21.03.2019 Views

La liberté rachetée. Penser le salut au temps de l'athéisme

« S’il y a donc péché de l’homme, c’est parce que Dieu aime. S’il y a salut de l’homme, c’est parce que Dieu aime. Et qui le sait mieux que le Verbe de Dieu, en qui toute vie se communique puisqu’il est le Fils et qu’il est la vie ? Qui sait ce qu’est le pardon de Dieu indéfiniment, éternellement patient pour toute faute, sinon celui en qui toute vie surgit comme un surcroît inespéré que Dieu conjugue, conjoint avec lui-même dans l’éternité de l’amour ? » C’est ainsi que le père Albert Chapelle, s.j., concluait une belle étude, dans laquelle il s’attachait à redire le langage du salut, compte tenu des revendications de la liberté athée. Cette étude est ici, pour la première fois, éditée et commentée. Elle permet d’entrer dans une intelligence renouvelée des différentes théories de la rédemption élaborées au fil de la Tradition chrétienne, relues et symbolisées selon le vocabulaire biblique de la médiation.

« S’il y a donc péché de l’homme, c’est parce que Dieu aime. S’il y a salut de l’homme, c’est parce que Dieu aime. Et qui le sait mieux que le Verbe de Dieu, en qui toute vie se communique puisqu’il est le Fils et qu’il est la vie ? Qui sait ce qu’est le pardon de Dieu indéfiniment, éternellement patient pour toute faute, sinon celui en qui toute vie surgit comme un surcroît inespéré que Dieu conjugue, conjoint avec lui-même dans l’éternité de l’amour ? »
C’est ainsi que le père Albert Chapelle, s.j., concluait une belle étude, dans laquelle il s’attachait à redire le langage du salut, compte tenu des revendications de la liberté athée. Cette étude est ici, pour la première fois, éditée et commentée. Elle permet d’entrer dans une intelligence renouvelée des différentes théories de la rédemption élaborées au fil de la Tradition chrétienne, relues et symbolisées selon le vocabulaire biblique de la médiation.

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

I. Histoire <strong>de</strong>s théories <strong>de</strong> la ré<strong>de</strong>mption<br />

13<br />

ment du corps. C’est à l’intérieur <strong>de</strong> la mort que la <strong>liberté</strong>, étant<br />

ravie à el<strong>le</strong>-même, se trouve rendue à soi.<br />

Il ne s’agit pas seu<strong>le</strong>ment du corps en tant qu’il est celui d’un seul<br />

individu. <strong>La</strong> vie, <strong>le</strong> sang, implique toujours la dimension <strong>de</strong> la race.<br />

En ce sens, on peut comprendre que l’idée <strong>de</strong> récapitulation (comme<br />

on la trouve par exemp<strong>le</strong> chez Irénée) n’est jamais dissociab<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

cel<strong>le</strong> du Nouvel Adam. « <strong>La</strong> récapitulation signifie, dit André Benoît,<br />

un rétablissement <strong>de</strong> l’homme dans sa position primitive, <strong>le</strong> nouve<strong>au</strong><br />

point <strong>de</strong> départ donné à l’humanité par l’obéissance du Christ 2 . » Il<br />

y a <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue à réfléchir sur la différence entre <strong>le</strong> Nouvel<br />

Adam et <strong>le</strong> second Adam. Le Nouvel Adam, c’est la recréation. Le<br />

second Adam, c’est l’insertion du Christ comme homme à l’intérieur<br />

<strong>de</strong> l’histoire. Le thème <strong>de</strong> la récapitulation, c’est-à-dire <strong>de</strong> l’enracinement<br />

<strong>de</strong> l’économie du <strong>salut</strong> dans la race pécheresse, <strong>le</strong>s thèmes<br />

<strong>de</strong> la vie et du sang, ne peuvent être perçus comme <strong>le</strong>s harmoniques<br />

<strong>de</strong> l’accomplissement du sacrifice, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette dia<strong>le</strong>ctique<br />

entre <strong>le</strong> Nouve<strong>au</strong> et <strong>le</strong> second Adam, et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur i<strong>de</strong>ntité. Dans la symbolique<br />

d’Irénée, <strong>le</strong> thème du bois, <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> la croix qui contient,<br />

qui unit, soutient et porte, qui est rassemb<strong>le</strong>ment et récapitulation,<br />

joue ce rô<strong>le</strong> que nous reconnaissons <strong>au</strong> corps.<br />

Irénée déploie <strong>le</strong> mystère <strong>de</strong> la croix du Christ <strong>au</strong>x dimensions <strong>de</strong><br />

l’économie du <strong>salut</strong>. Quand il par<strong>le</strong> du Christ comme récapitulant<br />

l’histoire, la récapitulation implique une rest<strong>au</strong>ration, une reprise<br />

mais en même <strong>temps</strong>, comme <strong>le</strong> dit Aloys Grillmeier, une anticipation<br />

<strong>de</strong> ce qui doit se livrer, se manifester <strong>au</strong>x <strong>de</strong>rniers <strong>temps</strong>.<br />

Cette idée <strong>de</strong> l’anakèphalaiosis, dit-il, a un trip<strong>le</strong> contenu :<br />

a) Dans <strong>le</strong> Christ est rétabli l’état originel. Par son obéissance, il<br />

nous redonne ce que <strong>le</strong> premier homme avait perdu par sa désobéissance,<br />

c’est-à-dire la ressemblance avec Dieu et la communion avec<br />

lui.<br />

b) Mais <strong>le</strong> Christ représente encore la récapitulation <strong>de</strong> l’histoire<br />

humaine. En lui prend corps <strong>le</strong> cours <strong>de</strong> cette histoire, tel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong><br />

avait été conçue par Dieu dans son <strong>de</strong>ssein sur <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. Il s’insère<br />

2. A. Benoît, Saint Irénée. Introduction à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa théologie, PUF, coll.<br />

Étu<strong>de</strong>s d’histoire et <strong>de</strong> philosophie religieuses, Paris/Faculté <strong>de</strong> Théologie protestante<br />

<strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Strasbourg, 1960, p. 226.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!