08.12.2020 Views

Essais & Simulations 143

DOSSIER : Spécial Hydrogène : Au centre de toutes les attentions, la filière se structure !

DOSSIER : Spécial Hydrogène : Au centre de toutes les attentions, la filière se structure !

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

DOSSIER 42 28<br />

Spécial<br />

Hydrogène<br />

Au centre de toutes<br />

les attentions, la<br />

filière se structure !<br />

<strong>Essais</strong> et modélisation 7<br />

Des bureaux d’études au cœur de la problématique<br />

de « l’export control »<br />

Mesures 18<br />

Acquisition de données – quelles solutions pour<br />

quelles applications ?<br />

N° <strong>143</strong> • DÉCEMBRE 2020 - JANVIER 2021 • 20 €


High-End Solutions for Automotive<br />

Displays & Lighting Measurement<br />

www.radiantvisionsystems.eu


ÉDITORIAL<br />

La guerre commerciale – cet<br />

autre front qui s’ajoute à la crise<br />

sanitaire<br />

Qui veut la paix prépare la guerre… Non, je ne suis pas en train d’évoquer<br />

celle déclarée contre le Covid-19 mais de l’autre front qui fait rage depuis<br />

déjà plusieurs années, celle du commerce international. À cette différence<br />

près qu’aujourd’hui celle-ci ne semble plus opposer la Chine aux États-Unis<br />

mais concerne désormais l’Europe.<br />

Olivier Guillon<br />

Rédacteur en chef<br />

Non pas que le Vieux Continent ait été épargné par<br />

les mesures de rétorsions américaines d’un côté, et les<br />

attaques frontales de la Chine sur les brevets de l’autre…<br />

Bien au contraire ; tiraillée entre les deux superpuissances,<br />

l’Europe s’est distinguée par son incapacité à faire entendre<br />

sa voix, perdant tour à tour de juteux marchés tout en<br />

payant des milliards de dollars d’amendes à une Amérique<br />

qui n’a pas attendu l’élection de Trump pour créer l’intelligence<br />

économique (concept né sous JFK) ; et celle<br />

de Joe Biden n’y changera pas grand chose : Washington<br />

continuera à s’attaquer à des entreprises prises entre les<br />

tenailles d’une justice américaine peu aveugle lorsqu’il<br />

s’agit de faire respecter le principe d’extraterritorialité.<br />

« L’élection de Joe<br />

Biden n’y changera pas<br />

grand chose : Washington<br />

continuera à s’attaquer<br />

à des entreprises prises<br />

entre les tenailles d’une<br />

justice américaine peu<br />

aveugle lorsqu’il s’agit de<br />

faire respecter le principe<br />

d’extraterritorialité. »<br />

Mais l’heure de se rebeller est venue. Bruxelles, par la voix<br />

de Margrethe Vestinger, est bien décidée à faire payer le<br />

Gafa. Thierry Breton entend défendre la souveraineté des<br />

données dans la frénésie de la 5G. Quant aux mesures de rétorsion, l’Europe est récemment<br />

parvenue à un accord avec l’OMC, l’autorisant à imposer des amendes allant jusqu’à<br />

4 Md€. Néanmoins, plutôt que d’attendre ces réactions qui ne feront qu’envenimer la<br />

situation, incitons nos entreprises exportatrices à mieux comprendre et respecter les<br />

lois en vigueur… C’est encore la meilleure façon de se défendre !<br />

Olivier Guillon<br />

Envie de réagir ?<br />

@EssaiSimulation<br />

ÉDITEUR<br />

MRJ Informatique<br />

Le Trèfle<br />

22, boulevard Gambetta<br />

92130 Issy-les-Moulineaux<br />

Tel : 01 84 19 38 10<br />

Fax : 01 34 29 61 02<br />

Direction :<br />

Michaël Lévy<br />

Directeur de publication :<br />

Jérémie Roboh<br />

Directeur des rédactions :<br />

Olivier Guillon<br />

o.guillon@mrj-corp.fr<br />

COMMERCIALISATION<br />

RÉALISATION<br />

Publicité :<br />

Conception graphique :<br />

Patrick Barlier<br />

Dolioz - Adeline Docquier<br />

p.barlier@mrj-corp.fr<br />

Maquette, Impression :<br />

Diffusion et Abonnements : Quarante Six<br />

https://digital.mrj-presse.fr/ Parc d'activités Leapark<br />

https://essais-simulations.com/la-revue/ 130, rue Marcel Hartmann,<br />

Emilie Bellenger<br />

94200 Ivry-sur-Seine<br />

abonnement@ essais-simulations.com N°ISSN :<br />

Prix au numéro : 20€<br />

1632 - 4153<br />

Abonnement 1 an France et à N° CPPAP : 1021 T 94043<br />

l’étranger, 4 numéros en version Dépôt légal : à parution<br />

numérique : 60 € TTC<br />

Périodicité : Trimestrielle<br />

Abonnement 1 an version<br />

Numéro : <strong>143</strong><br />

numérique + papier : 85 € TTC<br />

Règlement par chèque bancaire à Date : décembre 2020 - janvier 2021<br />

l’ordre de MRJ<br />

RÉDACTION<br />

Ont collaboré à ce numéro :<br />

Erwan Chapelier (Inpi), Raphaël<br />

Kassab, (AllianTech), Jérôme Lopez<br />

(CFM), Julie Marcheteau (Ellab),<br />

Florent Mathieu (Eikosim), Damien<br />

Pélisson (dBVib Consulting)<br />

Comité de rédaction :<br />

MRJ Presse : Olivier Guillon<br />

ASTE : Alain Bettacchioli (Thales<br />

Alenia Space),<br />

Daniel Leroy (AllianTech),<br />

Yohann Mesmin (Siemens Industry<br />

Software),<br />

Patrycja Perrin (ASTE)<br />

PHOTO DE COUVERTURE :<br />

IStock - MF3d<br />

Toute reproduction, totale ou partielle,<br />

est soumise à l’accord préalable de la<br />

société MRJ.<br />

Partenaires du magazine<br />

<strong>Essais</strong> & <strong>Simulations</strong> :<br />

/Facebook.com/<br />

EssaiSimulation<br />

/@EssaiSimulation<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I3


Crystal Instruments<br />

Distributeur<br />

la France<br />

pour<br />

contact.instrumentation@dbvib.com<br />

www.dbvib-instrumentation.com<br />

ESSAIS<br />

VIBRATOIRES<br />

Spider-81<br />

DERNIÈRE GÉNÉRATION DE SYSTÈME<br />

DE CONTRÔLE POUR POTS VIBRANTS<br />

MODULAIRE ET EVOLUTIF<br />

CONNECTIVITÉ ETHERNET<br />

ESSAIS EN BALAYAGE SINUS<br />

ESSAIS ALÉATOIRES<br />

ESSAIS DE CHOCS<br />

EDITIONS DE RAPPORTS<br />

Contactez-nous au 04 74 16 18 80 pour en savoir plus


SOMMAIRE<br />

MESURES<br />

SPÉCIAL HYDROGÈNE<br />

28<br />

28 - « France Hydrogène portera haut et fort les couleurs de<br />

l’hydrogène en France comme à l’international ! »<br />

32 - « Il n’y aura pas de transition énergétique réussie sans hydrogène »<br />

35 - France Hydrogène signe un accord avec la BEI<br />

36 - Un vent de dynamisme souffle sur la recherche dans l’hydrogène<br />

38 - François Legalland prend la direction du CEA-Liten<br />

39 - Une céramique nanoporeuse pour économiser le platine pour la production d’hydrogène<br />

40 - Dans l’hydrogène, Plastic Omnium vise un chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros !<br />

42 - Obtenir une cartographie des brevets dans l’hydrogène… en quelques clics !<br />

44 - Des solutions de mesure au service de l’hydrogène décarboné<br />

ACTUALITÉS<br />

ESSAI ET MODÉLISATION<br />

7 Recalage et validation d'une simulation<br />

d'un tableau de bord innovant grâce à<br />

la technologie de corrélation d'images<br />

numériques<br />

©Arkema<br />

©Eikosim<br />

6 Un nouveau syndicat professionnel de<br />

la plasturgie et des composites<br />

6 Le laboratoire AdViTAM souffle ses trois<br />

bougies<br />

6 Le CIM lance son appel à conférences<br />

pour son édition de 2021<br />

6 Ater Métrologie obtient la certification<br />

européenne Certicold Pharma<br />

6 EikoSim rejoint l'alliance des partenaires<br />

d'Altair<br />

©DR<br />

9 Convaincre les industriels de se renforcer<br />

dans l’export control<br />

12 Une solution pour sensibiliser et guider<br />

les industriels à l’export control<br />

14 En pleine crise, Bowen inaugure aux<br />

Ulis un nouveau site de R&D<br />

MESURES<br />

18 Une journée technique dédiée à la<br />

mesure de conformité<br />

20 Les défis des mesures de contraintes<br />

pour les essais vibratoires<br />

23 Un nouveau module pour répondre aux<br />

besoins croissants en bande passante<br />

24 Les données de vibrations<br />

électrodynamiques au cœur de toutes<br />

les attentions<br />

©Ellab<br />

26 Comment sécuriser et optimiser le<br />

stockage des vaccins contre la Covid-19 ?<br />

OUTILS<br />

45 Journée technique ASTE -<br />

CSTB : « Évolution des méthodes<br />

d’appréhension du confort thermique<br />

dans les bâtiments et les habitacles »<br />

46 Formations ASTE<br />

47 Agenda<br />

48 Au sommaire du prochain numéro<br />

48 Index des annonceurs et des<br />

entreprises citées<br />

48 Le chiffre à retenir<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I5


DEWESoft® développe et fabrique des systèmes d’analyse<br />

Vibratoire et Acoustique pour les secteurs de l’industries :<br />

Automobile, Aéronautique, Energie, Automatisme, Production,<br />

Marine et Recherche.<br />

Toutes ces industries ont des éléments (ensembles et sous-ensembles) générant des bruits et<br />

des vibrations (NVH) excessifs.<br />

La norme internationale de communication OPC UA assure l’interopérabilité des<br />

systèmes connectés – (Norme IEC 62541). DEWESoft propose 3 solutions pour raccorder<br />

vos mesures à vos systèmes d’automatisation et de supervision de production :<br />

• DEWESOFT OPC UA SERVER<br />

- SERVEUR OPC, port d’accès congurable.<br />

- PUBLICATIONS DES DONNÉES DEWESOFT<br />

analogique mathématiques, numériques...<br />

• DEWESOFT OPC UA CLIENT<br />

- PROPRIÉTÉS DES MESURES PUBLIÉES nom,<br />

description, valeur actuelle, Offset, mise à<br />

l’échelle, cadence d’acquisition, unité.<br />

- DÉMARRER/ARRÊTER l’ enregistrement.<br />

- VISUALISER le temps de départ, les cadences<br />

d’acquisition.<br />

• DEWESOFT HISTORIAN<br />

- SURVEILLANCE DE VOS ESSAIS gestion,<br />

stockage, visualisation<br />

- ACQUISITION DES DONNÉES et traitements<br />

mathématiques.<br />

- BASE DE DONNÉES organisation, accès aux<br />

mesures, sous-échantillonnage, sauvegardes<br />

- ACCÈS ET AFFICHAGE DES DONNÉES sur le<br />

CLOUD


NOS DOSSIERS EN UN CLIN D’OEIL<br />

© IMV Corporation © DR<br />

ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

MESURES<br />

L’export control : l’autre front des<br />

bureaux d’études p. 7 à 175<br />

Cela n’aura échappé à personne : les mesures de rétorsion, en<br />

particulier menées par l’administration américaine contre les<br />

entreprises étrangère (à commencer par les européennes) ne<br />

cessent d’augmenter. Et ce n’est pas la récente élection de Joe<br />

Biden qui ralentira la tendance, d’autant que le Vieux Continent<br />

a – enfin – décidé de se rebiffer. Sans pour autant entrer dans<br />

une confrontation dont on connaît d’avance l’issue malheureuse<br />

pour les PME/PMI/ETI et leurs bureaux d’études, il est toutefois<br />

possible de prendre les devants grâce à une meilleure prise en<br />

compte de l’export control.<br />

Mesures et traitement des données…<br />

Quelles solutions ? p. 18 à 27<br />

Les données de mesure, à commencer par les mesures de vibrations,<br />

sont de plus en plus denses et nombreuses, mais également<br />

toujours plus complexes. Or celles-ci sont en droite ligne avec<br />

les exigences croissantes des laboratoires et des industriels en<br />

matière de qualité et de fiabilité. Afin de rendre ces données de<br />

mesure plus proches du réel et de simplifier leur traitement,<br />

des systèmes d’acquisition existent ; ceux-ci se montrent à la<br />

fois plus performants mais aussi plus simples et plus rapides à<br />

mettre en œuvre.<br />

©Bosch<br />

DOSSIER<br />

Spécial filière hydrogène<br />

p. 28 à 44<br />

Le Plan de relance est certainement l’une des rares bonnes<br />

nouvelles de cette annus horribilis, en particulier pour la filière<br />

hydrogène. Après le manifeste lancé en juillet dernier pour faire<br />

de l’hydrogène une technologie clef, le gouvernement a décidé de<br />

mettre les bouchées doubles, au regard des sommes significatives<br />

annoncées dans les années à venir. Le monde de la recherche,<br />

et notamment au niveau des essais et des moyens de mesure,<br />

est sur le pied de guerre. Le point avec différents acteurs de la<br />

filière et une interview fleuve de Philippe Boucly, le président<br />

de France Hydrogène.<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I7


ACTUALITÉS<br />

EN BREF<br />

Le CIM lance son appel à<br />

conférences pour son édition<br />

de 2021<br />

Le Congrès international de métrologie<br />

2021, qui aura lieu du 28 au 30<br />

septembre à Paris, en partenariat<br />

avec l’exposition Measurement World,<br />

vient de lancer un appel à conférences<br />

sous le signe de la « confiance ».<br />

Celui-ci est ouvert jusqu'au 15 janvier<br />

2021.Pas moins de 200 conférences<br />

seront programmées. En outre, six<br />

tables rondes s’articuleront autour de<br />

trois axes clés : Industrie 4.0, Green<br />

Deal et Santé. ●<br />

Ater Métrologie obtient<br />

la certification européenne<br />

Certicold Pharma<br />

Ater Métrologie peut désormais<br />

réaliser les tests nécessaires<br />

à la délivrance initiale et au<br />

renouvellement du label Certicold<br />

Pharma. Ces tests concernent les<br />

équipements de la chaîne du froid<br />

des produits pharmaceutiques. Il<br />

s’agit par exemple des emballages,<br />

des véhicules frigorifiques ou des<br />

réfrigérateurs et chambres froides. ●<br />

© Arkema<br />

FILIÈRE<br />

Un nouveau syndicat professionnel de<br />

la plasturgie et des composites<br />

Les syndicats interrégionaux<br />

de la plasturgie Allizé-Plasturgie,<br />

Gipco, Plasti Ouest,<br />

de la Fédération de la plasturgie<br />

et des composites et du Groupement<br />

de la plasturgie industrielle et<br />

des composites (GPIC) ont décidé de<br />

créer Polyvia, un syndicat professionnel<br />

opérationnel dès le 31 décembre.<br />

Dirigée par Jean Martin, actuel délégué<br />

général de la Fédération de la plasturgie<br />

et des composites, Polyvia a pour<br />

but d’organiser un syndicat uni sur le<br />

plan national, gouverné par des administrateurs<br />

régionaux.<br />

Les comités régionaux et les comités<br />

de marchés animeront des groupes<br />

de travail pour identifier les problématiques<br />

des entreprises, donner une<br />

vision d’ensemble et mener des actions<br />

sur tous les territoires. Par ailleurs,<br />

Polyvia Formation délivrera une<br />

offre pédagogique renouvelée avec de<br />

nouveaux cursus de formation (Exécutive<br />

Master), une plateforme multimodale<br />

et de la formation à distance. ●<br />

EN SAVOIR PLUS > www.polyvia.fr<br />

LANCEMENT<br />

Le laboratoire AdViTAM souffle ses<br />

trois bougies<br />

EikoSim rejoint l'alliance des<br />

partenaires d'Altair<br />

L’éditeur francilien de solutions<br />

logicielles a annoncé devenir<br />

membre de l’Altair Partner Alliance<br />

(APA) afin de fournir ses outils<br />

d'analyse d'images et de validation<br />

de simulation aux clients du logiciel<br />

de simulation Altair. Ce partenariat<br />

est né suite aux efforts d'EikoSim<br />

pour développer la compatibilité<br />

entre son logiciel EikoTwin et la<br />

suite de simulation d'Altair, donnant<br />

ainsi aux clients d'Altair l'accès à<br />

des données de validation plein<br />

champ.●<br />

Le laboratoire commun AdVi-<br />

TAM (Insa Lyon/Avnir<br />

Engineering) vient de célébrer<br />

ses trois premières années<br />

d’existence. Un anniversaire marqué par<br />

la soutenance de thèse d’Yvon Briend,<br />

doctorant du LabCom, le 18 septembre<br />

dernier à l’Insa de Lyon.<br />

Après avoir reçu du programme<br />

Labcom ANR-PME un financement<br />

pour ses trois premières années d’existence,<br />

AdViTAM entre aujourd’hui<br />

dans une phase de consolidation, de<br />

pérennisation et de valorisation des<br />

travaux. AdViTAM allie Avnir Engineering,<br />

entreprise spécialisée dans la<br />

conduite des essais pilotés pour les<br />

domaines de l’aéronautique-spatial-défense,<br />

et le LaMCoS.<br />

Excitateur 6-axes de l'Equipex<br />

Phare hébergé au LaMCoS<br />

Ainsi, ce laboratoire dispose d’une<br />

grande expertise dans le domaine de<br />

la dynamique des machines. En outre,<br />

il possède un excitateur hydraulique 6<br />

axes ; celui-ci offre une force de 62kN<br />

en dynamique sur une plage fréquentielle<br />

de 0 à 250Hz. ●.<br />

EN SAVOIR PLUS ><br />

www. avnir-engineering.com<br />

8 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

AVIS D’EXPERT<br />

Recalage et validation d'une simulation d'un<br />

tableau de bord innovant grâce à la technologie de<br />

corrélation d'images numériques<br />

Dans une démarche d’innovation nécessaire en automobile, il est nécessaire pour Faurecia<br />

d’effectuer des simulations réalistes afin de prévoir le comportement de ses pièces innovantes.<br />

Exemple avec les opérations d’essais et de simulations portant sur le tableau de bord, dont<br />

l’optimisation repose notamment sur les moyens de corrélation d’images.<br />

Pour Faurecia, les opérations de simulation doivent<br />

à la fois reproduire fidèlement la géométrie et le<br />

comportement mécanique de la pièce sollicitée,<br />

mais leur validation nécessite également de bien<br />

reproduire les conditions aux limites réellement vécues par<br />

la pièce d’essai. Dans cet article, nous nous intéressons en<br />

particulier au comportement d’un tableau de bord lors de<br />

sollicitation mécanique en compression. Faurecia cherche à<br />

améliorer la prédiction en identifiant des conditions limites<br />

anormales, comme un contact non modélisé par exemple<br />

et/ou un écart sur le positionnement de l’indenteur.<br />

MÉTHODE<br />

La corrélation d’images numériques basée sur la méthode<br />

globale (Dubreuil 2016) répond à la problématique en<br />

permettant de mesurer un champ de déplacement défini<br />

directement dans le repère et sur les nœuds du maillage de<br />

simulation. Le but de l’essai considéré est de déterminer la<br />

réponse mécanique d’ensemble du tableau de bord lorsque<br />

l’utilisateur appuie sur l’un des 13 points visés. Lors de l’essai,<br />

l’action de l’utilisateur sur le tableau de bord est approximée<br />

par l’application d’une force de compression verticale de<br />

10N. Pour ce niveau d’effort, la déformation d’ensemble de<br />

la pièce reste faible, ce qui constitue un des enjeux de l’essai<br />

pour les technologies de mesure mises en œuvre.<br />

Afin de procéder à la mesure par corrélation d’images, on<br />

réalise un mouchetis sur la pièce à tester à l’aide de bombes<br />

de peinture. L’apposition d’une texture à la pièce est nécessaire<br />

au suivi de la surface par les caméras, et par la suite à<br />

la mesure des champs de déplacements expérimentaux. Une<br />

fois la pièce peinte, elle est positionnée sur un bâti rigide en<br />

aluminium et positionnée sous un indenteur qui appliquera<br />

un effort linéaire de 0 à 10N sur chacun des 13 points retenus<br />

pour l’étude. Le suivi de déplacement en surface de la<br />

Mise en place de l’essai de corrélation d’images numériques et jeu<br />

d’images pris sur une configuration<br />

pièce est assuré par une paire de caméras qui acquiert les<br />

images de l’essai, de façon à obtenir 60 paires d’images pour<br />

chaque montée en charge (Figure 2).<br />

Les 13 jeux d’images sont ensuite post-traités à l’aide du logiciel<br />

EikoTwin DIC afin de mesurer l’évolution des déplacements<br />

en surface de la pièce, pour chacun des points de<br />

chargement. Une des spécificités de ce logiciel développé par<br />

EikoSim est d’utiliser la connaissance préalable de la géométrie<br />

de la pièce (fournie au travers du maillage éléments<br />

finis) afin d’étalonner le système de caméras. Cette méthode<br />

permet à la fois de s’affranchir de l’utilisation de mires<br />

d’étalonnage, et de faire directement le lien entre repère de<br />

mesure et repère du modèle éléments finis. Ainsi, les champs<br />

de déplacements seront directement exprimés aux nœuds<br />

du maillage de calcul, que l’on peut directement visualiser<br />

sur les repères images.<br />

RÉSULTATS<br />

Grâce à la corrélation d’images numériques, les déplacements<br />

en chaque nœud du maillage sont mesurés, comme<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I9


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

Déplacements normaux calculés pour le point d’application n°8,<br />

visualisation maillage<br />

le montre la Figure 2 pour une charge de 10N sur le point<br />

d’application n°8.<br />

On retrouve bien une localisation du déplacement maximal<br />

juste sous l’indenteur, au point d’application de l’effort.<br />

Le gradient de déplacement normal observé se retrouve<br />

pour les 13 points d’applications testés. On notera que l’information<br />

obtenue grâce au traitement par corrélation<br />

d’images est bien plus riche que celle qu’auraient pu fournir<br />

des jauges de déformation par exemple, dans la même<br />

configuration. À titre d’illustration, pour chacun des essais<br />

réalisés, la CIN fournit 6000 mesures de déplacements 3D,<br />

pour chacune des images considérées. L’intérêt de la mesure<br />

de champ est bien ici de permettre le recalage du modèle<br />

éléments finis sur toute la zone d’intérêt, et non seulement<br />

sur un ensemble fini de capteurs ponctuels.<br />

Champ de déplacements normaux à 10N issu de la corrélation<br />

d’images (à gauche) et de la simulation (à droite)<br />

Il demeure possible d’extraire des résultats ponctuels de<br />

la mesure de champ à l’aide de capteurs de déplacements<br />

virtuels positionnés sur le maillage (Figure 3). Cela permet<br />

d’afficher rapidement les déplacements de points caractéristiques<br />

d’intérêt de la pièce dans le temps.<br />

L’intérêt principal demeure la comparaison de champs.<br />

Celle-ci est réalisée par l’export des résultats au format<br />

hwascii, afin de permettre une comparaison rapide avec<br />

les résultats de simulation dans la suite Hyperworks, utilisée<br />

par Faurecia dans le cadre de cette étude (Figure 4).<br />

Cette mise en vis-à-vis des champs de résultats expérimentaux<br />

et simulés permet de vérifier que la simulation<br />

était bien prédictive pour l’essai considéré. On vérifie ici<br />

que l’application d’un effort de 10N produit un déplacement<br />

autour du point d’application de l’effort dans une<br />

zone de la bonne dimension. Ceci permet de valider que<br />

la loi de comportement employée dans le modèle éléments<br />

finis pour décrire le comportement du tableau de bord<br />

permet une estimation très satisfaisante du champ expérimental<br />

mesuré en termes d’amplitude. La forme du champ<br />

près de l’indenteur en particulier est très bien anticipée<br />

par le calcul. Loin de l’indenteur en revanche des écarts<br />

plus importants (mais très largement sous l’incertitude de<br />

mesure) sont mis en évidence.<br />

La comparaison des résultats réalisée directement dans le<br />

repère de la simulation amène un second point d’amélioration<br />

potentiel : si les points d’application de l’effort sont<br />

reportés avec précision sur la pièce par le biais de pastille, le<br />

positionnement de la pièce sous l’indenteur se fait manuellement,<br />

ce qui peut introduire un écart entre le point d’application<br />

théorique de l’effort et le point d’application réel.<br />

Le traitement des champs expérimentaux fourni par la CIN<br />

permet de retrouver le point d’application réel de l’effort,<br />

et donc de mettre à jour la simulation afin d’appliquer l’effort<br />

au plus près de la réalité du terrain. Ainsi, on enlève<br />

une partie de l’incertitude liée à l’application des conditions<br />

aux limites dans le calcul comme source d’erreur dans<br />

l’interprétation de la comparaison. Ceci peut être automatisé<br />

pour l’ensemble des points d’appuis d’effort testés. ●<br />

Capteurs de déplacements sur le logiciel EikoTwin DIC et résultats<br />

des différents capteurs en fonction du temps<br />

Dubreuil L., et al. "Mesh-based shape measurements<br />

with stereocorrelation." Experimental Mechanics 56.7<br />

(2016): 1231-1242.<br />

10 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

ANALYSE<br />

Convaincre les industriels<br />

de se renforcer dans l’export control<br />

La recrudescence des infractions entre clients, fournisseurs et leurs autorités de tutelle est<br />

au cœur des relations import-export et représente un danger croissant pour toute entreprise<br />

souhaitant exporter, en particulier des produits d’origine US. Or dans le domaine de l’export<br />

control, les entreprises françaises ne sont pas prêtes alors même qu’elles risquent gros,<br />

allant jusqu’à des sanctions pénales et à des arrangements très coûteux.<br />

Toute entreprise qui désire exporter doit s’informer en permanence<br />

des législations en cours<br />

C’est une de ces affaires qui glacent le sang. Un fait<br />

divers qui prend des allures extrêmes, à la manière<br />

d’un thriller américain ou d’un roman d’espionnage.<br />

Le 15 avril 2013, Frédéric Pierucci, ancien dirigeant<br />

de la division Chaudières d’Alstom, est arrêté par les agents<br />

du FBI à l’aéroport JFK. Il est ensuite transféré, menottes aux<br />

poignets, au siège du FBI à Manhattan devant un procureur<br />

qui l’envoie directement en prison de haute sécurité à New<br />

York où il séjournera 14 mois avant de rempiler pour 16 mois<br />

de cellule. Ce n’est qu’en 2015 qu’il sera définitivement libéré,<br />

période qui coïncide avec le rachat par l’Américain GE du pôle<br />

Énergie d’Alstom qui produit des turbines destinées aux activités<br />

nucléaires, comme il le détaille dans un entretien accordé<br />

au site Thinkerview intitulé « Alstom : la France vendue à la<br />

découpe ? » 1 .<br />

Ce scénario noir paraît certes particulièrement extrême. Pourtant,<br />

il n’est qu’un exemple parmi les multiples condamnations<br />

1. (https://www.youtube.com/watch?v=dejeVuL9-7c)<br />

dues aux mesures de rétorsion imposées par les États-Unis au<br />

nom du principe d’extraterritorialité de la loi américaine en<br />

dehors de ses frontières. Il est surtout l’image des redoutables<br />

méthodes employées par l’administration de Washington, et<br />

tout particulièrement depuis la présidence de Barack Obama.<br />

Son successeur Donald Trump lui donnant depuis 2016 des<br />

allures de guerre commerciale ouverte contre la Chine et bien<br />

d’autres pays mentionnés dans une espèce de « black-list » régulièrement<br />

mise à jour, et dont les conséquences n’épargnent en<br />

rien l’Europe.<br />

DE PLUS EN PLUS DE SOCIÉTÉS IMPACTÉES PAR<br />

L’OBLIGATION DE CONFORMITÉ À L’EXPORT CONTROL<br />

Mais au-delà des pays dans le viseur de l’administration américaine<br />

apparaît une réglementation beaucoup plus officielle à<br />

laquelle chaque entreprise qui désire exporter doit se conformer.<br />

Très composite, cette réglementation diffère d’un pays à l’autre.<br />

Elle concerne d’une part le pays d’origine, la zone d’échange et<br />

le pays de livraison. En d’autres termes, une entreprise française<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I11


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

Chez Airbus, on a depuis longtemps pris<br />

au sérieux la question de l’export control<br />

souhaitant exporter doit être conforme avec la législation en<br />

vigueur en France, dans l’Union européenne, aux USA et dans<br />

l’État où elle compte vendre son produit. Et si cette législation<br />

s’applique à toutes les entreprises, les condamnations aussi, y<br />

compris en cas de non-conformité avec ce que l’on appelle l’export<br />

control. « Nous avons pris conscience que de nombreuses<br />

sociétés sont de plus en plus impactées par cette obligation de<br />

conformité à l’export control », souligne Marc Zarnowiecki,<br />

fondateur de la société EC Compliance.<br />

Ce spécialiste de la question chez Airbus, chargé en 2019 de<br />

moderniser et de simplifier l’export control à travers un logiciel,<br />

sait de quoi il parle, tout comme de l’extraterritorialité<br />

américaine d’ailleurs. Il sait aussi que ces exigences de la part<br />

de l’administration de Washington à l’égard des produits étrangers<br />

sont loin de concerner uniquement les grands groupes.<br />

En effet, de plus en plus d’entreprises de taille moyenne sont<br />

toutes aussi impactées. Pour lui, cette notion est floue pour de<br />

nombreux chefs d’entreprise, d’autant que la loi change souvent<br />

et les textes de loi s’accumulent au point que, pour une PME,<br />

se tenir à jour est devenu presque impossible. Pourtant, « il est<br />

important de démystifier l’export control. Mais pour cela, nous<br />

avons besoin de traduire les règles complexes et de les transposer<br />

à l’industrie ; c’est là que nous intervenons avec notre solution 2 ».<br />

Il faut dire qu’avant même d’exporter, l’entreprise doit être en<br />

conformité avec deux organes de tutelle que sont le Ministère<br />

de la Défense avec la DGA, et le ministère de l’Économie<br />

avec le Service des biens à double usage (SBDU) qui exigent<br />

déjà des entreprises – et les autorités les rappellent à l’ordre à<br />

l’occasion – de bien respecter la législation en vigueur. De la<br />

même manière, dans le domaine de l’aéronautique, des organismes<br />

tels que le Gifas, le Gican et le Gicat se réunissent déjà<br />

pour mutualiser les efforts et faire de la formation auprès de<br />

leurs membres. « Nous avons besoin d’anticiper et d’être prêts car<br />

dans le cas contraire, la sanction peut faire très mal », renchérit<br />

Frank Prabel, ingénieur centralien et ancien d’Apple. Sur fond<br />

de guerre commerciale, qui n’a cessé de prendre de l’ampleur<br />

depuis l’élection de Donald Trump, les sanctions se multiplient<br />

dès que des transactions en dollars ont lieu avec des pays sous<br />

embargo mais aussi à propos de produits dits sensibles, c’està-dire<br />

à vocation militaire ou double usage.<br />

DANS CETTE MONTÉE EN PUISSANCE DE L’EXPORT<br />

CONTROL, LES ENTREPRISES FRANÇAISES NE SONT<br />

PAS PRÊTES<br />

En matière d’export control, les deux dirigeants d’EC<br />

Compliance insistent sur le fait que si les entreprises aujourd’hui<br />

comprennent le danger, elles sont loin de le maîtriser. Pour<br />

Daniel Leroy, président de l’ASTE et dirigeant d’Alliantech,<br />

une entreprise qui importe et intègre des capteurs et composants<br />

électroniques pour des capteurs intelligents, « les entreprises<br />

qui travaillent avec le secteur de la défense doivent bien<br />

connaitre le cadre légal américain (et européen). C’est le cas par<br />

exemple de produits électroniques conçus en France, utilisant<br />

des technologies US ou israéliennes à double usage mais qui ont<br />

eu "le malheur" d’aboutir en Chine sans licence d’exportation ».<br />

Pour Marc Zarnowiecki, si l’Europe s’est toujours montrée<br />

2. Voir article page suivante<br />

Pour les PME comme les grands comptes, l’export control est au<br />

cœur de toutes les préoccupations (site Orange de Lacroix)<br />

12 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

La défense, le naval et l’aéronautique ne sont pas les seuls en<br />

ligne de mire des autorités américaines ; l’électronique aussi<br />

©Heskita<br />

fragile – pour ne pas dire naïve – dans les échanges commerciaux<br />

internationaux, « la France accuse un retard par rapport<br />

à l’Allemagne ou encore la Grande-Bretagne, dont les entreprises<br />

sont beaucoup plus sensibilisées car leurs autorités de tutelle se<br />

montrent plus vigilantes et sanctionnent plus facilement en cas<br />

de non-conformité. Les entreprises allemandes sont plus grandes<br />

et mieux structurées en la matière ; elles embauchent de plus en<br />

plus de personnes spécialisées à temps plein dans le droit lié aux<br />

exportations. Quant aux britanniques, ils sont mieux préparés<br />

et ont bien compris qu’il était essentiel pour eux de faire de l’export<br />

control une arme concurrentielle ».<br />

En France au contraire, il semble que la sous-direction du<br />

Contrôle des exportions de la DGA manque de moyens pour<br />

mettre en œuvre la conformité exigée. La connaissance des<br />

réglementations est mal maitrisée et n’est pas mise en valeur ; or<br />

c’est bel et bien l’information qui se trouve être le nerf de cette<br />

guerre aussi commerciale que juridique… pour autant, l’ancien<br />

ingénieur de Apple et expert en modélisation des réglementations<br />

précise qu’il vaut mieux pour une entreprise défaillante<br />

aux yeux de la justice américaine montrer qu’elle a préalablement<br />

entamé des démarches de compliance en matière d’export<br />

control : « dans ce cas, et dans ce cas seulement, le juge statuera<br />

sur une sanction moins sévère et cherchera à faire progresser l’entreprise<br />

mise en cause. Si la justice constate au contraire que l’entreprise<br />

n’a entrepris aucune démarche, elle sera impitoyable ».<br />

À bon entendeur… ●<br />

Olivier Guillon<br />

125x190<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I13


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

TECHNOLOGIE<br />

Une solution pour sensibiliser et guider<br />

les industriels à l’export control<br />

Afin d’aider les entreprises françaises dans leurs démarches de contrôle export et de se conformer<br />

aux réglementations en vigueur, deux spécialistes ont décidé de créer EC Compliance, une solution<br />

logicielle développée avec Airbus chargée d’accompagner et de guider les industriels étape par étape.<br />

© DR<br />

Frank Prabel<br />

Associé et directeur technique de la société<br />

Export Control Compliance (EC Compliance)<br />

Ingénieur de l'École Centrale de Paris,<br />

Frank Prabel apporte son expérience dans le<br />

développement de solutions logicielles acquise<br />

dans des grands groupes informatiques tels<br />

qu’Apple (où il travaillé pendant trois ans au<br />

siège, à Cupertino), la start-up – et première<br />

société française cotée au Nasdaq – Business<br />

Objects ainsi qu’à la R&D de l’éditeur SAP<br />

en tant que product manager.<br />

Face à la recrudescence des procès à l’encontre des entreprises<br />

européennes et françaises, petites ou grandes, en<br />

particulier lorsqu’elles souhaitent exporter aux États-<br />

Unis, deux hommes, Marc Zarnowiecki et Frank<br />

Prabel, ont décidé de prendre les choses en main. Le point de<br />

départ : un rapport datant du 26 juin 2019 1 rédigé par le député<br />

1. « Rétablir la souveraineté de la France et de l’Europe et protéger nos<br />

entreprises des lois et mesures à portée extraterritoriale »<br />

Spécialiste Export Control chez Airbus et<br />

président de la société EC Compliance<br />

Militaire de carrière dans l’aéronautique<br />

pendant près de quinze ans, Marc Zarnowiecki<br />

rejoint en 2002 le groupe Airbus Helicopters à<br />

l’export control dont il devient le coordinateur.<br />

En 2010, il prend la responsabilité de cette<br />

cellule qu’il dirige jusqu’en 2019 avant<br />

de développer, dans le cadre d’un projet<br />

d’amélioration, de modernisation, de simplification et de digitalisation<br />

de l’export control, un logiciel d’export control commercialisé par<br />

la société Export Control Compliance (EC Compliance).<br />

© DR<br />

Marc Zarnowiecki<br />

Raphaël Gauvain sur le principe d’extraterritorialité imposé par<br />

le gouvernement américain depuis plusieurs années.<br />

Mais ce rapport n’est pas le seul à être à l’origine de la création<br />

de la société EC Compliance et de sa solution logicielle<br />

de classement et d'export control. En effet, l’expérience de l’un<br />

dans l’aéronautique et dans le domaine de l’Export Control<br />

chez Airbus, et le parcours de l’autre pendant plusieurs années<br />

outre-Atlantique dans des entreprises informatiques de renommée<br />

mondiale, leur ont permis de constater le retard des entre-<br />

14 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

prises françaises en matière de mise en conformité vis-à-vis des<br />

nombreuses lois en matière de contrôle des exportations. C’est<br />

pourquoi la société EC Compliance édite aujourd’hui logiciel<br />

visant à guider pas à pas, étape par étape, les entreprises afin<br />

de bien se conformer au droit et la législation en vigueur…<br />

et ainsi éviter les risques de sanctions financières et pénales.<br />

LE RISQUE CONTRÔLE EXPORT SOUS-ÉVALUÉE PAR<br />

LES ENTREPRISES FRANÇAISES<br />

« Il est essentiel de traduire les règles et les textes de loi à la fois<br />

complexes et indigestes puis de les transposer dans un langage<br />

industriel, souligne Frank Prabel. Et c’est là que nous intervenons<br />

». Il faut dire que les règles sont à la fois nombreuses et<br />

compliquées. Celles-ci sont applicables en France mais également<br />

aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne<br />

etc. Cette superposition des règles complique d’autant plus<br />

les démarches de mise en conformité vis-à-vis de l’export. «<br />

Il est donc essentiel pour une entreprise de savoir décortiquer<br />

cette nébuleuse de textes et d’avancer étape par étape, chacune<br />

étant validée par un "feu vert", ajoute Marc Zarnowiecki. C’est<br />

là que nous avons eu l’idée d’un feu tricolore associé à une définition<br />

intuitive. Le but étant de simplifier et de vulgariser pour<br />

comprendre facilement et savoir si l’on est conforme ou non ».<br />

Le logiciel EC Compliance répartit l’export control en différents<br />

modules et étapes. La première concerne le classement (le plus<br />

souvent à travers des listes) ; chaque pays possédant son propre<br />

classement, l’outil propose un moteur permettant de déterminer<br />

le bon classement par rapport à son produit. Ensuite,<br />

l’étape de « l’exportabilité » est notamment soumise aux règles<br />

relatives aux pays sous embargo et pays « sensibles » et plus<br />

globalement à la situation géopolitique. Vient ensuite la troisième<br />

étape, celle du screening des destinataires qui pourraient<br />

figurer sur une « blacklist ». « Le logiciel analyse les entités et<br />

les individus destinataires et les "matche" avec des centaines de<br />

listes mises à jour quotidiennement ». La quatrième étape porte<br />

sur le Licence Management, c’est-à-dire la gestion des licences.<br />

Enfin, viennent l’archivage et le reporting ; cette dernière étape<br />

est importante puisque c’est elle qui permet de répertorier toutes<br />

les preuves et d’en présenter l’historique en cas de contrôle des<br />

autorités judiciaires.<br />

UNE INTERFACE INTUITIVE, SIMPLE ET FIABLE<br />

EC Compliance permet à l’utilisateur de disposer d’un outil<br />

permettant de simplifier les tâches et de gagner en productivité<br />

(c’est-à-dire en temps et en efficacité), le tout avec un maximum<br />

d’exactitude : « cette fiabilité s’explique par une mise à jour quotidienne<br />

des informations » précise Frank Prabel. Plus concrètement,<br />

le logiciel se compose de plusieurs modules permettant de<br />

modéliser et de digitaliser les réglementations. Aussi, la fonction<br />

« Crawlers » lit et répertorie les textes règlementaires afin d’automatiser<br />

la mise à jour des textes de lois ; celles-ci sont alors<br />

centralisées au sein d’un référentiel unique. Outre l’interface<br />

intuitive du logiciel, l’autre point fort de cet outil réside dans<br />

son approche duale (produits civils/militaires, secteur privé/<br />

public, Minarm...). « Le logiciel est doté d’un puissant moteur<br />

de recherche permettant de retrouver rapidement le classement<br />

de tel ou tel produit », confirme cet ingénieur informaticien.<br />

Incubé au sein du Bizlab du groupe Airbus, ce projet de logiciel<br />

est toujours en cours de développement mais déjà la version V.0<br />

a été présentée à plusieurs clients et validée. « Les retours sont<br />

concluants et une "version 1" sera commercialisée d’ici la fin du<br />

premier trimestre 2021, dévoile Frank Prabel. Pour l’heure, les<br />

premiers prospects se situent pour l’essentiel dans l’aéronautique ;<br />

il s’agit de grands groupes mais pas seulement, puisque certaines<br />

PME sont également intéressées, en particulier pour le sujet de<br />

l’export control ». EC Compliance entend aussi s’adresser aux<br />

entreprises de la défense et de l’électronique, secteurs particulièrement<br />

sensibles aujourd’hui, sans oublier les produits hightech<br />

dans l’industrie civile comme l’automobile. ●<br />

Olivier Guillon<br />

EN SAVOIR PLUS >www.ec-compliance.com<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I15


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

REPORTAGE<br />

En pleine crise<br />

Bowen inaugure aux Ulis un<br />

nouveau site de R&D<br />

Cette ETI d'une centaine de salariés spécialisée dans les<br />

solutions électroniques et embarquées pour la défense<br />

et le naval – notamment - a présenté le 8 octobre dernier<br />

aux Ulis (Essonne) son nouveau site de 3 000 m² destinés<br />

aux activités de R&D. Le groupe a ouvert les portes de son<br />

bureau d’études, dévoilant quelque peu sa stratégie pour<br />

les années à venir.<br />

Lors d’une visite au sein d’un des<br />

laboratoires de développements de<br />

produits, le plus souvent pour les<br />

industriels ou exploitants d’énergie<br />

Le spécialiste francilien de la<br />

conception et la production de<br />

solutions industrielles complètes<br />

et sur-mesure de surveillance, de<br />

détection et de télécommunications dans<br />

le domaine de la défense, du transport<br />

et de la sécurité, n'a pas attendu de fêter<br />

son 100e anniversaire, encore moins la<br />

fin de la crise sanitaire, pour ouvrir son<br />

nouveau site destiné à regrouper ses activités<br />

de développement et d'industrialisation.<br />

« Cet investissement s'inscrit dans<br />

une volonté forte du groupe de développer<br />

notre activité et de consolider notre place<br />

de partenaire global pour les donneurs<br />

d'ordres, a rappelé le pdg de l'entreprise au<br />

10M€ de chiffre d’affaires, Juvelino Da Silva<br />

au moment de l'inauguration en présence<br />

de nombreux institutionnels et industriels,<br />

de l'aéronautique notamment. Nous bénéficions<br />

d'un écosystème très performant qui<br />

nous permettra de nous renforcer dans les<br />

années à venir. Ce bâtiment a été entièrement<br />

reconfiguré pour permettre le partage,<br />

la mise en commun de connaissances avec<br />

nos partenaires et clients pour relever de<br />

nouveaux défis. ».<br />

Objectif de ce nouveau site de 3 000 m²,<br />

accueillir collaborateurs, partenaires,<br />

16 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

renouvellement en raison de la hausse des besoins en innovation<br />

pour répondre aux enjeux de miniaturisation, d’intelligence<br />

artificielle et d’optimisation énergétique... Enfin,<br />

la forte concurrence appliquée de guerre des compétences<br />

à la fois multiples et rares ; c’est la raison pour laquelle il<br />

est essentiel de rassembler des chercheurs et des ingénieurs<br />

aux compétences et aux cultures différentes pour les faire se<br />

rencontrer et discuter entre eux. »<br />

RÉUNIR EN UN SEUL ET MÊME LIEU DES<br />

COMPÉTENCES MULTIPLES, DU TECHNICIEN AU<br />

CHERCHEUR<br />

Vue extérieure du nouveau centre de R&D aux Ulis<br />

laboratoires et clients. Mais surtout, comme l'a souligné<br />

lors de la visite Jean-Pierre Devaux, directeur du développement,<br />

« les collaborateurs pourront mettre en commun<br />

leurs compétences afin de développer une synergie, nécessaire<br />

à la croissance de l'activité. Ainsi, le nouveau bureau<br />

d'études rassemblera les différents acteurs de la phase projet,<br />

depuis le laboratoire d'essais à la production ». Le but étant<br />

de réduire au maximum le cycle de conception, « sans<br />

compromis sur la qualité, la fiabilité et la sécurité », insistet-on<br />

au sein de l'entreprise qui n'a pas hésité à investir<br />

massivement et régulièrement, soit près de 5M€ ces trois<br />

dernières années. Cette nouvelle implantation, qui s'inscrit<br />

dans une forte volonté de développement avec une vision<br />

long terme, permettra également l'embauche de dix ingénieurs<br />

d'ici 2022.<br />

Bowen s'est construit autour des acquisitions des activités<br />

de Pekly, Erte, EADS-Nuclétudes et Jacquelot ; ces<br />

différentes entités réunissent l'ensemble des technologies<br />

indispensables à la réalisation d'équipements radars et<br />

télécommunications complexes tels que les amplificateurs<br />

RF, le traitement de signal et l’électronique numérique.<br />

Capable de réaliser des solutions industrielles complètes<br />

de surveillance, de détection et de télécommunications<br />

pour les systémiers, Bowen investit chaque année 15% de<br />

son chiffre d'affaires en Recherche & Développement. Une<br />

nécessité selon Jean-Pierre Devaux qui précise que « le<br />

marché des radiofréquence et multi-domaines : il concerne à<br />

la fois le navale avec les bateaux et les sous-marins, la santé<br />

ou encore la défense. Mais ce marché est également en plein<br />

Implanté sur une surface de 3 000 m² (contre seulement<br />

1 000 m² à Saclay), le nouveau site des Ulis sera consacré<br />

à la recherche et au développement de nouvelles solutions<br />

d'équipements radars et télécommunications complexes<br />

radiofréquences destinées à la surveillance, la détection<br />

ou la transmission d'information. Ces solutions radiofréquences<br />

s'adaptent à tout type d’environnement permettant<br />

ainsi de générer, traiter et transmettre l'information<br />

à haut débit.<br />

La visite démarre à l’étage sur un imposant plateau réunissant<br />

entre vingt et vingt-cinq personnes. L’objectif de ce<br />

bureau d’études techniques est de bâtir les offres, de mener<br />

des travaux de recherche et de concevoir des produits technologiques<br />

pour ensuite les confronter à la réalité dans<br />

les halles d’essais. « Tout commence à partir de l’identification<br />

d’un besoin puis d’une architecture système répondant<br />

à un cahier des charges composé de quatre blocs : l’antenne<br />

(conception, choix d’architecture, mise en réseau, modélisation<br />

3D et corrélation des résultats de simulation et<br />

de mesure...), la chaîne de radiofréquence (simulation et<br />

maquettage numérique 3D), la plateforme numérique et le<br />

processeur de traitement de signal », explique Massinissa<br />

Hadjloum, ingénieur d'études chez Bowen.<br />

POUR BOWEN, LA PROXIMITÉ DES PARTENAIRES<br />

GARANTE DE LA QUALITÉ<br />

Le bureau d’études a pour mission de mener un projet de<br />

A à Z en jouant à la fois sur les problématiques techniques,<br />

les délais, les contraintes financières et diverses comme<br />

la gestion des risques ou la traçabilité. Pour ce faire, de<br />

direction des projets menée par Thomas Da Silva, ancien<br />

membre de la société EADS-Nuclétudes, s’articule en trois<br />

pôles : Étude & Conception, Projet et Gestion. Le premier<br />

d’entre eux, Étude & Conception, s’appuie sur des savoirfaire<br />

multiples, tant en mécanique qu’en électronique, en<br />

matière d’intégration et d’industrialisation. Ici, tout est<br />

modélisé et conçu en 3D puis simulé afin d’obtenir des<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I17


ESSAIS ET MODÉLISATION<br />

© Mathilde Beaugé<br />

Pour l’occasion, le nouveau site de Bowen<br />

s’est équipé d’une chambre anéchoïque pour<br />

mener des tests d’antennes prototypes<br />

études mécaniques et électroniques avant d’entamer les<br />

étapes de conception, de développement et d’industrialisation.<br />

Enfin vient la phase d’essai.<br />

Le pôle gestion est quant à lui destiné à faire en sorte que<br />

l’information circule partout sur le site tout en garantissant<br />

une confidentialité maximale. Il en est de même pour<br />

la qualité : « on exige de nous d’être conformes et que les<br />

composants le soient aussi, souligne Thomas Da Silva. Nous<br />

respectons déjà les certifications C.E. et Reach. Quant au<br />

domaine de l’export contrôle, nous maîtrisons cette question<br />

en particulier depuis le rachat depuis 2010 de EADS-Nuclétudes<br />

dans la mesure où l’entreprise est experte dans le<br />

domaine et maîtrise cette question. Mais ce qui fait aussi<br />

notre force, c’est que Bowen travaille avec une majorité de<br />

partenaires que nous connaissons bien, situés dans un rayon<br />

de 100 km. Au total, 90% de partenaires sont présents sur<br />

le territoire français. »<br />

FOISON DE PROJETS EN COURS POUR UNE<br />

DIVERSIFICATION ASSUMÉE<br />

Le département R&D est équipé d'une chambre anéchoïque<br />

afin de mener des tests d’antennes prototypes. Si le site de<br />

Trappes est déjà doté d’une pièce similaire pour la production,<br />

celle des Ulis est quant à elle dédiée au développement.<br />

Faute de place, les essais en environnement tels que<br />

les tests de vibration, les essais thermiques ou en environnement<br />

salin ne sont pas menés ici. Pour autant, ce ne<br />

sont pas les projets qui manquent aux Ulis, qu’il s’agisse<br />

de Neptune (un capteur de radar actif de faible puissance,<br />

initialement lancé par la DGA puis repris par Bowen),<br />

Tweether (destiné de relier le réseau optique haut débit<br />

à des émetteurs radiofréquences en liaison point à point<br />

pour couvrir les zones banches) ou de Llyr (radar passif<br />

et discret pour la détection des drones). Autre projet en<br />

cours : un capteur de détection de décharges partielles<br />

destiné à protéger les lignes et les transformateurs très<br />

haute tension.<br />

Certes, le groupe Bowen s'appuie sur une maîtrise totale<br />

de la chaîne industrielle, mais également sur un réseau<br />

de partenaires (laboratoires, partenaires experts et groupements<br />

industriels, universitaires et institutionnels)<br />

permettant d'optimiser ses capacités d'innovation et sa<br />

réactivité. Un maillage de taille qui va permettre à l’entreprise<br />

de mener grand train sa diversification et élargir ses<br />

activités, au-delà de la défense et du naval en s’orientant<br />

vers des applications en lien avec l’énergie (à l’exemple de<br />

l’intégration croissante d’intelligence artificielle dans ses<br />

capteurs pour la surveillance de réseaux électriques et de<br />

leur stabilité par exemple) ou encore l’avion électrique...<br />

vaste sujet en cette période critique pour l’aéronautique<br />

« thermique » ●.<br />

Olivier Guillon<br />

18 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

FORMATION<br />

Une journée technique<br />

dédiée à la mesure de conformité<br />

Le CFM, partenaire du magazine <strong>Essais</strong> & <strong>Simulations</strong>, organise le 8 décembre prochain une<br />

journée spécialement consacrée à la mesure de conformité. Au cours de cette journée, un<br />

panel d'experts présentera les notions indispensables (comme la capabilité), la méthodologie<br />

pour vérifier la conformité d'un produit à des exigences et des industriels feront un retour<br />

d'expérience sur leur pratique de la déclaration de conformité. Le point sur la question avec<br />

Jérôme Lopez, directeur technique du CFM.<br />

© Renishaw<br />

Jérôme Lopez<br />

Directeur technique du CFM<br />

QU'EST-CE QU’UNE MESURE DE CONFORMITÉ ?<br />

Lorsque l’on parle de conformité dans ce contexte, on parle<br />

de la conformité des produits fabriqués par une entreprise à<br />

des spécifications de performances. Il s’agit des dimensions,<br />

de la masse d’une pièce mécanique, du courant délivré par un<br />

composant électronique, de la tension d’une alimentation, du<br />

débit d’une pompe, etc.<br />

Toute entreprise doit déclarer la conformité de ses produits<br />

avant de les livrer. C’est donc un élément central de l’activité. La<br />

gestion des non-conformités est souvent un sujet d’importance<br />

et une source d’améliorations à tous les niveaux : productivité,<br />

financiers… Les non-conformités selon le moment où elles<br />

sont détectées et donc le moment où elles peuvent représenter<br />

des risques importants, allant même parfois jusqu’à mettre<br />

en péril l’entreprise.<br />

POURQUOI ORGANISER UNE JOURNÉE SUR CE<br />

THÈME ?<br />

La conformité d’un produit est le plus souvent le résultat d’une<br />

mesure. Avoir un processus de mesure fiable est le gage de savoir<br />

détecter les non-conformités. Or, c’est le rôle de la métrologie<br />

de définir les méthodes pour avoir un processus de mesure<br />

fiable. Un processus de mesure non fiable ou mal maîtrisé est<br />

un risque de déclarer conformes des produits qui ne le sont<br />

pas ou de déclarer non conformes des produits qui le sont. Le<br />

premier cas est le plus à risque mais le second peut représenter<br />

un risque financier important.<br />

COMMENT SE POSITIONNENT LES ENTREPRISES<br />

FRANÇAISES SUR CE SUJET, PAR RAPPORT AUX<br />

AUTRES PAYS, EUROPÉENS NOTAMMENT ? SONT-<br />

ELLES EN RETARD ?<br />

Difficile de répondre précisément à cette question, mais la<br />

France est un pays qui a été un des créateurs de la métrologie<br />

moderne et reste un pays de référence dans ce domaine. Les<br />

textes fondateurs de la métrologie comme le VIM (Vocabulaire<br />

international de métrologie) sont par exemple écrits en anglais<br />

et en français. La France dispose donc de conditions favorables<br />

à avoir une métrologie solide.<br />

Mais le monde change et rapidement, avec notamment l’arrivée<br />

de nouvelles technologies qui viennent rebattre les cartes :<br />

IIoT (Industrial Internet of Things), intelligence artificielle<br />

pour ne citer que les plus emblématiques. Elles obligent métrologie<br />

à s’adapter pour garder un niveau d’exigence élevé sur la<br />

confiance que l’on peut avoir dans les mesures. Des structures<br />

comme le LNE sont à la pointe de ces sujets et permettent de<br />

suivre de près ce qui se passe, de s’adapter et de créer les bonnes<br />

pratiques de demain. L’autre enjeu est ensuite d’assurer la diffusion<br />

de ces bonnes pratiques. C’est le rôle de structures comme<br />

le Collège français de métrologie parmi d’autres.<br />

20 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

QUE RISQUENT LES ENTREPRISES, TANT D'UN<br />

POINT DE VUE SANCTIONS FINANCIÈRES QUE<br />

PÉNALES ?<br />

Comme dit précédemment, ce sont les risques liés à mal juger<br />

la conformité d’un produit en cours ou en sortie de production<br />

qui peuvent coûter cher, financièrement ou en termes d’images.<br />

Par exemple, le rappel de millions de produits chez les clients est<br />

quelque chose que toute entreprise souhaite ne pas connaître.<br />

CETTE QUESTION EST-ELLE DE PLUS EN PLUS<br />

LIÉE À L'APPLICATION DU PRINCIPE D'EXTRA-<br />

TERRITORIALITÉ DE LA LOI, EN PARTICULIER<br />

APPLIQUÉ PAR L'ADMINISTRATION AMÉRICAINE ?<br />

Les entreprises qui travaillent à l’export savent qu’elles doivent<br />

se conformer à des normes ou des référentiels pouvant être<br />

parfois spécifiques, comme dans le cas du secteur médical aux<br />

USA par exemple (510K / FDA). La notion de conformité à ces<br />

référentiels s’applique de la même manière que la conformité à<br />

des exigences de performances.<br />

© Blum Novotest<br />

La norme guide ISO/CEI 98-4 :2012 est un cadre méthodologique<br />

qui décrit comment déclarer la conformité d’un produit<br />

à des exigences. Il s’agit d’estimer les incertitudes de mesures<br />

associées à la déclaration de conformité et de les comparer à des<br />

intervalles de conformité. Cette comparaison permet de quantifier<br />

le risque de déclarer conforme un produit non-conforme<br />

et inversement. La mettre en œuvre implique de bien connaître<br />

son processus de mesure et d’être en capacité d’estimer les incertitudes<br />

associées aux mesures critiques.<br />

Pour cela, le responsable de la métrologie, de la mesure ou le<br />

responsable qualité doivent identifier les mesures critiques (c’està-dire<br />

celles qui ont un impact direct sur la qualité produits),<br />

identifier les paramètres d’influence (par une approche 5M par<br />

exemple), quantifier les incertitudes associées et, enfin, quantifier<br />

les incertitudes résultantes afin de les comparer aux intervalles<br />

de conformité. Cela repose globalement sur la mise en<br />

place d’un processus de mesure fiable.<br />

Le CFM a pour mission la diffusion de bonnes pratiques en<br />

métrologie. Il organise par exemple des journées techniques<br />

pouvant être un point d’entrée sur certaines sujets (à l’image du<br />

8 décembre sur la déclaration de conformité par exemple). Le<br />

CFM a lancé cette année un label de bonnes pratiques en métrologie<br />

(Trust MEtrology) visant à évaluer la fonction métrologie<br />

d’une entreprise et à reconnaître ces bonnes pratiques par<br />

l’attribution d’un label décerné par un panel d’experts faisant<br />

suite à une évaluation sur site ou à distance. ●<br />

Propos recueillis par Olivier Guillon<br />

© Sandvik<br />

COMMENT BIEN ÊTRE CONFORME ? QUELLES<br />

DÉMARCHES ENTREPRENDRE ?<br />

Ce travail doit être mis en place au sein de l’entreprise et assuré<br />

par différents acteurs devant travailler ensemble : la qualité, la<br />

production, la métrologie – si celle-ci est distincte des précédents<br />

– et cela sous l’œil attentif de la direction. Le métrologue<br />

est celui qui détient l’expertise sur la manière d’avoir un processus<br />

de mesure fiable. Mais il ne doit pas être isolé et les échanges<br />

avec la qualité, la production et la direction doivent être réguliers.<br />

L’approche processus prônée par l’ISO 9001 est souhaitable.<br />

QU'APPORTE LA NORME ISO/CEI GUIDE 98-4 ?<br />

COMMENT LA METTRE EN ŒUVRE ?<br />

EN SAVOIR PLUS ><br />

www.cfmetrologie.com/fr/mesure-declaration-de-conformite<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I21


MESURES<br />

AVIS D’EXPERT<br />

Les défis des mesures de contraintes pour les<br />

essais vibratoires<br />

Dans cet article, Damien Pélisson, directeur du laboratoire d’essais dB Vib Consulting<br />

(implanté à Vienne, dans l’Isère), revient sur les mesures de contraintes lors des essais<br />

vibratoires et les problématiques qui se posent notamment sur les systèmes d’acquisition.<br />

Dans le domaine des essais de validation<br />

en sollicitations vibratoires, nous<br />

sommes amenés à nous intéresser aux<br />

ordres de grandeurs de déplacements<br />

(déplacement, vitesse et accélération) imposés au<br />

spécimen pour valider sa tenue mécanique. Il s’agit<br />

de la sollicitation spécifiée dans une norme ou une<br />

procédure en fonction du domaine d’application du<br />

spécimen et qui est issue d’une démarche de définition<br />

de spécification d’essai tenant compte des profils<br />

de vie du produit, du coefficient de sécurité, de la<br />

sévérisation… Nous utilisons un ou plusieurs accéléromètres<br />

de référence, inclus dans la boucle d’asservissement<br />

du pot vibrant, pour mesurer et contrôler<br />

le déplacement de la bobine mobile.<br />

Le spécimen d’essai étant sollicité à ses points d’ancrages<br />

avec un profil de vibrations comportant de<br />

l’énergie sur une bande de fréquence définie, il va<br />

se mettre à répondre suivant son comportement<br />

dynamique de structure. Les modes propres excités<br />

provoqueront des déformations qui généreront<br />

des contraintes pouvant conduire à la casse du<br />

spécimen en fatigue. Le premier niveau d’investigation<br />

consiste alors à positionner plusieurs accéléromètres,<br />

triaxiaux généralement, pour caractériser les<br />

fréquences propres du spécimen soumis à une excitation<br />

en balayage sinus par exemple en mesurant<br />

les fonctions de transfert entre les réponses vibratoire<br />

et la référence d’excitation. En positionnant ces<br />

accéléromètres selon un maillage représentatif de la<br />

structure, nous pouvons même obtenir les déformées<br />

propres du spécimen dans les 3 dimensions<br />

aux fréquences propres. Néanmoins, ces mesures<br />

ne nous permettent pas d’avoir la moindre idée de<br />

l’état de contrainte dans le spécimen et donc d’apporter<br />

un jugement sur sa bonne tenue mécanique<br />

vis-à-vis des sollicitations. Il est alors nécessaire de<br />

mettre en œuvre des jauges de déformation pour<br />

avoir une évaluation des contraintes.<br />

Les jauges de déformation sont utilisées depuis longtemps<br />

pour l’étude des contraintes dans les structures<br />

soumises aux sollicitations statiques. Elles peuvent<br />

tout à fait être mises en œuvre pour les études dans<br />

le domaine dynamique mais cela nécessite une bonne<br />

préparation de l’expérimentation en amont.<br />

RAPPEL SUR LE MODE DE FONCTIONNEMENT<br />

D’UNE JAUGE DE DÉFORMATION<br />

Le principe de mesure avec jauge de déformation<br />

est basé sur la variation infinitésimale de la valeur<br />

de résistance de la jauge fixée à la structure que<br />

l’on veut mesurer. La jauge au repos a une valeur<br />

de résistance donnée proportionnelle à la longueur<br />

totale de sa grille et lorsqu’on l’étire (traction), sa<br />

valeur de résistance augmente et inversement lorsqu’on<br />

la comprime (compression), sa valeur de résistance<br />

diminue. Afin de mesurer cette variation de<br />

résistance (ΔR/R) qui est donc proportionnelle à<br />

un allongement de la matière (ΔL/L), nous utilisons<br />

les propriétés d’un pont de wheatstone dans<br />

lequel la jauge de déformation est intégrée. Dans ce<br />

cas de figure, il s’agit d’un montage quart de pont<br />

: R2 et R3 étant des résistances calibrées fixes (en<br />

général de 120Ω ou 350Ω selon la jauge utilisée)<br />

et R4 étant variable pour la mise à zéro du pont. Il<br />

est possible d’augmenter la précision de mesure en<br />

utilisant des montages demi-pont (2 jauges intégrées<br />

dans le pont) ou en pont complet (4 jauges<br />

intégrées dans le pont).<br />

22 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

Nous obtenons la valeur de contrainte grâce à la<br />

relation : σ = E x ε<br />

Avec : σ : contrainte mesurée dans la direction de<br />

mesure en Pa<br />

E : module d’Young du matériau en Pa<br />

ε : la valeur d’allongement ΔL/L sans unité mais<br />

usuellement appelée µdef (µm/m)<br />

Cette mesure est donc très pertinente pour évaluer<br />

la tenue en fatigue d’un spécimen mais elle est finalement<br />

relativement peu utilisée dans le cadre des<br />

essais. Tout d’abord, parce que la pose de la jauge<br />

en elle-même nécessite une formation et un certain<br />

savoir-faire ainsi qu’un niveau de précision élevé.<br />

Ensuite, il est nécessaire de bien définir la zone de<br />

mesure qui peut ne pas être la zone de concentration<br />

de contrainte maximale car il n’est pas possible de<br />

coller une jauge aussi petite soit-elle dans les congés,<br />

sur un cordon de soudure... Il est alors nécessaire<br />

de se baser sur un modèle numérique qui permettra<br />

d’évaluer la valeur de déformation en un point défini<br />

instrumentable, de mesurer le niveau de déformation<br />

en ce point puis de recaler le modèle numérique<br />

pour finalement évaluer correctement la contrainte<br />

dans la zone de concentration maximale.<br />

De plus, une jauge permet de réaliser une mesure<br />

de déformation selon une seule direction, or dans le<br />

domaine dynamique, nous ferons intervenir différentes<br />

combinaisons de modes de déformations<br />

(traction/compression, flexion, torsion) selon le<br />

mode propre excité. Il est alors nécessaire d’utili-<br />

www.mayr.com<br />

Quand vitesse rime avec sécurité<br />

EAS ® -HSC / EAS ® -HSE, limiteurs de couple<br />

de sécurité parfaits pour entraînements<br />

«grande vitesse»<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I23


MESURES<br />

ser des rosettes constituées de 3 jauges de déformations<br />

qui permettront de calculer les valeurs de<br />

contraintes principales et leur orientation ce qui est<br />

primordial pour évaluer l’état de contrainte dans une<br />

pièce. Il est à noter que ce type de jauges de déformation<br />

nécessite 3 voies du système d’acquisition<br />

ce qui limitera le nombre de points de mesures à<br />

suivre en fonction des capacités du système utilisé.<br />

Pour résumer, la mise en œuvre de cette mesure<br />

nécessite une très bonne préparation en amont ainsi<br />

qu’un nombre de voies d’acquisition spécifiques intégrant<br />

les ponts de Wheatstone à adapter en fonction<br />

du nombre de points de mesures à instrumenter en<br />

jauge uniaxiale (1 voie d’acquisition) ou en rosette<br />

(3 voies d’acquisition). Ce type de mesures est riche<br />

d’enseignement sur le comportement du spécimen<br />

en fatigue mais le protocole doit être bien préparé<br />

en amont pour que les résultats soient exploitables.<br />

SPIDER 80SG et un<br />

des 8 connecteurs<br />

Exemple de montage d’une rosette<br />

(3 jauges de déformation à 0° - 45° - 90°)<br />

Le système d’acquisition devra justement disposer<br />

de voies de mesures spécifiques pour les jauges<br />

de déformation afin de proposer une alimentation<br />

parfaitement stabilisée pour le pont de Wheatstone<br />

ainsi que permettre les 3 types de montages de pont.<br />

Pour les essais en sollicitations vibratoires, le système<br />

d’acquisition doit pouvoir acquérir en synchrone<br />

les signaux issus des accéléromètres, des jauges de<br />

déformation, des capteurs de pression… Il doit donc<br />

disposer des différents types de conditionnements<br />

de capteurs. Le summum est de pouvoir réaliser à la<br />

fois le contrôle de l’essai vibratoire et les acquisitions<br />

de signaux avec le même système. Dans le cadre<br />

d’essais d’investigation, nous pouvons alors envisager<br />

de piloter le pot vibrant aussi bien en vibrations<br />

qu’en déformation ce qui est très intéressant pour<br />

les études de fatigue.<br />

Récemment dévoilé par Crystal Instruments et<br />

utilisé dans le laboratoire de dB Vib Consulting, le<br />

module Spider-80SG 8 voies est commercialisé par<br />

dB Vib Instrumentation. Il permet d’accompagner les<br />

utilisateurs dans ce type de mesures. Ce module est<br />

connectable via Ethernet à l’ensemble de la gamme<br />

de systèmes d’acquisition Spider 80X, 80Xi et 81 et<br />

fonctionne sur la même base logiciel EDM ce qui<br />

offre une architecture modulaire très intéressante en<br />

fonction des besoins du laboratoire d’essais.<br />

Afin de proposer une solutions multi-physique<br />

robuste, il est aussi possible d’intégrer des cartes<br />

d’acquisition 8 voies SGi dans la configuration d’un<br />

analyseur multivoies Spider 80Xi. ●<br />

Damien Pélisson<br />

Directeur du laboratoire<br />

d’essais dB Vib Consulting<br />

24 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

COMMUNIQUÉ<br />

Un nouveau module<br />

pour répondre aux<br />

besoins croissants en<br />

bande passante<br />

Les besoins en bande passante des nouvelles applications<br />

automobiles augmentent rapidement. Pour cela<br />

les équipementiers automobiles ont introduit le bus<br />

CAN FD dans les voitures récentes. Dernier module<br />

de la gamme Krypton One en version durcie de DEWESoft,<br />

le « KRYPTONi-1xCAN-FD » fonctionne dans des conditions<br />

extrêmes, allant de -40°C à +85°C avec un indice de<br />

protection IP67.<br />

Ce nouveau module possède un seul port CAN FD et utilise<br />

le protocole EtherCAT comme interface de données. Plusieurs<br />

périphériques peuvent être connectés en série avec un seul<br />

câble EtherCAT pour l'alimentation, les données et la synchronisation.<br />

Avec un nombre accru de capteurs à l'intérieur des véhicules, le<br />

CAN FD est de plus en plus utilisé, plus rapide que le CAN 2.0<br />

limité à 1Mbits/s, il permet d’avoir un débit jusqu'à 8 Mbits/s.<br />

Le CAN FD prend en charge le protocole de communication<br />

CAN 2.0 ainsi que des protocoles spéciaux tels que le SAE<br />

J1939, où le CAN Out est utilisé en lecture seule. ●<br />

EN SAVOIR PLUS > dewesoft.com/fr<br />

OSCILLOSCOPES PORTABLES<br />

5instruments en 1<br />

bonnes raisons de choisir un<br />

SCOPIX IV<br />

et son logiciel SX-METRO de gestion<br />

des courbes et données de mesure<br />

www.oscilloscope-metrix.com<br />

600 V<br />

CAT III<br />

Wi<br />

Fi<br />

IP<br />

54<br />

MICRO<br />

SD<br />

pub_scopix4.indd 1 17/06/2020 13:07:14<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I25


MESURES<br />

INTERVIEW<br />

Les données de vibrations électrodynamiques<br />

au cœur de toutes les attentions<br />

Le fabricant de vibrateurs électrodynamiques<br />

IMV Corporation a introduit sur le marché à<br />

l’automne son nouveau contrôleur de vibration,<br />

le contrôleur K2+. Celui-ci prolonge l’expérience<br />

de plus de trente ans d’IMV dans la conception<br />

et la fabrication des contrôleurs de vibrations.<br />

À cette occasion, Miguel Marous, directeur<br />

marketing et commercial de la filiale française,<br />

a répondu à nos questions.<br />

exploitables par leurs collègues, notamment les services calculs<br />

/ simulation.<br />

Pour être efficaces, ils doivent pouvoir se reposer sur un contrôleur<br />

de vibration sur lequel ils ont pleinement confiance. Les techniciens<br />

et ingénieurs d’essai peuvent perdre un temps précieux<br />

pour appréhender l’interface homme-machine de leur contrôleur.<br />

Certains équipements sont noyer dans des fonctions complexes<br />

ou des fonctions d’analyse évoluées... La simplicité d’utilisation<br />

doit rester l’un des critères principaux d’utilisation. Le contrôleur<br />

doit rester accessible aussi bien à des utilisateurs occasionnels<br />

qu’à des techniciens expérimentés. Cela permet mieux rentabiliser<br />

l’investissement et limiter le taux de renouvellement.<br />

QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DES DONNÉES DE<br />

VIBRATIONS ÉLECTRODYNAMIQUES ?<br />

Miguel Marous<br />

Directeur marketing et commercial de la<br />

filiale française d’IMV Corporation<br />

À QUELLES PROBLÉMATIQUES EN MATIÈRE DE<br />

VIBRATIONS DE VOS CLIENTS INDUSTRIELS SONT-ILS<br />

CONFRONTÉS ?<br />

Toutes les sociétés industrielles cherchent à réduire le temps<br />

de développement et la phase des essais environnementaux, en<br />

particulier les essais vibratoires, étape incontournable du développement<br />

produit. La mise en œuvre des essais et les analyses<br />

des résultats sont soumises à des contraintes d’efficacités et de<br />

rapidité. Les techniciens et ingénieurs doivent collecter un maximum<br />

d’informations lors de ces essais vibratoires afin qu’ils soient<br />

Les données collectées par le contrôleur de vibration doivent<br />

refléter le comportement dynamique du spécimen à l’étude ;<br />

ces données sont représentées dans le domaine spectral. Elles<br />

permettent de valider ou améliorer les choix d’architectures<br />

mécaniques d’un produit. Avec le rapprochement indéniable<br />

des services essais et les services simulations, les données collectées<br />

sont le lien essentiel dans la conception d’un produit. Les<br />

outils de simulation peuvent aider à optimiser les paramètres<br />

de pilotage (niveau, durée, points de pilotage…). De même, les<br />

essais pourront corroborer ou modifier les estimations numériques.<br />

L’usage grandissant des jumeaux numériques permet<br />

cette synergie.<br />

QUELS SONT LES ENJEUX D'UNE BONNE ACQUISITION<br />

DE DONNÉES ET, À L'INVERSE, LES RISQUES D'UNE<br />

MAUVAISE RESTITUTION ET D'UNE MAUVAISE ANALYSE<br />

DE CES INFORMATIONS ?<br />

Au-delà du choix correct de l’accéléromètre, il est impératif de<br />

pouvoir mesurer correctement l’intégralité du phénomène vibratoire.<br />

La contrainte sur le choix d’un calibre d’entrée adéquate<br />

peut entrainer une saturation possible du signal pendant l’essai<br />

et compliquer l’analyse. Pendant les phases d’investigations, le<br />

choix de calibre peut être problématique. Une augmentation de la<br />

dynamique de mesure permet de se substituer à cette contrainte<br />

tout en étant capable d’identifier avec précision des phénomènes<br />

parasites de faible amplitude.<br />

26 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

D’autre part, une mauvaise interprétation des données collectées<br />

peut être induite par des artéfacts créés par un niveau inapproprié<br />

du niveau d’écrêtage lors des essais aléatoires. L’écrêtage du<br />

signal de driver peut faire apparaitre des phénomènes fréquentiels<br />

artificiels. On parle alors de « Clipping Induced Noise » ; les<br />

fréquences artificielles pourraient exciter inutilement la fréquence<br />

de résonance du spécimen.<br />

COMMENT Y REMÉDIER ?<br />

IMV Corporation a développé et breveté le « soft clipping »,<br />

qui supprime « les parasites » indésirables tout en conservant<br />

les composantes fréquentielles du signal de drive. En limitant<br />

la valeur de crête de la forme d'onde temporelle dans le niveau<br />

requis, la DSP du signal de drive reste inchangée. L’utilisation<br />

de cette méthode présente de multiples avantages : réduction<br />

du bruit et augmentation de la plage de contrôle dynamique ;<br />

les résonances dans le spécimen sous test ne sont plus excitées<br />

involontairement ; réduction de l'occurrence de déclenchement<br />

indésirable de l'amplificateur.<br />

QUELLE SOLUTION LEUR PROPOSEZ-VOUS ET SUR<br />

QUELLE(S) TECHNOLOGIE(S) REPOSE-T-ELLE ?<br />

Pour faciliter la prise en main, les fonctions de base sont directement<br />

accessibles, les fonctions avancées sont accessibles à partir<br />

de d’un bouton dédié. L’opérateur est guidé tout au long du paramétrage<br />

par un fil de commande claire. L’opérateur ne pourra<br />

oublier aucun paramètre clé du système de pilotage. Pour simplifier<br />

encore la définition du profil de vibration, IMV a intégré dans<br />

l’interface du contrôleur K2+, une base de données des principales<br />

normes vibratoires (IEC, MIL, ISO, JASO…). En trois<br />

clics, il est possible de lancer un essai sans risque d’erreur dans<br />

la définition du test.<br />

Pour améliorer la finesse d’analyse, IMV a amélioré la précision<br />

de mesure en proposant en standard des convertisseurs<br />

A/N 32 bits, la dynamique de mesures est améliorée de 3dB. La<br />

fréquence d’échantillonnage du contrôleur IMV K2+ a également<br />

été améliorée jusqu’à 102,4 kéch/s par voie, cette amélioration<br />

permet d’étendre la bande de fréquence d’analyse.<br />

Pour faciliter encore le paramétrage, le conditionnement de tous<br />

les types de capteurs possibles, y compris les capteurs charges<br />

en plus de la technologie IEPE, TEDS… sont intégrés. Le conditionnement<br />

charge intégré permet au laboratoire de faire des<br />

économies sur l’étalonnage de conditionneurs externes ou convertisseur<br />

charge/ICP. IMV Corporation s’attache à fournir des solutions<br />

toujours plus soucieuses de la performance et de la fiabilité.<br />

Notre large gamme de vibrateur de 600N à 350kN nous permet<br />

de répondre à tous les besoins vibratoires que vous soyez dans<br />

le domaine de l’automobile, le spatial, la défense ou l’énergie. ●<br />

Propos recueillis par Olivier Guillon<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I27


MESURES<br />

SOLUTION<br />

Comment sécuriser et optimiser le stockage des<br />

vaccins contre la Covid-19 ?<br />

Les vaccins ne sauvent pas seulement des millions de vie, ils sont aussi la raison de l’éradication<br />

de maladies majeures telles que la variole. La course aux vaccins contre la Covid-19 est engagée<br />

depuis plusieurs mois maintenant et pousse les industriels de la santé à faire face à l’un des<br />

prochains défis : préserver l’efficacité de ce vaccin durant sa période de stockage et de transport.<br />

Les vaccins sont classés comme des produits biologiques<br />

qui peuvent devenir inactifs au bout d’un<br />

certain temps. Si un vaccin est exposé à une<br />

température inférieure ou supérieure à ce qui<br />

est recommandé, celui-ci perd de son efficacité, et expose<br />

alors les patients à un risque. Le contrôle de la température<br />

pendant le stockage et le transport des vaccins est<br />

donc obligatoire et la règlementation doit être strictement<br />

respectée.<br />

L’une des plus grandes préoccupations est la température<br />

à laquelle ils doivent être soumis. Pour un stockage longue<br />

durée de six à douze mois, la température doit atteindre<br />

-50 à -80°C, ce qui est le cas pour certains vaccins contre<br />

la Covid-19.<br />

Toutes les différentes zones de stockage requièrent donc<br />

une surveillance accrue et continue mais aussi une qualification<br />

régulière pour garantir que le congélateur est capable<br />

d’assurer les performances requises. En vertu de réglementations<br />

strictes visant à assurer des conditions de stockage<br />

adéquates, les entreprises pharmaceutiques sont tenues de<br />

se soumettre à des inspections régulières de leurs équipements.<br />

COMMENT METTRE EN PLACE UN SYSTÈME DE<br />

SURVEILLANCE CONTINUE ?<br />

Afin de s’assurer du maintien de la température, chaque<br />

congélateur doit disposer d’un système de surveillance<br />

continue des conditions environnementales. Les opérateurs<br />

peuvent ainsi être avertis en temps réel lorsqu’un congélateur<br />

dépasse les limites autorisées. La fonction de radiofréquence<br />

est indispensable et permet à l’équipe présente de<br />

prendre les décisions nécessaires pour éviter la perte d’un<br />

lot entier de vaccins.<br />

Pour un stockage sûr et optimal, nous conseillons l’utilisation<br />

d’un système embarqué pour plus de mobilité. Celui-ci<br />

doit être choisi selon plusieurs critères prioritaires tels que<br />

sa capacité à fournir des données en temps réel, sa plage de<br />

température maximale, son autonomie, sa solidité (indice<br />

de protection) ainsi que la flexibilité et les fonctionnalités<br />

du logiciel qui l’accompagne.<br />

Ellab recommande l’utilisation du système embarqué<br />

IceSpy IN-TT001 de la gamme Hanwell qui répond entièrement<br />

aux exigences requises pour le stockage de nombreux<br />

types de vaccin et autres produits pharmaceutiques. Cet<br />

équipement offre autant d’avantages que ce soit pour une<br />

utilisation statique (stockage longue durée) ou mobile<br />

(durant le transport).<br />

La sonde thermocouple intégrée au module IceSpy<br />

IN-TT001 dispose d’une plage de température qui s’étend<br />

de -200°C à +300°C avec une précision de +/-1 °C entre<br />

-100°C et 0°C. L’indice de protection IP65 du capteur le<br />

rend plus résistant à la poussière ainsi qu’aux jets d’eau et<br />

la durée de vie de sa batterie est de +/- 2 ans en fonction<br />

de son utilisation.<br />

28 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


MESURES<br />

Sa portée radio peut atteindre jusqu’à 300 m sur un terrain<br />

découvert et transmet les données vers le logiciel EMS<br />

(Environmental Monitoring Software), accessible depuis<br />

un smartphone, une tablette ou un PC portable. Des répéteurs<br />

peuvent également être mis en place pour une meilleure<br />

transmission des données.<br />

La plateforme logicielle qui accompagne ce système permet<br />

de paramétrer chaque session, récolter les données en<br />

temps réel 24/7, analyser les résultats, puis générer des<br />

rapports clairs, complets et certifiés. Ultra-intuitive, elle<br />

offre un large panel de paramétrages notamment pour les<br />

alertes (SMS, email, notifications) lorsqu’un dysfonctionnement<br />

apparaît. La sécurité des vaccins n’est donc jamais<br />

compromise. Ce système est un véritable atout pour les<br />

structures multisites et s’adapte aussi bien pour un seul<br />

accès utilisateur que multi-utilisateurs.<br />

POURQUOI ET COMMENT QUALIFIER SON<br />

CONGÉLATEUR ?<br />

La qualification d’un congélateur doit être réalisée régulièrement<br />

et dure plusieurs jours. Il s’agit de déterminer<br />

les zones chaudes et froides du système de stockage, de<br />

confirmer les températures et écarts d’humidité prédéfinis,<br />

d'identifier et améliorer l'équilibre température/humidité,<br />

de déterminer les températures les plus élevées et la fluctuation<br />

de l’humidité dans la chambre, mais aussi de calculer<br />

et documenter la température cinétique moyenne (MKT).<br />

La FDA considère la Mean Kinetic Temperature (MKT)<br />

comme un calcul qui indique si un produit a dépassé les<br />

conditions de stockage. Ce calcul de l’équipartition de<br />

l’énergie cinétique peut également être utilisé pour déterminer<br />

si le stockage, la manutention ou le transport ont<br />

affecté la durée de vie du produit.<br />

idéale grâce à sa plage de température de -90 à +85°C et<br />

sa précision de ±0,1 °C. Leur conception en acier inoxydable<br />

et leur capacité de mémoire de 60 000 points de<br />

données permettent de résister dans un environnement<br />

extrême à -80°C durant des mois.<br />

De plus, ces capteurs peuvent être équipés d’une LED pour<br />

avertir en temps réel de l’état du capteur (voyant rouge ou<br />

vert). Toutes les données sont ensuite collectées sur le logiciel<br />

de validation ValSuite. Celui-ci répond entièrement<br />

aux exigences de la FDA 21 CFR Partie 11 (Journal d’évènements,<br />

Active Directory, gestionnaire d’accès, signature<br />

électronique et bien plus encore) et qui est compatible<br />

sous Windows 10 et Citrix. Il générera ensuite un rapport<br />

complet, certifié et automatisé en format PDF.<br />

POUR ALLER PLUS LOIN…<br />

Le stockage des vaccins est un véritable défi puisque les<br />

conditions environnementales requises peuvent varier<br />

d’un vaccin à l’autre. De nouvelles alternatives sont alors<br />

en cours d’analyse telles que celle de la lyophilisation des<br />

vaccins qui permettrait de les stocker dans des conditions<br />

de réfrigération plus communes.<br />

Pour qualifier un tel procédé thermique, l’utilisation de<br />

capteurs embarqués de la gamme TrackSense Frigo est<br />

Cette technique de procédé consiste à déshydrater presque<br />

totalement le produit afin de le conserver sous vide. Très<br />

utilisée dans les industries agroalimentaires et de la santé,<br />

la lyophilisation permet de ne pas altérer la qualité des<br />

produits et de les conserver à température ambiante. Ellab,<br />

expert dans le domaine de la validation et la qualification<br />

depuis 1949, est capable de répondre aux exigences de<br />

nombreuses applications, notamment celles pour le stockage<br />

à froid mais aussi de lyophilisation, grâce à son tout<br />

nouveau capteur embarqué conçu spécialement pour l’optimisation<br />

de ce procédé. ●<br />

Article réalisé avec la société Ellab<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I29


DOSSIER<br />

L'INTERVIEW<br />

« France Hydrogène portera<br />

haut et fort les couleurs<br />

de l’hydrogène en France<br />

comme à l’international ! »<br />

Le 7 octobre 2020 est une date que l’industrie de l’hydrogène<br />

française peut marquer d’une pierre blanche. Car en devenant<br />

France Hydrogène, l’Association française pour l’hydrogène et<br />

les piles à combustible (Afhypac) a fait bien plus que changer<br />

de nom. Le point avec son président Philippe Boucly, lequel ne<br />

cache pas son ambition de faire – enfin – de l’hydrogène une<br />

filière stratégique pour l’économie et l’industrie française.<br />

Philippe Boucly Président de<br />

France Hydrogène<br />

Depuis décembre 2017, Philippe Boucly préside l’Association<br />

française pour l’hydrogène et les piles à combustible (Afhypac),<br />

après en avoir été le premier vice-président pendant quatre ans.<br />

Devenue France Hydrogène depuis le 7 octobre dernier, la structure<br />

fédère les acteurs de la filière française de l’hydrogène et des<br />

piles à combustible. Au sein de cette association, Philippe Boucly<br />

représente GRTgaz, le principal opérateur français de réseau de<br />

transport de gaz naturel à haute pression en France.<br />

De 2009 à avril 2013, Philippe Boucly était le directeur général de GRTgaz. C’est durant<br />

son mandat que l’entreprise a pris le virage des gaz renouvelables et en particulier de<br />

l’hydrogène. Cet ancien élève de l’École Polytechnique (X72) et ingénieur de l’École des Mines<br />

de Paris a mené toute sa carrière au sein de Gaz de France, devenu GDF Suez puis Engie.<br />

Il y a occupé des fonctions opérationnelles en France (notamment directeur de la Région<br />

Centre-Ouest basée à Angoulême) et à l’international. De 2002 à 2008, il a dirigé SPP, la<br />

société gazière slovaque filiale de GDF Suez, d’E-on et de l’État slovaque. Il a également<br />

dirigé la coopération technique développée entre Gaz de France et Gazprom de 1994 à 2002.<br />

En référence au lancement par le<br />

gouvernement le 8 septembre<br />

dernier de la Stratégie française<br />

sur l’hydrogène, l’association se<br />

devait « de refléter cette nouvelle dimension.<br />

Et le premier pas pour accompagner<br />

cette évolution, c’est un nouveau nom<br />

clair, lisible et immédiatement compréhensible<br />

par tous les publics, selon les<br />

mots de son président Philippe Boucly.<br />

Ainsi, nous réaffirmons nos ambitions :<br />

porter haut et fort les couleurs de l’hydrogène,<br />

refléter cette puissante dynamique et<br />

la faire rayonner en France comme à l’international<br />

! » C’est dit. L’enthousiasme<br />

affiché de Philippe Boucly traduit l’engagement<br />

désormais ferme, à la fois de la<br />

France mais aussi de l’Europe, de faire<br />

de l’hydrogène une énergie d’avenir et<br />

résolument stratégique.<br />

MONSIEUR BOUCLY, QUE<br />

REPRÉSENTE POUR VOUS<br />

LA CRÉATION DE FRANCE<br />

HYDROGÈNE ?<br />

N’ayons pas peur des mots : il s’agit<br />

d’une ère nouvelle pour l’hydrogène<br />

en France. Et le démarrage de celle-ci<br />

devait passer par un nouveau nom pour<br />

notre association. Créée il y a une vingtaine<br />

d’années à l’initiative d’universitaires,<br />

l’association (qui s’appelait<br />

alors AFH2) avait déjà pris un tournant<br />

en 2009 grâce à Chantal Jouanno,<br />

alors secrétaire d’État à l’Écologie, qui<br />

a demandé aux industriels de réaliser<br />

une feuille de route avec l’Ademe et<br />

l’AFH2 ; c’est à ce moment-là qu’a été<br />

créée l’Afhypac.<br />

PLUS PRÉCISÉMENT, QUELLES<br />

SONT SES MISSIONS ?<br />

La mission première de l’association<br />

30 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

©Adrien Daste<br />

solution pour la lutte contre le changement<br />

climatique.<br />

Puis, sous la présidence d’Emmanuel<br />

Macron, Nicolas Hulot a, dès sa nomination<br />

en tant que ministre, mené une<br />

réflexion qui a abouti à un plan hydrogène<br />

qu’il a présenté le 1 er juin 2018 :<br />

des grandes orientations, des recommandations<br />

et des objectifs à atteindre.<br />

Mais c’est là que le bât blesse : l’absence<br />

de visibilité financière et d’accompagnement,<br />

avec seulement un budget de<br />

100 millions d’euros pour 2019. Nous<br />

avons néanmoins poursuivi nos études<br />

et notre action et en juillet dernier,<br />

nous avons publié notre vision dans<br />

un manifeste intitulé « Manifeste pour<br />

un plan national hydrogène ambitieux<br />

et cohérent ».<br />

est de promouvoir l’hydrogène en<br />

France et d’en faire une filière compétitive.<br />

L’association connait actuellement<br />

une forte dynamique : plus de<br />

200 membres, contre 120 au début<br />

2019, soit un quasi doublement en<br />

deux ans ! L’association peut compter<br />

sur l’engagement d’une quarantaine de<br />

grands groupes présents dans différents<br />

métiers tels que l’énergie et la mobilité,<br />

mais également sur une centaine<br />

de PME, de PMI et d’ETI, sans oublier<br />

les collectivités territoriales, les centres<br />

de recherche, des pôles de compétitivité<br />

et des syndicats professionnels de<br />

l’énergie et des transports.<br />

Air Liquide - Port-Jérôme site and Cryocap<br />

Notons qu’il existe une véritable filière<br />

française de l’hydrogène, rassemblant<br />

des activités aussi diverses que les<br />

transports, qu’il s’agisse du ferroviaire,<br />

de l’automobile, de l’aéronautique, du<br />

maritime et du fluvial mais aussi le<br />

domaine de la chimie ou la sidérurgie<br />

… tous les métiers sont concernés<br />

et France Hydrogène se veut être<br />

le référent en la matière.<br />

LA FILIÈRE FRANÇAISE DE<br />

L’HYDROGÈNE A-T-ELLE TOUJOURS<br />

ÉTÉ AUSSI DYNAMIQUE ?<br />

En France, cette technologie n’est<br />

pas nouvelle. Néanmoins, on peut<br />

fixer à 2014 le début du décollage.<br />

En janvier 2014 est paru un rapport<br />

de l'Office parlementaire d'évaluation<br />

des choix scientifiques et technologiques<br />

(OPECST) qui a émis un<br />

certain nombre de recommandations<br />

au gouvernement pour s'engager résolument<br />

sur la voie du développement<br />

de l'hydrogène en France. Cette publication<br />

a été suivie d'autres rapports<br />

rédigés par des hauts fonctionnaires<br />

des commissariats à l'économie et à<br />

l'écologie. Cela a contribué à éveiller<br />

l'intérêt pour l'hydrogène en tant que<br />

C’EST CE MANIFESTE QUI A<br />

PRÉFIGURÉ LA PARTIE CONSACRÉE<br />

À L’HYDROGÈNE DU PLAN DE<br />

RELANCE ANNONCÉ PAR LE<br />

GOUVERNEMENT EN SEPTEMBRE<br />

DERNIER ?<br />

Je vous laisse juge mais le 8 septembre<br />

dernier, pas moins de deux ministres<br />

ont présenté cette stratégie. Le<br />

symbole est très fort, d’autant que<br />

ce plan répond totalement à notre<br />

vision et à nos attentes exprimées à<br />

travers notre manifeste, y compris en<br />

matière de puissance installée avec<br />

7 000 mégawatts d’électrolyse programmés<br />

d’ici 2030 et en termes de soutien<br />

prévu à l’investissement, de l’ordre de<br />

7,2 Md€ au total.<br />

DE QUOI SE COMPOSE-T-IL ? ET<br />

QUELLES CONSÉQUENCES AURONT,<br />

POUR LA FILIÈRE HYDROGÈNE,<br />

CES INVESTISSEMENTS À COURT,<br />

MOYEN ET LONG TERMES ?<br />

Cette stratégie doit se développer sur<br />

trois axes : la décarbonation de l'industrie<br />

et la création d’une filière française<br />

compétitive de l’électrolyse, le développement<br />

de la mobilité professionnelle<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I31


DOSSIER<br />

et enfin, le maintien de l’excellence en<br />

matière de recherche-développement<br />

et d’innovation avec le lancement d’un<br />

programme prioritaire de recherche,<br />

porté par l’ANR, de 65 millions d’euros.<br />

Enfin, le développement des compétences<br />

et la formation n’ont pas été<br />

oubliés puisque des campus des métiers<br />

verront le jour prochainement.<br />

En outre, une gouvernance est prévue<br />

pour animer et suivre la réalisation de<br />

la stratégie avec la nomination d’un<br />

coordinateur interministériel placé<br />

sous l'autorité du Premier ministre.<br />

Cela illustre la volonté du gouvernement<br />

de travailler en interministériel,<br />

volonté que nous avons déjà constatée<br />

lors de la préparation du plan ; c'est<br />

une véritable Task force composée de<br />

fonctionnaires provenant des ministères<br />

de la Recherche, de l’Écologie,<br />

de l’Économie ainsi que du secrétariat<br />

général pour l’Investissement qui a<br />

mis au point cette stratégie. Il y a donc<br />

une vraie volonté interministérielle à<br />

laquelle s’ajoute la volonté de Bruno Le<br />

Maire de créer un Conseil national de<br />

l’hydrogène qu'il présidera.<br />

SUR QUELS AXES ALLEZ-VOUS<br />

AVANCER EN PRIORITÉ DANS LES<br />

DOMAINES DE LA R&D ET R&T ?<br />

De nombreux projets de recherche sont<br />

en cours, à commencer par l’initiative<br />

IFHY. Il s’agit d’un groupement d’intérêt<br />

scientifique qui réunit le CEA et le<br />

CNRS et qui travaille sur quatre axes.<br />

Le premier concerne l’électrolyse à<br />

basse température, de façon à la rendre<br />

plus flexible, plus durable et à réduire<br />

le recours à des matériaux critiques. De<br />

même, l’électrolyse haute température<br />

apparait comme une technologie très<br />

prometteuse, à très haut rendement. Le<br />

deuxième axe porte sur la logistique,<br />

le transport, le stockage et la distribution<br />

de l’hydrogène : il s’agit de travailler<br />

sur des procédés de liquéfaction et<br />

sur les LOHC (Liquides organiques<br />

vecteurs et transporteurs d’hydrogène)<br />

ainsi que sur le stockage haute pression.<br />

À titre d’exemple, on s’oriente vers<br />

des stockages dans de longs cylindres<br />

qui, comme les batteries, pourront être<br />

placés dans le plancher des véhicules.<br />

Nous travaillons aussi sur les aciers car<br />

l’hydrogène fragilise certains aciers,<br />

ce qui peut poser des problèmes de<br />

©Air Liquide<br />

Air Liquide - site de Bécancour<br />

© Wrightbus<br />

Forsee Power, spécialiste français<br />

des systèmes de batteries intelligents,<br />

équipe les bus nord-irlandais<br />

Wrightbus depuis 2013<br />

32 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

fort. La réduction des coûts représente<br />

également une priorité ; pour cela, des<br />

projets seront menés afin de développer<br />

des piles utilisant moins de platine.<br />

D’autres sujets concernent l’étanchéité<br />

et également le développement de<br />

modèles numériques dans le but de<br />

réduire les temps de test et d’en optimiser<br />

les résultats. Plus globalement,<br />

nous entendons profiter de la mise en<br />

œuvre de cette stratégie nationale pour<br />

apporter plus de fluidité et de d’indépendance<br />

vis-à-vis des sous-traitants<br />

étrangers. Enfin, l’objectif est aussi de<br />

renforcer la disponibilité des moyens<br />

d’essai industriels.<br />

sécurité. Autre axe : la conversion de<br />

l’énergie de l’hydrogène dans des piles<br />

à combustible, à membrane polymère<br />

ou céramique ; nous poursuivons également<br />

les travaux sur la combustion<br />

des mélanges gaz naturel/hydrogène.<br />

Enfin, le dernier axe est plus transverse<br />

puisqu’il consiste à accompagner<br />

le déploiement de ces systèmes tout au<br />

long de leur cycle de vie en prenant en<br />

compte leurs impacts à la fois économiques,<br />

sociaux, écologiques et en<br />

matière de sécurité.<br />

QUELLES SONT LES GRANDS DÉFIS<br />

DES INDUSTRIELS FRANÇAIS DE<br />

L’HYDROGÈNE ?<br />

Lancée il y a trois ans, l’initiative H2Lab<br />

vise à mettre en commun des moyens<br />

d’homologation et de certification des<br />

composants de la chaîne de l’hydrogène.<br />

Car le problème se pose pour les<br />

industriels français de la filière quant<br />

à la réalisation des tests d’homologation<br />

et de certification ; beaucoup sont<br />

contraints d’aller à l’étranger pour les<br />

réaliser ce qui implique des délais longs<br />

et des retards de livraison car chaque<br />

pays se sert en priorité. De ce constat,<br />

nous avons eu l’idée de recenser les<br />

moyens d’essai existants en France et de<br />

les mettre à disposition des industriels.<br />

QUELS VONT ÊTRE VOS BESOINS EN<br />

TERMES D'ESSAIS ET DE MESURE ?<br />

Les grandes problématiques concernent<br />

avant tout la durabilité. Beaucoup d’essais<br />

d’endurance devront être menés sur<br />

de nombreux produits en conditions<br />

extrêmes, tant en matière de vibrations<br />

que de température. Autre sujet prioritaire,<br />

la fiabilité. Il s’agit d’un enjeu<br />

COMMENT ALLEZ-VOUS<br />

TRAVAILLER AVEC VOS<br />

PARTENAIRES EUROPÉENS,<br />

NOTAMMENT EN MATIÈRE DE R&D ?<br />

Les interactions européennes sont<br />

nombreuses et ne vont cesser de s’intensifier.<br />

France Hydrogène est d’ailleurs<br />

membre de l’organisation<br />

Hydrogen Europe, qui regroupe près<br />

de 200 membres : industriels, associations<br />

nationales telles que la nôtre ainsi<br />

que des laboratoires européens travaillant<br />

sur l’hydrogène. Cette organisation<br />

est très active auprès des instances<br />

européennes mais également dans l’élaboration<br />

de la stratégie européenne<br />

de l’hydrogène présentée le 8 juillet<br />

dernier à Bruxelles. ●<br />

Premier train fonctionnant<br />

à l’hydrogène pour Alstom<br />

Propos recueillis par<br />

Olivier Guillon<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I33


DOSSIER<br />

ENTRETIEN<br />

« Il n’y aura pas de transition énergétique<br />

réussie sans hydrogène »<br />

Vice-président pour les technologies (CTO) et la direction industrielle de l’activité mondiale<br />

Énergie hydrogène d’Air Liquide, Xavier Vigor a accepté de répondre à nos questions portant<br />

sur l’implication d’un groupe mondial dans la filière hydrogène.<br />

Que représente l'hydrogène chez Air Liquide et dans la feuille de route du groupe ? Sur quels<br />

segments/métiers êtes-vous particulièrement impliqués ?<br />

Xavier Vigor Directeur des<br />

Technologies et Management<br />

Industriel de l’Activité<br />

Mondiale Énergie Hydrogène<br />

du groupe Air Liquide<br />

Diplômé de l’École centrale des arts et<br />

manufactures, Xavier Vigor a commencé<br />

sa carrière professionnelle en 1988 au<br />

sein du groupe Air Liquide. Il a occupé<br />

successivement des responsabilités<br />

de recherche et développement,<br />

commerciales, d'ingénierie et de<br />

management, toujours dans des domaines<br />

innovants. En particulier, il a dirigé le<br />

centre de recherche de Chicago, celui des<br />

Loges-en-Josas près de Paris, l’ingénierie<br />

des petites usines de production standard,<br />

l’informatique industrielle du groupe et, récemment, des filiales<br />

dédiées aux technologies avancées.<br />

contribue par son expertise à la généralisation de l'utilisation<br />

de l'hydrogène comme vecteur d’énergie propre.<br />

PAR RAPPORT AU PLAN DE RELANCE, COMMENT<br />

AIR LIQUIDE SE POSITIONNE-T-IL AU NIVEAU DE<br />

L'HYDROGÈNE ?<br />

Nous saluons l’engagement des pouvoirs publics visant à<br />

promouvoir la filière hydrogène en France. Il n’y aura pas de<br />

transition énergétique réussie sans hydrogène. Ce plan va vraiment<br />

dans le bon sens. Il y a deux ans, on parlait de 100 millions<br />

d’euros pour la filière hydrogène. Aujourd’hui Bruno Le Maire a<br />

confirmé le plan de 2 milliards d’euros d’ici 2022 et une ambition<br />

pour la décennie à 7,2 milliards. C’est un vrai coup d’accélérateur<br />

pour la filière française et qui nous met au diapason de ce<br />

qui se passe dans les autres pays européens, mais aussi dans de<br />

nombreux autres pays du monde (Allemagne, Portugal, Corée,<br />

Japon, Chine, Californie, Chili…).<br />

La lutte contre le changement climatique et la réussite<br />

de la transition énergétique sont au cœur de la stratégie<br />

d’Air Liquide. Il y a deux ans, nous nous sommes<br />

fixé les objectifs « climat » les plus ambitieux de notre<br />

secteur pour réinventer avec nos clients et nos partenaires des<br />

solutions industrielles durables. Air Liquide contribue au développement<br />

d’une société bas carbone, notamment en développant<br />

l’hydrogène qui, tant sur le plan de la mobilité que de<br />

l’énergie, jouera un rôle clé dans la transition énergétique et la<br />

lutte contre le changement climatique. Depuis cinquante ans,<br />

le groupe maîtrise l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement<br />

en hydrogène, de la production au stockage, à la distribution et<br />

au développement d’applications pour les utilisateurs finaux. Il<br />

©Adrien Daste<br />

Site de Port-Jérôme doté de la solution Cryocap (captage de CO 2<br />

par<br />

cryogénie)<br />

34 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

Par ailleurs, la structuration de la filière hydrogène en France<br />

va de pair avec des économies d’échelle qui viendront renforcer<br />

la compétitivité de nos solutions hydrogène. En tant que pionniers<br />

dans le domaine de l’hydrogène, nous sommes confiants<br />

dans nos capacités à relever ces défis à l'échelle nécessaire. Air<br />

Liquide est d'autant mieux placé dans ce domaine que le groupe<br />

soutient la recherche et favorise l'innovation dans ses campus<br />

et centres d'excellence, dont plusieurs implantés sur le territoire<br />

français (en région parisienne ainsi qu’à Sassenage, près<br />

de Grenoble).<br />

QUELS VERROUS TECHNOLOGIQUES VOUS<br />

RESTE-T-IL À LEVER ? ET QUELLES ONT ÉTÉ LES<br />

DERNIÈRES ACQUISITIONS DU GROUPE EN LA<br />

MATIÈRE ?<br />

Site de Bécancour (Canada), équipé avec<br />

d’électrolyseurs Hydrogenics-Cummins<br />

Ce plan nous conforte dans nos investissements dans l’hydrogène<br />

en France et nous incite à les poursuivre fortement dans les<br />

années à venir, notamment sur des projets d’envergure. Il est une<br />

incitation à poursuivre nos investissements hydrogène en France<br />

avec un effet positif sur les écosystèmes dans les territoires.<br />

Les technologies existent déjà. L’enjeu est maintenant de passer<br />

à l’échelle supérieure. Le marché de l’hydrogène prend son envol<br />

et doit encore se structurer avant d’arriver à maturité. Dans<br />

ce cadre, Air Liquide entend se montrer pragmatique et faire<br />

preuve d’agilité. Cela se traduit notamment par un soutien<br />

actif à la R&D et à l’innovation, ainsi que par des prises de<br />

participation dans des sociétés comme Hydrogenics-Cummins<br />

(conception d’électrolyseurs). Par ailleurs, le développement de<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I35


DOSSIER<br />

l’hydrogène décarboné ne pourra pas se faire sans recours à des<br />

solutions permettant de décarboner les moyens de production<br />

déjà existants, comme nous le faisons déjà grâce aux solutions<br />

CryoCap (Port-Jérôme, France) et Northern Lights (Norvège).<br />

QUELLES SONT LES START-UP SUPPORTÉES<br />

PAR AIR LIQUIDE IMPLIQUÉES DANS LA FILIÈRE<br />

HYDROGÈNE ?<br />

Air Liquide soutient plusieurs start-up et a notamment investi<br />

plus de 12 millions d’euros dans cinq d’entre elles via Aliad,<br />

sa structure de venture capital. Parmi ces jeunes pousses, on<br />

compte Step (société des taxis hydrogène Hype), Ergosup (qui<br />

propose des solutions innovantes de fourniture décentralisée<br />

d’hydrogène), Flying Whales (transport de marchandises par<br />

dirigeable), Hydrexia (stockage d’hydrogène solide). Le groupe<br />

a également investi dans la société McPhy (spécialisée dans la<br />

conception et fabrication d’électrolyseurs), de Plug Power (parts<br />

ayant depuis été cédées, piles à combustible).<br />

COMMENT LES ACTEURS DE LA MESURE, DU TEST,<br />

DU CND ET DE LA SIMULATION PEUVENT-ILS<br />

AIDER À RÉPONDRE AUX ENJEUX D’AIR LIQUIDE<br />

LA FILIÈRE HYDROGÈNE ?<br />

Les enjeux de la filière hydrogène sont d’avancer plus rapidement<br />

et plus loin dans le développement de nouvelles solutions,<br />

ainsi que d’apporter des améliorations à de nouveaux<br />

équipements, à des coûts raisonnés. Les mesures et les CND<br />

doivent aussi apporter des solutions industrielles et innovantes<br />

pour contrôler le bon fonctionnement et le bon état de nos<br />

stations hydrogène (très haute pression et hydrogène sous forme<br />

liquide). De la même manière, des efforts sont entrepris pour<br />

développer rapidement nos atouts, tout en réduisant leur coût<br />

total de possession (TCO).<br />

Pour cela, il existe plusieurs leviers : l’utilisation de simulations<br />

et tests pour fiabiliser et optimiser les performances techniques<br />

des équipements des stations hydrogène ; le contrôle des stockages<br />

haute pression ; la détection et prévention des fuites ; les<br />

tests intensifs et extensifs des produits et équipements avant leur<br />

mise sur le marché et la définition des améliorations souhaitées ;<br />

les inspections périodiques réglementaires in situ (sans démontage<br />

pour limiter les temps d’arrêt) ; la simulation des durées<br />

de vie en fonction, entre autres, de l’environnement hydrogène,<br />

de la pression, des cycles, afin d’optimiser le design, la durée de<br />

vie des équipements et la fréquence de maintenance<br />

L'hydrogène ayant un effet fragilisant sur les métaux, cela nous<br />

conduit à mettre en place des tests de sélection spécifiques, mais<br />

aussi à en établir de nouveaux pour nous adapter aux niveaux<br />

de pression nécessaires pour l’énergie hydrogène. Cet effet se<br />

produisant dans le temps, les inspections sont adaptées avec<br />

des contrôles non destructifs et en atmosphères explosives.<br />

À partir de ces mesures, les simulations permettent d'évaluer la<br />

santé des matériaux et en association avec une bonne connaissance<br />

des mécanismes d'endommagement, d’établir des projections<br />

sur une durée de vie résiduelle. ●<br />

Propos recueillis par Olivier Guillon<br />

©Hybalance<br />

Site HyBalance à Hobro, au Danemark<br />

36 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

France<br />

Hydrogène signe<br />

un accord avec la BEI<br />

L’association française pour l’hydrogène et les<br />

piles à combustible et la Banque européenne<br />

d’investissement ont signé le 13 novembre un<br />

accord de collaboration afin de faciliter l’accès<br />

aux solutions de financement et à l’expertise de<br />

la BEI pour les promoteurs de projets hydrogène<br />

en France.<br />

Cet accord s’inscrit plus précisément dans le cadre du<br />

programme InnovFin Conseil de la BEI qui bénéficie du<br />

soutien de la Commission européenne. Les ressources<br />

mises à disposition par ce programme devront permettre<br />

d’accélérer le financement des projets hydrogène grâce à<br />

la mise en place d’un conseil et d’un accompagnement<br />

personnalisés parallèlement à une exploration poussée des<br />

possibilités de financement. Cette collaboration permettra<br />

également de recenser les déficits de financement dans ce<br />

secteur émergent afin de pouvoir y remédier notamment<br />

par la mise en place de nouveaux instruments financiers.<br />

« Cet accord avec France Hydrogène marque une étape pour<br />

le développement de projets hydrogène en France. Et l’enjeu<br />

est important face à l’urgence climatique et la nécessité<br />

de développer des solutions innovantes réduisant les gaz à<br />

effet de serre », déclare Ambroise Fayolle, vice-président<br />

de la BEI. . ●<br />

PUBLI REPORTAGE<br />

DAM GROUP, UN BOOSTER<br />

INCONTOURNABLE POUR<br />

LA FILIERE HYDROGENE<br />

L’enjeu majeur pour la filière hydrogène<br />

réside dans l’industrialisation : DAM Group<br />

accompagne les constructeurs et sous-traitants<br />

de la filière, vers une montée en production<br />

et une industrialisation de masse de leurs<br />

produits.<br />

Créée en 1987, l’entreprise a capitalisé son savoir sur les métiers<br />

de la mécanique, de l’étude des fluides, de l’électronique et de la<br />

gestion de données pour livrer à ses clients des solutions clés<br />

en main et strictement adaptées à leurs besoins. DAM Group<br />

propose une offre complète de solutions de test et mesure sur<br />

l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène :<br />

• contrôle d’étanchéité des plaques bipolaires (PEM/SOFC)<br />

et des MEA<br />

• moyens de caractérisation et de conditionnement du stack<br />

• test haute pression du système hydrogène intégré<br />

Résolument tourné vers des problématiques de standardisation<br />

et de réduction des coûts, le Groupe a pris un tournant<br />

et s’investit depuis plusieurs mois dans la conception et<br />

la fabrication de produits « série » annexes au système pile à<br />

combustible comme par exemple une vanne by-pass embarquée<br />

dans le véhicule ou encore un CVM (Cell Voltage Monitoring)<br />

universel.<br />

Grâce à l’étroite collaboration avec des industriels comme<br />

Symbio, H2PULSE, ou des laboratoires comme le CEA ou<br />

Laplace et s’appuyant sur un solide réseau de partenaires<br />

(Hydrogen Europe, France Hydrogène), DAM Group affiche<br />

un objectif ambitieux : « Nous voulons être leader européen des<br />

bancs de test dans la filière hydrogène d’ici 2025.» déclare Guy<br />

CREPET son fondateur.<br />

EN SAVOIR PLUS ><br />

a.vignon@dam.fr / 04 78 26 95 83<br />

DAM Group - 200 rue Léon BLUM 69100 Villeurbanne - FRANCE<br />

www.damgroup.fr<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I37


DOSSIER<br />

RECHERCHE<br />

Un vent de dynamisme souffle sur la<br />

recherche dans l’hydrogène<br />

Les nombreux laboratoires du CNRS menant des projets dans l’hydrogène et réunis au sein<br />

de la Fédération FRH2 entendent bien profiter des investissements promis dans le plan de<br />

relance du gouvernement et ainsi accélérer la recherche fondamentale.<br />

Olivier Joubert Professeur<br />

à l’université de Nantes et<br />

chercheur à l'Institut des<br />

Matériaux Jean Rouxel (CNRS).<br />

Olivier Joubert enseigne au sein de Polytech Nantes. En outre,<br />

il dirige FRH2, la Fédération de recherche du CNRS portant sur<br />

l’hydrogène et représente le CNRS au conseil d'administration<br />

de l’association France Hydrogène (ex Afhypac).<br />

L’hydrogène a le vent en poupe ces derniers temps.<br />

Depuis le manifeste récemment lancé par l’association<br />

française France Hydrogène auprès du gouvernement<br />

et la position importante de cette énergie dans<br />

le plan de relance dévoilé au mois de septembre, les industriels<br />

et les acteurs de la recherche scientifique sont sur le pied de<br />

guerre. Ce domaine de recherche n’est certes pas nouveau mais<br />

Olivier Joubert constate « un intérêt grandissant, y compris des<br />

étudiants, sur les énergies renouvelables et en particulier l’hydrogène<br />

». Plus qu’un signe, un véritable engouement.<br />

Spécialiste et expert de la question, ce professeur de l’université<br />

de Nantes mène des travaux de recherche au sein du CNRS<br />

depuis plus de vingt ans dans la production d’hydrogène. Il<br />

travaille tout particulièrement dans la recherche de matériaux<br />

céramiques destinés à augmenter la durée de vie et les performances<br />

tout en réduisant les coûts des systèmes de production<br />

d’électrolyse. Olivier Joubert dirige également une des trois<br />

grandes fédérations de recherche du CNRS, FRH2 (la Fédération<br />

de recherche sur l’hydrogène), les deux autres étant consacrées<br />

au solaire photovoltaïque et aux batteries. « Aujourd’hui,<br />

l’essentiel des travaux de recherche sont réalisés en France à travers<br />

d’une part le CNRS, qui est présent à travers ses laboratoires<br />

sur tout le territoire, et le CEA dont la recherche est centralisée<br />

à Grenoble avec le Liten. » Les deux centres de recherche<br />

ont des approches différentes et complémentaires : le CNRS<br />

travaille sur la recherche fondamentale et appliquée comme<br />

des nouveaux matériaux par exemple, et va jusqu’au développement<br />

et les essais de systèmes. Le CEA effectue lui aussi des<br />

tests systèmes mais de façon beaucoup plus proche des industriels<br />

dans le cadre de travaux de recherche appliquée.<br />

S’APPUYER SUR UNE VISION GLOBALE DE L’HYDROGÈNE<br />

En matière de recherche sur l’hydrogène, il est essentiel de<br />

garder une vision d’ensemble, comme le rappelle le Pr. Joubert :<br />

dans l’automobile par exemple, cette énergie est combinée à des<br />

batteries et des super-condensateurs. « Je pense qu’il est important<br />

de considérer l’hydrogène comme un maillon des énergies<br />

renouvelables et, en tant qu’ingénieur, de maîtriser l’ensemble des<br />

savoirs associés aux technologies vertes (méthanisation, solaire,<br />

éoliennes, batteries…) ».<br />

Il en est de même au niveau de l’enseignement et plus particulièrement<br />

des masters : « nous avons lancé un travail de recensement<br />

des formations incluant les énergies, et ce sous toutes leurs<br />

38 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

formes ». Pour les IUT, l’état des lieux a concerné les formations<br />

ayant une spécialisation en électricité et gaz. « L’idée ici est d’introduire<br />

l’hydrogène comme une technologie comme une autre<br />

dans ses utilisations professionnelles et d’éliminer cette "peur de<br />

l’hydrogène" encore trop répandue dans les utilisations de la vie<br />

courante ». Cette cartographie des formations a pour objectif<br />

d’identifier les besoins et de proposer des supports de formation<br />

sur les nouvelles énergies en général. « Je reste en effet persuadé<br />

que le succès de la transition énergétique tient à la combinaison<br />

des énergies ».<br />

Concernant les projets de recherche, de nombreux travaux<br />

sont en cours. C’est le cas d’un projet portant sur les PCEC («<br />

protonic ceramic electrolyser cell » ou « électrolyseur à céramique<br />

conductrice protonique » en français) ; ceux-ci utilisent<br />

un matériau céramique comme l'électrolyte. « Actuellement, la<br />

production d’hydrogène s'effectue à haute température (800°C<br />

minimum) en utilisant de l’électricité et de la chaleur. Le problème<br />

est que les empilements sont chauffés à très haute température<br />

ce qui engendre de fortes dégradations ; en outre, l'hydrogène<br />

produit est mélangé avec la vapeur deau injectée d’où le besoin<br />

d’un système compliqué pour séparer les gaz. Une autre solution<br />

existe. Il s’agit des électrolyseurs PEM mais qui nécessitent l’utilisation<br />

de métaux rares, donc peu disponibles et coûteux. Les<br />

PCEC présente un bon compromis entre ces deux puisqu’ils ne<br />

nécessitent pas de mélanger l’hydrogène avec de la vapeur d'eau<br />

ni d’utiliser des métaux rares. De plus, ils sont chauffés à moyenne<br />

température – 500 à 600°C. – ce qui limite les problèmes liés à la<br />

fragilité des systèmes ».<br />

Un autre projet de recherche concerne l'augmentation de la<br />

pression des systèmes de pompage électrochimique à 40 bar.<br />

Objectif : réduire les volumes ainsi que les coûts d’énergie et<br />

augmenter le rendement (avant de passer au pompage mécanique).<br />

PROFITER DU PLAN DE RELANCE ET DE L’ENGOUEMENT<br />

GÉNÉRAL POUR L’HYDROGÈNE<br />

Pour Olivier Joubert, le plan de relance communiqué début<br />

septembre par le gouvernement va dans le bon sens. Pour lui, il<br />

« traduit la volonté de rassembler les acteurs à la fois industriels et<br />

financiers dans la production d’électrolyseurs » ; la priorité étant<br />

donnée à la production d’hydrogène en grande quantité afin<br />

de réduire les coûts au maximum. « Aujourd’hui, de nombreux<br />

systèmes sont sur l’étagère notamment les électrolyseurs PEM.<br />

Cependant, se pose le problème de la durée de vie de l’électrolyseur<br />

et leur coût. Il est donc essentiel de développer des procédés<br />

et des matériaux à la fois moins chers et plus durables ; c’est pourquoi<br />

la recherche est essentielle pour mettre au point des systèmes<br />

améliorant la quantité de platine afin de réduire les coûts finaux<br />

et augmenter la durée de vie de 10 à 20 %. ».<br />

Chose est sûre, c'est que les 65 millions d’euros promis permettront<br />

de donner un peu d’oxygène aux activités de recherche<br />

avec de nouvelles thèses et combler les activités qui tendaient<br />

à dépérir. Aussi, auparavant l’Agence nationale de la recherche<br />

(ANR), lorsqu'elle lançait des appels à projets, la thématique<br />

hydrogène était peu visible car mélangée avec d'autres batterie<br />

et solaire photovoltaïque, fortement sollicitées… Désormais,<br />

ce programme spécifique hydrogène va permettre de relancer<br />

la recherche notamment fondamentale sur des axes prioritaires<br />

définis par le CEA et le CNRS. Un minimum quand<br />

on veut faire de la France un leader mondial dans la matière. ●<br />

Olivier Guillon<br />

Équipement de mesure de performance<br />

d'un électrolyseur à haute température<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I39


DOSSIER<br />

NOMINATION<br />

François Legalland<br />

prend la direction<br />

du CEA-Liten<br />

Le 1 er novembre dernier, François Legalland<br />

a été nommé directeur du CEA-Liten. Il<br />

succède à Florence Lambert qui rejoint une<br />

société proche du CEA pour contribuer à<br />

l’essor de la filière hydrogène.<br />

François Legalland débute sa carrière en 1997<br />

chez IBM (puis Altis, co-entreprise entre IBM<br />

et Infineon) après avoir été diplômé de l'école<br />

Centrale de Lyon. Ingénieur Procédé puis chef de<br />

projet R&D, il devient ensuite chef de Service Engineering.<br />

Après un passage de deux ans dans la téléphonie chez<br />

Wavecom comme responsable du pôle Test & Packaging,<br />

il revient chez Altis en tant que manager de production<br />

avant d'être promu directeur Qualité et relations clients<br />

puis directeur de la business unit Test en 2008.<br />

En 2011, François Legalland rejoint Soitec en tant que<br />

vice-président Opérations pour l'Electronique et directeur<br />

du site de Bernin (Isère). Il est notamment en charge<br />

de la stratégie industrielle et de sa mise en œuvre ainsi que<br />

du pilotage de la performance.<br />

En 2014, il devient vice-président « Solar Operations »<br />

toujours chez Soitec et directeur du site de San Diego en<br />

Californie. C'est en 2015 que François Legalland rejoint le<br />

monde de la recherche au CEA-Liten en tant que chef de<br />

service Cellules et matériaux photovoltaïques et responsable<br />

du programme « hétérojonction ». Trois ans plus<br />

tard, il rejoint la direction du CEA-Liten pour s'occuper<br />

des projets d'industrialisation avant d'être promu directeur<br />

délégué aux opérations en 2019. ●<br />

Des électrodes originales<br />

pour améliorer les PEMFC<br />

Afin de réduire la quantité de platine dans les piles<br />

à combustible à membranes échangeuses protons<br />

tout en améliorant leurs performances, le CEA-Liten,<br />

institut de CEA Tech, a contribué à développer de<br />

nouvelles électrodes à base de nanotubes de platine,<br />

sans carbone. Cette nouvelle architecture d’électrode<br />

décarbonée permet de réduire la quantité de platine<br />

tout en améliorant les performances et la durabilité.<br />

Les chercheurs ont ainsi imaginé une structure à base<br />

de nanoparticules de platine assemblées entre elles<br />

afin de former un ensemble organisé de tubes creux<br />

de 50 nm de diamètre et 400 à 500 nm de long. Ces<br />

nanostructures autoportantes décarbonées ont montré<br />

une activité et une stabilité supérieures à celles des<br />

électrodes conventionnelles. L’ajout de nickel améliore<br />

encore la rapidité de la réaction et réduit les pertes de<br />

courant. Ces nouvelles électrodes, encore loin d’être<br />

industrialisées, sont un bel objet d’étude pour mieux<br />

comprendre le fonctionnement des PEMFC et faire<br />

émerger de nouvelles pistes de développement. Du<br />

chemin reste encore à parcourir pour augmenter la<br />

surface développée du platine (encore insuffisante), et<br />

réduire le coût des procédés de mise en œuvre.<br />

40 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

RECHERCHE<br />

Une céramique<br />

nanoporeuse<br />

pour économiser<br />

le platine pour<br />

la production<br />

d’hydrogène<br />

Associés à des scientifiques du monde<br />

entier, des chercheurs de l’IRCER (CNRS/<br />

Université de Limoges), de l’IEM (CNRS/<br />

ENSCM/Université de Montpellier) ont<br />

développé une céramique ultra-poreuse.<br />

Celle-ci permet à une couche de platine<br />

extrêmement fine de remplir son rôle de<br />

catalyseur dans une pile à combustible.<br />

Le dihydrogène est un vecteur énergétique d’intérêt<br />

en raison de sa densité d’énergie élevée. Il peut être<br />

produit à partir de diverses sources, utilisant des<br />

réactions impliquant des catalyseurs. Le platine est<br />

un élément essentiel à la plupart de ces cas, mais ce métal<br />

est peu abondant et est fortement demandé en bijouterie<br />

et pour des implants médicaux. Des efforts considérables<br />

sont donc mis en œuvre pour trouver des solutions qui en<br />

limitent ou en optimisent l’usage.<br />

Des scientifiques de l’Institut de recherche sur les céramiques<br />

(IRCER, CNRS/Université de Limoges) et de l’Institut<br />

européen des membranes (IEM, CNRS/ENSCM/<br />

Université de Montpellier), ainsi que l’Université fédérale<br />

de Santa Catarina (Brésil), de l’Institut de technologies<br />

de Nagoya (Japon), de l’Institut national des normes<br />

et des technologies (États-Unis), de l’Université technique<br />

du Moyen-Orient (Turquie) et de l’Institut indien de technologies<br />

de Madras (Inde) ont ainsi développé des céramiques<br />

ultra-poreuses dont la structure et la composition<br />

particulières permettent d’utiliser de très petites quanti-<br />

Un nanocomposite stable et efficace à<br />

base de TiN/Si3N4 comme catalyseur<br />

pour booster la production d’hydrogène à<br />

partir d’hydrures<br />

tés de nanoparticules de platine, hautement dispersées<br />

et accessibles. Ce système robuste a également l’avantage<br />

d’être réutilisable.<br />

La céramique en question, élaborée par une technique<br />

dite de « voie précurseur », est conçue à partir de titane,<br />

d’azote et de silicium. Lorsqu’une fine couche de platine<br />

est déposée à sa surface, le métal se répartit dans les pores<br />

du matériau et se retrouve ainsi avec une surface d’action<br />

démultipliée. L’effet est ensuite maximisé grâce au support<br />

céramique, augmentant encore la capacité d’une même<br />

quantité de platine à catalyser la production de dihydrogène.<br />

Les scientifiques travaillent à présent à l’obtention<br />

du système céramique/catalyseur complet en une seule<br />

étape tout en remplaçant le platine par des métaux moins<br />

coûteux. Publiés dans la revue Applied Catalysis B: Environmental,<br />

ces travaux pourraient être étendus à la réduction<br />

de l’usage du platine dans d’autres domaines. ●<br />

À savoir…<br />

Parmi ses nombreuses propriétés, le platine est très<br />

recherché pour son pouvoir catalytique. Ce métal<br />

présente cependant un coût élevé et son exploitation<br />

laisse une empreinte environnementale importante.<br />

Afin de l’utiliser en plus faibles quantités, voire de le<br />

remplacer.<br />

©Samuel Bernard<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I41


DOSSIER<br />

STRATÉGIE<br />

Dans l’hydrogène, Plastic Omnium vise un<br />

chiffre d’affaires de 3 milliards d’euros !<br />

Le 25 novembre dernier, l’état major du groupe français a réuni la presse européenne afin d’exposer<br />

sa stratégie dans le secteur de l’hydrogène. Déjà présent dans la filière en tant qu’acteur de premier<br />

plan sur l’ensemble de la chaîne de valeur, Plastic Omnium entend devenir un leader mondial à<br />

la fois dans les réservoirs, les piles à combustibles et les systèmes d’hydrogène intégrés.<br />

Confinement ou pas, il était hors de question pour Plastic<br />

Omnium de repousser une telle annonce. Près de<br />

quatre mois après avoir exposé ses prévisions pour<br />

l’année 2020 (qu’il a finalement revues à la hausse), le<br />

géant français a organisé une conférence internationale sur l’hydrogène,<br />

animée par une journaliste franco-allemande.<br />

Un détail qui ne trompe pas puisque l’entreprise, déjà très présente<br />

Outre-Rhin, entend s’appuyer sur la bonne entente des deux piliers<br />

du Vieux Continent pour avancer ses pions dans une technologie<br />

d’avenir en Europe. « Les gouvernements, qu’ils soient allemands et<br />

français, sont en train de créer les bonnes conditions pour faire que<br />

la mobilité avec l’hydrogène devienne compétitive. À nous industriels<br />

de pérenniser la filière en réduisant les coûts de production au<br />

maximum », insiste le CEO de Plastic Omnium Laurent Faure.<br />

3 voire par 10, il va falloir redoubler d’efforts et investir massivement.<br />

Et c’est bien ce que compte faire Plastic Omnium qui, rappelons-le,<br />

a déjà investi pas moins de 200M€ depuis 2015, auxquels<br />

se sont ajoutés 115M€ ayant servi notamment à créer avec l’Allemand<br />

ElringKlinger la co-entreprise EKPO Fuel Cell Technologies,<br />

spécialisée dans la pile à combustible. Le groupe a également<br />

mis la main sur la filiale d’ElringKlinger en Autriche, spécialisée<br />

dans le système hydrogène intégré.<br />

Des opérations stratégiques puisqu’elles ont fait de Plastic<br />

Omnium, selon le groupe, « le seul acteur à proposer une offre<br />

complète sur l’ensemble de la chaîne de valeur de l’hydrogène, avec<br />

LA RÉDUCTION DES COÛTS DE PRODUCTION : LA CONDITION<br />

POUR RÉUSSIR LE PARI DE L’HYDROGÈNE<br />

Celui-ci en viendrait presqu’à en oublier la recherche fondamentale…<br />

Dans tous les cas, la vision est européenne mais pas seulement<br />

puisque le groupe mise aussi beaucoup sur l’Asie, premier<br />

marché – et de loin – de l’hydrogène au niveau mondial. Il faut<br />

dire que pour réduire les coûts de production en les divisant par<br />

42 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

des capacités de production déjà installées. Une ligne de production<br />

de réservoirs hydrogène vient d’être mise en service en Belgique<br />

pour livrer les premiers contrats de bus et de camions dès 2021 et<br />

la co-entreprise EKPO dispose d’une capacité annuelle de 10 000<br />

piles à combustible dans son usine allemande. »<br />

DEVENIR UN LEADER MONDIAL AVEC 3MD€ DE CHIFFRE<br />

D’AFFAIRES DANS L’HYDROGÈNE<br />

La stratégie de Plastic Omnium repose en grande partie sur<br />

des chiffres. Pour s’imposer sur un marché en forte croissance<br />

dès 2025 et qui devrait atteindre au moins 2 millions<br />

de véhicules en 2030, et générer au passage 3 Md€ de CA, le<br />

groupe compte investir 100 M€ par an dans les prochaines<br />

années. Pour y parvenir, l’enjeu consiste à devenir leader sur<br />

les trois segments clefs en réduisant les coûts au maximum :<br />

moins 30% sur les réservoirs hydrogène d’ici à 2030 et, dans<br />

le même temps, diviser par 5 ceux de la pile à combustible et<br />

du système hydrogène intégré. « Ces réductions significatives<br />

de coûts seront possibles notamment grâce à l’automatisation des<br />

procédés industriels, à l’effet volume et à l’optimisation du design<br />

et des matériaux (moins de fibre de carbone, moins de métaux<br />

précieux). D’ici 2030, le coût total du système hydrogène pour<br />

un véhicule particulier sera de l’ordre de 6 000 à 8 000 euros,<br />

rendant ainsi la technologie accessible à un marché de masse. »<br />

Des ambitions fortes et qui ne semblent pas avoir peur de la<br />

quasi-absence de visibilité pour 2021. Laurent Faure se veut pourtant<br />

rassurant : « Le groupe a mis en place rapidement toutes les<br />

mesures nécessaires pour adapter sa structure de coûts et pour<br />

préserver sa trésorerie : celles-ci ont permis de faire face à une<br />

production automobile en baisse de 33% au premier semestre 2020<br />

et de bénéficier au second semestre d’un redressement plus rapide<br />

qu’anticipé de la production automobile mondiale, en retrait estimé<br />

d’environ 3% (contre -10% à -15% initialement attendus) ». ●<br />

Olivier Guillon<br />

Experts en<br />

essais vibratoires<br />

• Contrôle vibratoire<br />

• Essai de choc<br />

• Analyse vibratoire et acoustique<br />

• Analyse modale expérimentale<br />

• Analyse de machines tournantes<br />

• Bancs d’essais<br />

m+p international Sarl<br />

5, rue du Chant des Oiseaux<br />

78360 Montesson<br />

Tél. : +33 130 157874<br />

sales.fr@mpihome.com<br />

www.mpihome.com<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I43


DOSSIER<br />

SOLUTION<br />

Obtenir une cartographie des brevets dans<br />

l’hydrogène… en quelques clics !<br />

L’établissement français dédié à la propriété industrielle utilise une solution permettant de repérer<br />

et de cartographier facilement et rapidement les inventions brevetées au niveau mondial. Un<br />

atout de taille pour les entreprises souhaitant se lancer dans des secteurs clefs mais hautement<br />

concurrentiels tels que le marché de l’hydrogène.<br />

Erwan Chapelier<br />

Ingénieur et<br />

chef de produit<br />

Cartographie au<br />

sein de l'Institut<br />

national de<br />

la propriété<br />

industrielle (Inpi)<br />

QU’EST-CE QUE L’INPI ?<br />

L'Institut national de la propriété industrielle<br />

(Inpi) est un établissement public,<br />

entièrement autofinancé, placé sous la<br />

tutelle du ministère de l'Économie, de l'industrie<br />

et du numérique. Il participe activement<br />

à l'élaboration et à la mise en œuvre<br />

des politiques publiques dans le domaine<br />

de la propriété industrielle. Il délivre les<br />

brevets, marques, dessins et modèles et<br />

donne accès à toute l'information sur la<br />

propriété industrielle et les entreprises avec<br />

l’ambition de favoriser le développement<br />

économique et l'innovation en France.<br />

QU’EST-CE QUE L’INFORMATION<br />

CONTENUE DANS LES BREVETS<br />

D’INVENTION PEUT APPORTER À<br />

L’ENTREPRISE POUR DÉFINIR SA<br />

STRATÉGIE ?<br />

Plus de 100 millions de brevets – tous<br />

domaines confondus – sont répertoriés<br />

dans les bases de données mondiales de<br />

brevets. Ceux-ci proviennent de 90 pays<br />

et sont déposés par toutes sortes d’entités.<br />

La CIB permet de distinguer les types de moyens de stockage protégés ou la nature de l’objet<br />

de la protection<br />

Pour une entreprise, déposer un brevet est un choix stratégique, et non le corollaire<br />

obligé de toute innovation technologique. L’examen des brevets déposés renseignent<br />

donc sur les stratégies d’entreprise et les tendances d’innovation.<br />

Quand les volumes deviennent importants, les cartographies de brevets proposées<br />

par l’Inpi peuvent être de bons indicateurs pour aider les entreprises à mieux<br />

percevoir l’écosystème des innovations, les guider dans leur stratégie et prendre<br />

les bonnes décisions, notamment en recherche & développement (R&D). Cette<br />

prestation donne aux PME-ETI les mêmes sources d’information que les grands<br />

groupes, à un prix accompagné (3 600 €), possiblement encore diminué de moitié<br />

grâce au Pass PI de l’Inpi.<br />

COMMENT FAIT-ON UNE CARTOGRAPHIE DE BREVET ?<br />

La cartographie des inventions brevetées est un paysage interactif mondial qui<br />

utilise une représentation ayant l’apparence d’une carte topographique (avec reliefs)<br />

pour visualiser la proximité entre les concepts techniques.<br />

Afin de réaliser une cartographie, un premier échange est réalisé entre l’entreprise<br />

44 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


DOSSIER<br />

Les ilots en blanc correspondent aux<br />

domaines technologiques où des brevets<br />

ont été massivement déposés. L’examen<br />

plus détaillé, permis par la cartographie<br />

de brevet, dévoile ilot par ilot le nom des<br />

acteurs et leurs stratégies de dépôts sur la<br />

filière.<br />

Les secteurs de cette cartographie permettent de retrouver les grandes classes de la Classification<br />

internationale des brevets (CIB)<br />

et l’Inpi, pour définir précisément le périmètre technique souhaité. L’élaboration<br />

de cette stratégie de requête est confiée à un ingénieur brevet qui la compose à<br />

partir de mots clés et de code Classification internationale des brevets (CIB). Une<br />

étude sur le stockage électrochimique révèle par exemple la répartition par technologie<br />

des brevets parmi les 617 000 brevets du secteur !<br />

Pour le domaine de l’hydrogène, les classes<br />

CIB, C01B3 : Hydrogen, Production d’hydrogène,<br />

Mélange et suivantes ainsi que<br />

Y02E60/30 : Hydrogen Technology attirent<br />

naturellement l’attention et renvoie après<br />

une première requête plus de 11 000 documents<br />

de brevet. Pour y voir plus clair sur<br />

des secteurs aussi fournis en brevet, une<br />

cartographie est un outil très utile. ●<br />

Propos recueillis par Olivier Guillon<br />

EN SAVOIR PLUS ><br />

www.inpi.fr/fr/cartographie-des-inventions<br />

7 SALONS NATIONAUX<br />

EN RÉGIONS<br />

SALON DES SERVICES, ÉQUIPEMENTS, PROCESS ET MAINTENANCE<br />

COLMAR<br />

AVIGNON<br />

DOUAI<br />

TOULOUSE<br />

09>11 JUIN 2020<br />

Pôle Sous-traitance<br />

29 SEPT. > 01 OCT. 2020<br />

Pôle Sous-traitance<br />

Forum de l’électronique<br />

26>28 JANVIER 2021<br />

Pôle Sous-traitance &<br />

Pôle Machine-outil & robotique<br />

01>03 JUIN 2021<br />

Pôle Sous-traitance<br />

Forum de l’électronique<br />

ANGERS<br />

ROUEN<br />

GRENOBLE<br />

MÊMES LIEUX / MÊMES DATES<br />

12>14 OCTOBRE 2021<br />

Pôle Sous-traitance<br />

Forum de l’électronique<br />

DES MILLIERS<br />

D’ÉQUIPEMENTS ET<br />

SALON<br />

PERMANENT DE SERVICES - 24H/7J<br />

WWW.SEPEM-PERMANENT.COM<br />

25>27 JANVIER 2022<br />

Pôle Sous-traitance<br />

LOCATION DE FICHIERS<br />

INDUSTRIELS MULTI-REQUÊTES<br />

DATA 63 350 sites de production<br />

276 800 mails directs<br />

WWW.SEPEM-DATA.COM<br />

08>10 FÉVRIER 2022<br />

Pôle Sous-traitance<br />

Forum de l’électronique<br />

17>19 NOVEMBRE<br />

2020 TURIN<br />

ITALIE NORD-OUEST<br />

TURIN.SEPEM-INDUSTRIES.COM<br />

Le salon de l’innovation<br />

et des solutions électroniques<br />

SEPEM Avignon 2020<br />

SEPEM Toulouse 2021<br />

SEPEM Angers 2021<br />

SEPEM Grenoble 2022<br />

En partenariat avec<br />

WWW.SEPEM-INDUSTRIES.COM I 05 53 36 78 78 I CONTACT@EVEN-PRO.COM<br />

200311-SEPEM PUB 185x120 2020.indd 1 11/03/2020 16:58<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I45


DOSSIER<br />

TECHNOLOGIE<br />

Des solutions de<br />

mesure au service<br />

de l’hydrogène<br />

décarboné<br />

Le défi que s’apprêtent à relever les entreprises<br />

françaises, avec le soutien du gouvernement<br />

dans le cadre du projet France Hydrogène, est<br />

immense. Bien que la technologie soit connue,<br />

la déployer massivement est un véritable<br />

challenge. Dans ce contexte, la maintenance<br />

des machines critiques et la surveillance des<br />

infrastructures seront déterminantes. Afin<br />

d’accompagner la filière H 2<br />

, le spécialiste de<br />

la mesure AllianTech propose une expertise<br />

technique et une approche globale.<br />

Bien connu des acteurs de la filière, la manipulation de<br />

l’hydrogène peut s’avérer délicate lorsque les volumes<br />

et les débits sont importants. Afin de garantir l’intégrité<br />

des sites, le matériel de mesure doit lui aussi être<br />

adapté. Les capteurs capacitifs sont particulièrement adaptés<br />

pour ces applications.<br />

Compatibles avec les environnements Atex et fonctionnant<br />

avec de très faibles niveaux énergies, les capteurs capacitifs<br />

permettent de réaliser des mesures stables en toute sécurité.<br />

La technologie française Capaab permet de mesurer le niveau<br />

et le débit de liquide cryogénique d’une cuve. Afin de suivre<br />

les phénomènes de cavitation au sein des machines tournantes,<br />

cette technologie est aussi capable de mesurer le taux de bulles<br />

présent dans le liquide.<br />

AU CHALLENGE TECHNIQUE S’AJOUTE LE DÉFI<br />

ÉCONOMIQUE<br />

La disponibilité et la productivité seront déterminants pour<br />

assoir le nouveau modèle économique de l’hydrogène. L’optimisation<br />

des procédés industriels et l’augmentation des rendements<br />

seront au cœur des réflexions de baisse des coûts. « En<br />

tant que spécialiste de la mesure, nous savons que la maintenance<br />

Machine Hydrogène<br />

sera un axe d’amélioration important pour réaliser les économies<br />

nécessaires, indique Raphaël Kassab, responsable Marketing<br />

chez AllianTech. C’est pour soutenir cet axe que nous proposons<br />

une série de capteurs, dans le domaine de l’analyse des chocs et<br />

des vibrations, capables de garantir la qualité de la surveillance<br />

des machines critiques ». Le succès d’une approche prédictive<br />

se traduit par une baisse durable du budget de maintenance.<br />

De nombreux équipements peuvent être instrumentés (pompe,<br />

machine-outil, compresseur, etc.). « Grâce à notre expérience<br />

nous savons combiner plusieurs types de mesures dynamiques<br />

(pression, courant, température, acoustique, etc.) pour récupérer,<br />

quel que soit l’environnement, les données pertinentes nécessaires<br />

à la prise de décision ».<br />

Il est certain que les solutions innovantes dans le domaine de<br />

la mesure permettront aux industriels de posséder un avantage<br />

concurrentiel pérenne. Aujourd’hui les technologies intelligentes<br />

et nomades ouvrent la voie vers une nouvelle façon<br />

de penser la surveillance de ces infrastructures et la maintenance<br />

de ces moyens de production. Les solutions associent les<br />

mesures dynamiques, l’intelligence artificielle et la communication.<br />

Elles seront des facteurs clés de succès dans la course au<br />

déploiement et à la rentabilité de la nouvelle filière hydrogène. ●<br />

46 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


VIE DE L’ASTE<br />

ÉVÉNEMENT<br />

Journée technique ASTE - CSTB : « Évolution<br />

des méthodes d’appréhension du confort<br />

thermique dans les bâtiments et les habitacles »<br />

L’association organisera l’an prochain une journée technique, conjointement organisée par l’ASTE et le CSTB. Celle-ci<br />

portera sur l’« Évolution des méthodes d’appréhension du confort thermique dans les bâtiments et les habitacles » ;<br />

celle-ci aura lieu au CSTB Nantes (les dates restent à confirmer).<br />

Soufflerie Jules Verne – projection de neige<br />

PROGRAMME DE LA JOURNÉE ASTE-CSTB<br />

MATINÉE : CONFÉRENCES TECHNIQUES<br />

CSTB : Modèle de thermophysiologie dynamique pour l’évaluation<br />

du confort et du stress thermique des usagers<br />

CSTB : Méthode Pulse d’évaluation du gout et de l’odeur de<br />

l’eau, ouverture vers le multisensoriel<br />

Le point sur la soufflerie Jules Verne :<br />

Modernisée et agrandie pour répondre aux enjeux émergents,<br />

la soufflerie Jules Verne est aujourd’hui une infrastructure<br />

scientifique et technique de pointe, unique par ses équipements<br />

innovants et son offre pluridisciplinaire. Elle est<br />

la seule au monde à pouvoir soumettre divers ouvrages et<br />

systèmes, dans les domaines de la construction, des transports<br />

et des énergies nouvelles, aux phénomènes climatiques,<br />

des plus simples aux plus extrêmes.<br />

Cette infrastructure de recherche internationale permet<br />

ainsi de tester, en un seul lieu, tout équipement à différentes<br />

échelles, jusqu’à l’échelle 1, en reproduisant toutes les conditions<br />

climatiques, et en couplant démarche numérique et<br />

expérimentale pour obtenir les résultats les plus performants.<br />

Alaa Châteauneuf – Cideco/Université Blaise Pascal : Optimisation<br />

des performances énergétique du bâtiment, prise<br />

en compte des changements climatiques.<br />

Nicolas François - Valeo : Les nouveaux défis de la simulation<br />

CFD pour optimiser le confort et la gestion thermique<br />

des véhicules électriques.<br />

Airbus : Mesure du confort des cabines (sous réserve)<br />

APRÈS-MIDI - VISITE DES INSTALLATIONS DE CSTB<br />

NANTES :<br />

• La soufflerie climatique Jules Verne<br />

• La soufflerie à couche limite atmosphérique (pour l’étude<br />

des bâtiments à échelle réduite)<br />

• Le bâtiment Aquisim dédié à l‘étude expérimentale du<br />

cycle de l’eau dans le bâtiment et au développement de<br />

nouveaux procédés innovants de traitement, récupération<br />

d’énergie...<br />

Aperçu schématique<br />

des installations<br />

nantaises<br />

POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS, CONTACTEZ ><br />

Patrycja Perrin au 01 61 38 96 32, pperrin@aste.asso.fr<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I47


Cycles<br />

Code<br />

Formation<br />

de Base<br />

ou Spécifique<br />

Intervenant et lieu<br />

Durée<br />

en jours<br />

Prix<br />

Adhérent<br />

ASTE HT<br />

Dates proposées<br />

Mécanique vibratoire<br />

Mesure et analyses des phénomènes vibratoires<br />

(Niveau 1)<br />

Mesure et analyses des phénomènes vibratoires<br />

(Niveau 2)<br />

MV1<br />

3 1 570 €<br />

B<br />

IUT du Limousin<br />

MV2 3 1 570 €<br />

30 mars-01 avril<br />

et 07-09 septembre<br />

15-17 juin<br />

et 14-16 septembre<br />

Application au domaine industriel MV3 B SOPEMEA (78) 3 1 570 €<br />

30 mars -<br />

01 avril<br />

Chocs mécaniques : mesures, spécifications, essais<br />

et analyses de risques<br />

MV4<br />

S<br />

Christian LALANNE, Henri<br />

GRZESKOWIAK et Yvon MORI (78)<br />

3 1 570 €<br />

23-25 mars<br />

et 23-25 novembre<br />

Traitement des signaux<br />

Traitement du signal avancé des signaux vibratoires TS S<br />

Analyse modale et Pilotage<br />

Pierre-Augustin GRIVELET et Bruno<br />

COLIN (78)<br />

3 1 570 € 28-30 septembre<br />

Pilotage des générateurs de vibration : principes utilisés<br />

et applications<br />

Analyse modale expérimentale et Initiation aux calculs de structure<br />

et essais<br />

PV S SOPEMEA (78) 4 1 890 € 23-25 novembre<br />

AM S SOPEMEA ou AIRBUS D&S (31) 3 1 570 € 05-07 octobre<br />

Climatique<br />

Les fondamentaux des essais climatiques CL B SOPEMEA (78) 2 1 350 €<br />

01-02 juin<br />

et 30 novembre -<br />

01 décembre<br />

Electromagnétisme<br />

Compatibilité ÉlectroMagnétique (CEM) Exploitation<br />

des normes<br />

EL S EMITECH (78) 2 1 170 € A définir<br />

Personnalisation Environnement<br />

Prise en compte de l’environnement dans un programme industriel<br />

(norme NFX-50144-1)<br />

P1 S Henri GRZESKOWIAK (78) 2 1 170 € 28-29 septembre<br />

Prise en compte de l’environnement mécanique (norme NFX-50144-3)<br />

Principes de personnalisation de base<br />

P2-1 S Bruno COLIN et Pascal LELAN (78) 3 1 570 €<br />

16-18 mars<br />

et 12-14 octobre<br />

Prise en compte de l’environnement mécanique (norme NFX-50144-3)<br />

Principes de personnalisation avancées<br />

Prise en compte de la norme NFX-50144 dans la conception<br />

des systèmes<br />

P2-2 S Bruno COLIN et Pascal LELAN (78) 3 1570 16-18 novembre<br />

P3 S Bruno COLIN (78) 3 1 570 € 23-25 novembre<br />

Prise en compte de l’environnement climatique<br />

(norme NFX-50144-4)<br />

P4<br />

S<br />

Henri GRZESKOWIAK et Henri<br />

TOLOSA (78)<br />

3 1 570 € 21-23 septembre<br />

Mesure<br />

Extensomètrie : collage de jauge, analyse des résultats<br />

et de leur qualité<br />

M1 S Raymond BUISSON (78) 3 1 570 €<br />

30 novembre -<br />

02 décembre<br />

Concevoir, réaliser, exploiter une campagne de mesures M2 B Pascal LELAN (78) 2 1 170 € 07-08 décembre<br />

Fiabilité et <strong>Essais</strong><br />

Conception et validation de la fiabilité - dimensionnement<br />

des essais pour la validation de la conception des produits<br />

E1 S Alaa CHATEAUNEF (78) 3 1 570 € A définir<br />

Les essais accélérés et aggravés E2 S Alaa CHATEAUNEF (78) 2 1 170 € A définir<br />

Fatigue des matériaux métalliques :<br />

<strong>Essais</strong>, dimensionnement et calcul de durée de vie<br />

sous chargement complexe<br />

E3 S Alexis BANVILLET 2 1 170 € 23-25 novembre<br />

Gestion d’une Salle blanche : application dans un Centre d’<strong>Essais</strong> ME1 S AIRBUS D&S (31) 2 1 170 € A définir<br />

L’assurance qualité dans les laboratoires d’essais selon le référentiel<br />

EN ISO/CEI 17025<br />

ME2 S EMITECH (78) 2 1 170 € A définir<br />

Thermométrie<br />

Thermométrie pour les essais vide thermique T1 S Alain BETTACCHIOLI (78) 1 900 € A définir<br />

Formations 2021


AGENDA<br />

Le 10 décembre 2020<br />

JOURNÉES COFREND 2020<br />

Maintenir et prolonger la durée de vie des structures, détecter et prédire leurs<br />

défaillances à l’aide de capteurs intégrés, constituent les enjeux du SHM : (Structural<br />

Health Monitoring) ou contrôle santé des structures.<br />

Exclusivement en digital<br />

www.cofrend2020.com<br />

Le 11 décembre 2020<br />

ASD DAYS 2020<br />

Organisé par ASTech Paris Région, pôle de compétitivité francilien de l’industrie<br />

aéronautique et spatiale regroupant plus de 330 établissements pour 85 000<br />

emplois, ASD Days est l'événement de l'innovation, des nouveaux modèles et des<br />

technologies de rupture dédiés à l'industrie aéronautique. Cette neuvième édition<br />

aura lieu en digital le 11 décembre prochain.<br />

En digital exclusivement<br />

www.asddays.aero/fr/<br />

Du 9 au 11 mars 2021<br />

JEC WORLD 2021<br />

Le salon mondial des professionnels des matériaux composites ouvrira ses portes du<br />

3 au 5 mars, au parc des expositions de Paris Nord Villepinte. Il s'agit de l'événement<br />

annuel le plus important du secteur, accueillant tous les acteurs majeurs dans un<br />

esprit d'innovation, d'affaires et de réseautage.<br />

À Paris Nord-Villepinte<br />

www.jec-world.events<br />

Du 16 au 19 mars 2021<br />

GLOBAL INDUSTRIE<br />

Composée de toutes les compétences, expertises, solutions, savoir-faire des 40<br />

principaux secteurs industriels, l’événement annuel de l’industrie réunit quatre<br />

grands salons leaders hexagonaux que sont Midest , Smart Industries, Industrie<br />

et Tolexpo.<br />

À Lyon Eurexpo<br />

www.global-industrie.com/fr<br />

Du 31 mars au 1er avril 2021<br />

RF & MICROWAVE<br />

9 e édition de RF & Microwave, le salon entièrement dédié aux secteurs des<br />

radiofréquences, des hyperfréquences, du wireless, de la CEM et de la fibre optique,<br />

réunira durant deux jours plus de 1 800 visiteurs professionnels – porteurs de projets.<br />

À Paris Porte de Versailles<br />

www.microwave-rf.com<br />

Les 7 et 8 avril 2021<br />

APS MEETINGS<br />

APS Meetings est une convention d’affaires dédiée à la fabrication additive, à<br />

l’impression 3D, au prototypage rapide et au développement produit. Près de 300<br />

participants pour plus de 2 600 rendez-vous…<br />

À Lyon<br />

www.apsmeetings.com<br />

Du 21 au 23 mai 2021<br />

AUTOMOTIVE TESTING EXPO<br />

Fin mai prochain, le plus vaste salon mondial consacré aux technologies et services<br />

de test et de validation de véhicules et de composants ouvrira ses portes à Stuttgart.<br />

Au total, le salon rassemblera plus de 400 exposants et accueillera près de 9 000<br />

visiteurs.<br />

Au Messe Stuttgart (Allemagne)<br />

www.testing-expo.com<br />

Un carrefour d’échanges incontournable pour les experts,<br />

les ingénieurs et les techniciens de l’environnement<br />

Rejoignez-nous<br />

pour enrichir vos connaissances et participer activement à la promotion, à la<br />

diffusion et à la mise en œuvre au sein de l’industrie française des dernières<br />

techniques d’essais et de simulation de l’environnement.<br />

Nos adhérents bénéficient de réductions substantielles sur les tarifs<br />

de nos stages de formation, journées techniques, colloques, salons,<br />

ouvrages et guides techniques.<br />

Depuis 1967, nous avons formé plus de 6 000 scientifiques, ingénieurs<br />

et techniciens. Nos formations sont dispensées par les meilleurs experts<br />

du moment, sélectionnés au sein des sociétés et laboratoires français<br />

de pointe.<br />

Qui est concerné par notre activité ?<br />

• Les laboratoires d’essais, les équipementiers,<br />

les concepteurs et intégrateurs de systèmes<br />

• Les scientifiques, ingénieurs et techniciens<br />

en charge de la conception, des essais,<br />

de la fabrication et de la qualité<br />

• Les concepteurs, constructeurs et vendeurs<br />

des moyens d’essais<br />

• Les étudiants et les enseignants<br />

Association pour le développement des Sciences et Techniques de l’Environnement - Association régie par la loi 1901<br />

1, place Charles de Gaulle - 78180 MONTIGNY LE BRETONNEUX - www.aste.asso.fr - Tel : 01 61 38 96 32<br />

ESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021 I49


INDEX<br />

Au sommaire du prochain numéro :<br />

© Cetim Maroc<br />

DOSSIER<br />

ESSAIS ET MODELISATION<br />

<strong>Essais</strong> & simulation de matériaux<br />

Matériaux plastiques, composites<br />

et issus de la fabrication additive<br />

© Evatec Tools<br />

Spécial Guide du matériel et des<br />

moyens d’essais dans l’industrie<br />

Équipements et machines d’essai :<br />

état de l’art du marché et nouvelles<br />

technologies.<br />

MESURES<br />

Électromagnétisme / CEM / Mesure<br />

d’ondes<br />

Objets connectés et Intelligents : IIoT,<br />

capteurs intelligents et métrologie<br />

« 4.0 » à l’honneur<br />

© EDF<br />

Liste des entreprises citées et index des annonceurs<br />

ADVITAM.......................................................................... 6<br />

AIR LIQUIDE…............................................................... 32<br />

ALLIANTECH.............................................................. …44<br />

ALTAIR ENGINEERING................................................ …6<br />

ASTE................................................................…45, 46, 47<br />

ATER METROLOGIE..................................................... …6<br />

AVNIR ENGINEERING.................................................. …6<br />

BEI.............................................................................. …35<br />

BOWEN....................................................................... …14<br />

CEA-LITEN................................................................. …38<br />

CETIAT.......................................................................... …8<br />

CHAUVIN ARNOUX.................................................... …23<br />

CNRS.................................................................... …36, 38<br />

COLLÈGE FRANÇAIS DE MÉTROLOGIE (CFM)........... 18<br />

COMSOL.................................. 4 E DE COUVERTURE, 26<br />

DAM FRANCE (PUBLI-COMMUNIQUÉ)...........................<br />

DB VIB..................................................................... 1,2, 20<br />

DEWE FRANCE...................................................... 4,9, 17<br />

DJB INSTRUMENTS...................................................... 33<br />

EC COMPLIANCE...................................................... 9, 12<br />

EIKOSIM................................................................ 6, 7, 11<br />

ELLAB............................................................................ 26<br />

FAURECIA........................................................................ 7<br />

FÉDÉRATION FRH2...................................................... 36<br />

FRANCE HYDROGÈNE............................................ 28, 35<br />

IMV CORPORATION....................................................... 24<br />

INPI................................................................................ 42<br />

KONICA MINOLTA (RADIANT)........ 2 E DE COUVERTURE<br />

M+P INTERNATIONAL.................................................. 41<br />

MESURES-ET-TESTS................................................... 17<br />

MAYR FRANCE.............................................................. 21<br />

PLASTIC OMNIUM........................................................ 40<br />

SEPEM........................................................................... 43<br />

LE CHIFFRE À RETENIR<br />

7,2 Md€<br />

Voici le montant dévoilé par le gouvernement français, dans le<br />

but de soutenir le développement de l’hydrogène décarboné<br />

à travers les ambitieux objectifs de la loi Énergie Climat (dont<br />

les investissements représentent au total 24 Md€ d’ici à 2030),<br />

annoncé au sein de son Plan de relance. Une manne financière<br />

non négligeable au regard de la quasi-absence d’effet – et de<br />

moyens – qu’avait généré le premier plan avorté de Nicolas Hulot,<br />

alors ancien ministre du gouvernement Philippe. Pour le président<br />

de France Hydrogène Philippe Boucly, longuement interviewé<br />

dans ce numéro spécial d’<strong>Essais</strong> & <strong>Simulations</strong> consacré à la<br />

filière, tous les signaux sont au vert et en adéquation avec les<br />

besoins des acteurs de l’hydrogène, qu’ils soient industriels,<br />

issus de la recherche ou utilisateurs.<br />

Retrouvez nos anciens numéros sur :<br />

www.essais-simulations.com<br />

50 IESSAIS & SIMULATIONS • N°<strong>143</strong> • décembre 2020 - janvier 2021


Abonnez-vous<br />

maintenant à ESSAIS & SIMULATIONS<br />

DÉSORMAIS DISPONIBLE<br />

SUR TOUS VOS SUPPORTS<br />

L’appli<br />

Le kiosque digital<br />

Téléchargez<br />

l’application<br />

MRJ Presse<br />

Le magazine papier<br />

Le site web<br />

www.essais-simulations.com


Les véhicules autonomes nécessitent des<br />

batteries ayant une puissance durable.<br />

Visualisation du profil<br />

de température dans<br />

une batterie Li-ion à<br />

refroidissement liquide<br />

Le stade dans le cycle de charge, le potentiel, la concentration<br />

locale, la température et la direction du courant ont tous une<br />

incidence sur le vieillissement et la dégradation d’une cellule de<br />

batterie. Il est important d’en tenir compte lors du développement<br />

de véhicules autonomes, dont le fonctionnement repose sur un<br />

grand nombre de composants électroniques. Pour concevoir<br />

des batteries longue durée suffisamment puissantes pour tenir<br />

le rythme des demandes en énergie, les ingénieurs peuvent se<br />

tourner vers la simulation.<br />

Le logiciel COMSOL Multiphysics® est utilisé pour la conception<br />

et la simulation des composants et des procédés dans tous les<br />

domaines de l’ingénierie, de la fabrication et de la recherche.<br />

Découvrez comment vous pouvez l’appliquer pour optimiser la<br />

conception des batteries pour les voitures autonomes.<br />

comsol.blog/autonomous-vehicle-batteries

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!