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Sites historiques

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Hildegarde de Bingen<br />

<strong>Sites</strong> <strong>historiques</strong>


Prophétesse à travers les âges<br />

Hildegarde de Bingen<br />

(1098–1179)<br />

célébrée le 17 septembre<br />

Prophétesse à travers les âges<br />

Hildegarde de Bingen (1098–1179) est considérée comme l’une des<br />

femmes les plus marquantes du Moyen-âge allemand. Sa renommée a<br />

depuis dépassé largement les frontières de sa patrie rhénane. De même<br />

qu’elle fascina jadis ses contemporains, elle inspire encore de nos jours<br />

tous ceux qui sont à la recherche d’Absolu et de Salut dans la foi. Le 7<br />

octobre 2012, Hildegard a été élevée au rang de Docteur de l’église par<br />

le pape Benoît XVI, un honneur que seuls trente hommes et quatre<br />

femmes partagent dans l’histoire de l’Église.<br />

L’œuvre théologique, philosophique, musicale et d’histoire naturelle<br />

d’Hildegarde ainsi que sa compréhension même revêtent un caractère<br />

fortement visionnaire et prophétique. L’origine divine se distingue<br />

aussi bien dans la « Lumière vivante » qu’elle voit et entend que dans<br />

la prise de conscience de sa mission de prophétesse. Sainte Hildegarde<br />

voulait secouer les gens de son époque et éviter que Dieu ne sombre<br />

progressivement dans l’oubli. À ce propos elle ne prêchait nullement<br />

une profondeur de sentiments faisant abstraction du cosmos. Bien au<br />

contraire, il lui importait de donner une explication religieuse à l’ensemble<br />

du cosmos et que chacun y vive résolument sa vie de Chrétien.<br />

Tout, le ciel et la terre, la foi et l’histoire naturelle, l’être humain, dans<br />

toutes ses facettes, ses possibilités était, pour elle, le reflet de l’Amour<br />

divin, un don et une mission à la fois.<br />

Les écrits d’Hildegarde s’inspirent avant tout de l’Écriture Sainte, de<br />

la Liturgie, et de la Règle de Saint Benoît, donc des sources enseignées<br />

et pratiquées dans sa vie de religieuse bénédictine. Elle connaît aussi<br />

très bien les Pères de l’Église et les grands penseurs théologiens de son<br />

temps. Dans son premier ouvrage « Scivias » – « Sache les Voies » –<br />

Représentation d’Hildegarde,<br />

style Beuron, abbaye<br />

Sainte-Hildegarde<br />

elle trace un grand aperçu de l’histoire du Salut, au départ de la Création<br />

du monde et de l’homme jusqu’à la Rédemption et la Fin des<br />

Temps en passant par la naissance et l’essence de l’Église.<br />

L’histoire éternelle de Dieu et de l’homme qui s’approche et s’éloigne<br />

de son Créateur revient à chaque fois sous une autre forme. Ce qui<br />

impressionne dans les écrits de ses visions, c’est la force élémentaire<br />

du langage. Non seulement insurpassable en tant que théologienne,<br />

elle l’est également en tant que dramaturge, poétesse et compositrice.<br />

Cette souveraineté se révèle dans la composition de 77 Chants et<br />

d’une sorte d‘« opéra », l‘« Ordo virtutum », une œuvre poétique et<br />

musicale exprimant, dans 35 dialogues dramatiques, l’affrontement<br />

perpétuel du Bien et du Mal. Ce même thème est à nouveau exposé,<br />

de manière théologique, dans son deuxième grand ouvrage, le « Liber<br />

Vitae Meritorum » – « Livre des Mérites de Vie ». L’homme, selon les<br />

idées de base d’Hildegarde,<br />

2<br />

3


Prophétesse à travers les âges<br />

Prophétesse à travers les âges<br />

Pape Benoît XVI<br />

Serviteur des serviteurs de Dieu, en perpétuelle mémoire :<br />

« C’est pourquoi, en vertu du pouvoir de notre autorité apostolique,<br />

pour l’honneur de Dieu, l’augmentation de la foi et la croissance<br />

de la vie chrétienne, nous déclarons que Hildegarde de Bingen,<br />

moniale de l’Ordre de St Benoît, est sainte, qu’elle doit être<br />

inscrite dans le catalogue des saints et qu’elle peut être pieusement<br />

vénérée et invoquée parmi les saints de l’Église universelle.<br />

Nous sommes certains que notre délibération sur la canonisation,<br />

rendue désormais légitime, de cette femme, qui s’est distinguée<br />

tant par sa vie sainte que par sa science théologique, portera dans<br />

l’Église des fruits spirituels. En effet, Hildegarde se consacra entièrement<br />

aux choses de Dieu, qu’elle assimila au plus intime de son<br />

être avec confiance et constance ; elle montra chaque jour la<br />

première place que doivent prendre Dieu et son Royaume. De son<br />

union au Christ se répandit comme d’une source sa fécondité spirituelle,<br />

qui illumina son temps et fit d’elle un modèle perpétuel de<br />

recherche de la vérité et de dialogue avec le monde.<br />

Extrait du décret sur la canonisation (Litterae Decretales)<br />

d’Hildegarde de Bingen du 10 mai 2012.<br />

a été créé libre et placé sa vie entière face au choix de la vivre à l’image<br />

innée de Dieu dans la Création. « Deviens ce que tu es de par ta naissance,<br />

celui, que Dieu a créé – Homme, deviens homme. » Cette parole<br />

si souvent citée aujourd’hui pourrait très bien être empruntée à la<br />

pensée d’Hildegarde.<br />

7 octobre 2012 : le pape Benoît XVI sur la place Saint-Pierre de Rome<br />

après la proclamation de Ste Hildegarde comme Docteur de l’Église<br />

4<br />

5


Prophétesse à travers les âges<br />

Prophétesse à travers les âges<br />

Pape Benoît XVI<br />

En perpétuelle mémoire :<br />

« Nous, à la demande de plusieurs frères dans l’épiscopat et de<br />

nombreux fidèles du monde, après avoir reçu l’avis de la Congrégation<br />

pour la Cause des Saints, ayant longuement réfléchi et<br />

en toute connaissance de cause, en vertu de l’autorité apostolique,<br />

nous déclarons docteur de l’Église Ste Hildegarde de<br />

Bingen, moniale de l’Ordre de St Benoît. Au nom du Père et du<br />

Fils et du Saint-Esprit. »<br />

L’enseignement de la sainte bénédictine se présente comme un<br />

guide pour l’homo viator, l’homme en chemin. Son message apparaît<br />

extraordinairement actuel dans le monde d’aujourd’hui, qui<br />

est particulièrement attiré par tout ce qu’elle a proposé et vécu.<br />

Nous pensons spécialement à la capacité charismatique et spéculative<br />

de Hildegarde, qui se présente comme un stimulant vivant<br />

pour la recherche théologique ; à sa réflexion sur le mystère du<br />

Christ contemplé dans sa beauté ; au dialogue de l’Église et de la<br />

théologie avec la culture, la science et les arts contemporains ; à<br />

l’idéal de la vie consacrée comme possibilité de réalisation humaine<br />

; à la mise en valeur de la liturgie comme fête de la vie ; à<br />

l’idée d’une réforme de l’Église, conçue non pas comme un changement<br />

stérile des structures, mais comme une conversion du<br />

cœur ; à sa sensibilité pour la nature, dont les lois sont à protéger<br />

et ne sauraient être violées.<br />

Extrait de la Lettre apostolique (Litterae Apostolicae) du 7 octobre<br />

2012 pour la proclamation d’Hildegarde de Bingen comme Docteur<br />

de l’Église universelle.<br />

« Le Chœur des anges » – Miniature du<br />

manuscrit de Rupertsberg de Ste Hildegarde<br />

Dans son troisième grand ouvrage,<br />

le « Liber divinorum operum » -<br />

« Livre des Œuvres divines » Hildegarde,<br />

par sa puissante écriture cosmogonique<br />

fait resplendir l’Univers<br />

comme œuvre de Dieu. L’être humain<br />

est présenté comme un microcosme<br />

reflétant, dans toutes ses facultés<br />

physiques et mentales, l’ordre<br />

du macrocosme entier. Tout est relié<br />

dans des rapports interactifs et uni<br />

inséparablement en Dieu. Cette<br />

idée d’unité et de totalité, d’intégralité<br />

est une clé des écrits de sciences<br />

naturelles et de médecine d’Hildegarde.<br />

Ceux-ci en sont fortement<br />

imprégnés. Le Salut et la guérison du malade ne peuvent résulter que d’un<br />

retour à Dieu qui seul engendre les bonnes œuvres et un ordre de vie équilibré.<br />

Prophétesse en son temps, Hildegarde l’est toujours à notre époque<br />

par ses conseils et l’orientation qu’elle prodigue aux gens en errance.<br />

Ses prières prophétiques, Hildegarde les a également pérennisées dans<br />

une correspondance dont nous avons recueilli plus de 390 lettres jusqu’à<br />

nos jours. Ses écrits épistolaires témoignent d’une franchise intrépide,<br />

d’une sincérité sans faille, de son tourment dans ses admonestations,<br />

d’une générosité respirant la fraîcheur et l’humour, de son engagement<br />

en faveur des pauvres et de l’importance de son influence en matière de<br />

politique ecclésiastique auprès des grands personnages du monde politique<br />

et de l’Église. Hildegarde était à son époque une autorité reconnue.<br />

Beaucoup étaient avides de ses conseils même si ceux-ci n’étaient<br />

pas toujours agréables à entendre. Hildegarde est encore de nos jours,<br />

comme elle l’était il y a 900 ans, une épine dans la chair de l’Église et du<br />

monde ainsi qu’un authentique Docteur de l’Église. Elle mourut le 17<br />

septembre 1179, au monastère du Rupertsberg près de Bingen<br />

Sœur Philippa Rath OSB<br />

6<br />

7


Bermersheim<br />

Église où fut baptisée Hildegarde à Bermersheim v.d. Höhe, servant aujourd’hui aux cultes<br />

protestant et catholique.<br />

Bermersheim<br />

La région du Rhin moyen, située entre la Nahe et le coude méridional<br />

du Rhin, jadis province, sur la rive gauche du fleuve, du Grand Duché<br />

de la Hesse, est encore appelée aujourd’hui « Rheinhessen ». C’est une<br />

terre qui témoigne de son histoire, portant les traces de l’âge du bronze<br />

et du fer (2000 ans av. J.C.), peuplée plus tard par les Celtes, les Romains,<br />

les Germains et enfin par les Francs au royaume desquels elle<br />

fut rattachée. Cet espace Rhin-Nahe, zone frontalière et de transit, fut<br />

inévitablement exposé, plus que d’autres contrées allemandes, « à la<br />

destruction et à la modification ».<br />

Détail non négligeable lorsqu’on suit la vie d’Hildegarde qui naît en<br />

1098 à Bermersheim, dans le « Rheinhessen ». Elle est la dixième<br />

« Tableau d’auteur : Hildegarde et son secrétaire Volmar » – Miniature du manuscrit de<br />

Rupertsberg de Ste Hildegarde<br />

9


Bermersheim<br />

enfant de Mechtild et d’Hildebert de Bermersheim, qui appartiennent<br />

à la noblesse locale. Rien, aujourd’hui, dans ce petit village pittoresque<br />

ne laisse penser qu’il fut naguère fief et siège d’une famille dirigeante<br />

qui – d’après la « Vie » d’Hildegarde – se distingua non seulement par<br />

sa haute noblesse et l’ampleur de sa fortune, mais également par son<br />

nom et sa renommée illustres. Bermersheim, comme beaucoup d’autres<br />

anciens villages francs, caractérisés par le suffixe « heim », peut néanmoins<br />

se glorifier d’un passé historique séculaire. Déjà, dans la deuxième<br />

moitié du 8 e siècle, est mentionné dans les actes de donations<br />

du monastère de Lorsch, un bourg bien délimité ; l’origine de celui-ci<br />

remonte donc à une date antérieure. Le seul témoin de cette époque<br />

pourrait être la petite église dont la tour massive date probablement<br />

du premier millénaire. Celle-ci mise à part, le reste du village n’échappera<br />

pas à la destruction et aux transformations évoquées ci-dessus. Il<br />

existe cependant un manuscrit de 1731 « Renovation der Bermersheimer<br />

Lagerbücher », mentionnant l’existence d’une cour seigneuriale<br />

toute proche de l’église. On peut donc supposer que la petite église –<br />

selon l’usage au Moyen-âge – était directement rattachée au domaine<br />

seigneurial de Bermersheim et qu’Hildegarde y fut baptisée. Mais,<br />

comment peut-on être certain aujourd’hui qu’elle est née à Bermersheim<br />

? Vers 1500, l’abbé Trithemius du monastère de Sponheim<br />

citait, dans une biographie d’Hildegarde, le château de Boeckelheim<br />

sur la Nahe comme son lieu de naissance, mais l’exactitude historique<br />

lui importait peu dans un récit hagiographique – comme on peut le<br />

remarquer à plusieurs reprises. Les biographies d’Hildegarde rédigées<br />

de son vivant les « Vita » – « Vie » – se contentent de citer vaguement<br />

: « … de ces côtés-ci de la Franconie … » ou laissent purement<br />

et simplement un espace libre pour une inscription ultérieure. Ses<br />

parents sont juste nommés par leur prénom de baptême.<br />

– Hildebert et Mechtild – ce qui, à l’époque, suffisait entièrement à<br />

ratifier des documents correspondant plus ou moins à des chartes. Signalons<br />

également que, dans le régistre des biens et titres « Funda-<br />

Statue commémorative devant l’église de Bermersheim vor der Höhe<br />

10


Bermersheim<br />

Bermersheim<br />

Vue intérieure du baptistère d’Hildegarde à Bermersheim v. d. Höhe<br />

Ruines du monastère du Disibodenberg, gravure polychrome, 19e siècle<br />

tionsbuch » – cartulaire – du monastère du Rupertsberg, fondé vers<br />

1150 par Hildegarde, les dons provenant précisément de la région de<br />

Bermersheim recouvrent singulièrement avant tous les autres, les neuf<br />

premières pages de la liste des donations. En outre, une note de donation,<br />

vers 1158, confirme la passation du domaine seigneurial de Bermersheim<br />

et d’autres terres seigneuriales aux « Dames » du monastère<br />

de Rupertsberg. Les signataires de la donation – manifestement restés<br />

sans descendance – sont, comme on peut en apporter la preuve, les 3<br />

frères aînés d’Hildegarde qui a, alors elle-même déjà 60 ans. Un des<br />

frères, Drutwinus, apparaît pour la première fois dans un document de<br />

l’archevêque de Mayence, daté de 1127, dans lequel il est cité comme<br />

témoin avec son père Hildebert de Bermersheim.<br />

Nous pouvons donc conclure et prouver par tous ces détails qu’Hildegarde<br />

était bien une « de Bermersheim ». Confirme également cette<br />

thèse le fait que chaque abbesse du monastère de Rupertsberg – et<br />

ensuite celles du monastère d’Eibingen après sa destruction en 1632<br />

– détinrent un pouvoir local à Bermersheim. Les Comtes Palatins assuraient<br />

en même temps leur protection qui, sous la Réforme et par la<br />

suite, se transforma en « tyrannie ». Les droits du monastère réussirent<br />

malgré tout à s’imposer jusqu’à la séparation de la rive gauche du Rhin<br />

en faveur de la France en 1801. Dès la Réforme, l’église de Bermersheim<br />

sera utilisée alternativement par les Catholiques et les Protestants<br />

pour devenir l’église biconfessionnelle actuelle. Elle est depuis<br />

toujours dédiée à Saint Martin, saint patron caractéristique des fondations<br />

franques.<br />

Sœur Teresa Tromberend OSB<br />

12<br />

13


Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />

Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />

(prononcez Disibode)<br />

Même si le visiteur n’y trouve plus aujourd’hui que des ruines comme<br />

témoins d’un passé spirituel considérable, il sera malgré tout impressionné<br />

et fasciné par l’atmosphère solennelle de ces lieux. C’est ici<br />

qu’Hildegarde passa la plus grande partie de sa vie.<br />

Le Disibodenberg, situé au confluent de la Nahe et de la Glan fut, dès<br />

le 7 e siècle, au plus tard, un centre de la vie chrétienne, mais était<br />

vraisemblablement déjà un lieu saint avant Jésus-Christ. Le baptistère,<br />

érigé sur la colline, marqua le début de l’œuvre missionnaire dans<br />

la région de la Nahe. Des missionnaires, venant de régions déjà christianisées,<br />

arrivèrent dans ce pays. Parmi eux se trouvait Disibod. Sur<br />

le mont qui portera plus tard son nom, il se construisit une cellule qui<br />

deviendra même un monastère, selon la tradition à laquelle se réfère<br />

également Hildegarde dans sa « Vie (Biographie) » de Disibod. D’après<br />

un document, sa vénération en tant que saint remonte déjà avant le 9 e<br />

siècle. Au tournant du millénaire, l’archevêque Willigis de Mayence<br />

fonda, à côté du baptistère sur le Mont Saint-Disibod, un chapitre de<br />

chanoines pour 12 ecclésiastiques qui assureraient l’encadrement et<br />

l’assistance spirituels des villages environnants.<br />

En 1108, l’archevêque de Mayence Ruthhard fit venir, au Mont Saint-<br />

Disibod, des Bénédictins de l’abbaye Saint-Jacques de Mayence et en<br />

cette même année débuta la construction d’un nouveau monastère dont<br />

les derniers vestiges laissent encore entrevoir, aujourd’hui, son imposante<br />

dimension. La jeune Hildegarde put donc suivre de ses propres yeux les<br />

travaux de construction et peut-être même s’en inspirer plus tard pour son<br />

monastère du Rupertsberg. Comme le voulait la tradition de l’époque, un<br />

couvent de religieuses jouxtait le monastère de moines sur le Mont Saint-<br />

Disibod. Comme les excavations, aujourd’hui, ne sont pas encore terminées<br />

sur le site, seules des hypothèses peuvent être émises sur l’emplacement<br />

exact de ce couvent. C’est là que Jutta de Sponheim se retira du<br />

Ruines du monastère du Disibodenberg – Ancien hospice des malades<br />

14


Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />

Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />

monde, à l’âge de 20 ans, pour y mener une vie de recluse. Elle prit en<br />

main l’éducation de la jeune Hildegarde et de deux autres jeunes filles qui<br />

lui furent également confiées. La découverte d’une biographie de Jutta,<br />

qui sera plus tard béatifiée, permet de conclure de la spiritualité qui imprégnera<br />

Hildegarde dans sa jeunesse. Parallèlement à sa formation religieuse,<br />

son instruction doit lui avoir permis d’acquérir une culture riche et<br />

variée. Les monastères bénédictins étaient anciennement de véritables<br />

bastions de l’Art et de la Science. Avec, plus tard, à ses côtés, le moine<br />

Volmar, son conseiller érudit, elle sera très vite introduite dans le monde<br />

complexe de la tradition bénédictine. L’ensemble de son œuvre témoigne<br />

de cette culture universelle qui se traduit dans sa façon d’aborder la théologie,<br />

l’histoire naturelle et la médecine, dans sa représentation du « Cosmos<br />

» du monde et de l‘homme, dans la composition de ses chants et à<br />

travers son abondante correspondance.<br />

Entre 1112 et 1115, Hildegarde opte définitivement pour la vie monastique<br />

et prononce les vœux de l’Ordre Bénédictin. À cette occasion, il<br />

est fait mention, dans sa biographie, de l’évêque Otto de Bamberg. Celui-ci<br />

remplaçait l’archevêque Adalbert I, maintenu en captivité par<br />

l‘empereur. En 1136, Jutta de Sponheim, « Magistra » – « Maîtresse » –<br />

du couvent du Disibodenberg, meurt. Et c’est d’un « commun accord »<br />

comme il nous l’a été transmis, qu’Hildegarde est choisie pour lui succéder,<br />

par l’assemblée conventuelle qui s’est élargie à 12 femmes. L’année<br />

1141 va représenter un tournant décisif dans la vie de la nouvelle « Magistra<br />

» du Disibodenberg. « À l’âge de 42 ans et 7 mois », comme elle le<br />

précise exactement, elle va vivre un évènement qu’elle appellera sa<br />

« Vision » et qui va l’engager dans une voie totalement nouvelle. Depuis<br />

son plus jeune âge, Hildegarde était douée d’une intuition exceptionnelle.<br />

Mais à présent, c’est comme si elle avait été saisie par le Feu de<br />

l’Esprit divin, comme une miniature de son premier ouvrage « Scivias »<br />

essaie de le représenter et, dans cette Lumière, elle voit la « Lumière vivante<br />

». Elle La voit et L’entend non par ses « yeux corporels » ou par ses<br />

« oreilles humaines extérieures », mais seulement « intérieurement »,<br />

« en étant éveillée », les yeux corporels ouverts et en dehors de toute<br />

extase. Le genre de vision place Hildegarde au même rang que les Prophètes<br />

de l’Ancien Testament qui reçoivent eux aussi cette même mission<br />

« Écris ce que tu vois et entends ».<br />

Ce n’est pas sans réticence qu’elle se conformera à cet ordre et débute,<br />

en 1141, au Disibodenberg, la rédaction de son premier ouvrage à caractère<br />

théologique et visionnaire, le « Scivias », achevé en 1151. Dans le<br />

doute qui l’assaille à plusieurs reprises pendant son travail, elle consultera<br />

l’abbé Bernard de Clairvaux qui, perplexe au départ, finira par plaider<br />

et s’engager en sa faveur lors du synode de Trêves 1147/48, en présence<br />

du pape Eugène III : il soutiendra les écrits des Visions avec une<br />

telle ferveur et conviction que les textes, après avoir été examinés, seront<br />

lus par le pape en personne devant l’assemblée de cardinaux. Il re-<br />

Ruines du monastère du Disibodenberg<br />

16<br />

17


Le « Disibodenberg » – Mont Saint-Disibod<br />

Le « Rupertsberg » – Mont Saint-Rupert<br />

connaît ainsi la « visionnaire » à qui devait être conféré plus tard le titre<br />

de « Prophetissa teutonica » et l’encourage à poursuivre son œuvre. Le<br />

monastère des moines du Disibodenberg profita sans doute un peu de la<br />

« splendeur » de cette reconnaissance papale.<br />

Mais la séparation du couvent de religieuses et du monastère des<br />

moines était, alors, déjà amorcée. En 1147, malgré toutes les difficultés,<br />

Hildegarde, ensemble avec ses sœurs, prend la décision – preuve,<br />

une nouvelle fois, de son autonomie intérieure – de quitter le mont<br />

Saint-Disibod. Parmi les raisons qui ont pu motiver Hildegarde, la<br />

plus évidente est sans doute l’espace devenu trop étroit pour la communauté,<br />

composée alors de 18 religieuses. Dans une vision, est indiqué<br />

à Hildegarde, l’endroit où construire son nouveau monastère : au<br />

confluent du Rhin et de la Nahe où Saint Rupert avait vécu autrefois<br />

en ermite. Parmi les bienfaiteurs qui permirent la construction du<br />

monastère du Rupertsberg, le comte Palatin Hermann de Stahleck est<br />

cité en premier lieu dans le régistre des biens du Rupertsberg. Le transfert<br />

et l’installation des religieuses se déroulent entre 1147 et 1151 :<br />

Un document témoigne de la consécration de l’église et du monastère,<br />

sur le mont Saint-Rupert, en 1152. Au départ d’Hildegarde, les premiers<br />

signes de déclin se font déjà ressentir dans la communauté des<br />

moines Bénédictins du Disibodenberg.<br />

C’est ainsi qu’au 13 e siècle, l’archevêque de Mayence remet le monastère<br />

avec l’ensemble de ses biens aux Cisterciens qui y demeureront<br />

près de trois siècles environ. En 1559, malgré plusieurs tentatives<br />

de relance, la dissolution est inéluctable et irréversible. Dès le milieu<br />

du 18 e siècle, les bâtiments vont être démolis peu à peu et l’endroit<br />

servira de carrière jusqu’à ce que le site soit repris par un particulier en<br />

1804. La dernière propriétaire, Ehrengard, Baronne de Racknitz, née<br />

Comtesse de Hohenthal, cédera le site de l’ancien monastère à une<br />

fondation, le 21 mai 1989. La « Fondation Scivias » du Disibodenberg<br />

veille à la poursuite des programmes de recherches et à la sauvegarde<br />

et consolidation des vestiges, témoins d’une tradition culturelle chrétienne<br />

plus que millénaire.<br />

Sœur Teresa Tromberend OSB<br />

Le monastère du Rupertsberg avant sa destruction pendant la guerre de Trente Ans – gravure vers 1620<br />

Le « Rupertsberg » – Mont Saint-Rupert<br />

Celui qui suit les traces d’Hildegarde ne découvrira les derniers vestiges<br />

authentiques de son premier monastère qu’en se libérant de deux<br />

notions aliénantes. L’endroit de son monastère s’appelle, depuis le<br />

19 e siècle, « Bingerbrück » et ce qu’il en reste – cinq arcades de l’église<br />

– font partie aujourd’hui du bâtiment d’exposition de la Firme Würth.<br />

Ces cinq arcades nous font néanmoins remonter au XII e siècle. Entre<br />

1147 et 1151, Hildegarde quitte le Disibodenberg et fonde son premier<br />

monastère à l’endroit même où Saint Rupertus fut inhumé. Le<br />

rédacteur de sa « Vie » – biographie – raconte : « Le lieu où la Nahe<br />

se jette dans le Rhin fut désigné à Hildegarde par l’Esprit Saint, à<br />

savoir la colline qui avait été antérieurement baptisée du nom de<br />

son confesseur Rupertus. » Nous possédons très peu de détails sur<br />

la construction même du monastère du Rupertsberg.<br />

Quelques notations et représentations picturales disséminées ont permis<br />

de reconstituer approximativement la disposition des bâtiments.<br />

L’église du monastère, consacrée en 1152 par l’archevêque Henri de<br />

Mayence, se trouvait au centre. C’était une église à trois nefs dont on a<br />

établi les mesures suivantes : une longueur de 30 mètres avec une largeur<br />

18<br />

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Le « Rupertsberg » – Mont Saint-Rupert<br />

Le « Rupertsberg » – Mont Saint-Rupert<br />

de 7 mètres pour la nef centrale et de 4,35 mètres pour les nefs latérales.<br />

Côté est, face à la Nahe, on pouvait apercevoir le chœur à l’abside semicirculaire<br />

couronnée d’un pignon. La nef centrale était flanquée de deux<br />

larges tours. L’église n’avait pas de transept. Les tours abritaient respectivement<br />

les chevets des nefs latérales.<br />

Des documents font mention d’une crypte voûtée où étaient gardées les<br />

reliques de Saint Rupert, éponyme du monastère, et celles de sa mère<br />

Berthe. Elle servira également de sépulture à Sainte Hildegarde. La<br />

crypte se trouvait, comme dans toute église, sous le chœur et son autel.<br />

Une estampe de Meissner, réalisée vers 1620, 12 ans avant la destruction<br />

du monastère par les Suédois, montre l’église entourée de nombreux<br />

bâtiments d’habitation, de dépendances de la ferme et leurs toits,<br />

suspendus à différentes hauteurs. Tout le domaine du monastère était<br />

entouré d’un mur d’enceinte. Quant à l’agencement des différents bâtiments<br />

on pourrait le définir comme suit : De la nef latérale sud, en descendant<br />

quelques marches, on accédait au cloître. Tout autour du<br />

cloître se trouvait la demeure du prélat, le bâtiment du couvent, le<br />

« dormitorium » – dortoir – la salle capitulaire et l’école du monastère.<br />

Au sud-ouest du cloître se trouvaient le cimetière et la chapelle Saint-<br />

Michel. Des chartes dévoilent l’existence, sur le site, d’autres dépendances<br />

comme la « Sommerhaus »– le pavillon d’été – le prieuré avec le<br />

« Patersgarten » – le « Jardin du Père » – et l’hospice. On y apercevait<br />

également le jardin du couvent dont 2 arpents étaient réservés aux vignobles<br />

ainsi que les bâtiments de la ferme et celui des domestiques.<br />

Partant de ces bâtiments situés à l’intérieur de l’enceinte du monastère,<br />

on pouvait rejoindre la métairie en franchissant un portail en direction<br />

de Weiler. La chapelle Saint-Nicolas était intégrée dans le mur d’enceinte<br />

et donc accessible des deux côtés, et près de cette chapelle se<br />

trouvait la porte du monastère et sa conciergerie.<br />

Le monastère d’Hildegarde sur le Rupertsberg n’était pas vraiment un<br />

complexe représentatif, basé sur une idée architectonique bien définie.<br />

La description de Wibert de Gembloux, datant de 1177, semble correspondre<br />

assez bien à la réalité : « Ce monastère fut fondé non pas par un<br />

empereur ou un évêque, un homme puissant ou riche de ce monde, mais<br />

Maquette de reconstitution du monastère de Rupertsberg bei Bingen, Gerhard Roese 1997<br />

par une femme faible et pauvre venue s’installer dans la région. En peu<br />

de temps, en 27 ans, l’esprit monastique comme les constructions extérieures<br />

ont pris une telle expansion que ces bâtiments, au lieu d’être fastueux<br />

et pompeux, sont spacieux, imposants pour être en somme fonctionnels<br />

et bien agencés.<br />

Le rayonnement spirituel du Rupertsberg s’éteint à la mort d’Hildegarde,<br />

en 1179. Même si l’histoire du Rupertsberg se poursuit à travers des détails<br />

intéressants qui nous ont été transmis sur le voisinage conflictuel de la population<br />

de Bingen et du monastère, sur sa période de déclin et ses réformes,<br />

il n’arrivera, malgré tout, plus jamais à jouer un rôle spirituel.<br />

Jusqu’à sa destruction par les Suédois, en 1632, le Rupertsberg, comme<br />

beaucoup d’autres couvents de religieuses, fut un établissement où étaient<br />

« placées des filles de noble naissance » et où l’on appliquait la Règle<br />

bénédictine. Le Rupertsberg, en ruine, ne fut plus jamais reconstruit. Le<br />

domaine et ses biens resteront propriétés du monastère d’Eibingen,<br />

deuxième fondation d’Hildegarde, où un nouvel élan monastique se<br />

manifestera, après les troubles de la Guerre de Trente Ans. Les ruines du<br />

monastère serviront dès lors de carrière dont les pierres extraites seront<br />

20<br />

21


Le retable Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-Roch à Bingen<br />

Le retable Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-Roch à Bingen<br />

utilisées pour construire les bâtiments des communs tandis que les vestiges<br />

de l’église avec abside, pignon, moignons des tours et murs extérieurs<br />

impressionneront encore des générations romantiques jusqu’à la fin du<br />

18 e siècle. Après la Sécularisation, le domaine du monastère sera repris<br />

par un particulier et la démolition des ruines se poursuivra. Lorsqu’en<br />

1857, pour construire le chemin de fer de la vallée de la Nahe, on fait sauter<br />

le rocher sur lequel reposait le reste des tours et du chœur, s’évanouissent<br />

les derniers témoins ostensibles du complexe monacal.<br />

L’explosion n’épargnera pas non plus la crypte, située sous le chœur, du<br />

moins ce qui en restait à l’époque. Ne survécurent que les parties de<br />

l’architecture romane de l’église, incorporées dans des bâtiments d’habitation,<br />

de même que cinq arcades intégrées dans les murs de la maison<br />

Wuerth actuelle. Selon, des sources, les caves y subirent de nombreuses<br />

transformations. Déterminer exactement les parties originaires du XII e<br />

siècle, du moins celles qui pourraient encore exister, exigerait un travail<br />

d’investigation minutieux et approfondi. Les pierres de cette cave en<br />

voûte, entretenue avec dilection par M. Wuerth et ouverte au public,<br />

nous font revivre le long passé mouvementé de ce lieu authentique de<br />

la vie de Sainte Hildegarde de Bingen.<br />

Le retable Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-<br />

Roch à Bingen<br />

Chapelle Saint-Roch, Bingen<br />

La dissolution du monastère d’Eibingen en 1814, relia simultanément et<br />

virtuellement la Chapelle Saint-Roch de Bingen à Sainte Hildegarde.<br />

Pour l’aménagement de cette chapelle, détruite en 1795 et reconstruite<br />

en 1814, la Fraternité de Saint-Roch acheta l’ensemble des ornements<br />

intérieurs de l’église du monastère d’Eibingen. Vint s’y ajouter le trésor<br />

des Reliques, notamment les ossements de Saint Rupert, Saint patron de<br />

l’ancien monastère du Rupertsberg. La Chapelle Saint-Roch abrita ainsi<br />

les traces réelles, vraisemblablement les plus importantes, de l’époque<br />

d’Hildegarde et de l’entière tradition monastique sur le Mont Saint-Rupert<br />

et à Eibingen. Son ornementation, composée de retables et de tableaux,<br />

provenant de l’église du monastère d’Eibingen lui valut d’être<br />

nommée au 19 e siècle, église-Mémorial d’Hildegarde. Ces vestiges disparurent<br />

presque tous dans l’incendie qui ravagea la chapelle en 1889.<br />

Seuls quelques tableaux purent être sauvés. En mémoire de cette tradition<br />

hildegardienne, il fut prévu, dans la chapelle reconstruite, d’y instal-<br />

22<br />

23


Le retable Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-Roch à Bingen<br />

Le retable Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-Roch à Bingen<br />

ler un nouveau et somptueux retable de Sainte-Hildegarde et de Saint-<br />

Rupert, mais seul celui d’Hildegarde fut achevé. D’après un grand tableau<br />

qui avait survécu à l’incendie et qui représentait la vie de la Sainte, Max<br />

Meckel exécuta l’esquisse d’un retable qui fut réalisé par les Busch de<br />

Steinheim, une famille de sculpteurs sur bois. La veuve Margarethe Krug<br />

née Merz, en fut sa généreuse donatrice. C’est pourquoi Sainte Margarethe<br />

est représentée sur le côté fermé du baldaquin. Au centre du retable<br />

se détache à l’avant-plan une statue de Sainte Hildegarde. Tout autour<br />

de celle-ci sont représentées huit scènes de la vie de la Sainte, deux de<br />

chaque côté de la figure ainsi que deux à l’intérieur de chaque volet du<br />

retable. Elles débutent, pour le visiteur, en haut à gauche :<br />

– Hildegarde, jeune enfant, voit une Lumière mystérieuse.<br />

– Hildegarde est amenée par ses parents chez Jutta, au couvent du<br />

Disibodenberg.<br />

– Hildegarde rédige son œuvre « Scivias » au Disibodenberg.<br />

– L’archevêque Heinrich von Mainz (Henri de Mayence) présente les<br />

écrits de Sainte Hildegarde au pape Eugène III et à Bernard de<br />

Clairvaux, lors du Synode de Trèves en 1147.<br />

– La rencontre avec Bernard de Clairvaux (erreur historique).<br />

– L’empereur Barberousse reçoit Hildegarde à Ingelheim, en 1155.<br />

– Hildegarde prêche devant le peuple et le clergé.<br />

– Hildegarde meurt au Rupertsberg.<br />

Malheureusement, seuls les reliefs sur bois composant les scènes des<br />

volets latéraux ont fait l’objet d’un travail de finition. Toute la pièce<br />

centrale du retable y compris la prédelle semble être un travail préliminaire,<br />

c›est-à-dire un modèle en plâtre, peint par la suite. Faute d’argent,<br />

il ne put être réalisé en bois. Les lignes pures et douces des groupes de<br />

personnages des volets latéraux font défaut chez les personnages du panneau<br />

central du retable, plus grossièrement travaillés. Mais cette imperfection<br />

ne nuit en aucun cas à sa popularité. Les grandes peintures sur<br />

les revers des volets représentent le Christ Sauveur ; à droite, un tableau<br />

de l’« Ecce Homo », remémorant probablement la grande statue « Ecce<br />

Autel Sainte-Hildegarde dans la Chapelle Saint-Roc à Bingen<br />

Homo » d’Eibingen dans l’ancienne chapelle Saint-Roch, à gauche, la<br />

Descente de Croix. Au centre de la prédelle est encastré le reliquaire de<br />

Sainte Hildegarde. La châsse est flanquée, de chaque côté, de deux<br />

bustes de Saints représentant Sainte Berthe, Saint Wigbert, Saint Bernard<br />

et Saint Rupert.<br />

P. Dr. Josef Krasenbrink OMI †<br />

24<br />

25


L’ancien monastère d’Eibingen<br />

L’ancien monastère d’Eibingen<br />

– maîtresse – du Rupertsberg exerce sur la deuxième fondation sont fixés<br />

pour la première fois dans une charte datée du 28 novembre 1268.<br />

D’après la liste des abbesses d’Eibingen – nommées au début « Magistra » –<br />

« maîtresse » – Benigna de Algesheim en porta le titre et la charge 44 ans<br />

L’ancien monastère d’Eibingen avant la Sécularisation, 1802<br />

L’ancien monastère d’Eibingen<br />

Hildegarde de Bingen fonda deux monastères : le monastère du Rupertsberg<br />

près de Bingen ainsi que le monastère d’Eibingen, non loin de<br />

Ruedesheim. Une dame de haute naissance, Marka de Ruedesheim,<br />

avait financé la construction à cet endroit, d’un double monastère augustin,<br />

malheureusement déjà déserté en 1165, dans la tourmente de la<br />

guerre menée par l’empereur Barberousse. La prospérité grandissante du<br />

couvent du Rupertsberg conduit Hildegarde à acquérir, en 1165, les<br />

bâtiments endommagés. Elle entreprend leur restauration pour y installer<br />

30 religieuses Bénédictines et, de son monastère du Rupertsberg, se<br />

rend elle-même, deux fois par semaine, en traversant le Rhin, dans sa<br />

nouvelle communauté. Le 22 avril 1219, plus ou moins quarante ans<br />

après la mort d’Hildegarde, le pape Honorius III place le monastère<br />

d’Eibingen sous sa protection. Les droits de tutelle que la « Magistra »<br />

L’aile est, reconstruite, de l’ancien monastère d’Eibingen aujourd’hui église paroissiale de<br />

pèlerinage Sainte-Hildegarde<br />

26<br />

27


L’ancien monastère d’Eibingen<br />

L’ancien monastère d’Eibingen<br />

durant (1373–1417) – plus longtemps encore qu’Hildegarde elle-même.<br />

Les religieuses du monastère d’Eibingen étaient en partie, issues de la bourgeoisie.<br />

À la fin du 15 e siècle et au fil du siècle suivant vont surgir des<br />

tensions entre le « Kurmainz » – siège épiscopal des Princes-Électeurs de<br />

Mayence – et le « Pfalz » – Palatinat, Comtes Palatins – qui se feront ressentir<br />

jusque dans le couvent. Aux alentours de 1505, sous l’archevêque de<br />

Mayence Jakob von Liebenstein, a lieu une réforme du couvent d’Eibingen.<br />

Cette mesure, néanmoins, ne réussira pas à en retarder son déclin. En<br />

1575, ne vivent plus au monastère d’Eibingen que trois sœurs qui, suivant<br />

l’instruction de l’archevêque Daniel Brendel von Homburg, vont partir<br />

s’installer à proximité dans l’abbaye de Cisterciennes de Marienhausen.<br />

C’est ainsi qu’Eibingen pourra, pendant de longues années, servir de gîte<br />

aux sœurs Augustines de Saint-Pierre près de Kreuznach, qui fuyaient la<br />

vague déferlante de la Réforme. Après des négociations de longue haleine,<br />

la fille d’un baron, Cunigundis von Dehrn, abbesse du Rupertsberg obtient<br />

la restitution, garantie par une charte en bonne et due forme du monastère<br />

d’Eibingen et de ses biens. De là vient le titre, usuel depuis 1603, d’« Abbesse<br />

de Rupertsberg et de Eibingen ». Lors de la Guerre de Trente Ans, le<br />

monastère de Rupertsberg est détruit en 1632 par les Suédois qui y mettent<br />

le feu. Via Cologne, les religieuses arrivent avec les reliques d’Hildegarde<br />

au monastère d’Eibingen, en 1636, où règnent misère et pénuries. Les pillages<br />

des troupes mercenaires vont les obliger par la suite à fuir vers<br />

Mayence. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1641 qu’elles rentreront. Anna<br />

Lerch von Dirmstein, dernière abbesse de Rupertsberg ne resta à Eibingen<br />

qu’une période assez courte. Elle dut quitter son poste en 1642. Sous la direction<br />

de la jeune abbesse Magdalena Ursula von Sickingen, le monastère<br />

connaît une période florissante. La vie monastique alternant prières et travail<br />

renaît. L’été 1666, l’abbesse Magdalena meurt de la peste, à l’âge de 52<br />

ans. Son blason décore encore aujourd’hui le chambranle de la porte donnant<br />

sur la cour intérieure de l’église paroissiale d’Eibingen.<br />

En quelques années, la situation économique du monastère d’Eibingen<br />

s’est développée et consolidée à un tel point que d’importants projets de<br />

construction sont envisagés et réalisés. La rénovation des bâtiments, vraisemblablement<br />

disposés en carré, se déroule en trois étapes. De 1681 à<br />

Vue intérieure de l’église paroissiale et sanctuaire Ste Hildegard, Eibingen, avec reliquaire de Ste Hildegarde<br />

1683, sous la direction de l’architecte Giovanni Angelo Barello, l’église et<br />

l’aile ouest vont être entièrement restaurées. D’après une lettre d’indulgence<br />

émise par le pape Clément XI en 1701, l’église dédiée à Saint Rupert<br />

et Hildegarde possédait sept autels. En 1709, sous l’instigation du couvent<br />

d’Eibingen, est imprimé chez Johann Mayren un petit livre de dévotion :<br />

« Recueil des plus nobles reliques … ainsi conservées avec dilection et vénérées<br />

au couvent « Hoch-Adelichen Jungfrau-Closter » à Eibingen dans<br />

le Rheingau … » Cette année-là, on dresse une croix « À la Gloire de Dieu<br />

et pour les défunts » qui se trouve aujourd’hui dans l’ancien cimetière de<br />

l’église. Les visites de l’église du monastère augmentèrent, mais ne purent<br />

cependant en faire un lieu de pèlerinage autonome à Eibingen. Les pèlerins<br />

qui, le matin, se rendaient à Marienthal ou à Nothgottes venaient<br />

juste s’y recueillir sur le chemin du retour, plus particulièrement le 8 septembre<br />

lorsqu’on célébrait la naissance de la Vierge Marie.<br />

Le 21 février 1737 débute la démolition de l’aile est. L’architecte de<br />

Mayence, Johann Valentin Thoman dessine les plans de la nouvelle<br />

28<br />

29


Le Reliquaire d’Hildegarde dans l’église paroissiale<br />

Le Reliquaire d’Hildegarde dans l’église paroissiale<br />

bâtisse. La pose solennelle de la première pierre a lieu le 21 mars, fête de<br />

Saint Benoît, les murs porteurs datant de l’époque d’Hildegarde sont incorporés<br />

à la construction. Le 8 novembre, les charpentiers ont terminé<br />

l’assemblage des poutres du toit qui sera recouvert d’ardoises en octobre<br />

1738. L’aile sud ainsi que les écuries, les étables et la grange vont être<br />

construites progressivement entre 1746 et 1752. Une estampe du Prieur<br />

Joseph Otto (1763–1788) nous permet de découvrir l’ancien aspect du<br />

monastère d’Eibingen.<br />

Au cours des huit années où le monastère est dirigé par Maria Hildegard<br />

von Rodenhausen (1780–1788), s’accroît l’influence d’un nouveau courant<br />

de pensée : le « siècle des Lumières ». Sous l’Électeur Friedrich Karl<br />

Joseph von Erthal, il était prévu de convertir le monastère d’Eibingen en<br />

un home séculier pour dames de haute noblesse. Ce dessein provoque la<br />

vive controverse des religieuses. En 1789, lorsque la Révolution française<br />

éclate, les archives du monastère sont, par précaution, transportées à Alzey<br />

où elles seront gardées jusqu’en 1798. La perte des biens sur la rive gauche<br />

du Rhin va cependant porter préjudice à la situation économique de même<br />

que la pensée de l’époque va sensiblement roder la vie monastique. En<br />

1802, le monastère est fermé et évacué sous décret du gouvernement de<br />

Nassau en 1814. Les autorités transforment l’aile est en un arsenal, l’église<br />

en un dépôt d’armes. La bâtisse va perdre sa forme carrée en 1817 lorsque<br />

les ailes sud et ouest seront démolies. En 1831, le reste des bâtiments sera<br />

racheté par la commune d’Eibingen. L’ancienne église du monastère servira<br />

alors d’église paroissiale, remplaçant l’église du village vétuste et délabrée.<br />

Cette dernière dédiée à Saint Jean Baptiste donnera son nom à la<br />

nouvelle église paroissiale. En 1857, le curé de la paroisse, Ludwig Schneider,<br />

réussit à prouver l’authenticité des reliques d’Hildegarde.<br />

Le Reliquaire d’Hildegarde dans l’église paroissiale<br />

En 1929, 750 e anniversaire de la mort d’Hildegarde, la châsse d’Hildegarde,<br />

conçue par le Frère Radbod Commandeur est réalisée à Maria<br />

Laach et à Cologne pour l’église paroissiale actuelle. Le reliquaire doré<br />

Châsse de Sainte Hildegarde dans l’église paroissiale de pèlerinage à Eibingen<br />

ressemble à un édifice sur lequel sont représentées allégoriquement sur<br />

les battants de porte, les quatre vertus cardinales : courage, justice,<br />

prudence, tempérance. Sur les longs côtés figurent respectivement<br />

quatre Saints. Outre le crâne, les cheveux, le cœur et la langue de<br />

Sainte Hildegarde, le reliquaire contient ses ossements ainsi que des<br />

petites reliques de Saint Giselbert, Saint Rupert et Saint Wigbert.<br />

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1932, trois siècles après la destruction<br />

du monastère du Rupertsberg, un feu dont ont ne connaît pas la cause se<br />

propage dans l’église d’Eibingen. Bravant le danger, les hommes réussissent<br />

à extraire le reliquaire des flammes et à le mettre en sécurité.<br />

L’église et l’aile est sont réduites en cendres. Tenant compte des éléments<br />

de style originels, on va reconstruire une église qui sera consacrée<br />

le 14 juillet 1935 par l’évêque de Limburg Antonius Hilfrich et qui sera<br />

dédiée non seulement à Saint Jean Baptiste, mais également à Hildegarde,<br />

Sainte protectrice et patronne du village. Pour des raisons pratiques,<br />

les deux portails sont orientés vers l’est. Le panneau mural de<br />

l’autel, la mosaïque de galets et les fenêtres ont été conçus par Ludwig<br />

Baur de Telgte. L’armoire vitrée, sur le côté gauche, renferme entre<br />

30<br />

31


La nouvelle Abbaye Sainte-Hildegarde<br />

La nouvelle Abbaye Sainte-Hildegarde<br />

L’ancien monastère d’Eibingen (à droite) et la nouvelle abbaye Sainte-Hildegarde (à gauche)<br />

autres le crâne de Sainte Gudule, Patronne de Bruxelles. Hildegarde<br />

reçut probablement cette relique d’amis originaires du Brabant. À l’extérieur,<br />

se trouve nichée dans le coin sud-est de l’église, au-dessus de la<br />

première pierre de fondation, une statue d’Hildegarde en calcaire coquillier,<br />

réalisée par Franz Bernhard, de Francfort sur le Main. Elle fut<br />

incorporée à la construction en 1957, commémorant la première procession<br />

des reliques d’Hildegarde qui eut lieu en 1857. Tout particulièrement,<br />

le 17 septembre, anniversaire de la mort d’Hildegarde, des pèlerins<br />

de plus en plus nombreux affluent vers Eibingen pour vénérer la<br />

grande sainte en participant à la procession des Reliques.<br />

Dr. Werner Lauter<br />

La nouvelle Abbaye Sainte-Hildegarde<br />

La nouvelle abbaye bénédictine Sainte-Hildegarde dont la construction<br />

s’étendit de 1900 à 1904 surplombe aujourd’hui l’ancien monastère<br />

d’Eibingen. Son fondateur, Prince Karl zu Löwenstein (1834–<br />

Vue sud-est de l’abbaye<br />

bénédictine<br />

Ste Hildegard<br />

1921), une des grandes personnalités du catholicisme au 19 e siècle,<br />

s’était donné pour tâche de faire revivre la tradition des monastères<br />

d’Hildegarde dans des lieux <strong>historiques</strong>.<br />

Dans l’abbaye, reconstruite en style néo-roman vivent aujourd’hui 55<br />

sœurs âgées de 27 à 95 ans. Comme toute religieuse Bénédictine – et<br />

comme Hildegarde de Bingen elle-même – elles conduisent et régulent<br />

leur vie selon la Règle de Saint Benoît, qui est, depuis plus de 1400<br />

ans, toujours valable, intemporelle et actuelle dans ses principes de<br />

base. À la racine et au cœur de toute vocation bénédictine, il y a la<br />

recherche de Dieu. Celui qui se sent appelé et qui désire vivre sa vie<br />

entièrement en présence de Dieu promet de se laisser lui-même guider<br />

par l’Évangile, de placer Dieu au centre de son existence et de Le<br />

chercher dans chaque être, dans chaque évènement et cela dans la<br />

communauté de ceux qui ont choisi et pris le même chemin.<br />

32<br />

33


L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

La vie bénédictine est une vie essentiellement commune. La Liturgie<br />

et l’Office divin y tiennent une place centrale. Puisque « Rien n’est à<br />

préférer à l’œuvre de Dieu » selon la Règle de Saint Benoît, la journée<br />

est scandée par les rassemblements communautaires de l’Office ; sept<br />

fois par jour, les sœurs se réunissent dans le chœur pour la prière communautaire.<br />

Les prières liturgiques sont en grande partie chantées en<br />

latin. Le plain-chant s’harmonise ainsi aux mélodies ancestrales du<br />

Chant grégorien qui interprète musicalement la parole de Dieu d’une<br />

manière sublime. La prière personnelle, les temps de silence, la lecture<br />

spirituelle sont eux aussi inséparables du quotidien.<br />

Conformément à la parole de Saint Benoît, « les vrais moines (ou moniales)<br />

sont ceux qui vivent du travail de leurs mains », le travail des<br />

sœurs – au magasin où l’on vend entre autres des livres et objets d’art,<br />

dans les vignobles, au service vente des produits à base d’épeautre et de<br />

liqueurs, dans les ateliers d’orfèvrerie, de poterie et de restauration – sert<br />

avant tout à assurer la subsistance de la communauté. Les travaux de<br />

recherche scientifique sur l’œuvre d’Hildegarde, l’accueil et l’encadrement<br />

de groupes de visiteurs et de pèlerins font aussi partie des tâches<br />

des sœurs Bénédictines. Elles s’occupent, en outre, de l’accompagnement<br />

spirituel de ses hôtes venus chercher en ce lieu, le silence, le recueillement,<br />

la retraite spirituelle. Les sœurs essaient de reconnaître,<br />

dans chacun d’entre eux, l’appel de Dieu auquel elles désirent répondre.<br />

Tout parle de Dieu, de Son Amour, ce qu’une communauté bénédictine<br />

cherche à témoigner par sa présence dans le monde.<br />

L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

Action de grâce dans l’église abbatiale après la proclamation de Ste Hildegarde comme Docteur<br />

de l’Église<br />

L’imposante église abbatiale a été construite en style roman d’après le<br />

modèle de l’ancienne basilique. Le sanctuaire se prolonge au nord (vers<br />

la gauche) par le chœur des religieuses où la communauté des Bénédictines<br />

de Sainte-Hildegarde se réunit 7 fois par jour pour la prière. Dès<br />

que le visiteur pénètre dans l’église, il est plongé dans une atmosphère<br />

de paix, de sérénité qui l’invite à se recueillir. L’espace élevé, harmonieux<br />

aux lignes pures et sobres séduit le visiteur de même que ses<br />

fresques murales aux couleurs douces, estompées, vaporeuses, d’une<br />

étrangeté empreinte de mystère. L’église est entièrement peinte dans le<br />

« style Beuron ». Le travail fut exécuté sur plusieurs années (1907–<br />

1913), sous la direction de P. Paulus Krebs (1849–1935), de Beuron,<br />

élève du renommé peintre et moine P. Desiderius Lenz (1832–1928).<br />

L’église abbatiale d’Eibingen est considérée comme l’une des compositions<br />

d’ensemble les mieux réussies de L’École d’Art Beuron même si,<br />

manquent à cet ensemble, les fresques originales du Chœur des religieuses<br />

et celles du mur sud opposé, repeintes en blanc dans les années<br />

dix-neuf cent soixante. L’Art Beuron est liturgique et de cette manière,<br />

en même temps, un art Bénédictin. Il sert à glorifier Dieu et invite à la<br />

contemplation, à l’immersion dans le Mystère divin.<br />

L’intérieur de l’église est dominé par l’image monumentale du Christ<br />

dans l’abside. La peinture, sur fond doré, fait penser, quand on l’ob-<br />

34<br />

35


L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

Procession des reliques d’Hildegarde lors de la célébration du centenaire de la restauration de<br />

l’abbaye Sainte-Hildegarde, le 2 juillet 2004.<br />

serve, à une mosaïque byzantine. Le Christ apparaît en Pantocrator,<br />

Roi et Maître de l’Univers et en même temps en Frère qui, les bras<br />

grand ouverts, accueille chacun d’entre nous. Les fresques de l’arcade<br />

du chœur représentent, dans sa partie supérieure, la Cité de Dieu et les<br />

murs de la Jérusalem céleste. L’inscription précise le thème fondamental<br />

de l’ensemble pictural de l’église : « Tabernaculum Dei cum hominibus<br />

», – « La Maison de Dieu parmi les hommes » –. À gauche et à<br />

droite figurent respectivement Saint Benoît et sa sœur Sainte Scholastique,<br />

fondateurs de l’Ordre Bénédictin.<br />

Cinq scènes de l’Ancien Testament sont représentées sur les surfaces<br />

pleines des arcs du mur latéral sud (droite) : L’Arche de Noé ; la visite<br />

de Dieu, c›est-à-dire des trois Anges chez Sarah et Abraham ; le songe<br />

de Jacob de l’échelle atteignant le Ciel ; la procession des Prêtres avec<br />

l’Arche de l’Alliance ; l’autel dédié à « ignoto Deo », à « Dieu inconnu<br />

». Sur le mur latéral opposé nord (gauche), on peut observer,<br />

au-dessus des arcs, des scènes du Nouveau Testament – excepté la<br />

première, celle d’Adam et Ève au Paradis. Les autres représentent<br />

l’Incarnation du Christ ; la dernière Cène ; la Descente de l’Esprit<br />

Saint ; la Communion du Christ avec son Église.<br />

Les peintures, sous les arcs du mur latéral septentrional (gauche) de la<br />

nef centrale sont consacrées à Sainte Hildegarde de Bingen. Elles retracent<br />

cinq épisodes importants de sa vie :<br />

« Hildegarde est confiée à Jutta au Mont Disibod »<br />

« Hildegarde part s’installer au Rupertsberg, près de Bingen »<br />

« Hildegarde rencontre l’empereur Barberousse à Ingelheim »<br />

« Hildegarde fonde le monastère d’Eibingen et guérit un jeune aveugle<br />

à Ruedesheim »<br />

« Un signe du ciel se manifeste à la mort d’Hildegarde ».<br />

Les fresques de la nef latérale sont également dédiées à Hildegarde de<br />

Bingen ainsi qu’aux grandes Saintes de l’Ordre Bénédictin. Sur la paroi<br />

murale orientale, au-dessus de la porte de la sacristie, est représentée<br />

Hildegarde elle-même, tenant une plume dans la main droite. Le<br />

portrait en pied des saintes ne correspond pas à la réalité. Les formes<br />

et les traits ont été volontairement stylisés. Il importait aux artistes de<br />

faire ressortir le caractère symbolique des peintures, le témoignage de<br />

la foi primant sur la peinture historique.<br />

L’église abbatiale Sainte-Hildegarde est, chaque année, la destination<br />

de nombreux groupes de pèlerins et de visiteurs qui, sur les traces de la<br />

grande Sainte, suivent la route d’Eibingen. Chacun y est invité à célébrer,<br />

ensemble avec les sœurs, la louange de Dieu.<br />

Sœur Philippa Rath OSB<br />

Photos : pages 1, 3, 4, 7, 8, 11, 12, 15, 17, 21, 23, 25, 31, 32, 33, 35, 36, 39 Abbaye Sainte-<br />

Hildegarde; pages 13, 19 Dr. Werner Lauter; pages 9, 40 Kurt Gramer, de Bietigheim-Bissingen;<br />

pages 26, 27, 29 Paroisse Sainte Hildegarde (photos: H.G. Kunz)<br />

En couverture : représentation d’Hildegarde dans l’église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

Couverture verso : l’abbaye Sainte-Hildegarde au-dessus de l’ancien monastère d’Eibingen<br />

36<br />

37


L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

L‘Église abbatiale Sainte-Hildegarde<br />

<strong>Sites</strong> <strong>historiques</strong> de Sainte Hildegarde – adresses / contacts<br />

Bermersheim<br />

Kath. Pfarramt<br />

Révérend Heinz Förg<br />

(Paroisse Catholique), Mme Frisch<br />

Niedergasse 2 Klosterberg 1<br />

D-55234 Erbes-Buedesheim/Allemagne D-55234 Bermersheim/Allemagne<br />

Tél. : 0049 / 6731 – 41 289 Tél. : 0049 – / 6731 – 42 477<br />

Disibodenberg<br />

Luise Freifrau von Racknitz<br />

(Baronne Louise de Racknitz)<br />

Kloster Disibodenberg (monastère Disibodenberg)<br />

Disibodenberger Hof<br />

D-55571 Odernheim am Glan/Allemagne<br />

Tél. : 0049 / 6755 – 96 99 188<br />

www.Disibodenberg.de<br />

Bingen<br />

Hildegard-Museum am Strom<br />

Pfarrkirche St. Rupertus und St. Hildegard<br />

(Église paroissiale Saint-Rupert et<br />

(musée Hildegarde)<br />

Sainte-Hildegarde)<br />

Museumstraße 3 Gutenbergstraße 1<br />

D-55411 Bingen am Rhein/Allemagne D-55411 Bingen-Bingerbrueck/Allemagne<br />

Tél. : 0049 / 6721 – 99 15 31 Tél. : 0049 / 6721 – 43 093<br />

www.bingen.de<br />

www.sankt-rupertus-und-sankt-hildegard.de<br />

St.Rochuskapelle (Chapelle Saint-Roch) Hildegardforum der Kreuz-Schwestern<br />

Oblatenkloster Rochusberg 3<br />

Rochusberg 1<br />

D-55411 Bingen am Rhein/Allemagne<br />

D-55411 Bingen am Rhein/Allemagne Tél. : 0049 / 6721 – 928 – 0<br />

Tél. : 0049 / 6721 – 14 225<br />

www.hildegard-forum.de<br />

www.St-RochusKapelle.de<br />

Ruedesheim / Eibingen<br />

Wallfahrtskirche St.Hildegard<br />

(Église de pèlerinage Sainte-Hildegarde)<br />

Pfarramt (paroisse)<br />

Marienthaler Straße 3<br />

D-65385 Ruedesheim am Rhein/Allemagne<br />

Tél. : 0049 / 6722 – 45 20<br />

www.eibingen.net<br />

Abbaye bénédictine Sainte-Hildegarde<br />

Klosterweg 1<br />

D-65385 Ruedesheim am Rhein/Allemagne<br />

Tél. : 0049 / 6722 – 499 – 0<br />

benediktinerinnen@abtei-st-hildegard.de<br />

www.abtei-st-hildegard.de<br />

Série « Hagiographie / Ikonographie / Volkskunde » N o 40121, 1 e édition 2014<br />

© VERLAG SCHNELL & STEINER GMBH REGENSBURG<br />

Leibnizstr. 13 · D-93055 Regensburg<br />

Tél.: 0049 (0) 941 / 7 87 85-0 · Fax : 0049 (0) 941 / 7 87 85-16<br />

Entière production Schnell & Steiner GmbH (S.A.R.L.), Regensburg<br />

Tous droits de reproduction, même partielle, réservés.<br />

ISBN 978-3-7954-8070-7<br />

Le catalogue des éditions Schnell und Steiner est disponible sur internet :<br />

www.schnell-und-steiner.de Statue contemporaine d’Hildegarde réalisée par Karlheinz Oswald (1998)<br />

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