magazine CNC été 2018
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ÉTÉ <strong>2018</strong><br />
Liens<br />
naturels<br />
D’un bout à l’autre du Canada,<br />
des personnes prennent soin<br />
de la nature, tout en inspirant<br />
d’autres à s’y connecter.
Conservation de la nature Canada<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong><br />
Conservation de la nature Canada<br />
245, avenue Eglinton Est, bureau 410<br />
Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />
<strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />
Tél. : 416 932-3202<br />
Sans frais : 1 800 465-0029<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est le<br />
chef de file au pays en matière de conservation<br />
des terres, œuvrant à la protection de nos milieux<br />
naturels les plus importants et des espèces qu’ils<br />
abritent. Depuis 1962, <strong>CNC</strong> et ses partenaires ont<br />
contribué à la protection de 2,8 millions d’acres<br />
(plus de 1,1 million d’hectares) de terres, d’un<br />
océan à l’autre.<br />
Le <strong>magazine</strong> Conservation de la nature Canada est<br />
distribué aux donateurs et sympathisants de <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Soci<strong>été</strong> canadienne<br />
pour la conservation de la nature<br />
FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant l’économie<br />
des ressources réalisée en choisissant ce papier.<br />
Imprimé sur du papier Rolland Opaque fait<br />
à 30 % de fibres post-consommation, certifié<br />
Écologo et Procédé sans chlore. Ce papier est<br />
fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le<br />
biogaz comme source d’énergie. L’impression est<br />
effectuée au Canada, avec des encres végétales<br />
par Warrens Waterless Printing. La publication<br />
de ce <strong>magazine</strong> a sauvegardé 29 arbres et<br />
104 292 litres d’eau*.<br />
Graphisme par Evermaven.<br />
COUVERTURE ET CETTE PAGE<br />
Aide de conservation Dutch Creek Hoodoos,<br />
Colombie-Britannique<br />
Photo de Steve Ogle.<br />
Dans notre numéro Hiver <strong>2018</strong>, l’article<br />
principal portait sur Bunchberry Meadows,<br />
près d’Edmonton (Alberta). Nous avons omis<br />
d’y mentionner notre partenaire Edmonton &<br />
Area Land Trust (EALT). <strong>CNC</strong> tient à s’excuser<br />
pour cette omission et souhaite reconnaître la<br />
contribution de EALT dans l’acquisition de<br />
Bunchberry Meadows et sa gestion continue.<br />
CALCULATEUR : WWW.ROLLANDINC.COM/FR.<br />
*<br />
2 SPRING <strong>2018</strong> natureconservancy.ca
Sommaire<br />
Conservation de la nature Canada ÉTÉ <strong>2018</strong><br />
ERICA THOMPSON. TKTKTKTKTKTKT PARTICIPANTS À L'ACTIVITÉ BÉNÉVOLE MUSQUASH TRAIL BLAZERS (N.-B.). <strong>CNC</strong>. WAVE/ALL CANADA PHOTOS. DANE ROY.<br />
Un lien particulier<br />
Pour ma famille et moi, l’<strong>été</strong> est la saison tout<br />
indiquée pour passer du temps ensemble en<br />
plein air. Quelle que soit notre destination,<br />
j’aime toujours inclure Conservation de la nature Canada<br />
(<strong>CNC</strong>) dans mes plans. Je suis curieuse non seulement<br />
de visiter les propri<strong>été</strong>s où nous œuvrons, mais aussi de<br />
rencontrer des voisins de <strong>CNC</strong>, qu’ils soient nouveaux<br />
ou de longue date.<br />
Parmi mes souvenirs les plus marquants de mes<br />
16 années à <strong>CNC</strong>, il y a une promenade dans la forêt<br />
Happy Valley, en Ontario, avec le regretté Dr Henry<br />
Barnett (pas facile de suivre son pas rapide!). Dans<br />
un journal méticuleusement tenu, il a noté les<br />
souvenirs d’une vie passée à observer les oiseaux des<br />
forêts de feuillus de la moraine d’Oak Ridges, preuve<br />
d’un engagement sur plusieurs décennies à observer<br />
les espèces trouvées sur la propri<strong>été</strong> familiale. En<br />
Saskatchewan, il y a eu ma visite de Old Man on His<br />
Back (son ancienne maison de ferme, son centre<br />
d’interprétation, et sa prairie restaurée) en compagnie<br />
de Alan Dumontel. Celui-ci a repris le flambeau de sa<br />
regrettée épouse, Sue (guide-interprète de longue date,<br />
dont les efforts ont mené à la désignation de OMB en<br />
tant que réserve de ciel étoilé). En Ontario, à l’alvar<br />
Carden, j’ai eu le plaisir de rencontrer par hasard mon<br />
vieil ami et mentor Ron Reid, à la cache de Wylie Road.<br />
Ron rénovait cette structure tant appréciée, d’où j’ai<br />
eu la chance d’observer des pies-grièches migratrices<br />
(en voie de disparition) plus d’une fois au fil des ans,<br />
ainsi qu’une mère ourse et son petit, qui retournaient<br />
des pierres en quête de nourriture.<br />
Tous ces souvenirs me rappellent à quel point l’aide<br />
de nos bénévoles, de nos amis et de nos partenaires<br />
est importante pour entretenir nos propri<strong>été</strong>s.<br />
En visitant l’une des Destinations Nature de <strong>CNC</strong><br />
cet <strong>été</strong>, vous rencontrerez probablement d’autres<br />
personnes qui se soucient profondément des endroits<br />
qu’ils contribuent à protéger et à entretenir. Si vous<br />
rencontrez de telles personnes, je vous encourage<br />
à prendre le temps de les saluer et de leur poser des<br />
questions sur leur expérience et sur ce qui les lie<br />
à ces endroits qui leur sont si chers. Je suis persuadée<br />
que vous trouverez leurs réponses inspirantes et que<br />
vous vous sentirez encore plus près de la famille de <strong>CNC</strong>.<br />
Erica Thompson<br />
8<br />
12<br />
14 Créer des liens<br />
Découvrez les aires naturelles qui<br />
orientent les efforts de <strong>CNC</strong> et de<br />
ses partenaires.<br />
16 Étonnante île<br />
L'île Brier, en Nouvelle-Écosse, vaut<br />
vraiment le détour.<br />
17 Plaisir au cube<br />
Kalob Grady, ambassadeur canotkayak<br />
de MEC, explique pourquoi<br />
son cube lui est indispensable.<br />
18 De généreux alliés<br />
Lisez un article sur quatre Canadiens<br />
qui aident <strong>CNC</strong> à veiller sur ses<br />
Destinations Nature.<br />
12 Monarque<br />
Apprenez comment <strong>CNC</strong> aide à protéger<br />
l’habitat de ce remarquable migrateur.<br />
14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
Souvenirs d’un héros de la conservation;<br />
une chance de survivre pour les espèces<br />
aquatiques; la plus vaste étendue de<br />
forêt boréale protégée au monde.<br />
16 Identité naturelle<br />
Philip Brass, artiste Anishinaabe et<br />
chasseur, nous parle de l’importance<br />
d’écouter la nature et de s’y connecter.<br />
18 Un choix tout naturel<br />
Zoë Arnold, coordonnatrice des activités<br />
bénévoles, explique comment son stage<br />
en conservation a contribué à tracer le<br />
Erica Thompson,<br />
chemin de sa carrière.<br />
Directrice principale nationale,<br />
Mobilisation natureconservancy.ca en conservation et Développement<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 3<br />
16
D’UN OCÉAN<br />
À L’AUTRE<br />
Créer des liens<br />
D’un océan à l’autre, <strong>CNC</strong> se concentre sur la création<br />
d’ensembles de milieux protégés au sein de plus<br />
vastes territoires et contribue à créer des liens entre<br />
des instances gouvernementales, d’autres organismes<br />
en conservation et des donateurs.<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) a souvent le plaisir d’annoncer de nouvelles<br />
acquisitions à travers le pays. Chaque annonce est importante en soi et soulève l’enthousiasme.<br />
Les retombées sont cependant encore plus grandes lorsque plusieurs projets<br />
situés à proximité l’un de l’autre se concrétisent, augmentant ainsi la connectivité.<br />
La connectivité est un principe important de la conservation efficace. Plus elle est<br />
grande, moins les processus naturels sont interrompus, ce qui se traduit par une augmentation<br />
des populations d’espèces sauvages viables.<br />
Dans son travail, <strong>CNC</strong> met l’accent sur le regroupement de milieux protégés situés au<br />
sein de vastes espaces nommés « aires naturelles ». Par son processus de planification<br />
écorégionale, <strong>CNC</strong> a défini près d’une centaine d’aires naturelles cruciales pour la protection<br />
des habitats et des espèces au Canada. Son objectif est de faire progresser la conservation<br />
à l’intérieur de ces aires prioritaires.<br />
Tout comme créer des ensembles de milieux protégés est important en conservation,<br />
rassembler un grand nombre de donateurs est essentiel pour réussir. <strong>CNC</strong> est fier de créer<br />
des liens entre des donateurs enthousiastes. Ce faisant, nous conservons un plus grand<br />
nombre de terres, plus rapidement. Le Gouvernement du Canada est notre plus grand<br />
donateur. Ce partenariat avec le Gouvernement, par l’entremise du Programme de conservation<br />
des zones naturelles (PCZN), a connu un succès retentissant. Il nous a permis d’acquérir<br />
plus de 430 000 hectares (plus de 1 million d’acres) d’habitats naturels essentiels à travers<br />
le pays. Le PCZN permet à <strong>CNC</strong> et à d’autres organismes de conservation d’accroître la<br />
connectivité à l’intérieur des aires naturelles, de protéger l’habitat d’espèces en péril et de<br />
protéger les trésors naturels du pays.<br />
Découvrez à la page suivante quelques-unes des aires naturelles où <strong>CNC</strong> et d’autres organismes de<br />
conservation sont à l’œuvre, avec le soutien du Gouvernement du Canada.<br />
Les aires naturelles<br />
de <strong>CNC</strong><br />
Pour situer la centaine d’aires<br />
naturelles de <strong>CNC</strong>, visiter<br />
conservationdelanature.ca/airesnaturelles<br />
© IMMOPHOTO - PATRICE BÉRIAULT.<br />
4 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
ONTARIO<br />
L’arche de Frontenac<br />
Nombre de projets PCZN : 21<br />
QUÉBEC<br />
Sud du golfe du<br />
Saint-Laurent<br />
ÎLE-DU-PRINCE-ÉDOUARD<br />
Aire naturelle de<br />
l’Î.-P.-É.<br />
NOUVEAU-BRUNSWICK<br />
Baie de Fundy<br />
Nombre de projets PCZN : 26<br />
*Statut du COSEPAC (Comité sur la situation des espèces en péril au Canada)<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
2 028 (5 011)<br />
Espèces d’importance : tortue<br />
mouchetée - pop. des Grands Lacs et du<br />
Saint-Laurent (en voie de disparition*),<br />
tortue musquée (préoccupante), noyer<br />
cendré (en voie de disparition), scinque<br />
pentaligne - pop. des Grands Lacs et du<br />
Saint-Laurent (préoccupante), paruline<br />
azurée (en voie de disparition), couleuvre<br />
tachetée (préoccupante), fuligule à collier,<br />
sarcelle d’hiver, garrot à oeil d’or, harle<br />
couronné, canard branchu, pékan, ours<br />
noir, lynx roux.<br />
Principaux habitats : forêt mixte, lacs,<br />
milieu humide, falaises et terrains rocailleux.<br />
Nombre de projets PCZN : 24<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
591 (1 460)<br />
Espèces d’importance : bruant de<br />
Nelson, arlequin plongeur (préoccupante),<br />
bar rayé - pop. du golfe du Saint-<br />
Laurent Sud (préoccupante), râle jaune<br />
(préoccupante), garrot d’Islande - pop. de<br />
l’Est (préoccupante), anguille d’Amérique<br />
(menacée), saumon atlantique - pop.<br />
Gaspé / golfe du Saint-Laurent Sud<br />
(préoccupante), ours noir.<br />
Principaux habitats : marais salés et<br />
d’eau douce, barre de sable, forêts,<br />
lagune, tourbière.<br />
Nombre de projets PCZN : 25<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
717 (1 772)<br />
Espèces d’importance : pluvier siffleur<br />
(en voie de disparition), sterne<br />
pierregarin, bécasseau maubèche<br />
- sous-espèce rufa (en voie de<br />
disparition), chevalier semipalmé,<br />
grand héron, bruant de Nelson,<br />
pygargue à tête blanche, thuya<br />
occidental, léchéa maritime, corème<br />
de Conrad.<br />
Principaux habitats : forêts, cours<br />
d’eau, milieux humides, plages de sable,<br />
dunes, marais salés, estuaires, îles.<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
1 340 (3 311)<br />
Espèces d’importance : bécasseau<br />
semipalmé, castor, cerf de Virginie,<br />
orignal, lynx roux, ours noir, pygargue<br />
à tête blanche, grand pic, canard noir,<br />
eider à duvet, harle huppé, petite<br />
buse, bécasseau sanderling, canard<br />
d’Amérique.<br />
Principaux habitats : côte atlantique,<br />
vastes estuaires, forêt acadienne,<br />
milieux humides, marais salé, plages<br />
de galets, vasières.<br />
COLOMBIE-BRITANNIQUE<br />
West Kootenay<br />
Nombre de projets PCZN : 6<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
55 523 (137 142)<br />
Espèces d’importance : grenouille<br />
léopard - pop. des Rocheuses (en voie<br />
de disparition), caribou des bois - pop.<br />
des Rocheuses (en voie de disparition),<br />
grizzly (préoccupante), truite fardée<br />
versant de l’Ouest - pop. du Pacifique<br />
(préoccupante), blaireau d’Amérique<br />
(en voie de disparition).<br />
Principaux habitats : sommets<br />
accidentés, milieux humides rares,<br />
forêt mature de thuyas et de pruches,<br />
prairies indigènes.<br />
ALBERTA<br />
Contreforts du sud<br />
(Southern Foothills)<br />
Nombre de projets PCZN : 11<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
21 451 (53 007)<br />
Espèces d’importance : wapiti, grizzly<br />
(préoccupante), orignal, pygargue à<br />
tête blanche, aigle royal, buse rouilleuse<br />
(menacée), pin flexible (en voie de<br />
disparition).<br />
Principaux habitats : crêtes, milieux<br />
riverains, prairies de fétuques.<br />
SASKATCHEWAN<br />
(ET ALBERTA)<br />
Bassin de la rivière Milk<br />
Nombre de projets PCZN : 9<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
4 722 (11 668)<br />
Espèces d’importance : tétras des<br />
armoises et chevêche des terriers (en<br />
voie de disparition), pipit de Sprague<br />
(menacée), buse rouilleuse et bruant<br />
à ventre noir (menacées), renard véloce<br />
(menacée), grenouille léopard - pop.<br />
boréale de l’Ouest/Prairies<br />
(préoccupante).<br />
Principaux habitats : collines<br />
ondoyantes, prairies indigènes.<br />
MANITOBA<br />
Delta de l’Assiniboine<br />
Nombre de projets PCZN : 5<br />
Hectares (acres) conservés :<br />
498 (1 231)<br />
Espèces d’importance : tétras à queue<br />
fine, wapiti, pipit de Sprague (menacée),<br />
scinque des prairies (préoccupante),<br />
bruant à ventre noir (menacée),<br />
pie-grièche migratrice excubitorides<br />
(menacée), grenouille léopard<br />
(préoccupante). Des sources de la<br />
rivière Assiniboine abritent la mimule<br />
glabre, une espèce de fleur rare à<br />
l’échelle nationale.<br />
Principaux habitats : dunes de prairie<br />
et prairie mixte indigènes, savane de<br />
chêne, sources, rivière Assiniboine,<br />
forêts de tremble et mixte.1
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
Étonnante île<br />
Sur la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse, la réserve naturelle de<br />
l’île Brier offre aux visiteurs des vues étonnantes sur la vie sauvage.<br />
Phalaropes à bec étroit<br />
L’île Brier, aussi éloignée soit-elle,<br />
vaut le détour. Située à l’extrémité<br />
ouest de la Nouvelle-Écosse, cette<br />
île de 200 habitants est une destination du<br />
Canada atlantique parmi les plus prisées<br />
des amateurs de nature. De Halifax, il faut<br />
compter quatre heures de route, suivies de<br />
deux courtes traversées en bateau, pour<br />
atteindre la propri<strong>été</strong> de <strong>CNC</strong>.<br />
L’<strong>été</strong>, l’île se transforme en paradis pour<br />
l’observation des baleines. De très populaires<br />
croisières permettent de voir des rorquals à<br />
bosse, des rorquals communs et des petits<br />
rorquals en train de se nourrir et de batifoler<br />
dans les eaux riches de la baie de Fundy,<br />
reconnue pour ses marées les plus hautes<br />
au monde.<br />
L’île est aussi reconnue pour ses oiseaux.<br />
Plus de 300 espèces ont <strong>été</strong> identifiées dans<br />
cette Zone importante pour la conservation<br />
des oiseaux (ZICO) d’importance mondiale,<br />
en raison de sa localisation le long du corridor<br />
migratoire de l’Atlantique. C’est un des sites<br />
d'importance en Amérique du Nord pour<br />
l’observation des oiseaux aquatiques, dont le<br />
phalarope à bec étroit et celui à bec large.<br />
Puffins, fous de Bassan, petits pingouins,<br />
macareux et mouettes y sont aussi abondants.<br />
L’automne, des aigles en migration traversent<br />
la région par milliers.<br />
DES PAYSAGES MULTIPLES<br />
Tous ces oiseaux et espèces aquatiques font<br />
de l’île Brier un site de randonnée inoubliable.<br />
<strong>CNC</strong> protège 1 200 acres (490 hectares)<br />
sur l'île, soit environ le tiers de sa superficie.<br />
La réserve naturelle comprend un sentier<br />
de 4 km longeant la spectaculaire et<br />
rocailleuse côte sud. Marchez le long de<br />
plages de galets, sur de basses falaises<br />
rocheuses et le long de trottoirs de bois<br />
traversant des tourbières.<br />
Des colonnes de basalte, formées par<br />
d’anciennes coulées de lave, ajoutent une<br />
autre dimension au littoral complexe et<br />
remarquable de l’Atlantique. Western Light,<br />
un des trois phares de l’île Brier, peut être<br />
aperçu depuis le sentier. À Southern Point, à<br />
proximité de Westport, un monument a <strong>été</strong><br />
érigé à la mémoire de Joshua Slocum qui a<br />
grandi sur l’île Brier et qui, dans les années<br />
<strong>CNC</strong>. PHALAROPES : MARKUS VARESVUO/MINDEN PICTURES.<br />
6 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
Bénévoles pour la conservation en pleine<br />
corvée de nettoyage d'une plage.<br />
1890, a <strong>été</strong> la première personne à faire le<br />
tour du monde à la voile en solitaire.<br />
SENS HORAIRE D'EN HAUT À GAUCHE : <strong>CNC</strong>. VINCE LUK. AVEC LA PERMISSION DE KALOB GRADY.<br />
CONSERVER LA BEAUTÉ<br />
Au cours des dernières années, à la fin août,<br />
<strong>CNC</strong> a organisé sur l'île Brier un barbecue<br />
communautaire, une conférence Ici, on parle<br />
nature et une activité bénévole de nettoyage<br />
des plages. <strong>CNC</strong> participe également à un<br />
projet regroupant plusieurs partenaires, dont<br />
l’objectif est de restaurer la plus grande<br />
tourbière de l’île, qui abrite la benoîte de Peck,<br />
une espèce rare à l’échelle mondiale. Cette<br />
plante à fleurs, en voie de disparition, se<br />
trouve uniquement dans cette région de la<br />
Nouvelle-Écosse et au New Hampshire.<br />
Le temps de l’année le moins brumeux et le<br />
plus agréable pour la randonnée et l’observation<br />
des oiseaux sur l’île Brier est du milieu<br />
jusqu’à la fin de l’<strong>été</strong>.<br />
COMMENT S’Y RENDRE<br />
Du village de Digby : emprunter la Route<br />
217 Ouest jusqu’au village de East Ferry.<br />
Embarquer pour une traversée de 5 à<br />
10 minutes jusqu’à Tiverton (Long Island).<br />
À noter : 1 traversier par heure (15 voitures),<br />
payable en argent comptant.<br />
Poursuivre sur la Route 217 jusqu’à<br />
Freeport, puis prendre un second traversier<br />
pour 5 à 10 minutes jusqu’à Westport sur l’île<br />
Brier. Le sentier de <strong>CNC</strong> est accessible par<br />
le terrain de stationnement situé au bout de<br />
Gull Rock Road ou Lighthouse Road.<br />
SENTIER<br />
Longueur totale : 4 km Difficulté : modérée<br />
Terrain : trottoir de bois, sections rocailleuses<br />
et de galets.<br />
Description : sentier côtier spectaculaire et<br />
site d’exception pour l’observation d’oiseaux.1<br />
DESTINATIONS NATURE<br />
Pour en savoir plus, visitez<br />
destinationsnature.ca<br />
Plaisir au cube<br />
Quand il n’est pas en kayak à défier les vagues<br />
les plus déchaînées, Kalob Grady, ambassadeur<br />
canot-kayak de MEC, relève avec son cube Rubik<br />
d'autres défis qui le comblent.<br />
Le cube Rubik est ce casse-tête<br />
3D multicolore qui est un<br />
grand classique. Je l’ai<br />
essayé pour la première fois à<br />
16 ans, pendant un voyage<br />
de kayak en Ouganda<br />
avec mon école<br />
secondaire. J’ai <strong>été</strong><br />
immédiatement intrigué<br />
par les combinaisons et<br />
arrangements possibles,<br />
et suis devenu accro de le<br />
résoudre à volonté. Depuis ce<br />
premier voyage au cours duquel<br />
j’ai passé chaque instant libre à le<br />
manipuler, ce cube est devenu un<br />
compagnon de voyage indispensable<br />
toujours présent dans mon sac à dos.<br />
Mon cube Rubik m’a accompagné<br />
dans 19 pays au cours<br />
des 7 dernières années.<br />
Même si j’ai moins de<br />
temps libre, dès que j’en<br />
ai la chance, je reprends<br />
mon bon vieux cube.<br />
J’aime particulièrement<br />
jouer dans l’avion. Cela passe<br />
le temps et ne rate jamais de<br />
susciter la conversation avec mes<br />
voisins de siège.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 7
De<br />
bons<br />
voisins<br />
Dans des communautés<br />
à travers le pays, des<br />
personnes s’impliquent<br />
pour aider la population<br />
à explorer la nature et à<br />
s’y connecter.<br />
PAR Sarah Boon, auteure,<br />
réviseure et photographe<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
8 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
« Un sentier devrait<br />
nous servir de guide<br />
qui discrètement nous<br />
introduit au monde,<br />
sans nous faire perdre<br />
notre sens des responsabilités<br />
et notre<br />
indépendance. »<br />
ROBERT MOOR,<br />
AUTEUR DE ON TRAILS: AN EXPLORATION<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
STEVE OGLE<br />
L’exploration et la détente<br />
sont l’essence même de l’<strong>été</strong>.<br />
Pour ajouter un peu de nature<br />
à vos vacances, rendez-vous<br />
sur une propri<strong>été</strong> Destination Nature de<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>).<br />
Vous pourriez y faire d’étonnantes<br />
rencontres sur les sentiers!<br />
Dans le cadre de son programme<br />
Destinations Nature, <strong>CNC</strong> crée un réseau<br />
de terres protégées privées que la population<br />
peut explorer en personne et en<br />
ligne. De Dutch Creek Hoodoos (C.-B.),<br />
à l’estuaire de la Musquash (N.-B.),<br />
nous célébrons des lieux et des espèces<br />
exceptionnels, ainsi que ceux et celles qui<br />
nous aident à veiller sur nos propri<strong>été</strong>s.<br />
« <strong>CNC</strong> a besoin de ses voisins pour<br />
l’aider à entretenir ses sentiers et sa<br />
signalisation, pour offrir des visites<br />
d’interprétation et pour avoir des nouvelles<br />
de ce qui se passe sur place, notamment<br />
les espèces présentes, les ponts emportés<br />
par le courant et les arbres tombés lors<br />
d’une tempête », affirme Erica Thompson,<br />
directrice principale nationale de la<br />
mobilisation en conservation. « L’appui de<br />
nos voisins nous permet de protéger la<br />
nature et de partager notre amour de sites<br />
d’exception, en offrant une expérience<br />
enrichissante à nos visiteurs. »<br />
Poursuivez votre lecture pour connaître<br />
Tom, Roslyn, Alan et Treva, quatre précieux<br />
voisins qui nous aident à conserver des<br />
sites d’exception tout en permettant à la<br />
population canadienne d’en profiter, et qui<br />
transmettent leur amour de la nature.<br />
conservationdelanature.ca<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 9
C’est un site très spécial.<br />
Il est tellement vaste et<br />
contient tant de milieux<br />
humides et de forêts.<br />
Son alvar ouvert est tout<br />
simplement splendide.<br />
ALVAR NORTH BEAR, ONTARIO<br />
Tom Wilson<br />
Président, Carden Field Naturalists<br />
À l’alvar North Bear, au sein de l’aire naturelle de l’alvar Carden, les visiteurs<br />
peuvent explorer la propri<strong>été</strong> de <strong>CNC</strong> grâce à plusieurs sentiers balisés.<br />
DUTCH CREEK HOODOOS, C.-B.<br />
Roslyn Johnson<br />
Ex-stagiaire et adjointe administrative à <strong>CNC</strong><br />
Roslyn Johnson a travaillé à <strong>CNC</strong>, plus<br />
précisément pour le programme consacré aux<br />
Rocheuses canadiennes, avant d’être affectée<br />
à l’aire de conservation Dutch Creek Hoodoos,<br />
où elle est devenue chef de projet pour le<br />
développement des sentiers et la création<br />
des panneaux d’interprétation.<br />
« Ce site est fantastique pour une promenade,<br />
dit-elle. La propri<strong>été</strong> offre des vues<br />
spectaculaires sur la vallée du Columbia et<br />
on y trouve des fleurs magnifiques après la<br />
floraison des balsamorhizes (balsamroot).<br />
On ne sait jamais ce qu’on y verra. »<br />
Mme Johnson est particulièrement attirée<br />
par un des points d’observation où le personnel<br />
de <strong>CNC</strong> a installé un panneau d’interprétation.<br />
De cet endroit, on peut voir de l’autre<br />
côté du lac et apercevoir d’autres propri<strong>été</strong>s<br />
de <strong>CNC</strong>, y compris celle nommée Lac<br />
Columbia−Lot 48 et celle du ranch Thunder<br />
Hill. « La possibilité de voir ces propri<strong>été</strong>s<br />
à partir d’un autre site de <strong>CNC</strong> est la chose<br />
que je préfère le plus, explique Mme Johnson.<br />
J’aime voir l’étendue de notre travail se<br />
refléter dans le paysage. »<br />
Elle précise que bon nombre d’histoires<br />
traitent de la géologie et de la vie sauvage de<br />
Dutch Creek Hoodoos. Dans les récits de la<br />
Première Nation Ktunaxa sur la Création, les<br />
cheminées de fée (hoodoos) sont les côtes<br />
d’un monstre marin géant. Ce lieu constitue<br />
également un important corridor faunique,<br />
l’habitat naturel du blaireau d’Amérique, et un<br />
haut-lieu pour l’observation des oiseaux. « Au<br />
sommet des cheminées de fée, vous pouvez<br />
apercevoir de nombreux oiseaux se nourrir et<br />
voler, certains exécutent d’impressionnantes<br />
acrobaties. Le martinet à gorge blanche est<br />
particulièrement intéressant pour les<br />
ornithologues. »<br />
Roslyn Johnson est maintenant une grande<br />
connaisseuse de Dutch Creek Hoodoos : « Un<br />
printemps, avant d’être embauchée à <strong>CNC</strong>,<br />
j’y ai fait une randonnée sans savoir à quel<br />
point c’était un endroit spécial. J’étais installée<br />
dans la région depuis peu et, puisque ce site<br />
était populaire auprès des visiteurs, je m’y suis<br />
rendue. Une fois à <strong>CNC</strong>, j’ai saisi toute<br />
l’importance de ce lieu du point de vue<br />
écologique, et c’est là que j’ai tout compris. »<br />
Travaillant désormais pour Parcs Canada,<br />
Roslyn Johnson apprécie encore visiter la<br />
propri<strong>été</strong> de Dutch Creek Hoodoos lorsqu’elle<br />
en a l’occasion.<br />
Tom Wilson est président de Carden Field<br />
Naturalists depuis sept ans. « J’ai accepté<br />
d’occuper ce poste pour deux ans, dit-il en<br />
riant. Et il n’y a pas de fin en vue! » Son équipe<br />
de guides-naturalistes participe depuis longtemps,<br />
de manière bénévole, au travail de <strong>CNC</strong><br />
au sein de l’aire naturelle de l’alvar Carden.<br />
Quatre à six fois par année, M. Wilson visite<br />
l’alvar North Bear. « Il est tellement vaste<br />
et contient tant de milieux humides et de<br />
forêts. Son alvar ouvert est tout simplement<br />
splendide. » Selon lui, l’alvar* est un bon<br />
endroit pour s’arrêter manger ou faire une<br />
pause pendant une randonnée en groupe.<br />
<strong>CNC</strong> demande aux visiteurs de rester sur<br />
les sentiers balisés qui serpentent la propri<strong>été</strong>.<br />
« Quelques heures suffisent pour atteindre<br />
le bout du sentier, explique M. Wilson. Certes,<br />
vous pouvez vous dépêcher et le terminer plus<br />
vite, mais pourquoi voudriez-vous faire cela? »<br />
Dans son rôle d’intendant, M. Wilson doit<br />
régulièrement s’aventurer hors du sentier<br />
pour voir ce qui se passe ailleurs sur la<br />
propri<strong>été</strong>. « Récemment, nous avons découvert<br />
une petite zone couverte de domptevenins<br />
de Russie, une espèce envahissante<br />
dont nous devrons nous occuper plus tard »,<br />
dit-il. Les intrus constituent également un<br />
problème. « Les VTT ont causé beaucoup de<br />
dommages dans le passé, mais nos nouveaux<br />
panneaux sont très efficaces. »<br />
Presque chaque recoin de la propri<strong>été</strong> a<br />
<strong>été</strong> visité par M. Wilson. Un jour, en traversant<br />
la forêt, il a aperçu deux martins-pêcheurs.<br />
« J’attends un <strong>été</strong> sec, afin de pouvoir traverser<br />
les milieux humides et explorer la partie<br />
arrière de la propri<strong>été</strong> », dit-il.<br />
Tom Wilson aime visiter l’alvar North Bear<br />
accompagné d’experts tels que des botanistes.<br />
« Un groupe a découvert des astragales<br />
négligés (plante). Je sais maintenant où aller<br />
chaque année pour en trouver. »<br />
STEVE OGLE. BILL MACINTYRE. STEVE OGLE.<br />
* Habitat ouvert sur une base de roche calcaire ou dolomitique, couverte ou non d’une mince couche de terre.<br />
conservationdelanature.ca
MARK TAYLOR.<br />
AIRE DE CONSERVATION DES PRAIRIES<br />
PATRIMONIALES OLD MAN ON HIS BACK, SASK.<br />
Alan Dumontel<br />
Guide-interprète au centre d’interprétation<br />
Alan Dumontel est enraciné dans la prairie<br />
entourant l’aire de conservation des prairies<br />
patrimoniales Old Man on His Back (OMB).<br />
Ses grands-parents s’y sont établis en 1914,<br />
ce qui fait de lui la troisième génération de<br />
la famille sur cette terre, et ses petits-fils la<br />
cinquième. M. Dumontel a grandi avec le<br />
regretté Peter Butala qui, avec son épouse<br />
Sharon, a transféré OMB à <strong>CNC</strong> en 1995. Il<br />
cultivait la propri<strong>été</strong> des Butala avant qu’elle<br />
ne change de mains, contribuant aussi à<br />
restaurer des terres cultivées en prairie<br />
mixte indigène.<br />
« Mon épouse, Sue, a <strong>été</strong> guide-interprète<br />
au centre pendant des années, se rappelle<br />
M. Dumontel. C’était une véritable encyclopédie<br />
ambulante. Après son décès, <strong>CNC</strong> m’a<br />
demandé si je voulais la remplacer. Je n’étais<br />
pas certain de pouvoir faire un aussi bon<br />
travail qu’elle, mais finalement j’y prends<br />
plaisir. Comme j’habite la région, je connais<br />
bien les lieux et son histoire, plus qu’une<br />
personne qui viendrait de la ville. »<br />
« Ce que je préfère c’est de parler avec les<br />
visiteurs. Surtout ceux qui viennent de villes<br />
surpeuplées. C’est un lieu tranquille ici, et<br />
c’est comme cela que nous l’aimons. Je pense<br />
qu’il est aussi important de dire aux gens qu’il<br />
n’y a pas que <strong>CNC</strong> qui protège les prairies<br />
mixtes indigènes, car plusieurs ranchers le<br />
font aussi.<br />
Le centre d’interprétation de OMB est<br />
le lieu préféré de M. Dumontel sur cette<br />
propri<strong>été</strong> dépourvue de sentiers. « On<br />
découvre beaucoup d’objets intéressants ici,<br />
explique-t-il. J’aime aussi présenter le projet<br />
de restauration aux visiteurs, c’est-à-dire là où<br />
nous réaménageons la prairie. »<br />
L’épouse d’Alan Dumontel a joué un rôle<br />
prépondérant dans la désignation d’OMB<br />
en tant que réserve de ciel nocturne. « La<br />
Soci<strong>été</strong> royale d’astronomie du Canada<br />
(Royal Astronomical Society of Canada)<br />
a offert un télescope au centre d’interprétation<br />
en 2016 (à la mémoire de Sue) pour<br />
souligner son 20 e anniversaire. Un astronome<br />
de la région vient parfois ici avec son<br />
équipement pour qu’on passe une soirée<br />
à observer les étoiles. »<br />
ESTUAIRE DE LA MUSQUASH, N.-B.<br />
Treva Fudge<br />
Bénévole pour la conservation<br />
Treva Fudge est bénévole pour la conservation<br />
pour <strong>CNC</strong> depuis de nombreuses années.<br />
Elle a participé à des activités aux îles de<br />
la baie de Fundy et, depuis trois ans, elle<br />
contribue au travail de <strong>CNC</strong> dans l’estuaire<br />
de la rivière Musquash. « J’ai trois enfants<br />
et, depuis peu, un petit-enfant. J’apprécie<br />
vraiment le travail que fait <strong>CNC</strong>, car l’organisme<br />
protège ces propri<strong>été</strong>s uniques pour que mes<br />
petits-enfants puissent aussi en profiter. »<br />
Comme elle se concentre surtout sur son<br />
travail de bénévole, Mme Fudge affirme ne<br />
pas avoir d’endroit préféré dans l’estuaire.<br />
« Ce qui me plaît c’est que l’estuaire de la<br />
Musquash ressemble au sentier qu’on trouve<br />
dans ma région », dit-elle.<br />
« J’aime aider, explique Mme Fudge.<br />
J’aime être dehors et faire du bénévolat.<br />
Cela me fait sortir de la maison et me permet<br />
de travailler avec d’autres personnes. »<br />
Mme Fudge est particulièrement fière<br />
d’avoir contribué au nettoyage du sentier<br />
Five Fathom Hole. « Il était envahi par la<br />
végétation, se rappelle-t-elle. Une personne<br />
nous devançait avec une tronçonneuse,<br />
pendant que nous suivions avec des sécateurs.<br />
Nous devions couper des branches<br />
assez hautes pour permettre au personnel<br />
de <strong>CNC</strong> de passer avec la caméra Google<br />
Trekker. » Bien que les bénévoles étaient<br />
fatigués vers 15 h, Mme Fudge a suggéré de<br />
continuer et de terminer la tâche. « À 16 h 30,<br />
nous avions terminé, dit-elle. C’était la<br />
chose à faire, sinon <strong>CNC</strong> aurait <strong>été</strong> obligé<br />
d’envoyer des employés plus tard pour<br />
terminer le travail. »<br />
Pour voir les images saisies par Google<br />
Trekker sur le sentier Five Fathom Hole,<br />
cliquez sur l’onglet de la galerie de photos de<br />
l’estuaire de la Musquash dans la carte de<br />
Destinations Nature.<br />
Treva Fudge est déjà inscrite pour<br />
prendre part à l’activité bénévole de cette<br />
année à Musquash (Musquash Trail Blazers).<br />
Les bénévoles y construiront des trottoirs<br />
de bois, couperont des branches, nettoieront<br />
des sentiers et installeront des balises sur le<br />
sentier Black Beach de cette propri<strong>été</strong>.1<br />
À l’aire de conservation des prairies patrimoniales Old Man on His Back, les visiteurs peuvent être<br />
accueillis par Alan Dumontel, un rancher de troisième génération doté d’une grande connaissance<br />
de l’histoire de ce territoire, de sa faune et de sa flore.<br />
LES NOUVELLES<br />
DESTINATIONS NATURE<br />
DE <strong>2018</strong><br />
C.-B.<br />
ALB.<br />
Aire de conservation Dutch Creek Hoodoos<br />
Bunchberry Meadows<br />
SASK. Complexe Maymont (visite virtuelle)<br />
MAN. Sentier d’interprétation Agassiz<br />
ONT. Alvar North Bear<br />
QC<br />
Réserve naturelle Alfred-Kelly,<br />
Pointe Saint-Pierre, Archipel d’Hochelaga<br />
N.-É. Réserve naturelle du lac Abraham<br />
N.-B. Réserve naturelle du milieu humide<br />
de Lincoln<br />
Pour en savoir plus, visitez<br />
destinationsnature.ca<br />
conservationdelanature.ca<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
Monarque<br />
Ce papillon est un des<br />
plus emblématiques et plus<br />
étudiés au monde. Chaque<br />
année, certains monarques<br />
entreprennent un périple<br />
migratoire de près de<br />
5 000 km.<br />
12 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
WAVE/ALL CANADA PHOTOS.<br />
APPARENCE ET CYCLE DE VIE<br />
Le monarque est pourvu d'ailes orange vif à bordures noires ornées de deux<br />
rangs de points blancs. Au cours des 2 semaines qui suivent son éclosion, la<br />
chenille du monarque croît rapidement, jusqu’à atteindre plus de 2 000 fois son<br />
poids initial. À maturité, elle se transforme en chrysalide, puis émerge 10 jours<br />
plus tard de son enveloppe sous forme de papillon. Les générations de monarques<br />
d'<strong>été</strong> vivent jusqu'à 30 jours. Ceux qui naissent à la fin de l’<strong>été</strong> dans le sud du<br />
Canada et le nord des États-Unis peuvent quant à eux vivre de 7 à 9 mois.<br />
HABITAT<br />
Au Canada, le monarque trouve l'habitat qui lui est essentiel pour se reproduire,<br />
s'alimenter et se reposer. Ce papillon ne se reproduit en effet que là où pousse<br />
l’asclépiade, l'unique plante dont ses chenilles se nourrissent. L’aster et la verge<br />
d’or lui sont aussi indispensables, car ces fleurs lui fournissent le nectar dont il a<br />
besoin pour sa migration d’automne. Les prairies, prés, marais, bords de route et<br />
jardins peuvent servir d’habitats de reproduction et d’alimentation au monarque,<br />
alors que les milieux forestiers lui servent plutôt d’aires de repos pendant la<br />
migration. Les monarques font escale dans la région des Grands Lacs et en<br />
Nouvelle-Écosse avant d'entreprendre la traversée de vastes étendues d’eau.<br />
DISTRIBUTION<br />
L’aire de distribution du monarque s'étend de l’Amérique centrale aux provinces<br />
canadiennes, en passant par les États-Unis continentaux. En hiver, sa population<br />
de l’Ouest, qu'on trouve en Colombie-Britannique, migre sur la côte californienne.<br />
La distribution de sa population de l’Est s'étend quant à elle de l’Alberta aux<br />
Maritimes. Elle hiverne au Mexique sur seulement quelques hectares de forêt où<br />
domine l’oyamel, aussi appelé « sapin sacré », au sein de la réserve de biosphère<br />
du papillon monarque.<br />
MIGRATION MULTIGÉNÉRATIONNELLE<br />
Chaque année, les monarques s’envolent par millions depuis leurs sites<br />
d’hivernage dans le Sud, et ce, vers une destination qui leur est inconnue.<br />
Seulement 10 % d’entre eux parcourent la distance totale de cette migration<br />
vers le Nord. La plupart des monarques qui atteignent le Canada sont en fait<br />
les « arrière-petits-enfants » des premiers à avoir quitté les sites d'hivernage.<br />
À l’automne, la baisse des températures et la diminution des heures de clarté<br />
entraînent la naissance d’une génération de monarques à l'espérance de vie<br />
plus longue; ceux-ci migreront vers le Sud, soit au Mexique et en Californie.<br />
ALIMENTATION<br />
L’asclépiade est vitale pour la reproduction du monarque. La femelle pond de<br />
300 à 400 œufs sous les feuilles de cette plante qui, après l’éclosion des chenilles,<br />
constituera leur unique source de nourriture. Le déclin de l’asclépiade représente<br />
une lourde menace pour le monarque en Amérique du Nord.<br />
PROTÉGER LE MONARQUE<br />
Pour contribuer à la protection de l’habitat d’espèces telles que le monarque, visitez<br />
conservationdelanature.ca/faitesundon.<br />
Un dangereux périple<br />
vers le nord en quête<br />
d’un chez-soi<br />
En raison du déclin rapide de sa population,<br />
le monarque a récemment <strong>été</strong> désigné en<br />
voie de disparition par le Comité sur la situation<br />
des espèces en péril au Canada (COSEPAC).<br />
La population de l’Est du monarque, estimée<br />
à plus de 1 milliard d’individus à la fin des<br />
années 1990, a chuté à environ 200 millions<br />
d’individus en 2015-2016. En mars 2016, une<br />
tempête a causé de lourdes pertes aux sites<br />
d’hivernage de l'espèce au Mexique.<br />
Le monarque est aussi vulnérable à la<br />
fragmentation et la dégradation de son<br />
habitat. C’est non seulement le cas dans la<br />
forêt de pins oyamel du Mexique, en raison<br />
de la déforestation, mais également ici au<br />
Canada. La raréfaction de l’asclépiade et des<br />
plantes à nectar menacent aussi la survie du<br />
monarque. Les changements climatiques<br />
augmentent la fréquence des phénomènes<br />
m<strong>été</strong>orologiques extrêmes, qui peuvent<br />
affecter un grand nombre de monarques au<br />
cours de leur migration et dans leurs aires<br />
d’hivernage.<br />
Créer des refuges pour les<br />
monarques au Canada<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />
restaure les aires de reproduction, d’alimentation<br />
et de repos du monarque au pays.<br />
Depuis 2011, <strong>CNC</strong> travaille activement à la<br />
restauration de l’habitat des monarques au<br />
Manitoba. Ces travaux incluent la plantation<br />
d’asclépiades et d’autres plantes sauvages<br />
à fleurs, et la collecte de graines d’espèces<br />
indigènes de la région qui seront plantées<br />
ultérieurement. Avec l’aide de bénévoles<br />
pour la conservation, le personnel de <strong>CNC</strong><br />
mène des inventaires de monarques.<br />
En Ontario, <strong>CNC</strong> organise un dénombrement<br />
annuel de papillons dans les plaines du lac Rice,<br />
près de Cobourg. <strong>CNC</strong> a également restauré<br />
plus de 1 480 acres (600 hectares) d'anciennes<br />
terres agricoles sur l’île Pelee et dans le comté<br />
de Norfolk. En ayant accès à des terres<br />
protégées, les monarques et autres papillons<br />
peuvent trouver des sites où se nourrir et se<br />
reproduire. En restaurant des prairies et des<br />
savanes par l'introduction d'asclépiades et<br />
d'autres fleurs sauvages, les monarques auront<br />
de meilleures chances de survivre.<br />
Vous pouvez aider le monarque en cultivant<br />
des plantes indigènes à floraison tardive et<br />
des asclépiades sur votre terrain!1<br />
conservationdelanature.ca<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 13
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
Hommage à un géant de la<br />
conservation de la nature<br />
JAMES DUNCAN<br />
3<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Visitez conservationdelanature.ca/noustrouver<br />
pour plus d’information sur les projets de <strong>CNC</strong>.<br />
1<br />
2<br />
Le 15 janvier <strong>2018</strong>, Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) a perdu<br />
un fervent défenseur de la conservation, James Duncan, vice-président<br />
pour la région de l’Ontario. Toute sa vie durant, James a œuvré en pour<br />
la conservation; il était une source d’inspiration pour ceux et celles qui<br />
travaillaient avec lui.<br />
« Marquées d’un sourire et d’un clin d’œil, les prises de risques<br />
créatives de James ont mené à de remarquables transactions foncières<br />
qui ont permis de protéger certains des milieux naturels les plus<br />
précieux de l’Ontario. De nombreuses générations à venir profiteront<br />
et chériront cet héritage », selon Wendy Cridland, vice-présidente<br />
intérimaire de <strong>CNC</strong> pour la région de l’Ontario.<br />
L’héritage de James perdurera par l’entremise du James Duncan<br />
Memorial Fund (Fonds commémoratif James Duncan). Ce fonds traduira<br />
son engagement et sa passion pour la conservation en Ontario. Une<br />
propri<strong>été</strong> protégée de 7 hectares (17 acres) sur l’île Pelee portera désormais<br />
le nom de James Duncan. De plus, un panneau mentionnant son rôle dans<br />
la conservation de l’île sera installé à un point d’observation ouvert au<br />
public et surplombant l’un des milieux humides restaurés par <strong>CNC</strong>.<br />
Un sentier sera également nommé en l’honneur de James et une plaque<br />
reconnaissant ses contributions sera installée à un point d’observation<br />
sur le lac Supérieur dans la réserve naturelle de la baie Big Trout. De plus,<br />
<strong>CNC</strong> plantera 23 arbres dans les réserves naturelles de <strong>CNC</strong> que James<br />
a contribué à établir, reconnaissant ainsi ses 23 années de service à <strong>CNC</strong>.<br />
Le James Duncan Memorial Fund permettra également de soutenir<br />
le travail de <strong>CNC</strong> sur l’île Cockburn, où James a joué un rôle de premier<br />
plan dans la mise en œuvre des efforts de conservation de <strong>CNC</strong>. Il<br />
permettra de soutenir des projets scientifiques, d’intendance et<br />
d’acquisition de terres (en cours et futurs) en Ontario.<br />
« James a <strong>été</strong>, avant tout, un père, un mari, un fils, un frère et un ami<br />
dévoué, se souvient Dana Kleniewski, directrice du développement et<br />
des communications à <strong>CNC</strong> en Ontario. Nous espérons que ses proches<br />
trouveront un peu de réconfort en sachant qu’il restera à jamais dans<br />
notre souvenir partout dans la province, au sein des nombreuses<br />
propri<strong>été</strong>s magnifiques qu’il a aidé à conserver. »<br />
Pour contribuer au James Duncan Memorial Fund, visitez natureconservancy.ca/<br />
jamesduncan.<br />
<strong>CNC</strong>. BAIE BIG TROUT : COASTAL PRODUCTIONS.<br />
La conservation de la baie Big Trout, en Ontario, est un des nombreux<br />
projets réussis pilotés par James Duncan au cours de ses 20 années à <strong>CNC</strong>.<br />
14 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
SENS HORAIRE, D’EN HAUT À GAUCHE : <strong>CNC</strong>. TELUS. JOHN E. MARRIOT.<br />
2<br />
Offrir aux espèces aquatiques la chance de survivre<br />
ÎLE DESCHAILLONS, QUÉBEC<br />
Qu’est-ce qui respire sous l’eau, vit dans la rivière Richelieu et est en péril au Canada? Si vous avez répondu<br />
le fouille-roche gris, le méné d’herbe et le chevalier de rivière, vous avez trois fois raison!<br />
Ces espèces ont toutes <strong>été</strong> désignées comme étant vulnérables en vertu de la Loi sur les espèces menacées<br />
ou vulnérables du Québec et préoccupantes à l’échelle nationale. Leurs populations ont souffert de la<br />
pollution provenant des eaux de ruissellement et de la destruction de leur habitat. Aujourd’hui, un nouveau<br />
projet de conservation de <strong>CNC</strong> donne toutefois à ces espèces une chance de survivre et de prospérer.<br />
L’île Deschaillons se trouve sur la rivière Richelieu, à Saint-Roch-de-Richelieu, à une vingtaine de kilomètres<br />
de la ville de Sorel-Tracy. <strong>CNC</strong> y protège un site de 49 acres (20 hectares) qui comprend un chenal<br />
riche en plantes aquatiques, qui composent un important habitat pour la vie sauvage, dont certaines espèces<br />
en voie de disparition.<br />
Cette récente acquisition s’ajoute à 15 km de rivage déjà conservés par <strong>CNC</strong> le long du Richelieu.<br />
3<br />
Une collaboration aux retombées<br />
mondiales en conservation<br />
RIVIÈRE BIRCH, ALBERTA<br />
<strong>CNC</strong> célèbre fièrement la protection de 3 300 km 2 de forêt boréale dans<br />
le nord-est de l’Alberta. Ajoutée aux terres voisines déjà conservées, la<br />
zone protégée couvre dorénavant plus de 67 000 km 2 (6,7 millions d’hectares).<br />
Cette zone, qui devient la plus vaste étendue de forêt boréale<br />
protégée au monde, abrite de nombreuses espèces dont la conservation<br />
est préoccupante.<br />
Ce projet sans précédent n’aurait pu se réaliser sans la collaboration<br />
de plusieurs acteurs. Ainsi, <strong>CNC</strong> a facilité la conclusion d’ententes entre<br />
le gouvernement tribal de Tallcree et le gouvernement de l’Alberta en vue<br />
de l’annulation du quota de bois d’œuvre sur la rivière Birch. Des fonds<br />
provenant de Syncrude Canada Ltd., du Programme de conservation des<br />
zones naturelles du Gouvernement du Canada, de la Fondation Schad et<br />
d’autres contributeurs ont rendu possible ce projet. Cette collaboration a<br />
permis la création du nouveau parc sauvage provincial Birch River (Birch<br />
River Wildland Provincial Park).<br />
Près du tiers de la forêt boréale mondiale se situe au Canada. La zone<br />
protégée abrite trois espèces en péril, soit le faucon pèlerin (préoccupante),<br />
le bison des bois (menacée) et le caribou des bois (menacée).1<br />
Cette photo : île Deschaillons (Qc). À droite : bénévole<br />
TELUS. Ci-dessous : caribou.<br />
Pleins feux sur<br />
les partenaires<br />
De nos jours, ceux et celles qui<br />
travaillent en conservation de<br />
la nature dépendent de mégadonnées<br />
(ensemble volumineux<br />
de données) et d’infrastructures<br />
numériques pour leurs activités<br />
d’acquisition et de gestion de<br />
propri<strong>été</strong>s. Pour veiller sur plus de<br />
1,1 million d’hectares de milieux<br />
naturels à travers le pays, Conservation<br />
de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />
a en effet recours à une grande<br />
quantité de données cartographiques<br />
et scientifiques.<br />
TELUS MD est le partenaire officiel<br />
de <strong>CNC</strong> en matière de technologie<br />
et d’innovation. Il fournit des<br />
services Internet, une capacité<br />
de transmission de données, du<br />
matériel informatique, un vaste<br />
réseau et un nouveau système<br />
téléphonique. L’appui de TELUS<br />
aide <strong>CNC</strong> à protéger des habitats<br />
indispensables pour plus du quart<br />
des espèces en péril au pays.<br />
Des membres de l’équipe TELUS<br />
donnent également un coup de<br />
main à <strong>CNC</strong> dans le cadre des<br />
Journées du bénévolat de TELUS.<br />
Ainsi, à l’<strong>été</strong> 2017, 162 employés<br />
ont fait du bénévolat auprès de<br />
<strong>CNC</strong>. Ils ont construit des hôtels<br />
pour abeilles en plus de planter<br />
des arbustes et des fleurs sauvages<br />
pour restaurer l’habitat des<br />
pollinisateurs. Cette année, nous<br />
sommes ravis de travailler avec encore<br />
plus de membres de l’équipe<br />
pour une autre Journée du bénévolat<br />
de TELUS en soutien à <strong>CNC</strong>.<br />
conservationdelanature.ca
UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Une identité<br />
toute naturelle<br />
Philip Brass entre en contact avec le monde naturel en l’écoutant.<br />
Il sert d’interprète au territoire et contribue ainsi à enrichir la<br />
compréhension de la nature par les humains.<br />
DANE ROY.<br />
16 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
DANE ROY.<br />
Artiste anishinaabe et chasseur, Philip Brass se rappelle ses<br />
quatre ou cinq ans alors qu’il marchait derrière son père<br />
dans la vallée de la rivière Qu’Appelle, en Saskatchewan.<br />
Il se souvient encore de la sensation des carex (plante herbacée)<br />
effleurant sa peau et du vent sifflant dans les herbes marécageuses<br />
des prairies.<br />
« Je me souviens de m’être senti petit en comparaison de mon père,<br />
qui était comme un géant pour moi. Mes yeux étaient fixés sur l’arrière<br />
de ses jambes, se rappelle M. Brass. Nous étions à la chasse. Je me<br />
souviens avoir vu les canards tomber du ciel. Il y en avait plusieurs<br />
à mes pieds, et j’étais fasciné par eux. Plus tard, assis autour du feu,<br />
nous avons enlevé les plumes, puis nous avons nettoyé et flambé les<br />
canards (pour éliminer le duvet). L’odeur forte de brulé me rappelle<br />
encore aujourd’hui cette journée. »<br />
Ce lien entre un père et son fils se dit wahkohtowin en langue crie,<br />
ce qui se traduit à peu près par « parenté », explique M. Brass. Ce mot<br />
décrit également la relation des gens avec la nature, et s’inscrit dans<br />
les lois naturelles cries.<br />
« Par le wahkohtowin, nous reconnaissons que toutes les formes<br />
de vie sont reliées, des espèces végétales aux espèces animales, en allant<br />
même jusqu’aux microorganismes vivant dans le sol. Nous respectons<br />
notre interaction avec ces formes de vie, nos rôles respectifs et la relation<br />
que nous entretenons avec l’écosystème que nous habitons. »<br />
M. Brass est membre de la nation crie Peepeekisis de Saskatchewan.<br />
Dans cette communauté et ses environs, il travaille avec les jeunes<br />
Autochtones et non-Autochtones, leur enseignant les connaissances et<br />
les habiletés traditionnelles requises pour veiller sur la terre et en vivre.<br />
Par le wahkohtowin, nous reconnaissons<br />
que toutes les formes de vie sont reliées,<br />
des espèces végétales aux espèces<br />
animales, en allant même jusqu’aux<br />
microorganismes vivant dans le sol.<br />
« Tout ce que nous faisons sur la terre est fait à la manière d’une<br />
prière. Que ce soit marcher, chasser ou cueillir des herbes médicinales,<br />
tout cela s’inscrit dans une cérémonie. Certains enseignements accompagnent<br />
chacune de ces activités. »<br />
La présence de jeunes sur la terre offre de nouvelles possibilités<br />
de comprendre et de nouer des relations entre nous et avec la nature,<br />
explique M. Brass.<br />
« L’apprentissage sur le terrain offre l’occasion de remédier à de<br />
nombreux conflits sociaux auxquels les enfants sont confrontés. Par<br />
exemple, deux garçons peuvent ne pas s’entendre à l’école, mais<br />
lorsque je les emmène sur la terre, où ils doivent travailler ensemble,<br />
ils développent rapidement un sentiment d’appartenance. »<br />
En permettant aux jeunes d’entrer en contact avec la nature,<br />
M. Brass les aide à entrer en contact avec leur culture et avec ses<br />
enseignements traditionnels.<br />
L’héritage saulteux et cri de Philip Brass<br />
influence sa relation avec la nature.<br />
« Mon identité saulteux et crie influence<br />
ma façon d’entrer en contact avec la nature.<br />
Des esprits habitent chaque écosystème.<br />
Lorsque je parle le cri, je parle la langue de la<br />
terre. Les cultures autochtones et leur survie<br />
dépendent de l’existence de celle-ci. »<br />
M. Brass est désormais le père de six<br />
garçons, dont cinq sont des adolescents<br />
adoptés lors d’une cérémonie traditionnelle.<br />
« Nos adoptions se font selon nos traditions<br />
et nos pratiques culturelles. Ces garçons<br />
font partie de notre communauté. Certains<br />
n’ont pas de père, alors que d’autres ont un<br />
père aimant dans leur vie, mais n’ont peut-être<br />
pas les moyens financiers ou les connaissances<br />
culturelles pour offrir certaines occasions<br />
d’apprentissages et enseignements. Je passe<br />
beaucoup de temps sur la terre avec eux. Ils<br />
sont devenus des membres de la famille. »<br />
Dans un monde souvent dominé par les<br />
écrans et les médias sociaux, M. Brass est<br />
passionné par l’idée de ramener la nature dans<br />
la vie des jeunes. En transférant les connaissances<br />
qu’il a acquises de son père et des<br />
générations qui l’ont précédé, il s’efforce de<br />
combler l’écart entre le monde naturel et le<br />
monde humain.<br />
« J’ai eu le privilège d’être introduit à ce<br />
mode de vie, dit M. Brass. En tant que père,<br />
je suis responsable de transmettre ma relation<br />
profonde avec la nature à mes enfants et<br />
à ma communauté. »1<br />
conservationdelanature.ca<br />
ÉTÉ <strong>2018</strong> 17
GRANDEUR<br />
NATURE<br />
Un choix tout naturel<br />
Par Zoë Arnold, coordonnatrice des activités bénévoles à <strong>CNC</strong> en Alberta; propos recueillis par Adam Hunter, adjoint aux communications à <strong>CNC</strong>.<br />
Au cours d’une activité Bénévoles pour la<br />
conservation à la propri<strong>été</strong> Marsh de Waterton,<br />
en Alberta, je me suis promenée lentement<br />
dans les herbes hautes, tout en profitant du magnifique<br />
paysage. J’ai soudain senti un de mes orteils effleurer<br />
quelque chose; un faon se trouvait à mes pieds, blotti<br />
dans l’herbe. Sachant que je devais le laisser tranquille,<br />
j’ai doucement rebroussé chemin, tout en pointant le<br />
petit animal aux bénévoles. Leur expression émerveillée<br />
n’avait pas de prix; les voir entrer en contact avec la<br />
nature a <strong>été</strong> pour moi une expérience très inspirante.<br />
Ce fut le moment le plus mémorable de mon stage à<br />
<strong>CNC</strong>. Cela m’a fait réaliser à quel point j'aime amener les<br />
gens à entrer en contact avec la nature. Comme stagiaire,<br />
j’ai acquis diverses compétences qui me servent quotidiennement<br />
dans mon travail de coordonnatrice du programme<br />
Bénévoles pour la conservation en Alberta. J’ai acquis des<br />
compétences en communication, comme celle de parler<br />
devant des groupes de bénévoles, et de rédiger des récits<br />
publiés sur le blogue et le site Web de <strong>CNC</strong>. J’ai aussi<br />
appris à identifier des espèces, une compétence indispensable<br />
pour animer des activités d’extraction d’espèces<br />
envahissantes et d’inventaires.<br />
Trois ans après mon premier stage, mon travail<br />
consiste maintenant à superviser la prochaine génération<br />
de stagiaires en conservation. Comme j’ai déjà <strong>été</strong> à leur<br />
place, j’arrive à m’identifier à eux et je suis consciente<br />
de la grande quantité de choses qu'ils ont à apprendre.<br />
Le programme de stages de <strong>CNC</strong> permet aux futurs<br />
conservationnistes de développer leurs habiletés sur<br />
le terrain plutôt qu'en classe. Les stagiaires sont d'une<br />
importance vitale pour le travail de <strong>CNC</strong>. Ils contribuent<br />
à bon nombre d’activités de gestion indispensables,<br />
qu’il s’agisse de lutter contre les espèces envahissantes,<br />
de restaurer des habitats ou de mener des inventaires<br />
d’espèces.<br />
Encourager les gens à se soucier de la nature puis<br />
constater l’effet d’entraînement qui en résulte est ce que<br />
j’aime le plus de mon emploi actuel. Plus nous arrivons<br />
à connecter de gens à la nature, plus la conservation<br />
aura du succès à long terme. J’ai l’intention de travailler<br />
indéfiniment dans ce domaine et de partager son importance<br />
avec d’autres.<br />
Découvrir ce faon dans l’herbe et voir le visage de tout<br />
le monde s’illuminer en le voyant, ainsi que l’ensemble de<br />
l’expérience que j'ai vécue lors de mon stage, m’ont fait<br />
réaliser qu’une carrière dans le domaine de la conservation<br />
était un choix tout naturel.1<br />
Cette année, <strong>CNC</strong> accueille 85 stagiaires d’un océan à l’autre,<br />
en partie grâce au programme Expérience emploi <strong>été</strong> du<br />
Gouvernement du Canada.<br />
EMILY PRESS.<br />
18 ÉTÉ <strong>2018</strong> conservationdelanature.ca
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DE VOS<br />
NOUVELLES<br />
La nature nous<br />
soutient<br />
Pour les enfants<br />
« J’aimerais dire " Merci pour l'idée!"<br />
à l’auteur de l’article Mouvements<br />
migratoires, publié dans le Magazine<br />
<strong>CNC</strong> (Hiver <strong>2018</strong>). Nous nous sommes<br />
servis de cette idée pour notre réunion<br />
sur le thème de la migration des animaux<br />
avec les Jeunes naturalistes de Kingston<br />
(Kingston Junior Naturalists).<br />
Les jeunes ont utilisé une carte pour<br />
compléter quatre zones d'activités en<br />
lien avec les migrations. Ils ont appris à se<br />
servir d'objets en guise de becs d'oiseaux<br />
pour ramasser de la nourriture, tracé<br />
les routes migratoires avec de la corde,<br />
cartographié les destinations des oiseaux<br />
à l'aide d'autocollants, en plus de faire<br />
une course à obstacles inspirée des défis<br />
auxquels font face les oiseaux migrateurs.<br />
Finalement, ce fut une façon d'apprendre<br />
qui a amusé tout le monde! »<br />
~ Anne Robertson, Coordonnatrice,<br />
Jeunes naturalistes de Kingston.<br />
Ce groupe a contribué à la collecte<br />
de fonds pour le travail de <strong>CNC</strong><br />
à la plaine Napanee et dans l'arche<br />
de Frontenac, en Ontario.<br />
« Pendant nos études à l’université<br />
de la Saskatchewan, Sharon<br />
et moi avons eu la chance inouïe<br />
de voyager à travers la province<br />
grâce à nos emplois d’<strong>été</strong>, qui<br />
ont enrichi notre parcours vers<br />
des diplômes en médecine et<br />
en médecine v<strong>été</strong>rinaire. Ces expériences ont renforcé l’amour de la nature que<br />
nous avions nourri en grandissant dans les Prairies, où les merveilles de la nature<br />
étaient à nos portes.<br />
Ces lieux intacts et abondants, que nous tenions pour acquis durant ces années,<br />
sont maintenant menacés. Nous portons donc une responsabilité d’assurer la<br />
protection d’un réseau viable d’écosystèmes qui nourrit nos esprits, constitue<br />
une zone tampon pour les désastres environnementaux et, ultimement, nous<br />
soutient en tant qu'espèces.<br />
Voilà sans doute ce qui a motivé les fondateurs de <strong>CNC</strong> dans les années 1960<br />
alors que des efforts étaient faits par un petit groupe d'individus pour protéger<br />
un habitat naturel du sud de l’Ontario reconnu comme « spécial » quant à<br />
la qualité de son paysage, ainsi que sa faune et sa flore abondantes. Ces personnes<br />
ont visiblement rejoint un sentiment partagé par de nombreux Canadiens,<br />
si on observe la croissance extraordinaire de <strong>CNC</strong>, au point de devenir le<br />
plus important organisme en conservation du Canada.<br />
Nous sommes ravis de jouer un rôle dans le travail de conservation au Manitoba et<br />
nous invitons la population à participer à la protection de notre abondante nature<br />
pour les générations futures. Le fait que moins de 1 % de l’écosystème des<br />
prairies à herbes hautes subsiste en Amérique du Nord nous envoie un message<br />
à tous : il est impératif de conserver la nature et de recourir à une approche équilibrée<br />
pour gérer nos ressources. »<br />
~ Ken et Sharon Mould appuient <strong>CNC</strong> depuis 2003. M. Mould est<br />
membre du conseil régional de <strong>CNC</strong> au Manitoba et fait partie du comité<br />
national de conservation de <strong>CNC</strong>.<br />
Partagez vos histoires avec nous à <strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />
AVEC LA PERMISSION DE KEN ET SHARON MOULD.<br />
CONSERVATION DE LA NATURE CANADA<br />
55, avenue du Mont-Royal Ouest, bureau 1000, Montréal (Québec) H2T 2S6<br />
RE ID<br />
F 18 A2