Peau noire, médias blancs
À travers une centaine d’exemples puisés essentiellement dans la presse belge et française, ce florilège tente de montrer et démontrer le mécanisme qui s’opère autour des médias occidentaux quand ceux-ci sont amenés à traiter de sujets concernant les Noirs et/ou l’Afrique, au risque d’insuffler quelques pistes d’amélioration.
À travers une centaine d’exemples puisés essentiellement dans la presse belge et française, ce florilège tente de montrer et démontrer le mécanisme qui s’opère autour des médias occidentaux quand ceux-ci sont amenés à traiter de sujets concernant les Noirs et/ou l’Afrique, au risque d’insuffler quelques pistes d’amélioration.
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
I.<br />
L’Afrique est plurielle<br />
(Il n’y pas une Afrique mais des Afriques)<br />
« L’Europe, dès le début vit (la rencontre avec<br />
l’Afrique) en tentant de réduire la différence<br />
de l’Afrique : d’un côté par l’effacement des<br />
individualités et des identités collectives<br />
à l’avantage du corps continental qu’elle<br />
invente, monstre obscur, innommable et<br />
innomé (hic suntleones) qu’elle se charge<br />
de réduire, de dépecer et de nommer ; de<br />
l’autre côté par l’annulation de la mémoire<br />
africaine au profit de sa rhétorique et de<br />
son histoire. »<br />
V.Y. Mudimbe,<br />
L’Odeur du Père<br />
« Alors, aujourd’hui je vous le dis<br />
tout net : je suis noir et je n’aime pas<br />
le manioc en tubercule, mais je ne<br />
dis pas non au manioc en ntumba ; je<br />
n’aime pas le plantain vert mais aloko<br />
frit ; je n’aime pas les chenilles mais<br />
les huitres, j’aime la source en sauce<br />
graine de mon amie Sylvie Nguessan<br />
autant que le steak tartare et la<br />
pièce du boucher bien saignante de<br />
chez Ginette ou faite par mon amie<br />
Mireille Moulin. Ce sont mes choix,<br />
pas le régime alimentaire des Noirs.<br />
Ce sont les acquis culturels récoltés<br />
dans les différents espaces de vie qui<br />
ont fait de moi l’homme que je suis.<br />
Parce que pour moi aussi, l’existence<br />
précède l’essence, je suis né bébé<br />
et noir ; je suis devenu homme et<br />
français. »<br />
Gaston Kelman<br />
Je suis noir et je n’aime pas le manioc,<br />
Max Milo Editions, p. 14<br />
Les esprits n’ont pas bien changé depuis la<br />
colonisation. Lorsque les Occidentaux colonisent<br />
l’Afrique au XIX ème siècle, les territoires ne sont<br />
pas encore délimités. Le territoire est vu comme<br />
le continent, et le continent comme un territoire.<br />
Aujourd’hui, si évoquer les pays occidentaux de<br />
façon distincte est évident dans la presse, il en<br />
est tout autre pour les pays d’Afrique encore<br />
considérés comme une seule région.<br />
On relève au sein des articles de presse<br />
européenne, une confusion entre le continent<br />
africain et les différents pays qu’il abrite. L’Afrique<br />
est considérée comme un tout monolithique.<br />
12 I L’Afrique est plurielle L’Afrique est plurielle I 13