Numéro Spécial GRP 2021 !
Pour se replonger dans l'édition 2021 du Grand Raid des Pyrénées !
Pour se replonger dans l'édition 2021 du Grand Raid des Pyrénées !
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<strong>Numéro</strong> spécial sur le Grand Raid des Pyrénées <strong>2021</strong><br />
Pour tout savoir sur<br />
le <strong>GRP</strong> !<br />
www.runningmag.fr<br />
Mensuel N°HS Octobre <strong>2021</strong>— 2 €<br />
Le journal des courses, raids, trails et triathlons de votre région<br />
De belles<br />
retrouvailles !!<br />
Les photos - Les récits - Les interviews - Les podiums - Les anecdotes
Les partenaires<br />
Merci à l'ensemble des coureurs, bénévoles, élus et fidèles<br />
partenaires. RDV en 2022 !<br />
Le Grand Raid des Pyrénées remercie tout particulièrement le Parc National des<br />
Pyrénées pour l'autorisation dérogatoire sur les parties situées en Zone Coeur !
L'édito<br />
<br />
Le mot du président<br />
Bonjour à toutes et tous,<br />
La quatorzième édition du Grand Raid des<br />
Pyrénées est maintenant bouclée !<br />
7 courses, 4565 coureurs et 3363 finishers.<br />
Malgré les contraintes additionnelles dues à<br />
la situation sanitaire, le succès a été une fois<br />
de plus au rendez-vous. Les nombreux retours<br />
positifs des coureurs sur la beauté et la qualité<br />
des paysages traversés, la générosité et la convivialité<br />
des bénévoles et des organisateurs sont,<br />
encore une fois, les raisons du succès le plus<br />
fréquemment évoquées.<br />
Je n’insisterai jamais assez sur la générosité<br />
de l’équipe d’environ 700 bénévoles et de l’engagement<br />
des 11 bénévoles qui composent l’Association<br />
Majuschule qui ont permis ensemble de<br />
réussir ce qui était loin d’être évident au départ.<br />
Je dis merci à tous et donne rendez-vous fin<br />
août 2022 pour une nouvelle aventure.<br />
François<br />
Président Association Majuschule,<br />
organisatrice du <strong>GRP</strong><br />
(Photo : <strong>GRP</strong> - www.photossports.com)<br />
www.runningmag.fr<br />
Running Mag est édité par<br />
la société RP Presse<br />
au capital de 2.000 F<br />
Lieu dit Fourneri<br />
81500 Teulat<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
Christel Sautter - Carole Lafontan<br />
- Photossports - Philippe Fourment<br />
- Christine Robert - Antoine Sirven<br />
- Quentin Guillon - Pascale Sirat<br />
Remy : Tél.06 13 36 08 87<br />
et Tél. Fixe. 05 31 22 66 24<br />
E.Mail: runningmag@sfr.fr<br />
Directeur de la publication :<br />
Rémy Jégard<br />
Directeur de la Rédaction :<br />
R. Jégard<br />
Impression : Capitouls Imprimerie<br />
31130 Flourens<br />
N° ISSN : 1626-9500<br />
N° Commission paritaire :<br />
0523K80535<br />
Abonnement 1 an : 19 €<br />
Abonnement de soutien :<br />
76 €<br />
Prix TTC aux taux de 2,10 %
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
UNE SEMAINE ET<br />
Un Suisse qui impressionne,<br />
C'était donc la quatorzième<br />
édition du Grand Raid des<br />
Pyrénées et après une année<br />
noire liée à la pandémie, cela<br />
faisait plaisir de retrouver la<br />
petite vallée d'Aure. Le <strong>GRP</strong>,<br />
gâté cette année par la météo,<br />
est une grande épreuve, avec<br />
plus de 5500 dossards distribués,<br />
mais qui sait garder les<br />
pieds sur terre et préserver la<br />
convivialité !<br />
Difficile de revenir ici sur toutes les<br />
performances, sur tous les résultats.<br />
Avec sept épreuves au programme, il<br />
faudrait en effet tout un ouvrage pour<br />
ne rien oublier. Pourtant à l’heure<br />
des bilans, un nom revient peut-être<br />
un peu plus dans les esprits, c’est<br />
celui du Suisse, Ramon Casanovas. Il<br />
cherchait une course en fin d’été pour<br />
faire des kilomètres, il s’est inscrit au<br />
dernier moment et il a fait cavalier<br />
seul de bout en bout. Avec toujours<br />
une grande avance sur son second.<br />
Bref, il a impressionné son monde en<br />
mettant, par exemple, le même temps<br />
sur sa première boucle de 60km que<br />
le vainqueur du trail du Moudang sur<br />
ce même tronçon. On peut dire que<br />
c’est l’homme du week-end. Avec<br />
ses 38h pour venir à bout des 220km<br />
et plus de 13000m de D+. Mais on<br />
pourrait tout aussi bien citer un Rémi<br />
Badoc qui gagne encore et toujours<br />
au <strong>GRP</strong>. Cette année sur le 80km,<br />
autrefois sur le 120km. Et puis aussi<br />
également deuxième une autre fois.<br />
Il est devenu, d’une certaine manière,<br />
la mascotte de l’épreuve pyrénéenne<br />
qu’il affectionne tout particulièrement.<br />
En quatre jours de course quasi<br />
non stop, il y en aurait des anecdotes<br />
à raconter, des morceaux de vie à<br />
décrire. Il y a bien sûr les coureurs, qui<br />
viennent là pour vivre quelque chose<br />
de grand et de fort, qui ont essayé de<br />
relever un défi plus ou moins grand.<br />
Il y a aussi les accompagnateurs, les<br />
assistants. Ceux qui oeuvrent le plus<br />
souvent dans l’ombre et qui pourtant<br />
font souvent toute la différence. Eux<br />
aussi ont vécu quelques journées plus<br />
ou moins difficiles, entre rallye de voiture<br />
et émotions partagées.<br />
Je retiendrai juste quelques<br />
moments.<br />
Celui de deux coureurs qui dans la<br />
montée du Portet, alors qu’ils venaient<br />
de passer au Pla d’Adet, avaient l’air<br />
de souffrir en queue de peloton. L’un<br />
des deux qui explique à l’autre :<br />
« Il y a au moins une bonne nouvelle<br />
dans tout ça, c’est que de toute<br />
façon quoiqu’il arrive avec une montée,<br />
c’est qu’elle s’arrête forcément à<br />
un moment… »<br />
Il y a ce petit bonhomme aussi,<br />
assis sur le bord d’un trottoir à quelques<br />
kilomètres de l’arrivée, qui<br />
devait avoir quatre ou cinq ans et qui<br />
criait à tous ceux qui passaient : «<br />
C’est bientôt fini, c’est bientôt fini ! »<br />
Et puis il y a l’histoire de ce chien<br />
assez incroyable. Qui avait l’air un<br />
peu perdu à Vignec juste après le<br />
départ et qui va se mettre à suivre<br />
la course pendant des kilomètres et<br />
des kilomètres. Il stoppera du côté de<br />
Fabian, vers le 30ème. Une annonce<br />
sur le car-podium de Vielle-Aure plus<br />
tard, on retrouvera son propriétaire<br />
grâce à son collier marqué. Un chien<br />
de traileur sans doute !<br />
On pourrait ainsi écrire et écrire des<br />
heures durant pour tout raconter sur<br />
ce <strong>GRP</strong>. Le mieux encore est de venir<br />
y assister en personne lors d’une prochaine<br />
édition. Cela ira plus vite !<br />
R.J.
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
<br />
SEPT EPREUVES<br />
des petites histoires à la pelle !<br />
Clap de fin !<br />
Et voilà, encore une édition du<br />
Grand Raid des Pyrénées qui se finit.<br />
Encore une. Et des images plein la<br />
tête. C’est fou ce que ces quelques<br />
jours passent vite. Tant de gens croisés,<br />
tant de rencontres inattendues,<br />
de paroles échangées, d’émotions<br />
partagées.<br />
Il y a les coureurs qui sont allés au<br />
bout et qui ont accompli un de leur<br />
rêve. Qui ont atteint leur objectif.<br />
Ceux-ci sont les plus heureux des<br />
hommes (et des femmes) pendant<br />
encore quelques jours. Ils planent un<br />
peu au-dessus de la réalité.<br />
Et puis il y a les coureurs qui sont<br />
passés à côté, qui n’ont pas pu franchir<br />
la ligne d’arrivée pour diverses<br />
raisons. Ceux-là sont, bien sûr, déçus<br />
et se posent plein de questions mais<br />
déjà ils pensent à l’année prochaine<br />
et se projettent vers d’autres aventures.<br />
Le <strong>GRP</strong> n’est pas une épreuve<br />
facile. Et ce, quelque soit la distance<br />
retenue. Il faut faire avec les passages<br />
de pierriers, avec les tronçons de<br />
racines. Il faut s’adapter à une météo<br />
qui change très vite. Mais le <strong>GRP</strong> est<br />
surtout une épreuve magnifique. Les<br />
décors sont pour la plupart splendides<br />
et on ne s’en lasse jamais. Le<br />
<strong>GRP</strong> garde son petit goût d’authenticité.<br />
Avec ces départs et arrivées<br />
dans un tout petit village de montagne.<br />
Une «grande» encore loin des<br />
mastodontes que l’on connait tous.<br />
Et c’est très bien ainsi.<br />
Il y a plein d’images qui me trottent<br />
dans la tête, de retour à la maison.<br />
Comme tous ceux qui y étaient,<br />
j’imagine...<br />
Pourtant si je dois en garder une,<br />
c’est celle de ces courageux qui en<br />
finissaient sur leur 220km après plus<br />
de trois jours passés à crapahuter<br />
dans la montagne.<br />
Comme tous les ans, j’ai en effet<br />
pris l’habitude de manger un bout<br />
dans un tout petit restaurant de<br />
Vignec. Placé juste à la sortie du<br />
sentier. Là, tous les coureurs passent<br />
et les applaudissement ne cessent<br />
quasiment jamais. Là, les traileurs<br />
sortent de nulle part et retrouvent un<br />
peu de civilisation, sentant l’arrivée<br />
désormais toute proche. A moins de<br />
trois kilomètres.<br />
Là, j’en ai vu qui étaient perclus<br />
de douleur et qui semblaient marcher<br />
sur des oeufs tellement ils devaient<br />
souffrir des pieds. J’en ai vu qui<br />
étaient courbés en deux, vieillis prématurément<br />
et d’autres qui étaient<br />
crottés de la tête au pied n’allant plus<br />
très droit et titubant presque comme<br />
saoulés des efforts répétés.<br />
Et encore une fois je me suis<br />
demandé : «Mais qu’est-ce qui peut<br />
bien les amener à se mettre dans<br />
des états pareils ? Qu’est-ce qui fait<br />
qu’au final on s’inscrit à une telle<br />
épreuve ? Faut-il être réellement<br />
maso ?»<br />
Et encore une fois, après tant et<br />
tant d’années, je n’ai pas la réponse.<br />
Je vois ces gens souffrir et aller au<br />
bout du bout de ce qu’ils pouvaient<br />
endurer et je suis juste ému. Car si<br />
une chose en eux demeure pourtant<br />
intacte, c’est la lumière qu’ils ont<br />
dans le regard. Ils ont simplement<br />
accompli un rêve ou atteint un objectif.<br />
Leur rêve. Leur objectif. Et ainsi,<br />
ils pourront dire ensuite : «Je l’ai fait!<br />
J’ai réussi !»<br />
Ici, à ce moment-là de la course,<br />
perdu à la sortie d’un tout petit village<br />
des Pyrénées, il n’y a pas de<br />
faux semblant, pas de préjugé, pas<br />
de connexion, pas de mise en avant.<br />
Il y a juste l’humilité de quelques<br />
nanas et quelques gars qui ont<br />
accompli quelque chose de grand.<br />
Leur graal à elles, à eux.<br />
Peut-être, bien sûr, que pour certains<br />
cela ne veut rien dire, cela n’a<br />
pas d’importance, mais eux du moins,<br />
à ce moment-là, sont devenus des<br />
«grands». Juste finishers et déjà plus<br />
tout à fait les mêmes. Pour quelques<br />
minutes d’éternité. Le sport n’est pas<br />
essentiel, l’ultra encore moins, mais<br />
il peut vous changer à jamais !!<br />
Vive le prochain Grand Raid des<br />
Pyrénées !<br />
Texte : Rémy Jégard<br />
Photo : <strong>GRP</strong> - www.photossports.com
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
Quentin Guillon termine onzième<br />
du Tour des Lacs de 80km.<br />
Pour un premier essai sur un<br />
trail aussi long. Mais en plus<br />
d'être coureur, Quentin est<br />
aussi un journaliste à la plume<br />
légère. Récit !<br />
"Vendredi 20 août, à 21 heures,<br />
veille du Tour des Lacs du Grand Raid<br />
des Pyrénées (<strong>GRP</strong>). Le corps est tout<br />
émoustillé, il frétille à l’idée de se lancer<br />
sur son premier 80 km en haute<br />
montagne (5 000 m D+), après une<br />
chouette et grosse préparation.<br />
Il n’y aura pas de pluie. Il n’y<br />
aura pas d’orage. Il n’y aura pas de<br />
brouillard. Tous les voyants sont au<br />
vert.<br />
Quatre heures plus tard : samedi<br />
matin, 1 heure. Le corps agité et<br />
transpirant ne trouve toujours pas le<br />
sommeil. La tête est pilonnée au marteau-piqueur.<br />
Les voyants « s’orangissent<br />
».<br />
Samedi matin, 2 heures. Grosse<br />
migraine, toujours. Je lis un paragraphe<br />
du premier bouquin qui passe et<br />
les lignes ne se superposent pas sur<br />
mes yeux heurtés : elle n’est donc<br />
pas ophtalmique ("Mais c’est quoi,<br />
alors?" s’enfièvre mon cerveau).<br />
Nausées. Chaque geste, épingler<br />
le dossard, enfiler les chaussettes,<br />
mettre l’eau à bouillir, est effectué au<br />
ralenti.<br />
Le corps regimbe à finir le café<br />
qui le dégoûte ; le corps ne peut<br />
rien manger, en fait. Le feu passe à<br />
l’orange vif. Très vif.<br />
Les yeux percutés par un<br />
marteau piqueur invisible<br />
Samedi matin 2h45, heures à deux<br />
heures du grand départ maintenant.<br />
Le feu vient de passer au rouge. Le<br />
corps est recroquevillé en chien de<br />
fusil dans le lit, les yeux fermés reçoivent<br />
uppercut sur uppercut : c’est<br />
décidé, je ne prends pas le départ.<br />
La pensée même de grimper le<br />
Portet est douloureuse... et le corps<br />
entier frémit à l’idée du danger à<br />
venir. Le torrent de questions afflue,<br />
simultané : « Pourquoi cette migraine,<br />
maintenant, ce qui ne m’arrive<br />
jamais? » ; « Mais tu es faible, non,<br />
de ne pas tenter ? Elle a servi à quoi,<br />
la préparation ? » Et dans la foulée :<br />
« Enfin bon, si c’est pour se retrouver<br />
en carafe à 2 500 m d’altitude… »<br />
Ce serait l’occasion d’un baptême en<br />
hélico, à la limite. Subitement, comme<br />
mû par une force invisible (celle<br />
de la dernière chance ?), je m’oblige<br />
à quitter cet état lugubre et me dirige<br />
vers le PC course, tout proche sur la<br />
ligne d’arrivée et de départ, en quête<br />
d’un médecin. Pour quoi faire ? Il est<br />
2h57.<br />
Explorateurs de son propre<br />
corps<br />
Le speaker est fidèle au poste,<br />
mais le médecin est tout là-haut sur<br />
la montagne. Je rebrousse chemin<br />
mais les quelques minutes de marche<br />
me font du bien. Le corps tolère<br />
quelques petites tartines de pain, à<br />
3h30. Le petit-déjeuner (enfin du riz)<br />
était prévu à 2 heures mais la vie<br />
n’est-elle pas une perpétuelle adaptation<br />
? La perspective de boire de<br />
l’eau ne me fait plus de haut le cœur,<br />
désormais.<br />
Ne pas s’affoler, ne pas paniquer,<br />
ne pas penser et ne pas se perdre en<br />
conjonctures, surtout.<br />
Samedi matin, 5 heures, sur la<br />
ligne de départ les coureurs agitent<br />
les bras portés par l’ivresse du speaker<br />
et, visage tendu, j’ai déjà le cœur<br />
qui pulse, l’équivalent d’un début de<br />
footing à 15 à l’heure. J’agite mollement<br />
deux bouts de poignet. Le<br />
départ est donné, le feu (re)passe au<br />
rouge orangé et le radar ne flashe<br />
pas. Pas encore ?<br />
Que peut un corps, donc ?<br />
C’est peut-être la question que se<br />
posent tous ces coureurs, tous ces<br />
traileurs qui sont autant d’explorateurs<br />
du corps - de manière plus ou<br />
DANS LA FOULEE<br />
"Que peut un<br />
moins consciente. Aller fouiller ce<br />
que nous avons au plus profond de<br />
nous, se découvrir, comprendre cette<br />
matière dont nous sommes faits, tenter<br />
d’en cerner les contours.<br />
Sentir le danger qui guette au cœur<br />
d’un environnement, la montagne, qui<br />
peut se révéler hostile.<br />
Sentir l’adrénaline battre les tempes<br />
et brûler le sang. Sentir la vie qui<br />
bouillonne en soi.<br />
C’est que que ce genre de course<br />
est un morceau de vie, une vie dans<br />
la vie en fait. Un voyage de 4 heures,<br />
10 heures ou 72 heures selon le<br />
format choisi. Un funambule sur un<br />
fil en équilibre permanent des heures<br />
durant. Il ne faut pas se laisser griser<br />
quand tout va bien puisque tout peut<br />
aller mal dix minutes plus tard, il ne<br />
faut ne pas se morfondre quand tout<br />
va mal puisque tout peut aller mieux<br />
dix minutes plus tard. Je parviens à<br />
gérer les premières heures de course.<br />
J’avais prévu de suivre le cardio pour<br />
éviter de me mettre dans le rouge<br />
mais m’en détache rapidement. Il<br />
s’emballe très vite, on sait pourquoi.<br />
Je me cale donc sur le ressenti de<br />
mon souffle. Objectif intermédiaire<br />
après objectif intermédiaire, pointsclés<br />
après points-clés d’un parcours<br />
dûment repéré.<br />
Je ne me dis jamais, quand bien<br />
même je le sais au fond de moi, qu’il<br />
me reste 70 kilomètres, puis 60 kilomètres,<br />
puis 50 kilomètres, etc… Je<br />
vise le sommet du col du Portet (14e<br />
km) où m’attend le premier ravitaillement<br />
épaulé par une équipe de choc.<br />
Puis sur le col du Bastanet (autour<br />
du 20e), puis sur la descente un peu<br />
technique que je n’aime pas mais qui<br />
passera finalement plutôt bien, puis<br />
le mur qui précède le ravitaillement<br />
de La Mongie (autour du 30e), etc...<br />
Dans l’instant présent, en laissant<br />
filer les pensées négatives qui vont<br />
et viennent. Concentré sur l’hydratation<br />
régulière, concentré sur les barres<br />
à ingérer toutes les 45 minutes<br />
/ une heure. L’instant présent, c’est<br />
aussi s’abreuver du lever du soleil,<br />
somptueux qui vient caresser le lac<br />
de l’Oule et les sommets. Il n’y a<br />
pas grand-chose de mieux que de<br />
contempler ce formidable paysage<br />
arpenté sur ses deux jambes – lever<br />
les deux yeux au ciel et éviter les<br />
cailloux sur le chemin requiert une<br />
certaine coordination. On est là pour<br />
ça aussi, non, ou tout ce qui compte<br />
c’est le classement final ?
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
<br />
D'UN TRAILEUR<br />
corps ?"<br />
L e s l a r m e s , s u b i t e s ,<br />
incroyables, me surprennent<br />
J’avais prévu de gérer la première<br />
partie jusqu’au pic du Midi (sis en<br />
gros à mi-parcours avec l’essentiel<br />
du dénivelé positif) pour m’envoyer<br />
dans la seconde qui m’est favorable.<br />
Mais je ne suis pas architecte et mon<br />
plan est parti en fumée depuis bien<br />
longtemps. Je suis déjà bien entamé<br />
quand j’arrive à 2 836 mètres, mais<br />
d’autres le sont encore plus.<br />
La question n’est pas de savoir<br />
celui qui est le plus frais.<br />
La question est de savoir celui qui<br />
est le moins farci.<br />
Je passe 6e dans la grande descente<br />
qui mène à Tournaboup (km<br />
51). Je me sens très bien, je suis tout<br />
seul dans l’immensité, je profite, c’est<br />
magique et ça va le faire et la vie et le<br />
trail c’est trop bien.<br />
Vingt minutes plus tard, à la fin de<br />
la descente, les larmes, soudaines,<br />
incroyables, me surprennent quand<br />
un couple m’encourage à cinq minutes<br />
de cet avant-dernier grand ravitaillement.<br />
Nous sommes calibrés pour tout<br />
contrôler, tout comprendre. Je ne<br />
contrôle pas et je ne comprends pas.<br />
Mes fidèles compagnons d’assistance<br />
et d’aventure m’attendent à<br />
Tournaboup. Je vais me poser cinq<br />
minutes, m’asseoir, bien récupérer et<br />
repartir de plus belle pour conserver<br />
cette 6e place. Voire mieux ? C’est<br />
l’esquisse imaginée. Mais la main qui<br />
crayonne le dessin frissonne.<br />
Les mains sur la barrière et les<br />
oreilles bourdonnantes, qui n’ont pas<br />
« débouché » de toute la descente.<br />
Un mot à Manue, l’entraîneure : « J’ai<br />
envie de chialer ». « - C’est normal<br />
que ça soit dur, c’est génial ce que<br />
tu es en train de faire, tu es obligé de<br />
passer par ce genre de phases ».<br />
Que peut un corps ? Quand surgit<br />
le moment crucial où il sied de remiser<br />
les outils de son exploration, sur<br />
ce fil de crête où le vide n’est jamais<br />
très loin ? Le cœur palpite, les mains<br />
tremblent, les doigts sont engourdis,<br />
la tête bourdonne. Je m’apprête à<br />
repartir (faut pas la lâcher, cette 6e<br />
place !) mais un-quelque-chosede-plus-profond-au-fond-moi<br />
me<br />
retient. Je me connais et je sais que<br />
ces sensations ne sont pas normales.<br />
Je me sens très vulnérable, je crois.<br />
Une chaise à l’ombre. Les mains se<br />
posent naturellement sur la tête,<br />
nuque penchée. Les larmes coulent<br />
à flot, désormais. Il se passe quoi,<br />
sérieux ?<br />
La générosité des bénévoles<br />
est un baume, une caresse<br />
Une bénévole, disons Carole - c’est<br />
toujours moins impersonnel qu’un<br />
nom commun - s’enquiert de ma<br />
détresse - ils sont des centaines à<br />
occuper le même poste pendant plus<br />
de trois jours sur ce Grand Raid des<br />
Pyrénées et ont tous fait preuve d’une<br />
générosité et d’une gentillesse sans<br />
pareilles ! Elle m’invite à m’allonger<br />
dans la salle de repos attenante.<br />
Là, un pompier - disons Thibault- et<br />
une autre bénévole – Chrystelle<br />
– m’expliquent que j’ai descendu le<br />
Pic du Midi trop vite en rapport à la<br />
migraine et l’absence de sommeil<br />
de la veille. Associés à la différence<br />
d’altitude subite (2 830 à 1 450 m en<br />
13 km), cela a provoqué un genre de<br />
décompression qui influe sur l’état<br />
émotionnel, m’expliquent-t-ils. Les<br />
mots rassurants sont un baume. La<br />
tension et la saturation en oxygène<br />
sont normales. Quelques exercices de<br />
respiration. C’est fou comment nous<br />
pouvons présenter deux visages différents<br />
en si peu de temps. Lunettes<br />
désembuées, je repars déterminé,<br />
quinze minutes après être arrivé dans<br />
un état second.<br />
La suite sera une succession de «<br />
moyen-hauts » et de très bas : l’obligation<br />
de s’arrêter quatre - cinq minutes<br />
à l’ombre, s’allonger et fermer<br />
les yeux quand les forces semblent<br />
s’évanouir (mais je vais m’écrouler là,<br />
non ?). L’immense fatigue nerveuse<br />
accumulée qui finit par supplanter<br />
l’esprit de compétition (tu préfères<br />
quoi : tout faire pour finir 6e et risquer<br />
de basculer du mauvais côté ou lisser<br />
au mieux l’effort pour arriver sur tes<br />
deux jambes et la cervelle à peu près<br />
à l’endroit ?). La chasse permanente<br />
aux pensées négatives (je marche<br />
alors que je dois facilement courir<br />
ici, sans compter que je ne cesse de<br />
m’arrêter toutes les deux minutes).<br />
La nécessité d’oublier la chaleur qui<br />
alanguit et le cerveau et le corps<br />
entier (mais tu préfères un violent<br />
orage ou un bon gros brouillard ?) .<br />
S’échiner à ne pas lever la tête vers le<br />
sommet la Hourquette de Nère, pourtant<br />
pas si difficile à l’aune des difficultés<br />
rencontrées jusqu’à présent<br />
mais qui paraît inaccessible (avance<br />
mec, avance, pas après pas, et regarde<br />
tes pieds). La délivrance en haut<br />
avant de vite basculer vers le prochain<br />
point de repère (concentre-toi<br />
dans la descente, concentre-toi bordel<br />
et ne fais pas d’erreurs), un coup<br />
l’envie de vomir, un coup les jambes<br />
qui se remettent à tourner, un coup<br />
la tête qui vacille, un coup la griserie<br />
de la descente qui pointe (force-toi à<br />
boire, même si l’eau est chauffée par<br />
le soleil, et arrose-toi au ruisseau ; oh<br />
oui surtout, arrose-toi).<br />
Le coup de crayon est un peu<br />
moins fin. Les trente derniers kilomètres<br />
sont communs aux 80 kilomètres,<br />
aux 120, aux 160 et aux 220<br />
kilomètres.<br />
C’est une longue procession vers<br />
l’arrivée (un chemin de croix ?).<br />
Des regards sont vides. Des jambes<br />
balbutient. Des bâtons s’entrechoquent.<br />
Vu au détour d’un sentier et rapporté<br />
par la coach. Un coureur du 160<br />
pointe son bâton à l’horizon :<br />
« - Tu le vois, le chien là-bas ? »<br />
Son compère d’(in)fortune :<br />
« - Ah non !<br />
-Oh merde, je commence à avoir<br />
des hallucinations. »<br />
A la reconnaissance, la dernière<br />
descente du Portet s’annonçait comme<br />
un régal, boulevard tout schuss<br />
vers Saint-Lary. Après 70 bornes dans<br />
les jambes, 11 heures d’effort et d’oscillations<br />
émotionnelles, c’est un peu<br />
moins le cas. Le coup de crayon, une<br />
nouvelle fois, est un peu moins fin.<br />
Je me laisse glisser et la cours<br />
bien, malgré tout, sans chercher à<br />
trop en faire : le couteau de la pente<br />
transperce les quadriceps, l’estomac<br />
se prend à hoqueter après avoir<br />
ingurgité pas loin de dix litres d’eau<br />
plate, d’eau gazeuse, de cola, et de<br />
la nourriture en veux-tu en voilà, la<br />
poitrine et le cœur tressautent étrangement<br />
(manquerait plus que je fasse<br />
une autre décompression avec l’enchaînement<br />
des montées - descentes<br />
à plus de 2 000 mètres, et la longue<br />
descente vers Saint-Lary depuis le<br />
Portet), les bourdonnements affleurent<br />
dans le cerveau et dans les mains, les<br />
derniers kilomètres accompagnés par<br />
Manue, Yannick, Etienne, Juliette sont<br />
un bonheur tout à la fois délicieux et<br />
douloureux, le franchissement de la<br />
ligne, finalement 11e en 12h15 et pas<br />
si loin de cette fameuse 6e place, une<br />
libération.<br />
Que peut un corps, donc ? Il ne<br />
peut pas boire de bière, là, tout de<br />
suite, maintenant. Haché menu, titubant,<br />
il lui faut d’abord deux à trois<br />
bonnes heures pour se remettre un<br />
tant soit peu d’aplomb.<br />
Mais sûr qu’un corps, votre corps<br />
et tous les corps, peuvent accomplir<br />
beaucoup de choses : tournez la clé,<br />
et ouvrez la porte."
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
DANS LA FOULEE<br />
"Vis ma vie de<br />
Philippe adore le trail. Pourtant<br />
cette année sur le <strong>GRP</strong>, il a<br />
décidé de ne pas prendre de<br />
dossard. Boulot, préparation...<br />
pour plein de raisons, même si<br />
c'est pas l'envie qui lui manquait.<br />
Aussi, il a tout de même<br />
voulu faire partie de la fête en<br />
accompagnant un ami à lui,<br />
inscrit sur le 160 km !<br />
"Dans les ultras, on peut être actif,<br />
ou actif, je m’explique. Courir un ultratrail,<br />
c’est toujours compliqué, il faut<br />
se préparer de longs mois à l’avance<br />
forcément, avec des séances spécifiques,<br />
des moments de bien, de moins<br />
bien, d’euphorie aussi.<br />
Et puis arrive le jour du départ. On<br />
se sent prêt, ou pas et on doute, ou<br />
pas. On se demande aussi comment<br />
on va le gérer, est-ce que tout va aller<br />
bien au niveau des ravitaillements. Y<br />
aura-t-il ce que je souhaite manger,<br />
boire ? Et pour cela, beaucoup font<br />
appel aux « suiveurs ».<br />
Ce week-end, avec Cricri ma compagne,<br />
nous avons décidé de suivre<br />
celui que j’appelle « mon pangolin ».<br />
On ne lui a pas dit, on a décidé de lui<br />
faire la surprise comme nous l’avions<br />
fait sur l’UltrAriège un mois auparavant.<br />
Mais tout comme le coureur, il faut<br />
que nous nous préparions. Discussions<br />
avec Fred pour connaître ses<br />
ambitions, ses idées de temps de<br />
passage, ce qu’il redoute, ce qu’il<br />
aime, etc, etc.., tout en précisant que<br />
nous serons à la plage et que nous le<br />
suivrons sur l’appli du <strong>GRP</strong>.<br />
Quelques repas à la maison et on a<br />
une idée de la chose.<br />
Nous voici donc partis, le jour du<br />
160 km en direction du Col du Tourmalet<br />
pour une nuit fraîche dans la<br />
voiture. J’ai la chance d’avoir un<br />
break aménagé pour l’occasion avec<br />
un lit de deux places à l’arrière. C’est<br />
un peu serré mais si je rentre le ventre,<br />
ça passe sans problème.<br />
Premier jour : le soleil se lève et<br />
nous admirons ce spectacle avant de<br />
partir en marchant vers le Col du Sencours.<br />
Arrivés là en avance, on regarde<br />
l’appli en question et on constate que<br />
Fred est bien parti et que nous avons<br />
le temps de faire un aller/retour au<br />
Pic. On ne va pas s’en priver, il y a<br />
toujours un très beau spectacle làhaut.<br />
On croise les derniers coureurs<br />
du 220 km, les premiers du 160 km<br />
qu’on ne se prive pas d'encourager.<br />
On revient au Sencours, la cloche<br />
de vache à la main et on attend Fred<br />
qui ne tarde pas à arriver. Quelle joie<br />
de le voir en forme après déjà 40<br />
bornes. Lui à peine surpris : «Je vous<br />
attendais mais seulement ce soir »<br />
nous lâche-t-il. Comme lors de nos<br />
précédents périples, je partage avec<br />
lui une boisson à l'orange, qui, je sais,<br />
lui fera plaisir mais aussi du bien au<br />
palais.<br />
Et puis je ferai l’aller/retour au Pic<br />
avec lui, histoire de l’encourager,<br />
et aussi d’immortaliser ce moment<br />
toujours particulier sur mon smartphone.<br />
Cricri reste en bas pour photographier<br />
les autres coureurs mais aussi<br />
les autres supporters comme un couple<br />
de Basques venus supporter leur<br />
fils. Il y a aussi Ginette Moretto qui est<br />
là pour suivre un groupe de coureurs<br />
de Salon de Provence. On la connaît<br />
bien Ginette, elle qui a tellement marqué<br />
la course de montagne, tant dans<br />
les Pyrénées que partout en France<br />
(et pas que). Elle était là pour les premiers<br />
tracés de cette course.<br />
Mais voici qu’avec Fred, nous<br />
redescendons et qu’après le Sencours,<br />
nous sommes obligés de nous<br />
séparer jusqu’à Hautacam.<br />
Nous redescendons donc, Cricri,<br />
Ginette et moi jusqu’au Toumalet pour<br />
nous séparer et nous donner rendezvous<br />
à Hautacam. C’est quand-même<br />
plus d’une heure de route, compliqué<br />
en voiture alors que les coureurs n’ont<br />
que 20 km à parcourir. Bon, ils mettront<br />
plus de temps (environ 4 heures<br />
pour eux): on est large. Du coup on<br />
prend le temps, on s’arrête dans la<br />
montée d’Hautacam pour discuter<br />
avec Ginette. Quand tout à coup une<br />
cycliste faisant l’ascension à vélo s’arrête<br />
: « Vous êtes Phil Auch non ? » me<br />
lance-t-elle... « Et là, c’est Cricri ? »...<br />
Euh oui... et vous ? Je suis Fraguel<br />
Point, on est amis sur Facebook ! Elle<br />
du Var, nous du Gers, on se rencontre<br />
à Hautacam. Juste énorme. On reste<br />
un moment à discuter de tout, de rien,<br />
mais bien sûr de course à pied et de<br />
Grand Raid des Pyrénées. Son mari a<br />
aidé Cricri lors de sa tentative de 160<br />
km, et ça, on s’en souvient toujours.<br />
Arrivés à Hautacam, bien sûr, nous<br />
retrouvons Ginette, mais aussi Véronique<br />
Delavente qui est là en soutien<br />
de son compagnon Patrick Sabarros.<br />
Moments de partage encore en attendant<br />
nos coureurs respectifs qui ne<br />
tardent pas à arriver. Serge semble en<br />
forme, Patrick un peu moins et Fred<br />
encore moins.<br />
On les booste, on leur dit qu’il n’y<br />
a que 14 km de descente avant Pierrefitte<br />
où ils pourront se reposer un<br />
peu mais dans notre tête, nous qui<br />
avons connu ça, on sait que le doute<br />
commence à s’installer donc on les<br />
encourage du mieux qu’on peut sans<br />
jamais leur faire penser à l’abandon.<br />
Départ d’Hautacam pour Pierrefitte.<br />
Encore une fois, facile pour nous en<br />
voiture mais ça fait déjà un moment<br />
qu’on roule et la fatigue malgré tout<br />
s’installe (je ne devrais pas dire ça,<br />
j’ai honte). On attend nos coureurs,<br />
on rencontre d’autres amis, du Gers,<br />
d’Occitanie.<br />
Pierrefitte c’est la base vie et c’est<br />
aussi là où la nuit commence et où le<br />
doute s’installe véritablement dans la<br />
tête des coureurs. 75 km déjà dans<br />
les guibolles, tant d’abandons à Hautacam<br />
et là « le luxe » : de quoi se<br />
doucher, se reposer, se ravitailler correctement<br />
aussi.<br />
Beaucoup s’arrêtent ici. C’est aussi<br />
le choix de Fred qui nous dit qu’il est<br />
trop fatigué.<br />
Avec Cricri, on lui dit que non,<br />
c’est pas possible. Cricri lui dit de se<br />
reposer au moins une heure, de profiter<br />
des soins sur place et qu’après il<br />
pourra prendre sa décision.<br />
C’est ce qu’il fait. Un massage, passage<br />
chez la podologue pour quelques<br />
soucis et il disparaît 1 heure 30 sans<br />
nouvelles. Cricri dans la voiture, moi<br />
à la sortie du ravitaillement.<br />
23h50. Message du Pangolin : « je<br />
repars dans 10 minutes » Ouf, le job<br />
est fait.<br />
Il repart en effet et semble en très<br />
bonne forme pour rejoindre Cauterets,<br />
prochain lieu possible de rencontre.<br />
Pour Cricri et moi, c’est à nouveau<br />
une petite nuit dans la voiture avec un<br />
réveil à 6 heures pour aller sur la zone<br />
de pointage.<br />
A peine arrivés, voilà Fred. Malheureusement,<br />
il est trop fatigué et<br />
jette l’éponge, il rend son dossard.<br />
Pour nous pas la peine de le pousser<br />
plus loin, il est trop près de la barrière<br />
horaire et ça ne sert à rien.<br />
Il ne semble pas déçu. Nous un peu,
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
<br />
D'UN ASSISTANT<br />
suiveur d'ultra-traileur !"<br />
mais son choix, nous nous devons de<br />
le respecter.<br />
Il reste à rentrer sur Vielle-Aure<br />
avec un traileur de 2 jours. C’est entre<br />
le putois écrasé il y a 3 semaines et<br />
le bouc en fin d’estive. Comment dire,<br />
on roule fenêtres ouvertes !<br />
Enfin, fin du suivi, partage avec les<br />
amis sur le site de Vielle-Aure. Douze<br />
cafés, passage aux toilettes, échanges<br />
avec ceux des autres courses<br />
déjà arrivés.<br />
Petit-déj avec Pascal Gaillard, un<br />
Gersois qui termine 13ème de l’Ultra<br />
Tour (220km) et ses parents qui l’ont<br />
suivi pendant ses 50 heures de virée<br />
à 80 ans, c’est juste un exploit dans<br />
l’exploit.<br />
Il ne reste plus qu’à rentrer sur<br />
Auch 48 heures après. Des images<br />
plein les yeux. Bien sûr des paysages,<br />
mais aussi des coureurs valeureux,<br />
super forts, des visages radieux,<br />
souffrants, tristes. Pour ma part, après<br />
trois abandons, je ne peux qu’être<br />
admiratif pour tous ceux qui sont allés<br />
au bout. Bravo."<br />
Philippe Fourment<br />
Tour du Néouvielle (40 km) hommes :<br />
1. BenjaminTREMONT : 04:23:21<br />
2. Romain BIDAU : 04:39:41<br />
3. Brice CAMPO : 04:47:59<br />
Tour du Néouvielle (40 km) femmes :<br />
1. Émilie LABOYRIE : 05:24:54<br />
2. Juliette LEMAITRE : 05:30:57<br />
3. Emilie BURTE : 05:38:26<br />
Tour de la Géla (40 km) hommes :<br />
1. Bastien LADAURADE : 05:14:23<br />
2. El-Habib ZOUBERT : 05:15:56<br />
3. Christophe BASSONS : 05:38:40<br />
Tour de la Géla (40 km) femmes :<br />
1. Camille LEYSSENE : 07:26:14<br />
2. Julie ESTIVALET : 07:36:20<br />
3. Florence BELINGAR : 07:54:54<br />
Tour du Moudang (60 km) hommes :<br />
1. Brice DENIS : 07:26:52<br />
2. Samuel TÉCHENÉ : 07:39:48<br />
3. Grégory KIÉNÉ : 07:43:34<br />
Tous les podiums<br />
Tour du Moudang (60 km) femmes :<br />
1. Laura MAYNIEL : 08:48:19<br />
2. Elodie VARRAINE : 08:51:43<br />
3. Carole DUHART : 09:17:50<br />
Tour des Lacs (80 km) hommes :<br />
1. Rémi BADOC : 10:07:25<br />
2. Matthieu SIMON : 10:32:43<br />
3. Pierre PAGNOUX : 11:00:03<br />
Tour des Lacs (80 km) femmes :<br />
1. Mélanie LOUSPLAAS : 13:10:30<br />
2. Anne-Lise LE QUÉRÉ : 13:30:35<br />
3. Mélanie FINAS : 13:31:24<br />
Tour des Cirques (120 km) hommes :<br />
1. Guillaume AIO : 21:10:40<br />
2. Ronan VISDELOUP : 21:55:48<br />
3. Hadrien JOURDAN : 22:47:42<br />
Tour des Cirques (120 km) femmes :<br />
1. Linda SCHIARATURA : 27:07:45<br />
2. Sarah LOUSTAU : 28:03:32<br />
3. Alexia EYMAS : 28:52:36<br />
Ultra Tour (160 km) hommes :<br />
1. Anthony PIPITONE : 24:46:23<br />
2. Renaud ROUANET : 27:00:30<br />
3. Simon EDOUARD : 27:35:09<br />
Ultra Tour (160 km) femmes :<br />
1. Marie-Cecile CAVELL : 36:17:14<br />
2. Karen NASH : 38:57:11<br />
3. Isabelle JOUANOLOU : 39:48:47<br />
Ultra Tour (220 km) hommes :<br />
1. Ramon CASANOVAS : 38:27:21<br />
2. Ben DHIMAN : 39:50:35<br />
3. Xabier ETXEBERRIA : 46:04:59<br />
Ultra Tour (220 km) femmes :<br />
1. Consuelo VELASCO BARROS :<br />
60:56:54<br />
2. Gloria VELILLA ABAD : 62:40:38
10<br />
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
MON PREMIER<br />
"Une référence,<br />
Antoine en rêvait depuis des<br />
années déjà. Et cette année,<br />
il a donc franchi le pas. Après<br />
une bonne préparation de<br />
quelques mois, après s'être<br />
refait l'histoire des centaines<br />
de fois dans la tête, il a enfin<br />
pris le départ d'une des courses<br />
du <strong>GRP</strong>. Un ultra pour la<br />
première fois !<br />
"On est dimanche matin, fin août,<br />
à Saint-Lary dans les Hautes-Pyrénées,<br />
le plafond est bas, l’air est<br />
empreint de nostalgie. On croise ici et<br />
là beaucoup de gens les traits tirés,<br />
clopin-clopant comme portant encore<br />
les stigmates d’une grosse escapade<br />
en montagne. Pas de doute, on est<br />
bien sur le Grand Raid des Pyrénées,<br />
l’édition <strong>2021</strong> touche à sa fin et les<br />
trois derniers courageux viennent<br />
d’en finir. L’heure est à présent au<br />
retour et à la récupération pour les<br />
coureurs et au rangement, débalisage,<br />
débriefing pour l’orga. Mais,<br />
comme à chaque fois que la nostalgie<br />
nous gagne c’est que ce qui a été<br />
vécu avant était fort, intense et nous<br />
a rendu heureux.<br />
Mais commençons par le début, le<br />
<strong>GRP</strong> ça démarre bien plus tôt dans<br />
l’année lors du rush de l’inscription.<br />
En tant que traileur amateur je faisais<br />
ma grande première sur le <strong>GRP</strong> cette<br />
année et notoriété oblige il faut être<br />
réactif lors de l’ouverture des inscriptions<br />
au risque de ne plus avoir<br />
qu’un dossard sur le 220km. Trouver<br />
chaussure à son pied dans le choix<br />
des courses et des formats est déjà<br />
une étape tant l’offre est attractive.<br />
Forcément quand on vient sur le <strong>GRP</strong><br />
on a envie de se challenger mais il<br />
faut rester raisonnable et éviter de<br />
se lancer sur du long pas préparé.<br />
Pour ma part j’ai jeté mon dévolu<br />
sur le Tour des Lacs : je n’ai jamais<br />
couru plus de 50km en trail ce sera<br />
une bonne expérience et le cadre de<br />
la course : 80km entre refuges, lacs,<br />
cols, Pic du Midi, estives, cabanes<br />
me convient parfaitement.<br />
S’en suit la fameuse préparation :<br />
sortie longue, séance de côtes, VMA,<br />
fartlek, week-end choc… ça dure<br />
quelques mois et ça peut être un<br />
peu répétitif mais la magie d’un événement<br />
comme le <strong>GRP</strong> c’est qu’on<br />
a toujours en tête la ligne de départ<br />
et ça, ça nous porte. Les semaines<br />
s’enchaînent, les kilomètres défilent,<br />
et très vite me voilà à Vielle-Aure en<br />
bonne compagnie. On sent en arrivant<br />
en plein <strong>GRP</strong> une effervescence<br />
rare : l’animation est en continu, des<br />
coureurs arrivent, d’autres viennent<br />
chercher leur dossard, le public est<br />
massé à l’arrivée... On passe en un<br />
instant du briefing d'avant-course<br />
à l’arrivée d’un podium. Bref, on<br />
comprend pourquoi le <strong>GRP</strong> pour les<br />
traileurs c’est un peu La Mecque, un<br />
passage incontournable, une référence,<br />
un pèlerinage.<br />
Je récupère dare-dare mon dossard<br />
et je sens que la pression de la<br />
course monte. Hâte d’y être et d’en<br />
découdre. Le réveil sera matinal, il<br />
faut donc ne pas trop trainer et préparer<br />
ce qu’il faut pour ne pas perdre<br />
de temps le jour J. Chacun son rituel<br />
d’avant course, ses petites manies,<br />
ses habitudes, « non vraiment je préfère<br />
mes vielles chaussettes trouées,<br />
j’y suis bien dedans », ça permet de<br />
se rassurer. On doit tous avoir en<br />
nous une part de superstition.<br />
En route pour le SAS de départ,<br />
il est 4h30 et Vielle-Aure est déjà<br />
bien éveillée. La place ne m’a jamais<br />
semblé aussi petite avec ses 1500<br />
coureurs dans les starting-blocks.<br />
L’infatigable Robin Thomas dans son<br />
rôle de showman-speaker fait monter<br />
la pression et à quelques minutes<br />
du départ arrive même à faire dandiner<br />
tout le monde sur "Freed from<br />
desire". Ça y est nous voilà partis, la<br />
journée s’annonce longue et belle,<br />
la météo est au rendez-vous. Pas<br />
mal de monde sur les deux premiers<br />
kilomètres puis on rentre dans le vif<br />
passé Vignec. On grimpe vers la station<br />
assez tranquillement. Arrivé au<br />
Pla d’Adet, dans un virage encore<br />
éclairé au lampadaire, beaucoup de<br />
monde massé avec les cloches et les<br />
cornes de brume. On se sent comme<br />
porté, je crois que je suis passé à<br />
15km/h, génial <strong>GRP</strong> ! La suite n’est<br />
qu’enchantement, on monte au col<br />
de Portet dans un ballet de frontales<br />
alors que le jour se lève. Personnellement,<br />
je profite à fond du moment.<br />
Ça y est, il fait vraiment jour, je range<br />
ma frontale, devrais-je la rallumer ce<br />
soir ? 7h16, passage rapide au Portet<br />
pour recharger un peu en eau et<br />
direction La Mongie. La section sur<br />
le GR10 est très belle quoiqu’un peu<br />
technique entre lacs et refuges. Au<br />
même moment que l’on quitte le GR
Le Grand Raid des Pyrénées 11<br />
GRAND RAID<br />
un pélerinage..."<br />
pour regagner La Mongie, le soleil<br />
commence à taper. La montée du<br />
Serpolet (350m D+ en moins de 2km)<br />
fait très mal à beaucoup de monde,<br />
c’est apparemment une nouveauté<br />
sur le parcours. La pause à La Mongie<br />
elle, fait du bien après 30km et<br />
2200D+. La suite des hostilités, c'est<br />
10km de montée pour arriver au Pic<br />
du Midi, endroit emblématique des<br />
Pyrénées et du <strong>GRP</strong>. On est à mi-parcours,<br />
je souffre dans la montée, la<br />
chaleur se fait sentir et je n’apprécie<br />
que moyennement le final sur cette<br />
piste caillouteuse et poussiéreuse. Je<br />
me fais biper en haut et redescends<br />
aussi sec en petite foulée. On croise<br />
et encourage ceux qui montent, l’occasion<br />
d’un regard, d’un petit mot ou<br />
d’un clin d’œil. A ce stade, sentiment<br />
partagé, certes un gros morceau est<br />
fait mais je sais que je vais rentrer<br />
dans le dur, que ça va commencer à<br />
tirer et qu’il faudra serrer les dents.<br />
La descente sur Tournaboup est jolie<br />
et l'on arrive à ce gros ravitaillement<br />
où il fait bon se requinquer un peu.<br />
Je sais que la suite est copieuse :<br />
1000mD+, et qu’il faut donc prendre<br />
son temps pour se refaire la cerise.<br />
On retrouve ici les guerriers du 120,<br />
160 et 220km. Ils sont tous marqués<br />
par l’effort, les corps meurtris mais<br />
l’envie d’aller au bout. Ça nous fait<br />
relativiser sur notre fatigue ou nos<br />
petits pépins. 20 minutes plus tard,<br />
14h44, je repars avec 2 personnes<br />
avec qui l'on se suit depuis un<br />
moment. Sachant qu’il reste 30km et<br />
vu la fatigue, pas question de courir.<br />
On marche, c’est long, la chaleur se<br />
fait sentir. Je me retrouve seul après<br />
que mes acolytes du moment se<br />
soient arrêtés, je rentre dans le mode<br />
automatique où j’avance en laissant<br />
mes pensées divaguer comme dans<br />
un état un peu second. Je n’arrête<br />
pas de doubler des gens du 160km,<br />
je suis impressionné par leur abnégation.<br />
Je leur demande comment était<br />
la nuit, curieux de savoir comment se<br />
passe une nuit sur les sentiers à la<br />
seule lueur de la lune et de la frontale.<br />
Peut-être que je les envie d’avoir<br />
eu ce privilège. Certains écourtent<br />
les conversations, trop fatigués pour<br />
converser, je les comprends bien. Je<br />
suis admiratif de les voir avancer à<br />
un rythme de tortue quand chaque<br />
pas est une souffrance. Jusqu’où le<br />
corps peut aller ? Le mental ? Pourquoi<br />
s’imposer ça ? Toutes ces questions<br />
sur l’ultra endurance... Je mets<br />
2h à parcourir 6,5km, ça devient long<br />
et pénible, heureusement, j’aperçois<br />
enfin le col. Dernière difficulté à<br />
passer avant la longue descente. En<br />
haut, je m’arrête 2mn pour profiter du<br />
panorama, c’est magnifique, immense<br />
et pur. Je suis un peu regonflé<br />
pour attaquer la descente jusqu’aux<br />
Merlans, l'ultime ravito. Ça va mieux<br />
et j’arrive aux Merlans, km 67 vers<br />
18h30. Là encore les bénévoles sont<br />
aux petits soins, on ne les remerciera<br />
jamais assez. Je tombe sur un papi<br />
adorable qui me fait le plein d’eau et<br />
m’amène un plateau de victuailles.<br />
J’ai dû manger mon poids en TUC<br />
aujourd’hui et l’idée d’avaler encore<br />
une barre ou un gel m’écœure. Heureusement<br />
il y a du choix et la pastèque<br />
fraîche est un vrai réconfort.<br />
Dans ces moments, on sait se réconforter<br />
d’un rien. Revenir aux plaisirs<br />
simples, les vraies choses de la vie, je<br />
pense à la première gorgée de bière,<br />
petit plaisir minuscule mais toujours<br />
savoureux. J’entrevois donc l’arrivée,<br />
je sais que les kilomètres de descente<br />
vont être longs et j’ai plus envie<br />
de traîner. Je monte jusqu’au Portet<br />
en marchant puis je me promets de<br />
courir jusqu’en bas, l’heure tourne et<br />
l’envie d’en finir est là. Je retrouve<br />
d’assez bonnes jambes pour descendre,<br />
je suis régulier, je fais gaffe où je<br />
pose les pieds et les kilomètres défilent.<br />
C’est bon pour le moral. Je me<br />
fais doubler par quelques ressuscités<br />
eux aussi pressés d’arriver. On rentre<br />
dans le moment où l’on sait que l’on<br />
va finir, qu’il faut profiter. Voici les<br />
premiers toits signe que l’on est de<br />
retour dans la vallée après cette longue<br />
escapade. Tiens, on est passé<br />
là ce matin, ça parait déjà loin…<br />
Enfin la voix du speaker chatouille<br />
les oreilles là, pas de doutes, la ligne<br />
d’arrivée n’a jamais été aussi proche.<br />
Profite, profite, profite. Ce moment où<br />
l’on ne sent plus rien, on est porté,<br />
ému. Voilà, on a eu tout ce qu’on était<br />
venu chercher : la montagne, le trail,<br />
l’effort, le partage... Passage de ligne,<br />
20h41, 15h39mn de balade, 112ème<br />
position, me voilà amplement comblé<br />
par cette première sur le <strong>GRP</strong>. Bon,<br />
je choisis quelle course, l’année prochaine<br />
? "<br />
Texte : Antoine Sirven<br />
Photos : <strong>GRP</strong> - www.photossports.com
12<br />
Le Grand Raid des Pyrénées<br />
JEAN-CLAUDE POUEY, PARTENAIRE HISTORIQUE<br />
"Ils nous font confiance..."<br />
Jean-Claude Pouey est responsable<br />
des deux Carrefour<br />
Market, celui de Saint-Lary<br />
Soulan et celui de Luz Saint-<br />
Sauveur. Il est partenaire<br />
officiel du Grand Raid des<br />
Pyrénées depuis le tout début.<br />
Nous lui avons posé quelques<br />
questions après quasiment<br />
quinze années de loyaux services<br />
!<br />
Comment travaillez-vous avec le<br />
<strong>GRP</strong> ? Est-ce que c'est une mission<br />
difficile ?<br />
"Oh, difficile, je n'irais pas jusque<br />
là. Disons que cela nous prend pas<br />
mal de temps et d'énergie dans les<br />
dernières semaines, voire la dernière<br />
semaine. Pour nous, il s'agit de<br />
gérer l'approvisionnement de tous les<br />
points de ravitaillement du parcours.<br />
Cette année, par exemple, il y en<br />
avait dix-sept. Et pour vous donner<br />
un ordre d'idée, nous avons dû livrer<br />
une trentaine de palettes d'eau. C'est<br />
surtout un travail de manutention et<br />
donc aussi de passion. Il y a trois<br />
personnes par magasin qui s'occupent<br />
du <strong>GRP</strong> la dernière semaine. Et<br />
moi je gère tous les déplacements.<br />
Je les effectue la plupart moi-même<br />
pour ne pas impacter sur le bon<br />
fonctionnement des magasins euxmêmes<br />
car nous sommes toujours<br />
en pleine saison quand c'est l'heure<br />
de l'épreuve. Moi ce que j'aime bien,<br />
c'est de me balader un peu partout<br />
avec le camion de location. Cela me<br />
fait même découvrir certains endroits<br />
que je ne connaissais pas. Pourtant<br />
j'adore vraiment la montagne et je<br />
vadrouille souvent. C'est tout dire !"<br />
Comment s'est passée votre première<br />
rencontre avec les organisateurs<br />
? Vous vous en souvenez,<br />
quinze ans après ?<br />
"Oui très bien. C'est Simon (Simon<br />
Accarier, ancien président de l'association<br />
organisatrice) qui m'a appelé<br />
au téléphone. Il avait déjà fait, en<br />
gros, le tour des magasins susceptibles<br />
de l'aider et si la plupart était<br />
assez partant, aucun par-contre<br />
n'était prêt à assurer les livraisons<br />
sur les différents points du parcours.<br />
Moi, d'entrée, c'est plutôt cette partie<br />
qui m'a intéressé. Aussi, nous nous<br />
sommes assez vite mis d'accord.<br />
D'autant plus qu'avec mes deux<br />
magasins, j'étais vraiment idéalement<br />
positionné. Ensuite, au fil des années,<br />
j'ai aussi appris à les connaître, lui<br />
et Michel (directeur de course). Et le<br />
courant est bien passé. Ce sont deux<br />
passionnés avant tout et ils adorent<br />
les Pyrénées. C'était le plus important<br />
à mes yeux. Arriver à faire connaître<br />
notre petit coin de paradis. Car il faut<br />
bien admettre que si au tout début,<br />
c'était un peu confidentiel, c'est vite<br />
devenu un gros événement qui attire<br />
beaucoup de gens d'un peu partout.<br />
En France et même d'ailleurs. Lors<br />
des premières éditions, les coureurs<br />
venaient et campaient ici ou là.<br />
Aujourd'hui tous les hôtels, les gîtes<br />
et les campings sont pleins durant au<br />
moins une semaine... Cela impacte<br />
économiquement tout le secteur et<br />
nous fait une belle fin de saison. Ce<br />
n'est plus négligeable."<br />
Vous êtes vous-même traileur<br />
peut-être ?<br />
"Et non. Ancien rubgyman et plutôt<br />
vététiste aujourd'hui. Mais j'ai le sport<br />
dans la peau et ça aide bien pour<br />
comprendre les ententes de chacun.<br />
En tout cas, le fait d'aller livrer dans<br />
certains coins reculés des Pyrénées<br />
m'a fait découvrir des endroits que<br />
je n'aurais découvert sans ça. C'est<br />
le bon côté de ce partenariat. Un des<br />
nombreux bons côtés. Car avouonsle,<br />
j'ai aussi noué quelques belles<br />
amitiés. Je m'entends très bien avec<br />
Simon et Michel qui ont donc pris un<br />
peu de recul mais aussi avec François<br />
et Alain qui ont pris la suite. Ils<br />
sont tous très humbles et gardent les<br />
pieds sur terre. C'est primordial ici."<br />
Et de fait, vous voyez l'avenir comment<br />
avec le <strong>GRP</strong> ?<br />
"Et bien, il n'y a aucune raison<br />
que ça change. Moi je suis prêt à<br />
continuer de nombreuses années<br />
ainsi. Je m'y retrouve aussi de<br />
toute façon. Mais c'est vrai que l'on<br />
essaye de mettre en place d'autres<br />
petites choses. Il n'y a pas que le<br />
ravitaillement. Je m'occupe aussi<br />
des sacs coureurs. Ceux-là même<br />
qu'ils reçoivent lors de la remise des<br />
dossards avec du pâté, du saucisson,<br />
une bière et un gâteau à la broche<br />
à l'intérieur. Je fais travailler plein<br />
de producteurs locaux qui sont tous<br />
dans mes contacts et ainsi chacun<br />
peut retrouver ces mêmes produits<br />
dans nos magasins et, de fait, toutes<br />
les autres productions que proposent<br />
ces mêmes producteurs. C'est une<br />
belle chaîne, je trouve ! Pour conclure,<br />
ce que j'apprécie avant tout dans<br />
ma relation avec l'organisation, c'est<br />
qu'ils font entièrement confiance. On<br />
se croise une ou deux fois bien en<br />
amont pour caler les endroits et les<br />
heures de livraisons mais une fois<br />
que c'est acté, on n'y revient plus.<br />
Ils savent que j'irai partout et sans<br />
retard. Personne ne s'inquiète. Je fais<br />
un peu partie de la famille <strong>GRP</strong> !"<br />
Photos : <strong>GRP</strong> - www.photossports.com
Le Grand Raid des Pyrénées 13<br />
LA BASE DE VIE DE LUZ-SAINT-SAUVEUR<br />
"On s'y retrouve chaque année !"<br />
Une base de vie sur le Grand<br />
Raid des Pyrénées, c'est un<br />
endroit stratégique aussi bien<br />
pour l'organisation que pour<br />
les coureurs. C'est souvent<br />
l'objectif qui ne sort plus de<br />
la tête du traileur fatigué. Il<br />
doit absolument rejoindre la<br />
prochaine base de vie et après<br />
"on verra bien".... Explications<br />
avec Pascale qui était bénévole<br />
sur celle de Luz-Saint-<br />
Sauveur !<br />
La base de vie est installée au «<br />
Forum » de Luz-Saint-Sauveur, lieu<br />
de réception de la commune.<br />
La base de vie de Luz, c’est :<br />
- une trentaine de bénévoles<br />
sur 3 jours du jeudi après-midi au<br />
samedi début d’après-midi<br />
- 3 courses qui passent !<br />
- une salle pour le ravitaillement,<br />
une salle pour les soins médicaux<br />
(kinés, podologues, infirmiers du<br />
SDIS)<br />
- une salle de repos pour les<br />
coureurs<br />
- une salle avec les sacs des<br />
coureurs<br />
Les bénévoles sont répartis sur<br />
différents postes :<br />
- à la réception « des colis »<br />
du partenaire Carrefour et à la préparation<br />
des cuisines et du buffet le<br />
jeudi après-midi,<br />
- dans la salle du ravitaillement<br />
à la préparation de la soupe et<br />
des pâtes, au service des différents<br />
aliments (boisson, soupe, pâtes, buffet<br />
froid garni)<br />
- à la réception des sacs<br />
(installation des sacs par ordre par<br />
course) et la distribution<br />
- à l’entrée et à la sortie au<br />
badgeage des coureurs<br />
- au rangement à la fin<br />
Les bénévoles sont répartis sur des<br />
créneaux en fonction de leurs disponibilités<br />
tout au long des 3 jours (pour<br />
certains, un créneau de 3 heures,<br />
pour d’autres, beaucoup plus…)<br />
La salle est préparée par les<br />
employés communaux suivant les<br />
besoins (liste établie par les responsables<br />
des bénévoles : Marie-Rose,<br />
Pascale et Jérôme).<br />
Une équipe qui fonctionne depuis<br />
quelques années ensemble avec<br />
quelques nouveaux chaque année,<br />
on y retrouve des personnes de tout<br />
âge…<br />
Le <strong>GRP</strong> est devenu un RDV pour<br />
ces bénévoles, heureux de s’y retrouver<br />
!<br />
Pascale Sirat