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Trends
Les algorithmes seront-ils bientôt aussi
intelligents que le cerveau humain ?
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L’intelligence artificielle, illustration du dynamisme conceptuel de l’évolution technologique.
Nous sommes nombreux à nous rendre compte
que les nouvelles technologies non seulement
modifient le monde qui nous entoure, mais
aussi qu’elles pourront bientôt transformer la
nature humaine. Des changements fondamentaux
de notre biologie, de notre psychisme, de
notre perception et de notre conscience se
dessinent. Dans cette mutation, l’intelligence
artificielle joue un rôle majeur.
Créé en 1956 par le mathématicien John
McCarthy, le concept d’intelligence artificielle
(IA) n’a toutefois évolué vers une future
technologie clé qu’au cours de la dernière
décennie, s’emparant de plus en plus des
domaines réservés jusqu’ici à la cognition humaine
: reconnaître des modèles, prédire des
évènements dont la survenue est incertaine,
prendre des décisions complexes. Certains
chercheurs en IA prétendent même que leurs
algorithmes seront bientôt doués d’intuition
et de créativité, voire capables d’exprimer des
émotions, et par là, d’investir des domaines
que la plupart d’entre nous considèrent
actuellement comme des bastions inexpugnables
de l’intelligence humaine. Or, force
est de constater qu’indépendamment du fait
qu’ils puissent, ou non, acquérir un jour ces
capacités, les systèmes IA sont d’ores et déjà
en mesure de les reconnaître chez un être
humain. Des applications intelligentes sont
aujourd’hui capables de lire plus facilement
les émotions sur le visage d’une personne
qu’un autre être humain. Quant à la créativité,
il n’est pas rare que le joueur d’échecs qui,
lors d’un tournoi réservé aux humains, réussit
un coup de génie soit suspecté d’utiliser un
ordinateur en cachette !
Développement fulgurant
Pourquoi l’intelligence artificielle, encore
ultraconfidentielle il y a quinze ans, est-elle
aujourd’hui si puissante ? L’apprentissage
profond (« deep learning ») est à l’origine
de cette évolution. Il s’agit d’une technique
basée sur des réseaux de neurones artificiels
avec un maillage très dense, une architecture
qui s’inspire de celle du cerveau humain.
Formés d’un nombre parfois très important
de couches superposées, ces réseaux sont
entraînés au moyen d’énormes quantités de
données étiquetées. Ils exploitent ensuite
ces connaissances, résultats des nombreux
paramétrages effectués sur la base des
données d’apprentissage, pour reconnaître
certains modèles dans d’autres masses
de données. Outre la structure inédite du
« deep learning », un deuxième élément a été
nécessaire au développement de l’IA : le big
data, ou « mégadonnée » en français, généré
par le déplacement progressif de nos activités
vers les plateformes en ligne. Les géants
américains de l’Internet – Google, Facebook
et Microsoft – suivis, de plus en plus, de
leurs homologues chinois Baidu, Tencent et
Alibaba, collectent, enregistrent et utilisent
les données sur notre comportement, nos
préférences et nos intentions, données
que nous n’hésitons pas à partager. Cette
30 | CONNECTIONS 04|2019–56