Rapport de la mediatrice Marie-Laure Augry

D’UN EMBALLEMENT
MÉDIATIQUE À L’AUTRE
COMMENT ÉVITER
LES PIÈGES DE LA
SURINFORMATION ?
« Je trouve que les médias en ont
fait beaucoup trop sur Jérôme
Kerviel, qui a susurfer sur un mea
culpa très opportuniste. Son
retour est une vaste opération
de communication. Et j’ai
l’impression que les médias sont
tombés dans le panneau de
ce beau parleur. »
« Les médias se sont-ils contentés
d’être le relais des communicants
de Jérôme Kerviel ou de la
Société générale ? Pourquoi un
tel engouement ? Comment
l’expliquer ? Beaucoup trop de
théâtralisation médiatique. »
« La communication très au
point de Jérôme Kerviel en a
fait le chouchou des médias,
pendant sa marche en Italie avec
une forme de suspense. Du pain
bénit, surtout pour les chaînes
d’info qui en ont rendu compte
en temps réel et en direct.
Vous vous êtes fait manipuler.
Vous avez accordé beaucoup
trop d’importance à un nonévénement.
»
La hiérarchie de l’information :
une préoccupation constante
Les téléspectateurs y sont très
sensibles. Leur grille de lecture,
parfois personnelle, n’est pas
toujours recevable. Mais les
rappels à l’ordre peuvent être
salutaires comme lorsqu’un
événement omniprésent finit
par occulter tous les autres. La
réaction est immédiate : « Pas
vous, pas cela ! »
« Les informations commencent
à devenir lassantes avec le
burkini. Vous n’allez quand même
pas nous en parler pendant
des mois et des mois aux
informations, il faut arrêter, il y
a des choses plus importantes à
traiter que le burkini ! »
« Il est regrettable que votre
journal n’ait pas ouvert sur le
drame survenu au Pakistan,
130 morts dans une prise
d’otages dans une école. Il n’a
été abordé qu’en 3 e position. »
« Les infos people sur Kim
Kardashian, totalement
inintéressantes, ne devraient pas
être présentes sur une chaîne
publique qui se veut de qualité. »
« Marre d’entendre parler de “Kim
Kardatrèschian” qui se balade
avec 4 millions de dollars de
bijoux... Une minute de silence
pour sa grande souffrance !
Quand les médias du service
public tombent dans le médiocre
pour plaire aux médiocres.
Regrettable, au regard de
l’information mondiale et
française ! »
« La hiérarchisation des
informations est pour le moins
surprenante. Les conditions
météo et les vacanciers coincés
sur les routes en premier sujet
traité !!! Que je sache, on ne
déplore aucune victime. N’y a-t-il
pas d’autres événements bien
plus graves que de s’appesantir
sur des gens partant en vacances
et partis imprudemment sur les
routes alors que la météo avait
lancé un message de prudence ?
Ceci n’est qu’un exemple parmi
d’autres car hélas la priorité est
souvent aux faits divers. »
JOURNALISTES COUPÉS
DU RÉEL : POURQUOI
UN TEL RESSENTI ?
Nous serions déconnectés de la vie quotidienne des Français.
Hors sol en quelque sorte. Ce reproche est fréquent et se
retrouve dans une étude récente d’Ipsos : 74 % des personnes
interrogées estiment que les journalistes sont
coupés de leurs réalités. Le reproche d’une information
jugée trop formatée, trop désincarnée.
Les journaux régionaux de
France 3, ancrés dans la
proximité, échappent en grande
partie à cette critique. Cette
même étude d’Ipsos, indique
que 83 % des Français interrogés
souhaitent que l’on accorde plus
de place à l’information locale,
porteuse de sens et constructive.
« La vie quotidienne n’est pas
suffisamment prise en compte.
L’immédiateté de l’information
tend à occulter les informations
du quotidien. Les reportages
sur la vie de tous les jours sont
pourtant une bouffée d’oxygène
au milieu d’information trop
souvent institutionnelle. Il faut
trouver un meilleur équilibre entre
les deux pour plus de visibilité. »
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