La liberté rachetée. Penser le salut au temps de l'athéisme

PRÉSENTATION
À la fin d’un séminaire de 1974 sur l’épître aux Hébreux, selon
la pédagogie propre à l’Institut d’études théologiques (IET), le père
Albert Chapelle a proposé deux reprises dogmatiques, qui forment
un ensemble et sont intitulées respectivement « Histoire des théories
de la rédemption » (séance du 28 mai 1974) et « “Retour au centre”
des théories de la rédemption exigé par la raison théologique. La
médiation » (séance du 31 mai 1974). Ces deux exposés ont attiré
l’attention des auditeurs et, depuis, de nombreux professeurs et
étudiants de l’IET ; ils n’avaient jusqu’à présent pas été publiés,
mais ils présentent un intérêt indéniable, tant au niveau de leur
« contenu » que de leur « forme ».
Un intérêt de contenu, tout d’abord, car ils permettent effectivement
de ressaisir le patient travail de la Tradition dans son effort
d’intelligence du mystère du salut, et notamment du salut par la
Croix. En ce sens, le propos du père Chapelle se situe dans la veine
de nombreux théologiens de la seconde moitié du xxe siècle qui ont
ressenti le besoin d’un renouveau de la compréhension théologique
du salut, particulièrement dans une lecture critique de la théologie
de la « substitution » ou encore « satisfaction vicaire », dont la pertinence
pastorale et la justesse théologique furent toutes deux radicalement
remises en question 1 . Dans ce concert d’herméneutiques
1. On pourra trouver un bref aperçu de ces différentes contributions à la dogmatique
du salut dans Ch. Theobald, Selon l’Esprit de sainteté. Genèse d’une
théologie systématique, Cerf, coll. Cogitatio Fidei, 296, Paris, 2015, p. 289-318.