a annoncé<br />

qu’el<strong>le</strong> intégrerait tous ses<br />

coursiers indépendants <strong>dans</strong> des rapports<br />

de travail ordinaires. <strong>Le</strong>s contrats<br />

devraient être signés d’ici octobre. P.<br />

Antoni dit avoir trouvé « une très<br />

bonne solution », mais il souligne que<br />

« la f<strong>le</strong>xibilité des coursiers doit être<br />

préservée ». S’ils restent obligatoires,<br />

<strong>le</strong>s services de piquet seront mieux<br />

rémunérés. On se réjouit de voir <strong>le</strong>s<br />

futurs contrats de travail de <strong>No</strong>time.<br />

En savoir plus : <strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/<br />

logistique/services-coursiers/<br />

mettre La Poste sous une forte pression<br />

qui l’amène à devoir se justifier.<br />

Des dizaines de milliers de citoyens et<br />

la majorité des employés touchés ont<br />

participé à la campagne, ce qui a accentué<br />

la pression politique. Au Par<strong>le</strong>ment<br />

sont actuel<strong>le</strong>ment discutées<br />

deux motions pour <strong>le</strong> remaniement de<br />

la loi posta<strong>le</strong>. Première étape encourageante.<br />

Ces derniers mois, La Poste a<br />

considérab<strong>le</strong>ment renforcé son lobbying<br />

et sa campagne PR. <strong>No</strong>us ferons<br />

front ensemb<strong>le</strong>.<br />

Daniel Münger, responsab<strong>le</strong> du secteur Logistique<br />

et membre du comité directeur de <strong>syndicom</strong><br />

Après l’effort <strong>le</strong> réconfort : la CCT est à bout touchant ! (© Peter Klaunzer/Keystone)<br />

Enfin une CCT pour<br />

<strong>le</strong>s coursiers à vélo<br />

Ils sont jeunes, écolos et pas compliqués. Est-ce bien compatib<strong>le</strong><br />

avec une convention col<strong>le</strong>ctive de travail, instrument<br />

du partenariat social classique ? Certainement : la distribution<br />

fine des marchandises étant un secteur en p<strong>le</strong>ine mutation,<br />

tant <strong>le</strong>s employé·e·s que <strong>le</strong>s entreprises ont intérêt à assurer<br />

et développer des conditions de travail équitab<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Le</strong> secteur des services coursiers s’est<br />

développé en Suisse depuis 30 ans<br />

déjà. Fondée à Lucerne en 1988, la première<br />

entreprise de livraison à vélo a<br />

très vite essaimé <strong>dans</strong> toutes <strong>le</strong>s<br />

grandes vil<strong>le</strong>s de Suisse.<br />

<strong>Le</strong>s prestations sont à peu près<br />

identiques partout, mais <strong>le</strong>s formes<br />

d’organisation – associations, coopératives,<br />

sociétés anonymes – sont très<br />

variées. Toutefois, depuis la révision<br />

de la loi sur la poste en 2013, toutes <strong>le</strong>s<br />

entreprises sont tenues d’entretenir<br />

un partenariat social. Un processus<br />

très constructif a débouché sur une<br />

convention col<strong>le</strong>ctive de travail (CCT)<br />

aujourd’hui prête à être signée.<br />

Et il était temps : la branche est<br />

confrontée aux défis de la transformation<br />

numérique. La coordination des<br />

commandes, des fabricants et des<br />

fournisseurs s’opérera de plus en plus<br />

sur des plateformes numériques. Certains<br />

concurrents cherchent à s’imposer<br />

sur <strong>le</strong> marché, avec des méthodes<br />

douteuses : ils ont recours à de faux<br />

indé pen dants ou contraignent <strong>le</strong>s employés<br />

à travail<strong>le</strong>r sur appel. <strong>Le</strong>s conditions<br />

de travail abusives pratiquées<br />

notamment en Al<strong>le</strong>magne, <strong>dans</strong> des<br />

entreprises de services coursiers tel<strong>le</strong>s<br />

que Foodora ou Deliveroo, montrent<br />

qu’il est urgent de rég<strong>le</strong>menter cette<br />

forme de travail. Car derrière ces entreprises<br />

se cachent des multinationa<strong>le</strong>s<br />

puissantes qui génèrent des milliards,<br />

et s’apprêtent à bou<strong>le</strong>verser<br />

toute la branche. Un partenariat social<br />

progressiste permet aux prestataires<br />

suisses de services coursiers d’empêcher<br />

que <strong>le</strong>s prix et <strong>le</strong>s salaires soient<br />

sans cesse tirés vers <strong>le</strong> bas.<br />

<strong>Le</strong>s partenaires sociaux montrent<br />

ainsi que la numérisation peut prendre<br />

un autre tournant : <strong>le</strong> progrès technologique<br />

ne se fait pas forcément sur <strong>le</strong><br />

dos des travail<strong>le</strong>urs, il peut aussi servir<br />

l’intérêt commun.<br />

<strong>Le</strong>s coursiers soumis à la CCT ont<br />

désormais droit à un salaire minimum<br />

et à des suppléments clairement définis<br />

pour <strong>le</strong> travail de nuit et du dimanche.<br />

Ils bénéficient aussi de nouveaux<br />

horaires de travail et du maintien<br />

du salaire en cas de maladie, ainsi que<br />

de nombreux autres avantages figurant<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s conventions col<strong>le</strong>ctives<br />

classiques. La CCT prévoit assez de<br />

marge de manœuvre pour intégrer <strong>le</strong>s<br />

caractéristiques individuel<strong>le</strong>s des divers<br />

services de coursier.<br />

<strong>syndicom</strong> et l’association patrona<strong>le</strong><br />

swissmessengerlogistics visent la déclaration<br />

de force obligatoire généra<strong>le</strong>.<br />

<strong>Le</strong>s chances d’y parvenir sont bonnes,<br />

tant que <strong>le</strong>s services de coursiers à vélo<br />

sont encore presque seuls sur <strong>le</strong> marché.<br />

Des concurrents tels que <strong>No</strong>time<br />

(voir p. 18) n’en couvrent pour l’instant<br />

qu’une infime partie. Mais si des entreprises<br />

internationa<strong>le</strong>s cherchaient à<br />

s’imposer sur <strong>le</strong> marché suisse, la situation<br />

deviendrait diffici<strong>le</strong>.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/<br />

logistique/services-coursiers/


20 <strong>Le</strong> monde<br />

du travail<br />

« La démocratie a besoin de médias indépendants. » Roland Kreuzer<br />

Ringier et Tamedia ont investi 400 millions de francs <strong>dans</strong> jobs.ch, ce qui risque<br />

d’être inuti<strong>le</strong> après l’entrée de Goog<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> marché.<br />

21<br />

Promouvoir <strong>le</strong>s médias<br />

au lieu de gober<br />

des fake news<br />

La démocratie a besoin de médias<br />

indépendants et d’un journalisme de<br />

qualité, sur tous <strong>le</strong>s canaux de communication.<br />

La dépendance à l’égard des<br />

annonceurs compromet la liberté des<br />

médias, ainsi que l’utilisation des budgets<br />

publicitaires au profit de Goog<strong>le</strong>,<br />

Facebook & Co, et aux dépens du travail<br />

journalistique. La maximisation<br />

des profits chez Tamedia, qui veut<br />

faire supporter au personnel la perte<br />

des recettes <strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine Print<br />

alors que <strong>le</strong>s actionnaires et la direction<br />

empochent 50 millions de francs<br />

par année, est une attaque contre la diversité<br />

et la qualité de la presse. Une<br />

aide publique à la presse s’impose. La<br />

répartition des fonds doit être conditionnée<br />

à un mandat d’information et<br />

à une CCT. <strong>Le</strong> soutien aux projets tels<br />

que la plateforme WePublish pour permettre<br />

aux médias indépendants d’investir<br />

<strong>le</strong>urs ressources <strong>dans</strong> <strong>le</strong> journalisme<br />

est une nécessité, tout comme<br />

d’autres mesures immédiates en vue<br />

du maintien de tarifs préférentiels<br />

pour la presse régiona<strong>le</strong> et associative,<br />

afin de garantir la promotion du journalisme<br />

quels que soient <strong>le</strong>s canaux de<br />

communication. En premier lieu, il<br />

faut faire pièce à l’offensive contre la<br />

SSR, qu’el<strong>le</strong> prenne la forme de « <strong>No</strong><br />

Billag » ou de la réduction de moitié<br />

des redevances.<br />

Roland Kreuzer, responsab<strong>le</strong> du secteur Médias<br />

et membre du comité directeur de <strong>syndicom</strong><br />

Lors du Festival de Locarno, des étudiant·e·s ont distribué des tracts sur l’importance du rô<strong>le</strong> de la SSR <strong>dans</strong> <strong>le</strong> soutien au cinéma. (© Nina Scheu)<br />

<strong>Le</strong> sauvetage des médias<br />

s’organise<br />

Lors du Festival international du film de Locarno, en août<br />

dernier, des milliers des personnes ont applaudi la bandeannonce<br />

« SaveTheMedia.ch ». La réaction positive du public<br />

démontre qu’il partage l’inquiétude des professionnels<br />

des médias pour la qualité et la diver sité des médias.<br />

« SaveTheMedia.ch » est une campagne<br />

lancée par l’association Médias<br />

pour tous, dont fait éga<strong>le</strong>ment partie<br />

<strong>syndicom</strong>. El<strong>le</strong> regroupe des professionnels<br />

de la culture et des associations<br />

de journalistes, qui cherchent<br />

des solutions financières pour éviter<br />

de sombrer <strong>dans</strong> la misère annoncée.<br />

Par l’organisation de différentes manifestations<br />

et actions, tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong><br />

de Locarno, l’association veut éga<strong>le</strong>ment<br />

sensibiliser <strong>le</strong> public à l’importance<br />

pour la démocratie d’un paysage<br />

médiatique solide et indépendant.<br />

En Suisse romande, Médias pour<br />

tous participe aussi à un laboratoire<br />

d’idées lancé par l’association pour <strong>le</strong><br />

financement du journalisme (Fijou),<br />

qui souhaite financer <strong>le</strong> journalisme<br />

indépendant selon <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> de la<br />

promotion cinématographique. La<br />

branche serait regroupée sur une<br />

plateforme et financée par des fondations,<br />

des particuliers et <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

publics, selon des critères clairement<br />

définis.<br />

L’espoir des plateformes<br />

<strong>Le</strong>s créateurs de WePublish.ch suivent<br />

une démarche similaire. Ils se sont<br />

fait connaître du public éga<strong>le</strong>ment en<br />

août dernier. <strong>Le</strong>ur idée est de mettre<br />

une plateforme directement à disposition<br />

des professionnels des médias<br />

pour publier des artic<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s diffuser<br />

de manière ciblée grâce à des algorithmes.<br />

Hansi Voigt, l’un des initiateurs<br />

renommés de WePublish, espère<br />

pouvoir compter sur <strong>le</strong>s redevances<br />

privées de radio et télévision pour la<br />

réalisation technique du projet. <strong>Le</strong>s<br />

contenus seraient financés par divers<br />

canaux : publicité, micropaiements,<br />

abonnements, fondations ou subventions<br />

publiques. Il faudrait toutefois<br />

garantir que <strong>le</strong>s contenus publiés sur<br />

la plateforme soient produits à des<br />

conditions équitab<strong>le</strong>s (= CCT).<br />

Participer et donner une voix<br />

au journalisme<br />

Après <strong>le</strong> bouclage de notre <strong>magazine</strong>,<br />

la Commission fédéra<strong>le</strong> des médias<br />

(COFEM) se prononcera notamment<br />

sur ces propositions. Son président,<br />

Ottfried Jarren, a déjà laissé entendre<br />

qu’el<strong>le</strong>s renferment des approches<br />

intéressantes pour <strong>le</strong> journalisme en<br />

Suisse. <strong>No</strong>us vous invitons à vous<br />

informer sur ces projets sur <strong>le</strong> Web et<br />

à en discuter avec nous. <strong>No</strong>us organiserons<br />

aussi différentes manifestations<br />

pour discuter de l’initiative « <strong>No</strong><br />

Billag ». <strong>No</strong>us sommes convaincus<br />

qu’une diminution, voire la suppression<br />

tota<strong>le</strong> des redevances pour <strong>le</strong> service<br />

public médiatique, pourrait avoir<br />

des conséquences irréparab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong><br />

journalisme. (Nina Scheu)<br />

COFEM : www.emek.admin.ch<br />

Filmtrai<strong>le</strong>r Locarno : savethemedia.ch<br />

médias pour tous : mfa-mpt.ch<br />

WePublish : wepublish.ch<br />

<strong>Le</strong> Temps, Fijou : bit.ly/2viMIDa<br />

<strong>Le</strong>s éditeurs ont-ils, encore une<br />

fois, perdu la bourse de l’emploi ?<br />

Selon une boutade attribuée à Karl Marx, <strong>le</strong>s événements de<br />

l’histoire se répètent toujours deux fois : la première fois c’est<br />

une tragédie, la seconde fois c’est une farce.<br />

Goog<strong>le</strong> pourrait couper l’herbe sous <strong>le</strong>s pieds des portails de l’emploi en Suisse. (© David Goldmann/Keystone)<br />

L’histoire récente du journalisme est<br />

riche en tragédies. La perte du commerce<br />

des annonces au profit d’entreprises<br />

étrangères à la branche est, en<br />

général, considérée comme une<br />

épreuve douloureuse dont <strong>le</strong>s répercussions<br />

se font toujours sentir. Ce<br />

secteur, qui a longtemps contribué à<br />

l’essor du journalisme, est désormais<br />

en perte de vitesse.<br />

Il y a dix ans déjà, on recommandait<br />

au Tages-Anzeiger de ne plus<br />

compter sur <strong>le</strong>s revenus dégagés par la<br />

bourse de l’emploi. Et la situation n’a<br />

pas changé à ce jour. De jeunes entrepreneurs<br />

futés ont flairé l’aubaine au<br />

bon moment et constaté que sur des<br />

plateformes en ligne, la recherche<br />

d’emploi est plus aisée que sur <strong>le</strong> papier.<br />

<strong>Le</strong>s éditeurs de journaux semblaient<br />

avoir loupé <strong>le</strong> coche. La vie punit<br />

celui qui arrive trop tard. Si cet<br />

adage doit se confirmer, c’est bien<br />

sur Internet. À moins d’investir des<br />

sommes colossa<strong>le</strong>s, comme Ringier et<br />

Tamedia peuvent se <strong>le</strong> permettre. En<br />

2012, ils ont acheté jobs.ch pour<br />

presque 400 millions de francs. Depuis,<br />

la bourse de l’emploi connaît<br />

une évolution « réjouissante ». Mais<br />

cette joie risque d’être de courte durée<br />

: l’avenir n’est pas rose. L’histoire<br />

pourrait se répéter. Perdre une seconde<br />

fois la bourse de l’emploi, son<br />

pendant numérique en l’occurrence,<br />

tournerait à la farce. Si Goog<strong>le</strong> fait son<br />

entrée sur ce marché, on peut considérer<br />

ce scénario, à juste titre, comme<br />

réaliste.<br />

Goog<strong>le</strong> ava<strong>le</strong> <strong>le</strong> marché<br />

des offres d’emploi<br />

En mai dernier, <strong>le</strong> géant de la Toi<strong>le</strong><br />

lançait une fonction de recherche<br />

pour <strong>le</strong>s emplois vacants. Cette offensive<br />

vise tous <strong>le</strong>s prestataires actuels<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> commerce de l’emploi. Goog<strong>le</strong><br />

sait que <strong>le</strong>s utilisateurs sont de son<br />

côté. Aujourd’hui déjà, bon nombre<br />

d’entre eux saisissent <strong>le</strong>ur profil<br />

d’emploi souhaité <strong>dans</strong> <strong>le</strong> champ de<br />

recherche de Goog<strong>le</strong>. Il semb<strong>le</strong> donc<br />

logique de développer ce nouveau secteur.<br />

La voracité de Goog<strong>le</strong> n’a pas de<br />

limite. Ringier et Tamedia en savent<br />

quelque chose. Ils espèrent toutefois<br />

pouvoir freiner <strong>le</strong> géant une fois qu’il<br />

se sera introduit sur <strong>le</strong> marché suisse.<br />

<strong>Le</strong>s deux éditeurs comptent notamment<br />

marquer des points avec l’ancrage<br />

local. C’est un espoir ténu auquel<br />

ils se raccrochent, faute de<br />

stra tégies de défense prometteuses. Il<br />

reste toutefois une maigre consolation<br />

: une seconde perte du marché<br />

des offres d’emploi ne causerait guère<br />

de préjudice à un journalisme qui ne<br />

dispose déjà plus des ressources appropriées.<br />

(Nick Lüthi)<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/branches/presse


22 Politique<br />

Giorgio Pardini,<br />

responsab<strong>le</strong> du secteur TIC<br />

(technologies de l’information<br />

et de la communication)<br />

et membre du comité<br />

directeur.<br />

Au cours de ces dernières<br />

années, <strong>syndicom</strong> a analysé<br />

<strong>le</strong>s conséquences de la numérisation<br />

sur l’emploi de<br />

manière approfondie et<br />

publié une étude qui peut<br />

être téléchargée sur notre<br />

site.<br />

Interview : Christian Capacoel<br />

Photo : Sébastien Bourquin<br />

Quel avenir<br />

pour <strong>le</strong> travail ?<br />

Crowd- ou clickworker, de préférence<br />

sur une plateforme. <strong>Le</strong>s artic<strong>le</strong>s<br />

de presse publiés ces derniers<br />

mois sur <strong>le</strong> sujet donnent l’impression<br />

que ce phénomène gagne toujours<br />

plus de branches et d’entreprises.<br />

En 2000, la NASA utilisait<br />

pour la première fois <strong>le</strong> terme de<br />

« clickworker » pour lancer un appel<br />

au grand public, l’invitant à participer<br />

à la classification d’images<br />

de la planète Mars. En 2011, lors<br />

de l’inauguration de son Liquid<br />

Chal<strong>le</strong>nge Program, IBM popularisa<br />

<strong>le</strong> terme « crowd worker ». <strong>Le</strong> principe,<br />

qui consiste en gros à recourir<br />

à davantage d’« indépendants » au<br />

lieu d’engager des employés fixes,<br />

devrait permettre d’économiser<br />

30 % d’emplois. A quel stade de<br />

l’évolution en sommes-nous en<br />

Suisse, et comment comptons-nous<br />

re<strong>le</strong>ver ce défi en tant que syndicat ?<br />

Giorgio Pardini répond à nos<br />

questions.<br />

<strong>syndicom</strong> : En 2011-12, l’annonce<br />

du Liquid Chal<strong>le</strong>nge Program chez<br />

IBM a provoqué des remous. Tout<br />

<strong>le</strong> monde s’attendait à une suppression<br />

massive d’emplois et à l’expansion<br />

constante du programme.<br />

Quel<strong>le</strong> est la situation chez IBM<br />

aujourd’hui ? L’entreprise miset-el<strong>le</strong><br />

p<strong>le</strong>inement sur <strong>le</strong> principe des<br />

crowdworkers ? Réduit-el<strong>le</strong> toujours<br />

plus <strong>le</strong>s effectifs de base ?<br />

Giorgio Pardini : IBM prend sans<br />

cesse des mesures d’économie, en<br />

procédant par exemp<strong>le</strong> à des restructurations<br />

et des relocalisations.<br />

En 2017, 8000 emplois pourraient<br />

passer à la trappe. Un plus grand<br />

nombre de tâches risquent d’être externalisées<br />

et exécutées<br />

par des crowd workers.<br />

Quel regard portez-vous sur<br />

l’évolution à venir en Suisse ?<br />

Une nouvel<strong>le</strong> étude, cofinancée par<br />

<strong>syndicom</strong> et fondée sur un sondage<br />

Internet, montre qu’une grande<br />

partie des Suisses et des Suissesses<br />

participent à l’économie de plateforme.<br />

L’année dernière, presque<br />

un tiers des sondés ont tenté<br />

d’obtenir du travail sur des plateformes<br />

en ligne. 18,2 % d’entre eux<br />

en ont effectivement trouvé par ce<br />

biais. Parmi eux, 12,5 % affirment<br />

que <strong>le</strong> crowdworking est <strong>le</strong>ur seu<strong>le</strong><br />

source de revenu. <strong>Le</strong>s crowdworkers<br />

accomplissent <strong>le</strong> plus souvent de<br />

petits mandats et du « clickwork ».<br />

La qualité du système de formation<br />

et <strong>le</strong>s excel<strong>le</strong>ntes infrastructures<br />

en Suisse laissent présager que<br />

<strong>le</strong> crowdwork jouera un rô<strong>le</strong> encore<br />

plus important à l’avenir.<br />

Swisscom exploite une plateforme<br />

qu’el<strong>le</strong> a baptisée Mila. Quel<strong>le</strong>s sont<br />

<strong>le</strong>s expériences réalisées jusqu’ici ?<br />

Mila relie l’utilisateur final – p. ex.<br />

une cliente de Swisscom – à un fournisseur<br />

de services – p. ex. un technicien<br />

de service chez Swisscom,<br />

une entreprise d’installation é<strong>le</strong>ctrique<br />

ou « Swisscom-Friend ». La<br />

cliente peut choisir sur Mila qui<br />

el<strong>le</strong> souhaite contacter pour obtenir<br />

<strong>le</strong> service. El<strong>le</strong> devra débourser<br />

davantage pour un technicien de<br />

Swisscom que pour <strong>le</strong> « Swisscom-<br />

Friend », c’est-à-dire un spécialiste<br />

du domaine vivant à proximité de<br />

chez el<strong>le</strong>.<br />

Il s’agit d’une externalisation des<br />

tâches vers la plateforme Mila, ni<br />

plus ni moins. <strong>Le</strong>s risques d’un tel<br />

crowdsourcing sont connus : qualité<br />

insuffisante de la prestation, sousenchère<br />

salaria<strong>le</strong>, dumping social,<br />

travail au noir, etc.<br />

Quels sont <strong>le</strong>s défis syndicaux liés<br />

au crowdsourcing ?<br />

La stratégie du Conseil fédéral est préoccupante. <strong>No</strong>us sommes intervenus plusieurs fois ces derniers<br />

mois, à différents niveaux. <strong>No</strong>us avons obtenu que <strong>syndicom</strong> soit représenté au sounding board<br />

en vue de la première conférence organisée par la Confédération sur la « Suisse numérique ».<br />

« <strong>Le</strong>s entreprises<br />

qui<br />

externalisent<br />

des tâches à la<br />

fou<strong>le</strong> (crowd)<br />

doivent, ainsi<br />

que <strong>le</strong>s plateformes<br />

de<br />

crowdworking,<br />

prendre <strong>le</strong>urs<br />

responsabilités.<br />

»<br />

Qui assure une rétribution correcte<br />

et contrô<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s droits des crowdworkers<br />

soient garantis ? Selon<br />

nous, <strong>le</strong>s entreprises qui externalisent<br />

des activités à la fou<strong>le</strong> (crowd)<br />

doivent, tout comme <strong>le</strong>s plateformes<br />

de crowdwork, assumer<br />

cette responsabilité. El<strong>le</strong>s doivent<br />

veil<strong>le</strong>r à ce que <strong>le</strong>s employé·e·s bénéficient<br />

d’une protection, notamment<br />

en matière de conditions de<br />

travail et de salaire, de droit aux<br />

assurances socia<strong>le</strong>s (indépendance<br />

factice), mais aussi de propriété<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Concernant la certification<br />

des plateformes de crowdwork<br />

et <strong>le</strong>s labels, nous pouvons<br />

contribuer à ce que seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plateformes<br />

qui remplissent ces critères<br />

entrent en ligne de compte.<br />

La diffusion du crowdwork présente<br />

toutefois aussi un défi pour notre<br />

syndicat : comment mieux organiser<br />

et mettre en réseau <strong>le</strong>s crowdworkers,<br />

afin qu’ils fassent valoir<br />

<strong>le</strong>urs droits individuels et col<strong>le</strong>ctifs<br />

avec notre soutien ? Et quel<strong>le</strong>s prestations<br />

spécifiques pouvons-nous<br />

<strong>le</strong>ur offrir ?<br />

En juin 2017, <strong>le</strong> Conseil fédéral a<br />

publié la brochure « Suisse numérique<br />

» et lancé <strong>le</strong> site de dialogue<br />

« Suisse numérique ». Il est frappant<br />

de constater que cette stratégie<br />

attribue un rô<strong>le</strong> secondaire aux employé·e·s<br />

et aux questions concernant<br />

l’avenir du travail.<br />

La stratégie du Conseil fédéral<br />

est préoccupante. <strong>No</strong>us craignons<br />

qu’el<strong>le</strong> prenne une direction unilatéra<strong>le</strong>.<br />

C’est pourquoi nous sommes<br />

intervenus plusieurs fois ces derniers<br />

mois, à différents niveaux.<br />

Maintenant, nous avons obtenu que<br />

<strong>syndicom</strong> soit représenté au sounding<br />

board en vue de la première<br />

conférence organisée par la Confédération<br />

sur la « Suisse numérique ».<br />

Quels points peut-t-on rég<strong>le</strong>r<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre du partenariat social<br />

ou <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s conventions col<strong>le</strong>ctives<br />

de travail ?<br />

Grâce au partenariat social entre<br />

<strong>le</strong>s syndicats et <strong>le</strong>s entreprises ou<br />

<strong>le</strong>urs associations, nous disposons<br />

en Suisse d’un instrument efficace<br />

pour réagir rapidement aux changements.<br />

Si <strong>le</strong> partenariat social est<br />

vécu sur un pied d’égalité, on peut<br />

trouver des solutions équilibrées<br />

qui protègent <strong>le</strong>s employé·e·s sans<br />

réduire pour autant la compétitivité<br />

de la Suisse.<br />

La numérisation présente une<br />

oppor tunité pour renouve<strong>le</strong>r et élargir<br />

<strong>le</strong> partenariat social, qui a fait<br />

ses preuves. <strong>Le</strong>s conventions col<strong>le</strong>ctives<br />

de travail permettent de rég<strong>le</strong>r<br />

<strong>le</strong> droit à la sphère privée, la protection<br />

des données sur <strong>le</strong> lieu de<br />

travail, la possibilité de gérer son<br />

temps de travail, la réduction de<br />

la durée du travail. De plus, el<strong>le</strong>s<br />

mettent en place des mesures pour<br />

garantir la délimitation du temps<br />

de travail, notamment <strong>le</strong> droit à<br />

la déconnexion.<br />

Pour re<strong>le</strong>ver ces défis, où devrait-on<br />

commencer ce travail de rég<strong>le</strong>mentation<br />

au niveau législatif ? Et comment<br />

compte réagir <strong>syndicom</strong> ?<br />

<strong>Le</strong> législateur doit veil<strong>le</strong>r à inscrire<br />

un droit pertinent au travail,<br />

et à accorder à tous <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs –<br />

y compris <strong>le</strong>s crowdworkers –<br />

des droits col<strong>le</strong>ctifs en matière de<br />

travail et d’assurances socia<strong>le</strong>s.<br />

Comme certaines activités sont<br />

automatisées, il est impératif<br />

d’adapter la formation et l’assurance<br />

chômage en conséquence.<br />

<strong>Le</strong> plus grand nombre possib<strong>le</strong><br />

d’employé·e·s doivent avoir la possibilité<br />

de se qualifier pour de nouvel<strong>le</strong>s<br />

activités professionnel<strong>le</strong>s.<br />

Si <strong>le</strong>s tâches sont automatisées au<br />

lieu d’être confiées à des personnes<br />

salariées, <strong>le</strong> système fiscal en subira<br />

aussi <strong>le</strong>s conséquences. Que l’on<br />

choisisse de taxer <strong>le</strong>s robots ou <strong>le</strong>s<br />

données, ou encore d’autres formes<br />

de taxation, <strong>le</strong>s rentrées fisca<strong>le</strong>s<br />

doivent être suffisantes pour que<br />

<strong>le</strong>s personnes exclues du monde<br />

du travail pendant une période plus<br />

ou moins longue puissent vivre <strong>dans</strong><br />

la dignité. Enfin, <strong>le</strong> droit à la protection<br />

des données doit être renforcé,<br />

selon <strong>le</strong> principe « mes données<br />

m’appartiennent » !<br />

Quel<strong>le</strong>s activités a prévues <strong>syndicom</strong><br />

pour faire avancer ces discussions ?<br />

<strong>No</strong>tre congrès de novembre sera<br />

entièrement consacré à la numérisation.<br />

À cette occasion, nous par<strong>le</strong>rons<br />

de nos positions et de nos<br />

prochaines activités. <strong>No</strong>us prendrons<br />

<strong>le</strong>s décisions qui s’imposent.<br />

<strong>Le</strong> dossier : <strong>syndicom</strong>.ch/fr/crowdworking<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/digitalisation<br />

23


24<br />

Droit au but !<br />

1000 mots<br />

TomZ<br />

25<br />

Questions au service juridique de <strong>syndicom</strong><br />

J’accepte régulièrement des mandats sur différentes<br />

plateformes Internet. Qui est mon employeur <strong>dans</strong> de<br />

tel<strong>le</strong>s situations ? Est-ce que je travail<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s personnes<br />

qui exploitent la plateforme ou directement pour <strong>le</strong> donneur<br />

d’ouvrage qui m’a mandaté par l’intermédiaire de la plateforme<br />

? Je consacre environ 20 heures par semaine<br />

à ce travail, surtout <strong>dans</strong> <strong>le</strong> domaine du texte et de l’image.<br />

Je compte de plus en plus sur cette source de revenus,<br />

car <strong>le</strong>s mandats réguliers se font rares.<br />

Quels aspects de la prévoyance et des assurances faut-il<br />

prendre en compte ? Qu’en est-il des cotisations aux<br />

assurances socia<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s donneurs d’ouvrage doivent-ils<br />

en couvrir la moitié ou faut-il que je <strong>le</strong>s paie entièrement,<br />

à titre d’indépendant·e ? Sur <strong>le</strong>urs sites, <strong>le</strong>s plateformes<br />

ne fournissent pas d’information à ce sujet et jusqu’à<br />

présent, aucune déduction pour <strong>le</strong>s cotisations socia<strong>le</strong>s<br />

n’a été opérée sur <strong>le</strong>s paiements que j’ai reçus. Je ne<br />

suis pas une entreprise donc je considère que ne suis<br />

pas indépendant·e. Ai-je droit à des déductions AVS<br />

et puis-je <strong>le</strong>s exiger ?<br />

Quoi qu’il arrive, lors de ma retraite je ne veux pas renoncer<br />

à une rente de la prévoyance professionnel<strong>le</strong>. Comment<br />

puis-je m’assurer auprès d’une caisse de pension si je<br />

travail<strong>le</strong> pour de très nombreux donneurs d’ouvrage ?<br />

Quel<strong>le</strong>s solutions s’offrent à moi ? Est-il possib<strong>le</strong> de faire<br />

valoir une déduction des cotisations aux institutions de<br />

prévoyance <strong>dans</strong> ma déclaration fisca<strong>le</strong> ?<br />

Réponses<br />

<strong>Le</strong>s dispositions léga<strong>le</strong>s (contrat<br />

de courtage, contrat d’entreprise,<br />

mandat, contrat de travail) varient<br />

selon que tu travail<strong>le</strong>s pour une<br />

plateforme tel<strong>le</strong> que Jovoto.com<br />

ou Atizo.com, ou directement pour<br />

une entreprise. <strong>Le</strong> type de contrat<br />

détermine l’étendue de ta responsabilité<br />

pour d’éventuel<strong>le</strong>s erreurs<br />

commises, quel<strong>le</strong> prestation tu dois<br />

fournir, si un droit de désistement ou<br />

de révocation existe, etc. Au préalab<strong>le</strong>,<br />

il faut absolument éclaircir tout<br />

cela et lire attentivement <strong>le</strong>s conditions<br />

de l’intermédiaire/du fournisseur<br />

– notamment en ce qui concerne<br />

<strong>le</strong> droit d’auteur, la protection des<br />

données et la sécurité des données.<br />

<strong>Le</strong>s intermédiaires/fournisseurs<br />

ne veu<strong>le</strong>nt pas t’engager comme<br />

employé·e, car ils devraient alors<br />

t’assurer et prendre en charge la<br />

moitié des cotisations socia<strong>le</strong>s. C’est<br />

la caisse cantona<strong>le</strong> de compensation<br />

AVS, sise à ton domici<strong>le</strong>, qui décide<br />

de ton statut sur la base de tes<br />

indications. Il est donc important de<br />

connaître <strong>le</strong>s conditions et exigences<br />

avant de t’inscrire. De plus amp<strong>le</strong>s<br />

informations se trouvent sur <strong>le</strong> site de<br />

la caisse cantona<strong>le</strong> de compensation.<br />

Attention : paie au moins la cotisation<br />

AVS minima<strong>le</strong> (actuel<strong>le</strong>ment<br />

478 francs) si tu ne disposes pas d’un<br />

contrat de travail ordinaire ou si ton/<br />

ta conjoint·e ne travail<strong>le</strong> pas.<br />

Certaines associations de branche<br />

offrent une solution de prévoyance<br />

col<strong>le</strong>ctive à <strong>le</strong>urs membres. La caisse<br />

de pension Freelance de <strong>syndicom</strong><br />

a été créée spécia<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s<br />

pro fessionnels des médias indépendants.<br />

Tu peux aussi t’assurer à titre<br />

personnel auprès de la Fondation<br />

institution supplétive LPP (chaeis.ch).<br />

Ou choisir une solution de prévoyance<br />

privée auprès d’une assurance<br />

ou d’une banque (pilier 3a ou<br />

3b). Attention : seul <strong>le</strong> pilier 3a est<br />

déductib<strong>le</strong> des impôts. Ton syndicat<br />

peut répondre aux nombreuses questions<br />

liées au crowdwork. Dans tous<br />

<strong>le</strong>s cas, ton travail doit être rémunéré<br />

de manière équitab<strong>le</strong> !<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/fr/droit/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

Annonce<br />

<strong>Le</strong>s opposants veu<strong>le</strong>nt<br />

la retraite à 67 ans et affaiblir l’AVS<br />

15 e édition du Festival<br />

L’Union patrona<strong>le</strong> suisse, du court l’Union métrage des Arts « shnit ainsi » <strong>le</strong>s banques et <strong>le</strong>s assurances. En<br />

Formation continue et métiers, Economiesuisse & Co. luttent préconisant <strong>le</strong> NON, ils veu<strong>le</strong>nt affaiblir<br />

contre Prévoyance vieil<strong>le</strong>sse 2020. Ce l’AVS et la précipiter <strong>dans</strong> une avalanche<br />

S’ils entendent rester à jour, <strong>le</strong>s<br />

La 15 e édition du shnit Worldwide<br />

crowdworkers sont se doivent <strong>le</strong>s mêmes de suivre milieux Shortfilmfestival qui voulaient (festival empêcher<br />

la création de l’AVS métrage) en se 1947. dérou<strong>le</strong>ra du 18 de au la retraite Images à 67 ans. du monde du<br />

du de court déficits. Et cela afin d’augmenter l’âge<br />

des cours de perfectionnement<br />

travail<br />

pour rafraîchir <strong>le</strong>urs connaissances :<br />

<strong>le</strong>s nouveaux domaines du travail<br />

évoluent rapidement. Faute d’employeur<br />

disposé à <strong>le</strong>s financer, <strong>le</strong>s<br />

indépendants sans conditions de<br />

travail rég<strong>le</strong>mentées n’ont souvent<br />

pas <strong>le</strong>s moyens de suivre des cours.<br />

Pour cette raison notamment, une<br />

adhésion à <strong>syndicom</strong> peut <strong>le</strong>ur être<br />

très uti<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s membres bénéficient<br />

de possibilités de perfectionnement<br />

avantageuses. Par exemp<strong>le</strong>, syndi­<br />

Tout simp<strong>le</strong>ment parce que la solidarité<br />

entre <strong>le</strong>s pauvres et <strong>le</strong>s riches est pour<br />

eux bien trop importante <strong>dans</strong> l’AVS. <strong>Le</strong>s<br />

gens devraient se constituer <strong>le</strong>ur propre<br />

prévoyance vieil<strong>le</strong>sse privée. Et alimenter<br />

com couvre une partie de <strong>le</strong>urs frais<br />

de formation <strong>dans</strong> de nombreux<br />

instituts reconnus, et parfois la<br />

totalité. À Movendo, l’institut de<br />

formation des syndicats, <strong>le</strong>s frais<br />

d’au moins un cours par année sont<br />

même entièrement pris en charge.<br />

<strong>Le</strong>s membres de <strong>syndicom</strong> actifs<br />

<strong>dans</strong> l’industrie graphique, la communication<br />

visuel<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s médias<br />

Voter 2x Oui<br />

29 octobre <strong>dans</strong> différents pays du<br />

monde, d’où <strong>le</strong> choix du terme<br />

« World wide » (autrefois « International<br />

»). En Suisse, on pourra voir des<br />

films à Berne, où shnit attirera probab<strong>le</strong>ment<br />

plus de 20 000 visiteurs.<br />

shnit se dérou<strong>le</strong>ra aussi <strong>dans</strong> de<br />

nombreux cinémas du monde entier<br />

(« shnit CINEMAS »), qui projetteront<br />

une sé<strong>le</strong>ction de films en compétition<br />

internationa<strong>le</strong> pendant<br />

toute la durée du festival. <strong>Le</strong>s prix<br />

seront décernés par <strong>le</strong> Festival du<br />

court métrage, avec la participation<br />

du public shnit, qui votera é<strong>le</strong>ctroniquement<br />

pour <strong>le</strong>s prix du public des<br />

différentes catégories. <strong>Le</strong> festival au<br />

logo rose s’adresse surtout au<br />

groupe cib<strong>le</strong> des 20-30 ans. Mais des<br />

spectateurs plus âgés ou plus jeunes<br />

seront aussi présents à shnit. <strong>No</strong>tamment<br />

en raison de nouveautés<br />

En 1877, une loi fédéra<strong>le</strong> fixait la<br />

L’AVS assure durée du la travail solidarité à onze heures et la par stabilité.<br />

El<strong>le</strong><br />

jour,<br />

représente<br />

limitée à dix<br />

<strong>le</strong><br />

heures<br />

meil<strong>le</strong>ur<br />

<strong>le</strong> samedi.<br />

rapport<br />

L’année dernière, la population<br />

coûts/prestations rejetait l’instauration pour <strong>le</strong>s d’un personnes<br />

revenu<br />

à revenus inconditionnel bas ou de moyens. base. Aucune<br />

En moins d’un sièc<strong>le</strong> et demi,<br />

autre forme de prévoyance vieil<strong>le</strong>sstriel<strong>le</strong><br />

ne <strong>le</strong>ur à l’automatisation apporte autant : l’exposi­de<br />

rente tion par « <strong>Le</strong> franc travail. de Photographies cotisation. de <strong>Le</strong><br />

on est passé de la révolution indus­<br />

1860 à nos jours », au Musée national<br />

supplément AVS<br />

suisse<br />

apporte<br />

de Prangins<br />

donc<br />

jusqu’au<br />

davantage<br />

de justice 15 octobre, socia<strong>le</strong>. est dédiée C’est à l’évolution la raison<br />

du travail. Plus de 200 photos<br />

pour laquel<strong>le</strong> il faut absolument voter<br />

montrent comment l’image du<br />

2x Oui à Prévoyance monde du travail vieil<strong>le</strong>sse a évolué au 2020 fil <strong>le</strong><br />

24 septembre. du temps. Dans la première partie<br />

de l’exposition, <strong>le</strong>s photos (exposées<br />

de manière chronologique) s’articu<strong>le</strong>nt<br />

autour de l’évolution de<br />

la technique photographique (de la<br />

pellicu<strong>le</strong> au numérique, de la photo<br />

peuvent profiter d’offres intéressantes<br />

tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s projections pour <strong>le</strong>s<br />

sur helias.ch.<br />

<strong>Le</strong><br />

<strong>Le</strong>s<br />

24<br />

cours<br />

septembre,<br />

d’utilisation<br />

des logiciels ont <strong>le</strong> vent en à Berne, qui seront désormais prorentes<br />

professions représentées – de<br />

classes<br />

on vote<br />

d’éco<strong>le</strong><br />

sur<br />

(«<br />

<strong>le</strong>s<br />

shnit<br />

deux<br />

EXPLORE<br />

projets<br />

»)<br />

qui<br />

noir-blanc<br />

composent<br />

à l’image<br />

Prévoyance<br />

3D) et des diffé­<br />

poupe. On y acquiert vieil<strong>le</strong>sse des techniques 2020. <strong>Le</strong> posées financement directement additionnel sur <strong>le</strong> site du de l’AVS l’agriculture et la à réforme l’industrie, en jusqu’au el<strong>le</strong>même.<br />

uti<strong>le</strong>s sur Photoshop, Illustrator<br />

Si l’un<br />

ou<br />

des<br />

Festival.<br />

projets<br />

Last<br />

devait<br />

but not<br />

être<br />

<strong>le</strong>ast,<br />

refusé,<br />

l’accès<br />

la réforme<br />

tertiaire. Une<br />

entière<br />

section<br />

échouerait.<br />

est consacrée<br />

InDesign, sans oublier de nombreux aux personnes handi capées sera<br />

aux métiers disparus tels que standardiste,<br />

typographe ou fabricant<br />

produits de niche. Voilà pourquoi il faut garanti absolument : <strong>le</strong>s films seront voter sous-titrés 2x Oui.<br />

Des cours Movendo tels que<br />

et des traductions simultanées en d’éponges.<br />

« Incapacité de travail, quel<strong>le</strong>s prises langue des signes seront assurées.<br />

L’exposition accorde une place<br />

en charge ? » (F2.3.1705, 23 – 24.11),<br />

<strong>Le</strong> festival se tiendra éga<strong>le</strong>ment importante au travail des migrant·e·s<br />

ou encore sur l’AVS, la LPP ou la loi <strong>dans</strong> d’autres régions de la Suisse,<br />

et des femmes pendant la<br />

sur <strong>le</strong> travail, incluent des connaissances<br />

de la même manière. Toutefois,<br />

guerre, sans oublier d’évoquer <strong>le</strong>s<br />

uti<strong>le</strong>s aux indépendant·e·s. à l’heure de mettre sous presse,<br />

grands chantiers tels que <strong>le</strong> tunnel<br />

Il y a aussi des cours pour améliorer nous ne connaissons pas la liste des du Gothard. Réalisé il y a environ<br />

sa communication (rédaction de PV « shnit CINEMAS » qui projetteront dix ans et présenté <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cadre de<br />

ou présentation<br />

<strong>Le</strong>s<br />

ora<strong>le</strong>,<br />

organisations<br />

jeux de rô<strong>le</strong>s).<br />

suivantes<br />

<strong>le</strong>s courts<br />

recommandent<br />

métrages au<br />

de<br />

Tessin<br />

voter<br />

et<br />

Oui<br />

en<br />

à Prévoyance<br />

cette exposition,<br />

vieil<strong>le</strong>sse<br />

un reportage<br />

2020 :<br />

de<br />

(ric) Syndicats et organisations Romandie. de salarié(e)s (ric): USS, Unia, SEV, Syndicom, Luc SSP, Cramatte APC, ASC, sur la ASEB, fermeture ASI, des<br />

AvenirSocial, Employés Suisse, FSFP, GaraNto, kapers, LCH, Nautilus International, offices de poste OCST, en Romandie SEC Suisse, reste SSM,<br />

SSPM, Syna, Transfair, Travail.Suisse, USDAM, ZV<br />

malheureusement d’actualité. (red)<br />

shnit.org, 18 – 22 octobre 2017 à Berne<br />

Partis : PBD, PDC, PEV, PS, <strong>Le</strong>s Jeunes Démocrates-Chrétiens, <strong>Le</strong>s Jeunes Verts, <strong>Le</strong>s Verts, <strong>Le</strong>s Vert’libéraux ;<br />

L’offre complète des cours et <strong>le</strong>s formulaires<br />

Prix du ticket Fr. 16.– (étudiants/carte<br />

d’inscription se Organisations trouvent sur movendo.ch de retraité(e)s : culture Conseil Fr. 13.–), suisse carte des journalière aînés, Fr. FARES, 43.– Pro Senectute <strong>le</strong>travail.chateaudeprangins.ch<br />

;<br />

helias.ch Organisations féminines : alliance (33.–), F, carte FPS, de festivalier SKF ; Organisations Fr. 98.– (78.–) économiques image : © : Centre T. Ballmer, patronal, Muséé national FER, suisse CVCI;<br />

Conseil fédéral, Par<strong>le</strong>ment, CDAS<br />

Assurer<br />

<strong>le</strong>s retraites,<br />

renforcer<br />

l’AVS<br />

Impressum: Comité Oui à Prévoyance vieil<strong>le</strong>sse 2020, Monbijoustrasse 61, 3007 Berne


28 Evènements<br />

Marche pour <strong>le</strong> maintien des offices de poste<br />

La Poste fait descendre la population <strong>dans</strong> la rue. Son intention de fermer<br />

600 offices de poste et de supprimer 1200 emplois a provoqué un tollé<br />

<strong>dans</strong> toute la Suisse.<br />

1. Berne, 1 er mai (© Susanne Oeh<strong>le</strong>r)<br />

2. Wassen, 20 mai (© Peter Lienert)<br />

3. Marche de Puidoux à Chexbres (© Philippe Morerod)<br />

4. Zizers, 5 mai (© <strong>syndicom</strong>)<br />

5. Sion, 10 mai (© <strong>syndicom</strong>)<br />

6. Genève, 1 er mai (© Demir Sönmez)<br />

7. Bâ<strong>le</strong>, 1 er mai (© František Matrous)<br />

8. Neuchâtel, 27 février (© BNJ)<br />

9. Bellinzone, 8 mai (© rédaction)<br />

29<br />

2<br />

6<br />

3<br />

1<br />

8<br />

7<br />

5<br />

4<br />

9


30 Tranches<br />

de vie<br />

Martin Bichsel<br />

Plusieurs passions, un appareil photo<br />

Impressum<br />

Rédaction : Riccardo Turla, Giovanni Va<strong>le</strong>rio, Marie<br />

Cheval<strong>le</strong>y ; œil extérieur : Nina Scheu.<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Traductions : A<strong>le</strong>xandrine Bieri, Laurence Strasser.<br />

Images sans © : mises à disposition.<br />

Création et<br />

Mot<br />

direction<br />

mystère<br />

artistique<br />

:<br />

: Büro4, Zurich.<br />

Mise en page, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne.<br />

1 2 3 4 5 6 7 8<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, Case posta<strong>le</strong>,<br />

3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17.<br />

Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

<strong>Le</strong> prix de l’abonnement est inclus <strong>dans</strong> la cotisation<br />

de membre. <strong>No</strong>n-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger).<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

Case posta<strong>le</strong>, 3001 Berne.<br />

<strong>Le</strong> <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

<strong>Le</strong> numéro 2/17 paraîtra <strong>le</strong> 24 novembre.<br />

Délai rédactionnel pour <strong>le</strong> prochain numéro :<br />

<strong>le</strong> 2 octobre.<br />

31<br />

Photographe indépendant, Martin<br />

Bichsel (44 ans) est syndiqué depuis<br />

2003 et actif <strong>dans</strong> la commission des<br />

indépendants du secteur Médias de<br />

<strong>syndicom</strong>. A côté de travaux de<br />

commande, <strong>le</strong> Bernois poursuit ses<br />

propres projets artistiques. Il a réalisé<br />

des portraits de réfugiés à Berne et<br />

s’engage pour une société plus<br />

solidaire.<br />

Propos recueillis par Theodora Peter<br />

Photo : Marco Zanoni<br />

Indépendant grâce<br />

à un coup de chance<br />

Il n’y a pas une journée de travail<br />

qui ressemb<strong>le</strong> à une autre. Si j’ai<br />

une commande de photos à l’extérieur,<br />

je péda<strong>le</strong> de la Länggasse, où<br />

j’habite, jusqu’à la gare de Berne. Je<br />

porte mon équipement <strong>dans</strong> mon sac<br />

à dos. Je prends mon vélo pliant <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong> train. Une fois sur place, c’est bien<br />

pratique. Je n’ai pas de voiture, et je<br />

n’en veux pas. Je n’en aurais besoin<br />

que si je travaillais comme salarié<br />

<strong>dans</strong> un quotidien, ce dont je rêvais<br />

à mes débuts. <strong>Le</strong> destin en a décidé<br />

autre ment, et je ne <strong>le</strong> regrette<br />

pas. Je suis content de ne pas devoir<br />

courir d’un rendez-vous à l’autre.<br />

<strong>Le</strong> revers de la médail<strong>le</strong> pour un<br />

indépendant, c’est qu’on a assez<br />

souvent des mois trop calmes. Mais<br />

ces dernières années, <strong>le</strong> volume de<br />

mes commandes s’est stabilisé. Fort<br />

heureusement, j’ai des clients fidè<strong>le</strong>s<br />

qui s’adressent régulièrement à moi,<br />

par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s coopératives d’habitation<br />

suisses.<br />

En fait, j’ai une formation de<br />

vendeur d’artic<strong>le</strong>s de sport. Après<br />

mon apprentissage, j’ai réalisé un<br />

rêve d’enfance et suis devenu agent<br />

de bord chez Swissair. Cependant,<br />

mon envie de voyager s’est rapidement<br />

émoussée. <strong>Le</strong> goût de la photo,<br />

c’est un ami qui me l’a donné au<br />

cours d’un voyage commun à Madrid.<br />

De retour à Berne, nous avons<br />

monté un labo photo <strong>dans</strong> sa sal<strong>le</strong><br />

de bains et développé nos premières<br />

images. A l’âge de 25 ans, j’ai fina<strong>le</strong>ment<br />

commencé la formation du<br />

GaF (Groupe des photographes autodidactes).<br />

En même temps, je gagnais<br />

ma vie comme coursier à vélo.<br />

Pour moi, c’était plus qu’un simp<strong>le</strong><br />

gagne-pain : c’était comme une<br />

grande famil<strong>le</strong>.<br />

En 2001, une grosse commande<br />

(photographier 300 maisons) m’a<br />

libéré de tout souci pendant un an,<br />

ce qui m’a permis de devenir indépendant.<br />

Peu après, j’ai adhéré au<br />

syndicat (comedia à l’époque) pour<br />

être soutenu en cas de problèmes.<br />

J’ai aussi beaucoup profité des offres<br />

de formation continue pour indépendants.<br />

C’est alors que j’ai remarqué<br />

l’importance du réseautage. C’est<br />

pourquoi je me suis engagé au sein<br />

de la commission des indépendants.<br />

Si je ne suis pas à l’extérieur en<br />

raison d’une commande, je passe ma<br />

journée à faire de l’édition photo et<br />

à liquider des paperasses <strong>dans</strong> mon<br />

atelier du PROGR. <strong>Le</strong> centre culturel,<br />

avec plus de 70 ateliers, est un biotope<br />

stimulant. Je m’y engage bénévo<strong>le</strong>ment<br />

au sein de l’« asi<strong>le</strong> créatif »<br />

pour réfugiés. A titre privé, j’accompagne<br />

éga<strong>le</strong>ment des réfugiés <strong>dans</strong><br />

une vie quotidienne qui tient de la<br />

course d’obstac<strong>le</strong>s. C’est <strong>dans</strong> ce<br />

cadre que j’ai réalisé <strong>le</strong>s portraits,<br />

que j’ai déjà pu présenter <strong>dans</strong> plusieurs<br />

expositions.<br />

<strong>Le</strong> soir, je ne reste pas trop longtemps<br />

au <strong>bureau</strong>. Parfois, je me<br />

rends encore à une réunion du<br />

groupe régional de Public Eye. Je<br />

m’y implique notamment en faveur<br />

de l’initiative pour des multinationa<strong>le</strong>s<br />

responsab<strong>le</strong>s. Un monde plus<br />

juste me semb<strong>le</strong> indispensab<strong>le</strong>.<br />

martinbichsel.ch<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

V<br />

VI<br />

VII<br />

VIII<br />

IX<br />

X<br />

Mot mystère :<br />

4<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

2<br />

7 3<br />

1 2 3 4 5 6 7 8<br />

Offre spécia<strong>le</strong><br />

1<br />

5 8<br />

1 2 Définitions 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

Horizonta<strong>le</strong>ment :<br />

Vertica<strong>le</strong>ment :<br />

I. Vite fait. Prépare la naissance. Pays romain. 1. Epouvanta. Coup gagnant.<br />

II. Ventres vides. Pompant.<br />

2. Vieil<strong>le</strong> patate.<br />

III. Cherche encore ! Réserve souterraine.<br />

3. Troub<strong>le</strong>. Vieux monticu<strong>le</strong>s.<br />

IV. Petit nom du Pendjari. Passé du Sahara à<br />

4. Deux. Cesse.<br />

l’Espagne. Manière. 2<br />

5. Chaîne latino. Pour soi.<br />

V. Saint de la Manche. Ni dieu, ni maître.<br />

Choisisse à nouveau.<br />

6. Ca<strong>le</strong>. Habituel<strong>le</strong>ment par 10. A la hauteur<br />

pour <strong>le</strong>s basses œuvres.<br />

VI. C’est l’enfer ! Signe de propriété. Pas malin. 7. Faire bosser <strong>le</strong>s juges. Grande voisine.<br />

VII. Chemin parallè<strong>le</strong>. Période. Mort. VIII. Partis. 8. En Mésopotamie. Précieusement monté.<br />

Vibré. Aide 7 <strong>le</strong> dessinateur.<br />

3 9. Garnira un puits. Courant au Bénin et<br />

IX. Vieux Européens. Vite dit. Précède <strong>le</strong> pas.<br />

au scrabb<strong>le</strong>.<br />

X. Sert à la boucherie. Homme à lattes. N’est plus. 10. Il réfléchit. Volati<strong>le</strong> terrestre.<br />

6<br />

11. Agent des tubercu<strong>le</strong>s.<br />

12. F<strong>le</strong>ur de mélancolie.<br />

13. Utilisait sa bourse.<br />

14. Chipotent.<br />

15. Attrapée. Troisième personne.<br />

Touche féminine.<br />

4<br />

Annonce<br />

1<br />

5 8<br />

<strong>Le</strong>s mots croisés<br />

<strong>Le</strong>·la gagnant·e, dont <strong>le</strong> nom paraîtra<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

pack de froid, offert par notre partenaire<br />

CPT. Prière d’envoyer votre<br />

solution (<strong>le</strong> mot-mystère seu<strong>le</strong>ment)<br />

jusqu’au 1 er octobre à Rédaction<br />

<strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse 33,<br />

case posta<strong>le</strong>, 3001 Berne.<br />

<strong>Le</strong> gagnant du dernier mots croisés<br />

La solution du mots croisés du<br />

N° 05/2017 était « FROMAGES ».<br />

<strong>Le</strong> gagnant est M. Jean-François Gasser,<br />

Romanel-sur-Lausanne. Il reçoit un<br />

chèque Reka d’une va<strong>le</strong>ur de 50 francs.<br />

Cha<strong>le</strong>ureuses félicitations !<br />

Commandez votre carte AgipPLUS<br />

• sans frais<br />

• sans taxe<br />

• rabais carburant 4.5 cts/lt (sans plomb et diesel)<br />

-4.5<br />

(sur <strong>le</strong>s stations-service Eni/Agip en Suisse et au Liechtenstein)<br />

Commandez votre demande de carte à notre secrétariat<br />

cts par litre<br />

+41 (0)58 817 18 18 - mail@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

6


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

Interactifs : nous voulons rendre nos<br />

clavardages accessib<strong>le</strong>s à tous<br />

<strong>No</strong>us publierons désormais <strong>dans</strong> cette<br />

rubrique <strong>le</strong>s deux meil<strong>le</strong>urs commentaires<br />

ou <strong>le</strong>s deux commentaires <strong>le</strong>s plus<br />

intéressants /controversés que nous<br />

aurons reçus via <strong>le</strong>s médias sociaux,<br />

afin d’associer aux discussions cel<strong>le</strong>s<br />

et ceux qui ne peuvent pas accéder à<br />

Facebook, Twitter ou Instagram.<br />

1<br />

Facebook_Fan24<br />

Voici un exemp<strong>le</strong> inventé de toutes pièces pour te<br />

montrer à quoi pourrait ressemb<strong>le</strong>r ton commentaire<br />

Facebook s’il paraissait aussi <strong>dans</strong> ce <strong>magazine</strong>.<br />

20.09.2017<br />

facebook.com/<strong>syndicom</strong> pour rester <strong>dans</strong> <strong>le</strong> mouvement<br />

Clavardez avec nous sur Facebook, apprenez-en plus sur<br />

nos actions, pétitions et manifs, découvrez nos photos et<br />

vidéos ! En tant que membres du groupe <strong>syndicom</strong>, postez<br />

votre opinion et abonnez-vous à la page <strong>syndicom</strong> CH

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!