le magazine CNC - printemps 2020
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PRINTEMPS <strong>2020</strong><br />
La restauration<br />
d’écosystèmes<br />
Découvrez comment on s’y prend, à deux ou à quatre pattes, pour<br />
contribuer à la restauration de milieux naturels au pays
Conservation de la nature Canada<br />
245, avenue Eglinton Est, bureau 410<br />
Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />
<strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca<br />
Tél. : 416 932-3202<br />
Sans frais : 1 877 231-3552<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />
est <strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong> au pays en matière de<br />
conservation des terres, œuvrant à la<br />
protection de nos milieux naturels <strong>le</strong>s plus<br />
importants et des espèces qu’ils abritent.<br />
Depuis 1962, <strong>CNC</strong> et ses partenaires ont<br />
contribué à la protection de 14 millions<br />
d’hectares (35 millions d’acres), d’un océan<br />
à l’autre et à l’autre.<br />
Le <strong>magazine</strong> Conservation de la nature<br />
Canada est distribué aux personnes qui<br />
appuient <strong>CNC</strong>.<br />
MC<br />
Marque de commerce de La Société<br />
canadienne pour la conservation de la nature<br />
FSC MD n’est pas responsab<strong>le</strong> des<br />
calculs concernant l’économie<br />
des ressources réalisée en<br />
choisissant ce papier.<br />
Imprimé sur du papier Rolland Opaque<br />
fait à 30 % de fibres post-consommation,<br />
certifié Écologo et Procédé sans chlore. Ce<br />
papier est fabriqué au Canada par Rolland,<br />
qui utilise <strong>le</strong> biogaz comme source d’énergie.<br />
L’impression est effectuée au Canada, avec<br />
des encres végéta<strong>le</strong>s par Warrens Water<strong>le</strong>ss<br />
Printing. La publication de ce <strong>magazine</strong> a<br />
sauvegardé 29 arbres et 104 292 litres d’eau*.<br />
COUVERTURE<br />
Chèvre au travail sur une propriété de <strong>CNC</strong>.<br />
Photo de <strong>CNC</strong>.<br />
CETTE PAGE<br />
Réserve naturel<strong>le</strong> Chase Woods, C.-B.<br />
Photo de Melissa Renwick<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
CALCULATEUR : WWW.ROLLANDINC.COM/FR.<br />
*<br />
2 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
PRINTEMPS <strong>2020</strong><br />
SOMMAIRE<br />
Conservation de la nature Canada<br />
Chère amies,<br />
Chers amis,<br />
Au moment où j’écris ces lignes, je suis très conscient<br />
des premiers signes du <strong>printemps</strong> qui apparaissent dans<br />
mon jardin. Les jours sont un peu plus longs et <strong>le</strong> chant<br />
des premiers oiseaux à être de retour se fait entendre.<br />
Norma<strong>le</strong>ment, je vous encouragerais à sortir et à<br />
célébrer <strong>le</strong> <strong>printemps</strong>. Mais cette année, c’est différent.<br />
L’impact mondial de la COVID-19 a tout changé.<br />
Ce <strong>printemps</strong>, je vous demande en effet de faire quelque<br />
chose que je n’aurais jamais pu imaginer : restez à la<br />
maison. Reportez la visite d’un projet ou d’un sentier de<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), pendant que<br />
nous travaillons tous ensemb<strong>le</strong> à assurer la sécurité de<br />
nos col<strong>le</strong>ctivités.<br />
La santé et <strong>le</strong> bien-être de la communauté de <strong>CNC</strong>,<br />
c’est-à-dire notre personnel, nos bénévo<strong>le</strong>s et nos<br />
sympathisant(e)s, sont nos priorités absolues. Nos<br />
bureaux sont présentement fermés et nos événements<br />
publics, y compris nos activités Bénévo<strong>le</strong>s pour la<br />
conservation, sont reportés jusqu’à nouvel ordre. Je<br />
tiens toutefois à vous assurer que vos dons continuent<br />
de faire <strong>le</strong>ur travail et qu’ils aident à protéger <strong>le</strong>s<br />
milieux naturels et <strong>le</strong>s espèces sauvages au Canada.<br />
Notre personnel apprend d’ail<strong>le</strong>urs de nouvel<strong>le</strong>s<br />
manières de travail<strong>le</strong>r à distance pour s’assurer que<br />
nous poursuivions notre mission qui est crucia<strong>le</strong>.<br />
Leur ingéniosité m’inspire.<br />
Pendant la période où la COVID-19 demeure menaçante,<br />
je vous invite à profiter de la nature de manière virtuel<strong>le</strong><br />
sur <strong>le</strong> site conservationdelanature.ca/trekker.<br />
Je vous remercie de votre soutien continu. Les<br />
textes de ce numéro de notre <strong>magazine</strong> qui traitent de la<br />
restauration de milieux naturels démontrent que nous<br />
continuons de réaliser des choses étonnantes ensemb<strong>le</strong>.<br />
Nous savons que la nature est importante dans<br />
nos vies; qu’el<strong>le</strong> est bonne pour notre santé et notre<br />
joie de vivre. Je me réjouis à l’avance du jour où nous<br />
célébrerons ensemb<strong>le</strong> notre retour dans la nature,<br />
et ce, dès que nous pourrons <strong>le</strong> faire en toute sécurité.<br />
Prenez soin de vous et des autres,<br />
8<br />
6 12<br />
14 Restauration d’écosystèmes<br />
De la plantation d’arbres à la création de milieux humides, <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s de<br />
<strong>CNC</strong> font de la restauration des écosystèmes une réalité.<br />
6 Réserve naturel<strong>le</strong> Freshwater Bay<br />
Plongez dans <strong>le</strong> milieu côtier exceptionnel de l’East Coast Trail à Terre-<br />
Neuve-et-Labrador.<br />
7 L’appel de la nature<br />
Ben Cul<strong>le</strong>n, jardinier urbain de quatrième génération, se connecte à la<br />
nature de nouvel<strong>le</strong> manière grâce à son chien Ruby.<br />
8 Coup de pouce<br />
Grâce au dévouement de bénévo<strong>le</strong>s, la science de l’écologie de la<br />
restauration peut contribuer à inverser <strong>le</strong> déclin du monde naturel et<br />
transformer notre relation à ce dernier.<br />
12 L’hespérie tachetée<br />
Un papillon rare et insaisissab<strong>le</strong> habitant un écosystème menacé.<br />
14 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />
Un succès après des décennies de travail, en Colombie-Britannique; Investir<br />
dans la science de la conservation, en Alberta; Nouveau parc sauvage urbain,<br />
en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.; Nouveaux bisons mâ<strong>le</strong>s en Saskatchewan.<br />
TKTKTKTKTKTKT<br />
John Lounds<br />
John Lounds<br />
Président et chef de la direction<br />
P.-S. — Surveil<strong>le</strong>z notre site Web pour des nouvel<strong>le</strong>s<br />
publiées au fur et à mesure que la situation évolue.<br />
16 Le projet Finding Flowers<br />
Sheila Colla et Lisa Myers espèrent faire connaître l’importance des pollinisateurs<br />
indigènes par l’intermédiaire des savoirs autochtones ainsi que des<br />
arts et de la culture traditionnel<strong>le</strong>.<br />
18 Chants d’espoir<br />
Des rainettes faux-grillons de la vallée de l’Outaouais, au Québec, se font entendre.<br />
conservationdelanature.ca<br />
natureconservancy.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 3
D’UN OCÉAN<br />
À L’AUTRE<br />
POUR EN SAVOIR PLUS<br />
Rendez-vous à benevo<strong>le</strong>sconservation.ca pour<br />
voir des photos et lire des histoires de terrain de<br />
nos nombreux bénévo<strong>le</strong>s.<br />
Restauration<br />
d’écosystèmes<br />
De la plantation d’arbres à la création de<br />
milieux humides, <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s pour la<br />
conservation de <strong>CNC</strong> font du travail de<br />
restauration des écosystèmes une réalité.<br />
ÀConservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), notre travail vise<br />
<strong>le</strong> long terme. Et l’acquisition d’aires naturel<strong>le</strong>s d’importance<br />
n’est que <strong>le</strong> début de ce travail. Nos scientifiques chevronnés<br />
élaborent des plans de gestion qui définissent de quel<strong>le</strong> manière<br />
chacune de nos propriétés doit être entretenue. Il arrive que certaines<br />
d’entre el<strong>le</strong>s requièrent une attention particulière quand, par exemp<strong>le</strong>,<br />
un écosystème y a .été dégradé. Dans un tel cas, nous nous tournons<br />
vers <strong>le</strong> travail de restauration d’écosystèmes pour tenter de <strong>le</strong> remettre<br />
dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur état possib<strong>le</strong>.<br />
De la plantation d’arbres à la création d’un milieu humide, <strong>le</strong>s projets<br />
de restauration menés à travers <strong>le</strong> pays sont de nature et d’envergure<br />
différentes. Quels qu’ils soient, une chose demeure : nous ne pourrions<br />
faire ce travail sans l’aide de nos bénévo<strong>le</strong>s pour la conservation!<br />
BRENT CALVER.<br />
4 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
Pour souligner <strong>le</strong> lancement prochain de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes<br />
(2021-2030), nous vous présentons des histoires de restauration d’habitats provenant d’à travers <strong>le</strong> pays.<br />
Québec<br />
À l’î<strong>le</strong> Bouchard, sur <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve Saint-<br />
Laurent, <strong>le</strong> personnel et <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s<br />
de <strong>CNC</strong> ont planté des f<strong>le</strong>urs sauvages<br />
indigènes sur des parcel<strong>le</strong>s d’anciens<br />
champs agrico<strong>le</strong>s, dont 1 035 plants<br />
de 10 espèces différentes – comme<br />
l’asclépiade tubéreuse et l’achillée<br />
mil<strong>le</strong>feuil<strong>le</strong> – pour y attirer des<br />
pollinisateurs. L’asclépiade tubéreuse<br />
sert de halte aux monarques lors<br />
de <strong>le</strong>ur migration annuel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong><br />
Canada et <strong>le</strong> Mexique. La prairie<br />
restaurée de l’î<strong>le</strong> Bouchard servira de<br />
refuge pour une variété de pollinisateurs,<br />
afin que nous puissions<br />
continuer de profiter de <strong>le</strong>urs bienfaits.<br />
Atlantique<br />
Saskatchewan<br />
<strong>CNC</strong> a organisé plusieurs corvées de nettoyage des berges au<br />
Canada atlantique, dont une activité bénévo<strong>le</strong>s à la réserve<br />
d’oiseaux de rivage et centre d’interprétation de Johnson’s Mills au<br />
Nouveau-Brunswick, en partenariat avec Nature NB. Les vasières<br />
et <strong>le</strong>s plages de Johnson’s Mills constituent une halte importante<br />
pour un quart de millions d’oiseaux de rivage, comme <strong>le</strong> pluvier<br />
semipalmé. En 2019, 80 bénévo<strong>le</strong>s d’EOS Eco Energy, de Fort Folly<br />
Habitat Recovery et de la Société pour la nature et <strong>le</strong>s parcs du<br />
Canada, et des étudiants en recherche de l’Université Dalhousie et<br />
de la communauté voisine, y ont ramassé 272 kg (600 livres) de<br />
déchets. En retirant des objets de plastique et autres détritus, <strong>le</strong>s<br />
bénévo<strong>le</strong>s contribuent à rendre des zones de nidification et d’autres<br />
habitats côtiers plus sécuritaires pour la faune.<br />
Tout juste à l’ouest de Prince Albert se trouve la propriété<br />
Nebo dont <strong>le</strong>s 178 hectares (440 acres) font <strong>le</strong> pont entre<br />
l’habitat de forêt boréa<strong>le</strong> et celui de prairie. Acquise par <strong>CNC</strong><br />
en 2016, la propriété Nebo avait vu certaines de ces zones<br />
forestières déboisées.<br />
Depuis 2017, grâce à un partenariat avec Lone Pine Arbor<br />
Service et Arbres Canada, <strong>le</strong> personnel et <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s de<br />
<strong>CNC</strong> ont planté plus de 25 000 épinettes blanches indigènes<br />
dans une zone de la propriété fortement déboisée. Cela<br />
contribuera à restaurer la forêt mixte indigène et à fournir un<br />
habitat précieux à des espèces tel<strong>le</strong>s que la mésange à tête<br />
brune et <strong>le</strong> pic maculé, ainsi qu’à des espèces en péril comme<br />
la paruline du Canada.<br />
Ontario<br />
Dans <strong>le</strong>s milieux humides de Minesing, des bénévo<strong>le</strong>s<br />
pour la conservation comptent sur <strong>le</strong> pouvoir<br />
d’ingénierie des arbres pour restaurer des rives qui<br />
sont vita<strong>le</strong>s pour de nombreuses espèces. Ces milieux<br />
humides sont parmi <strong>le</strong>s plus importants du sud de<br />
l’Ontario en plus d’être désignés d’importance<br />
internationa<strong>le</strong>. Ils fournissent non seu<strong>le</strong>ment un<br />
habitat pour des espèces rares et menacées, comme la<br />
cordulie de Hine (une libellu<strong>le</strong>), mais ils assurent aussi<br />
la filtration de l’eau et l’atténuation des inondations<br />
pour des milliers d’habitants vivant en aval, y compris<br />
ceux de Wasaga Beach, une vil<strong>le</strong> en p<strong>le</strong>ine expansion.<br />
Au fil du temps, <strong>le</strong>s berges de plusieurs rivières et<br />
ruisseaux se sont érodées en raison d’anciennes<br />
pratiques amenant <strong>le</strong>s sédiments et <strong>le</strong>s nutriments vers<br />
<strong>le</strong>s cours d’eau. Cela peut avoir des effets néfastes sur <strong>le</strong>s<br />
poissons et d’autres espèces qui dépendent de ces<br />
cours d’eau, ainsi que sur la qualité de l’eau pour <strong>le</strong>s<br />
humains habitant en aval. Le projet de restauration<br />
consiste à planter des arbres et arbustes dont <strong>le</strong> système<br />
racinaire contribuera à stabiliser <strong>le</strong>s berges et ainsi<br />
diminuer la quantité de sédiments et de nutriments<br />
à atteindre ces cours d’eau. Ce travail permettra<br />
d’améliorer l’habitat et de renforcer <strong>le</strong>s services<br />
écosystémiques des milieux humides pour de<br />
nombreuses années à venir!<br />
SENS HORAIRE, D’EN HAUT À GAUCHE : <strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong>; STEPHEN DES ROCHES; <strong>CNC</strong>.<br />
Alberta<br />
Bunchberry Meadows, une propriété située à seu<strong>le</strong>ment 30 km du centre-vil<strong>le</strong> d’Edmonton, compte 8 km de sentiers<br />
praticab<strong>le</strong>s à l’année traversant des forêts anciennes, des prairies ouvertes et des zones humides. Copropriété de <strong>CNC</strong> et<br />
de l’Edmonton and Area Land Trust, cette Destination Nature a été officiel<strong>le</strong>ment ouverte au public en 2017.<br />
Des plantes non indigènes avaient commencé à envahir une partie de la propriété et à compétitionner avec <strong>le</strong>s plantes<br />
indigènes qui composent son habitat et qui sont une importante ressource pour des espèces indigènes, comme <strong>le</strong>s<br />
insectes pollinisateurs. Une classe de l’Université d’Alberta, qui étudie la restauration, a utilisé cette zone perturbée<br />
de Bunchberry Meadows pour y effectuer une étude de cas. Il a été déterminé que d’y planter des peupliers indigènes<br />
serait la meil<strong>le</strong>ure stratégie, puisqu’avec <strong>le</strong> temps, ces arbres priveraient de lumière <strong>le</strong>s espèces envahissantes à <strong>le</strong>ur<br />
pied. En 2009, des bénévo<strong>le</strong>s pour la conservation ont commencé à planter des peupliers sur ce site.<br />
L’épidémie de COVID-19 nous oblige à reporter nos activités sur <strong>le</strong> terrain jusqu’à nouvel ordre. Veuil<strong>le</strong>z consulter conservationdelanature.ca<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 5
SUR LES<br />
SENTIERS<br />
Randonnée sur <strong>le</strong> sentier de la baie Freshwater<br />
Réserve naturel<strong>le</strong><br />
Freshwater Bay<br />
Plongez dans <strong>le</strong> milieu côtier exceptionnel de l’East Coast Trail à<br />
Terre-Neuve-et-Labrador<br />
Lieu historique national du Cap-Spear<br />
L’East Coast Trail est un réseau de sentiers<br />
totalisant 336 kilomètres. Il suit la<br />
côte accidentée de la pittoresque péninsu<strong>le</strong><br />
Avalon, et ce, de Portugal Cove au village<br />
de Cappahayden, en passant par St. John’s. Près<br />
de St. John’s, une section très populaire du sentier<br />
traverse la réserve naturel<strong>le</strong> Freshwater Bay<br />
de Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>).<br />
En 2012, <strong>le</strong> National Geographic nommait<br />
l’East Coast Trail parmi <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures destinations<br />
d’aventure au monde. El<strong>le</strong> figure sur la<br />
liste de vie (bucket list) de beaucoup de gens,<br />
d’ici et d’ail<strong>le</strong>urs, qui apprécient la nature et qui<br />
sont en visite sur l’î<strong>le</strong> de Terre-Neuve.<br />
Fondée en 1994 par une organisation loca<strong>le</strong>,<br />
l’East Coast Trail traverse aujourd’hui<br />
plus de 30 communautés, dont plusieurs qui<br />
offrent de l’hébergement aux adeptes de randonnée.<br />
Des plateformes en bois jalonnent<br />
aussi <strong>le</strong> réseau pour ceux et cel<strong>le</strong>s qui préfèrent<br />
camper.<br />
L’East Coast Trail n’est toutefois pas de<br />
tout repos. Ses sentiers parcourent un terrain<br />
vallonné qui longe à de nombreux endroits<br />
des falaises abruptes surplombant l’Atlantique.<br />
Les personnes qui s’y rendent doivent<br />
éga<strong>le</strong>ment tenir compte de la météo<br />
changeante, caractérisée par une combinaison<br />
de brouillard, de so<strong>le</strong>il ardent, de vents<br />
vio<strong>le</strong>nts et de grésil, même en juin!<br />
PANORAMAS SPECTACULAIRES<br />
Le défi que représente l’East Coast Trail est<br />
tout oublié une fois rendu devant ses vues magnifiques<br />
où on peut apercevoir des oiseaux de<br />
mer et d’autres animaux sauvages. Au fil du<br />
sentier, il est possib<strong>le</strong> de visiter des sites emblématiques<br />
comme <strong>le</strong> lieu historique national du<br />
Cap-Spear. Selon <strong>le</strong> temps de l’année, on y aura<br />
droit à des défilés d’icebergs majestueux, à<br />
l’époustouflant spectac<strong>le</strong> de troupeaux de ba<strong>le</strong>ines<br />
ou à de véritab<strong>le</strong>s festins de petits fruits.<br />
DENNIS MINTY; DAVID LITSCHEL/ALAMY STOCK PHOTO.<br />
6 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
LES<br />
INDISPENSABLES<br />
La baie Freshwater<br />
DENNIS MINTY; DENNIS MINTY; CHRIS TIESSEN.<br />
Parmi <strong>le</strong>s autres sites d’intérêt, mentionnons<br />
The Spout, un jet d’eau alimenté par la force<br />
des vagues et qui ressemb<strong>le</strong> à un geyser, la<br />
Sea arch, une imposante voûte rocheuse naturel<strong>le</strong>,<br />
ainsi qu’un pont suspendu de 50 mètres<br />
de long situé près du village abandonné de<br />
La Manche.<br />
GARDER LES OISEAUX À L’ABRI<br />
L’East Coast Trail est gérée et entretenue par<br />
la East Coast Trail Association. Ce réseau de<br />
sentiers traverse des propriétés privées, des<br />
terres de la Couronne, ainsi quelques aires<br />
protégées. Deux destinations populaires sont<br />
conservées par <strong>CNC</strong> près de St. John’s, soit<br />
à Maddox Cove et sur la baie Freshwater.<br />
La réserve naturel<strong>le</strong> Freshwater Bay est<br />
principa<strong>le</strong>ment composée de forêts d’épinettes<br />
blanches, d’épinettes noires, de sapins<br />
baumiers et de bou<strong>le</strong>aux blancs. On y trouve<br />
aussi des plantes indigènes typiques de Terre-<br />
Neuve-et-Labrador, tel<strong>le</strong>s que la sarracénie<br />
du Nord, <strong>le</strong> b<strong>le</strong>uet nain et <strong>le</strong> thé du Labrador<br />
commun. En conservant cette forêt, <strong>CNC</strong><br />
contribue aussi à ce que des colonies d’oiseaux<br />
de mer des î<strong>le</strong>s voisines, comme la<br />
mouette tridacty<strong>le</strong>, <strong>le</strong> guil<strong>le</strong>mot noir, <strong>le</strong> goéland<br />
argenté et <strong>le</strong> grand goéland marin, ne<br />
soient pas perturbées.<br />
SAISONS<br />
Été et automne.1<br />
L’appel de la<br />
nature<br />
Ben Cul<strong>le</strong>n, jardinier urbain de quatrième génération, se<br />
connecte à la nature de nouvel<strong>le</strong> manière grâce à son chien Ruby.<br />
Contrairement à une bouteil<strong>le</strong> d’eau, un tube de lotion solaire ou un chapeau,<br />
impossib<strong>le</strong> d’oublier ou d’ignorer Ruby qui semb<strong>le</strong> toujours être assise près de<br />
la porte en se faisant al<strong>le</strong>r la queue dès que je quitte la maison.<br />
Quand je suis en p<strong>le</strong>in air, Ruby m’amène à être plus conscient de mon environnement.<br />
Avant qu’el<strong>le</strong> arrive dans nos vies, une marche dans la nature n’avait rien de spécial : se<br />
rendre à destination, sans remarquer <strong>le</strong> paysage. Son instinct de chien en quête de<br />
nourriture ra<strong>le</strong>ntit mon rythme. Ensemb<strong>le</strong>, nous pouvons suivre une odeur ou nous arrêter<br />
brusquement pour écouter <strong>le</strong> son d’un animal sauvage que j’aurais ignoré avant.<br />
Ruby m’a montré à être un peu plus comme un animal quand je suis dans la nature,<br />
soit en étant a<strong>le</strong>rte et en utilisant tous mes sens. Quand nous fermons la porte de la tente<br />
<strong>le</strong> soir, el<strong>le</strong> se love entre nos sacs de couchage et est la première endormie; chez el<strong>le</strong> avec<br />
ses amis humains et au son des murmures de la vie sauvage du Canada.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 7
8 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca<br />
TKTKTKTKTKTKT
Coup d e<br />
pouce<br />
MELISSA RENWICK.<br />
Avec l’aide de personnes<br />
dévouées de partout au<br />
pays, la science de l’écologie<br />
de la restauration peut<br />
aider à inverser la perte<br />
de milieux naturels et à<br />
transformer notre relation<br />
à la nature.<br />
PAR Judith Lavoie,<br />
journaliste et rédactrice pigiste<br />
Bénévo<strong>le</strong>s pour la<br />
conservation à la<br />
réserve naturel<strong>le</strong><br />
Chase Woods.<br />
Sautant à pieds joints sur sa bêche avec détermination,<br />
Carly Dietrich l’enfonce dans <strong>le</strong> sol détrempé, puis soulève<br />
triompha<strong>le</strong>ment une lourde motte de terre noire retenue par des<br />
racines d’alpiste roseau.<br />
« Comme je ne suis pas très pesante, je dois y mettre tout<br />
mon poids », explique-t-el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> lance alors la motte de côté pour qu’el<strong>le</strong><br />
soit nettoyée par des bénévo<strong>le</strong>s qui empi<strong>le</strong>ront <strong>le</strong>s racines de cette plante<br />
envahissante afin qu’el<strong>le</strong>s soient éliminées.<br />
Cette jeune étudiante en sciences de l’environnement de l’Université de<br />
Victoria (C.-B.) compte parmi <strong>le</strong>s 19 bénévo<strong>le</strong>s de Green Teams of Canada.<br />
Au début de l’été dernier, <strong>le</strong> groupe a passé un dimanche à creuser et<br />
à patauger dans la boue pour lutter contre l’alpiste roseau à la réserve naturel<strong>le</strong><br />
Chase Woods de Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), sur l’î<strong>le</strong><br />
de Vancouver.<br />
« Ce travail m’aide à mieux connaître <strong>le</strong> territoire et <strong>le</strong>s espèces envahissantes<br />
», explique Mme Dietrich, qui s’est récemment installée à Vancouver<br />
après avoir quitté Edmonton.<br />
L’objectif est de restaurer plus de 2 hectares (5 acres) d’un ancien marais<br />
intertidal relié à l’estuaire de la rivière Cowichan. Depuis un sièc<strong>le</strong>, cette<br />
terre était drainée pour servir à la culture du foin.<br />
Les bénévo<strong>le</strong>s, de plus en plus en sueur, lancent des cris de joie quand de<br />
l’eau se met à s’accumu<strong>le</strong>r là où il n’y avait que de l’herbe : preuve immédiate<br />
de la réussite du projet. Le plan d’eau qui résultera de ce travail servira d’habitat<br />
à la sauvagine, à des poissons et des plantes d’estuaire indigènes.<br />
« J’adore <strong>le</strong> travail de conservation, car je sais que chaque effort compte »,<br />
affirme Morgan Mills, une bénévo<strong>le</strong> de Brentwood Bay, près de Victoria.<br />
« C’est une excel<strong>le</strong>nte façon de passer un dimanche, car j’aime faire des<br />
choses qui comptent vraiment », ajoute-t-el<strong>le</strong>.<br />
Le milieu humide restauré se trouve au sein d’une réserve naturel<strong>le</strong> de<br />
40 hectares (99 acres) qui comprend une forêt côtière mature de sapins de<br />
Douglas qui s’élève sur <strong>le</strong>s flancs du mont Tzouha<strong>le</strong>m, dans la vallée de la<br />
rivière Cowichan. <strong>CNC</strong> a acquis cette propriété de David Chase en 2009,<br />
et <strong>le</strong>s travaux de restauration ont réel<strong>le</strong>ment commencé en 2018.<br />
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conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 9
À gauche : Bénévo<strong>le</strong>s à<br />
l’ouvrage pour extraire<br />
des espèces envahissantes.<br />
En médaillon : Nichoirs<br />
à hirondel<strong>le</strong> noire installés<br />
dans <strong>le</strong> milieu humide<br />
restauré de la réserve<br />
naturel<strong>le</strong> Chase Woods.<br />
Transformer <strong>le</strong>s écosystèmes<br />
Selon Les<strong>le</strong>y Marian Neilson, la responsab<strong>le</strong><br />
des communications de <strong>CNC</strong> en Colombie-Britannique,<br />
<strong>le</strong> travail des bénévo<strong>le</strong>s est<br />
crucial pour aider à transformer des écosystèmes<br />
profondément altérés par <strong>le</strong> développement<br />
et l’agriculture.<br />
« Historiquement, ces terres étaient des<br />
milieux humides qui étaient inondés à marée<br />
haute, » explique-t-el<strong>le</strong>, en ajoutant qu’anciennement,<br />
<strong>le</strong>s milieux humides occupaient<br />
moins de 3 % du littoral de la province.<br />
« Cette zone était directement reliée à l’estuaire.<br />
El<strong>le</strong> servait probab<strong>le</strong>ment aux saumons<br />
juvéni<strong>le</strong>s et à d’autres espèces sauvages<br />
des milieux intertidaux. Mais, tout cela a pris<br />
fin lorsque des barrages ont été construits et<br />
que ces milieux humides ont été transformés<br />
en prés de fauche.<br />
Au cours du sièc<strong>le</strong> dernier, la plupart des<br />
milieux humides de l’î<strong>le</strong> de Vancouver ont<br />
disparu. L’impact a été majeur sur <strong>le</strong>s oiseaux,<br />
<strong>le</strong>s poissons, <strong>le</strong>s amphibiens et d’autres espèces<br />
qui en dépendent. La restauration<br />
de ces habitats est donc une mesure incontournab<strong>le</strong><br />
pour la conservation », ajoute<br />
Mme Neilson en observant des hirondel<strong>le</strong>s à<br />
face blanche vo<strong>le</strong>r en rase-mottes, puis entrer<br />
et sortir à vive allure des nichoirs nouvel<strong>le</strong>ment<br />
installés.<br />
Les premiers travaux ont nécessité l’emploi<br />
de machinerie lourde pour d’abord<br />
extraire la couche d’alpiste roseau, puis<br />
creuser des canaux reproduisant <strong>le</strong> cours<br />
sinueux d’un ancien ruisseau qui avait<br />
été détourné vers un fossé profond afin<br />
de drainer <strong>le</strong> marais.<br />
La perte d’espèces et d’habitats naturels résulte<br />
d’un processus graduel mettant en cause des<br />
milliers de facteurs. Et il faudra des milliers de<br />
projets de restauration pour y remédier.<br />
« Les travaux de restauration peuvent<br />
avoir l’air de grand fouillis, quand nous retirons<br />
ce qui ne devrait pas se trouver sur<br />
un site pour recréer des milieux dont dépendent<br />
<strong>le</strong>s espèces sauvages. Ici, nous avons<br />
empilé des troncs et créé des buttes de terre<br />
dans <strong>le</strong>s étangs et autour de ceux-ci pour reproduire<br />
une structure de milieu humide naturel<br />
fournissant des habitats appropriés pour<br />
différentes espèces », explique Mme Neilson.<br />
La nature est d’une grande résilience.<br />
Parfois, un simp<strong>le</strong> coup de pouce suffit pour<br />
réparer certains dommages et pour qu’el<strong>le</strong><br />
reprenne <strong>le</strong> dessus.<br />
L’alpiste roseau, une plante envahissante,<br />
est très diffici<strong>le</strong> à éradiquer, car un simp<strong>le</strong><br />
bout de racine laissé derrière suffit pour qu’il<br />
se réinstal<strong>le</strong>. « Si nous pouvons faire en sorte<br />
qu’il soit moins abondant, <strong>le</strong>s plantes indigènes<br />
auront la chance de mieux s’instal<strong>le</strong>r et<br />
l’écosystème commencera à reprendre son<br />
fonctionnement naturel de milieu humide marécageux.<br />
Cela ne se fera pas d’un seul coup.<br />
Il faudra des années de gestion et de restauration<br />
pour y arriver », affirme Mme Neilson.<br />
Écologie de la restauration<br />
Dan Kraus, biologiste principal en conservation<br />
à <strong>CNC</strong>, explique que l’essor de la science<br />
de l’écologie de la restauration s’explique par<br />
un besoin grandissant d’assurer <strong>le</strong> rétablissement<br />
d’habitats et d’espèces qui disparaissent,<br />
et ce, non seu<strong>le</strong>ment dans la perspective de<br />
protéger la biodiversité, mais aussi pour <strong>le</strong><br />
bien de la population.<br />
« La perte d’espèces et d’habitats résulte<br />
d’un processus graduel mettant en cause des<br />
milliers de facteurs. Et il faudra des milliers<br />
de projets de restauration pour y remédier »,<br />
selon lui.<br />
Le biologiste souligne éga<strong>le</strong>ment que l’acquisition<br />
et la restauration d’une ou deux propriétés<br />
d’un secteur peuvent être perçues comme<br />
une goutte d’eau dans l’océan, mais lorsque <strong>le</strong><br />
travail se poursuit sur des décennies, ses effets<br />
cumulés font une différence bien réel<strong>le</strong>.<br />
Les projets de restauration de <strong>CNC</strong> incluent<br />
la plantation d’arbres, la gestion d’espèces<br />
envahissantes et la réintroduction<br />
de processus naturels, comme <strong>le</strong> feu, au sein<br />
de certains paysages.<br />
MELISSA RENWICK; MELISSA RENWICK.<br />
10 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
CHÈVRES : <strong>CNC</strong>. MÉDAILLON : <strong>CNC</strong>.<br />
« Traditionnel<strong>le</strong>ment, <strong>CNC</strong> s’est concentré<br />
sur la restauration d’habitats, en espérant<br />
que <strong>le</strong>s espèces reviendraient s’y instal<strong>le</strong>r.<br />
Mais, certaines espèces de plantes et<br />
d’animaux ne peuvent tout simp<strong>le</strong>ment pas y<br />
revenir d’el<strong>le</strong>s-mêmes » précise-t-il.<br />
« Il devient de plus en plus nécessaire de<br />
réintroduire des espèces en péril sur nos propriétés.<br />
Nous collaborons par exemp<strong>le</strong> avec <strong>le</strong><br />
Zoo de Calgary pour <strong>le</strong> rétablissement du tétras<br />
des armoises, un oiseau de prairie en péril<br />
au Canada et aux États-Unis. »<br />
Au Québec, Valérie René, coordonnatrice<br />
de projets à <strong>CNC</strong>, œuvre quant à el<strong>le</strong> au rétablissement<br />
de l’habitat de la tortue-mol<strong>le</strong><br />
à épines, une espèce menacée au Canada.<br />
Ce repti<strong>le</strong> au long nez, et à la carapace couverte<br />
d’une peau qui a l’apparence du cuir,<br />
était autrefois commun dans <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve Saint-<br />
Laurent et <strong>le</strong>s rivières des Outaouais et<br />
Richelieu. Aujourd’hui, au Québec, la tortue-mol<strong>le</strong><br />
à épines se trouve presque exclusivement<br />
au lac Champlain.<br />
« Au cours des dernières décennies, on<br />
a observé un déclin fort préoccupant de la<br />
population et de la distribution de cette espèce<br />
», souligne Mme René. Voilà qui fait de<br />
la restauration d’habitats une priorité pour<br />
la survie de la tortue-mol<strong>le</strong> à épines.<br />
Après que des chercheurs eurent localisé<br />
des sites de ponte dans <strong>le</strong> cadre d’une collaboration<br />
entre <strong>CNC</strong> et <strong>le</strong> ministère québécois<br />
des Forêts, de la Faune et des Parcs, un<br />
étang a été protégé et restauré près du lac<br />
Champlain. C’est maintenant un milieu qui<br />
se réchauffe rapidement après la fonte des<br />
neiges et qui fournit aux tortues une abondance<br />
de nourriture. Mais même cela ne suffit<br />
pas à assurer <strong>le</strong>ur survie, explique<br />
Valérie René.<br />
Un autre problème est la prédation des<br />
nids de tortues par <strong>le</strong>s ratons laveurs. Cela<br />
a amené <strong>CNC</strong> à collaborer depuis une dizaine<br />
d’années avec <strong>le</strong> Zoo de Granby sur<br />
un projet visant à recueillir <strong>le</strong>s oeufs des tortues<br />
pour <strong>le</strong>s acheminer au zoo où ils sont<br />
mis en incubation pour 2 mois. Les minuscu<strong>le</strong>s<br />
tortues sont ensuite ramenées au site<br />
de ponte, ce qui <strong>le</strong>ur évite d’être dévorées<br />
par <strong>le</strong>s ratons laveurs.<br />
« Année après année, nous voyons <strong>le</strong>s<br />
mêmes femel<strong>le</strong>s revenir ici. Nous espérons<br />
donc assister dans <strong>le</strong>s prochaines années<br />
au retour de tortues relâchées il y a 10 ou<br />
12 ans pour venir pondre ici », précise<br />
Mme René. El<strong>le</strong> ajoute qu’un deuxième<br />
étang est en cours d’aménagement.<br />
Avec des berges mieux protégées et <strong>le</strong>s<br />
nouveaux sites de ponte surveillés par des<br />
bénévo<strong>le</strong>s de la région, l’objectif est de restaurer<br />
des habitats pour la tortue-mol<strong>le</strong> à<br />
épines et de permettre à l’espèce de prospérer<br />
de nouveau.<br />
Chèvres au travail<br />
Katelyn Ceh, directrice de la conservation<br />
des forêts-parcs et prairies à <strong>CNC</strong> en Alberta,<br />
travail<strong>le</strong> à la restauration d’écosystèmes avec<br />
des assistantes à quatre pattes.<br />
Mme Ceh supervise en effet deux essais<br />
ayant recours à des chèvres; l’un à Crowsnest<br />
Pass, dans <strong>le</strong> sud de la province, et l’autre dans<br />
la région d’Edmonton, près de Spruce Grove.<br />
Les chèvres, qui sont supervisées par des<br />
bergers et des chiens de troupeau, sont entraînées<br />
à brouter des plantes envahissantes,<br />
comme la tanaisie vulgaire, ce qui empêche<br />
<strong>le</strong>ur propagation aux secteurs voisins.<br />
« Nous avons recours aux chèvres quand<br />
l’accès rend diffici<strong>le</strong> toute autre forme de<br />
contrô<strong>le</strong> des espèces indésirab<strong>le</strong>s, » explique<br />
Mme Ceh.<br />
À Spruce Grove, <strong>le</strong> fournisseur mène environ<br />
400 chèvres à la fois dans un ancien<br />
champ agrico<strong>le</strong> aujourd’hui envahi par <strong>le</strong>s<br />
mauvaises herbes qui étouffent <strong>le</strong>s arbres<br />
nouvel<strong>le</strong>ment plantés. Katelyn Ceh rapporte<br />
que <strong>le</strong>s chèvres travail<strong>le</strong>nt bien et que des<br />
améliorations ont été constatées.<br />
« Je m’attendais à ce que la présence de<br />
400 chèvres sur une propriété soit autrement<br />
plus chaotique qu’el<strong>le</strong> ne l’est en réalité, rigo<strong>le</strong>-t-el<strong>le</strong>.<br />
Mais, <strong>le</strong>s chèvres se concentrent<br />
sur <strong>le</strong> broutage des mauvaises herbes et <strong>le</strong>s<br />
bergers ont une approche systématique dans<br />
<strong>le</strong>ur travail avec <strong>le</strong>s animaux. C’est vraiment<br />
intéressant à regarder. »<br />
Le pouvoir du nombre<br />
Pour Dan Kraus, <strong>le</strong>s bénévo<strong>le</strong>s jouent un rô<strong>le</strong><br />
crucial dans <strong>le</strong>s projets de restauration, et la<br />
restauration peut transformer notre relation<br />
à la nature. « Au lieu de travail<strong>le</strong>r uniquement<br />
pour empêcher la nature de disparaître, ce<br />
type de travail donne l’espoir que nous pouvons<br />
améliorer <strong>le</strong>s choses. »<br />
« Nous percevons souvent <strong>le</strong>s humains<br />
comme des destructeurs de la nature, mais<br />
nous avons maintenant des exemp<strong>le</strong>s où ils en<br />
sont <strong>le</strong>s restaurateurs. Notre présence sur <strong>le</strong><br />
terrain peut même augmenter la biodiversité<br />
», dit M. Kraus.<br />
Cet espoir est aussi manifeste dans la décision<br />
de l’Organisation des Nations Unies (ONU)<br />
de proclamer 2021-2030 « Décennie des Nations<br />
Unies pour la restauration des écosystèmes ».<br />
L’objectif est « de renforcer massivement<br />
la restauration des écosystèmes dégradés et<br />
détruits, en tant que mesure éprouvée pour<br />
lutter contre la crise climatique et renforcer<br />
la sécurité alimentaire, l’approvisionnement<br />
en eau et la biodiversité », selon une déclaration<br />
de l’ONU.<br />
Peu après l’annonce de l’ONU, 57 pays,<br />
gouvernements infranationaux et organisations<br />
privées se sont engagés à restaurer plus<br />
de 170 millions d’hectares (420 millions<br />
d’acres) à travers <strong>le</strong> monde.<br />
« Le déclin du monde naturel doit cesser,<br />
sinon, un jour, il n’en restera plus rien. La proclamation<br />
de cette décennie souligne que<br />
nous pouvons être la génération qui mettra<br />
un terme au recul du monde naturel, mais<br />
qui aussi renversera la vapeur », dit M. Kraus.<br />
Souvent, <strong>le</strong> chemin à suivre est clair, par<br />
exemp<strong>le</strong> en extirpant l’alpiste roseau à la propriété<br />
Chase Woods. Toutefois, l’écologie de<br />
la restauration, une science en p<strong>le</strong>in essor,<br />
reconnaît éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s changements<br />
climatiques et <strong>le</strong> développement altèrent <strong>le</strong><br />
monde qui nous entoure et que, parfois, il<br />
pourrait ne pas être possib<strong>le</strong> ou souhaitab<strong>le</strong><br />
de restaurer <strong>le</strong>s écosystèmes originels. Dan<br />
Kraus donne l’exemp<strong>le</strong> des nouveaux écosystèmes<br />
(novel ecosystems) c’est-à-dire ceux<br />
qui n’existaient pas avant la présence humaine,<br />
comme <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s communautés<br />
végéta<strong>le</strong>s urbaines au sein desquel<strong>le</strong>s espèces<br />
indigènes et non indigènes prospèrent et apportent<br />
de la va<strong>le</strong>ur.<br />
Je crois que de plus en plus, <strong>le</strong>s écologistes<br />
de la restauration ne cherchent pas à<br />
recréer <strong>le</strong> monde exactement comme il était<br />
avant. Nous devons penser à créer <strong>le</strong> monde<br />
dont nous avons besoin dans <strong>le</strong> futur, pour<br />
permettre tant à la nature qu’aux humains<br />
de prospérer. »2<br />
Des chèvres friandes d’espèces envahissantes contribuent à la restauration d’un<br />
habitat naturel à Spruce Grove, en Alberta.<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 11
PROFIL<br />
D’ESPÈCE<br />
L’hespérie<br />
tachetée<br />
Un papillon rare et insaisissab<strong>le</strong> qui habite un écosystème menacé<br />
RICK CAVASIN.<br />
12 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
APPARENCE<br />
Papillon de tail<strong>le</strong> moyenne (envergure de 2 à<br />
3 centimètres) de la famil<strong>le</strong> des hespéridées. Son<br />
corps est gris foncé et brun. Ses ai<strong>le</strong>s postérieures<br />
tachetées de jaune et de brun permettent de <strong>le</strong><br />
distinguer des autres membres de cette famil<strong>le</strong>. Les<br />
ai<strong>le</strong>s des adultes fraîchement sortis de <strong>le</strong>urs cocons<br />
ont une teinte violacée.<br />
AIRE DE DISTRIBUTION<br />
De petites populations loca<strong>le</strong>s d’hespéries tachetées<br />
se trouvent en Ontario, au Manitoba et dans l’est<br />
et <strong>le</strong> centre des États-Unis. Au Québec, l’espèce est<br />
maintenant disparue, et de graves déclins de<br />
populations ont été observés dans de nombreuses<br />
régions des États-Unis. Ce papillon demeure toute<br />
sa vie dans <strong>le</strong> même habitat, sans migrer.<br />
Une espèce et un habitat en danger<br />
Comme de nombreux papillons, l’hespérie tachetée est<br />
sé<strong>le</strong>ctive quant au site où el<strong>le</strong> vit et ce dont el<strong>le</strong> se nourrit.<br />
Au Manitoba, <strong>le</strong>s larves s’alimentent de céanothe à feuil<strong>le</strong>s<br />
étroites. En Ontario, el<strong>le</strong>s se nourrissent de céanothe<br />
d’Amérique, une plante très similaire. Ces végétaux se<br />
trouvent généra<strong>le</strong>ment dans des habitats secs, tels que <strong>le</strong>s<br />
prairies d’herbes hautes et <strong>le</strong>s savanes de chênes.<br />
Les prairies d’herbes hautes et <strong>le</strong>s savanes de chênes, qui<br />
abritent de nombreuses espèces, sont des écosystèmes rares<br />
et distincts presque disparus. Ces habitats sont parmi <strong>le</strong>s plus<br />
menacés au Canada, avec une superficie représentant moins<br />
de 1 % du territoire au Manitoba et moins de 2 % en Ontario.<br />
Malheureusement, ils demeurent très menacés et <strong>le</strong>ur déclin<br />
entraîne la disparition de nombreuses espèces.<br />
En 2012, <strong>le</strong> Comité sur la situation des espèces en péril au<br />
Canada (COSEPAC) a évalué l’hespérie tachetée comme étant<br />
en voie de disparition. Rare en Ontario et au Manitoba, el<strong>le</strong><br />
est maintenant disparue au Québec. En 2015, la Province de<br />
l’Ontario a annoncé un programme de rétablissement visant<br />
à gérer <strong>le</strong>s menaces qui pèsent sur l’habitat de l’hespérie<br />
tachetée et à stabiliser sa population.<br />
UNE ESPÈCE « SPÉCIALISTE »<br />
L’hespérie tachetée est <strong>le</strong> seul papillon spécialiste de<br />
la savane de chênes qui subsiste en Ontario; ce qui<br />
veut dire qu’il est adapté uniquement à ce milieu<br />
naturel. Les deux autres espèces de papillon ayant<br />
déjà peuplé cette savane, soit <strong>le</strong> lutin givré et <strong>le</strong><br />
b<strong>le</strong>u mélissa, en sont maintenant disparues.<br />
Les plaines du lac Rice<br />
Dans <strong>le</strong> sud de l’Ontario, à environ une heure de route à l’est<br />
de Toronto, un paysage d’herbes hautes subsiste dans l’aire<br />
naturel<strong>le</strong> des plaines du lac Rice. Depuis 2002, Conservation<br />
de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) aide à diriger <strong>le</strong> Rice Lake Plains<br />
Partnership (RLPP), un col<strong>le</strong>ctif auquel collaborent des<br />
propriétaires fonciers, la Première Nation d’Aldervil<strong>le</strong>, des<br />
organismes de conservation et <strong>le</strong>s gouvernements, dans <strong>le</strong><br />
but de protéger cet environnement de collines sablonneuses,<br />
de savanes de chênes et de prairies.<br />
CORY PROULX.<br />
LE FEU, UN ALLIÉ<br />
Il peut être étonnant d’apprendre que d’éteindre <strong>le</strong>s<br />
feux naturels cause du tort à l’hespérie tachetée.<br />
Le feu ra<strong>le</strong>ntit en effet la croissance de végétaux<br />
envahissants qui nuisent aux espèces dont dépend<br />
l’hespérie. Les arbustes, <strong>le</strong>s arbres et <strong>le</strong>s plantes<br />
envahissantes, s’ils ne sont pas contrôlés, peuvent<br />
évincer <strong>le</strong>s espèces indigènes, transformant <strong>le</strong>s<br />
prairies et <strong>le</strong>s savanes en forêts. Dans certains cas,<br />
<strong>CNC</strong> a recours à des brûlages dirigés pour aider<br />
à protéger et à remettre en état ces zones.<br />
POUR AIDER<br />
Vous pouvez aider à protéger l’habitat de l’hespérie<br />
tachetée. Pour savoir comment, visitez<br />
conservationdelanature.ca/plr.<br />
Grâce à l’appui de bénévo<strong>le</strong>s dynamiques, <strong>CNC</strong> et <strong>le</strong> RLPP<br />
luttent contre des espèces envahissantes, dont <strong>le</strong> pin sylvestre,<br />
par des coupes, des extractions et des brûlages dirigés. Des<br />
projets d’ensemencement et de plantation permettent de<br />
créer plus de zones de prairie et de savane de chênes.<br />
<strong>CNC</strong> a cartographié la présence du céanothe d’Amérique dans<br />
cette région et a aidé à organiser un inventaire de papillons<br />
avec des bénévo<strong>le</strong>s. En 2018 et 2019, moins de 10 hespéries<br />
tachetées ont été recensées sur <strong>le</strong>s propriétés de <strong>CNC</strong> dans<br />
l’aire naturel<strong>le</strong> des plaines du lac Rice.<br />
En 2019, des étudiants du F<strong>le</strong>ming Col<strong>le</strong>ge (Peterborough),<br />
en partenariat avec <strong>le</strong> RLPP, ont mis au point une stratégie de<br />
restauration de l’hespérie tachetée dans <strong>le</strong>s plaines du lac Rice.<br />
Cette stratégie met l’accent sur <strong>le</strong> rétablissement du céanothe<br />
d’Amérique dans l’aire naturel<strong>le</strong>.<br />
Avec cette coopération entre des partenaires et des communautés,<br />
l’aire naturel<strong>le</strong> des plaines du lac Rice est un bel exemp<strong>le</strong><br />
de l’impact que nous pouvons avoir quand nous travaillons<br />
ensemb<strong>le</strong> à la protection de nos espèces et de nos paysages<br />
<strong>le</strong>s plus menacés.1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 13
<strong>CNC</strong><br />
À L’ŒUVRE<br />
1<br />
Un succès après des décennies<br />
de travail<br />
CHAÎNE PURCELL, COLOMBIE-BRITANNIQUE<br />
2<br />
1 4<br />
MERCI!<br />
Votre appui a permis la réalisation de<br />
ces projets. Pour en savoir plus, visitez :<br />
conservationdelanature.ca/nous-trouver.<br />
Cette photo : Glacier Commander, région de Jumbo, monts Purcell (C.-B.).<br />
Ci-dessous : Antilope d’Amérique.<br />
3<br />
En janvier dernier, Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) s’est<br />
joint aux membres de la nation Ktunaxa et à de nombreuses personnes<br />
qui <strong>le</strong>s appuient pour célébrer la résiliation de droits de<br />
développement de la station de ski Jumbo, dans <strong>le</strong>s montagnes centra<strong>le</strong>s<br />
de la chaîne Purcell. Ce projet devait prendre forme dans <strong>le</strong> Qat’muk,<br />
<strong>le</strong> territoire ancestral sacré des Ktunaxa.<br />
Après 30 ans d’incertitude quant à l’avenir de ces terres traditionnel<strong>le</strong>s,<br />
<strong>le</strong> Conseil de la Nation Ktunaxa va maintenant pouvoir al<strong>le</strong>r<br />
de l’avant avec la création d’une aire protégée et de conservation<br />
autochtone (APCA). Les APCA se distinguent des autres aires protégées<br />
du fait qu’el<strong>le</strong>s sont créées par des Autochtones et fondées<br />
sur <strong>le</strong>ur relation au territoire. Cel<strong>le</strong>-ci protégera à la fois <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs<br />
culturel<strong>le</strong>s et la diversité biologique de cette zone d’importance.<br />
<strong>CNC</strong> a été honoré d’assister la Nation Ktunaxa dans l’élaboration<br />
de l’argumentaire écologique appuyant la protection de cette zone et<br />
de négocier avec <strong>le</strong> promoteur au nom de la Nation. Ces négociations<br />
ont mené à l’annulation de l’entente-cadre de développement et à la<br />
cessation de toute action en justice actuel<strong>le</strong> ou éventuel<strong>le</strong>.<br />
Ce projet a profité de l’appui du Gouvernement du Canada par<br />
l’intermédiaire du Fonds canadien pour la nature. La Wyss Foundation,<br />
la Wilburforce Foundation, Patagonia, <strong>le</strong> Columbia Basin Trust<br />
et la Fondation canadienne Donner ont éga<strong>le</strong>ment apporté un financement<br />
supplémentaire.<br />
Pour en savoir plus : conservationdelanature.ca/jumbo<br />
2<br />
Investir dans la science de la<br />
conservation<br />
ALBERTA<br />
L’équipe de <strong>CNC</strong> en Alberta en est à sa troisième année à bénéficier du<br />
Conservation Science Impact Fund, un fonds créé pour soutenir la<br />
recherche visant l’amélioration du travail de conservation.<br />
À ce jour, ce fonds a soutenu des recherches dans <strong>le</strong>s domaines<br />
suivants :<br />
• Cartographie de zones d’importance dans <strong>le</strong> bassin versant de la<br />
rivière Bow, et des bassins des rivières Old Man et Red Deer;<br />
• Travail avec des propriétaires de ranchs et de fermes du sudouest<br />
de l’Alberta pour gérer <strong>le</strong> défi que constitue la présence<br />
de carnivores de grandes tail<strong>le</strong>s (p. ex. grizzlys) sur <strong>le</strong>urs terres;<br />
• Suivi aérien et utilisation d’images haute résolution pour la planification<br />
et <strong>le</strong> suivi en conservation;<br />
• Programme de science citoyenne qui permet de recueillir des<br />
informations du public provenant d’observations d’animaux sauvages<br />
pour savoir où l’antilope d’Amérique (l’animal terrestre <strong>le</strong><br />
plus rapide d’Amérique du Nord) et d’autres espèces sauvages<br />
traversent <strong>le</strong>s autoroutes.<br />
Nous avons hâte de poursuivre notre soutien pour la recherche en<br />
<strong>2020</strong>, avec des projets axés sur la surveillance de la restauration des<br />
habitats de prairie, la compréhension des effets du pâturage sur <strong>le</strong>s<br />
oiseaux de prairie et <strong>le</strong> soutien d’un projet scientifique citoyen axé<br />
sur <strong>le</strong>s pollinisateurs indigènes.<br />
Pour en savoir plus : natureconservancy.ca/csif (en anglais)<br />
HAUT EN BAS : PAT MORROW; MARK DUFFY/ALAMY STOCK PHOTO.<br />
14 PRINTEMPS <strong>2020</strong><br />
conservationdelanature.ca
HAUT EN BAS : IRWIN BARRETT; MIKE DEMBECK; <strong>CNC</strong>.<br />
Le Shaw Wilderness Park, à seu<strong>le</strong>ment 5 km du centre-vil<strong>le</strong> de Halifax.<br />
3<br />
Un nouveau parc sauvage urbain<br />
HALIFAX, NOUVELLE-ÉCOSSE<br />
Après quatre ans de travail, piloté par <strong>CNC</strong>, un parc unique en son genre a vu <strong>le</strong> jour en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.<br />
Le Shaw Wilderness Park (parc sauvage Shaw) est une réserve naturel<strong>le</strong> de 153 hectares (379 acres) située<br />
à seu<strong>le</strong>ment 5 kilomètres du centre-vil<strong>le</strong> de Halifax. Sa création a été rendue possib<strong>le</strong> grâce à une collaboration<br />
remarquab<strong>le</strong> entre <strong>CNC</strong> et ses sympathisant(e)s, la Williams Lake Conservation Company (un<br />
groupe de conservation de Halifax), The Shaw Group (ancien propriétaire du terrain) et <strong>le</strong>s trois niveaux<br />
de gouvernement. Après avoir rencontré <strong>CNC</strong> et la Williams Lake Conservation Company, <strong>le</strong> président de<br />
The Shaw Group, Allan Shaw, a contribué à la création du parc en acceptant de vendre son terrain à des<br />
fins de conservation plutôt que d’y établir un ensemb<strong>le</strong> résidentiel.<br />
Le Shaw Wilderness Park protège des habitats de forêts et de milieux humides pour plus de 40 espèces<br />
d’oiseaux, et offre la pratique d’activités récréatives en milieu urbain. Il comprend un réseau de sentiers<br />
rustiques et donne accès à deux lacs. Le parc protège éga<strong>le</strong>ment un écosystème rare de pin gris et de<br />
corème de Conrad, un arbuste trouvé uniquement en Nouvel<strong>le</strong>-Écosse.<br />
L’important soutien de la communauté (plus de 400 dons) a été essentiel au succès de ce projet. Un accord<br />
juridique entre la Municipalité et <strong>CNC</strong> assure que <strong>le</strong> parc sera protégé en tant que « zone sauvage urbaine<br />
» (urban wilderness area) et refuge pour la faune et pour <strong>le</strong>s amoureux et amoureuses de nature.<br />
Bisons des prairies.<br />
4<br />
De nouveaux bisons mâ<strong>le</strong>s à<br />
Old Man on His Back<br />
SASKATCHEWAN<br />
En novembre 2019, 5 bisons des plaines de 2 ans ont<br />
rejoint <strong>le</strong> troupeau de l’aire de conservation des<br />
prairies patrimonia<strong>le</strong>s Old Man on His Back (OMB) de<br />
<strong>CNC</strong>, dans <strong>le</strong> sud-ouest de la province. Depuis 2003,<br />
<strong>le</strong> pâturage des bisons contribue à maintenir en bonne<br />
santé environ 3 640 hectares (environ 9 000 acres)<br />
de prairie indigène. Ces animaux font partie d’une<br />
stratégie visant à conserver la diversité génétique du<br />
troupeau, un élément identifié comme étant prioritaire<br />
dans une mise à jour récente du plan de gestion des<br />
bisons d’OMB. Les premières progénitures des bisons<br />
doivent voir <strong>le</strong> jour au <strong>printemps</strong> 2021.<br />
P<strong>le</strong>ins feux sur<br />
nos partenaires<br />
Techno nature RBC est un<br />
engagement pluriannuel visant<br />
à protéger notre avenir col<strong>le</strong>ctif<br />
en misant sur <strong>le</strong>s idées, <strong>le</strong>s<br />
technologies, et <strong>le</strong>s partenariats.<br />
C’est dans cette perspective que<br />
la Fondation RBC a établi un<br />
partenariat avec Conservation<br />
de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) pour<br />
investir dans la puissance des<br />
technologies novatrices pour<br />
la conservation.<br />
En tant que plus grand organisme<br />
de conservation de terres privées<br />
au pays, <strong>CNC</strong> gère d’énormes<br />
quantités de données pour la<br />
planification de la conservation,<br />
l’acquisition de terres et<br />
l’intendance.<br />
Le soutien de la Fondation RBC<br />
permet à <strong>CNC</strong> d’investir dans<br />
des logiciels plus puissants et<br />
perfectionnés qui aideront <strong>le</strong><br />
personnel à recueillir, stocker,<br />
partager et analyser plus de<br />
données, plus efficacement. <strong>CNC</strong><br />
pourra ainsi répondre plus<br />
rapidement et de manière plus<br />
ciblée aux besoins en conservation<br />
au Canada, et améliorer sa façon<br />
de faire <strong>le</strong> suivi de son impact et<br />
de <strong>le</strong> faire connaître. Ce partenariat<br />
avec la Fondation RBC permettra<br />
à <strong>CNC</strong> de mieux utiliser la<br />
technologie pour obtenir des<br />
résultats concrets en conservation.<br />
Merci à la Fondation RBC d’apporter<br />
des solutions technologiques<br />
à la conservation!<br />
conservationdelanature.ca
UNE FORCE POUR<br />
LA NATURE<br />
Le projet<br />
Finding Flowers<br />
En recréant à travers <strong>le</strong> pays des jardins comme ceux du regretté Mike MacDonald,<br />
un artiste micmac, Lisa Myers et Sheila Colla espèrent faire connaître l’importance<br />
des pollinisateurs indigènes par l’intermédiaire des savoirs autochtones ainsi que<br />
des arts et de la culture traditionnel<strong>le</strong>.<br />
JAQUI OAKLEY.<br />
16 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
En 2009, sur un petit chemin du parc provincial Pinery,<br />
en Ontario, Sheila Colla et sa collègue ont repéré dans<br />
<strong>le</strong>s mauvaises herbes un bourdon qui semblait différent<br />
de ceux qu’el<strong>le</strong>s avaient observés plus tôt. C’était un bourdon à<br />
tache rousse, un insecte rare, et <strong>le</strong> dernier de son espèce à avoir<br />
été observé au Canada.<br />
L’art peut être un outil plus efficace<br />
qu’un artic<strong>le</strong> scientifique quand il<br />
s’agit de faire connaître <strong>le</strong>s bienfaits<br />
des pollinisateurs.<br />
« Ma première identification à partir d’un véhicu<strong>le</strong> [drive-by identification]<br />
: quel moment excitant! Mais c’est triste aussi, car je n’en ai<br />
pas vu d’autres depuis », raconte Mme Colla, chercheuse en conservation<br />
des pollinisateurs à l’Université York de Toronto, en Ontario.<br />
Les bourdons indigènes sont en déclin rapide et certaines espèces<br />
risquent même de disparaître du pays. Récemment, Conservation de la<br />
nature Canada (<strong>CNC</strong>), grâce à des fonds provenant de la W. Garfield<br />
Weston Foundation et de Mitacs (organisme qui conçoit et met en<br />
œuvre des programmes de recherche et de formation), a contribué à la<br />
recherche de Sheila Colla sur <strong>le</strong>s pratiques respectueuses en matière<br />
de gestion des pollinisateurs en milieu agrico<strong>le</strong>. De 2016 à 2018,<br />
l’équipe de Mme Colla a noté la présence de nombreuses espèces de<br />
pollinisateurs indigènes sur <strong>le</strong>s propriétés de <strong>CNC</strong>, dont trois espèces<br />
de bourdons en déclin rapide (<strong>le</strong> bourdon américain, <strong>le</strong> bourdon terrico<strong>le</strong><br />
et <strong>le</strong> bourdon ardent).<br />
« Je mène depuis 15 ans des recherches sur <strong>le</strong>s pollinisateurs indigènes<br />
au Canada et aux États-Unis. Je documente <strong>le</strong> déclin du bourdon<br />
indigène depuis bien avant que cet enjeu soit connu du public, raconte<br />
Mme Colla. Souvent, quand <strong>le</strong>s gens par<strong>le</strong>nt du déclin des pollinisateurs,<br />
il s’agit plutôt de celui de l’abeil<strong>le</strong> domestique – une espèce qui<br />
n’est pas indigène au Canada – et de pollinisation des cultures agrico<strong>le</strong>s.<br />
Selon un sondage national, la moitié de la population canadienne<br />
pense que cette abeil<strong>le</strong> est indigène au Canada. Mais c’est bien sur nos<br />
abeil<strong>le</strong>s indigènes que je travail<strong>le</strong>, en réfléchissant au moyen de conserver<br />
<strong>le</strong>ur biodiversité et à l’importance de <strong>le</strong> faire pour la résilience des<br />
écosystèmes face aux changements climatiques ».<br />
Communiquer au grand public l’importance de la conservation des<br />
pollinisateurs indigènes est un défi pour Sheila Colla, car il est souvent<br />
diffici<strong>le</strong> de saisir l’impact positif qu’ils ont sur la vie des humains.<br />
Selon el<strong>le</strong>, l’art peut être un outil plus efficace qu’un artic<strong>le</strong> scientifique<br />
quand il s’agit de faire connaître <strong>le</strong>s bienfaits des pollinisateurs.<br />
Et c’est de ce constat qu’est née sa collaboration avec Lisa Myers, une<br />
artiste et curatrice d’origine anishinaabe.<br />
Sheila Colla et Lisa Myers sont collègues à la Faculté des études environnementa<strong>le</strong>s<br />
de l’Université de York. El<strong>le</strong>s ont entrepris un projet<br />
de recherche unique, Finding Flowers, visant à recréer à travers <strong>le</strong><br />
Canada <strong>le</strong>s jardins de l’artiste micmac Mike MacDonald (1941-2006).<br />
Le premier jardin se trouve sur <strong>le</strong> terrain<br />
de la ga<strong>le</strong>rie d’art de Kitchener-Waterloo, en<br />
Ontario. Ce jardin circulaire hors du commun<br />
composé de sept sections est surmonté<br />
d’une structure de tipi. Du <strong>printemps</strong> à la fin<br />
de l’automne, ses plantes médicina<strong>le</strong>s indigènes<br />
alimentent <strong>le</strong>s pollinisateurs. Le jardin<br />
met en évidence <strong>le</strong>s liens qui existent entre<br />
<strong>le</strong>s pollinisateurs, <strong>le</strong>s plantes médicina<strong>le</strong>s traditionnel<strong>le</strong>s<br />
et la culture autochtone.<br />
« [Avec Finding Flowers], nous espérons<br />
combiner des études écologiques à l’art autochtone,<br />
et recueillir des informations de<br />
base sur l’écologie de ces plantes indigènes<br />
importantes sur <strong>le</strong> plan culturel, sur <strong>le</strong>urs pollinisateurs<br />
ainsi que <strong>le</strong>s menaces auxquel<strong>le</strong>s<br />
el<strong>le</strong>s sont confrontées », explique Sheila<br />
Colla. El<strong>le</strong> ajoute que <strong>le</strong>s scientifiques doivent<br />
être ouverts à l’intégration de différents<br />
systèmes de connaissances dans <strong>le</strong>urs recherches<br />
et reconnaître que l’humain fait<br />
partie du monde naturel.<br />
Sheila Colla et Lisa Myers espèrent que<br />
<strong>le</strong>ur projet permettra de partager des connaissances<br />
traditionnel<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s plantes médicina<strong>le</strong>s<br />
indigènes et <strong>le</strong>s pollinisateurs.<br />
« Je m’intéresse à la façon dont ces jardins<br />
modifient <strong>le</strong> paysage pour qu’il s’apparente<br />
davantage à ce qu’il était à l’époque précolonia<strong>le</strong><br />
», explique Mme Myers. « J’espère susciter<br />
des conversations sur l’écologie en rapport<br />
avec la colonisation, développer des relations<br />
avec des personnes qui ont connu Mike<br />
et inviter des artistes à réagir à ces jardins par<br />
l’entremise de <strong>le</strong>urs propres œuvres ».<br />
Sheila Colla espère que <strong>le</strong>s jardins deviendront<br />
des espaces permettant au public d’observer<br />
la diversité des pollinisateurs du Canada.<br />
El<strong>le</strong> conclut : « [<strong>le</strong>s jardins sont] des lieux<br />
où <strong>le</strong>s gens peuvent se mê<strong>le</strong>r à l’écosystème,<br />
apprécier et apprendre comment fonctionnent<br />
<strong>le</strong>s relations plantes-pollinisateurs et découvrir<br />
<strong>le</strong> lien qui nous unit. Grâce à ces apprentissages,<br />
nous pourrons amener <strong>le</strong>s gens à s’intéresser<br />
à nos pollinisateurs indigènes avant<br />
qu’un plus grand nombre d’entre eux ne<br />
soient menacés d’extinction, comme l’est <strong>le</strong><br />
bourdon à tache rousse ».1<br />
conservationdelanature.ca<br />
PRINTEMPS <strong>2020</strong> 17
GRANDEUR<br />
NATURE<br />
Chants d’espoir<br />
Propos de Francisco Retamal Diaz, coordonnateur de projets à <strong>CNC</strong> pour la vallée de l’Outaouais (Québec), recueillis par Sophie Arbour,<br />
coordonnatrice aux communications à <strong>CNC</strong>, au Québec.<br />
On pense souvent qu’il y a la vil<strong>le</strong>,<br />
puis, au-delà, la vraie nature.<br />
Je suis né à Gatineau, au Québec.<br />
Jusqu’à récemment, quand je ressentais <strong>le</strong><br />
besoin de passer du temps en nature, je me<br />
rendais dans <strong>le</strong> grand parc de la Gatineau,<br />
qui s’étend jusqu’en périphérie de la vil<strong>le</strong>.<br />
Depuis l’automne 2019, je travail<strong>le</strong> à<br />
Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) à<br />
titre de coordonnateur de projets pour la vallée<br />
de l’Outaouais. Alors que je menais un inventaire<br />
sur une espèce envahissante dans<br />
des milieux humides de Gatineau au cours de<br />
cet automne, j’ai découvert une riche nature<br />
urbaine luttant pour sa survie.<br />
Dans <strong>le</strong>s étangs et marais de Gatineau se<br />
trouve en effet une espèce désignée vulnérab<strong>le</strong><br />
par <strong>le</strong> gouvernement du Québec : la rainette<br />
faux-grillon de l’Ouest, population des<br />
Grands Lacs/Saint-Laurent et du Bouclier canadien.<br />
Cette grenouil<strong>le</strong> est si petite que pour<br />
évaluer la tail<strong>le</strong> d’une population, on doit se<br />
fier à l’intensité de son chant (plus fort <strong>le</strong><br />
chant de la chora<strong>le</strong>, plus grande la population).<br />
Certains soirs d’avril, une dizaine d’individus<br />
peuvent émettre un chant assourdissant<br />
entendu à plus de 100 mètres de distance.<br />
La rainette faux-grillon de l’Ouest a toutefois<br />
la vie diffici<strong>le</strong> ces temps-ci. Non seu<strong>le</strong>ment<br />
<strong>le</strong>s milieux où el<strong>le</strong> se reproduit disparaissent<br />
à un rythme affolant, mais ceux qu’il<br />
lui reste sont souvent colonisés par des espèces<br />
envahissantes.<br />
Bon nombre des milieux humides de<br />
Gatineau que j’ai inventoriés l’automne<br />
dernier étaient complètement colonisés par <strong>le</strong><br />
nerprun bourdaine et <strong>le</strong> nerprun cathartique.<br />
Ces plantes libèrent des toxines qui sont<br />
nocives pour <strong>le</strong>s embryons d’amphibiens. Les<br />
rainettes faux-grillons sont cependant plus<br />
résistantes que je l’avais prévu. Pendant que<br />
je me tenais un jour dans un bosquet de<br />
nerprun, j’ai été surpris d’entendre <strong>le</strong>ur<br />
chant. Il n’y avait que deux ou trois individus,<br />
mais <strong>le</strong>ur chant m’a semblé plus perçant<br />
que jamais!<br />
J’ai alors réalisé que des espèces vivant<br />
au cœur de Gatineau, qu’on entend sans <strong>le</strong>s<br />
voir, font de <strong>le</strong>ur mieux pour survivre.<br />
Mais la rainette faux-grillon de l’Ouest ne<br />
pourra peut-être pas résister longtemps à la<br />
destruction et à l’invasion de son habitat. En<br />
me promenant dans <strong>le</strong>s milieux humides ce<br />
jour d’automne, je me suis demandé combien<br />
de temps encore nous pourrons <strong>le</strong>s entendre<br />
à Gatineau.<br />
Au Québec, <strong>le</strong> chant de la rainette fauxgrillon<br />
de l’Ouest n’est dorénavant entendu<br />
qu’en Outaouais et en Montérégie. Pour moi,<br />
il ne fait aucun doute qu’il faut protéger <strong>le</strong>s<br />
derniers milieux naturels disponib<strong>le</strong>s pour<br />
cette espèce, aussi petits, isolés et envahis<br />
soient-ils.1<br />
MATHIAS BALL.<br />
18 PRINTEMPS <strong>2020</strong> conservationdelanature.ca
LA CONSERVATION<br />
PROGRESSE<br />
GRÂCE À VOUS.<br />
MERCI!
Faisons de <strong>2020</strong> une<br />
année marquante<br />
pour la conservation<br />
Votre soutien à la campagne Laissez votre signature nous permettra<br />
de conserver plus de milieux naturels plus rapidement, de connecter<br />
plus de gens à la nature, et d’inspirer la prochaine génération de<br />
<strong>le</strong>aders de la conservation.<br />
DE VOS<br />
NOUVELLES<br />
Des tout-petits aident la nature<br />
« J’ai eu envie de partager<br />
avec vous quelque chose<br />
qui pourrait vous plaire. Pour<br />
Noël, j’ai fait un don à <strong>CNC</strong> au<br />
nom de ma petite-fil<strong>le</strong>, pour<br />
la protection de l’habitat du<br />
harfang des neiges. Récemment,<br />
el<strong>le</strong> a eu 4 ans et a demandé<br />
aux enfants invités à sa fête de faire un don pour<br />
aider <strong>le</strong>s monarques plutôt que de lui offrir des cadeaux.<br />
Pendant la fête, sa mère <strong>le</strong>ur a fait faire un bricolage de<br />
papillons et a remis à chacun un sachet de graines de<br />
f<strong>le</strong>urs sauvages pour papillons à rapporter chez eux.<br />
En 2018, <strong>CNC</strong> a annoncé la campagne Laissez votre signature, la plus importante<br />
col<strong>le</strong>cte de fonds privés de l’histoire du Canada pour la conservation de<br />
la nature. Grâce à l’appui de toutes <strong>le</strong>s généreuses personnes qui ont fait un<br />
don à <strong>CNC</strong>, nous avons amassé plus de 700 millions de dollars, soit plus de<br />
90 % de notre objectif de 750 millions de dollars. Atteindre cet objectif nous<br />
permettra de réaliser au moins 500 nouveaux projets de conservation d’un<br />
océan à l’autre et à l’autre.<br />
Merci de votre soutien continu. Chaque don contribue à faire de la campagne<br />
Laissez votre signature un succès. Amassons <strong>le</strong>s 10 % qui nous séparent de<br />
notre objectif et faisons de <strong>2020</strong> une année charnière pour la conservation!<br />
PLUS DE 90 % ATTEINT<br />
AMASSER<br />
750 M$<br />
95 % ATTEINT<br />
CONSERVER<br />
500<br />
NOUVELLES PROPRIÉTÉS<br />
Pour en savoir plus sur la campagne Laissez votre signature, visitez<br />
laissezvotresignature.ca.<br />
Suite à ce geste de ma petite-fil<strong>le</strong>, son ami, qui allait<br />
avoir cinq ans, a lui aussi demandé que des dons<br />
soient faits pour aider <strong>le</strong>s chats sauvages, au lieu de<br />
recevoir des cadeaux.<br />
J’étais si fière de ma petite-fil<strong>le</strong>. Et je trouve extrêmement<br />
encourageant que ces deux si jeunes enfants<br />
s’engagent possib<strong>le</strong>ment pour la vie à la protection de<br />
nos espèces et de <strong>le</strong>urs habitats. »<br />
~Jan Rycroft a fait un don au programme La nature en<br />
cadeau (Gifts of Canadian Nature) de <strong>CNC</strong> en 2019.<br />
La restauration de<br />
milieux humides<br />
« Nous savons tous que <strong>le</strong>s<br />
milieux humides se font<br />
de plus en plus rares au<br />
Canada et dans <strong>le</strong> monde.<br />
Quand nous avons<br />
commencé à travail<strong>le</strong>r avec <strong>CNC</strong> pour restaurer <strong>le</strong>s<br />
milieux humides [sur nos propriétés], c’était un peu<br />
surprenant de voir d’énormes engins commencer à<br />
creuser. Après, ça ressemblait à un paysage lunaire.<br />
Maintenant, c’est un magnifique milieu humide<br />
verdoyant avec des étangs qui attirent la sauvagine.<br />
Nous passons des heures à observer ce qui s’y passe. »<br />
~Walter et Carol Latter ont contribué de manière<br />
considérab<strong>le</strong> à la protection de Cherry Meadows,<br />
près de Kimber<strong>le</strong>y (C.-B). En 2014, ils ont fait<br />
don de la propriété à <strong>CNC</strong> et assurent toujours son<br />
intendance en y consacrant d’innombrab<strong>le</strong>s heures<br />
de bénévolat.<br />
CONSERVATION DE LA NATURE CANADA<br />
1055, boul. René-Lévesque Est, bureau 300, Montréal (Québec) H2L 4S5 Partagez vos histoires avec nous à <strong>magazine</strong>@conservationdelanature.ca