othello dans le temps - Odéon Théâtre de l'Europe
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Brabantio<br />
Brabantio est désespéré et il possè<strong>de</strong> une sorte <strong>de</strong> clarté visionnaire sur la fin du mon<strong>de</strong>, en plus <strong>de</strong> sa souffrance<br />
individuel<strong>le</strong>. « Le mal n’est que trop vrai » : <strong>le</strong> mal existe <strong>de</strong> façon métaphysique. « Et ce qui vient <strong>le</strong> <strong>temps</strong> <strong>de</strong> la honte ne<br />
sera plus qu’amertume. » : c’est une prophétie, un futur sans alternative… Brabantio souffre physiquement, on lui a arraché<br />
<strong>le</strong> coeur. Il ne faut pas <strong>le</strong> penser comme un père, mais comme un homme. Brabantio <strong>de</strong>vient pragmatique. Il en appel<strong>le</strong> aux<br />
autorités, à la loi. Il va rechercher une explication <strong>dans</strong> la science, un antidote au poison. Il met un couverc<strong>le</strong> sur sa dou<strong>le</strong>ur.<br />
« Je t’accuse » (act1, sc2) : Brabantio est un sénateur. Il prend la paro<strong>le</strong> pour tout <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. Tout un art oratoire <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel<br />
il fait déjà <strong>le</strong> procès d’Othello. C’est un avocat général. Il attise la fou<strong>le</strong> par un vrai ta<strong>le</strong>nt oratoire et démagogique. « Si <strong>de</strong><br />
tels actes sont permis esclaves et païens... » (act1, sc2) : c’est une hypothèse, la prophétie fina<strong>le</strong>. Brabantio travail<strong>le</strong> avec<br />
l’ensemb<strong>le</strong> du lieu, <strong>de</strong>s gens, <strong>de</strong> l’Agora. Il connaît parfaitement Othello. C’est un rapport d’égal à égal. Il doit <strong>le</strong> regar<strong>de</strong>r<br />
comme un doub<strong>le</strong>. Il laisse venir toute la haine <strong>de</strong> l’Autre mise <strong>de</strong> côté tandis qu’Othello <strong>de</strong>venait son ami. El<strong>le</strong> ressort<br />
maintenant. Othello <strong>de</strong>vient responsab<strong>le</strong> du chaos, <strong>de</strong> la remise en cause <strong>de</strong> l’ordre du mon<strong>de</strong>. Pour Brabantio, Othello joue<br />
un jeu extrêmement dangereux. Trahison intime qui a <strong>de</strong>s répercussions sur l’ordre du mon<strong>de</strong>. Il ne peut même pas<br />
nommer Othello : « une chose tel<strong>le</strong> que toi » (act1, sc2).<br />
Ro<strong>de</strong>rigo<br />
Ro<strong>de</strong>rigo ne tient pas <strong>de</strong>bout. Quand il est sur <strong>le</strong> disque, il glisse, il ne tient pas droit. Ro<strong>de</strong>rigo, c’est une plaie ouverte, c’est<br />
un sentiment. Il est <strong>le</strong> seul qui exprime absolument sa souffrance amoureuse. Un « moi » qui se cherche. « Qu’est ce que je<br />
dois faire ? » <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Ro<strong>de</strong>rigo comme l’acteur qui se <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ; il se <strong>le</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> tout <strong>le</strong> <strong>temps</strong>. Le « Jamais » <strong>de</strong> Ro<strong>de</strong>rigo<br />
s’adresse à l’absolu, à l’humain. C’est un jeu <strong>de</strong> dia<strong>le</strong>ctique, on peut toujours l’accrocher à quelque chose ; au « Je ne suis pas<br />
ce que je suis » par exemp<strong>le</strong>. C’est une sorte <strong>de</strong> feu d’artifice, c’est venu <strong>de</strong> la nuit et ça retourne à la nuit, et nous n’avons<br />
rien compris. C’est parti et ça ne s’arrête plus. C’est trop tard, il ne fallait pas venir… La tragédie, ça a été inventé pour faire<br />
peur, pas pour émouvoir.<br />
Cassio<br />
Cassio arrive avec une torche.<br />
C’est la première véritab<strong>le</strong> entrée avec la lumière : c’est une sorte <strong>de</strong> Cavalier <strong>de</strong> l’Apocalypse.<br />
On doit se tromper sur Cassio : apparence <strong>de</strong> l’efféminé hyper hétérosexuel, gestuel<strong>le</strong> pas naturel<strong>le</strong>, hyperthéâtralité.<br />
© Alain Fontenay<br />
Othello/ 6 novembre › 7 décembre 2008 23