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Magazine CNC, printemps 2022

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PRINTEMPS <strong>2022</strong><br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

Renaître<br />

LE FEU COMME REMÈDE<br />

natureconservancy.ca<br />

WINTER 2021 1


Hastings Wildlife Junction, Ont.<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong><br />

SOMMAIRE<br />

Conservation de la nature Canada<br />

4 Jardiner avec des<br />

plantes indigènes<br />

Des végétaux faciles à cultiver.<br />

6 Milieu humide du canton<br />

de Pearson<br />

Un milieu naturel d’exception<br />

sur la rive nord du lac Supérieur.<br />

7 Vos amies les<br />

chauves-souris<br />

Comment freiner le déclin de<br />

leurs populations.<br />

7 Une présence<br />

toute naturelle<br />

Répertorier la diversité sous toutes<br />

ses formes dans la nature.<br />

8 Brûlages dirigés<br />

Le paradoxe du feu<br />

12 Pygargue à tête blanche<br />

Un oiseau splendide qui vole la vedette.<br />

14 Un vent de changement<br />

Dax Dasilva inspire des gens à agir<br />

concrètement pour la nature.<br />

16 <strong>CNC</strong> à l’œuvre<br />

Rétablissement du bison des prairies;<br />

travail d’intendance dans la prairie;<br />

Hastings wildlife Junction.<br />

18 Cachés sous nos yeux<br />

Le monde magique, mais menacé,<br />

des lichens.<br />

C’est extra!<br />

Visitez magazinecnc.ca pour accéder à du<br />

contenu supplémentaire en lien avec ce<br />

numéro de notre magazine.<br />

Conservation de la nature Canada<br />

245, avenue Eglinton Est, bureau 410 | Toronto (Ontario) Canada M4P 3J1<br />

magazine@conservationdelanature.ca | Tél. : 416 932-3202 | Sans frais : 1 877 231-3552<br />

Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>) est la force rassembleuse au pays pour la sauvegarde de la nature.<br />

Par la conservation permanente de vastes territoires, <strong>CNC</strong> apporte des solutions à la double crise du déclin<br />

rapide de la biodiversité et des changements climatiques. <strong>CNC</strong> est un organisme de bienfaisance enregistré.<br />

Avec la nature, nous créons un mode prospère.<br />

Le magazine Conservation de la nature Canada est offert aux personnes qui appuient <strong>CNC</strong>.<br />

MC<br />

Marque de commerce de La Société canadienne pour la conservation de la nature<br />

FSC MD n’est pas responsable des calculs concernant<br />

l’économie des ressources réalisée<br />

en choisissant ce papier.<br />

Imprimé sur du papier Enviro100 fait à 100 % de fibres post-consommation, certifié Écologo et Procédé<br />

sans chlore. Ce papier est fabriqué au Canada par Rolland, qui utilise le biogaz comme source d’énergie.<br />

L’impression est effectuée au Canada, avec des encres végétales par Warrens Waterless Printing.<br />

La publication de ce magazine a sauvegardé 172 arbres et 56 656 litres d’eau*.<br />

*ÉCOCALCULATEUR TKTKTKTKTKTKT : ROLLANDINC.COM. PHOTO : <strong>CNC</strong>. COUVERTURE : CHELSEA MARCANTONIO/<strong>CNC</strong>.<br />

2 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


Une passion pour la nature<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

DE HAUT EN BAS : AVEC LA PERMISSION DE DAWN CARR; CHEYENNE RAE; LUCY LU.<br />

S’il y a une chose que j’ai remarquée depuis mon arrivée au<br />

sein de la famille de Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>)<br />

en 2021, c’est la détermination sans faille et l’ardeur dont font<br />

preuve mes collègues, nos partenaires et les personnes qui nous appuient<br />

pour défendre la nature. Je trouve reposant d’être entourée de gens<br />

bienveillants, talentueux et passionnés qui, quotidiennement, agissent<br />

concrètement et contribuent de manière positive à la protection de la<br />

nature, et ce, à l’échelle locale, nationale et mondiale.<br />

J’ai aussi découvert que la détermination de <strong>CNC</strong> est ancrée dans<br />

l’indéfectible conviction que la conservation des milieux naturels est un<br />

remède aux défis les plus criants de notre monde. Conserver la nature<br />

pour l’intérêt commun est bénéfique pour tous.<br />

Alors que nous faisons collectivement face à la double crise du déclin<br />

de la biodiversité et des changements climatiques, on reconnaît de plus<br />

en plus que la population canadienne doit partager la responsabilité non<br />

seulement de conserver la nature, mais aussi celle de veiller à long terme<br />

sur les espaces naturels du pays.<br />

En juin de l’an dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement,<br />

les Nations Unies ont donné le coup d’envoi de la Décennie<br />

pour la restauration des écosystèmes, qui se déroule de 2021 à 2030.<br />

L’objectif de ce mouvement mondial est de « prévenir, arrêter et inverser<br />

la dégradation des écosystèmes sur tous les continents et dans tous<br />

les océans. » Cette initiative ne pouvait tomber à un moment plus critique,<br />

puisqu’à l’heure actuelle, 77 % du territoire terrestre mondial<br />

(sans compter l’Antarctique) et 87 % des océans ont été altérés par<br />

les humains. Dans ce numéro de notre magazine, vous pourrez d’ailleurs<br />

découvrir l’impact majeur des brûlages dirigés, une stratégie en gestion<br />

et en restauration des terres.<br />

Alors que le Canada s’attaque à son engagement international de<br />

conserver la nature en protégeant 30 % de ses terres et de ses eaux d’ici<br />

2030, <strong>CNC</strong> est en bonne position pour accélérer le rythme de son travail.<br />

Qu’il est fantastique de faire partie d’une équipe qui valorise et met<br />

en œuvre tant d’actions de conservation pour les collectivités, avec des<br />

bienfaits à grande échelle!<br />

Avec vous pour la nature,<br />

Dawn Carr<br />

Dawn Carr<br />

Dawn Carr<br />

Directrice de la conservation stratégique à <strong>CNC</strong><br />

Ont collaboré<br />

à ce numéro<br />

Susan Peters est une<br />

auteure et éditrice<br />

basée à Winnipeg, au<br />

Manitoba. Ses articles<br />

ont paru dans les<br />

publications Canadian<br />

Geographic, Report on<br />

Business et The Walrus.<br />

Elle a écrit pour <strong>CNC</strong><br />

l’article « Brûlage<br />

dirigé » en page 8.<br />

Lucy Lu est photographe<br />

pigiste. Elle explore<br />

l’identité culturelle, les<br />

récits personnels, les<br />

mythes collectifs et la<br />

mémoire collective.<br />

Elle a photographié<br />

Micheline Khan pour<br />

« Une présence toute<br />

naturelle », page 7.<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 3


D’UN OCÉAN<br />

À L’AUTRE<br />

Jardiner avec<br />

des plantes<br />

indigènes<br />

Embellissez votre jardin ou votre balcon et contribuez à<br />

enrichir la biodiversité locale avec des plantes indigènes<br />

faciles à cultiver que vous suggèrent nos spécialistes de<br />

différentes régions.<br />

D’un océan à l’autre, les sols durs et gelés font peu à peu place à la verdure<br />

qui commence à poindre partout au pays. Quelle meilleure façon d’accueillir<br />

le changement de saison qu’en préparant votre coin de nature en vue de<br />

profiter d’un décor fleuri cet été? Que vous partiez de zéro ou que vous poursuiviez un<br />

projet horticole déjà entamé, l’ajout de plantes indigènes faciles à cultiver ne fera pas<br />

qu’embellir votre jardin ou votre balcon, cela profitera également à votre écosystème<br />

local. Jardiner est aussi une excellente occasion de prendre l’air, de bouger, de se<br />

concentrer sur son environnement physique et d’observer des espèces sauvages. Avant<br />

de commencer, demandez conseil aux spécialistes d’une pépinière de plantes indigènes<br />

ou à votre association régionale de plantes indigènes pour savoir si vos choix sont<br />

réellement locaux.<br />

CHRISTOPHER PRICE / ALAMY STOCK PHOTO.<br />

4 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


Plantes<br />

couvre-sol<br />

Anémone du Canada<br />

Partout au pays sauf au Yukon<br />

IRINA NAOUMOVA / ALAMY STOCK PHOTO; ISTOCK; WIRESTOCK, INC. / ALAMY STOCK PHOTO; CHRISTOPHER PRICE / ALAMY STOCK PHOTO; AGEFOTOSTOCK / ALAMY STOCK PHOTO; DON JOHNSTON_PL / ALAMY STOCK PHOTO.<br />

Arbustes<br />

à petits fruits<br />

Gadellier sanguin<br />

C.-B.<br />

Le gadellier sanguin est un arbuste<br />

à feuilles caduques qui préfère<br />

les sols humides et biens drainés.<br />

Originaire de la côte sud de la<br />

Colombie-Britannique, il prospère<br />

dans les endroits ensoleillés, tout<br />

en tolérant un peu d’ombre. Ses<br />

grappes tombantes de fleurs roses<br />

attirent les papillons, les colibris,<br />

les oiseaux chanteurs et les<br />

abeilles. Le gadellier sanguin<br />

produit des baies bleu-noir<br />

comestibles qui se prêtent bien<br />

à la confection de confitures,<br />

de sirops et de tartes.<br />

Shépherdie du Canada<br />

Partout au pays sauf à l’Î.-P.-É.<br />

La shépherdie du Canada est un<br />

arbuste à feuilles caduques trouvé<br />

à travers l’Amérique du Nord,<br />

notamment dans la forêt boréale,<br />

les contreforts des forêts-parcs<br />

à trembles et les prairies. De taille<br />

moyenne (1 à 3 mètres de haut),<br />

il est robuste et tolère les sols<br />

pauvres. Il produit des fruits rouges<br />

attrayants et comestibles, bien<br />

qu’amers, qui sont une source de<br />

nourriture pour des petits<br />

mammifères et des oiseaux.<br />

L’anémone du Canada est une<br />

plante herbacée vivace nécessitant<br />

peu d’entretien et qui produit<br />

des fleurs blanches en forme de<br />

coupes. Elle pousse dans les<br />

prairies et les boisés frais et<br />

humides, tout en tolérant une<br />

variété d’autres types de sols.<br />

Seule ou parmi les asclépiades et<br />

les arbustes, elle forme un bon<br />

couvre-sol. L’anémone du Canada<br />

attire les abeilles et d’autres<br />

pollinisateurs, ainsi que les guêpes<br />

prédatrices, qui assurent le contrôle<br />

des insectes nuisibles communs.<br />

Matteuccie fougère<br />

à l’autruche<br />

Partout au pays sauf<br />

au Nunavut<br />

La matteuccie fougère à l’autruche,<br />

qui peut se propager<br />

de manière agressive, préfère<br />

les sites humides relativement<br />

riches, pleinement ensoleillés ou<br />

ombragés. Elle peut pousser sous<br />

la canopée dense des érables<br />

d’arrière-cours urbaines ou dans<br />

les jardins de pluie (qui servent<br />

à gérer les eaux de ruissellement).<br />

Cette fougère peut être plantée<br />

en bordure de cours d’eau ou<br />

d’étangs. Avant de se déployer, ses<br />

jeunes frondes (feuilles) peuvent<br />

être consommées, à condition de<br />

bien les cuire (leur goût est<br />

comparable à celui des asperges).<br />

Magnifiques<br />

floraisons<br />

Gaillarde aristée<br />

C.-B., ALB., SASK., MAN.<br />

La gaillarde aristée est une<br />

plante herbacée vivace de la<br />

région des prairies mixtes, qui<br />

tolère les sols bien drainés et<br />

pauvres en nutriments. Ses fleurs,<br />

qu’elle produit tout l’été, sont<br />

persistantes. Elle est entièrement<br />

recouverte de poils duveteux,<br />

pouvant être irritants pour<br />

certaines personnes. Il est facile de<br />

trouver des graines et des plants<br />

de sa variété indigène dans les<br />

pépinières locales. Les abeilles et<br />

les papillons (et autres pollinisateurs)<br />

fréquentent cette plante.<br />

Galane glabre<br />

MAN., ONT., QC, N.-B., N.-É.,<br />

Î.-P.-É., T.-N.-L.<br />

À l’état sauvage, la galane glabre<br />

croît dans des endroits humides,<br />

mais s’adapte bien aux sols des<br />

jardins si elle est régulièrement<br />

arrosée. Elle pousse sous un soleil<br />

partiel, dans des jardins humides<br />

ou mouillés, et fleurit de la fin de<br />

l’été à l’automne. Les plants de la<br />

galane glabre se divisent et se<br />

transplantent aisément, et une fois<br />

établis, en prendre soin est très<br />

facile. En fin de saison, cette plante<br />

est une bonne source de nectar<br />

pour les pollinisateurs et constitue<br />

la principale plante hôte du<br />

baltimore (un papillon).<br />

Arbustes<br />

Cerisier de Virginie<br />

Partout au pays sauf au<br />

Yukon et au Nunavut<br />

Le cerisier de Virginie est un<br />

arbuste qui peut atteindre 6 mètres<br />

de haut et qui produit des grappes<br />

de cerises rouges très acides, mais<br />

comestibles. Il préfère un sol riche<br />

et bien drainé et peut pousser sous<br />

une ombre légère ou en plein<br />

soleil. Ses fruits sont une source de<br />

nourriture privilégiée pour une<br />

variété d’oiseaux, dont le grand pic,<br />

le merlebleu de l’Est et le jaseur<br />

d’Amérique. Des mammifères,<br />

comme le renard roux, la moufette<br />

et le tamia, peuvent également<br />

chercher de la nourriture dans ses<br />

brindilles et ses bourgeons. Cette<br />

espèce résiste au sel (de déglaçage<br />

des routes) et peut être plantée le<br />

long des berges ou des routes.<br />

Amélanchier du<br />

Canada<br />

QC, N.-B., N.-É., Î.-P.-É.<br />

L’amélanchier du Canada est un<br />

arbuste à feuilles caduques qui<br />

produit des baies comestibles de<br />

couleur violet foncé. Ses fleurs<br />

précoces sont très appréciées des<br />

pollinisateurs. De nombreuses<br />

espèces d’oiseaux se nourrissent<br />

de ses baies, car elles leur offrent<br />

une source de nourriture<br />

importante avant leur migration.<br />

Cet arbuste croît aisément dans<br />

des conditions variées et résiste<br />

à la pollution atmosphérique.<br />

LE MEILLEUR MOMENT DE L’ANNÉE POUR PLANTER<br />

En règle générale, il faut attendre après le dernier gel pour planter des fleurs et des graminées indigènes. Dans certaines régions du<br />

pays, cela peut se faire dès le mois d’avril, tandis qu’ailleurs, on peut devoir attendre à la fin mai. Si vous partez de graines, certaines<br />

espèces indigènes ont besoin d’une stratification froide humide, période où les graines sont exposées à des températures froides, pour<br />

rompre la dormance des graines. Vous pouvez reproduire ces conditions à la maison en utilisant un substrat humide et stérile (comme<br />

la perlite) dans un sac scellé et conservé au réfrigérateur (idéalement quelques semaines avant le dernier gel).<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 5


SUR LES<br />

SENTIERS<br />

Réserve naturelle<br />

de <strong>CNC</strong><br />

P<br />

★<br />

Réserve de conservation du milieu<br />

humide du canton de Pearson<br />

Hwy 597<br />

<br />

N<br />

★<br />

★<br />

Réserve naturelle<br />

de <strong>CNC</strong><br />

Réserve naturelle<br />

de <strong>CNC</strong><br />

Paruline à flancs marron<br />

★<br />

Droséra à feuilles rondes<br />

Trientale boréale<br />

Loutre de rivière<br />

Castor<br />

<br />

N<br />

Milieu humide du<br />

canton de Pearson<br />

Un milieu naturel d’exception sur la rive nord du lac Supérieur, en Ontario<br />

Situé dans l’aire naturelle côtière du lac Supérieur,<br />

délimitée par Conservation de la nature Canada (<strong>CNC</strong>), le<br />

milieu humide du canton de Pearson couvre 739 hectares.<br />

La majeure partie de cette superficie est protégée en tant<br />

que réserve de conservation, dont 130 hectares par <strong>CNC</strong>.<br />

Occupant le cours supérieur de la rivière Pine, ce milieu<br />

humide constitue un habitat essentiel pour une variété<br />

d’animaux sauvages, comme la loutre de rivière et le castor.<br />

Au milieu des années 1990, l’ex-directeur de programmes<br />

à <strong>CNC</strong> pour le nord-ouest de l’Ontario, Gary Davies<br />

(maintenant à la retraite), rêvait de créer un sentier qui<br />

surplomberait cette zone humide d’importance provinciale.<br />

L’objectif était d’offrir au public une expérience aussi<br />

plaisante qu’éducative.<br />

Grâce à la généreuse contribution de bénévoles ainsi que<br />

de donatrices et donateurs de <strong>CNC</strong>, la vision de M. Davies<br />

est devenue réalité. Des bénévoles ont en effet consacré<br />

plus de 150 heures à dégager les sentiers et à y installer<br />

des panneaux de signalisation. Les 6 kilomètres du<br />

Pearson Township Wetland Nature Trail (« sentier d’interprétation<br />

de la nature du canton de Pearson »), se trouvent<br />

sur des terres de la Couronne surplombant la réserve<br />

naturelle de <strong>CNC</strong>.<br />

Le sentier monte à partir du stationnement jusqu’à une<br />

boucle située au sommet (plat) qui donne accès à une vue<br />

imprenable sur le milieu humide. Le niveau de difficulté de<br />

ce sentier, pentu par endroits, varie de modéré à difficile.<br />

DEMEUREZ EN SÉCURITÉ<br />

En visite sur une propriété de <strong>CNC</strong>, nous vous prions de<br />

respecter les directives sanitaires locales.1<br />

POUR PLUS D’INFORMATIONS<br />

natureconservancy.ca/pearsonwetland (en anglais).<br />

LÉGENDE<br />

-- Sentier<br />

★ Point de vue<br />

P Stationnement<br />

ESPÈCES À OBSERVER<br />

• Loutre de rivière<br />

• Monotrope uniflore<br />

• Orignal<br />

• Ours noir<br />

• Paruline à flancs marron<br />

• Paruline à tête cendrée<br />

• Paruline flamboyante<br />

• Pékan<br />

CARTE : JACQUES PERRAULT; PHOTOS : ROBERT MCCAW.<br />

6 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


ACTIVITÉ<br />

LES<br />

INDISPENSABLES<br />

Vos amies<br />

les chauvessouris<br />

Allumez le<br />

bat-signal et<br />

aidez leurs<br />

populations<br />

en déclin au<br />

Canada.<br />

ILLUSTRATION : BELLE WUTHRICH; PHOTO : LUCY LU.<br />

Même si elles sont<br />

associées à un<br />

superhéros populaire,<br />

les chauves-souris<br />

sont souvent mal<br />

comprises. Elles sont<br />

aussi confrontées à de nombreuses menaces,<br />

dont la perte d’habitat et le syndrome du<br />

museau blanc, une maladie fongique qui se<br />

propage très rapidement.<br />

Voici quelques gestes que vous pouvez poser<br />

pour aider les chauves-souris.<br />

1. Fabriquez et installez un dortoir à<br />

chauves-souris près de chez vous à l’aide<br />

d’outils et de matériaux faciles à trouver.<br />

2. Restez à l’affût de leur présence en<br />

transformant votre téléphone en détecteur<br />

de chauves-souris.<br />

3. Si vous devez chasser des chauves-souris<br />

de votre maison, utilisez des méthodes sans<br />

cruauté et empêchez-les de revenir en scellant<br />

les trous situés près de la cheminée et les<br />

espaces entre les bardeaux.<br />

4. Apprenez-en plus sur les différentes<br />

espèces de chauves-souris dans votre région<br />

et partagez sur les médias sociaux vos petits<br />

gestes pour les aider #MonPetitGesteNature<br />

<strong>CNC</strong> protège l’habitat de chauves-souris<br />

à travers le pays. Nous faisons également le<br />

suivi de leurs populations sur nos propriétés<br />

et collaborons avec le Zoo de Toronto dans<br />

le cadre de son programme de conservation<br />

des chauves-souris indigènes.<br />

Apprenez-en plus sur les petits gestes que<br />

vous pouvez poser pour la nature et plus<br />

particulièrement pour les chauves-souris à<br />

conservationdelanature.ca/chauves-souris.<br />

Une présence<br />

toute naturelle<br />

L’écologue Micheline Khan note ses observations sur la nature<br />

et sur la diversité des personnes qui l’explorent<br />

J’ai toujours été fascinée par la nature. Jeune, je m’aventurais dans le boisé<br />

grouillant de vie près de ma maison, où de majestueux roseaux montaient la<br />

garde au-dessus d’étangs marécageux peuplés de salamandres se faufilant sous<br />

les roches et d’oiseaux chanteurs virevoltant en toute liberté.<br />

Il était tout naturel que je devienne écologue et que je me fasse une place là<br />

où peu de gens me ressemblaient. Je me souviens que la première fois que j’ai fait<br />

du travail de terrain dans le parc Algonquin. J’y ai presque forcé deux chercheurs à<br />

me laisser travailler avec eux bénévolement. Les regards curieux, parfois moqueurs,<br />

qu’on nous lançait quand nous allions au village n’ont rien fait pour entamer ma<br />

détermination. Pour certaines personnes, je n’entrais pas tout à fait dans le moule.<br />

Reconnaissant chez moi une alliée, les chercheurs m’ont accueillie. En m’aventurant<br />

en forêt et en canotant sur les lacs avec eux, j’ai commencé à apprécier et à être<br />

impressionnée par l’immensité de ces espaces. Mon objectif a dès lors été de rendre<br />

la nature plus accessible aux communautés laissées pour compte afin qu’elles sachent<br />

qu’elles méritent elles aussi d’avoir accès à ces lieux. Il y a de la beauté ici, inexplorée,<br />

sous-estimée et dans des recoins difficiles à trouver.<br />

Mon sac à dos contient donc un vieil appareil photo dont mon père m’a fait cadeau<br />

et qui me sert à capturer et diffuser non seulement des paysages naturels, mais aussi<br />

les diverses personnes qui y travaillent et l’explorent. Je note notre présence afin que<br />

les jeunes générations sachent qu’elles ont toutes leur place ici.1<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 7


Brûlages<br />

dirigés<br />

Le paradoxe du feu : un élément destructeur<br />

bénéfique pour le paysage<br />

PAR Susan Peters<br />

TKTKTKTKTKTKT<br />

CHELSEA MARCANTONIO/<strong>CNC</strong>.<br />

8 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


Le feu est utilisé pour la gestion<br />

des terres depuis des millénaires.<br />

Debout devant les flammes, avec leurs<br />

pelles et leurs extincteurs dorsaux, les membres<br />

de l’équipe de brûlage examinent le feu qu’ils<br />

ont allumé, prêts à éteindre les braises égarées.<br />

« C’est un travail amusant, surtout quand c’est<br />

un brûlage ‘‘ennuyant’’ » déclare Julie Sveinson Pelc, la chef des<br />

interventions qui supervise le feu. « ‘‘Ennuyant’’ veut dire que les<br />

choses se déroulent exactement comme prévu et que nous restons<br />

sur place pour regarder le feu brûler », explique-t-elle. En<br />

entrevue, au plus fort de l’hiver et pendant une hausse des cas de<br />

COVID-19, elle me montre des photos d’un brûlage dirigé de septembre<br />

dernier à la réserve des prairies à herbes hautes dans le<br />

sud-est du Manitoba, où les graminées qui brûlent dégagent selon<br />

elle une odeur qui rappelle celle de certaines huiles essentielles.<br />

Bien que la suppression des incendies fasse partie de l’histoire<br />

récente de l’Amérique du Nord, le feu y a été utilisé pour aménager<br />

le territoire pendant des milliers d’années avant la colonisation<br />

européenne. Le personnel de Conservation de la nature Canada<br />

(<strong>CNC</strong>) a redonné au feu sa place et effectue depuis plusieurs<br />

décennies des brûlages dirigés dans une optique de gestion des<br />

terres protégées, et ce, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan,<br />

au Manitoba, et même dans les prairies ontariennes. Dans<br />

les prairies plus particulièrement, les espèces végétales et animales<br />

aujourd’hui présentes (que nous souhaitons aussi garder<br />

dans l’avenir), se sont adaptées pour prospérer dans un écosystème<br />

soumis à des perturbations régulières, comme le pâturage,<br />

les feux, les inondations et la sécheresse.<br />

Forte de 20 ans d’expérience en matière de brûlage dirigé,<br />

Julie Sveinson Pelc, qui gère le programme d’intendance de <strong>CNC</strong><br />

au Manitoba, est bien placée pour vanter les mérites d’un brûlage<br />

de surface léger par rapport à un incendie de forte intensité :<br />

« Le brûlage peut faire entrer les arbres en ébullition; on peut<br />

voir leurs fluides bouillonner. »<br />

Le feu déclenché dans la réserve des prairies à herbes hautes<br />

avait pour but d’aider à la restauration en cours de 20 hectares<br />

constituant un habitat de prédilection pour le papillon monarque,<br />

une espèce en voie de disparition. Il a permis d’éliminer les saules<br />

et les autres arbustes ligneux qui poussaient parmi les graminées<br />

et qui, s’ils n’avaient pas été maîtrisés, auraient transformé ce<br />

vaste terrain ouvert en une forêt de trembles et de chênes à gros<br />

fruits. Les feux brûlent les herbes séchées et les feuilles mortes,<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 9


Dans le sens horaire à partir d’en haut : Julie Sveinson Pelc supervise<br />

l’équipe chargée du brûlage dirigé à la Réserve des prairies à<br />

herbes hautes (Man.); équipe d’incendie examinant le feu; Plaines<br />

du lac Rice (Ont.).<br />

et leurs nutriments sont alors restitués au sol,<br />

laissant le terrain ouvert pour que la pluie<br />

puisse s’y infiltrer. Le brûlage de cette zone<br />

précédemment ensemencée favorisera la<br />

croissance de plantes dont les chenilles et les<br />

adultes du papillon monarque dépendent.<br />

Ces feux allumés intentionnellement et<br />

contrôlés par des spécialistes, dans une zone<br />

prédéterminée et dans des conditions étroitement<br />

surveillées, sont faits dans le seul but de<br />

restaurer un habitat naturel — un autre type<br />

de brûlage est effectué en agriculture pour<br />

brûler les tiges (ou chaumes) de certaines<br />

graminées après la récolte.<br />

La planification d’un brûlage dirigé requiert<br />

la consultation d’un plan de rétablissement,<br />

de gestion et de recherche visant les<br />

espèces multiples en péril (Multi-SAR) pour<br />

orienter la prise de décisions. On détermine<br />

alors une période durant laquelle le brûlage<br />

serait favorable à la survie d’espèces données,<br />

comme la platanthère blanchâtre (une<br />

orchidée) ou l’hespérie de Poweshiek (un<br />

papillon), qui sont deux espèces en voie de<br />

disparition. Lors de la planification, il faut<br />

évaluer la sécheresse du sol, l’humidité relative,<br />

le vent et la température, obtenir des<br />

permis de brûlage auprès de la municipalité<br />

ou de la province concernée et sensibiliser<br />

les services d’incendie et les personnes demeurant<br />

à proximité, qui pourraient craindre<br />

qu’un incendie incontrôlé ne détruise leur<br />

maison ou leur ranch.<br />

Lorsque <strong>CNC</strong> entreprend des brûlages<br />

dirigés, c’est généralement dans l’objectif<br />

de réduire l’accumulation au sol de litière végétale<br />

et d’empêcher les espèces ligneuses<br />

d’envahir une prairie ou une zone herbeuse,<br />

comme c’est le cas dans la réserve des prairies<br />

à herbes hautes (bien qu’on prévoie également<br />

d’utiliser le feu dans le but de dégager<br />

le sous-bois de certaines forêts ouvertes,<br />

comme celles de l’aire de conservation de<br />

Darkwoods, en Colombie-Britannique).<br />

Partout en Amérique du Nord, les brûlages<br />

dirigés sont gérés par les services des parcs<br />

fédéraux et provinciaux, les communautés<br />

autochtones et les municipalités, notamment<br />

pour prévenir les feux de forêt incontrôlables.<br />

« Lorsque la charge de combustible s’accumule,<br />

les feux peuvent dégager davantage de<br />

chaleur et couvrir de plus grandes surfaces,<br />

ce qui peut être dévastateur. Parfois, des feux<br />

sont allumés dans l’objectif de diminuer les<br />

risques d’incendies catastrophiques, afin d’assurer<br />

la sécurité du public », explique Sam<br />

Knight, biologiste de la conservation responsable<br />

du programme scientifique de la famille<br />

Weston ainsi que du programme national de<br />

recherche en conservation de <strong>CNC</strong>. « Beaucoup<br />

d’écosystèmes sont adaptés au feu et<br />

leur maintien dépend de perturbations,<br />

comme le pâturage et le feu. »<br />

Flammes sous contrôle<br />

Au Manitoba, lors du brûlage dirigé de septembre<br />

dernier, une équipe de 10 personnes<br />

a pulvérisé de l’eau le long de la ligne d’arrêt<br />

d’une large superficie tondue en guise de<br />

coupe-feu. L’équipe a ensuite utilisé des<br />

lance-flammes à action localisée conçus spécialement<br />

pour allumer le feu le long de la<br />

ligne d’arrêt, créant ainsi une triple barrière<br />

de défense contre un incendie qui aurait pu<br />

autrement échapper à leur contrôle. « Les<br />

gens aiment se vanter du fait que leurs lignes<br />

d’arrêt sont très droites », raconte M me Pelc<br />

en haussant les épaules. Elle se dit toutefois<br />

fière de la façon dont travaille son équipe formée<br />

de nouveaux employé(e)s de <strong>CNC</strong> et<br />

d’autres plus expérimenté(e)s. Avec leurs<br />

bottes, gants en cuir, combinaisons ignifuges,<br />

masques et lunettes de sécurité, tous coopèrent<br />

sans hâte, se déplaçant lentement afin<br />

de compléter la ligne d’arrêt, avant que la tête<br />

du feu se propage de manière spectaculaire,<br />

poussée par le vent, vers le centre du secteur<br />

visé. Née au Manitoba et y vivant depuis toujours,<br />

c’est à la réserve des prairies à herbes<br />

hautes que M me Pelc a été témoin d’un brûlage<br />

dirigé pour la première fois alors qu’elle<br />

était étudiante à la maîtrise en botanique et<br />

qu’elle s’était portée volontaire pour surveiller<br />

les braises qui traversaient le pare-feu. Elle<br />

supervise maintenant les brûlages dans cette<br />

même réserve, ainsi que dans les prairies<br />

mixtes de deux autres propriétés de <strong>CNC</strong> au<br />

Manitoba, soit Yellow Quill et Fort Ellice.<br />

Plus à l’est, en Ontario, des brûlages dirigés<br />

sont effectués depuis une dizaine d’années<br />

dans l’aire naturelle des plaines du lac<br />

Rice, près de Peterborough. Ses prairies à<br />

herbes hautes et sa savane à chênes noirs<br />

sont gérées par <strong>CNC</strong> en partenariat avec<br />

d’autres organismes de conservation et la Première<br />

Nation d’Alderville. Selon Val Deziel,<br />

coordonnatrice en biologie de la conservation<br />

EN HAUT À GAUCHE : <strong>CNC</strong>; AUTRES PHOTOS : CHELSEA MARCANTONIO/<strong>CNC</strong>.<br />

10 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


<strong>CNC</strong>; MÉDAILLON : CHELSEA MARCANTONIO/<strong>CNC</strong>.<br />

à <strong>CNC</strong> pour l’Ontario, la savane à chênes<br />

noirs d’Alderville est un véritable vestige de<br />

ce qui fut jadis une prairie. « Au cours des dix<br />

dernières années, nous avons concentré nos<br />

efforts non seulement sur la conservation,<br />

mais aussi sur la restauration des terres de la<br />

région », précise M me Deziel, dont le travail<br />

consiste notamment à superviser les brûlages<br />

menés par des entrepreneurs privés.<br />

L’élagage des arbres à la scie à chaîne ainsi<br />

que les brûlages dirigés contribuent à maintenir<br />

les prairies ouvertes. « Les pics-bois<br />

adorent les forêts brûlées – une fois achevé<br />

par le feu, un arbre regorgeant d’insectes,<br />

comme un vieux pin, est une source d’alimentation<br />

pour les oiseaux », affirme M me Deziel.<br />

Ayant grandi dans la région, elle raconte<br />

comment, avant la colonisation, les gens procédaient<br />

à des brûlages pour cultiver des<br />

plantes médicinales, mais aussi des herbes<br />

vertes et luxuriantes afin d’attirer des animaux<br />

de pâturage pour les chasseurs. Alors<br />

que nous entamons la deuxième année de la<br />

Décennie des Nations unies pour la restauration<br />

des écosystèmes (2021-2030), le recours<br />

au feu est un excellent exemple de la façon<br />

dont nous pouvons contribuer à la gestion et<br />

à la restauration de la nature à long terme.<br />

Des brûlages dirigés sont également effectués<br />

sur des terres de <strong>CNC</strong> en Colombie-Britannique.<br />

Dans la réserve de chênes de Gary<br />

de Cowichan, sur l’île de Vancouver, le brûlage<br />

des prés de chênes de Garry permet non<br />

seulement de réduire les risques de feux de<br />

forêt, mais aussi de contrôler les plantes envahissantes<br />

et favoriser la croissance d’espèces<br />

indigènes adaptées au feu. Dans cette<br />

province, le moment où les brûlages doivent<br />

avoir lieu demeure une décision importante<br />

pour <strong>CNC</strong>, car les étés secs augmentent<br />

les risques d’incendie forestier d’intensité<br />

extrême. Les brûlages ont lieu à l’automne,<br />

quand ces risques sont faibles.<br />

Les feux intentionnels allumés dans la<br />

réserve de chênes de Garry de Cowichan sont<br />

souvent de faible intensité et n’atteignent pas<br />

un niveau de chaleur très élevé. « Cinq minutes<br />

après le passage du feu, le sol a suffisamment<br />

refroidi pour qu’on le touche »,<br />

précise Ginny Hudson, gestionnaire de la<br />

conservation et de l’intendance pour <strong>CNC</strong> en<br />

Colombie-Britannique. Pendant des milliers<br />

d’années, les peuples autochtones ont traditionnellement<br />

utilisé le feu pour aménager<br />

ces types de prés. Un des objectifs des brûlages<br />

dans cette réserve est de promouvoir la<br />

croissance de plantes comestibles ancrées<br />

dans la culture, comme la quamassie, dont les<br />

racines au goût sucré peuvent être cuites ou<br />

séchées. <strong>CNC</strong> souhaite collaborer plus étroitement<br />

avec les peuples autochtones locaux<br />

pour mener les brûlages, comme c’est le cas<br />

dans les plaines du lac Rice en Ontario.<br />

Un remède pour la terre<br />

De nombreux peuples autochtones de partout<br />

dans le monde aménagent le territoire en<br />

procédant à des brûlages. Amy Cardinal<br />

Christianson est spécialiste scientifique pour<br />

l’aspect social des feux de forêt au Service<br />

canadien des forêts et co-animatrice du balado<br />

Good Fire. D’origine métisse, elle est<br />

également l’auteure de Blazing the Trail:<br />

Celebrating Indigenous Fire Stewardship.<br />

« Quand les colons sont arrivés au Canada, ils<br />

avaient une mentalité européenne en matière<br />

d’aménagement des forêts. Ils voulaient protéger<br />

le bois d’œuvre et considéraient le feu<br />

comme un risque pour les forêts ». M me Christianson<br />

fait la distinction entre un brûlage<br />

culturel et un brûlage dirigé : le premier<br />

est lent, de faible intensité, couvre une petite<br />

parcelle de terre et s’effectue pour des<br />

motifs culturels (elle qualifie ces brûlages de<br />

« remède pour la terre »; le second est<br />

généralement de forte intensité, atteint un<br />

niveau de chaleur élevé, couvre de grandes<br />

surfaces et est effectué dans le but de réduire<br />

le combustible ou de défricher des<br />

terres pour des raisons écologiques. Amy<br />

déplore que le savoir autochtone ne soit pas<br />

pris en compte par les programmes obligatoires<br />

de formation et de certification, ce qui<br />

peut représenter un obstacle. Elle aimerait<br />

que davantage d’Autochtones soient impliqués<br />

et que les décisions relatives aux brûlages<br />

se prennent de manière plus autonome<br />

à l’échelle locale. « Espérons qu’au cours des<br />

10 prochaines années, les communautés et<br />

les organismes de lutte contre les incendies<br />

forestiers pourront travailler ensemble »,<br />

ajoute-t-elle.<br />

Revenons au brûlage de septembre à la<br />

réserve des prairies à herbes hautes, au<br />

Manitoba, où les résultats étaient notables<br />

dès le lendemain du feu. Julie Sveinson Pelc<br />

décrit les îlots d’herbes intacts dans un<br />

océan noir de suie, où des parcelles d’herbes<br />

indigènes repousseront grâce à leurs racines<br />

nouvellement revigorées. « En tant que responsable,<br />

je trouve le travail associé aux<br />

brûlages un peu intense, mais une fois que<br />

tout est terminé, c’est gratifiant », confie-telle.<br />

Le chef des pompiers locaux s’arrête<br />

pour voir les nouvelles radios bidirectionnelles<br />

qu’il avait recommandées à l’équipe de<br />

brûlage, tandis que des résidents ralentissent<br />

pour saluer l’équipe en passant en voiture.<br />

En 2021, M me Pelc a supervisé 8 brûlages<br />

dirigés sur 167 hectares, soit la plus grande<br />

superficie brûlée par <strong>CNC</strong> au Manitoba au<br />

cours des 10 dernières années. Déjà, elle se<br />

prépare pour le <strong>printemps</strong>, car dès que les<br />

pompiers de son équipe auront renouvelé<br />

leur formation, que la neige aura fondu, que<br />

le sol sera suffisamment sec et que le vent<br />

sera faible, un bon brûlage doit être effectué<br />

à Fort Ellice.1<br />

Alors que nous entrons dans la deuxième année de la<br />

Décennie des Nations Unies pour la restauration des<br />

écosystèmes (2021-2030), le recours au feu est un excellent<br />

exemple de la façon dont nous pouvons contribuer à la<br />

gestion et à la restauration de la nature à long terme.<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 11


PROFIL<br />

D’ESPÈCE<br />

Pygargue<br />

à tête blanche<br />

Avec une envergure d’ailes de plus de 2 mètres,<br />

cet oiseau splendide vole la vedette.<br />

JUNIORS BILDARCHIV GMBH / ALAMY STOCK PHOTO.<br />

12 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


PHOTO : GUNTER MARX / WI / ALAMY STOCK PHOTO. ILLUSTRATIONS : CORY PROULX.<br />

APPARENCE<br />

Bald eagle, son nom anglais, traduit mal<br />

l’allure du pygargue à tête blanche, puisqu’il est<br />

tout sauf chauve (bald). Bald vient plutôt de piebald ou<br />

pie (en français), qui fait référence au plumage blanc de sa<br />

tête et de sa queue et au brun foncé du reste de son corps.<br />

Son bec est jaune, tout comme ses pattes. Ses ailes, d’une<br />

envergure de plus de 2 mètres, sont faites pour planer. Les<br />

pygargues mesurent environ 76 centimètres de hauteur et<br />

pèsent de 3 à 7 kilos. La femelle est généralement plus<br />

grosse que le mâle, mais leurs plumages sont identiques.<br />

Les juvéniles, souvent confondus avec l’urubu à tête<br />

rouge et l’aigle royal, ont principalement la tête et<br />

la queue foncées. Il leur faut de 4 à 5 ans pour<br />

prendre leur couleur d’adultes.<br />

AIRE DE<br />

DISTRIBUTION<br />

L’aire de répartition du pygargue à tête<br />

blanche, d’une superficie d’environ 2,5 millions<br />

de kilomètres carrés s’étend de la côte Ouest à la côte<br />

Est de l’Amérique du Nord, et de la forêt boréale<br />

canadienne jusqu’au nord du Mexique. Au Canada,<br />

la plupart des individus de cette espèce vivent dans<br />

les régions côtières de la Colombie-Britannique,<br />

avec des populations habitant les forêts boréales de<br />

l’intérieur du pays et d’autres en Nouvelle-Écosse<br />

et l’île de Terre-Neuve. Le pygargue à tête blanche<br />

vit dans des zones boisées situées près<br />

de lacs, de rivières, de marais ou<br />

d’habitats côtiers.<br />

MENACES<br />

Le pygargue à tête blanche n’est pas<br />

désigné en péril à l’heure actuelle et ses<br />

populations sont en bonne santé dans la plus grande<br />

partie de son aire de répartition, mais il n’en a pas<br />

toujours été ainsi. Par le passé, l’espèce a connu un déclin<br />

marqué provoqué par une perte de son habitat et un<br />

empoisonnement non intentionnel au DDT. L’éducation du<br />

public, la conservation de son habitat et des mesures<br />

réglementaires ont contribué au rétablissement de ses<br />

populations. Aujourd’hui, des scientifiques, des<br />

organismes de conservation et des programmes<br />

de science participative continuent de suivre de<br />

près les progrès de cet oiseau<br />

impressionnant.<br />

Aidez<br />

à protéger<br />

l’habitat de<br />

cette espèce<br />

Visitez conservationdelanature.ca/donnez<br />

Pygargues festoyant sur la rivière Squamish. C.-B.<br />

Que fait <strong>CNC</strong> pour protéger<br />

l’habitat de cette espèce?<br />

Depuis les années 1990, <strong>CNC</strong> dirige les efforts de<br />

conservation de sites d’hivernage essentiels à la plus<br />

grande concentration de pygargues à tête blanche<br />

jamais observée en Amérique du Nord. De novembre<br />

à mars, c’est en effet par milliers que les rapaces se<br />

rassemblent dans la petite communauté de Brackendale,<br />

au nord de Vancouver (C.-B.), pour s’y régaler du<br />

saumon qui abonde dans les rivières Squamish et<br />

Cheakamus au moment de la fraie.<br />

En collaboration avec le Cheakamus Center, un centre<br />

éducatif axé sur la nature et l’environnement, <strong>CNC</strong> a<br />

mis en place une entente de conservation visant les<br />

170 hectares du centre situé le long de la rivière<br />

Cheakamus. Cela contribuera à assurer la protection<br />

à long terme de la superbe forêt ancienne qui s’y<br />

trouve, ainsi que des berges de cette rivière riche en<br />

saumons. <strong>CNC</strong> a également pris part à une campagne<br />

lancée dans le but d’éduquer la population sur<br />

l’importance de respecter les aigles de Brackendale<br />

lors de leur observation. Cette campagne incluait,<br />

entre autres, la construction d’un observatoire et la<br />

pose de panneaux d’interprétation. Une effervescence<br />

particulière se fait aussi sentir dans la communauté<br />

chaque année, en janvier, lors du décompte annuel<br />

des aigles, un événement populaire qui remonte au<br />

moins à 1986.1<br />

HABITAT<br />

Le pygargue à tête blanche se<br />

reproduit dans des zones boisées à<br />

proximité de grands plans et cours d’eau,<br />

comme sur les côtes ou les berges<br />

des lacs. Il aime se percher sur les branches de<br />

grands arbres matures afin de bien voir ce qui<br />

l’entoure. En hiver, on le retrouve près de<br />

plans d’eau qui ne gèlent pas, ce qui lui<br />

permet de pêcher le poisson, qui<br />

compose l’essentiel de son<br />

alimentation.<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 13


UNE FORCE POUR<br />

LA NATURE<br />

Un vent de<br />

changement<br />

Dax Dasilva, fondateur de la plateforme de commerce électronique Lightspeed,<br />

encourage d’autres personnes à faire une différence pour la nature.<br />

GUILLAUME SIMONEAU.<br />

14 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


À<br />

cinq minutes du bureau de Dax Dasilva, au Québec,<br />

coule un trésor naturel abritant des formes de vies aussi<br />

grandes que la baleine à bosse et minuscule que le krill.<br />

Il s’agit également d’une voie de communication majeure pour la<br />

faune et les humains que, peut-être, trop peu de gens apprécient<br />

à sa juste valeur : le fleuve Saint-Laurent.<br />

« La nature occupe une place très importante<br />

dans ma vie. Elle me rappelle constamment à<br />

quel point elle est précieuse et fragile face à<br />

la croissance perpétuelle de l’humanité », affirme<br />

Dax Dasilva, fondateur de la plateforme<br />

de commerce électronique Lightspeed et de<br />

Age of Union, une alliance environnementale<br />

à but non lucratif. Il attribue son lien profond<br />

avec la nature à son enfance passée sur la<br />

côte Ouest, où il avait accès à de magnifiques<br />

paysages. Peu importe où il a voyagé ou vécu,<br />

la randonnée et l’aventure ont toujours fait<br />

partie de son style de vie.<br />

« Exposé à la nature en bas âge, j’ai senti<br />

que quand j’aurais les ressources et la plateforme<br />

nécessaires, je ferais tout mon possible<br />

pour faire progresser la conservation, dit-il. Je<br />

crois que les gens se tournent vers les leaders<br />

en technologie et leur manière d’aborder des<br />

défis comme l’impact de l’humanité sur l’avenir<br />

de la Terre. Pour moi, il n’y a pas de façon<br />

plus importante d’être un leader qu’en protégeant<br />

notre planète et ses espèces. »<br />

C’est cette vision de la sauvegarde de la<br />

nature qui a motivé M. Dasilva à créer Age<br />

of Union, un organisme qui soutient les personnes<br />

qui œuvrent à la protection des espèces<br />

et des écosystèmes menacés de notre<br />

planète. Il est maintenant bien décidé à soutenir<br />

des projets de conservation bien<br />

concrets dans sa province et dans le monde<br />

entier, grâce aux contributions de chefs<br />

d’entreprise et d’organismes de conservation<br />

partageant les mêmes idées.<br />

SOUTENIR LA CONSERVATION LE LONG DU<br />

SAINT-LAURENT<br />

Le fleuve Saint-Laurent est l’une des plus<br />

grandes réserves d’eau douce au monde. Il<br />

devient un estuaire (rencontre de l’eau douce<br />

et l’eau salée), puis un golfe ouvert sur l’océan<br />

Atlantique. Sur toute sa longueur (1 197 kilomètres),<br />

il regorge d’une vie qui demeure productive<br />

tout au long de l’année. M. Dasilva a<br />

pu observer de près ce fleuve majestueux lors<br />

de visites avec Joël Bonin, vice-président associé<br />

de Conservation de la nature Canada<br />

(<strong>CNC</strong>) pour la région du Québec.<br />

« À seulement une heure de route de<br />

Montréal se trouve la plaine inondable du lac<br />

Saint-Pierre, qui ressemblent aux Everglades<br />

de Floride. Nous avons documenté toute<br />

la faune et la flore qui se trouvent près des<br />

zones habitées et c’était incroyablement<br />

impressionnant. Le fait de voir cela de ses<br />

propres yeux vous motive à faire tout ce<br />

que vous pouvez pour y préserver la vie »,<br />

explique M. Dasilva.<br />

Lors d’une récente visite, alors qu’ils<br />

naviguaient dans les canaux étroits de<br />

l’archipel du lac Saint-Pierre (un élargissement<br />

du Saint-Laurent), M. Bonin et M. Dasilva<br />

ont pu observer les formes de vie interreliées<br />

des rives, des îles et des milieux humides.<br />

À cet endroit, les poissons dépendent du lit<br />

des rivières pour frayer.<br />

Malheureusement, ces zones peuvent<br />

être menacées par le déboisement des<br />

plaines inondables, car le sol exposé peut<br />

être emporté dans l’écosystème d’eau douce<br />

pendant les cycles naturels d’inondation. La<br />

santé des milieux humides qui bordent le<br />

fleuve est également essentielle au maintien<br />

du système de filtration naturel, qui assure<br />

à la fois la subsistance des humains et des<br />

espèces sauvages.<br />

La protection de ces eaux et de ces<br />

terres nécessite un effort collectif, ou<br />

une union, comme l’appelle M. Dasilva.<br />

C'est dans ce contexte que Age of Union<br />

peut contribuer au travail de <strong>CNC</strong> visant<br />

à protéger ces habitats, notamment en<br />

soutenant des activités de restauration,<br />

de nettoyage des berges et de reboisement<br />

des plaines inondables.<br />

Avec le soutien de l’alliance, <strong>CNC</strong><br />

a contribué à la protection de plus de<br />

205 hectares, à la restauration de plus<br />

de 15 hectares, à la plantation de plus de<br />

1 700 végétaux et au rétablissement de<br />

32 espèces en péril. Cela inclut des travaux<br />

de restauration de la barre de sable du<br />

Barachois de Malbaie (Gaspésie), où de la<br />

végétation a été plantée pour réduire<br />

l’érosion naturelle et restaurer des zones<br />

dégradées. De plus, des mesures de contrôle<br />

du phragmite vont bon train sur l’île aux<br />

Grues, à environ 80 kilomètres de la ville<br />

de Québec, où l’objectif est d’enrayer la<br />

propagation de ce roseau envahissant.<br />

Le financement octroyé par l’alliance a<br />

également contribué à la protection de plus<br />

de 200 hectares à l’extrémité ouest de la<br />

ceinture verte de Montréal, dont 1,6 kilomètre<br />

de rivage de la rivière du Nord : un<br />

habitat pour la tortue géographique (l’une<br />

des 17 espèces en péril protégées par cette<br />

nouvelle acquisition).<br />

« Il est temps de passer du pilote automatique<br />

de notre routine quotidienne à une<br />

mentalité axée sur le fait que nous partageons<br />

la même planète. Il faut se considérer comme<br />

responsables de sa défense et non comme des<br />

consommatrices et consommateurs de ses<br />

ressources », estime M. Dasilva.<br />

Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense du<br />

fait d’inspirer les autres, il répond : « Ce n'est<br />

pas en étant pessimiste que l’on réussira à<br />

motiver les gens. Si nous sommes témoins<br />

d‘exemples positifs auxquels nous pouvons<br />

nous identifier, qui nous permettent de faire<br />

avancer les choses, nous aurons le sentiment<br />

de pouvoir atteindre notre objectif. Nous<br />

pouvons avoir un impact positif chaque jour.<br />

Chacune et chacun d’entre nous a la capacité<br />

de faire quelque chose de positif en faveur<br />

de la nature, nous pouvons être des actrices<br />

et des acteurs du changement. »<br />

Ce pouvoir de l’union, entre les gens et la<br />

nature, est ce qui suscitera un changement<br />

positif en cette époque d’urgence climatique.<br />

Les chefs d’entreprise comme Dax Dasilva<br />

espèrent qu’en mettant de l’avant des causes<br />

orientées vers des actions et leurs impacts,<br />

en partageant les expériences des gens et en<br />

tirant parti de partenariats, plus d’actrices<br />

et d’acteurs du changement commenceront<br />

à poser leurs propres petits gestes pour<br />

la nature.<br />

« J’espère que d’autres sauront trouver<br />

des projets qui leur tiennent à cœur et<br />

suivront notre exemple », affirme-t-il avec<br />

confiance.1<br />

conservationdelanature.ca<br />

PRINTEMPS <strong>2022</strong> 15


<strong>CNC</strong><br />

À L’ŒUVRE<br />

1<br />

Une harde de bisons des prairies rétablie<br />

avec succès sur les terres de la Première<br />

nation de Key<br />

SASKATCHEWAN<br />

1<br />

2<br />

3<br />

MERCI!<br />

Votre appui a permis la réalisation de<br />

ces projets. Pour en savoir plus, visitez :<br />

conservationdelanature.ca/nous-trouver.<br />

Le mashkode-bizhiki/bison des prairies est une espèce<br />

emblématique des prairies. Des peuples autochtones d’Amérique<br />

du Nord s’en sont nourris pendant des millénaires avant que la<br />

colonisation européenne conduise rapidement leurs populations vers<br />

une quasi-extinction en raison de leur chasse non durable.<br />

En Saskatchewan, 20 bisons des prairies du parc national des Prairies<br />

et 20 de l’aire de conservation des prairies patrimoniales Old Man<br />

on His Back ont récemment été transférés avec succès sur les terres de<br />

la Première nation de Key relevant du Traité no 4. Avec ce projet, la<br />

Première nation de Key, Parcs Canada et <strong>CNC</strong> collaborent pour assurer<br />

la survie et le bien-être de cet animal majestueux.<br />

Le retour du mashkode-bizhiki à la Première Nation de Key fait progresser<br />

la conservation menée par les Autochtones dans cette région,<br />

notamment par une gestion de la harde basée sur le savoir écologique<br />

autochtone, la création et le renforcement de relations entre les nations<br />

et les parties prenantes, et le maintien d’activités culturelles et socioéconomiques<br />

pour les membres des communautés autochtones.<br />

Chris Gareau, conseiller de la Première nation de Key et membre du<br />

Groupe consultatif autochtone de <strong>CNC</strong> en Saskatchewan, affirme : « Le<br />

retour des bisons à la Première nation de Key a favorisé l’unité au sein<br />

de la collectivité et, avant tout, une atmosphère de guérison, dont les<br />

bienfaits illimités sont partagés entre tous. Nos ancêtres dépendaient<br />

fortement du bison pour leur survie et leur bien-être, utilisant chaque<br />

partie de l’animal pour se nourrir, se vêtir, s’abriter, fabriquer des outils,<br />

des instruments et mener diverses cérémonies. »<br />

Le rétablissement d’espèces menacées au profit des Autochtones est<br />

une étape importante vers la réconciliation. En février dernier, l’honorable<br />

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement<br />

climatique et ministre responsable de Parcs Canada, et Jennifer<br />

McKillop, vice-présidente de <strong>CNC</strong> pour la Saskatchewan, étaient présents<br />

lors d’une célébration soulignant la relocalisation des 40 bisons<br />

des prairies pour l’établissement d’une nouvelle harde avec la Première<br />

nation de Key.<br />

MARK TAYLOR; MÉDAILLON : PARCS CANADA.<br />

Le retour du bison des prairies/mashkode-bizhiki sur le territoire des<br />

nations autochtones est un pas important vers la réconciliation.<br />

16 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


Employée de Wild + Pine<br />

au travail.<br />

G. À D. : CARYS RICHARDS/<strong>CNC</strong>; <strong>CNC</strong>; MAIDA TANWEER.<br />

Ranch Marsh, Alberta<br />

2<br />

L’intendance des prairies pour les maintenir en santé<br />

LES PRAIRIES<br />

Une nouvelle collaboration, la plus importante à ce jour pour soutenir l’intendance des Prairies canadiennes,<br />

vise à prendre soin de ces écosystèmes uniques et menacés en Alberta, en Saskatchewan et au<br />

Manitoba. En plus d’abriter des espèces végétales et animales rares et menacées, les prairies séquestrent<br />

le carbone, filtrent l’eau et stabilisent les sols.<br />

Au cours des prochaines années, <strong>CNC</strong>, en collaboration avec quatre fiducies foncières établies dans<br />

les Prairies, administrera le Programme d’investissement dans l’intendance de la Weston Family Prairie<br />

Grasslands Initiative.<br />

Lancé en juin 2021, ce programme aura un impact sur la biodiversité sur près de 1,4 million d’hectares<br />

de prairies, par le versement de jusqu’à 800 subventions individuelles. Les éleveurs de bétail<br />

ayant conclu des ententes de conservation avec <strong>CNC</strong>, les pâturages communautaires et les particuliers<br />

qui louent des terres de <strong>CNC</strong> et d’autres fiducies foncières peuvent faire une demande de financement<br />

pour mettre en œuvre des projets favorisant la conservation de la biodiversité sur les pâturages, de la<br />

pose de clôtures sécuritaires pour la faune en passant par l’installation de systèmes d’arrosage à distance<br />

alimentés à l’énergie solaire.<br />

En dotant d’outils de gestion les principaux propriétaires et gestionnaires des prairies restantes, et en<br />

leur offrant des avantages, une formation et du soutien, nous encouragerons l’adoption de pratiques de<br />

gestion qui appuient la biodiversité. L’amélioration de l’utilisation et de la productivité des prairies permettra<br />

d’assurer la subsistance de tous ses habitants et de réduire le risque de les voir disparaîtrent davantage.<br />

3<br />

Derniers efforts pour protéger un<br />

paysage unique en son genre<br />

SUD DE L’ONTARIO<br />

<strong>CNC</strong> travaille sur un important projet visant à protéger 8 000 hectares<br />

près de Bancroft. Le projet Hastings Wildlife Junction a pour objectif<br />

de conserver des habitats naturels parmi les meilleurs qui subsistent<br />

dans cette région. Ces terres abritent de nombreuses espèces en péril<br />

et mammifères à grand domaine vital, comme le wapiti, ainsi que<br />

des espèces d’oiseaux et de tortues. De plus, de vastes quantités de<br />

carbone sont stockées dans ses forêts et ses milieux humides. Situé<br />

dans le bassin versant du lac Ontario et dans les eaux d’amont de la<br />

baie de Quinte, le projet est particulièrement important pour<br />

préserver la qualité de l’eau pour la vie aquatique locale et les<br />

collectivités situées en aval, de Toronto à Kingston.<br />

<strong>CNC</strong>, seule organisation du genre au pays à œuvrer pour<br />

atteindre des résultats d’une telle envergure, a fait ses preuves en<br />

Hastings Wildlife Junction, Ont.<br />

ce qui a trait à la connexion, à la conservation et au maintien de<br />

vastes milieux naturels.<br />

Jusqu’à présent, un total de 5 000 hectares ont été protégés grâce au projet Hastings Wildlife<br />

Junction, mais il reste encore beaucoup à faire. <strong>CNC</strong> s’est en effet donné comme objectif de conserver<br />

8 000 hectares de forêts et de milieux humides intacts dans la région. Joignez-vous à nous dans cet<br />

effort historique pour assurer l’avenir de ce projet en faisant un don unique ou en vous engageant à nous<br />

appuyer sur plusieurs années. Pour en savoir plus : conservationdelanature.ca/hastings<br />

Pleins feux sur<br />

nos partenaires<br />

Depuis plus d’une décennie,<br />

Wild + Pine Sustainability œuvre<br />

à la restauration d’écosystèmes<br />

à travers le pays. En utilisant<br />

l’écotechnologie pour faire<br />

pousser des semis dans leur serre<br />

Bioprism Advanced Vertical<br />

Greenhouse, ils parviennent à<br />

imiter les conditions présentes<br />

dans les écosystèmes où les semis<br />

seront plantés.<br />

En 2020, Wild + Pine a approché<br />

Conservation de la nature Canada<br />

(<strong>CNC</strong>) pour proposer de concevoir<br />

et de mettre en œuvre un<br />

projet appuyé par une campagne<br />

de sociofinancement. Ce projet<br />

a permis à des entreprises<br />

canadiennes, conciliant leurs<br />

objectifs et leurs profits tout en<br />

tenant compte de l’impact de leur<br />

travail, de financer le reboisement<br />

et la restauration de 25 hectares<br />

d’anciennes terres agricoles sur<br />

une propriété de <strong>CNC</strong> du centre<br />

de l’Alberta.<br />

En 2021, Wild + Pine a préparé le<br />

site et planté 52 000 semis de<br />

peuplier faux-tremble, de<br />

peuplier baumier, de bouleau à<br />

papier, d’épinette blanche et de<br />

mélèze, et des espèces complémentaires<br />

d’arbustes. En <strong>2022</strong>,<br />

5 000 autres semis seront plantés<br />

et des bénévoles de <strong>CNC</strong> aideront<br />

à désherber le site nouvellement<br />

reboisé afin de fournir aux semis<br />

l’espace nécessaire pour se<br />

développer.<br />

Chaque arbre planté crée encore<br />

plus d’habitats pour les espèces<br />

indigènes de l’Alberta. En tant<br />

que partenaire, Wild + Pine<br />

contribue à accélérer le rythme<br />

de la conservation.<br />

conservationdelanature.ca


GRANDEUR<br />

NATURE<br />

Cachés sous nos yeux<br />

Par Doug Van Hemessen, coordonnateur à l’intendance des terres à <strong>CNC</strong>, pour la Nouvelle-Écosse.<br />

Il m’arrive souvent de sortir me promener<br />

sans but précis, surtout dans le boisé<br />

qui borde ma maison. C’est l’occasion de<br />

me défaire des soucis qui m’habitent et de<br />

prendre conscience de l’environnement qui<br />

m’entoure. Je peux voir, écouter, sentir, toucher<br />

et même goûter, quand quelque chose<br />

de comestible est à portée de main. Aucune<br />

destination, aucun plan, ni sentier.<br />

C’est cet état d’esprit qui me permet<br />

de découvrir ce qui est minuscule et qui<br />

passe inaperçu. Je suis enthousiasmé par<br />

les minuscules parcelles « d’univers » que<br />

je déniche. Il s’agit souvent de lichens et<br />

de mousses qui, pour être appréciés, nous<br />

obligent à nous arrêter pour bien les observer.<br />

En regardant de plus près, des subtilités<br />

apparaissent. Observer réellement et en<br />

profondeur, prend du temps.<br />

Les lichens sont présents tout autour de<br />

nous. On les trouve partout dans le monde,<br />

des littoraux des océans jusqu’au sommet<br />

des montagnes, et ce, de l’Arctique à<br />

l’Antarctique. Ils poussent sur presque<br />

toutes les surfaces et se présentent sous des<br />

formes très diverses (et parfois étranges).<br />

Les rochers, le sol et les végétaux représentent<br />

tous des surfaces où vivent les<br />

lichens. Dans les zones nouvellement dépouillées<br />

de végétation, les lichens sont<br />

généralement les premiers organismes<br />

à s’implanter. Ils constituent la base d’écosystèmes<br />

plus complexes.<br />

La capacité des lichens à résister à des températures<br />

extrêmes et aux sécheresses me fascine<br />

également. Cependant, plusieurs d’entre<br />

eux sont sensibles aux polluants présents<br />

dans l’air. Leur absence peut d’ailleurs être<br />

un indicateur de la mauvaise qualité de l’air.<br />

Selon l’endroit où vous vous trouvez, les<br />

lichens peuvent être discrets ou bien visibles.<br />

Certains sont flamboyants, d’autres doivent<br />

être examinés à l’aide d’une loupe ou d’un<br />

microscope pour que se révèle à nous leur<br />

monde extraordinaire et rempli de détails.<br />

Un de mes lichens préférés est l’usnée<br />

barbue. Ses filaments hirsutes me rappellent<br />

les guirlandes gris-vert pâle qui ornent les<br />

sapins de Noël.<br />

Malheureusement, malgré leur omniprésence<br />

et leur nature généralement robuste,<br />

certains lichens sont désignés comme des<br />

espèces en péril. Par exemple, l’érioderme<br />

boréal et l’érioderme mou sont en voie de<br />

disparition. Leur déclin est lié en partie<br />

aux vents dominants qui transportent depuis<br />

le centre du Canada et l’est des États-Unis<br />

de la pollution qui tombe sous forme de<br />

pluies acides en Nouvelle-Écosse, ma province<br />

natale. Mais ce n’est pas tout, les<br />

lichens sont aussi menacés par les changements<br />

d’utilisation des sols et les changements<br />

climatiques.<br />

Le temps passé dans la nature est du<br />

temps de qualité. Allez-y! Sortez et explorez.<br />

Arrêtez-vous et fermez les yeux. Écoutez.<br />

Sentez. Ressentez. Respirez. Libérez-vous de<br />

vos soucis. Puis ouvrez les yeux... Pouvez-vous<br />

trouver un lichen maintenant?1<br />

TERRY ALLEN / ALAMY STOCK PHOTO.<br />

18 PRINTEMPS <strong>2022</strong> conservationdelanature.ca


METTEZ VOTRE<br />

PASSION AU<br />

CŒUR DE<br />

VOTRE<br />

HÉRITAGE<br />

Votre passion pour les espaces naturels qui nous entourent est au<br />

cœur de votre vie. Et maintenant, vous pouvez en faire votre héritage.<br />

Un don testamentaire à Conservation de la nature Canada, quel que soit<br />

le montant, vous permet de contribuer à la protection de nos habitats<br />

les plus vulnérables et de la faune qu’ils abritent. Pour aujourd’hui,<br />

pour demain, et pour les générations à venir.<br />

Commandez votre livret d’information sur<br />

les dons planifiés dès aujourd’hui.<br />

Communiquez avec Marcella au 1 877 231-3552,<br />

poste 2276 ou visitez natureenheritage.ca


VOTRE<br />

IMPACT<br />

Isthme de Chignectou<br />

Coup de pouce pour<br />

le Moose Sex project<br />

La conservation d’une vaste parcelle de près de<br />

400 hectares de forêts, de milieux humides et<br />

riverains sur l’isthme de Chignectou a été rendue<br />

possible grâce à un généreux don de terres et au<br />

soutien provenant du Programme de conservation<br />

du patrimoine naturel du gouvernement fédéral.<br />

La bande de terre surnommée Moose Sex Corridor<br />

(« Pour l’amour des orignaux ») permet aux orignaux<br />

de Nouvelle-Écosse, en voie de disparition, de<br />

rejoindre leurs congénères du Nouveau-Brunswick.<br />

À ce jour, vous avez contribué à la protection de<br />

1 949 hectares de ce corridor, et ce, des deux côtés<br />

de la frontière entre ces provinces.<br />

Cinq générations<br />

En Alberta, la famille Pisony exploite depuis cinq générations une terre dont la<br />

superficie atteint maintenant 879 hectares. Situé dans l’aire naturelle du bassin<br />

versant de Castle-Crowsnest, ce ranch en exploitation comprend des forêts,<br />

des prairies et des milieux humides vitaux (un habitat rare dans cette province).<br />

Avec le soutien du Programme de conservation du patrimoine naturel et la<br />

collaboration de <strong>CNC</strong>, la famille Pisony a conclu une entente de conservation<br />

sur une portion de sa terre, assurant ainsi l’avenir de la vie sauvage qui s’y trouve<br />

et la qualité de l’eau qui alimente la rivière Oldman.<br />

Merci de tout ce que vous faites pour la nature au Canada!<br />

28 JUILLET–1 ER AOÛT <strong>2022</strong><br />

En août prochain, prenez<br />

votre appareil photo et<br />

sortez observer la nature<br />

autour de vous! Ensemble,<br />

nous documenterons et<br />

enrichirons l'inventaire<br />

des espèces présentes à<br />

travers le pays, afin que les<br />

expert(e)s en science et<br />

en conservation puissent<br />

utiliser ces données pour<br />

planifier des projets en<br />

protection de la nature.<br />

Les inscriptions débutent<br />

en juin. Surveillez vos<br />

courriels pour une<br />

invitation ou inscrivez-vous!<br />

conservationdelanature.ca/<br />

jeminscris<br />

DE HAUT EN BAS : MIKE DEMBECK; BRENT CALVER.

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