COLLECT Belgique Février 2023

CALLEWAERT
VANLANGENDONCK
GALLERY
BELGIAN ABSTRACT POST-WAR ART
THE NEW FLEMISH SCHOOL
26 February – 30 April 2023
vernissage Sunday 26 February, 2 pm - 6 pm
introduction by art historian Johan Pas
PAUL VAN HOEYDONCK
GUY VANDENBRANDEN
WALTER LEBLANC
MARK VERSTOCKT
WOUT VERCAMMEN
ENGLEBERT VAN ANDERLECHT
JEF VERHEYEN
JAN DRIES
MARK CLAUS
WANNES VAN DE VELDE
VIC GENTILS
BRAM BOGART
In response to G58 Hessenhuis, Jef Verheyen
and Englebert Van Anderlecht, at collector
Hans Liechti's hotel in Grenchen, Switzerland,
forge plans that would lead to the creation of
the avant-garde artists' group The New Flemish
School (1959–1965). The supportive role of
gallery owner Hans Liechti can hardly be
underestimated. Alongside important Swiss,
German and French artists, he attracts a new
batch of Belgian artists. After Lucio Fontana,
Liechti is the second foreign art collector
to acquire work by Guy Vandenbranden.
From then on, Hans Liechti's collection
includes many works by Belgian abstract
artists. Part of his collection is now on display
at Callewaert Vanlangendonck Gallery.
Callewaert Vanlangendonck Gallery
17 Sint-Jacobstraat, 2000 Antwerp
Friday – Saturday – Sunday 2 pm - 6 pm
or by appointment
gallery@callewaert-vanlangendonck.com
www.callewaert-vanlangendonck.com
Brecht Callewaert +32 475 92 67 24
Yoeri Vanlangendonck +32 476 44 46 11

Sommaire
Menart Fair
Première bruxelloise
EST. 1971 / février 2023 N°522
www.collectaaa.be
50 ans après
Picasso
64
Un mythe contesté
52
Les esquisses
à l’huile
42
SUIVEZ-NOUS ÉGALEMENT
SUR : @ARTMAGAZINECOLLECT
OURS
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Rédaction, Agenda
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Rédacteur en Chef
Christophe Dosogne
Rédaction
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Celine De Geest
Christophe Dosogne
Trice Hofkens
Collaborateurs
Roxane Baeyens
Gilles Bechet
Jean-Marc Bodson
Thijs Demeulemeester
Gwenaëlle de Spa
Gwennaëlle Gribaumont
Elien Haentjens
Johan Frederik Hel Guedj
Diane Hennebert
Anne Hustache
Christine Vuegen
Traduction
Dynamics Translations
Didier Vanhede
Mise en pages
Renaldo Candreva
Freek Lukas
Impression
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Distribution
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offert en cadeau se termine automatiquement
au bout d’un an. Pour un
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un numéro manquant, ou toute
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En couverture
Johannes Vermeer, La Fille au chapeau rouge,
1664-1667, huile sur panneau, 22,8 x 18 cm.
Washington, National Gallery of Art.
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de la Presse Périodique
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Édito
2023, année de tous les dangers ?
L’année 2022 s’est définitivement inscrite
comme un millésime exceptionnel pour
les enchères d’art. Avec comme facteur
d’expansion la globalisation du marché,
l’afflux de nouveaux enchérisseurs, le
développement des ventes en ligne et
l’importance des liquidités dans le monde.
L’auctioneer Christie’s, premier acteur du
marché mondial, générait ainsi 8,4 milliards
de dollars en ventes de tableaux et sculptures,
tandis que le dernier rapport UBS/
Art Basel révélait que 75 % des collectionneurs
milliardaires souhaitent continuer
d’acheter des œuvres cette année, alors que
leurs dépenses ont pratiquement doublé
depuis la fin de la pandémie. L’appétit de
ces collectionneurs reste d’ailleurs particulièrement
aiguisé pour les œuvres
exceptionnelles et fraîches sur le marché,
ce qui a fait le succès des nombreuses
collections privées dispersées l’an dernier
(car reportées en raison de la pandémie),
tant chez Christie’s que chez Sotheby’s, de
celle de Paul Allen aux trésors d’Hubert
de Givenchy ou des Al Thani. Du côté de
chez Sotheby’s, pas moins de 120 records
du monde étaient par ailleurs battus en art
moderne. Même Bonhams, qui s’est particulièrement
développée l’an dernier, a vu
son chiffre d’affaires bondir de 27 % par rapport
à 2021, enregistrant 52 % de nouveaux
acheteurs. Même constat de prospérité du
côté des ventes privées qui, chez Sotheby’s,
ont atteint 1,1 milliard de dollars, tandis
que Christie’s parvenait à générer 1,2 milliard
de transactions dans ce segment de
marché basé sur la discrétion. Quant au
grand mobilier classique, l’arrivée des vastes
collections précitées a boosté des prix qui
ont retrouvé des niveaux plus vus depuis
les années 1990. Evidemment, ceci ne
concerne que le haut de gamme. Le marché
intermédiaire pâtit toujours d’un désintérêt
généralisé de la jeune génération. Férue de
nouvelles technologies et d’achats en ligne,
sa frange la plus dynamique, issue pour une
grande part de l’Asie-Pacifique, s’intéresse
surtout à l’art contemporain et au luxe.
Mais, pour beaucoup d’observateurs, ces
résultats pourraient être le signe avantcoureur
d’une surchauffe et d’un prochain
krach. Ou, pour reprendre les termes de
Vincent Noce dans La Gazette Drouot (n°2,
13-01-2023), « le marché de l’art fonctionne-t-il
au gaz hilarant ?» Sans doute pour
partie, même si sa bonne santé supposée
résulte en fait d’un effet report lorsque les
autres débouchés comme la Bourse ou
l’immobilier paraissent trop aléatoires. Or,
entre autres signaux d’alerte révélateurs
d’une surchauffe, il faut rappeler le délitement
complet du marché des NFTs, qu’on a
trop vite qualifié de nouvel Eldorado et qui,
l’an dernier, s’est lamentablement écroulé.
Même constat du côté des jeunes pousses
de l’art contemporain qui laissent souvent
perplexe, malgré les prix parfois stratosphériques
générés par leurs créations. Lucide,
Vincent Noce constate : «Les prix atteints
par des jeunes pousses hors sol se justifient
rarement par des qualités esthétiques qui
pourraient les installer dans la durée. Les
galeries d’art contemporain évitent d’en
parler, mais elles gardent dans leur stock,
des cimetières d’œuvres invendables dont
elles ne savent que faire. » Le dernier rapport
UBS/Art Basel n’a ainsi pas manqué de
pointer, en 2022, la faiblesse des transactions
en foires par rapport à 2019. A méditer,
car en matière d’investissement, patience
et longueur de temps font souvent plus que
force et que rage.
Christophe Dosogne
RUBRIQUES
6 Up to date
10 Personalia
12 Musées
16 Paroles de galeristes :
Whitehouse Gallery
17 Galeries
21 Paroles de galeristes :
Dauwens & Beernaert
22 L’artiste du mois : Julien Meert
24 Zoom : Sanja Marušić
DOSSIERS
26 Johannes Vermeer : magicien de la
couleur, de la lumière et de la perspective
32 Emprunter un Vermeer ?
34 Vermeer, le retour de Cupidon
36 D’Ukraine... au cœur de la modernité
40 Aristide Maillol
42 Les esquisses à l’huile
46 Au fil des siècles : la canne, bien plus
qu’une aide à la marche
50 Theodore Rombouts, entre Caravage
et Rubens
52 50 ans après Picasso,
un mythe contesté
58 Raphaela Vogel s’envole
60 Bienvenue dans la Uhoda Collection
64 Menart Fair à Bruxelles
66 Enzo Mari, chantre de
l’autodétermination
70 Restaurer ses oeuvres ou non ?
VENTES
72 Focus International
76 La surprise du mois
77 Ventes en Belgique
AGENDAS
92 Auction calendar
93 Fair calendar
94 Expo calendar
95 Gallery calendar
97 Bonnes adresses & Sites web
97 Petites annonces
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UP TO DATE
Signa temporum, ars temporis…
->
Balthazar Martinot, pendule dite ‘‘de Brasilia’’,
XVIIe siècle, détruite le 8 janvier dans le palais
présidentiel du Planalto. © D. R.
->
Jean-Pierre Ransonnet, L’ailleurs. © de l’artiste / Courtesy BPS22
La Fédération Wallonie-Bruxelles occupera
le pavillon belge lors de la 60e Biennale des
Arts visuels de Venise, en 2024. Dans cette
perspective, elle lance un appel dont
l’objectif est de sélectionner un projet
artistique développé par un(e) commissaire
d’exposition autour d’un ou plusieurs
artistes plasticiens relevant de ses compétences
linguistiques et témoignant de la
vivacité de la création contemporaine sur
son territoire. Deadline : le 01-03. www.
artsplastiques.cfwb.be A Bruxelles, le
Bright Festival revient du 16 au 19-02. Au
programme, trois parcours à travers
plusieurs communes. Outre la présence de
nouvelles installations originales, le festival
s’étend cette fois jusqu’à Schaerbeek. Le
patrimoine architectural Art nouveau de
Bruxelles sera également mis à l’honneur.
www.brightfestival.brussels Du 10-02 au
12-03, la Gare Maritime de Tour & Taxis
accueille la première édition de Sculptura,
festival réunissant une bonne vingtaine de
sculpteurs internationaux. www.sculpturafestival.be
Ouverte en 2015 à Bruxelles
au numéro 68 de la place du Jeu de Balle, la
galerie Marc Minjauw a quitté le quartier
des Marolles et son marché aux puces à la
mi-décembre 2022 pour rejoindre l’un des
espaces de la nouvelle galerie Louise. Le
lieu, donnant sur la place Stéphanie, a fait
l’objet d’une rénovation récente, permettant
d’accueillir la galerie sur une surface de 250
m², avec six vitrines. www.mmgallery.be
Début décembre, le gouvernement
bruxellois décidait d’octroyer une rallonge
de 22 millions d’euros au budget du chantier
de Kanal Centre Pompidou, afin de faire
face à la hausse des coûts des matériaux. Le
montant total des travaux, fixé à 153 millions
d’euros en 2021 (hors finitions muséales) a
donc été réévalué à près de 172 millions
d’euros. Début janvier, on apprenait en outre
que l’ouverture de l’institution, déjà reportée
en 2024, était encore décalée à l’automne
2025… A Charleroi, après huit mois de
travaux d’isolation et de mise en conformité
du bâtiment, le BPS22 rouvre ses portes le 18
février. La programmation reprend son cours
avec la mise à l’honneur de deux artistes des
années 1970 : Jean-Pierre Ransonnet
(1972-1980), qui évoque la mémoire des lieux
et des relations sociales de son enfance, et
Jean-Pierre Point (1941-2023), décédé début
janvier, qui, en portant une attention toute
particulière à la richesse des couleurs, s’est
attaché à présenter la beauté simple du
quotidien. www.bps22.be Alors qu’on
pensait être proche d’un accord entre les
deux parties, la Grèce a annoncé début
janvier rejeter la perspective d’un ‘‘prêt à
long terme’’ des marbres du Parthénon par
le British Museum de Londres. Les ministres
grecs refusent en effet de reconnaître que
l’institution britannique serait la propriétaire
légitime des sculptures et qu’elle serait, de
ce fait, en mesure de les prêter. De son côté,
Michelle Donelan, ministre de la Culture
britannique, déclarait à la BBC : «Nous ne
devrions pas renvoyer [les frises], elles
6

UP TO DATE
->
Le chantier de Kanal Centre Pompidou, en novembre 2022. © photo : Bart Grietens
appartiennent au Royaume-Uni, où nous
avons pris soin d’elles longtemps ». Ambiance.
S Le 16 décembre, le marchand d’art
Giuliano Ruffini, qui s’était rendu fin
novembre à la justice italienne, était mis en
examen par la justice française pour
tentative d’escroquerie et tromperie.
L’homme de 77 ans est accusé d’avoir
orchestré pendant des décennies un trafic
de faux. Il a été placé sous surveillance
électronique. S Parmi les œuvres d’art
vandalisées lors de l’insurrection du 8
janvier dernier, au sein des institutions
démocratiques de la capitale brésilienne,
Brasilia, outre un grand tableau du peintre
Emiliano Di Cavalcanti, on signale la forte
dégradation d’une pendule française
fabriquée par l’horloger de Louis XIV,
Balthazar Martinot (1636-1714), retrouvée au
sol, son coffre marron et doré très abîmé et
un trou béant à la place du cadran. Il
s’agissait d’un cadeau de la cour du
Roi-Soleil à la couronne portugaise, apporté
par le roi Joāo VI au Brésil, en 1808, lors de
sa fuite de Lisbonne à l’approche des
troupes napoléoniennes. La seule autre
pendule de ce type réalisée par l’horloger se
trouve au château de Versailles. S La foire
Masterpiece, organisée fin juin à Londres
depuis 2010, contrôlée depuis 2017 par
MCH, la maison mère d’Art Basel, qui avait
annulé deux éditions (2020 et 2021) en
raison du Covid, n’aura pas lieu en 2023. S
Forts du succès de leur événement namurois,
les organisateurs du salon Antica
annoncent la tenue, du 19 au 23-04 sur le
site de Tour & Taxis, de la première édition
bruxelloise de ce salon d’art et d’antiquités
haut de gamme, alliant qualité, éclectisme
et convivialité. www.antica.be S En 2024, la
maison de vente aux enchères Sotheby’s
devrait ouvrir un nouveau siège à Hong
Kong, sur la Six Pacific Place dans le quartier
de l’Admiralty (où sont implantés ses
bureaux actuels), ainsi qu’un espace
d’exposition et une salle de vente dans le
quartier du Landmark Chater. L’objectif :
mener des ventes en direct, proposer des
événements toute l’année et poursuivre la
stratégie de développement de l’enseigne
en Asie alors qu’elle fêtera, en 2023, ses 50
ans d’implantation sur le territoire. De leur
côté, les maisons Christie’s et Phillips ont
également fait part de leurs projets d’ouvrir
de nouveaux sièges à Hong Kong. La
première devrait s’installer en 2024 dans un
immeuble conçu par le cabinet d’architectes
de Zaha Hadid, tandis que Phillips prévoit
d’inaugurer son espace dans le quartier de
West Kowloon dès mars prochain.
10 millions pour un Vermeer…
C’est l’événement de ce printemps. L’exposition Vermeer au Rijksmuseum d’Amsterdam
(lire par ailleurs) devrait attirer la grande foule. Elle réunit pas moins de 28 tableaux sur les
37 recensés du grand maître de Delft, sans doute plus qu’il n’en put lui-même voir réunis de
son vivant. Las, une peinture et non des moindre manque toujours à l’appel. Volé à Boston,
le 18 mars 1990, Le Concert (1663-1666) faisait alors partie des collections de l’Isabella Stewart
Gardner Museum qui en avait fait l’acquisition contre 5.000 dollars, en 1882, lors d’une
vente organisée à Paris. Cette œuvre, qui vaudrait aujourd’hui pas moins de 250 millions de
dollars (231 millions d’euros) sur le marché n’a toujours pas été retrouvée. Elle représente une
élégante jouant du clavecin et un homme de dos, jouant du luth devant une femme chantant
debout à ses côtés. Au premier plan apparaissent les détails d’un tapis d’Orient posé sur
une table, un violon et une viole de gambe posée sur le sol. Sur le mur du fond, à droite, on
reconnaît L’Entremetteuse de Dirck van Baburen, œuvre qui appartenait à la belle-mère de
Vermeer. La rétrospective qui s’annonce, et le battage médiatique international autour de
l’artiste, sera peut-être l’occasion d’un rebondissement ? Avis aux Sherlock Holmes en herbe :
10 millions de dollars sont offerts par le FBI à qui, par ses informations, aidera à récupérer ce
chef-d’œuvre, ainsi que les douze autres toiles (dont une exceptionnelle marine de Rembrandt),
toujours portés disparus… www.gardnermuseum.org
->
Johannes Vermeer, Le Concert, 1663-
1666, huile sur toile, 72,5 x 64,7 cm .
Isabelle Stewart Gardner Museum,
Boston, inv. P21w27
7

UP TO DATE
Quelques foires en février…
->
Atelier de Rembrandt, Portrait d’homme,
XVIIe siècle. © Galerie Maru / Fine Art
Wavre
->
Leendert van Accoleyen, Pour la maçonnerie porteuse et non porteuse, 2022. © de l’artiste / Pizza
Gallery / Sculpture Park / Art Rotterdam
->
Isabel Miramintes, Corp Accord, sculpture.
© Art Thema / Fine Art Wavre
Du 09 au 12-02, Affordable Art Fair Brussels
est de retour pour sa 14ème édition.
Les visiteurs y ont droit à une aventure
artistique avec un large éventail d’œuvres
contemporaines en provenance de plus de
80 galeries belges et internationales. Sept
d’entre elles participent pour la première
fois : Galerie Oever (Ostende), Artcode
(USA / Mexique), Winarts Arte (Italie),
GLO’ART (Neerharen-Lanaken), Galerie
Cyril Guernieri (France), Galerie ACHILLEA
(France / Allemagne) et Galerie 22 (France).
www.affordableartfair.com S Nouvelle
venue au calendrier, Fine Arts Wavre réunit,
du 09 au 12-02 dans le chef-lieu du Brabant
wallon, une cinquantaine de galeries belges
et des pays limitrophes. La plupart des styles
et des époques y sont représentés : cabinets
de curiosités, peintures et sculptures
anciennes, modernes ou contemporaines,
bijoux, bijoux de créateurs, mobilier, argenterie,
antiquités anglaises et art asiatique. La
Galerie Maru, basée à Deurne, y présente
un rare portrait d’homme attribué à l’atelier
de Rembrandt. La Galerie Chastelain &
Butes (Gand) annonce un beau tableau du
peintre de genre allemand Gustaf Seyfferth
(1868-1876), Le Nouveau Monde. Enfin, la
galerie d’art moderne Pascal Mulpas de
Wavre, montre un masque en bronze d’André
Derain (1880-1954). www.wavrefineart.
com S Au cours des dernières décennies, la
foire madrilène d’art contemporain ARCO
est devenue l’une des plus importantes
plateformes artistiques du marché hispanophone.
Du 22 au 26-02, sa 42e édition aura
pour thématique ‘‘La Méditerranée : une
mer ronde’’, initiative mettant en lumière les
scènes artistiques des pays qui entourent
cette mer, du nord au sud et d’une côte
à l’autre. Nos régions y seront également
représentées par Annie Gentils (Anvers),
Harlan Levey Projects (Bruxelles) et Joey
Ramone (Rotterdam). www.ifema.es/en/
arco/madrid S En quête d’art contemporain
cutting edge ? Rendez-vous à Rotterdam !
Du 08 au 12-02, la ville entière se consacre
à sa semaine de l’art, réunissant foires,
ouvertures d’expositions, installations, spectacles
pop-up et visites d’ateliers d’artistes.
L’événement principal en est Art Rotterdam
(du 09 au 12-02), dont on ne manquera
pas cette année le parc de sculptures. Une
vingtaine d’œuvres de grande dimension
investissent la Tobacco Factory, un des espaces
industriels situés sur le site de l’usine
Van Nelle. Une partie est réservée aux
artistes de Rotterdam, mais une sculpture
du Belge Leendert van Accoleyen (Pizza
Gallery, Anvers) est également annoncée. Le
salon de design OBJECT vaut également le
détour, tout comme le salon de la photographie
Haute Photographie (tous deux du 09
au 12-02). www.rotterdamartweek.com
8

UP TO DATE
Un nouveau Léonard
pour Washington
Le promoteur immobilier Ian Woodner (1903-1990), s’il n’est pas aussi
connu que d’autres grands collectionneurs américains de la seconde
moitié du XXe siècle, avait pourtant amassé plus de 1000 dessins de toutes
époques, notamment de la Renaissance. Plus d’une centaine avaient été
donnés, notamment à la National Gallery de Washington, qui a encore
reçu, fin novembre, de la part des filles du philanthrope qui gèrent la
fondation familiale, un autre cadeau de prix, promis depuis 2017 : l’une des
caricatures auxquelles Léonard de Vinci s’adonna pendant une décennie,
entre 1495 et 1508, chaque fois sur quelques centimètres carrés, devenant
un des pionniers de la physiognomonie qu’allaient développer plus tard
Lavater et Lombroso. L’ensemble de 30 feuilles, qui a connu la notoriété
grâce aux copies qu’en fit son disciple Melzi, appartenait dans sa totalité au
duc de Chatsworth au début du XVIIIe siècle, avant d’être ensuite morcelé
et dispersé au gré des enchères. www.nga.gouv
->
Léonard de Vinci, Tête grotesque de vieille femme, 1489-
1490, plume et encre brune sur papier vergé, 6,4 x 5,1 cm.
National Gallery of Art, Washington.
Tournai gagne
le Challenge Patrimoine
Entre le double portail roman donnant accès
à la nef centrale de la cathédrale Notre-
Dame de Tournai, classée au patrimoine
mondial de l’UNESCO, se trouve une
remarquable statue de la Vierge à l’Enfant
dite Notre-Dame des malades, qui accueille
visiteurs, pèlerins et souverains depuis
le XIVe siècle. Aujourd’hui symbole de
la cathédrale, elle est, dès lors, chère aux
Tournaisien(ne)s. Cette œuvre gothique est
la grande gagnante du Challenge Patrimoine
2022, initiative de l’Institut royal du
Patrimoine artistique (IRPA), lancée dans
l’optique du bicentenaire de la Belgique et
qui met, chaque année, en compétition,
des trésors de notre héritage culturel dont
l’état de conservation est préoccupant.
Avec 4 633 votes, cette madone a véritablement
conquis le cœur du public et dès lors
retenue comme gagnante par la commission
de personnalités belges composant le
jury de cette édition. En d’autres termes,
l’IRPA s’engage à octroyer une réduction
de 5.000 euros sur le traitement de conservation
et/ou restauration de cette statue.
www.kikirpa.be
->
Notre-Dame des Malades, XIVe siècle,
Tournai, Cathédrale Notre-Dame. © IRPA
->
Vive la Zwanze !
La Zwanze est un type d’humour constitutif de l’identité belge. Sous des airs potache ou
trivial, elle « fait penser après avoir fait rire », écrivait Sander Pierron (1872-1945), homme
de lettres et critique d’art, coordinateur de la Great Zwans Exhibition de 1914. Dans la jeune
Belgique du XIXe siècle, la zwanze s’illustre par un esprit frondeur, hérité de Tyl Uilenspiegel.
Les Zwanzeurs refusent toute occupation de l’esprit. Subversifs à souhait, ils se moquent de
manière subtilement ‘‘hénaurme’’ du petit monde culturel, artistique et politique. Ils combattent
l’esprit de sérieux et battent en brèche les idées reçues. Dada n’est pas loin. L’historienne
et journaliste culturelle Eliane Van den Ende nous livre les arcanes de cette singularité
en un ouvrage réjouissant qui pointe les origines de l’humour et de l’identité belges.
Eliane Van den Ende, La Zwanze. L’humour comme identité belge, Artha, Gand, ISBN 978-9-46436-812-3, 26 €
9

Têtes de l’Art
Antonio Recalcati
In memoriam : Peintre autodidacte,
né en 1938 à Bresso, dans la banlieue
de Milan, Antonio Recalcati opère,
à vingt-deux ans, une entrée fracassante
dans le monde de l’art contemporain.
Alors que l’abstraction
domine la scène, il expose ses
Empreintes, manifeste en faveur de
la figuration – il avait appliqué son
propre corps sur la peinture qu’il
venait de répandre sur la toile. Célébré
dans son pays comme un prodige,
il est exposé à Bruxelles, réclamé
à Londres... Désigné pour représenter
l’Italie à la Biennale de Paris de
1963, Recalcati en profite pour poser
ses valises dans la capitale française.
Il y rencontre ceux qui, tels Bernard
Rancillac et Hervé Télémaque,
militent pour un retour de l’image,
tout en refusant de s’aligner sur le
Pop Art anglo-saxon. Installé à Carrare
depuis 1990, l’artiste décédait le
4 décembre. C’est la galerie Kaléidoscope
qui représente désormais
son estate.
© Facebook
Fernando Campana
In memoriam : Le 16 novembre, disparaissait
à São Paulo, à 61 ans, le
designer brésilien Fernando Campana,
cadet des deux indissociables
frères Campana. Ensemble, ils
ont pendant près de quatre décennies
réinventé les codes du design
contemporain au Brésil. Depuis la
pandémie, ils se consacraient à la
création d’un musée de design en
plein air inspiré de l’immense parc
national d’art contemporain Inhotim
sur les terres familiales, à Brotas,
dans l’intérieur de l’État de São
Paulo. L’ouverture est prévue cette
année.
Ger Luijten
In memoriam : Il dirigeait depuis 2010
la Fondation Custodia à Paris : Ger
Luijten est décédé d’une crise cardiaque
le 19 décembre à l’âge de 66
ans, sur sa terre natale des Pays-Bas.
C’était un directeur éclairé comme
on les aime, pour son érudition en
histoire de l’art et pour son charisme
qui rejaillissait sur le rayonnement de
la Fondation. Quand il s’exprimait,
son œil bleu pétillait de la lumière
de ces chefs-d’œuvre qu’il repérait
avec un talent infaillible, animé par
la joie de transmettre son enthousiasme.
Après des études de dessin, le
regard aiguisé et maîtrisant les diverses
techniques du medium, il s’était
tourné vers l’histoire de l’art et avait
occupé la fonction de conservateur à
Rotterdam (au musée Boijmans Van
Beuningen, de 1987 à 1990) puis au
département des arts graphiques du
Rijksmuseum d’Amsterdam qu’il dirigea
de 2001 à 2010.
© photo : Daria Scagliola
© photo : Miguel Schincariol
Maya Picasso
Pierre Dartevelle
In memoriam : Décédé le 14 décembre
à Uccle, l’expert en art premier et
marchand Pierre Dartevelle (1940)
avait réuni pendant un demi-siècle,
une des plus belles collections privées
d’art africain, notamment présentée
chez Lempertz à Bruxelles en
2018. Le Congo fut sa passion, initié
par son père, Edmond, explorateur
à l’époque de la colonie pour le
musée de Tervuren. Il avait ouvert
une galerie au Sablon, dont les rênes
sont aujourd’hui tenues par sa fille.
© photo : Valérie Dartevelle
In memoriam : Maya Widmaier-Picasso,
fille unique de Pablo Picasso et de
Marie-Thérèse Walter, décédait le 20
décembre à l’âge de 87 ans. Deuxième
des quatre enfants de Picasso, et
première de ses filles, elle était devenue
une experte respectée du travail
de son père, très impliquée dans les
questions d’authentification. Profondément
attachée à l’héritage de
Picasso, elle avait réuni un grand
nombre d’archives. Elle avait procédé
l’an dernier à la dation de neuf pièces
majeures en règlement de droits
de succession.
© photo : AFP
10

Suzanne Tarasiève
Anaïs Sandra Carion
Nomination : Nommée, début janvier,
directrice générale du MAD
Brussels, Anaïs Sandra Carion
(1991), diplômée en sciences de la
communication à l’ESCG, a entamé
sa carrière dans le monde du design
en tant que journaliste pour la plateforme
Designspeaking. Intégrant
en 2015 le département communication
d’Hermès Benelux Nordics
à Bruxelles, elle s’y est concentrée
sur le travail de jeunes designers et
artistes pour la création de vitrines
et publicités.
© photo : Robin Joris Dullers
In memoriam : La pétillante galeriste
Suzanne Tarasiève s’est éteinte le
27 décembre à Paris à l’âge de 73 ans,
des suites d’un cancer, après une vie
rythmée par l’amour de l’art et des
artistes. Elle avait ouvert la galerie
Triade à Barbizon, sa ville natale,
en 1978. En ces années 80, le Tout-
Paris s’y pressait pour découvrir les
peintres Jean-Pierre Pincemin et
Christian Bonnefoi lors de vernissages
mémorables. En 2003, poussée
par son ami collectionneur Marcel
Brient, elle a fait partie des galeristes
attirés par le nouveau quartier
du 13e arrondissement de Paris. En
2008, elle trouve son lieu de vie, doté
d’une résidence d’artistes, le Lot 19,
à Belleville. En 2011, l’ouverture de
sa galerie dans le Marais la consacre.
Elle était connue pour ses tenues
extravagantes, moulées sur son
corps athlétique, que Juergen Teller
adorait photographier. Soucieuse de
l’avenir de ses artistes, Suzanne Tarasiève
a organisé la reprise de sa galerie
par son équipe actuelle.
© Say Who / photo : Jean Picon
Virginie Devillez
Mercato : Après six années passées
à la tête du département Impressionnisme,
Art moderne et contemporain
chez Sotheby’s Belgium,
l’historienne de l’art Virginie Devillez
change de cap. Outre le courtage
d’œuvres d’art, elle a notamment
pour projet actuel le commissariat
de la grande exposition monographique
consacrée à l’artiste impressionniste
et mécène Anna Boch, qui
ouvrira ses portes en juillet prochain
au Mu.ZEE d’Ostende.
Adriano Pedrosa
Nomination : La prochaine biennale
d’art de Venise, dont la 60e édition
est prévue du 20 avril au 24 novembre
2024, aura pour commissaire
général le Brésilien Adriano Perdosa,
57 ans, directeur artistique du
MASP, le Museu de Arte de São Paulo.
Celui-ci a participé à de nombreux
événements internationaux :
commissaire adjoint de la biennale
de São Paulo en 1998 et co-commissaire
de celle de 2006, directeur artis-
Marie Noble
Nomination : Le Palais des Beaux-
Arts de Charleroi annonçait, midécembre,
la nomination de Marie
Noble au poste de directrice générale
et artistique de l’institution, une
fonction qu’elle occupera à partir de
la mi-mars en remplacement du
directeur actuel, Pierre Bolle, atteint
par la limite d’âge. Quadragénaire,
originaire du Brabant wallon, germaniste
et philosophe de formation,
Marie Noble fut successivement
commissaire adjointe artistique de
Mons 2015, directrice des pôles danse,
théâtre, littérature et médiation à
Bozar et commissaire générale de la
Foire du Livre de Bruxelles.
© photo : Barbara Iweins
tique de la triennale de San Juan
en 2009, ou encore co-commissaire
de la biennale d’Istanbul en 2012.
Lauréat du Audrey Irmas Award for
Curatorial Excellence 2023, décerné
par le Bard College de New York,
Adriano Pedrosa est non seulement
le premier curateur latino- américain,
mais aussi le premier issu de
l’hémisphère sud nommé commissaire
de la biennale de Venise.
© photo : Daniel Cabrel
© Facebook
11

MUSEES
Kees van Dongen
jusq. 07-05
Musée Singer
Laren
www.singerlaren.nl
Swedish Ecstasy
du 17-02 au 21-05
Bozar
Bruxelles
www.bozar.be
« Regardez-moi, je vais devenir célèbre », ces mots pleins
d’ambition sont ceux du jeune artiste Kees van Dongen
(1877-1968), originaire de Delfshaven, à Rotterdam. De fait,
il devint l’un des artistes les plus célèbres du XXe siècle, aux
côtés de Matisse, Braque et Picasso. Cette exposition, organisée
en collaboration avec l’Institut néerlandais d’Histoire
de l’Art (RKD), met en lumière le tout début de la carrière
de l’artiste et sa percée à Paris peu après 1900. En 1905,
Picasso l’invite à occuper un atelier au Bateau-Lavoir. Dans
ce Montmartre libre, Van Dongen se retrouve au coeur de
l’innovation et devient le peintre de la figure, novateur par la
couleur et la touche. (eb)
Kees van Dongen, Lieuses, 1905, huile sur toile, 37,5 x 45 cm. Collection
privée. © Pictoright Amsterdam 2022
Comme la Suède assure ce semestre la présidence tournante du
conseil de l’Union européenne, Bozar, selon une habitude désormais
établie, organise une exposition consacrée à ce pays. Le commissaire,
Daniel Birnbaum, critique d’art suédois, part du constat que le mysticisme
et les spéculations ésotériques en constituent le fil rouge, tant à
travers la littérature que les arts visuels, des écrits d’August Strindberg
aux œuvres de Hilma af Klint (1862-1944). Cette créatrice était entourée
d’un groupe d’artistes féminines moins connues, chacune explorant
des sphères surnaturelles grâce à des techniques occultes : ainsi, af
Klint fonda avec Anna Cassel, Cornelia Cederberg, Mathilda Nilsson et
Sigrid Hedman, le groupe Les Cinq (De Fem), qui explora des champs
spirituels à travers la méditation et les séances de spiritisme. C’est
autour de ce groupe que l’exposition se développe, ouvrant le champ
exploratoire jusqu’aux artistes actuels. (ah)
Hilma af Klint, The Swan, The SUW Series, Group IX, No.7, 1914, huile sur toile.
Courtesy The Hilma af Klint Foundation. © photo : Moderna Museet, Stockholm
Michele De Lucchi.
Futuro Gentile
du 12-02 au 27-08
CID
Hornu
www.cid-grand-hornu.be
Michele De Lucchi, World Station,
Education Stations, 2020. © de
l’artiste / photo : Filippo Bolognese
Michele De Lucchi est internationalement reconnu comme un designer et architecte ayant placé
l’approche humaniste au cœur de son travail. Cette exposition en témoigne en un parcours double,
chacun étant réservé à l’une de ses deux pratiques : les objets de design expérimental sont exposés
dans le Magasin aux Foins, tandis que les architectures visionnaires des Earth Stations sont racontées
à l’aide de vidéos et de maquettes, dans les Écuries. Michele De Lucchi (1951) estime que nous vivons
une époque caractérisée par de grands changements déterminés par les découvertes scientifiques et
les progrès technologiques. Malgré cette phénoménale évolution, notre vision de l’avenir demeure
sombre et morose. Par son œuvre, il souhaite introduire un imaginaire plus confiant dans nos capacités
et répondre de manière dynamique aux défis toujours plus complexes de l’humanité. (ah)
12

MUSEES
Thomas Demand
du 14-02 au 28-05
Jeu de Paume
Paris
www.jeudepaume.org
Ghada Amer
jusq. 16-04
MUCEM – Fort Saint Jean
/ Chapelle du Centre de
la Vieille Charité / FRAC
PACA
Marseille
www.mucem.org
Né à Munich en 1964, Thomas
Demand vit et travaille
entre Berlin et Los Angeles.
Depuis plus de vingt-cinq
ans, il tente, au travers de
ses photos et de ses sculptures,
de saisir ‘‘l’inquiétant
bégaiement de l’histoire’’
qui définit la culture
contemporaine de l’image.
Alors qu’elles semblent
représenter le monde réel,
un examen plus attentif de
ses photographies révèle
qu’elles n’entretiennent avec
lui qu’un fragile rapport
de similitude, lequel trahit
leur nature effective. Ce
sont les photographies de
sculptures, réalisées par
l’artiste à partir d’images
médiatiques existantes. Cette première rétrospective en France, se déploie
en quatre volets : Histoires inquiétantes, Les mystères de la vie quotidienne,
La pulsion architectonique et Des images qui bougent présentent la vision
globale du monde de l’artiste et interrogent les événements historiques que
nous consommons à travers le filtre des images. (ah)
Thomas Demand, Daily. © de l’artiste / Adagp, Paris, 2023
Voici une manifestation d’envergure, déployée dans
trois lieux, qui réunit les différents modes d’expression
plastique menés par Ghada Amer, artiste
franco-américano-égyptienne : broderie, peinture,
céramique, bronze et création de jardins, depuis ses
débuts jusqu’à ses créations les plus récentes. Au
MUCEM est mis en lumière le parcours transculturel
et international de l’artiste : ce qu’on appelle
l’Orient, sa perception par l’Occident, la traductibilité
d’une culture dans une autre, la religion et la
condition féminine. De leur côté, les jardins du fort
accueillent sa première sculpture-jardin, A Woman’s
Voice Is Revolution, tandis que le FRAC PACA réunit
nombre de ses broderies, la chapelle du Centre de
la Vieille Charité propose ses sculptures. (ah)
Ghada Amer, Self-Portrait in Blue and Yellow [autoportrait en
bleu et jaune], 2014, grès cérame avec incrustations de porcelaine
et barbotine de porcelaine. Collection de l’artiste, New
York. © de l’artiste / photo : Christopher Burke Studios
Danai Anesiadou
du 28-01 au 23-04
WIELS
Bruxelles
www.wiels.org
Danai Anesiadou, Untitled, 2022.
© de l’artiste
Née en Allemagne, Danai Anesiadou (1977) vit et travaille à Bruges. L’artiste exprime de
multiples questionnements métaphysiques et personnels à travers un séduisant corpus
d’œuvres tournées vers le cinéma, les sciences occultes, l’Antiquité grecque et l’état de
notre monde contemporain. Pour cette exposition, elle réunit l’intégralité de ses objets
domestiques, chaussures et vêtements, biens précieux – le tout solidifié en assemblages
exubérants faits de résine ou dans des housses industrielles de rangement sous vide. Elle
transforme ces objets en ‘‘orgonites’’, soit des transformateurs d’énergie, dans le but de
remodeler sa propre vie. (ah)
13

MUSEES
Guerrilla Girls
and Feminist
Graphic Design
du 28-01 au 17-09
Museum für Kunst
& Gewerbe
Hambourg
www.mkg-hamburg.de
Maria Helena Vieira
da Silva
jusq. 03-04
Musée des Beaux-Arts
Dijon
www.beauxarts.dijon.fr
En 1989, les Guerilla Girls posaient une question fondamentale
: pourquoi les femmes artistes sont si peu
représentées dans les collections muséales, alors que
le corps de la femme est l’un des plus importants
en art ? Depuis, si les choses ont évolué, ce groupe
international féministe n’a cessé de produire des
œuvres humoristiques et caustiques, élargissant ses
thématiques au sexisme, au racisme et à la discrimination.
Outre la présentation de leurs œuvres, cette
exposition fournit l’occasion d’élargir le propos en
intégrant dans le parcours les œuvres du musée qui
anticipaient cette réflexion. Ainsi, plus de 400 depuis
1870 sont réunies. Un beau challenge à ne pas manquer
! (ah)
Guerrilla Girls, Do Women Have to Be Naked
to Get Into The Met. Museum?, 1989. © Guerrilla Girls /
Courtesy guerrillagirls.com
Organisée à l’occasion des trente ans de sa disparition, cette rétrospective
rassemble près de quatre-vingt œuvres de Maria Helena Vieira da Silva
(1908-1992), afin de retracer les étapes-clés de sa carrière marquée par
un questionnement sans relâche sur la perspective, les transformations
urbaines, la dynamique architecturale ou la musicalité de la touche picturale.
Le parcours se déploie en deux parties, la première étant rétrospective et
chronologique tandis que la seconde met l’accent sur la relation privilégiée
entre l’artiste et ses mécènes, le couple Kathleen et Pierre Granville, grâce
auquel le musée des Beaux-Arts de Dijon conserve aujourd’hui près de
quarante de ses œuvres. Urbi et orbi, le plus grand format jamais peint par
l’artiste (300 x 401 cm), fut donné par elle au musée en 1972, afin de parachever
cette donation. (ah)
Maria Helena Vieira da Silva, La Grande chambre bleue, 1951, gouache et peinture à l’huile
sur panneau d’isorel. © Dijon, Musée des Beaux-Arts / ADAGP,
Paris 2022 / photo : François Jay
D’Ouzbékistan...
Le Louvre
Paris
www.louvre.fr
(jusq. 06-03)
Institut du Monde Arabe
Paris
www.imarabe.org
(jusq. 04-06)
Ces deux expositions invitent le visiteur au cœur de l’Asie centrale, sur les routes qui mènent à Samarcande
et à Boukhara, et à découvrir l’Ouzbékistan, centre intellectuel, culturel et artistique, au carrefour
de l’Inde, de la Chine et de l’Iran. Le Louvre accueille plus de 170 œuvres, parmi lesquelles des
trésors nationaux ouzbeks, offrant une incursion inédite qui réserve quelques moments d’émerveillement,
comme les peintures murales monumentales du palais des ambassadeurs de Samarcande, les
pages d’un des plus anciens corans monumentaux des débuts de l’Islam et des trésors d’or provenant
de Bactriane (sud de l’Ouzbékistan actuel), d’argent, de soie, de céramique fine. Parallèlement,
l’Institut du Monde Arabe présente plusieurs centaines de pièces confectionnées au tournant du XXe
siècle, qui plongent dans un savoir-faire ancestral : manteaux chapans et accessoires brodés d’or de
la cour de l’émir, selles en bois peintes, harnachements de chevaux en argent sertis de turquoises,
précieuses tentures brodées suzanis, tapis, ikats de soie, bijoux et costumes de la culture nomade,
ainsi qu’une quinzaine de peintures orientalistes. (ah)
Cuillère-fourchette Paykend, VIIe siècle
ap. J.-C., fouilles de Boukhara. Musée
du Louvre. © Art and Culture Development
Foundation, Republic of Uzbekistan
/ photo : Andrey Arakelyan
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MUSEES
Maximilian von
Goldschmidt-
Rothschild
du 28-01 au 04-06
Museum Angewandte
Kunst
Francfort
www.museumangewandtekunst.de
Beyond the Streets
London
du 17-02 au 09-05
Saatchi Gallery
Londres
www.saatchigallery.com
Maximilian von Goldschmidt-Rothschild fut la seule
personne d’origine juive à être anoblie par l’empereur
Guillaume II en raison de son succès personnel et de ses
activités philanthropiques. Il fut aussi un collectionneur
passionné d’art décoratif, des reliques médiévales aux
meubles de style Louis XV, en passant par la céramique,
l’orfèvrerie et aussi la peinture des maîtres anciens. En
1938, les nazis le forcèrent à vendre sa collection et son
palais à la ville de Francfort. Tous les musées de la cité
furent alors gratifiés d’œuvres dont beaucoup ont été
restituées après la Seconde Guerre mondiale. Une histoire
largement évoquée dans cette exposition. (ah)
Hippocampe en forme de verre à boire, ca. 1590-1600, argent doré.
© The Los Angeles County Museum of Art
Pour la première fois depuis huit ans, l’exposition envahira tous les espaces
de la galerie. A l’origine du Street Art, le graffiti est éphémère. Aussi, l’exposition
réunira à la fois des œuvres originales, des photographies d’œuvres
disparues et des installations spécifiques rappelant certaines d’entre elles.
Le but est d’explorer le Street Art dans toute sa complexe diversité, son
activisme, ses guerillas urbaines, ses domaines d’activité, depuis la peinture
de trains jusqu’à la mode. Les grands noms du Street Art, du hip-hop, du
punk rock et de la culture underground sont évoqués ainsi que le rôle particulier
joué par la ville de Londres. (ah)
Kenny Scharf, Closet #42 Bestest ever honor fraser, 2022. © de l’artiste / photo : Charles
White / JW pictures
Kiki Kogelnik
du 02-02 au 25-06-2023
Kunstforum Wiens
Freyung, n°9
Vienne
www.kunstforumwien.at
Kiki Kogelnik, Superserpent, 1974. Vienne, Musée
Ortner. © The Kiki Kogelnik Foundation
Kiki Kogelnik (1935-1997) est avant tout considérée comme la seule artiste autrichienne
à avoir embrassé le Pop art. Cette vaste exposition cherche à démontrer combien son
œuvre dépasse cette tendance. Après avoir étudié en Autriche et voyagé en Europe, elle
s’est installée à New York en 1962, s’intégrant effectivement dans le milieu artistique Pop.
Mais, elle déploie sa propre réflexion critique de la société de consommation aux questionnements
concernant les progrès technologiques, la médecine, le traitement du corps
féminin et la réalité de sa propre vie d’artiste, de mère et d’épouse. Son travail, plein de
punch et d’humour, témoigne aussi de son ouverture à de nouvelles matières comme le
vinyle. (ah)
15

Paroles de galeristes #02.2023 — PART 1
Whitehouse
Gallery
Oasis artistique loin
du bruit
La Whitehouse Gallery est établie dans
une demeure du XVIIIe siècle au cœur
d’un arboretum historique, à la lisière de
Louvain. Depuis 2014, Bert Verlinden et Elly
Kog y ont créé un endroit singulier consacré
à l’art contemporain. Situé à l’écart des
autres plateformes artistiques, c’est un lieu
de rencontre accueillant artistes jeunes
et confirmés qui y montrent surtout de
nouvelles œuvres. Si les habitués des foires
les connaissent, une visite sur place offre une
expérience supplémentaire.
COLLECT : Quelle est la vision
de la galerie et comment
celle-ci a-t-elle vu le jour ?
Bert Verlinden et Elly Kog : « Le
succès d’une galerie réside dans
l’établissement de relations
de confiance avec les clients
existants et potentiels. Cela
prend du temps de se faire une
réputation comme enseigne de
qualité, ce que dans le monde
de l’art on nomme un ‘‘pedigree’’.
Dès que vous avez une
réputation, le bouche à oreille
rend les choses relativement
faciles. Mais comme pour toute
entreprise, il faut continuer à
proposer de la qualité à tous
les niveaux, par exemple en
termes d’expositions, d’artistes
produits, de visibilité et de
traitement rapide et correct des
ventes. Tout cela contribue à la
réputation de la galerie. »
Quelle avancée majeure votre
galerie a-t-elle connue ?
« Nous avons débuté il y a huit
ans et demi. Nous enregistrons
une importance croissante de la
fréquentation numérique et investissons
donc de plus en plus
dans notre site Web, avec de
bonnes images des expositions
et des reproductions de qualité
des œuvres, des newsletters
attrayantes et des posts Instagram
sympas. Nous suivons
aussi l’évolution des NFTs, car
il est crucial de se tenir informé
dans ce monde numérique.
Tout cela élargit la base de notre
clientèle. Ces dernières années,
nous avons vendu à des Belges
mais aussi à des clients sur tous
les continents, essentiellement
par la voie du numérique. »
Comment décririez-vous les
relations de votre galerie avec
ses artistes ?
« Des relations basées sur une
confiance réciproque sont essentielles.
En tant que galeriste,
nous devons demeurer ouverts
à un art de qualité, même s’il
est ou devient moins vendable.
L’artiste doit à son tour être
honnête dans ses relations
avec la galerie et évoluer en
continu sur un plan artistique.
Les réseaux jouent un grand
rôle tant pour le galeriste que
pour l’artiste, mais l’attention se
porte ailleurs, c’est-à-dire vers
les contacts commerciaux pour
la galerie et artistiques pour les
artistes. »
Comment les collectionneurs
arrivent-ils jusqu’à vous ?
« Notre ‘‘galerie distante’’ ne
peut pas compter sur des visiteurs
occasionnels. Nous tentons
de tenir nos clients informés
par toutes sortes de canaux
© Whitehouse Gallery
« Nous suivons aussi l’évolution
des NFTs, car il est crucial de se
tenir informé dans ce monde
numérique. »
et d’étendre ainsi leur nombre.
La participation à des salons
d’art de qualité et une présence
en ligne sur une plateforme
artistique internationale comme
Artsy revêtent dès lors une
importance capitale. Un accueil
chaleureux dans un bâtiment
remarquable constitue à nos
yeux un atout majeur. »
Comment découvrez-vous
vos artistes ?
« Nous recherchons sans cesse
des artistes novateurs qui
produisent des œuvres valables
sur un plan technique et avec
une idée sous-jacente. Nous les
découvrons tout d’abord sur les
conseils de nos propres artistes.
Nous visitons aussi beaucoup
d’expositions et d’ateliers.
Bruxelles est très attractive pour
les artistes. Et, par bonheur,
les collectionneurs belges
sont également ouverts à l’art
venant de l’étranger. »
Vous inspirez-vous des tendances
du marché ?
« Depuis la pandémie, la vente
d’art en ligne a considérable-
ment augmenté. Des images
de qualité des œuvres jouent
dès lors un rôle crucial. Il en
résulte que les œuvres doivent
rapidement nous parvenir pour
une foire ou une exposition,
ce qui n’est pas toujours facile
pour les artistes. Le processus
de communication numérique
préparant ce type de présentation
garantit la moitié du
succès. »
À quel moment estimez-vous
qu’une exposition est réussie
?
« D’abord lorsque de nombreux
visiteurs se déplacent pour venir
la voir. Une bonne vente est un
deuxième indicateur de réussite,
pour la galerie mais aussi
pour la plupart des artistes ! »
Isabel Fredeus. Are you coming
or going? An analogue puppetry
of light behaviour /
Nancy Moreno. Buzz
Whitehouse Gallery
Lovenjoel
www.whitehousegallery.be
jusq. 19-02
16

GALERIES
Kean
jusq. 22-02
Galerie Duret
Bruxelles
www.galerieduret.com
Johannes Kahrs
et Philip Metten
du 04-02 au 01-04-2023
Zeno X
Borgerhout
www.zeno-x.com
Autodidacte, Kean (1988) a
d’abord déployé ses talents
dans l’espace urbain en tant
que graffeur. Aujourd’hui, il
livre des paysages abstraits
qui impressionnent par la
perfection de leurs dégradés.
Résultat de nombreuses
années de recherches,
son processus de création
rapide et précis, dû au très
court temps de séchage de
l’acrylique, dérive du graffiti
ainsi que de la photographie :
« Je travaille uniquement
l’acrylique, avec des spalters
– soit des pinceaux très larges
et fins – pour réaliser ces
dégradés. » Ses gammes de
couleurs nous plongent dans
des atmosphères nuancées
qui convoquent les sens et une variété d’émotions. Nous sommes dans l’instant
: le bleu profond d’un ciel nocturne, les oranges d’une soirée d’été, les
roses du lever du jour… On contemple des horizons lointains, une sélection
de tableaux abstraits qui ouvre une réflexion spirituelle. Particularité de
cette exposition, la présentation d’une œuvre de petit format. Et pour cause,
les créations de Kean sont généralement grandes, composées en tiers selon
les principes de la photographie, avec le plus souvent une ligne d’horizon,
franche ou estompée. (gg)
Kean, Come a little closer, s.d., acrylique sur toile, 130 x 97 cm. © de l'artiste /
Courtesy Galerie Duret – Prix : entre 3.200 et 8.900 €
Que faut-il
attendre de la deuxième
exposition
solo de Johannes
Kahrs (1965) chez
Zeno X ? Ses
nouveaux tableaux
s’inspirent une fois
de plus d’images
médiatiques ou
d’arrêts sur image,
peints différemment,
et il s’agit
parfois aussi de portraits. L’artiste ne cesse de remettre
les choses en question, peignant entre autres deux fois le
même homme dans la même pose. Si la figure ne trouve
pas à sa place dans l’art de Philip Metten (1977), cela ne
veut pas dire pour autant qu’il ne nous questionne pas.
Il s’est fait un nom grâce à ses sculptures souterraines et
ses installations accessibles. Une œuvre récente portait
sur l’aménagement du restaurant ESSEN à Anvers. Cette
exposition solo démontre que ses collages picturaux
de papier ont pris une tournure plus sculpturale. Les
collages de morceaux de toile cousue sont récents. Ils
peuvent représenter des pixels d’images, un masque,
une carte, un modèle architectonique. Son langage
visuel mélange les échos de la Préhistoire et d’un avenir
lointain, les rituels tribaux, le modernisme, les films de
science-fiction et le cinéma expérimental. (cv)
Philip Metten, 080322, 2022. © de l’artiste / Courtesy Zeno X Gallery
– Prix : Philip Metten, de 3.000 à 15.000 € ; Johannes Kahrs, de
20.000 à 70.000 €
Ben Edmunds invite à gravir
des montagnes
du 04-02 au 19-03
Tatjana Pieters
Gand
www.tatjanapieters.com
La deuxième exposition solo de l’artiste britannique Ben Edmunds (1994) organisée par Tatjana
Pieters s’intitule Second Mountain, comme l’ouvrage de David Brooks paru en 2020 sur la recherche
d’une vie significative. L’ascension de la première montagne portait sur la carrière, la réussite,
la richesse, autant de termes qui ne sont pas forcément synonymes de bonheur. Cette seconde
montagne concerne le lien avec autrui et notre environnement. Quel est le pouvoir du tableau ?
Par le passé, Ben Edmunds associait le potentiel transcendant de la peinture abstraite à sa propre
expérience de sports comme la voile. Second Mountain est désormais une marque apposée sur les
cadres confectionnés par l’artiste, comme s’il s’agissait de matériel d’escalade. Cela renvoie aussi
au lien avec autrui. Signalons au passage deux tenues vestimentaires, une collaboration avec le
créateur de mode Oliver Selic et une bande-son de Joe Clark. Dans une autre salle, Ben Edmunds
présente Search Party, exposition collective réunissant une foule d’autres artistes amis, dont Beatrice
Lettice Boyle et Charles Degeyter. (cv)
Ben Edmunds, Miracles d’une nouvelle
perspective, 2022 (détail), peinture
pour textile et peinture acrylique sur
toile avec contour différent et cadre
fait main, 180 x 140 cm. © de l’artiste
/ Courtesy Tatjana Pieters – Prix :
10.000 €
17

GALERIES
Alioune Diagne
jusq. 04-03
Templon
Bruxelles
www.templon.com
Arno
Rafael
Minkkinen
jusq. 25-02
La Patinoire Royale -
Galerie Valérie Bach
Bruxelles
www.prvbgallery.com
Pour la première fois
à Bruxelles, le peintre
franco-sénégalais Alioune
Diagne (1985) dévoile une
quinzaine de tableaux
autour de la notion de
voyage, de mouvance et de
déplacement. L’artiste se
distingue immédiatement
en fondant, en 2013, un
mode d’expression unique,
le ‘‘figuro-abstro’’. Composé
d’une image figurative
créée à partir d’un nombre
infini de motifs, l’œuvre de
Diagne interpelle par sa
complexité et le dynamisme de ses scènes qui dépeignent le quotidien de
la communauté noire et de la diaspora africaine à travers le monde. L’exposition
se déploie à travers une palette chatoyante : le vert citron côtoie
l’indigo, l’aigue marine et le jaune canari dans une explosion de couleurs
vives. Dans cette série, les toiles flirtent plus que jamais avec l’abstraction.
De prime abord, l’œil se perd dans l’infinité des signes qui composent
la toile et dont aucun n’est identique. Mais, c’est en s’éloignant que les
toiles se livrent dans des scènes locales prises sur le vif. L’une dépeint une
scène de marché, une autre montre un regroupement matinal sur la place
publique. (gg)
Alioune Diagne, Arrivée des pêcheurs à Cayar Sénégal, 2002, huile et acrylique sur toile,
100 × 100 cm. © de l’artiste / Courtesy Templon, Paris – Bruxelles – New York –
Prix : entre 25.000 et 30.000 €
Exposées dans le monde entier, les œuvres du photographe
finlando-américain Arno Rafael Minkkinen
(1945) explorent essentiellement l’autoportrait, sur fond
d’engagement militant en faveur d’une meilleure place de
l’homme dans la nature. « Celle qu’il s’assigne à lui-même
se veut souvent discrète, fondue, évocatrice de cet Eden
perdu dans lequel l’humanité commença son aventure
ontologique, précise le communiqué de presse. Habitant
le monde, son monde, en poète, Minkkinen considère son
intervention dans le paysage comme un prolongement
naturel de son corps, faisant ainsi citation de la partie
par rapport au tout. Cette tautologie amène à découvrir
comment ce corps humain, le sien, s’intègre parfaitement
dans la nature dont il est partie prenante, mais
aussi tributaire. L’artiste n’hésite pas, en effet, à se mettre
même en danger, à repousser les limites du possible et
du tolérable par une forte contrainte corporelle liée à des
pratiques de respiration, de contorsion, de résistance au
froid et à la chaleur, cette posture ascétique, proche de
celle du fakir, allant même parfois jusqu’à la disparition.
C’est toujours seul que l’artiste se photographie au moyen
d’un déclencheur, sans retouche ultérieure, ni intervention
extérieure. » (gg)
Arno Rafael Minkkinen, Stranda, 2007, Norvège, photographie, 147 x
194 cm. © de l’artiste / Courtesy La Patinoire Royale – Galerie Valérie
Bach – Prix sur demande
Premier solo belge
pour Kristian Touborg
du 03-02 au 16-03
Newchild Gallery
Anvers
www.newchildgallery.com
Kristian Touborg, Void Portal (Portail
vide, autoportrait), 2022, peinture à
l’huile, peinture acrylique et colorant
de sublimation sur polyester et tissu
réfléchissant, 170 x 134 cm. © de l’artiste
/ photo : Newchild Gallery – Prix : de
8.000 à 25.000 €
L’artiste danois Kristian Touborg (1987) réunit de nouvelles œuvres pour sa première exposition solo
en Belgique. Il espère ainsi faire preuve d’originalité. Ses tableaux ont toujours quelque chose de
tridimensionnel et il lui arrive de créer des sculptures. Mais c’est avant tout un peintre qui mélange
techniques traditionnelles et nouveaux supports comme les impressions numériques. Il aime la
nature, les fleurs, l’eau, la forme du corps, les superpositions, les couleurs et la lumière. Il l’exprime
dans une nouvelle vidéo où il indique choisir des moments du quotidien pour créer une sorte de capsule
temporelle. Il tente d’incorporer dans ses tableaux les structures sociales et ce qu’il observe dans
le monde. L’été dernier, il présentait, dans le cadre d’une exposition collective à la galerie, le tableau
intitulé Void Portal (2022), scène domestique dans un halo onirique magenta, réalisée au départ
d’une photo de lui-même au lit. Ce tableau, qui ne fait pas partie de la sélection, témoigne d’emblée
du caractère personnel de l’œuvre de l’artiste. (cv)
18

GALERIES
Fiona Rae
jusq. 18-03
Galerie Nathalie Obadia
Bruxelles
www.nathalieobadia.com
Daniel De Thuin
jusq. 28-02
Antécédence –
Galerie Ephémère
Thuin
Fiona Rae (1963) est l’une
des peintres abstraites les
plus importantes de sa
génération. Depuis plus
de 30 ans, elle élabore
une œuvre au vocabulaire
riche et complexe, capable
à la fois de rendre hommage
à l’histoire de l’art
– l’artiste ne révoque pas la
résonance Pop de certains
motifs, ni l’influence d’une
gestuelle propre à l’expressionnisme
abstrait – tout
en élaborant son propre
langage visuel novateur,
ancré dans notre contemporanéité.
Cette exposition
présente des peintures
et des œuvres sur papier
de 2015 à 2021. Un aperçu
qui atteste de sa virtuosité
picturale ainsi que de sa capacité à produire des images énigmatiques à
l’expressivité vive. Au premier étage, des peintures appartenant aux séries
Greyscale, Figure et Pastel. La disposition des œuvres révèle des variations
chromatiques suivant une ascension dramatique du clair au sombre.
Au deuxième étage, des œuvres de la série la plus récente Word, de la
série Abstract ainsi qu’une sélection d’œuvres sur papier. (gg)
Fiona Rae, Gouache (following darkness), 2017, gouache sur papier, 42 x 29,7 cm. © de
l’artiste / Courtesy Galerie Nathalie Obadia Paris – Bruxelles / photo : Antony Makinson
at Prudence Cuming Associates Ltd – Prix sur demande
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Charleroi,
Daniel De Thuin explore le dessin et la sculpture avant de
poursuivre son travail artistique par la voie de la peinture.
Celle-ci se fera de plus en plus abstraite, épurée,
jouant essentiellement sur des nuances de gris reliées
entre elles par une ponctuation colorée. De la sculpture,
Daniel De Thuin conserve cette volonté d’introduire de
la matière, du volume sur la surface picturale. Christian
Dupont, ancien ministre de la fonction publique :
« Ces splendides monochromes de gris, de toutes les
gammes de gris, qu’il confectionne avec amour nous
rappellent l’ardoise, le schiste, les toitures et les textures
de nos maisons ouvrières. Du coup, la texture de la
matière, entre brute et polie, se fait paysage sensuel... »
Subitement, l’artiste a pris plaisir à laisser parler instinctivement
ses pinceaux, ses couleurs, gestuellement
et spontanément pour le seul plaisir de peindre. Des
images étranges et fortes apparaissent librement. Entre
matière et éther, entre rocs, vents, nuages, orages…, le
visiteur se retrouve seul dans une atmosphère réveillant
tous les sens. Un ensemble qui dégage un sentiment de
quiétude palpitante. (gg)
Daniel De Thuin, De pierres et d’éthers…, 2022, acrylique et huile sur
toile, 80 X 120 cm. © de l’artiste / Courtesy Antécédence – Galerie
Ephémère – Prix : entre 450 et 3.000 €
L’aventure silencieuse
des espaces intervallaires
du 17-02 au 18-03
Odradek
Bruxelles
www.odradekresidence.be
André Lambotte, Sans titre, s.d., crayons de couleur
sur papier, 21 x 21 cm. © de l’artiste / Courtesy
Odradek – Prix : entre 1.000 et 4.000 €
Sur une proposition d’André Lambotte, Odradek présente une exposition dont la thématique
tient en une seule phrase de Rainer Maria Rilke, citée en 1985 par Henri Maldiney :
« L’aventure silencieuse des espaces intervallaires. » Le lieu réunira des œuvres sur papier
dans lesquelles les jeux de ‘‘blancs’’ (ou valeurs très claires) apparaissent comme des
respirations, des silences, des ‘‘vides’’ (espaces intervallaires) qui parcourent les tracés plus
colorés ou plus foncés de surfaces souvent plus importantes. Cinq artistes se partageront
l’espace : les Belges Kiran Katara et André Lambotte, les Français Albert Palma, Jacques
Pourcher et Frank Vigneron. Une programmation assurément pointue dans un lieu d’exposition
toujours propice à la réflexion. (gg)
19

GALERIES
Nicolas Party
jusq. 04-03
Xavier Hufkens
Bruxelles
www.xavierhufkens.com
Christian
Renonciat
jusq. 04-03
Galerie La Forest Divonne
Bruxelles
www.galerielaforestdivonne.com
Pour sa troisième exposition chez Xavier Hufkens, Nicolas Party (1980)
présente un ensemble de nouvelles œuvres (pastels, cabinets et peintures
à l’huile sur cuivre). Se plongeant dans l’art du passé, il a créé
deux grands triptyques au pastel qui reflètent l’échelle des retables
historiques. De l’œuvre de Jérôme Bosch (Le Jardin des délices) aux
triptyques de Francis Bacon, les artistes ont longtemps exploré, par
convention ou par choix, cette structure organisationnelle distincte.
Dans ses triptyques, la nature occupe une place centrale : les arbres
dominent l’un, les nuages l’autre. Maîtrisant l’art presque oublié de
la peinture sur cuivre, l’artiste livre aussi des cabinets analogues aux
petites peintures portables, ou icônes, traditionnellement destinées
au culte privé. Il reproduit également les grisailles qui ornent souvent
le revers de ces artefacts anciens. Lorsqu’elles sont fermées, les compositions
monotones en gris et blanc dissimulent les couleurs vives de
l’intérieur. (gg)
Nicolas Party, Triptyque à la Forêt rouge, 2022, huile sur cuivre et huile sur panneau
de bois, 31 × 49 × 6,5 cm. © de l’artiste / Courtesy Xavier Hufkens, Bruxelles / photo :
Adam Reich – Prix sur demande
Spectaculaires à souhait, les sculptures de Christian Renonciat
(1947) nous plongent dans un espace qui interroge
et remet en question notre perception. Par sa technique
d’une finesse extrême, l’artiste s’inscrit dans la grande
tradition de la sculpture sur bois, avec ses drapés et tout
ce qu’ils contiennent de sensualité. Ses œuvres hyperréalistes
entrouvrent, comme l’artiste l’explique lui-même, « la
bibliothèque prodigieuse des sensations en mémoire ». Et
c’est précisément de mémoire dont il est ici question. Ses
sculptures, donnant la vertigineuse illusion du papier, du
carton, de la laine ou encore de la mousse, convoquent instantanément
le souvenir de ces matières sous nos doigts ou
l’écho de leurs murmures dans nos oreilles. Une production,
véritablement troublante, qui taquine nos sens, la tentation
de toucher étant irrépressible. Pour sa première exposition
personnelle à Bruxelles, l’artiste présente un important ensemble
de bas-reliefs récents en tilleul, ayous et cèdre. (gg)
Christian Renonciat, Ondée 1, 2022, sculpture en bois de tilleul, 75 x 60
x 6 cm. © de l’artiste / Galerie La Forest Divonne – Prix : entre 3.000 et
30.000 €
Lysiane Ambrosino
jusq. 11-03
Tandemm
Bruxelles
www.tandemm.be
Designer textile et illustratrice, Lysiane Ambrosino (1991) réalise des gouaches, des sculptures en
argile et de mini-tapisseries. Basées sur le thème de la lumière de l’hiver, du chez soi, l’artiste nous
présente une série de gouaches, de mini-tapisseries, de petites sculptures et mobiles en argile
emplis de couleurs, de fleurs, de motifs et de lumière. Une ode au soleil, à la lumière présente, et si
absente à la fois, durant l’hiver en Belgique. Diplômée de l’ENSAV La Cambre à Bruxelles, Lysiane
Ambrosino travaille dans le secteur de la mode et de l’ameublement pour des marques et des
studios de création. Elle questionne la couleur, le motif et l’assemblage dans ces projets. Passer du
dessin à la matière et de la matière au dessin fait partie de son processus créatif. Pluridisciplinaire et
curieuse, ses recherches s’articulent autour de plusieurs médiums et techniques (gouaches, textiles,
dessins, collages...) où naissent des projets colorés, poétiques et parfois abstraits. Lysiane Ambrosino
fait également partie du collectif d’illustration bruxellois Cuistax, dans lequel elle participe au
Fanzine et à divers projets culturels et expositions. (gg)
Lysiane Ambrosino, Sans titre (série :
Soleil d’hiver), gouache, 30 x 40 cm. © de
l’artiste – Prix : entre 20 et 450 €
20

Dauwens
& Beernaert
Version Oldskool
Joris Beernaert et Laurence Dauwens, de la galerie
bruxelloise d’art contemporain Dauwens & Beernaert,
s’associent à leurs collègues de la galerie anversoise
de maîtres anciens Lowet de Wotrenge. Des œuvres
de jeunes talents vont ainsi côtoyer celles de Frans
Francken II, Jan Fijt et Hieronymus Francken I.
Un entretien passionnant.
COLLECT : Comment cette
collaboration avec Lowet de
Wotrenge a-t-elle vu le jour ?
Joris Beernaert et Laurence
Dauwens : Ce n’est pas la première
fois que nous présentons
des œuvres historiques. Lors
de notre exposition inaugurale,
intitulée Rétrospective/Introspective,
nous avions montré un
Warhol de 1984 qui avait été exposé
pour la première fois chez
Sabine Wachters, ancien propriétaire
de notre immeuble. Le
retour de cette œuvre était une
forme d’hommage à l’histoire
du lieu. Comme partie d’un
concept, nous intégrons de plus
en plus d’œuvres anciennes.
Nous remontons un peu plus
dans le temps avec Oldskool,
soit jusqu’aux XVIe et XVIIe
siècles. Ce dialogue avec les
maîtres anciens est au cœur
du concept. L’idée nous trottait
dans la tête depuis un certain
temps, car nombre de nos
artistes se penchent de manière
rafraîchissante sur des thèmes
et techniques ‘‘old school’’.
Nous avons trouvé en Tyr Baudouin,
directeur et fondateur de
la Galerie Lowet de Wotrenge,
un partenaire idéal qui propose
des œuvres de qualité muséale
et s’est immédiatement
enthousiasmé pour notre projet.
Il faut se faire épauler pour
mener cela à bien et nous avons
trouvé cette expertise chez Tyr.
Nous sommes ravis de pouvoir
intégrer des chefs-d’œuvre,
allant d’un magnifique portrait
de Saint-Jérôme par Artus
Wolffort à des dessins botaniques
et tactiles à la plume de
Nicolaas Struyk.
Qu’est-ce qui rend ce dialogue
intéressant ?
Les canons de l’histoire sont immuables.
Les paysages, marines,
scènes de genre, portraits et
natures mortes demeurent charmants.
Sur le plan de l’utilisation
des matériaux, les techniques de
la peinture dominent toujours.
Le contexte a, en revanche,
énormément changé. C’est
ce dont nous voulons témoigner
avec Oldskool. L’artiste
contemporain se retrouve face
à la masse pesante de l’histoire
de l’art, dans laquelle tout ou
presque a déjà été dit et fait. Il
peut y puiser l’inspiration, mais
il n’est pas du tout certain de
pouvoir produire quelque chose
de pertinent. La modestie est
sa seule échappatoire possible,
comme en témoigne l’œuvre de
Quinten Ingelaere, qui a réalisé
une série de natures mortes
inspirées d’Adriaen Coorte.
Par la composition ou l’ajout
d’éléments tactiles tels que des
yeux, la nature morte se mue à
la fois en étude de caractère et
en portrait.
Pourquoi misez-vous sur les
expositions collectives ?
Lors des visites d’atelier, nous
avons constaté que de nom-
© photo : Diego Franssens
« Nous tentons, par nos expositions
collectives, d’éliminer la pression
qui pèse individuellement sur
chaque artiste. »
breux artistes abordent des
thèmes susceptibles de donner
lieu à un dialogue intéressant.
Notre espace est par ailleurs suffisamment
grand et imposant :
il faut une production relativement
massive pour le remplir
par le biais d’une exposition
personnelle. Nous tentons donc,
par des expositions collectives,
d’éliminer la pression qui pèse
individuellement sur chaque
artiste. A terme, notre ambition
est d’évoluer vers un plus grand
nombre d’expositions personnelles.
Nous présenterons, par
exemple, un solo d’œuvres de
Toon Boeckmans, à Art Rotterdam.
Ce type d’exposition vise-t-il
à drainer un nouveau public à
la galerie ?
Nous souhaitons, avant tout,
établir un dialogue entre les
œuvres et le public. Si l’intégration
des maîtres anciens
parvient à attirer un nouveau
public, tant mieux, mais ce
n’est pas l’objectif premier.
Nous constatons que certains
clients associent sans hésiter art
contemporain, maîtres anciens,
design vintage, Art déco, œuvres
précolombiennes, parfois même
oldtimers dans leur collection.
Pourquoi pas ? Elle doit intégrer
une niche, car chaque domaine
exige une extrême spécialisation.
Une galerie est tributaire
de sa réputation et de ses choix
parmi l’offre pléthorique de l’art
contemporain. Un marchand,
actif sur le second marché, mettra
plus volontiers l’accent sur la
provenance, l’authenticité et le
pedigree de l’œuvre. Nous nous
réjouissons de pouvoir réunir ces
deux domaines de compétence
dans l’exposition Oldskool.
Oldskool
Dauwens & Beernaert
Bruxelles
www.dauwensbeernaert.com
jusq. 13-02
#02.2023 — PART 2
Paroles de galeristes
21

L’ARTISTE DU MOIS
Julien Meert
Dans cette série, COLLECT éclaire la position qu’occupent les jeunes
artistes dans le monde de l’art contemporain. Pourquoi ont-ils choisi
cette voie, d’où leur vient leur inspiration et comment envisagent-ils
leur place ? Ce mois-ci, c’est au tour du Bruxellois Julien Meert (1983).
TEXTE : ELIEN HAENTJENS
PORTRAIT : GUY KOKKEN
Depuis plus de douze ans, Julien
Meert crée tableaux, dessins
et vidéos dans le lieu où Xavier
Hufkens ouvrait sa première galerie
dans les années 1980, derrière l’église
de Saint-Gilles. Rendu célèbre grâce à
ses portraits monumentaux, il tourne son
regard vers le monde pour l’exposition
Planetarium, inaugurée mi-janvier : « Les
portraits signifiaient une confrontation
avec moi-même. Je n’avais pas d’espace
mental pour intégrer l’environnement.
Cela change peu à peu. Cette évolution
intérieure va de pair avec un glissement
de mes toiles, de la verticale à l’horizontale,
avec une utilisation marquée de la
couleur. L’usage des pastels contrastait
déjà avec le contenu relativement lourd
de mes œuvres. Cette nouvelle étape,
je la dois en grande partie à l’excellent
encadrement de ma galerie. Après une
exposition décevante, il y a six ans, j’étais
sur le point de tout arrêter. Jusqu’au jour
où Sébastien Janssen (Sorry we’re closed)
m’a envoyé un e-mail de félicitations
après avoir découvert mes portraits à
l’occasion d’Unseen au Wiels. Il a ensuite
visité mon atelier et m’a aidé, tant sur un
plan psychologique que financier. Il m’a
offert une liberté inconditionnelle, celle de
retrouver plaisir de peindre et confiance
en moi. J’irai jusqu’à dire qu’il m’a sauvé.
Plus tard, j’ai également rencontré sa
directrice, Emilie Pischedda, avec laquelle
j’ai souvent de longues et passionnantes
discussions sur mon travail. ».
EXPÉRIENCE PHYSIQUE
Planetarium offre à l’ancien étudiant de
La Cambre l’occasion d’entrer en dialogue
avec le monde extérieur. Les toiles font
place, comme au théâtre, à des scènes
imaginaires qui naissent en toute liberté,
avec spontanéité : « Notre état physique
me fascine et m’angoisse à la fois. La
perception de notre corps est un thème
récurrent dans mon œuvre. Dans ces
nouvelles toiles, j’étudie l’influence du
contexte politique ou culturel sur cette
expérience. Même si j’incarne toujours le
point de départ de mes œuvres, celles-ci
sont devenues plus abstraites et offrent
davantage de place à l’imagination du
spectateur. Comme mes vidéos sont
présentées sur des socles grandeur nature,
l’action des économiseurs d’écran donne
l’impression d’une sorte de tableau vivant
ou d’une présence humaine. Les œuvres
n’ont ni début ni fin, elles ne racontent
22

L’ARTISTE DU MOIS
« J’aspire à une
approche scientifique
de la peinture »
pas d’histoires, mais stimulent de nouveaux
niveaux sémantiques en lien avec
les tableaux. » La réalisation d’animations
est aussi relativement récente : « Je les ai
expérimentées, pour la première fois, dans
le cadre de Krieg, présentée à la PXL-
MAD School of Arts de Hasselt, exposition
qui a dû fermer ces portes au bout de
quelques jours en raison de la pandémie.
Les liens me paraissent évidents, même si
jusqu’à présent je n’ai pas eu le courage
de présenter ce travail en galerie. J’admire
l’artiste Sigmar Polke parce que, durant sa
carrière, il a expérimenté un grand nombre
de formes et techniques. Je trouve ainsi
essentiel de s’opposer à la dictature hiérarchique
entre les différents niveaux de l’art.
Pour cette raison, j’aime la musique, mais
aussi les graffiti des années 1970 et 1980.
J’admire la façon dont Blade a, en toute
Sans titre, 2022, acrylique et crayon sur toile, 220 x 170 cm.
© de l'artiste
Faire-part, 2022, acrylique et fusain sur toile, 220 x 170 cm.
© de l'artiste
Condor, 2022, acrylique sur toile, 190 x 150 cm. © de l'artiste
liberté, créé un univers personnel et drôle
dans le métro de New York. Pour un artiste,
c’est formidable de pouvoir utiliser divers
supports. La peinture exige beaucoup
d’efforts physiques, alors que le dessin est
plus intime et que les animations peuvent
en partie se créer sur ordinateur. Dans la
perspective de cette exposition, j’ai été
très réticent à partager les images sur les
réseaux sociaux. Je ne souhaite pas que
mon œuvre se consume à l’avance sur
l’Internet et que le public ne prenne plus
la peine de se rendre à la galerie. A ce
sujet, Walter Swennen, un de mes grands
modèles, a dit : ‘‘Si nous photographions
un tableau, nous reproduisons ce qui est
photogénique. Peindre ce n’est pas cela’’
et aussi ‘‘L’art de la peinture n’est pas une
simple image, c’est une image tirée de la
matière.’’ Pour bien le comprendre, il faut
expérimenter l’art physiquement. Ses tableaux
sont aux antipodes d’Instagram. Ils
demandent au spectateur un certain effort
pour les déchiffrer, ne se dévoilant pas au
premier regard. J’ai également le sentiment
que son œuvre n’est pas influencée
par les exigences du marché. A mes yeux,
c’est donc un modèle d’intégrité. J’aspire
moi-même à une approche scientifique
de la peinture. Je tente de l’analyser et de
la comprendre, puis de créer des images
correspondant à notre société, qui soient à
la fois actuelles et picturalement novatrices.
À cet égard, l’exposition de Charline
von Heyl, à la Galerie Gisela Capitain de
Cologne, m’a littéralement époustouflé.
Cette femme a su se réapproprier la
masculinité de la peinture expressionniste.
Cela m’a donné envie de miser davantage
sur le geste et d’insuffler ainsi une plus
grande énergie dans mes œuvres. J’espère
que le public appréciera mes nouvelles
créations. J’ai moi-même eu beaucoup de
plaisir à les réaliser. J’ai appris à faire la différence
entre l’existence de mes tableaux
dans l’atelier, où ils font l’objet d’une
intense recherche picturale, et leur vie sur
le marché de l’art. Dès qu’ils sont à vendre,
je m’en détache mentalement. »
VISITER
Julien Meert. Planetarium
Sorry We’re Closed
Bruxelles
www.sorrywereclosed.com
jusq. 18-03-2023
23

ZOOM
Sanja Marušić
Déni de photographie
Très longtemps, la photographie
d’auteur ne s’est déclinée qu’en
noir et blanc, la couleur étant
réservée aux usages commerciaux
et aux souvenirs familiaux. À voir
la production très graphique de
la jeune artiste Sanja Marušić,
dont une exposition est proposée
au Nederlands Fotomuseum de
Rotterdam, cette frontière entre art
et art appliqué semble abolie.
TEXTE : JEAN-MARC BODSON
Sanja Marušić, With You, 2020. © de l’artiste
On l’a aujourd’hui oublié, mais
très longtemps la photographie
d’auteur, la création
artistique fut privée de couleur.
Les raisons en sont multiples, mais
la principale a certainement été, jusqu’à
l’avènement du numérique, la difficulté,
voire l’impossibilité pour les photographes
de contrôler le rendu final de leurs images
comme ils pouvaient le faire en noir et
blanc. Le traitement standardisé des films
que leur proposaient les laboratoires spécialisés
ne différait en rien de celui réservé
aux souvenirs de vacances des amateurs.
Précisément, c’est en jouant avec cette
proximité de la photographie vernaculaire
que des auteurs comme William Eggleston,
Joël Meyerovitz et Stephen Shore ont
contribué à la légitimation artistique de
la photographie couleur dans les années
1970. Jugées alors triviales, leurs images
ont en fait renouvelé un pacte de réalisme
avec le public. Paradoxalement, en
offrant une alternative à l’expressionnisme
et au symbolisme omniprésents
24

ZOOM
Marušić fuit la
réalité et se réfugie
dans le rêve.
passe chez elle par un déni implicite de
la photographie, dont elle n’utilise que la
technique. Comme elle le confiait à Fisheye
Magazine, il y a deux ans, ses références
sont du côté de la peinture : « Je m’inspire
beaucoup des peintres polonais, russes
et mexicains, ainsi que de la broderie, et
des peintures sur objets » et ce, avec une
prédilection pour « l’art soviétique des
années 1930 ». Une précision qui place ses
séries, sublimant certains épisodes de sa
vie, dans la perspective des affiches graphiques
de propagande. Ce que confirme
la très grande proximité entre son œuvre
personnel et ses travaux de commande, esde
la photo d’art en noir et blanc, ils ont
également ouvert la porte des institutions
légitimantes – musées et galeries – à la
photographie plasticienne. Sanja Marušić
(1991) est assurément plus proche des
artistes plasticiens utilisant la photographie
que de ces coloristes américains
soucieux de réalisme. Ses images aux
tons vifs, souvent peintes, n’ont que faire
du vraisemblable photographique. Leur
lyrisme joyeux est même aux antipodes de
la banalité désenchantée qui perdure dans
la photographie documentaire depuis les
années 1930 et qui a été réactualisée un
demi-siècle plus tard par la légitimation
de la couleur. En ce sens, son tropisme est
bien moins photo que graphique.
RÉFÉRENCES PICTURALES
À première vue, le travail de la photographe,
faisant la part belle à l’autoportrait
inséré dans le paysage, rappelle inévitablement
celui du grand Arno Rafael
Minkkinen. À première vue seulement car,
à y regarder de plus près, il en est l’exact
opposé. Alors que le Finlando-américain
se revendique de la photographie pure,
sans retouche ni artifice, la jeune Croatonéerlandaise
n’a de cesse d’effacer, sous
des couches de couleur, l’empreinte nue
et crue du réel. Ce ripolinage pourrait
faire penser, dans le registre cinématographique,
au film Les Demoiselles de Rochefort.
Pour rappel, plutôt que de réaliser sa
comédie musicale dans les décors d’un
studio, Jacques Demy avait fait le pari de
la tourner dans des quartiers de la ville
charentaise dont il avait fait repeindre
façades et volets de couleurs vives, sans
vraiment en effacer le caractère provincial.
Mais précisément, c’est à cet écart entre le
décor naturel et son travestissement que
le film doit son souffle poétique et non pas
à la création de toute pièce d’un univers
visuel. Tout l’inverse de Sanja Marušić, qui
cherche le rêve dans la fuite du réel. Et cela
Sanja Marušić, Eutierria, 2019. © de l’artiste
sentiellement pour la mode ou la publicité.
Un peu comme si, à terme, la légitimation
artistique de la photo couleur avait aboli la
distinction entre l’art appliqué et l’art.
VISITER
Sanja Marušić – Out of This World
Het Nederlands Fotomuseum
Rotterdam
www.nederlandsfotomuseum.nl
du 18-02 au 18-06
25

Johannes Vermeer
Magicien des
couleurs, de la lumière
et de la perspective
Les tableaux de Johannes Vermeer
ont toujours été rares. Ses
admirateurs se bousculent partout
dans le monde pour les découvrir.
Ce qui ne manquera pas de se
produire dans les mois à venir, au
Rijksmuseum d’Amsterdam.
TEXTE : BERNADETTE VAN DER GOES
Il s’agit de la plus grande exposition
rétrospective jamais organisée de
l’artiste, avec pas moins de 28 tableaux
sur les 37 recensés, plus que l’artiste
lui-même n'en a probablement rassemblé.
Et plus aussi que les vingt tableaux que le
collectionneur et mécène Pieter Claesz
van Ruijven et son épouse Maria de Knuijt
acquirent de son vivant. En 1696, leur
collection qui comptait alors 21 oeuvres
de Vermeer, quitta Delft quand leur gendre
Jacob Dissius en organisa la vente aux enchères
à Amsterdam. Les tableaux furent
ensuite disséminés en Europe, ensuite aux
Etats-Unis avec la découverte de Vermeer
par les collectionneurs américains au
début du XXe siècle. Les très puissants
industriels américains firent de Vermeer le
héros de la peinture hollandaise du XVIIe
siècle qu’ils rendirent dès lors inestimable.
« Le plus grand trésor pour un collectionneur
américain est un tableau de Vermeer
de Delft », écrivait, en 1911, l’historien de
l’art allemand Wilhelm von Bode dans le
New York Times. Dix des 28 tableaux exposés
au Rijksmuseum proviennent ainsi de
collections américaines.
FILS D’UN MARCHAND D’ART
Comment Johannes Vermeer (1632-1675),
fils d’un marchand d’art et tavernier, a-
t-il pu devenir cet artiste à la renommée
mondiale ? De son vivant, il ne fut pourtant
qu'un maître local. Vermeer est né à Delft
où il vécut jusqu’à sa mort. Rien n’indique
Vermeer ne cessait
de réfléchir à ses
compositions.
qu’il ait suivi une formation artistique en
Italie comme de nombreux autres peintres,
ou qu’il se soit rendu dans d’autres pays. Il se
peut qu’il ait, pendant quelques années, fait
son apprentissage chez un peintre d’Amsterdam
ou d’Utrecht. Quoi qu’il en soit,
dès que Vermeer s’inscrivit à la fin de 1653
comme maître à la guilde de Saint-Luc à
Delft, il y demeura jusqu’à la fin de ses jours.
TECHNIQUES DE NUMÉRISATION
La grande exposition du musée Prinsenhof
de Delft présente les conditions de
vie du peintre à l’époque. Elle s’étend au
contexte historique et culturel dans lequel
les tableaux de Vermeer virent le jour, à
son réseau, sa famille, ses amis, ses collègues
et ses sources d’inspiration. Les deux
expositions font le point sur l’état actuel
des recherches sur Vermeer. Quand il fut
qualifié, en 1866, de « sphinx de Delft » par
le critique d’art Théophile Thoré, peu de
choses étaient alors connues à son sujet.
Les connaissances sur la vie et les tableaux
de Vermeer se sont considérablement
étoffées et ne cessent d’ailleurs de s’étendre.
Lors d’une récente étude réalisée à l’aide
26

La Femme en bleu lisant une lettre, 1662-1664, huile sur toile, 46,6 x 39,1 cm. Amsterdam, Rijksmuseum.
27

Le Verre de vin, 1659-1661, huile sur toile, 65 x 77 cm. Berlin, Gemäldegalerie Staatliche Museen zu Berlin.
Ses représentations
n’ont que l’apparence
de la réalité.
EFFETS LUMINEUX
Johannes Vermeer est sans conteste l’un
des peintres les plus talentueux du XVIIe
siècle hollandais. Toute sa vie, il fut fasciné
par la représentation de la réalité. Il avait
une capacité d’observation phénomédes
techniques de numérisation les plus
évoluées, le Rijksmuseum révélait le dessin
sous-jacent de La Laitière, ce qui a permis
d’en savoir plus sur les méthodes de travail
et les repentirs de l’artiste. Le Mauritshuis
a appliqué les mêmes procédés à La Jeune
fille à la perle et les résultats seront connus
en juin.
INTERACTION
Le négoce d’art de son père a permis au
jeune Vermeer de côtoyer les artistes de
Delft. Il connaissait sans doute les intérieurs
d’églises de Gerard Houckgeest,
Hendrick van Vliet et Emanuel de Witte.
De même que leur utilisation novatrice de
la couleur dans des espaces en perspective
créant l’illusion de la lumière. Au milieu
du XVIIe siècle, l’ancien disciple de Rembrandt
Carel Fabritius vécut à Delft, tandis
que Paulus Potter, Jan Steen et Pieter de
Hooch s’y établissaient pour des périodes
plus ou moins longues. Dans la seconde
moitié des années 1650, Vermeer et De
Hooch se mirent à peindre des intérieurs
domestiques et une interaction artistique
fructueuse naquit entre les deux artistes.
Lorsque, vers 1660, De Hooch déménagea
à Amsterdam, Vermeer continua à développer
le genre, avec ses paysages urbains
et ses visages, mais surtout ses tableaux
discrets et intimes d’intérieurs représentant
des jeunes femmes.
28

nale et des connaissances approfondies
sur les effets de lumière et la perspective,
ne cessait de réfléchir à la structure de
ses compositions et aux rapports entre
les objets, mais était aussi attentif aux
moindres détails. Possédant une fabuleuse
technique de peinture, c’était un magicien
des pigments, de la lumière et de la
perspective, un maître dans le rendu de
l’illusion, de l’immobilité, de l’harmonie et
de l’intimité. On a récemment découvert
que la fréquentation des jésuites lui a sans
doute permis de s'initier à la camera obscura.
Ainsi, même si ses thèmes et idées
s’apparentent à ceux de ses contemporains
comme Gerard ter Borch, Pieter de Hooch,
Gabriël Metsu et Frans van Mieris l’Ancien,
la singularité de Vermeer est toujours
immédiatement identifiable.
NOVATEUR ?
L’examen des tableaux de Vermeer offre
une expérience extraordinaire car il a
innové tout en s’inscrivant dans la tradition.
« Vermeer ne fut pas un novateur »,
écrivait en novembre dernier le spécialiste
de l’artiste, Albert Blankert : « Pas au sens
où il créa un nouveau style ou introduisit
des idées révolutionnaires. Il a emprunté
son style et ses thématiques aux maîtres
hollandais présents dans son entourage.
Sa qualité réside dans le fait qu’il a entièrement
prévu l’ensemble des conséquences
d’une nouvelle approche de ce que d’autres
s’étaient contentés de signaler ou d’explorer
et il s’est engagé avec beaucoup de
sérieux dans la poursuite de l’extrême,
ce que cette nouvelle approche rendait
possible. »
FAUX-SEMBLANT
Vermeer fut un perfectionniste, comme
si cela ne lui coûtait aucun effort. Devant
ses tableaux, certains admirent l’atmosphère
de calme, d’autre s’enthousiasment
pour leur réalisme poussé à l’extrême.
Mais ce réalisme n’est, en grande partie,
qu’un leurr, car Vermeer n’a en aucun cas
représenté la réalité de manière littérale.
Gregor Weber, conservateur des arts plastiques
au Rijksmuseum, explique : « Pour
réaliser ses intérieurs, Vermeer manipule
son environnement, invente des motifs
et les adapte à son gré. Dans chaque
tableau, il est toutefois capable de créer
une époustouflante illusion de la réalité.
Son monde visuel illusionniste dérive de
la combinaison harmonieuse de diverses
composantes : l’immobilité des personnages,
la maîtrise parfaite de la perspective
et l’observation minutieuse des effets
optiques, de même que l’équilibre entre
acuité et flou dans la représentation. Il
sait parfaitement rendre la lumière et
ses reflets colorés. Il maîtrise non seulement
à la perfection tous ces aspects,
mais a aussi le sens de la composition,
de l’ordonnancement et de la répartition
des motifs sur la surface du tableau, avec
leur jeu de lignes et la luminosité des
couleurs. »
La Fille au chapeau rouge, 1664-1667, huile sur panneau, 22,8
x 18 cm. Washington, National Gallery of Art.
La Femme à la balance, ca. 1662-1664, huile sur toile, 40,3 x 35,6 cm. Washington, The National Gallery of
Art.
29

Atelier de Johannes Vermeer, La Jeune Fille à la flûte, 1664-
1667, huile sur panneau, 20 x 17,8 cm. Washington, National
Gallery of Art.
particularité ? En août 1663, Vermeer reçut
la visite du diplomate français Balthasar
de Monconys. Comme il n’avait rien à
lui montrer, il l’envoya chez un boulanger
qui possédait un de ses tableaux…
Femme en jaune écrivant une lettre, 1664-1667, huile sur toile, 45 x 39,9 cm. Washington,
National Gallery of Art.
Vermeer fut beaucoup
moins productif que
Rembrandt ou Frans
Hals.
RARETÉ INDUITE
Après la grande vente des 21 Vermeer de
la Collection Dissius en 1696, l’œuvre de
l’artiste disparaît. Dans le siècle qui suit,
ses tableaux firent épisodiquement leur
apparition sur le marché, la plupart sous
la signature de collègues du XVIIe siècle
connus à l’époque, tels Pieter de Hooch,
Gabriël Metsu, Frans van Mieris l’Ancien
et même Rembrandt. Ce n’est qu’à la fin
du XVIIIe siècle que quelques tableaux
apparurent sous la forme de gravures et
que les premières publications permirent
la redécouverte de l’artiste. Le caractère
limité de l’œuvre de Vermeer ne fut pas favorable,
étant nettement inférieur à ceux
des deux autres géants du XVIIe siècle
hollandais, Frans Hals et Rembrandt.
Vermeer n’a guère réalisé plus de 45 à 50
œuvres, soit deux en moyenne par an, ses
tableaux étant déjà rares de son vivant.
Même si, dans sa ville natale et dans les
environs, il passait pour un maître réputé,
il disposait de peu d’œuvres en réserve. Sa
renommée tenait-elle justement à cette
28 VERMEER ?
Il existe à ce jour 37 tableaux connus que
les historiens de l’art reconnaissent comme
d’authentiques Vermeer, dont 7 se trouvent
aux Pays-Bas, 24 sont signés et cinq également
datés. Dans son exposition, le Rijksmuseum
en présente pas moins de 28. Cinq
de plus que lors de celle organisée au Mauritshuis
en 1995-1996, en collaboration avec
la National Gallery of Art de Washington. À
l’annonce de ces 28 tableaux, Taco Dibbits,
directeur de l’institution évoquait ce moment
chargé d’émotions rendu possible
grâce à la générosité d’un grand nombre de
prêteurs. Mais, ces 28 peintures sont-elles
vraiment toutes de la main de Vermeer ?
Il n’existe aucun doute quant à la plupart
des tableaux attribués à Vermeer. Nombre
d’entre eux proviennent de la collection de
Jacob Dissius, dispersée en 1696, notamment
La Laitière et La Femme à la balance.
D'autres tableaux ont un historique moins
ancien mais un degré élevé de qualité et des
caractéristiques stylistiques convaincantes.
DOUTES ET REJET
Latmosphère de certaines œuvres soulève
des doutes quant à leur authenticité. Une
Sainte Praxède apparut ainsi, il y a quelques
décennies et fut sans hésitation attribuée à
Vermeer grâce à sa signature et la parenté
de son style avec les premiers tableaux
30

Des doutes subsistent quant
à l’authenticité de certaines œuvres.
historiques de l’artiste. Mais l'oeuvre se vit
contestée lors de sa présentation, dans
la réptrospective de 1995-1996, suite à un
examen minutieux. Des doutes ont aussi
longtemps plané sur l’authenticité de La
Jeune Fille à la flûte de la National Gallery of
Art de Washington et de La Fille au chapeau
rouge, exceptionnelle peinture sur bois de la
même collection. Ces deux petits panneaux
ont longtemps été considérés comme des
pendants, même si les historiens de l’art
n’ont cessé de débattre sur leur différence
de qualité. Après une étude approfondie,
historique et technique des matériaux,
l’institution décrétait, en octobre 2022, que
La Jeune Fille à la flûte n’était pas de Vermeer
mais peinte par un artiste inconnu dans son
atelier. Des numérisations ont ainsi révélé
que les couches de peinture de La Jeune
Fille à la flûte étaient appliquées d’une toute
autre manière que sur d’autres tableaux de
Vermeer. L’hypothèse selon laquelle il s’agit
d’une œuvre d’atelier est neuve car, jusqu’à
présent, on supposait que Vermeer travaillait
seul et n’avait ni apprentis, ni assistants.
MALADRESSE
Par ailleurs, des doutes subsistent depuis
longtemps quant à l’authenticité d’une
œuvre tardive, La jeune Femme au virginal
de la Leiden Collection. L’étude historique
et technique des matériaux a confirmé son
attribution à Vermeer. Pourtant, la composition
paraît maladroite en regard d’autres
tableaux. Le grand châle jaune porté par
le personnage ne coïncide pas avec son
anatomie, tandis que la peinture grossière
des plis du tissu fait douter de son authenticité.
A l’heure actuelle, on considère que
le tableau est bien de Vermeer, mais qu’il fut
achevé par quelqu’un d’autre, peut-être après
la mort de l’artiste. En revanche, les experts
du Rijksmuseum n’ont aucun doute quant à
l’authenticité de ces trois oeuvres, présentées
dans l’exposition comme authentiques. En
publiant, en novembre dernier, sa liste de
28 œuvres, soit un mois après le rejet pour
motifs scientifiques par la National Gallery of
Art de Washington de La Jeune Fille à la flûte,
l’institution néerlandaise semble convaincue
qu’il s’agit de véritables Vermeer. Sur la base
de quels résultats de recherches, hypothèses
et arguments le Rijksmuseum parvient-il à
cette conclusion ? Pour rédiger cet article,
nous avons interrogé son personnel scientifique.
Mais, après des tentatives répétées,
le Rijksmuseum n’a pas souhaité nous
répondre, ce qui entretient le doute.
VISITER
Le Delft de Vermeer
Museum Prinsenhof Delft
www.prinsenhof-delft.nl
du 10-02 au 04-06
Vermeer
Rijksmuseum
www.rijksmuseum.nl
du 10-02 au 04-06
LIRE
Gregor J. M. Weber, Vermeer. Faith, Light and
Reflection, Rijksmuseum, Amsterdam, 2023,
ISBN 978-9-46208-758-3
Aart Aarsbergen, Het raadsel Vermeer,
Sterck & De Vreese, Gorredijk, 2023,
ISBN 978-9-05615-968-9
Johannes Vermeer ?, Sainte Praxède, 1655, huile sur toile, 101,6 x 82,6 cm. Kufu Company Inc., en prêt au
National Museum of Western Art, Tokyo.
N. B : Le Rijksmuseum organise, les 28 et 29
mars, en collaboration avec le Mauritshuis de
La Haye, un symposium sur les récentes études
techniques et historiques des tableaux de
Vermeer.
31

Emprunter
un Vermeer ?
Seul un des trente-sept tableaux
encore existants de Vermeer
appartient à un particulier. La Jeune
Femme au virginal fait partie de
la Leiden Collection, composée
au cours des deux dernières
décennies, qui rend hommage au
siècle d’or et fonctionne comme
un organisme de prêt d’œuvres
d’art. Les deux cent tableaux et
dessins qu’elle conserve sont en
majorité de la main de Rembrandt.
« Ajouter un Vermeer à la vente
d’un autoportrait de Rembrandt
m’a paru improbable.», précise son
fondateur, Thomas Kaplan.
TEXTE : ELS BRACKE
La Jeune Femme au virginal, 1670-1672, huile sur toile, 25,5 x 20,1 cm. New York,
The Leiden Collection.
C'est à l’âge de sept ans, lors d’une
visite au Metropolitan Museum
de New York, que Thomas Kaplan
tombe sous le charme de Rembrandt.
« À un si jeune âge, je ne comprenais
bien entendu rien à son importance
historique et artistique », souligne l’homme
d’affaires, philanthrope et collectionneur
d’art né il y a 60 ans à New York. « Mais son
art m’a époustouflé et ce sentiment ne m’a
jamais quitté depuis. Plus tard, je me suis
rendu compte de ce que faisait Rembrandt :
‘‘Toucher l’âme’’. Même celle d’un enfant. »
La première ville européenne où il atterrit
fut Amsterdam : « Le Rijksmuseum m’apparut
comme un lieu de pèlerinage. J’y suis
retourné un nombre incalculable de fois. »
32

Alors que, par son origine, celui-ci n’a aucun
lien avec les Pays-Bas et son patrimoine,
il est impressionnant de constater à quel
point Thomas Kaplan s’efforce de faire de
Rembrandt le principal artiste de l’histoire :
« À mes yeux, Rembrandt était un véritable
révolutionnaire, dans sa manière de reproduire
la beauté, de rejeter les conventions,
d’être lui-même, d’utiliser la peinture avec
expressivité et surtout de peindre librement.
Rembrandt est un artiste universel
qui a inspiré, grâce à ce que j’appelle un
‘‘transfert génétique’’, les artistes les plus
influents tels William Turner, Eugène
Delacroix, Vincent van Gogh, Pablo Picasso,
Francis Bacon, Lucian Freud, Jenny Saville,
Zeng Fanzhi ou Abdul Qader Al Rais. »
PREMIER REMBRANDT
À partir de 2003, Thomas Kaplan et son
épouse Daphné achètent, pendant cinq ans,
une œuvre chaque semaine. « Et ce, alors
que j’avais abandonné l’idée de devenir un
collectionneur comme étant ‘‘ordinaire et
matérialiste’’ », déclare celui qui est devenu
milliardaire grâce au négoce des matières
premières. « Tout a commencé après un
entretien avec Francesca von Habsburg,
fille de Heinrich Thyssen-Bornemisza, et
Norman Rosenthal, alors conservateur à la
Royal Academy. Ils m’ont demandé ce que
je désirais collectionner. ‘‘L’école de Rembrandt’’,
ai-je répondu. Je n’imaginais pas
alors que je pourrais acquérir des œuvres
de Gerrit Dou, Frans Mieris, Ferdinand Bol,
Govaert Flinck ou Jan Lievens, sans parler
de celle de Rembrandt, jusqu’à ce qu’ils
m’en aient convaincu. L’achat de mon premier
Rembrandt eut lieu lors d’une vente
aux enchères et mon cri de joie lorsque
j’ai emporté l’enchère finale a contraint le
commissaire-priseur à retirer son oreillette.
Cependant, ce qui était encore possible il
y a vingt ans ne l’est plus aujourd’hui. Avec
des prix plus élevés et un renforcement
des règles et des intérêts nationaux, il est
désormais pratiquement impossible de
faire voyager les œuvres de Rembrandt. »
Dix-sept des quarante dessins encore existants
de Rembrandt figurent aujourd’hui
dans la Leiden Collection. Thomas Kaplan :
« Je m’intéresse à tout l’entourage de
Rembrandt. À quelques exceptions près,
toutes les œuvres que nous possédons
représentent des personnages. Notre objectif
n’est pas de constituer une collection
encyclopédique, mais de collectionner ces
représentations. »
PASSION ET CAPITAL
Ce sont les conservateurs qui ont appris à
Thomas Kaplan à regarder, même s’il choisit
en général lui-même. Les marchands
de maîtres anciens Johnny van Haeften,
Salomon Lilian et Otto Naumann attirent
son attention sur de possibles acquisitions.
En 2016, il publiait avec son épouse
un catalogue en ligne reprenant non seulement
ces œuvres, mais aussi l’ensemble
des études et recherches les concernant,
lesquels font aujourd'hui l'objet d'une
exposition à l'Hermitage Amsterdam.
Thomas Kaplan : « Je savais que le regard
porté sur notre collection serait dès lors
différent : un couple plutôt jeune qui collectionne
des maîtres anciens, alors que
tout le monde se tourne vers l’art moderne
et les impressionnistes. Des expositions au
Louvre, à Pékin et Abu Dhabi ont compris
« Notre objectif n’est
pas de constituer
une collection
encyclopédique, mais
de collectionner des
personnages. »
mon point de vue sur Rembrandt en tant
qu’artiste universel, ce qui a trouvé un écho
partout. » Passion, engagement et capital
sont, selon lui, liés aux divers projets qu’il
soutient : Panthera, une organisation qui
vise à protéger les félins sauvages ; Aliph
qui vise à protéger le patrimoine dans
les zones de conflit et la Leiden Collection
qu’il dirige avec son épouse. « Cette
collection a été construite comme une
bibliothèque de prêt d’abord privée, mais
devenue publique ces cinq dernières
années, avec comme objectif principal la
promotion de l’œuvre de Rembrandt. Les
activités internationales qui en découlent
établissent le lien entre les différentes
approches. Notre rôle de collectionneurs
prêtant essentiellement des œuvres, est
tout à fait singulier. Heinrich Thyssen fut
peut-être la seule personne à procéder de
la sorte. La fragilité des tableaux anciens
ne facilite pas toujours les prêts, alors
que c’est notre principale préoccupation.
L’objectif majeur de la Leiden Collection
est de hisser Rembrandt tout en haut de la
liste des artistes les plus influents. »
UN VÉRITABLE VERMEER
En dehors d’un large ensemble d’œuvres de
Rembrandt et du seul Fabritius en mains
privées, les Kaplan sont aussi les seuls à posséder
un Vermeer : « L’œuvre de Vermeer
est magique, chose que je ne retrouve pas
chez Rembrandt qui excelle plutôt dans la
force émotionnelle. Carel Fabritius, dont
je possède le Saint-Graal, aurait pu être
un grand, mais il est mort trop jeune. Jan
Lievens avait aussi cette capacité, mais
lorsqu’il a quitté Leyde, son œuvre a perdu
en authenticité. Leur magie s’est surtout
exprimée dans l’entourage de Rembrandt. »
Thomas Kaplan estime que, jusque vers
1900, un Vermeer était moins recherché
sur le marché qu’un Gabriel Metsu : « J’ai
vu, pour la première fois, La Jeune Femme
au virginal de Vermeer chez Sotheby’s. J’ai
eu l’impression d’entendre les notes : une
femme charmante dont le regard aimable se
portait sur quelqu’un dans la pièce. L’œuvre
fut acquise par le marchand américain Stephen
Alan Wynn. Lorsque plus tard, après
la crise des subprimes, j’ai négocié avec lui
l’achat d’un Rembrandt, il a insisté pour
que je prenne aussi le Vermeer. La question
de savoir si l’œuvre était authentique
est restée des années en suspens, même si
personnellement j’en étais persuadé. » En
préparant l’exposition du Rijksmuseum,
les commissaires ont découvert dans les
archives du musée que leur précédent directeur,
Arthur van Schendel, l’avait examinée
dans les années 1960. Ce dernier, qui avait
douté de son authenticité, avait fini par la
reconnaître. Une récente analyse technique
a prouvé que chaque coup de pinceau est
de la main de Vermeer. Thomas Kaplan :
« Cela me fait très plaisir et me rend fier que
cette œuvre côtoie maintenant ses frères
et sœurs. Cette exposition Vermeer est une
expérience unique. »
VISITER
Exposition Rembrandt et ses
contemporaines, pièces historiques de la
Leiden Collection
Hermitage
Amsterdam
www.hermitage.nl
du 04-02 au 27-08
SURFER
www.theleidencollection.com
33

Le retour
de Cupidon
Restaurateur de tableaux et
historien de l’art, Ronald de Jager
analyse la restauration radicale
du tableau Jeune fille lisant une
lettre à la fenêtre de Johannes
Vermeer. Cupidon, dieu de l’amour,
découvert au cours de l’examen
sous les couches de vernis, y joue
un rôle mystérieux. Une énigme
dans l’histoire de l’art.
TEXTE : RONALD DE JAGER
CCe tableau, probablement peint
par Johannes Vermeer vers 1657-
1659, est considéré comme la
première de ses œuvres représentant
un personnage unique dans un
intérieur. Il fait partie de la collection de
la Galerie des Maîtres anciens de Dresde.
Jusqu’à très récemment, la jeune fille
figurait à l’avant-plan d’un mur aveugle.
Mais, les apparences d’un tableau sont
parfois trompeuses… En 2017, il fut décidé
de procéder à une restauration radicale
de l’œuvre, laquelle devait durer jusqu’en
2021. Celle-ci fut menée sur place
par le restaurateur Christoph Schölzel.
En 2004, un autre tableau de Vermeer,
L’Entremetteuse, y avait déjà été restauré
et amélioré à un point tel, sur le plan de
l’intensité des couleurs, qu’on pensa alors
pouvoir obtenir un résultat comparable
avec la restauration de la Jeune fille lisant
une lettre. Au fil des ans, de nombreux
examens avaient eu lieu. Des échantillons
de peinture avaient, par exemple,
été analysés en 1965, tandis qu’en 1979
une spectrographie révélait la présence
du dieu de l’amour sous la peinture du
mur derrière la jeune fille. En 2007, une
analyse du support de lin était suivie, en
2009, d’une étude par réflectographie à
infrarouge (à partir des surcouches de
dessin ou de peinture, puis des changements
dans la manière de peindre). En
vue de l’exposition Der frühe Vermeer (Le
premier Vermeer, ndlr), organisée en 2010
à Dresde, le tableau fit encore l’objet d’un
examen au microscope. L’attention s’est
alors plus particulièrement portée sur la
technique de peinture et l’état du tableau.
La question s’est
posée de savoir si
la couche peinte
par-dessus le cupidon
avait été apposée par
Vermeer lui-même.
QUI A EFFACÉ CUPIDON ?
Après le retrait des couches de vernis
jauni, appliquées au XIXe siècle et plus
tard, le tableau apparut, comme il fallait
s’y attendre au vu des découvertes faites
pendant la restauration de L’Entremetteuse,
gagner considérablement en
luminosité, en intensité colorée et en
contrastes. Grâce à cette opération,
les anciennes retouches et surcouches
devinrent plus visibles. Mais surtout,
le tableau se trouvait dans un état de
conservation exceptionnel compte tenu
de son ancienneté. Il est également apparu
que la couche de peinture, à l’endroit
de la superposition des couches plus
qu’ailleurs dans le tableau, présentait une
réactivité différente aux solvants utilisés.
La question s’est alors posée de savoir si
la couche peinte par-dessus le cupidon
avait été apposée par Vermeer lui-même,
suite à un changement de composition,
ou par un autre peintre à une époque
ultérieure. L’examen des échantillons
de peinture à l’emplacement du cupidon
révéla que ce surpeint se trouvait
sur deux couches de vernis anciennes,
34

Le tableau de Vermeer avant restauration. © The Leiden Collection / Rijksmuseum
L'oeuvre après restauration. © The Leiden Collection / Rijksmuseum
séparées par une couche de crasse. D’où
la conclusion que ce surpeint avait été
appliqué après l’achèvement du tableau.
Les deux couches de vernis, comme
la présence de saleté entre elles, indiquaient
aussi une période plus longue,
de quelques décennies sans doute, après
l’achèvement de l’œuvre. Ce qui excluait
donc que Vermeer ait été lui-même
l’auteur de ce repeint. Une spectrométrie
à fluorescence X du tableau, analysant
les éléments chimiques de la peinture
et permettant de déduire les pigments
utilisés, effectuée en 2017 avec le soutien
du Rijksmuseum, confirma les nouvelles
découvertes relatives à ce surpeint.
RÉHABILITATION ET NOUVELLE
SIGNIFICATION
L’occultation de Cupidon fut peut-être
délibérée pour adapter le tableau au goût
du jour : la nudité du personnage n’était
de fait pas toujours souhaitée. Lorsque le
tableau entra, en 1742, dans les collections
du musée de Dresde, ce changement
de composition était déjà patent.
Il fut donc décidé d’éliminer la couche
L’occultation du cupidon fut peut-être
délibérée, pour adapter le tableau au goût
de l’époque : la nudité du personnage
n’ayant pas pas toujours été souhaitée.
supérieure de ce surpeint, les couches de
vernis sous-jacentes devant être préservées
car il s’agissait peut-être du seul
vernis original subsistant appliqué par
Vermeer lui-même. Des tests approfondis
révélèrent qu’il était préférable de retirer
ce surpeint extérieur sous microscope,
à l’aide d’un scalpel et non à l’aide d’un
solvant à l’effet plus difficilement contrôlable.
A l’issue de cette restauration, le
tableau reprit enfin son aspect originel
voulu par l’artiste : une jeune fille lisant
une lettre sous une représentation de
Cupidon. Le spectateur demeure toutefois
sur sa faim quant au contenu de cette
lettre. Ce ‘‘tableau dans un tableau’’ est
caractéristique des œuvres de Vermeer.
Dans sa dernière œuvre connue, intitulée
Dame debout au virginal, Cupidon est également
représenté sur le mur du fond. Si
ces cupidons sont similaires, les tableaux
n’ont en revanche rien de commun.
VISITER
Rembrandt et ses contemporains,
pièces historiques de la Leiden Collection
Hermitage
Amsterdam
www.hermitage.nl
du 04-02 au 27-08
35

D’Ukraine...
Au cœur de la modernité
Redko Kliment, La Laure de Kiev-Pecherska, 1914, huile sur toile, 28 x 39,7 cm. The Kyiv National Art Gallery.
Depuis bientôt une année, l’est de l’Europe est en guerre. En proie aux
visées impérialistes de Moscou, l’Ukraine subit de plein fouet une agression
telle qu’il ne s’en était plus produite depuis plus d’un demi-siècle sur
le Vieux Continent. Victime collatérale, comme toujours, le patrimoine
artistique et culturel souffre terriblement. Mais que connaissons-nous de
l’histoire de l’Ukraine et de son héritage ? Quel rôle ont joué ses artistes et
quelle fut leur place au sein des avant-gardes ?
TEXTE : CHRISTOPHE DOSOGNE
Selon une enquête du New York Times
publiée le 19 décembre, plus de 300
sites culturels en Ukraine – dont des
bibliothèques, des musées et des
églises – ont subi des dommages importants
depuis l’invasion du pays par la Russie en
février 2022. Ainsi, l’or des Scythes, dont sa
plus importante partie conservée dans la
ville de Melitopol, de même que des millions
d’objets et œuvres d’art auraient été volés
ou évacués par les troupes d’occupation.
Tout cela renvoie aux pillages systématiques
opérés par l’Armée Rouge dans l’est de l’Allemagne,
la Pologne et l’Ukraine à la fin de la
36

« Je ne pense pas
que l’art en général
puisse échapper aux
questions politiques.
Le patrimoine,
pris pour cible
délibérément,
représente un objectif
tactique en soi. »
SAMUEL GROSS
Seconde Guerre mondiale. Victime notable à
l’époque, le fameux Trésor de Priam, évacué
depuis Berlin comme trésor de guerre, n’a
jamais été restitué par les autorités russes
qui l’exposent aujourd’hui au musée Pouchkine
de Moscou. C’est dans cette ambiance
mortifère qui laisse augurer du pire pour le
patrimoine local, que plusieurs expositions,
tant en Suisse qu’en Espagne, témoignent de
la singularité de la création en Ukraine, entre
la fin du XIXe et les premières décennies du
XXe siècle. Accueillies, entre autres, par le
musée Rath de Genève et le Kunstmuseum
de Bâle, ces expositions offrent un abri temporaire
aux collections de la galerie nationale
d’Art de Kiev inaugurée en 1922. C’est
également, comme nous le confirme Samuel
Gross, responsable du secteur des expositions
au musée d’Art et d’Histoire de Genève,
une manière de se positionner politiquement
: « Je ne pense pas que l’art en général
puisse échapper aux questions politiques.
Le patrimoine, pris pour cible délibérément,
représente un objectif tactique en soi. La
guerre en Ukraine a stupéfait tous les acteurs
culturels. A Genève, nombreuses ont été les
actions d’entraide et de soutien à destination
des institutions culturelles ukrainiennes et
de nos collègues professionnels. La solidarité
s’est exprimée sous des formes diverses. Les
musées municipaux de la Ville de Genève
ont très rapidement réuni du matériel d’emballage
à destination des principaux grands
musées ukrainiens dans un souci de préservation
de leur patrimoine. Nous ne pensions
pas, à ce moment-là, que la Convention de
La Haye sur la protection des biens culturels
en cas de conflit armé serait violée aussi dramatiquement
qu’elle ne l’est actuellement,
même si personne ne s’attendait malheureusement
à ce que les violences épargnent les
lieux culturels et leurs acteurs. C’est à cette
violence que s’opposent symboliquement
notre exposition et celle de Bâle. »
Anatol Petrytskyi, Figurines du Ministre Ping pour l’opéra Turandot à l’Opéra d’Etat, Járkiv, 1928, gouache et
encre de Chine sur papier, 72 x 54 cm. Musée du Théâtre, de la Musique et du Cinéma d’Ukraine.
UNE RICHESSE MÉCONNUE
Riche d’une histoire séculaire, on connaît
pourtant mal la scène artistique ukrainienne.
Peu de gens savent, par exemple que Kasimir
Malevitch, inventeur du Suprématisme, était
ukrainien. Au-delà de l’urgence de sauver un
patrimoine en danger, la double exposition
suisse, qui réunit une centaine de tableaux,
se concentre sur le thème de la nuit, en présentant
des œuvres principalement réalisées
dans la seconde moitié du XIXe siècle et
sur la diversité d’une création qui fut trop
longtemps réduite au lieu commun d’un art
russe prétendument homogène. Samuel
Gross : « L’exposition de Genève, qui reprend
en partie celle organisée à Kiev l’an dernier,
souligne l’importance du thème de la nuit
dans la peinture du XIXe siècle. La nuit est
un espace que les avancées techniques et
l’arrivée des lampes électriques va transformer.
Les artistes vont se saisir, sous des
aspects très différents, de ce décor qui s’ouvre
et se peuple. Bien évidemment, la métaphore
est aujourd’hui plus cruelle si on pense à ce
que traverse la population ukrainienne. »
Tous les artistes exposés témoignent ainsi
de la résonnance particulièrement poétique
de la nuit en Ukraine, comme l’a célébrée
naguère le grand écrivain d’origine ukrainienne
Nicolas Gogol, qui la décrivait comme
« divine » et « magique ». Mais, la singularité
de la création ukrainienne, notamment en
ses avant-gardes, dont la portée esthétique
fut longtemps récupérée par le puissant
voisin russe, c’est sans doute à Madrid qu’elle
se montre le plus clairement. Placée sous le
commissariat de Konstantin Akinsha, docteur
en histoire de l’art, diplômé de l’Université
Shevchenko de Kiev, de l’Université d’État
de Moscou et de l’Université St Andrews
d’Edimbourg, l’exposition du museo Thyssen-
Bornemisza se concentre sur le modernisme
37

Mykola Yaroschenko, Ecolière, 1883, huile sur
toile, 134 x 83 cm. The Kyiv National Art Gallery.
Vadym Meller, dessin pour la chorégraphie de Masques de l’Ecole de Mouvements de Bronislava Nijinksa,
Kiev, 1919. Musée du Théâtre, de la Musique et du Cinéma d’Ukraine.
« On a un peu trop
vite parlé d’avantgarde
russe, comme si
l’Ukraine n’avait jamais
eu d’identité propre,
ni partagé les valeurs
européennes. »
FRANCESCA THYSSEN-
BORNEMISZA
des trois premières décennies du XXe siècle.
Prévue depuis près de sept années, elle n’a été
rendue possible que par la volonté de la collectionneuse
d’art et philanthrope Francesca
Thyssen-Bornemisza qui a créé la Fondation
ARCH (Art Restoration for Cultural Heritage)
œuvrant dans la sauvegarde du patrimoine
artistique d’Europe de l’Est. Dans une
récente interview, elle précisait : « Konstantin
Akinsha m’a aidée à comprendre par quels
embrouillaminis de l’Histoire la plupart des
artistes ukrainiens de l’avant-garde étaient
dits russes, sans considération pour leurs
origines ni leurs lieux de vie ou de création.
Le modernisme ukrainien s’est développé en
réaction à une conjoncture sociopolitique
ultra-complexe, marquée par la chute de plusieurs
empires, la Première Guerre mondiale,
la Révolution de 1917, puis la guerre d’indépendance
ukrainienne (1917-1921), tout
cela ayant mené à la création de l’Ukraine
soviétique. La période des années 1930 y est
une renaissance, créative, expérimentale et
très influencée par les arts traditionnels. Kiev,
Odessa et Kharkiv sont alors le berceau de
l’intelligentsia grandissante. L’exposition de
Madrid rappelle ce chapitre essentiel – même
s’il est très peu abordé en Occident – du modernisme
européen. Elle met également en
exergue des œuvres ukrainiennes réchappées
des grandes purges staliniennes de l’Holodomor
car considérées comme sans aucune valeur.
On a un peu trop vite parlé d’avant-garde
russe, comme si l’Ukraine n’avait jamais eu
d’identité propre, ni partagé les valeurs européennes,
ne lui accordant ainsi aucune raison
de devenir membre de l’Union européenne
et d’appartenir culturellement à l’Occident. »
Après avoir subi de nombreux refus côté
européen, notamment en Allemagne et en
Hongrie, motivés par la peur de déplaire au
géant russe lorsque la guerre s’est déclarée,
Konstantin Akinsha a repris son bâton de
pèlerin et fini par obtenir l’aide de Francesca
Thyssen-Bornemisza. L’urgence de soustraire
les œuvres d’art du danger immédiat de la
guerre a finalement motivé rapidement les
principaux prêteurs, le Musée national d’art
d’Ukraine et le Musée du Théâtre, du Cinéma
et des Arts musicaux.
MODERNISME EN UKRAINE
Même s’il s’en défend, le parti pris de
Konstantin Akinsha, en se concentrant sur
le modernisme des années 1900 à 1930, est
38

« Nous avons estimé qu’il fallait montrer
les œuvres d’artistes qui étaient actifs
en Ukraine à différentes périodes et qui
ont laissé une forte empreinte sur le
développement de l’art ukrainien. »
KONSTANTIN AKINSHA
bien de rendre à l’Ukraine, patrie d’Alexandra
Exter, Sonia Delaunay et Kasimir Malevitch,
la place qui lui revient dans l’histoire
de l’art moderne, trop souvent éclipsée
par la Russie : « Notre sélection n’était pas
fondée sur un profilage ethnique. Nous
avons estimé qu’il fallait montrer les œuvres
d’artistes qui étaient actifs en Ukraine à
différentes périodes et qui ont laissé une
forte empreinte sur le développement de
l’art ukrainien. Par exemple, Kazimir Malevitch
est né en Ukraine. Il a passé la majeure
partie de sa vie créative en Russie, mais en
1928, il a été invité à enseigner à l’Institut
des Arts de Kiev. Cela s’est produit à une
époque où, en Russie, il ne pouvait pas
obtenir un tel poste. Malevitch a fortement
influencé les jeunes artistes, laissant son
empreinte sur le développement du modernisme
ukrainien. Nous avons également
inclus dans l’exposition des artistes d’origine
ukrainienne tels que Sonia Delaunay
et Vladimir Baranov-Rossiné qui sont nés
en Ukraine, mais se sont formés comme
artistes à l’étranger. Nous avions également
prévu d’inclure les œuvres d’Alexander
Archipenko. Malheureusement, à Madrid,
c’était impossible, mais nous espérons que
nous pourrons les montrer dans d'autres
lieux. » Car l’exposition fait mouche ! Son
itinérance est déjà prévue au printemps,
au musée Ludwig de Cologne et plus tard
au Musée d’Art moderne de la Ville de
Paris. On y redécouvre la place particulièrement
cardinale d’une personnalité
comme Alexandra Exter : « Il est intéressant
de regarder les entrées de Wikipédia
la concernant dans différentes langues
– le Wikipédia ukrainien la définit comme
une artiste ukrainienne, le russe comme
une artiste russe et le français comme une
artiste française. Les trois définitions sont
correctes. Alexandra Exter a influencé
toutes les cultures mentionnées, mais son
rôle en Ukraine a été particulièrement
important. Elle fut l’un des fondateurs de
l’école du Futurisme de Kiev et est devenue
professeure de différents artistes comme,
par exemple, Vadym Meller. Malheureusement,
le marché international de l’art est
pollué par des centaines de fausses œuvres
d’Exter, ce qui rend difficile toute recherche
sérieuse sur son héritage. » Une autre dimension
primordiale de la modernité ukrainienne
est celle de la culture yiddish : « Tout
le territoire de l’Ukraine prérévolutionnaire
appartenait à ce que l’on a appelé le Pale
of Settlement. Les Juifs, qui n’avaient pas le
droit de résider à Saint-Pétersbourg, Moscou
et d’autres villes russes, étaient concentrés
en Ukraine, en Biélorussie, en Lituanie et
dans une partie de la Pologne qui était sous
domination russe. Le rôle de l’Ukraine dans
l’histoire juive est fondamental. Après la révolution,
Kiev est devenue, pour une courte
période, la capitale de la culture yiddish,
attirant des artistes de différentes parties
de l’empire russe effondré. Ils ont rejoint la
Kultur Lige, importante organisation culturelle
juive. Après 1920, si elle cessa d’exister,
les artistes juifs jouèrent tout de même un
rôle important dans le développement du
modernisme ukrainien. Ainsi, Emanuel
Shekhtman, artiste ayant rejoint le groupe
des disciples de Mykhailo Boychuk, a peint
des tableaux monumentaux représentant
les pogroms et les réfugiés juifs. J’espère que
cette exposition attirera enfin l’attention sur
ce modernisme ukrainien, qui reste jusqu’à
présent peu connu et n’est pas inclus dans
l’histoire de l’art européen du XXe siècle. En
même temps, elle contribuera à maintenir,
temporairement, tous ces tableaux dans la
sécurité des salles de musées européens. »
VISITER
Du Crépuscule à l’Aube. Collection de la
Galerie Nationale d’Art de Kyiv
Musée Rath, Genève
www.mahmah.ch
jusq. 23-04
Born in Ukraine. La Galerie Nationale d’Art
de Kyiv à l’honneur
Kunstmuseum, Bâle
www.kunstmuseumbasel.ch
jusq. 30-04
El Lissitzky, Composition, 1918-1920. National Art Museum of Ukraine.
In the Eye of the Storm: Modernism in
Ukraine, 1900-1930s
Museo Thyssen Bornemisza, Madrid
www.museothyssen.org
jusq. 30-04
39

Aristide Maillol
La beauté d’une montagne silencieuse
À mille lieues du lyrisme expressif
de Rodin, Aristide Maillol s’imposa
comme le sculpteur des beautés
silencieuses et immobiles. La
rétrospective qui lui est consacrée
à La Piscine nous invite à examiner
sa pratique par l’éclairage d’une
œuvre assurément emblématique,
La Montagne (1937).
TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT
Formé à l’École des Beaux-Arts de
Paris, Aristide Maillol (1861-1944)
s’essaya à la peinture et à la tapisserie
avant de se consacrer, vers l’âge
de quarante ans, à la sculpture, discipline
qui lui offrira ses lettres de noblesse.
Cette Montagne confirme sa très large
prédilection en faveur du corps féminin.
Après l’avoir représenté habillé, Aristide
Maillol s’y intéresse dans son plus simple
appareil, privilégiant les formes sensuelles
et épanouies, les volumes lisses et
arrondis, les anatomies charpentées mais
harmonieuses.
UN APAISEMENT UNIVERSEL
Autre signe distinctif, sa recherche inconditionnelle
d’idéal. Maillol s’inscrit dans
la grande tradition classique. Il vise une
expression intemporelle en donnant son
œuvre une universalité archaïque et instaure
un nouveau classicisme en évoquant
directement la statuaire grecque, tant
dans la perfection des proportions que
dans le choix des positions déterminées
le plus souvent dans un volume. Ici, un
format triangulaire dont la base évasée et
la cime aigüe suggèrent la silhouette d’une
montagne. Cette œuvre d’une tranquillité
imposante traduit sa volonté de livrer, à
travers sa quête d’équilibre des formes,
un travail assurément apaisé. On mesure
aisément son opposition, en terme de style,
à Auguste Rodin. L’œuvre silencieuse de
Maillol défie l’expressionnisme, elle offre
une rupture fondamentale avec la sculpture
que Judith Cladel, biographe de l’artiste,
qualifiait en 1937 de gesticulante : «
Aristide Maillol a
inventé un nouveau
classicisme, s'inspirant
directement de la
sculpture grecque.
Il faut le moins de mouvement possible en
sculpture. Il ne faut pas que ça chahute et
que ça grimace et, dans le mouvement, on
grimace facilement. [...] Les statues égyptiennes,
plus elles sont immobiles, plus il
semble qu’elles vont remuer...»Pourtant, le
sculpteur immortalise ici son modèle dans
une position inconfortable à l’équilibre
instable. Absorbée dans ses pensées, privée
de toute expression, elle est représentée la
main droite en appui sur le sol, une jambe
repliée sous son corps, un genou relevé vers
le buste, la tête inclinée vers l’avant.
LES TRAITS DE DINA
« Les jours de tramontane, voyez-vous, je
vais m’asseoir par là, dans ces oliviers, à
l’abri, et je regarde la montagne, en face,
avec les arbres agités par le vent. C’est
d’une puissance... C’est divin. [...] C’est
violent et c’est calme en même temps.
J’ai l’idée d’une statue que j’appellerais La
Montagne et le Vent. » Ces confidences,
que l’artiste livra en 1933 à Henri Frère,
40

La Montagne, 1937, pierre. Lyon, musée des Beaux-arts, dépôt du musée d’Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / photo : René Gabriel Ojéda
indiquent que cette œuvre germait de
longue date. Trois ans plus tard, Maillol
concrétise son projet. En 1936, il fait poser
sa jeune muse, Dina Vierny. Dans le seul
carnet connu contenant des esquisses
de La Montagne, les traits de Dina sont
reconnaissables. Au sommet de sa gloire,
l’artiste a rencontré Dina deux ans plus tôt.
Elle est âgée de quinze ans. La demoiselle,
qu’il considérera comme sa fille (elle sera
à ce titre son exécutrice testamentaire et
héritière), incarne son idéal en sculpture.
Elle devient son principal modèle, mais
également sa précieuse collaboratrice et
le restera pendant dix ans, jusqu’à la mort
de Maillol en 1944. L’artiste imaginera
de nombreuses œuvres dont les formes
pleines, simplifiées jusqu’à l’épure, repré-
Avec ses sculptures dépouillées,
Maillol déclencha une révolution artistique.
sentent une véritable révolution artistique.
Par sa vision synthétique, axée sur l'équilibre
des masses et la rupture radicale avec
l’art descriptif du XIXe siècle, il ouvre, dans
sa discipline, la voie vers l’abstraction. Sa
création marque le tournant entre les XIXe
et XXe siècles, inspirant nombre de grands
artistes dont Henry Moore, Hans Arp,
Henri Laurens, Constantin Brancusi, et
même Picasso ou Matisse.
VISITER
Aristide Maillol (1861-1944) : La quête de
l’harmonie
La Piscine
Roubaix
www.roubaix-lapiscine.com
du 25-02 au 28-05
41

Les esquisses
Un secret qui dure
Eugène Bracht, Un glacier (rivages de l’oubli), signé, huile sur toile marouflée sur panneau, 24,5 x 33,5 cm. Courtesy Ubbens Art
Les esquisses sont les secrets les
mieux gardés de bien des artistes.
Réalisées dans l’intimité de l’atelier
ou dans le dialogue solitaire avec
un paysage, elles témoignent dans
leur incomplétude du geste créatif
dans ce qu’il peut y avoir de plus
éruptif et de plus virtuose.
TEXTE : GILLES BECHET
Pour les amateurs d’art, l’esquisse
a toujours représenté l’expression
la plus pure et sans filtre du
génie et de l’inspiration de l’artiste.
Au XVIIe siècle déjà, les critiques admiraient
les esquisses de Rubens qui étaient
alors réalisées sur panneau de bois. Ils
y voyaient s’exprimer toute la créativité
et l’authenticité du peintre anversois.
« C’est fascinant, parce que c’est comme
une plongée dans l’atelier de l’artiste qui
permet de voir comment il travaille et
comment il aborde ses compositions »,
précise Baukje Coenen, Senior Specialist
pour la peinture ancienne chez Sotheby’s
à Amsterdam. L’esquisse est importante
pour l’artiste parce qu’elle permet de présenter
une composition au commanditaire
et d’avoir son assentiment avant de passer
à la version finale. Souvent inachevée, c’est
sans doute dans cette incomplétude que
réside paradoxalement le génie créatif .
Dans la tradition classique de l’esquisse,
on distingue le bozzetto pour les premières
esquisses, et le modello pour sa version
plus aboutie, proche de la réalisation
finale. Outre son intérêt esthétique, le modello
peut avoir un intérêt historique dans
42

« C’est comme
une plongée dans
l’atelier de l’artiste,
qui permet de
voir comment il
travaille et comment
il aborde ses
compositions. »
BAUKJE COENEN
Elles sont aujourd’hui plus appréciées que
leurs compositions plus abouties. » Quand
elles ne sont pas des études de composition,
les esquisses se concentrent sur des
sujets spécifiques, comme les portraits, les
études de draperie, des parties du corps,
visages, mains ou sur des attitudes d’animaux.
Au XVIIe siècle, avec l’engouement
pour le Grand Tour, surgit une passion
pour les paysages, les ciels, les vallons, les
ruines du Colisée ou de l’Acropole et les
éruptions du Vésuve. Ces paysages, ancrés
dans l’Histoire et dans la Mythologie, devenaient
aussi l’expression de l’âme romantique.
Les artistes faisaient l’expérience
d’une émotion artistique sublimée par la
lumière et les éléments naturels. L’esquisse
était considérée par l’artiste comme une
libération. Par sa rapidité et sa légèreté,
elle permettait de rester au plus proche de
cette émotion, exaltant une sensualité et
un mouvement proches du baroque. Car il
s’agissait de saisir un moment furtif. Dans
son ouvrage de réflexion et de conseil sur
la pratique du paysage, publié en 1799, le
peintre français Pierre-Henri de Valenciennes
recommandait aux jeunes artistes
désireux de traduire l’effet d’un soleil couchant
ou levant de travailler rapidement,
jamais plus de deux heures. Dans ces
esquisses qui témoignent d’un sens aigu
de l’observation, ces peintres captaient des
détails, des éléments qui rendaient leurs
compositions d’atelier plus authentiques
et originales en s’éloignant d’une vision
idéalisée de la peinture classique.
le cas de toiles déjà connues et cataloguées,
car il permet, en fonction des ajouts
et omissions, d’apprécier le cheminement
artistique entre les différentes versions.
Ainsi, une esquisse pour L’Adoration des
Mages, réalisée par Rubens pour l’église
Saint-Jean de Malines, aujourd’hui conservée
au Louvre, vient de sortir de l’oubli et
être mise en vente par la Galerie Colnaghi
de Londres. Les esquisses sont généralement
de plus petite taille que la version
définitive. Dans ce cas précis, on passe
d’une trentaine de centimètres de haut
à plus de deux mètres. Outre la finition
des éléments, on peut voir entre les deux
versions une différence importante dans
l’attitude et la position de la Vierge Marie.
UNE LIBÉRATION
Les esquisses sont bien souvent, vu leur
taille et leur finition, une entrée abordable
dans l’œuvre d’un grand maître.
« Les estimations sont parfois un peu plus
basses, confirme Baukje Coenen, mais au
final les prix atteignent toujours un bon
niveau. C’est le cas avec les frères Annibale
et Agostino Carracci, peintres italiens du
XVIe siècle qui réalisaient des esquisses
sur du papier avec parfois des traces
d’écriture, ou sur des papiers encollés.
Pierre Paul Rubens, L’Adoration des Mages, ca. 1616-1619, huile sur panneau, 38,4 x 31,6 cm. Courtesy Colnaghi
1760
43

Lord Frederic Leighton, Terrasse sur l’île de Capri, 1859, huile sur papier posé sur toile, 32,7 x 30,8 cm.
Fondation Custodia, Collection Fritz Lugt, Paris.
HUILE SUR CARTON
L’huile est adoptée par les peintres de paysage
parce que c’est un matériau très résistant
et facile à emporter. Appliquée sur du
carton, dont l’invention remonte à 1751,
elle peut être très fine et très transparente.
Cela fait qu’à nos yeux contemporains, la
frontière entre une esquisse et une œuvre
finie peut s’avérer très mince. Au XIXe
siècle, parmi les peintres français de l’école
de Barbizon, Camille Corot suivi d’Eugène
Boudin marquent l’avènement du paysage
moderne perpétuant la pratique de l’esquisse
à l’huile, encouragés par l’apparition
sur le marché de la peinture en tube, dont
le brevet a été déposé en 1841. Ils trouvent
un écho aux Pays-Bas, avec l’école de La
Haye et ses paysages de prairies, polders
ou marines. Au XIXe, on bascule entre
un style académique et une touche plus
intuitive. Un artiste comme Constable
multiplie les esquisses non destinées à une
œuvre finie, réalisant de grandes toiles au
format d’exposition, tout en gardant la
touche plus légère de l’esquisse. Après la
période faste des paysages romantiques,
les artistes poursuivent la pratique des
esquisses à l’huile sur carton, comme en
témoignent les œuvres de Rouault ou Vuillard
que propose la Galerie April in Paris,
à Amsterdam. Rarement destinées à être
montrées au public, les esquisses ne sont
« On ne peut pas
toujours attribuer une
esquisse à un artiste
bien précis. Il faut
alors faire confiance à
son instinct, ce qui est
l’essence même de la
collection. »
JOB UBBENS
Léon Frédéric, esquisse pour les Ramasseurs d’escarbilles, huile sur carton, 9,5 x 20,5 cm. Courtesy Thibaut
Wolvesperges. La toile achevée en 1883 (162 x 212 cm) se trouve à La Boverie de Liège.
44

« Si on connaît
bien un artiste, on
peut parfois faire de
belles découvertes
suite à un mauvais
catalogage, quand
une esquisse est
erronément attribuée
à un assistant ou à
son école. »
THIBAUT WOLVESPERGES
Ecole française, Vue de la Piazza del Popolo, Rome, ca. 1870, huile sur toile posée sur carton, 18 x 21 cm.
Courtesy Ubbens Art
généralement pas signées, ce qui nécessite
pour leur identification de nombreuses
recherches. Parfois, on peut reconnaître le
tableau qu’elles ont inspiré ou se fier aux
analogies stylistiques. Dans le doute, on
dira, anglais XVIIIe ou français XIXe, sans
pouvoir être plus précis.
PROBLÈMES D’ATTRIBUTION
« Si on connaît bien un artiste, on peut
parfois faire de belles découvertes suite
à un mauvais catalogage, quand une
esquisse est erronément attribuée à un
assistant ou à son école », constate Thibaut
Wolvesperges, galeriste à Bruxelles.
« On ne peut pas toujours attribuer une
esquisse à un artiste bien précis. Il faut
alors faire confiance à son instinct, ce
qui est l’essence même de la collection »,
sourit Jop Hubbens, collectionneur et marchand
à Bussum. Le marché est, on l’aura
compris, très diversifié. « On peut acheter
une esquisse pour 500 comme pour 50.000
euros. Tout dépend du nom de l’artiste, du
sujet, de son traitement, de sa finition et
de la sensibilité du marché », précise-t-il.
Un de ses artistes favoris, l’Anglais Thomas
Jones (1742-1803) a fait plusieurs séjours
en Italie et dans le sud de l’Europe à la fin
du XVIIIe siècle. Jamais exposées de son
vivant, ses huiles sur papier, où il capte
avec raffinement la patine et la matière
des murs de ces villes sous le soleil méridional,
sont aujourd’hui très recherchées
des collectionneurs. Si on peut trouver
certaines de ses œuvres entre 60.000 et
80.000 euros, une de ses esquisses, La vue
du Temple de Diane à Nemi, était adjugée
par Christie’s, en 2005, pour 187.200
livres sterling (279.600 euros). Au musée
Kunstpalast de Düsseldorf, l’exposition
Mehr Licht rassemble des œuvres d’artistes
de l’époque romantique de l’école locale,
mais aussi de Caspar David Friedrich ou
de Camille Corot, artistes ayant pratiqué
l’esquisse à l’huile pour affirmer une nouvelle
vision de la nature. Œuvres à priori
non destinées au public, elles n’ont pour
la plupart été exposées qu’un ou deux
siècles après la disparition de leur auteur.
Même en conservant le statut d’esquisse,
elles peuvent être aujourd’hui considérées
comme des œuvres d’art à part entière, et
garder intacte la singularité du moment
dont elles sont les témoins.
VISITER
Mehr Licht. Die Befreiung der Natur
Museum Kunstpalast
Düsseldorf
www.kunstpalast.de
du 08-02 au 07-05
45

La canne
Bien plus qu’une aide à la marche
Un simple bâton ramassé le long
d’un chemin peut faire l’affaire pour
servir d’aide à la marche. Comment
alors expliquer l’extraordinaire
succès qu’a connu – et que connaît
encore – la canne ? Sans doute
parce que l’être humain a toujours
entouré le plus simple outil d’une
pléiade de symboles, dont celui du
pouvoir ou de la richesse. Quand ce
n’est pas simplement l’identification
de soi.
TEXTE : ANNE HUSTACHE
«La canne n’a pas d’âge. La
première canne a dû être
inventée dès que l’homme,
se saisissant d’une branche
cassée, a compris le parti qu’il pourrait en
tirer », écrivait en 1988 l’historien Pierre
Faveton. L’objet est donc né à l’aube de
l’humanité et de besoins très utilitaires :
soutenir le corps dans sa progression,
faire avancer un troupeau, mais aussi se
défendre. Très vite toutefois, il est orné et
pourvu d’autres fonctions symboliques. La
canne représente diversement le pouvoir,
la classe sociale, l’appartenance à un
groupe. Si le bâton de marche est signalé
plusieurs fois dans l’Antiquité grecque et
romaine et dans la Bible, le mot ‘‘canne’’,
n’est pas attesté avant le XVIe siècle. Il
semble se référer au mot italien ‘‘roseau’’.
Au cours du Moyen Âge, elle entre dans
l’ombre de l’épée ou de la crosse épiscopale,
mais elle accompagne fidèlement le
pèlerin. La Renaissance la remet à la mode
et elle devient un accessoire de plus en
plus luxueusement orné, plutôt réservé
à l’aristocratie et à la noblesse. Après la
Révolution française, elle se démocratise
et, au courant du XIXe siècle, se diversifie :
la canne-système fait fureur et convoque
un imaginaire débridé, couplé à un certain
savoir-faire. La Belle Epoque lui offre son
âge d’or : pour un homme, sortir sans
canne est alors aussi incongru que sortir
sans chapeau pour une femme. Son déclin
s’amorce à la fin des années 1920, étant
sans doute concurrencée par l’envahissement
de la voiture et d’autres critères de
modernité.
LIRE
Pierre Faveton, Les Cannes, éd. C. Massin,
Paris, 1988, ISBN 2-7072-0132-4
Ennemi
ca. 1345 av. J. – C.
Toutankhamon fut-il le premier grand collectionneur de
cannes ? Sa tombe en recelait 130 exemplaires ! Si le jeune
pharaon, affublé d’un pied-bot congénital, en utilisa certaines
pour marcher, d’autres – comme celle-ci – furent certainement
confectionnées dans le cadre de cérémonies rituelles. Le pommeau
est formé du corps souplement recourbé d’un personnage
nubien, un des ennemis héréditaires de l’Egypte. Ainsi,
lors des apparitions processionnelles de Pharaon, le geste de sa
main posée sur ce corps exprimait, devant tous, la supériorité
de l’un sur l’autre. Outre sa domination, c’était aussi l’humiliation
que souhaitait infliger l’Egypte aux peuples qui lui étaient
hostiles.
Canne de Toutankhamon avec prisonnier nubien sur le pommeau, Egypte,
argent, bois d’ébène, H. 140 cm. Le Caire, Musée égyptien (futur GEM), inv.
JE 61735. © photo : Kenneth Garrett
46

Exotisme
XVIIIe siècle
De Sèvres à Meissen, la porcelaine fut l’une des matières privilégiée
pour les cannes réalisées aux XVIIIe et XIXe siècles, que ce soit pour
des pommeaux milord ou ‘‘à forte poignée’’. Les décors floraux et les
thèmes galants, comme les scènes inspirées de Watteau, abondent
ainsi que les têtes, que ce soit celles de jolies femme ou de personnages
étrangers, comme ici. Toute la légèreté et le goût pour l’exotisme du
XVIIIe siècle s’expriment dans cette séduisante canne. La tête d’un
homme chauve, probablement chinois ,termine le pommeau réalisé en
porcelaine de Limoges, d’autre part décoré de fleurs et feuillage stylisés.
Sur le dos du pommeau, un dessin de canne complète une inscription
associant ‘‘béquille’’ à ‘‘fertile’’. Une allusion joyeusement coquine ?
Diverses scènes sont ciselées sur le bâton.
Canne avec pommeau, France, bois et porcelaine tendre de Limoges, H. 88 cm.
Limoges, musée national Adrien Dubouché, inv. ADL 1128.
Musicale
ca 1750-1758
Voici une canne dont la rareté est assurée tant par la matière utilisée que par son
utilisation. Elle est en effet sculptée dans une dent de narval, une ‘‘excroissance’’
très recherchée car elle passait pour la corne d’une licorne et son prix dépassait
plusieurs fois celui de l’or. En outre, la partie supérieure de l’objet est sculptée en
flûte traversière et la partie inférieure en hautbois. Son auteur, Georges Heinrich
Scherer, était le plus célèbre membre d’une famille de fabricants d’instruments de
musique à vent, Frédéric le Grand figurait parmi ses plus prestigieux clients. Le
monarque, qui jouait de la flûte et en possédait plusieurs, marquait également un
intérêt scientifique aux qualités acoustiques des matières, d’où ce choix d’une dent
de Narval. Il ne reste actuellement que deux cannes de ce type au monde, l’autre se
trouvant à Darmstadt, au musée régional de Hesse.
Georg Henrich Scherer, Canne flûte et hautbois, Allemagne, dent de Narval, ivoire, bronze doré, H.
107,5 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, inv. 2006.86a-c.
Chaud-Froid
fin du XVIIIe siècle
Classer les cannes n’est pas une mince affaire ! La majorité des modèles anciens disposent
d’une double fonction, par exemple aider à la marche et servir d’arme en cas de besoin. La
canne à système se révèle d’un autre type : elle reste un ustensile de marche mais dispose
d’une autre fonctionnalité, celle-ci étant parfois cachée : canne-cadran solaire, canne avec
matériel d’écrivain, canne-épée, canne-fusil, ... La liste est longue. Cette canne-thermomètre
est exceptionnelle car munie d’un système permettant probablement à son propriétaire
de relever la température du sol. A l’ouverture du fût, on peut y lire l’inscription
suivante : ‘‘Thermomètre portatif de l’invention du citoyen Régnier’’. La férule (embout
dans le bas de la canne) est une haute douille creuse et percée de plusieurs trous.
47

Littéraire
1834
Joachim Le Cointe, Canne dite d’Honoré de Balzac
ou Canne aux turquoises, Paris, or et turquoises, H.
90 cm. Saché, Musée Balzac, inv. BAL 186.
A Paris, au XIXe siècle, personne ne sortait
au théâtre sans canne et certainement pas
Honoré de Balzac (1799-1850) qui, en cette
année 1834, se voit accéder au succès et
entend marquer celui-ci en en possédant
une. Il acquiert à grand frais (700 francs),
auprès de l’orfèvre Le Cointe, une canne
extravagante, plus haute que la normale,
garnie d’un pommeau d’or ciselé et frappé
des armoiries des Balzac d’Entraigues, famille
n’ayant rien à voir avec la sienne. Sur
le pommeau sont serties des turquoises
habituellement associées aux jeunes filles,
les chaînettes y étant attachées ayant été
récupérées sur un sautoir appartenant
à sa maîtresse, Madame Hanska. Cerise
sur le gâteau, le pommeau est également
muni d’un couvercle s’ouvrant sur une
cavité où l’écrivain gardait une mèche des
cheveux de son amante… Cette canne, qui
contraste avec les objets raffinés portés
par les dandys, va évidemment susciter
la raillerie des caricaturistes de l’époque.
En 1836, toutefois, l’écrivain Delphine de
Girardin imagine, dans un roman intitulé
La Canne de Mr Balzac, que cet accessoire
rend invisible celui qui le porte à la main
gauche… Une canne enchantée donc, qui
permet à son propriétaire de se glisser
dans le quotidien de ses personnages, de
les observer pour en nourrir ses romans.
Militaire
fin du XIXe siècle
Un conscrit est un jeune homme appelé à accomplir son
service militaire. Traditionnellement, avant son départ, il
achetait pour l’offrir à sa famille, une canne de verre soufflé,
joliment décorée de trois couleurs enrubannées : le rouge, le
blanc et le bleu du drapeau français. L’objet, empli d’alcool
et hermétiquement scellé d’un bouchon de cuir protégé par
de la cire, était suspendu à un mur du foyer où il attendait le
retour du conscrit. C’était alors l’occasion de briser le bouchon
et de trinquer joyeusement. Parmi les cannes aujourd’hui
conservées, plusieurs demeurent intactes, ce qui signifie que,
malheureusement, certains jeunes hommes sont morts au
combat.
Canne de conscrit, France, verre polychrome, L. 100 cm. © Antiques de Laval
215 €
Prise de bec
début du XXe siècle
Canne Art nouveau, Italie, maillechort, argent 800/1000, ébène, bague de
base en métal, H. 90 cm. © Bellami Fine Art
L’Art nouveau, qui s’épanouit en Europe aux alentours de 1900, a
fourni un fonds inépuisable de modèles aux fabricants de cannes,
extrêmement sollicités en l’ âge d’or de cet accessoire : le monde
de la nature, la courbe d’origine végétale, la femme à la chevelure
foisonnante… Pour cet exemplaire, l’orfèvre a choisi de réunir un
paon et un coq, se prenant doucement le bec sur un lit de fleurettes.
Mais quel est le sens de cette scène si elle n’est pas qu’esthétique ?
En effet, les plumes du coq s’enroulent comme les voiles d’un drap,
tandis que le paon abandonne sa superbe habituelle. Une canne qui
témoigne du raffinement extrême dans lequel celles à pommeau
d’argent de la Belle Epoque étaient réalisées.
48

A la chasse aux papillons
ca. 1900
Canne à système pour collectionneur de papillons, bois. Collection particulière.
© Anticstore
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, plus de 1500 brevets
de systèmes pour canne furent déposés… entre canne à
dés, canne boîte à poudrer, canne allume-cigare, canne
avec matériel pour médecin ou encore canne-montre,
ces accessoires et outils, créées par des esprits inventifs,
offrent certainement les cannes les plus fascinantes et les
plus collectionnées. Cette canne pour collectionneur de
papillons témoigne du sens pratique dont les fabricants
devaient disposer : comment faire entrer tous les instruments
nécessaires – filet, pince, étuis, épingles – dans le
mince tuyau de bois ?
La classe !
1996
Siegfried De Buck est internationalement reconnu pour ses créations dans
le domaine du bijou contemporain. On connaît moins ses objets. Sa réinterprétation
de la canne Milord, ou Crimson, traduit parfaitement la philosophie
de ce passionné de belles matières, de formes essentielles et créatives,
mais aussi du savoir-faire qui donne patiemment vie aux choses. La Crimson
est faite de matériaux nobles, adoptant un profil net et sobre qui montre
sans détour un petit couvercle dissimulant un contenant. A chacun d’y
déposer son secret. En créant plusieurs cannes, outre la Crimson, Siegfried
De Buck (1949) confirme sa foi en des objets qui nous identifient.
Siegfried de Buck, canne Crimson, Gand, bois et argent. Anvers, DIVA, inv. S2005/5.
Hors catégorie
1997
Au XVIIIe siècle, la famille Jacquet Droze, originaire de la Chauds-de-Fonds, se
rendait internationalement célèbre pour ses travaux d’horlogerie, montres et
automates. Entrée en déclin au début des années 1990, la firme est intégrée en
2000 dans le groupe Swatch. Réalisée en 1997, cette canne-montre témoigne
pourtant d’un savoir-faire maison demeuré intact en dépit des années d’ombre,
un tel objet requérant la maîtrise de divers artisans de haut vol. Le pommeau est
en or et émail translucide bleu, serti de rubis, turquoises et perles. Une ouverture
secrète, faite de tourmaline sertie de diamants, laisse entrevoir le cadran de la
montre. L’aiguille est en acier bleui. Un stylo bille en or guilloché figure également
à l’intérieur de la canne.
Canne montre-squelette Jacquet Droze, or, bois d’amarante, émail, rubis, turquoises, perles,
diamant, acier bleui. Artcurial, Monaco, 30-07-2007. © Artcurial
11.772 €
49

Theodore Rombouts
Un maître entre Caravage et Rubens
Allégorie de la Cour de Justice de Gedele, 1627–1628, huile sur toile. Gand, Musée des Beaux-Arts.
50

Le point culminant de la célébration
des 225 ans d’existence du musée
des Beaux-Arts de Gand (MSK)
est sans aucun doute l’exposition
internationale Theodore Rombouts.
Virtuose du caravagisme flamand.
Son chef-d’œuvre, l’Allégorie de
la Cour de Justice de Gedele, a été
acquis par le musée en 2007.
TEXTE : MATTHIAS DEPOORTER
Theodore Rombouts (1597-1637)
n’est sans doute pas un nom
très connu. La commissaire de
l’exposition, Frederica Van Dam,
introduit le catalogue consacré à ce caravagiste
anversois par une citation de Max
Rooses : « Le maître anversois envers lequel
la postérité a manifesté la plus grande
injustice » et qui « a le moins bénéficié de
la notoriété à laquelle il pouvait prétendre
». En 1879, l’historien de l’art anversois
résumait en ces termes la renommée de
Rombouts. Près d’un siècle et demi plus
tard, cette injustice est toujours d’actualité.
Aussi, l’exposition souhaite-t-elle corriger
cette image et offrir un nouveau souffle à
la recherche. Le lien avec Gand et le MSK
n’est pas fortuit. Rombouts réalisa pour la
ville des œuvres magnifiques, dont celle
précitée qui fait partie des joyaux du musée.
La toute première œuvre d’un maître acquise
par l’institution fut l’Allégorie des cinq
sens, commande de son mécène gantois,
l’évêque Antoon Triest (1577–1657). Theodore
Rombouts appartient à la deuxième
génération des caravagistes, indirectement
influencés par le génie lombard (1571-1610)
et par son principal disciple italien, Bartolomeo
Manfredi (1582–1622). Rombouts se
rendit en Italie en 1616, s’y imprégnant de
l’atmosphère picturale novatrice, avant de
devenir, après son retour à Anvers, le plus
grand peintre de scènes de genre moralistes
à l’esthétique caravagesque. Ses compositions
ont un format horizontal, le chiaroscuro
(clair-obscur) est créé par une source de
lumière cachée, des personnages en buste
et de saisissants gros plans de têtes. L’artiste
savait créer une ambiance séduisante, notamment
grâce à des musiciens jouant du
luth ou du théorbe.
Le caravagisme
ne connut
qu’un bref
épanouissement et
fut longtemps négligé
par les critiques.
RUBENS, CHEF DE FILE
On ne connaît qu’une quarantaine de
tableaux de Theodore Rombouts, mort
relativement jeune. Il avait vingt ans de
moins que Pierre Paul Rubens (1577-1640),
fait qui le desservit tant dans sa vie que
dans l’accueil réservé à ses oeuvres. Malgré
la portée internationale du caravagisme
dans le nord des Pays-Bas, avec Dirck van
Baburen, Gerard van Honthorst et Hendrick
ter Brugghen, la situation était différente
dans les provinces du sud. Ainsi, Gerard
Seghers (1591-1651) se plaignait-il de son
obligation d’adapter son style à celui de
Rubens, selon le souhait de ses commanditaires.
Les artistes et leurs biographes
n’avaient alors d’yeux que pour Rubens et
Antoine van Dyck, de sorte que le caravagisme
de Rombouts et de ses confrères
ne connut qu’un bref épanouissement et
fut longtemps négligé. En outre, nombre
d’historiens de l’art méprisèrent les scènes
de genre de Rombouts, faisant courir le
bruit d’une jalousie de sa part en regard des
succès rencontrés par Rubens.
MAGNUM OPUS
En dehors des scènes de genre, il subsiste
un nombre limité d’allégories et représentations
religieuses de Rombouts. L’Allégorie de
la Cour de Justice de Gedele, tableau particulièrement
puissant et sa plus grande œuvre,
réunit toutes les caractéristiques de son
art. En avril 1628, après un an de travail et
juste avant la date de livraison convenue, il
acheva l’œuvre sur une toile à matelas avec
motif à chevrons, utilisée pour sa rigidité
convenant aux œuvres monumentales. Ce
tableau, qui s’inscrivait dans la politique
de représentation de la cité, fut installé
dans l’hôtel de ville, en la salle scabinale
de Gedele, précurseur de l’actuel palais de
justice. L’oeuvre impressionne, notamment
dans son plan inférieur, par une approche
personnelle du caravagisme naturaliste. Les
personnages sont assis ou couchés, portent
des costumes de fête, adoptent une pose
théâtrale ou prennent un air impassible, tel
ce solide hallebardier de profil au heaume
étincelant. En peintre figuratif accompli,
Rombouts démontre, dans sa personnification
de l’Escaut, que la représentation d'un
corps d’homme robuste et nu ne pose aucun
problème. Son apprentissage probable
auprès d’Abraham Janssens (1575–1632)
est ici perceptible. Ce personnage placide
nous incite à regarder plus en hauteur. Les
gestes de la main et l’orientation des têtes
des autres figures sont tout aussi précis, de
sorte que le regard se porte à gauche et à
droite avant de se fixer, via l’escalier, sur le
thème central. Le plan supérieur est doté
d’un ton et d’un style différents avec, au
milieu, la Vierge de Gand sous un baldaquin.
Celle-ci personnifie la ville, avec le lion
symbolisant la justice. Les huit échevins de
Gedele, aux attributs définissant la jurisprudence,
l’encadrent sur les marches. Au
registre inférieur, trois femmes incarnent
les vertus cardinales de Courage, Prudence
et Tempérance. Contrairement à ses scènes
de genre, l’artiste a ici élaboré un véritable
décor. L’architecture et la sculpture
antiques offrent un contrepoids classique
au caravagisme, ce qui révèle un artiste à la
forte personnalité, capable de transcender
l’image stéréotypée du peintre de genre. En
1630, celui-ci acquit sa maison familiale,
Den Leecktap sur le Meir. L’atelier tournait
alors à plein régime, avant de cesser toute
activité au décès de l’artiste en 1637.
VISITER
Theodore Rombouts.
Virtuose du caravagisme flamand
MSK
Gand
www.mskgent.be
jusq. 23-04
51

Lucien Clergue, Picasso à La Californie, Cannes, 1955. © de l'artiste
52

Cinquante ans
après Picasso
Un mythe contesté
Cette année commémore dans
le monde le cinquantième
anniversaire de la disparition de
Pablo Picasso, avec pas moins de
cinquante expositions. Une nouvelle
génération découvre le plus grand
artiste du XXe siècle en posant les
questions du XXIe sur le mythe
Picasso. Est-il possible de dissocier
l’art de l’artiste et du culte de sa
personnalité ?
TEXTE : CELINE DE GEEST
Dans le demi-siècle qui a suivi sa
mort, Picasso (1881-1973) n’a cessé
d’occuper le devant de la scène.
2023 est une année spéciale, car
les institutions culturelles d’Europe et des
États-Unis organisent Celebrating Picasso
1973-2023 : cinquante expositions et événements
retraçant la carrière du maître espagnol.
En Europe, les expositions Picasso – El
Greco au Kunstmuseum de Bâle, Picasso:
Matter and Body au Guggenheim de Bilbao,
Miró – Picasso au Museu Picasso et à la
Fundació Joan Miró de Barcelone, Picasso
& Abstraction aux musées des Beaux-Arts
de Bruxelles et Célébration Picasso, sous
la direction artistique de Paul Smith, au
musée national Picasso de Paris figurent
au programme. Aux États-Unis, le MoMA
suit le mouvement avec Picasso in Fontainebleau,
le Metropolitan avec Picasso: A Cubist
Commission in Brooklyn, le Guggenheim
avec Young Picasso in Paris et le Cincinnati
Art Museum avec Picasso Landscapes: Out
of Bounds. Si un demi-siècle après le décès
de l’artiste, il semble que tout ait été dit.
Le Brooklyn Museum de New York sort
des sentiers battus en soulevant quelquesunes
des questions que, toutes générations
confondues, les visiteurs se posent, traitant
de notions telles que la masculinité, la
misogynie et le génie en art. Une personnalité
complexe, érigée au rang de mythe telle
que celle de Picasso, en est une illustration
parfaite. L’exposition de Brooklyn se penche
sur les méthodes de travail de l’artiste et son
personnage vu à travers le spectre du féminisme.
Il s’agit d’une collaboration entre les
L’exposition de
Brooklyn se penche
sur les méthodes de
travail de l'artiste et
son personnage vu à
travers le spectre du
féminisme.
curatrices Lisa Small et Catherine Morris et
l’humoriste et historienne de l’art australienne
Hannah Gadsby.
LE REGARD MASCULIN
« I fucking hate Picasso! », hurle Hannah
Gadsby dans son fameux spectacle Nanette
que des millions de spectateurs ont vu sur
Netflix. « Il couchait avec une fille mineure
et ça me suffit. Il ne m’intéresse pas »,
déclare-t-elle. La comédienne évoque la
relation que l’artiste, alors âgé de 45 ans,
entama avec Marie-Thérèse Walter, âgée
de 17 ans. Et d’ajouter : « Picasso trouvait
cette situation parfaite. ‘‘J’étais dans la fleur
de l’âge, elle était dans la fleur de son âge’’,
a-t-il déclaré. J’ai lu cela quand j’avais dixsept
ans. Ça m’a dégoûtée. Je le déteste, sauf
que c’est interdit. » Avec ironie, elle imite
les défenseurs de Picasso : « ‘‘Mais c’est tout
de même lui qui a inventé le cubisme !’’ Ne
vous méprenez pas, le cubisme est effectivement
important. Picasso a introduit
53

Figure, 21 novembre 1948, crayon, frottis, encre et grattoir
sur zinc, impression par Mourlot sur papier vélin,
66,1 × 50,4 cm. © Musée national Picasso-Paris, dation
Pablo Picasso, 1979.
Nu au bouquet d'Iris et miroir, 1934. © Succession Picasso Sabam Belgium 2022 / RMN-Grand Palais
(Musée national Picasso-Paris) / photo : Mathieu Rabeau
« Retirez le nom
de Picasso de ses
tableaux et voyez
combien ils vont
rapporter dans une
vente aux enchères :
pas un centime ! »
HANNAH GADSBY
de nouvelles perspectives dans l’art. Mais
une seule de celles-ci avait-elle trait à la
femme ? » Lorsqu’elle parle de faire la
distinction entre l’artiste et son art, autre
argument des défenseurs de Picasso, elle
ajoute : « D’accord, cela ne coûte rien
d’essayer. Retirez le nom de Picasso de ses
tableaux et voyez combien ils rapportent
aux enchères : pas un centime ! » Il n’est
pas facile de dissocier l’artiste de son art
lorsqu'on parle de Picasso. Les femmes qui
ont coloré sa vie, de la période bleue à la
rose et longtemps après, constituent un
élément incontournable de son mythe. Les
différentes périodes de l’œuvre de Picasso
sont souvent définies par ces femmes.
Olga Khokhlova (1891-1955), Marie-Thérèse
Walter (1909-1977), Dora Maar (1907-
1997), Françoise Gilot (1921) et Jacqueline
Roque (1927-1986) sont quelques-unes des
muses qui l’ont inspiré et qu’il a indissociablement
liées à l’art. Picasso a sciemment
articulé son personnage autour de ses
partenaires féminines et les historiens de
l’art lui ont emboîté le pas. Mais le regard
porté aujourd’hui sur le personnage a
tendance à se nuancer, dans la foulée
du mouvement MeToo et des études de
genre. La journaliste Arianna Huffington,
fondatrice de The Huffington Post, les a
précédés dès 1989. Dans son livre Picasso:
Creator and Destroyer, elle décrivait l’artiste
comme un malade, tourmenté, fragile,
sadique, peu digne de confiance, mais
aussi comme un misogyne qui harcelait
ses femmes et maîtresses. Pour ce faire,
elle a notamment interviewé l’artiste Françoise
Gilot, aujourd’hui âgée de 101 ans,
dont Picasso fit la connaissance alors qu’il
avait 61 ans et elle 21. Ils vécurent dix ans
ensemble et eurent deux enfants, Claude
et Paloma. Lorsque Françoise quitta
Picasso, il demanda à tous les marchands
d’art qu’il connaissait de ne pas accepter
de vendre les œuvres de son ex-compagne.
En 1964, onze ans après leur séparation,
cette dernière écrivit Life with Picasso,
portrait révélateur devenu un bestseller
malgré les efforts de l’artiste pour interdire
sa publication. Dès lors, quiconque
souhaitait nouer des liens avec Picasso ou
avoir accès à son atelier devait dénigrer le
livre de Françoise. Après sa publication, il
refusa de continuer à voir leurs enfants. Le
produit de la vente du livre servit à payer
les frais du procès de Claude et Paloma
pour devenir ses héritiers légaux.
54

MUSES RÉCIPROQUES
Les témoignages de Françoise n’ont pas
pour autant freiné la Picasso-mania. Des
milliers d’œuvres de l’artiste sont disséminées
dans le monde et constituent le
clou de nombre de collections privées et
publiques. Beaucoup de musées ont toutefois
cessé, au fil des ans, de présenter sans
esprit critique Picasso et d’autres grands
artistes comme de purs génies, des êtres
presque surhumains à l’inspiration divine et
au dévouement total à leur art, ce qui justifie
parfois une personnalité abominable.
Au lieu de cela, les expositions traitent du
contexte social de l’éclosion de leur talent
et de l'importance des collaborations en art.
Lors de la récente exposition Lee Miller and
Picasso, la galerie britannique Newlands
House dénaturait le récit dominant sur le
peintre espagnol et ses modèles féminins
en présentant Picasso comme muse de
Miller. La photographe et correspondante
de guerre Lee Miller (1907-1977) rencontrait
Picasso à l’été 1937, lors de vacances
dans le sud de la France, à la suite de quoi
le maître a peint des portraits colorés d’elle.
Picasso devint à son tour inspirateur de
la photographe qui en fit plus de mille fois
le portrait dans les années qui suivirent.
Nombre de ces images présentent Picasso
comme homme et père, mais aussi comme
artiste. Lee Miller eut accès à l’atelier de
Picasso, privilège exclusivement réservé aux
personnes de son entourage proche. Ses
photographies d’atelier révèlent la manière
dont Picasso a représenté ce lieu dans ses
tableaux : un espace sacré où il exerçait sa
magie. Plus on s’éloigne d’Europe, plus le
regard semble critique. En 2018, en Australie,
une exposition itinérante présentait la
Suite Vollard, série de cent gravures réalisées
par Picasso entre 1930 et 1937, se référant
au marchand d’art Ambroise Vollard qui
les avait commanditées. Ces gravures qui
font, entre autres, partie des collections du
MoMA et du British Museum, comptent
d’après les connaisseurs parmi les meilleures
de l’artiste. Elles représentent le
Minotaure en agresseur et le sculpteur
Pygmalion, obsédé par son modèle incarné
par Marie-Thérèse Walter. L’exposition
s’accompagnait d’une déclaration du musée
intitulée Picasso and #MeToo et d’une liste
d’ouvrages de référence. Cette liste incluait
des articles questionnant les rapports de
force dans l’art de Picasso, vus par certains
comme l’expression de sa misogynie, tandis
que d’autres proposaient une analyse minutieuse
de son art.
Arianna Huffington décrit Picasso comme
un génie tourmenté, fragile, sadique et peu
digne de confiance et comme un misogyne qui
harcelait ses femmes et maîtresses.
DANS LE PRISME DU GENRE
À Paris, seconde patrie de l’artiste, lire
son œuvre par le prisme du genre paraît
plus délicat. Lorsque la journaliste Julie
Beauzac mit en doute, dans un podcast
qu’elle nomma L’esthétisation de la violence
sexiste et sexuelle de Picasso, elle accusa
« la manière dont l’histoire de l’art est
organisée en club pour hommes, dont
la société fabrique des génies et l’impunité
accordée à des hommes puissants. »
Son message ne fut pas accueilli des plus
favorablement. Interrogée par l’AFP, Cécile
Debray, directrice du Musée national
Picasso-Paris, qualifia ce podcast « d’attaque,
d’autant plus violente que Picasso
est la personnalité la plus célèbre et
populaire de l’art moderne. Une idole à ne
pas détruire ». Elle nuança ultérieurement
son point de vue : « Il est crucial que le
L'Acrobate, 1930, huile sur toile, 162 x 130 cm. Musée national Picasso-Paris. © Succession Picasso - SOCAN /
RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / photo : Adrien Didierjean
55

Picasso a sciemment
créé son personnage
autour de ses
partenaires féminines
et les historiens de l’art
lui ont emboîté le pas.
musée choisisse une approche historiographique
qui conserve la distance nécessaire
par rapport aux débats sur l’attitude de
Picasso à l’égard des femmes et qui tente
à la fois de déconstruire le mythe Picasso.
Nous souhaitons y parvenir en faisant
le distinguo entre faits avérés et inventés.
» La déconstruction envisagée inclut
la réévaluation et la réorganisation de la
collection, l’invitation d’artistes contemporains
inspirés par Picasso, comme la
Bruxelloise Farah Atassi. Cécile Debray :
« Il s’agit de trouver un bon équilibre ; nous
nous mettons en retrait de l’hagiographie
et recherchons l’idée compréhensible et
pertinente pour présenter ses créations.
Les attaques contre Picasso sont, à l’heure
actuelle, essentiellement lancées en ligne.
De ce fait, beaucoup de personnes, surtout
les jeunes, entendent parler pour la première
fois de Picasso de manière biaisée,
sans aucune connaissance de l’œuvre ni
du fonctionnement d’un musée. Il me
semble dès lors crucial que le musée tente
de rencontrer ce public en s’ouvrant au
débat et en lui faisant découvrir l’art. »
Lorsque l’exposition Picasso. Figures s’est
déplacée du musée national Picasso au
musée national des Beaux-Arts du Québec,
un audioguide était proposé sur le
thème ‘‘Pouvons-nous distinguer l’art de
l’artiste ?’’ Dans une interview au Journal
de Québec, la commissaire Maude Lévesque
déclarait : « Il faut examiner dans
quelle mesure son œuvre est pertinente
pour la société actuelle et comment nous
pouvons l’employer afin d’aborder des
questions cruciales. Il nous faut porter
notre regard au-delà du seul génie. »
La femme en gris, 1942,huile sur panneau. New York, The Brooklyn Museum, don d'Alex Hillman Family
Foundation en mémoire de Rita K. Hillman, 2008.43. © Brooklyn Museum
Projet de composition : guitare, bouteille et verre sur
table ronde, 1913, technique mixte sur papier, 27,5 ×
21,5 cm. © Musée national Picasso-Paris, dation Pablo
Picasso, 1979
56

Le peintre et son modèle dans un paysage, 1963, huile sur toile, 89 x 130 cm. Nahmad Family Collection. © 2021 The Estate of Pablo Picasso / Artists Right Society
(ARS), New York
VISITER
Picasso & Abstraction
MRBAB
Bruxelles
www.fine-arts-museum.be
jusq. 12-02
Picasso / Poussin /
Bacchanales
Musée des Beaux-Arts
Lyon
www.mba-lyon.fr
jusq. 05-03
Picasso in Fontainebleau
MoMA
New York
www.moma.org
du 18-02 au 01-05
Picasso. L'artiste et son
modèle : dernières toiles
Fondation Beyeler
Bâle
www.fondationbeyeler.ch
du 18-02 au 22-01-2024
Célébration Picasso
Musée national Picasso
Paris
www.museepicassoparis.fr
du 07-03 au 27-08
Young Picasso in Paris
Guggenheim
New York
www.guggenheim.org
du 12-05 au 07-08
Picasso and Feminism
Brooklyn Museum
New York
www.brooklynmuseum.org
du 02-06 au 24-09
Picasso Landscapes:
Out of Bounds
Cincinnati Art Museum
cincinnatiartmuseum.org
du 24-06 au 11-10
Picasso: A Cubist
Commission in Brooklyn
Metropolitan Museum
New York
www.metmuseum.org
du 12-09 au 14-01-2024
Picasso: Matter and Body
Guggenheim
Bilbao
guggenheim-bilbao.eus
du 29-09 au 14-01-2024
Picasso. Dessiner à l'infini
Centre Pompidou
Paris
www.centrepompidou.fr
du 18-10 au 22-01-2024
Miró – Picasso
Museu Picasso & Fundacio
Joan Mirò
Barcelone
www.museupicasso.bcn.cat
du 19-10 au 25-02-2024
NOTRE SELECTION
57

Raphaela Vogel
prend son envol
Le musée De Pont de Tilburg
organise une exposition
rétrospective de l’artiste allemande
Raphaela Vogel, étoile montante
de l’art international qui excelle
dans la sculpture, la peinture, le
ready-made, les sons et les vidéos
tourbillonnantes dans lesquelles
elle se met en scène. Sa démarche
soulève des questions, non sans
humour ni fascination, sur le
contrôle, la domination, les rapports
de force et le genre dans le monde
actuel.
TEXTE : CHRISTINE VUEGEN
Cette rétrospective s’intitule
KRAAAN, avec les trois A du
mot néerlandais ‘‘kraan’’ et du
mot allemand ‘‘kran’’, signifiant
tous deux ‘‘robinet’’. Terme qui pourrait
s’appliquer aux méthodes de travail
dynamiques de Raphaela Vogel (1988) :
un déluge d’images soigneusement composées
semblant s’échapper d’un robinet
toujours ouvert et faisant souvent fusionner
divers supports. Une grue jaune figure
sur l’image de campagne, celle de la vidéo
Rollo, élément de l’installation du même
nom réalisée en 2019 pour sa grande exposition
personnelle de la Kunsthaus de
Bregenz, en Autriche. Rollo est le nom du
caniche blanc de l’artiste, également présent
dans la vidéo. Elle indique volontiers
que c’est le nom du chien du personnage
principal de Effi Briest de Theodor Fontane,
célèbre roman du XIXe siècle traitant
d’un mariage malheureux, comme
dans Madame Bovary de Flaubert, écrit
du point de vue féminin par un homme.
MONTAGNES RUSSES
Dans la vidéo, Raphaela Vogel grimpe tout
en haut de cette grue. Elle filme invariablement
à l’aide de drones et utilise une
caméra panoramique qui provoque des
déformations considérables. Filmée en
contre-plongée, la grue se tord dans tous
les sens. Lorsqu’elle s’accroche enfin à son
point culminant, l’image se met à tourbillonner
à une allure folle, comme dans
une centrifugeuse. Puis l’artiste apparaît
accompagnée de son caniche, dans une
ouverture ronde semblable à un judas de
porte dotée d’une lentille centrale avec,
en dessous, un motif psychédélique de
cercles en nuances de gris ne cessant de
tourner. Cette fois, elle se filme de bas en
Dans la vidéo
Rollo, une grue
avec Vogel et son
caniche tourbillonne
dans tous les sens,
après quoi l’image
se transforme en
centrifugeuse.
haut tandis qu’un pied grotesque s’avance.
On peut en même temps l’entendre gloser
sur ce qu’elle a et n’a pas. Il s’agit d’une
version allemande, adaptée par ses soins,
de Ain’t Got No, I Got Life, fameux tube de
1968 chanté par Nina Simone qui avait
elle-même fusionné deux chansons de
la comédie musicale Hair. Le projecteur
vidéo fait partie de la sculpture centrale de
l’installation Rollo, un décor de modèles
architecturaux provenant d’un ancien parc
d’attraction incluant des versions miniatures
de bâtiments et monuments européens
emblématiques comme le Tower
Bridge de Londres, l’Arc de Triomphe de
Paris, la Frauenkirche de Dresde et la statue
de la Liberté de New York. Ceux-ci sont
reliés par des tuyaux chromés là où ils se
rejoignent en un faisceau qui se soulève,
socle d’une sculpture auto-construite qui
rappelle l’Atomium de Bruxelles. La vidéo
est ensuite projetée sur le mur. Dans ce
contexte, cette grue qui se tortille fait penser
à des montagnes russes.
58

Raphaela Vogel, Rollo, 2019 (détail), captures d’écran, vidéo sonores, 6:21 minutes (élément de l’installation Rollo, 2019). © de l’artiste / Courtesy den BQ, Berlin
DIVERTISSEMENT ET PROFONDEUR
La source d’inspiration de l’œuvre Rollo est
un court-métrage socialement engagé de
Helke Sander, créé en 1981. Il reconstitue
l’acte d’une mère de Hambourg frappée
par la crise immobilière, qui escalade une
grue avec ses deux enfants et menace de
sauter si rien n’est fait pour endiguer les
loyers exorbitants et la pénurie de logements.
Un problème qui demeure d’actualité.
Cette immense grue symbolise aussi
l’hubris, mot grec désignant l’orgueil, cette
arrogance avec laquelle les humains se
mesurent aux dieux et dominent la nature.
Depuis un séjour à De Ateliers d’Amsterdam,
Raphaela Vogel est connue aux
Pays-Bas. Le musée De Pont a déjà acquis
deux de ses œuvres, dont la sculpture
vidéo Tränenmeer (Océan de larmes) dans
laquelle elle joue de l’accordéon sur un
rocher au milieu de la mer, tandis que l’eau
tourbillonne autour d'elle. Ses créations,
avec musique et chansons créées pour
l’occasion, semblent s’apparenter à celles
de Pipilotti Rist, reine suisse de l’art vidéo.
Mais des supports plus divers entrent
en jeu. A l’occasion de Beaufort 2021,
triennale de la côte belge, l’artiste réalisait
une installation incluant deux girafes
de bronze. On a pu voir l’œuvre Können
und Müssen (Pouvoir et Devoir) lors de la
dernière Biennale de Venise, une squelettique
caravane de girafes blanches tirant le
modèle anatomique surdimensionné d’un
pénis malade et flasque. Dans A Woman’s
Sports Car (2019), la Triumph jaune de la
mère de l’artiste étincelle comme un readymade,
avec ses phares projetant une vidéo.
Lorsque l’artiste peint, elle le fait délicatement
sur de grandes peaux d’animaux. Un
support masculin, comme un trophée de
chasse, même si la forme des œuvres suspendues
a quelque chose d’un utérus. Les
conflits, le contrôle, les rapports de force,
la valeur d’amusement et la profondeur
de réflexion, la force et la vulnérabilité, la
position de la femme, les relations entre les
animaux, les hommes et les machines, un
jeu avec les symboles et des changements
de perspective inattendus sont autant
d’éléments récurrents dans le monde tourbillonnant
de Raphaela Vogel.
Ses créations vidéos,
avec musique et
chansons créées pour
l’occasion, semblent
s’apparenter à celles
de Pipilotti Rist. Mais
de nombreux autres
supports entrent en
jeu.
VISITER
Raphaela Vogel. KRAAAN
Musée De Pont
Tilburg
www.depont.nl
du 18-02 au 27-08
59

Uhoda Collection
L'art contemporain qui crée du lien
Comment se constitue une grande
collection d’entreprise ? À quelques
semaines de l’ouverture officielle
de son espace au grand public,
l’entrepreneur liégeois Stephan
Uhoda, actionnaire principal du
groupe éponyme (stations-service,
épiceries, immobilier, …), nous a
confié sa vision de l’engagement
artistique et culturel.
TEXTE : GWENNAËLLE GRIBAUMONT
COLLECT : Comment a débuté cette
formidable aventure de collectionneur ?
Stephan Uhoda : C’est tout d’abord une
passion qui a commencé avec mon frère
Georges. Nous avions alors une trentaine
d’années et rencontrions de jeunes
artistes liégeois. Nous avons entamé notre
collection d’entreprise de cette façon. Au
fur et à mesure du développement de nos
activités professionnelles, les budgets que
nous pouvions consacrer à l’acquisition
d’œuvres d’art devenaient plus conséquents
et la collection s’est élargie pour
intégrer des artistes belges, puis internationaux.
Xavier Mary, Diamond Lover, 2010, acier et acier poli-miroir, 146 x 136 x 136 cm. À l’arrière-plan : à gauche,
Frank Stella, From de the Waves : The Whale as a Dish, 1989, CTP ¼, technique mixte, 172 x 138 cm ; à droite,
Thandiwe Muriu, Child’s Play, 2018, photographie, 150 x 100 cm © Uhoda Collection / photo : Jean-Luc Deru
De quelle manière définiriez-vous
l’orientation et l’étendue de celle-ci ?
C’est une collection basée sur la passion,
comptant plusieurs centaines d’œuvres,
mais le nombre n’est pas important. C’est
la qualité qui prime ! Très éclectique, elle
ménage un équilibre entre artistes locaux
60

Léo Luccioni, GOUVERNER, installation, néon, sculptures Meditation Drums et Tatol, 2022, dimension variables, proposition présentée dans le White Cube, Liège,
novembre 2022 – janvier 2023. © photo : Jean-Luc Deru
ou régionaux, grands noms nationaux
et pointures internationales. Dans nos
espaces, nous aimons créer des dialogues
entre des artistes aux parcours très différents,
entre plasticiens confirmés et jeunes
talents émergents. Nous y avons aussi
intégré de l’art africain. C’est ce mélange
qui fait la singularité de notre collection.
« Très éclectique, cette collection ménage
un équilibre entre artistes locaux ou
régionaux, grands noms nationaux et
pointures internationales. »
De quelle manière allez-vous organiser sa
présentation au public ?
Dans un premier temps, nous accueillerons
les visiteurs uniquement le samedi
après-midi, sur rendez-vous et par le truchement
d’un médiateur. Nous souhaitons
démarrer calmement, en changeant
partiellement l’accrochage deux fois par
an. Nous présenterons dans une ancienne
banque offrant quelques centaines de
mètres carrés 5 % de l’ensemble, en questionnant
des thématiques. Travailler de la
sorte va nous permettre d’approfondir ces
sujets afin que les visiteurs en retiennent
véritablement quelque chose. Nous prêtons
aussi régulièrement des œuvres à des
musées et fondations, ce qui permet de
les faire circuler tant au niveau national
qu’international.
Comment décidez-vous de l’achat d’une
œuvre ? Êtes-vous toujours d’accord avec
votre frère Georges sur les acquisitions ?
Nos sensibilités se rapprochent très fort.
Nous sommes également conseillés par
Catherine Goffeau et décidons à trois.
Avant toute acquisition, nous analysons
d’abord le parcours de l’artiste, si l’œuvre
fait sens par rapport à l’ensemble déjà
constitué. Etant une collection basée sur
les fonds propres de l’entreprise, l’aspect
investissement est essentiel. Nous devons
acheter de façon prudente et sélective.
Nous observons l’évolution des artistes,
suivons de près leurs cotes pour développer
une collection réfléchie et contrôlée.
Globalement, tout cela se passe
très bien car c’est une activité à laquelle
nous consacrons un certain budget, non
seulement pour l’achat mais également
pour conserver les œuvres, les répertorier,
réaliser des recherches sur les artistes, un
travail d’archivage, …
Que vous apporte cette collection en
terme d’image ?
L’art est une excellente façon de communiquer.
Au départ, nous avions la volonté
de communiquer en interne par cette
collection. Nos employés peuvent choisir
les œuvres qui les entourent. Que ce soit
en interne ou en externe, l’art et la culture
nous apparaissent comme des enjeux
essentiels. La culture reflète l’identité de
la société et l'art nous permet d’avoir une
réflexion sur nous-même. Aussi, quand
nous discutons d’une œuvre avec un collaborateur,
cela crée du lien, ce qui est très
61

important. La culture tourne très vite à dimension
sociale qui est toujours positive.
C’est un autre dénominateur commun
des œuvres choisies : nous aimons qu’elles
soient positives.
Vous êtes également très engagés au
niveau de la ville de Liège. On pense
évidemment à l’installation de l’œuvre de
Daniel Buren dans la Gare des Guillemins,
initiative du Groupe Uhoda...
Nous sommes à l’origine de plusieurs
initiatives et avons démarré, avec l’asbl
Liège Gestion Art au Centre, le projet Art
au centre, offrant à de jeunes artistes et
commissaires d’exposition l’occasion de
réaliser des propositions dans des vitrines
de commerces vides. Nous disposons
également depuis juin 2021 d’un white
cube, une surface de 12 mètres carrés, en
plein centre de Liège, dans lequel nous
dévoilons chaque mois une œuvre de
notre collection, assortie d’une mini-explication.
Cette vitrine est installée dans
la rue Saint-Paul, une des artères les plus
« Avant toute
acquisition, nous
regardons d’abord le
pedigree de l’artiste et
si l’œuvre fait sens par
rapport à l’ensemble
déjà constitué. »
fréquentées de la ville, atteignant quelques
60 000 visiteurs par semaine. C’est important
de créer des événements et des
activités à Liège que je considère comme
une ville magnifique, avec énormément
de potentiel. L’invitation faite à Daniel
Buren dans la Gare des Guillemins en est
un autre exemple. Ces initiatives donnent
une image positive à la ville et attirent
l’attention. L’intervention de Buren incite
des visiteurs du monde entier à faire escale
dans notre ville et en tant que Liégeois, il
est essentiel de mettre notre ville en valeur.
Lorsque nous voyons des usagers du rail
prendre des photos des projections de
Buren sur les trains et dans la gare, nous
nous disons que le pari est gagné !
Y-a-t-il des œuvres particulièrement
emblématiques dans votre collection et
auxquelles vous êtes personnellement
attaché ?
Il y en a beaucoup ! Peut-être une des
œuvres achetées au tout début ou une
œuvre d’un artiste auquel nous avons un
attachement particulier. Je pense directement
à Xavier Mary et à Fréderic Plateus.
Deux artistes que nous avons soutenus à
l’aube de leur carrière et qui ont tous deux
un parcours remarquable, faisant à présent
leur chemin avec leurs galeries. Mais
je ne pourrais pas pointer une œuvre en
particulier. Toutes celles qui composent
la collection sont comme nos enfants et
nous les aimons toutes ! La plupart sont
Vue de l’ancienne banque dans laquelle s’est installée la Collection Uhoda. © photo : Jean-Luc Deru
62

Stéphan Uhoda. © photo : Jean-Luc Deru
« Etant une collection
basée sur les fonds
propres de l’entreprise,
l’aspect investissement
est essentiel. Nous
devons acheter de
façon prudente et
sélective. »
stockées en réserve et il est intéressant
d’observer, quand nous les redécouvrons
après plusieurs années, que nos goûts ont
évolué. On les apprécie différemment.
Il est évident que j’ai un attachement
particulier pour les œuvres signées par
des artistes que je connais personnellement.
La rencontre apporte assurément
quelque chose.
Daniel Buren, Comme tombées du ciel, les couleurs in situ et en mouvement, travail in situ (détail), Gare de
Liège-Guillemins, 2022-2023, © de l’artiste / ADAGP, Paris / photo : Jean-Luc Deru
Est-ce important d’affirmer publiquement
votre engagement vis-à-vis des jeunes
artistes, plus particulièrement liégeois ?
Certainement ! Il est d’abord très réjouissant
de soutenir des jeunes qui sont tous
très reconnaissants du soutien que nous
leur avons apporté. Aussi, nous avons toujours
eu la volonté de donner un support à
notre échelle. Nous restons conscients de
nos limites, responsables d'une entreprise
de taille moyenne, mais nous participons
au mouvement créatif liégeois. La culture,
en tant que bien social, c’est très important.
De même, à travers nos initiatives
(white cube, Buren, …), nous souhaitons
démystifier et rendre plus accessible l’art
contemporain.
VISITER
Uhoda Collection
Rue Léon Frédéricq 14
Liège
www.uhodacollection.com
Ouvert dès mars-avril 2023
(sur rendez-vous)
63

Menart Fair
Une première à Bruxelles
Unique en Europe, Menart Fair,
foire internationale d’art moderne
et contemporain dédiée à l’art du
Moyen-Orient et de l’Afrique du
Nord (ME.NA), s’installe à Bruxelles
pour sa troisième édition.
Jihad Khairallah, Kōzō, 2022, structure en bois massif avec supports en acier, 228 x 121,5cm. © de l’artiste /
Jihad Khairallah Architects, Beyrouth
dans les somptueux
espaces de la Villa Empain,
Centre d’Art et de Dialogue
C'est
entre les cultures d’Orient
et d’Occident et siège de la Fondation Boghossian
inauguré en 2010, que la Menart
Fair a choisi de poser ses valises pour sa
première étape bruxelloise. « Notre souhait
a été pour Bruxelles quand nous nous
sommes projetées dans l’avenir, Joanna
Chevalier et moi-même, explique Laure
d’Hauteville, fondatrice et directrice de la
foire. Après le succès des deux éditions de
Paris, le rayonnement des arts du ME.NA
en Europe dépendrait de leur visibilité
dans une capitale majeure. Bruxelles s’est
imposée à nous d’autant plus naturellement
que la Belgique est probablement
le pays européen qui réunit la plus
importante concentration de collectionneurs
d’art. » Joanna Chevalier, directrice
artistique du salon, ajoute : « La Belgique
m’a toujours interpelée par la qualité de
ses collections et leurs approches visionnaires.
Menart Fair, foire émergeante, a
toute sa place à Bruxelles, notamment à
la Fondation Boghossian. Le visiteur aura
la possibilité d’y découvrir une pléthore
d’artistes qui, pour bon nombre, sont
reconnus dans leur pays d’origine. » En
outre, beaucoup d’entre eux sont déjà
64

Depuis des milliers
d'années, les pays
du ME.NA sont un
fascinant creuset
culturel.
collectionnés par nombre de musées,
d’institutions de renommée internationale
et de connaisseurs occidentaux. Outre
une sélection d’exposants spécialisés dans
les arts plastiques, le salon présente une
section de design incluant meubles, installations
et objets de qualité qui incarnent
magie et raffinement, éclectisme et
audace. Carrefours culturels multimillénaires,
les pays du ME.NA sont, en effet,
réputés pour leur savoir-faire traditionnel
se mariant aux formes contemporaines
riches d’influences multiples. Ici émergent
des créations surprenantes, émouvantes et
originales. Ce design contemporain révèle
son enracinement profond dans l’expérience
et le temps, fruit des échanges, du
brassage et de la succession des peuples et
des civilisations.
Bilal Bahir, Coquille de Bachelard, 2020, technique
mixte sur papier ancien, 42 X 31 cm. © de l’artiste /
Gery Art Gallery, Namur
Nadine Rouphael, Yellow, 2022, céramique, base en finition velours avec glaçage à effet spécial, 43 x 30 x 20 cm.
© de l’artiste / Atelier Nadeen, Beyrouth
PIONNIÈRE EN EUROPE
Laure d’Hauteville souligne également la
richesse et la singularité de l’histoire de
l’art moderne du ME.NA : « L’art contemporain
y connaît une effervescence et une
diversité incroyables. L’engagement des
galeries, des fondations et des collectionneurs
de cette région du monde a été fondamental
pour faire connaître les artistes
dans leurs propres pays. La foire Beirut
Art Fair, que j’ai créée et dirigée à Beyrouth
durant plus d’une dizaine d’années, a été
pionnière dans ce domaine et participé au
rayonnement de ces scènes artistiques.
Avec Menart Fair, nous installons en
Europe une plateforme d’échanges sans
équivalent pour que cette formidable
créative se développe et ne connaisse
plus de frontières. Car, au-delà d’être une
foire marchande, Menart Fair raconte une
histoire, celle de l’art des pays du ME.NA
» L’événement étant à taille humaine
puisque ne regroupant qu’une vingtaine
de galeries, les collectionneurs auront le
temps de visiter les stands, de parler aux
exposants, de découvrir les artistes, de
jeunes designers, avec un focus particulier
sur le travail des créateurs d’Afrique
du Nord. Parmi les 23 galeries exposantes
en provenance de 13 pays, on compte
quelques Belges : Baronian (Bruxelles)
dont le stand propose les œuvres du
Syrien Mekhitar Garabedian (1977), du
Belgo-Iranien Toufan Hosseiny (1988) et
du Marocain Achraf Touloub (1986) ; Gery
Art Gallery (Namur) présente les créations
« Bruxelles était
une évidence, car la
Belgique est peut-être
le pays européen qui
compte la plus grande
concentration de
collectionneurs d'art. »
LAURE D’HAUTEVILLE
oniriques sur papier de l’artiste irakien
Bilal Bahir (1988) ; Nathalie Obadia (Paris
/ Bruxelles) montre le travail des Iraniens
Hoda Kashiha (1986) et Shahpour Pouyan
(1979), celui du Franco-Turc Sarkis (1938)
et de l’Egyptien Youssef Nabil (1972).
VISITER
Menart Fair
Villa Empain
Bruxelles
www.menart-fair.com
du 03 au 05-02
65

Enzo Mari et
le projet humain
personnel
Multiplo con i componenti per la realizzazione di un modello in scala 1:5 della Sedia P, Corraini Edizioni, Mantova, 2002, cadre en acier avec photo, fiche technique,
clous et panneaux en balsa, 25 x 36,5 x 34,2 cm. Archivio E. Mari, Ville de Milan, CASVA.
66

A Genk, le C-mine consacre une
exposition à Enzo Mari, « légende
du design », selon sa directrice
Louise Osieka. Etre éclectique,
cet Italien fut non seulement
créateur, mais également artiste,
illustrateur, architecte, théoricien,
pédagogue et auteur de quinze livres
pédagogiques et politiques.
TEXTE : ROXANE BAEYENS
Au début des années 1950, Enzo
Mari (1932-2020) étudie la
scénographie à l’Académie des
beaux-arts de Brera, à Milan. Il
participe aussi, en tant que jeune artiste,
à ce que Bruno Munari et Umberto Eco
baptisèrent en 1961 l’arte programmata (ou
art programmé), groupe d’artistes italiens
actifs entre la fin des années 1950 et le
début des années 1960, les premiers à introduire
une technologie et une approche
algorithmique dans la production artistique.
Dans ses diverses séries de modèles
comparatifs et contrastés, Mari examine
ainsi l’ambiguïté perceptuelle de l’espace
tridimensionnel. Son Strumenti per le ricerche
sui rapporti fra colore e volume (1952)
étudie, par exemple, la relation entre couleur
et volume, en une série de modèles
dont les surfaces internes se colorent de
manière différente. Ce système de cubes
de 7 cm de côté, soit la distance moyenne
entre les pupilles humaines, permettant de
percevoir la profondeur. C’est cette première
recherche au sein des arts visuels qui
forme la base de la méthodologie légendaire
de l’artiste en matière de design, avec
laquelle il créera avec des programmes
informatiques des produits industriels et
artisanaux. Dans la série Putrella (1958),
‘‘putrella’’ signifiant poutre, il étudia les
différents codes d’outilllage et de techniques
mécaniques et industriels. Il souhaita
ainsi montrer le ratio économique
entre l’utilisation d’appareils industriels
et de produits artisanaux semi-finis. Pour
les vases de la série Samos (1973), Enzo
Mari offrit aux artisans les connaissances
permettant de créer eux-mêmes, grâce à
Contenitori di ferro profilato, Serie putrella, modello A, 1958, fer, 46 x 13 x 8 cm. Danese Milano.
© photo : Fabio e Sergio Grazzani
une méthode programmée. Ils se débarrassaient
ainsi d’une chaîne de production
les obligeant à répéter à l’infini une forme
déterminée par quelqu’un d’autre.
OUTILS DE TRANSFORMATION
Dans les années 1960, Enzo Mari bouleversa
le monde du design. Non seulement
en élaborant des objets pour des gens
ordinaires, dans un secteur alors considéré
comme élitiste, mais aussi en créant à
contre-courant de toute tendance et à l’opposé
de toute exigence du marché. Offrant
une attention particulière aux combinaisons
formelles et aux solutions fonctionnelles,
son approche créative n’est pas tant
esthétique qu’une aspiration à la simplicité
et à une construction parfaite. Du reste,
l’objet final importe peu au créateur, seuls
comptent le processus préalable et la
méthodologie utilisée. « La recherche est
le design, pas le produit », précisait-il. Ses
créations avaient également un objectif
Les créations d’Enzo
Mari dénotent
une aspiration à la
simplicité et à une
construction parfaite.
politique clair. « La priorité d’Enzo Mari
était de créer des outils de transformation
devant stimuler l’évolution de la société »,
souligne Francesca Giacomelli, fondatrice
et conservatrice des archives de l’artiste.
Ce dernier croyait en une participation
collective à la création et aspirait à une
conscience socialisée du design. Il consacra
sa vie à un seul rêve : la réalisation
de l’autoprogetto uomo (projet humain
personnel). En 1973, il créa Proposta per
un’autoprogettazione, manuel gratuit de
67

Les jouets et livres
pour enfants de
l’artiste sont des
créations poétiques
qui aident les petits à
comprendre le monde.
L’uovo e la gallina, Emme Edizioni, 1969, tirage polychrome sur papier repassé, 21,5 x 21,5 cm. Archivio E. Mari,
Ville de Milan, CASVA.
OUVERT ET ÉCLECTIQUE
Au fil des ans, Enzo Mari créa une série
d’œuvres extraordinaires en divers matériaux,
disciplines et supports. Avec sa
personnalité polyvalente, il ne fit jamais
le distinguo entre disciplines et laissa
tous les types de recherche fusionner. Ses
œuvres, qui figurent dans les collections
du Museum of Modern Art de New York,
du Musée des Arts Décoratifs de Paris ou à
la Triennale de Milan en sont une belle illustration.
Les œuvres de Mari font encore
l’objet d’une demande importante, comme
le confirme la Galleria Massimo Minini de
Brescia qui a commencé à travailler avec
l’artiste en 2015 et représente ses créations
visuelles. Une grande rétrospective était
organisée en mai dernier, incluant ses
œuvres du courant arte programmata. Certaines
de ces premières créations sont encore
disponibles. Les prix varient de 4.000
montage de meubles avec marteau, clous
et planches en bois. Il ne s’agissait pas d’un
projet de bricolage, mais plutôt d’une invitation
révolutionnaire à porter un regard
critique sur les méthodes de production
de la société du gaspillage. Des jouets et
livres pour enfants comme La mela e la
farfalla (La pomme et le papillon) et L’uovo
e la gallina (L’œuf et la poule), créés en
1958 avec son épouse Gabriela Ferrario,
voyaient le jour dans le cadre de cette intention
politique. Il s’agissait de créations
poétiques aidant les enfants à comprendre
le monde. Des jouets éducatifs donc,
mais surtout des jouets tenant compte de
l’imagination débridée des enfants. Dans
la vision d’Enzo Mari, la création d’un
univers personnel, avec ses règles excentriques
et l’invention d’un alphabet, était
très importante et devait permettre aux
enfants de participer, une fois adultes, à la
construction d’une nouvelle société.
OpenStructures Iconic Conversions IC.001/ 002, 2022, basé sur le projet de table Capitello d'Enzo Mari,
1977, base en contreplaqué de bouleau ; Hot Dog, 1987, table extensible, prototype conçu pour Lema (non
réalisé). © photo : OS.Studio
68

Struttura 304, 1956, détrempe sur carton, 32,5 x 41,5 x 8,5 cm. © de l'artiste / Courtesy Galleria Massimo Minini / photo : Petrò Gilberti
euros, pour des œuvres sur papier et des
tableaux plus petits, à 120.000 euros pour
de grandes sculptures en aluminium anodisé.
L’exposition du C-mine, qu’il fut déjà
possible de voir à la Triennale de Milan, se
compose de deux volets, un historique et
l’autre contemporain. Le premier consiste
en la réédition d’une exposition rétrospective
composée par l’artiste lui-même pour
le GAM de Turin (2008-2009), organisée
par Francesca Giacomelli. Outre un aperçu
chronologique de son œuvre, ce volet historique
inclut dix-neuf études approfondies
sur les divers thèmes qui intéressaient
l’artiste, illustrés à l’aide de maquettes, de
dessins, de notes et de prototypes inédits
tirés des archives d’Enzo Mari. Le second
volet inclut des documents et interviews
vidéo de Hans Ulrich Obrist, qui éclairent
le regard radical de l’artiste sur la création
et l’éducation, mais aussi d'installations
d’artistes et de créateurs contemporains
de premier plan, notamment Tacita Dean,
Rirkrit Tiravanija et Danh Vo, qui lui
rendent hommage. Le duo belgo-allemand
Thomas Lommée et Christiane Högner a
également été convié. Tout comme Enzo
Mari, ils rêvent d'une plus grande collectivité
et de réunir une société durable. A cet
effet, ils ont inventé par analogie avec Lego
et Wikipédia, le système OpenStructures.
Ils expliquent : « Il s’agit d’un système
modulaire façonné par divers auteurs
au départ d’une trame partagée. Chaque
élément du système OpenStructures peut
et doit être utilisé par d’autres en vue d’une
application originelle ou d’une application
nouvelle. » En vue de l’exposition du
C-mine, Lommée et Högner rendaient les
deux projets de table de l’artiste compatibles
avec la trame d’OpenStructures : la
table Capitello/Tondo pour Driade (1977)
et la table Hot-dog pour Lema (prototype
de 1987). Leur projet d’installation présente
des images de créations originales
de Mari, des composants des tables adaptés
à la trame d’OpenStructures, un projet
de table reconfiguré à partir d’une combinaison
d’éléments appropriés de Capitello
et Hot-dog et une invitation aux visiteurs
à se mettre au travail, en mémoire d’Enzo
Mari, avec les éléments appropriés.
VISITER
Enzo Mari curated by Hans Ulrich Obrist
with Francesca Giacomelli
C-mine
Genk
www.c-mine.be
du 11-02 au 29-05
LIRE
Enzo Mari curated by Hans Ulrich Obrist.
With Francesca Giacomelli, Electa, Milan,
2020, ISBN 978-8-89282-070-8
69

Les comptes
de la restauration
Conservation plutôt que
restauration, les membres de la
ROCAD abordent avec beaucoup
de prudence les interventions de
conservation sur les objets qu’ils
mettent en vente.
TEXTE : GILLES BECHET
«
Une
œuvre d’art de plus
de 100 ans ne peut
plus être telle qu’elle
a été à l’origine. Tout
objet porte en lui la trace de la vie qu’il
a vécue », explique le galeriste Thomas
Deprez. C’est sans doute aussi cette patine
et ce vécu qui donnent à un objet une
partie de sa magie. Quand une restauration
est envisagée, c’est toujours dans
l’idée du respect de l’intégrité de l’œuvre.
De nombreux marchands et galeristes préfèreront,
dès lors, parler de conservation.
Si les objets sont nettoyés et dépoussiérés
pour être présentés en galerie, les interventions
ultérieures sont généralement
réalisées en concertation avec l’acquéreur.
C’est ainsi un ensemble de mobilier
de Victor Horta de qualité muséale que
Thomas Deprez présente lors de l’édition
2023 de la BRAFA : « Nous avons décidé de
conserver le tissu d’origine sur les chaises,
mais si le client décide de le changer après
la vente, on sera très heureux de le faire. »
S’il est évident qu’un objet, dans un état
impeccable, a plus de valeur que s’il était
endommagé ou incomplet, la restauration,
« Si je vends une
coupe en ivoire
du XVII e , légèrement
endommagée,
elle atteindra
pratiquement
le même prix que
la même pièce dans
son état d'origine. »
TORKILD MALFAIT
« Chaque objet porte
les marques de la vie
qu'il a menée. »
THOMAS DEPREZ
si elle est bien faite et réversible, n’affectera
pas sensiblement le prix, et augmentera
même son potentiel de vente. A l’inverse,
une restauration trop visible en diminuera
la valeur. Chaque catégorie d’objet a ses
propres règles et limites en matière de
restauration. Ainsi en verrerie, on ne va
pas chercher à réparer une pièce fendue
ou ébréchée, mais au final c’est toujours au
galeriste d’opérer des choix. Thomas Deprez
a fait l’acquisition d’un tableau XIXe
qui n’a jamais eu de vernis. Après un nettoyage
patient avec un produit non abrasif,
s’est posée la question de sa conservation :
« Pour le protéger de la poussière, on s’est
demandé si on allait appliquer une couche
de vernis mat, mais comme l’artiste n’en
avait pas fait le choix de son vivant, on a
préféré mettre le tableau sous verre. »
‘‘DANS SON JUS’’ OU PAS ?
La question de choix se pose déjà au
moment de l’achat. Pour éviter de mauvaises
surprises, Klaas Müller n’achète
pas de tableaux trop sales ou trop restaurés
: « Avant d’acquérir un tableau, je
70

« L’état de
conservation
devient de plus
en plus important
pour beaucoup de
collectionneurs
qui ne veulent acheter
que des tableaux
en bon état. »
KLAAS MULLER
Une chaise de Victor Horta présentée "dans son jus" à la BRAFA. © Thomas Deprez / photo : Cedric Verhelst
demande un condition report et montre
l’œuvre à un restaurateur. Cela devient
de plus en plus important pour beaucoup
de collectionneurs qui ne veulent
acheter que des tableaux en bon état. »
Parfois, l’importance historique d’une
œuvre incite à réaliser une restauration
plus conséquente, mais la restauration
de qualité coûte cher, il y donc un équilibre
à trouver. Conformément à la charte
éthique de l’association, les membres de la
ROCAD se doivent d’informer l’acheteur
potentiel des réparations ou interventions
sur l’objet qu’ils convoitent. Aujourd’hui,
nombreux sont les collectionneurs qui
préfèrent acheter des objets ‘‘dans leur jus’’
pour les faire restaurer eux-mêmes. Ou
pas... « J’ai vendu un cabinet en marqueterie,
du début du XVIIe, qui avait un besoin
urgent de restauration, mais l’acheteur a
choisi de le laisser comme il était, dans son
jus », confie le galeriste Torkild Malfait. La
tolérance à la restauration dépend aussi
de l’usage et du rapport que l’acheteur
entretient avec l’objet. Est-ce une pièce de
collection ou un objet décoratif ou fonctionnel
? « Si je vends une coupe en ivoire
du XVIIe, légèrement endommagée, elle
atteindra pratiquement le même prix que
la même pièce dans son état originel. Par
contre, si je souhaite vendre une coupe en
ivoire du XIXe cassée, personne ne l’achètera.
Quand c’est l’aspect décoratif qui
prend le dessus, les gens préfèrent acquérir
un objet où rien ne manque. » Les coffres
à bijoux et les secrétaires, par exemple, se
doivent de posséder une clé fonctionnelle.
Les secrets se protègent à double tour !
SURFER
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71

Focus
International
130.000 €
Gabrielle Chanel, tunique ‘‘russe’’,
brodée à la main par Kitmir, Paris,
1922, H. 96 cm. Maurice Auction, Paris,
17-11. © Maurice Auction
25.000 €
Theodore Rombouts, Joueurs de cartes autour d’une table, huile sur
toile, 127,5 x 153,5 cm. Briscadieu Bordeaux OVV, 26-11. © Briscadieu
169.000 €
Jesús Rafael Soto, Progression Elliptique Rose et
Blanche, 1974, tiges en métal peint sur socle en
métal peint 200 × 150 × 200 cm. Digard Auction,
05-12. © Digard Auction
ON A VENDU
Record pour une
pièce historique
signée Chanel
Le vêtement dormait depuis
plusieurs dizaines d’années dans
le grenier d’un château, à Grasse.
Étiquetée “Gabrielle Chanel”,
la pièce a immédiatement
été identifiée par Kelly Taylor,
spécialiste mode, comme une
création unique de la collection
printemps 1922. À cette époque,
Coco Chanel avait délaissé son
emblématique tweed pour se
concentrer sur un autre type
vestimentaire en vogue : la broderie
russe. L’engouement pour
ces vêtements est d’abord dû
aux Ballets Russes très appréciés,
que l’arrivée massive de
réfugiés, fuyant la Révolution
et apportant leur savoir-faire,
ne fait que renforcer. Assistée
de la duchesse Maria Pavlovna
Putyatin (1890-1958), exilée russe
qui avait fondé à Paris la maison
de broderie Kitmir, la créatrice a
ainsi imaginé toute une collection
reprenant cette technique
de couture. La pièce en question
est une tunique ample de crêpe
noire, avec de grandes manches
et un col carré, le tout agrémenté
de broderies vertes, jaunes et
rouges ainsi que de fils argentés.
Proposée à la vente, le 17
novembre, par la jeune maison
Maurice Auction, flanquée d’une
estimation de 10.000 euros,
cette tunique qui était connue
en noir et blanc par l’illustration
du numéro de Vogue de mars
1922, était finalement vendue
130.000 euros. C’est la première
fois qu’une pièce Chanel de cette
époque se vend si cher.
Belle enchère pour
un Rombouts chez
Briscadieu
Du XVIIe au XXe siècle, le thème
des joueurs de cartes fut l’un
des plus appréciés des peintres.
Alors que s’annonce sa rétrospective
au MSK de Gand (lire
par ailleurs), une scène de ce
type par Theodore Rombouts
vient de resurgir sur le marché
français. La scène est placée dans
la pénombre, le jeu de clairobscur
mettant en lumière les
visages d’un grand réalisme des
protagonistes, leurs vêtements et
la table où se posent des cartes
bien visibles. Cette composition
au cadrage efficace reprend les
principes du Caravage, avec ces
personnages vus à mi-corps et
le spectateur pris à témoin dans
le moment critique de la partie
où un joueur pose ses deux as.
C’est en 1616 que Rombouts
découvre à Rome l’œuvre de
Caravage, dix ans après que ce
dernier a quitté la ville. De retour
dans sa ville d’Anvers en 1625, sa
facilité d’exécution et sa touche
légère lui apportent une grande
renommée. Il réalisa plusieurs
versions de ses joueurs de cartes,
certaines conservées dans les
musées d’Anvers, de Berlin et
de Saint-Petersbourg. Certifiée
par le cabinet d’Eric Turquin,
l’œuvre proposée à Bordeaux
chez Briscadieu, le 26 novembre,
s’adjugeait légèrement au-delà
de son estimation basse, à 25.000
euros.
Un pan de la
succession Denise
René dispersé à
Drouot
Le 5 décembre, près de 100
œuvres d’artistes provenant de la
collection de cette grande dame
de l’art abstrait que fut Denise
René créaient l’événement,
malgré la désapprobation d’un
neveu qui dirige la nouvelle galerie
Denise René. La maison de
ventes Digard Auction dispersait
ainsi une partie de la succession
Denise René (1913-2012),
grande galeriste parisienne de
l’après-guerre (de son vrai nom
Denise Bleibtreu) ayant soutenu
de nombreux artistes pionniers
de l’abstraction géométrique et
de l’art cinétique. Dès 1944, elle
exposait le père de l’art optique,
Victor Vasarely, dans un atelier
de mode – sa précédente activité
– transformé en galerie d’art.
À partir de 1946, elle s’orientait
vers l’abstraction géométrique
tous azimuts, défendant Vasarely
bien sûr, avec qui elle eut une
liaison durable, le Français Jean
Dewasne, les Danois Robert
Jacobsen et Richard Mortensen
ou encore les jeunes Latino-Américains
Jesús-Rafael Soto, Carlos
Cruz-Diez et Julio Le Parc. En 1957,
elle organisait dans sa galerie la
première rétrospective en France
de l’œuvre de Piet Mondrian.
Le succès la poussait à ouvrir
en 1966 une deuxième galerie à
Paris (Denise René-Rive Gauche),
puis l’année suivante une autre
en Allemagne avec Hans Mayer,
ainsi qu’un espace à New York (de
1971 à 1981) avec une exposition
inaugurale d’œuvres de Yaacov
Agam. En 2001, le musée national
d’Art moderne-Centre Georges-
Pompidou lui rendait hommage.
Dans les 92 lots provenant de sa
collection personnelle, on trouvait
les maîtres de l’abstraction des
années 1945-1965 à l’instar d’Al-
72

532.401 €
Corneille, L’Orchestre de Jazz Be Bop (Hommage à Charlie
Parker), 1950, huile sur toile, 59 x 70 cm. Bonhams Bruun Rasmussen
Auctioneers, Copenhague, 06-12. © Bruun Rasmussen
Auctioneers
52.000 €
Thomas de Keyser, Portrait d’homme,
1637, huile sur panneau, 27,5 x 21 cm.
Aguttes, Neuilly-sur-Seine, 06-12.
© Aguttes
80.600 €
Cabinet, Anvers, milieu du XVIIe siècle, peintures attribuées à Isaac
Van Oosten, ébène et bois noirci, peintures et broderies, 148 x 92,5
x 46 cm. Giquello OVV, Paris, 13-12. © Giquello OVV
bers, Arp et Sonia Delaunay, la
jeune avant-garde abstraite des
années 1950 à 1960 de Dewasne,
Deyrolle, Jacobsen et Mortensen,
les fondateurs de l’art en mouvement
comme Calder, la nouvelle
génération du cinétisme avec
des œuvres animées mobiles et
transformables signées Agam,
Bury, Soto ou Tinguely, des
œuvres luminocinétiques de
Boto, Demarco, Garcia-Rossi, Le
Parc, Schöffer et Vardanega, le
G.R.A.V. (groupe de recherche
d’art visuel de Le Parc, Morellet,
Sobrino et Yvaral) actif à partir de
1961, ainsi que des œuvres manipulables
ou évolutives d’Agam et
Tomasello. Parmi les lots phares,
on notait une installation de Soto
de 1974, adjugée 169.000 euros;
un relief de 1956 de Tinguely
emporté 912.880 euros, ou un
Plan Mobiles de Pol Bury de 1954,
décroché à 70.200 euros. Denise
René n’ayant pas eu d’enfant,
une partie de ses neveux et
nièces étaient à l’origine de cette
dispersion dont les prix attractifs
firent monter les enchères. Quant
au gros de la succession, l’avenir
dira ce qu’il en adviendra…
Records pour
CoBrA chez Bruun
Rasmussen
Dans une salle de vente pleine
à craquer, les tableaux CoBrA
proposés aux enchères à Copenhague
chez Bruun Rasmussen
Auctioneers, en collaboration
avec Bonhams, atteignaient le
6 décembre un résultat total de
plus de 6 millions d’euros. L’un
des moments forts de la soirée
fut la vente d’un tableau de
l’artiste néerlandais Corneille.
L’Orchestre de Jazz Be Bop
(Hommage à Charlie Parker)
s’est ainsi envolé à 532.401 euros,
plus de trois fois son estimation
basse (150.000 à 200.000 euros),
au terme d’une longue bataille
d’enchères suivie par un tonnerre
d’applaudissements. Il s’agit d’un
record mondial pour une œuvre
de l’artiste vendue aux enchères.
Un autre tableau de Corneille,
intitulé Peinture, œuvre de 1952
atteignait le prix de 354.934 euros,
second prix record pour une
œuvre de l’artiste. Un second
record mondial était atteint pour
une œuvre vendue aux enchères
avec une huile sur toile de 1948
de l’Ecossais Stephen Gilbert,
adjugée 81.600 euros contre une
estimation de 10.000 à 13.500
euros. Exposée au salon des
Surindépendants à Paris en 1948,
cette toile attira l’attention de
l’artiste danois Asger Jorn, qui
proposa alors à Stephen Gilbert
de rejoindre le groupe CoBrA. Il
participa à la première édition du
journal du groupe, et s’impliqua
dans ses deux expositions majeures
: le Congrès de Bregnerød
en août 1949, et l’exposition du
Stedelijk Museum d’Amsterdam
où il collabora avec Constant
Nieuwenhuys.
Maîtres anciens
chez Aguttes
Le 6 décembre, Aguttes proposait
à Neuilly-sur-Seine sa
troisième et dernière vente en
‘‘maîtres anciens’’ de l’année.
Parmi les nombreuses découvertes,
on retiendra un modello
de Jean-Baptiste Marie Pierre,
dernier témoin d’un plafond
disparu. Réalisée probablement
pour la demeure d’un commanditaire
royal ou, tout du moins,
proche du pouvoir, cette esquisse
a décroché 98.800 euros. Ce
modello dévoile une touche,
naturellement plus enlevée que
dans la version finale, que l’on
ne connaît plus aujourd’hui.
La plupart des réalisations de
l’artiste ont été détruites au fil
du temps, et ne demeurent
comme témoins, à l’exception
d’une, que des modelli. Autre
œuvre importante, un Portrait
d’homme réalisé par Thomas de
Keyser (1596–1667), portraitiste le
plus renommé de son temps à
Amsterdam, suscita également
l’engouement des amateurs
jusqu’à 52.000 euros. Fermement
éloignée de la grandiloquence
d’un portrait d’apparat, cette
peinture se caractérise par sa
simplicité : le peintre présente
ici son modèle dans un cadrage
intimiste, de format modeste.
Pratique courante, cela pourrait
suggérer qu’il s’agit là du portrait
d’un ami ou d’un confrère.
Habilement et malgré un format
modeste, le peintre exprime tous
ses talents de portraitiste dans
la vérité des traits, la maîtrise
des volumes et la franchise de la
touche. Des camaïeux de bruns
émergent les chairs lumineuses,
qui donnent un véritable éclat
au visage partagé entre lumière
et obscurité. Enfin, un Silène
ivre de l’atelier d’Antoine van
Dyck trouvait preneur à 39.000
euros. En 1619, Antoine van
Dyck s’inspire d’un Silène ivre
de Rubens, réalisé un à deux
ans plus tôt pour une composition
au thème éponyme. Cette
œuvre, aujourd’hui au musée de
Dresde, apparaît être la première
version de l’œuvre que proposait
Aguttes.
73

Focus
International
EST. 1.500.00-1.800.000 €
Ferrari 250GT Lusso, 1964. Artcurial, Paris, 03-02. © Artcurial
EST. 2.200.000-3.200.000 €
Hergé, Tintin en Amérique, 1942, encre de
Chine, mine de plomb et gouache correctrice,
46 x 32,8 cm. Artcurial, Paris, 10-02. © Artcurial
Un cabinet
flamand à Drouot
Au XVIIe siècle, Anvers, port
influent, riche notamment du
commerce des épices, est au
comble de sa richesse, comptant
pas moins de cent mille habitants.
En écho à ce développement, les
ateliers d’artistes se multiplient
et les commandes affluent. Né
en Italie au XVIe siècle, le cabinet
devient emblématique de la
production des pays du Nord. Les
Flamands s’en font une spécialité
et, à Anvers, ont la judicieuse idée
de le réaliser en placage de bois
d’ébène, car non seulement celuici
est exotique, donc rare et cher,
mais aussi dur à travailler. On y
adjoint souvent l’écaille de tortue,
l’ivoire, l’albâtre, les émaux, le lapis-lazuli
et le porphyre, mais aussi
des peintures en trompe-l’œil
comme dans l’exemplaire proposé
par la salle Giquello OVV, le 13
décembre dernier à Drouot. Provenant
de la collection Jean Bouvier,
il s’orne d’une ode à la Création du
Monde attribuée à Isaac Van Oosten,
artiste typiquement anversois
dont le talent d’une grande
sérénité s’inscrit dans la lignée de
Bruegel de Velours. Il était adjugé
80.600 euros, largement au-delà
de l’estimation.
ON VENDRA
Chefs-d’œuvre
automobiles pour
Artcurial
Outre une collection de Mercedes-Benz
AMG des années
1980, l’un des chefs-d’œuvre
majeurs de l’histoire de l’automobile
est inclus dans l’édition
2023 de la vente Rétromobile,
organisée les 3 et 4 février par
Artcurial, à Paris. Il s’agit d’une
Ferrari 250 LM de 1964, plus rare
et plus exclusive qu’une 250 GTO,
10e des 32 exemplaires sortis
de l’usine Maranello. La 250 LM
représente une véritable légende
dans l’histoire du sport automobile
international, puisque
ce modèle fut la dernière Ferrari
à remporter les 24 Heures du
Mans en 1965, entre les mains
de Masten Gregory et Jochen
Rindt. L’estimation de ce modèle
qui représente l’adéquation
parfaite entre l’esthétisme et
l’efficience des performances est
sur demande.
Artcurial vend
la couverture
originale de Tintin
en Amérique
Le 10 février, lors de sa vente
dédiée à l’univers du créateur de
Tintin, Artcurial dévoile un magnifique
dessin de Hergé, réalisé
pour la couverture de l’édition
dite ‘‘grande image’’ de 1942 de
l’album Tintin en Amérique. Ce
grand dessin à l’encre de Chine
fut repris, en 1946, pour la couverture
de l’édition en couleurs
de cet album. Il est encore publié
de nos jours en couverture.
Estimée entre 2,2 et 3,2 millions
d’euros, il s’agit d’une œuvre
exceptionnelle et unique qui aura
su fasciner plusieurs générations
de lecteurs sans perdre sa
modernité. Artcurial détient le
record du monde aux enchères
pour les œuvres d’Hergé. La maison
a ainsi vendu par deux fois
le dessin de la couverture dite
‘‘petite image’’ des Aventures
de Tintin en Amérique. Adjugée
une première fois en 2008 pour
764.218 euros, cette couverture
aura finalement été acquise en
2012 par un collectionneur pour
la somme record à l’époque de
1.338.509 euros.
74

23, 24 & 25
février
2023
Arts d’Asie et d’Europe
Grand retable en tryptique en bois polychromé et doré
Espagne, 1ère moitié du 16ème
Exposition: 'Arts ecclésiastiques', Anvers, 1948
€ 40.000 - € 80.000
RM-AUCTIONS.COM
75

47.500 €
La surprise du mois
Peintre, graveur et poète néerlandais
du siècle d’or, Adriaen Pietersz
van de Venne (1589-1662) est connu
pour ses scènes de genre, allégories,
portraits et scènes historiques. Originaire de
Delft, contemporain de Vermeer, il s’inscrit à
l’Université de Leyde où il étudie le latin, avant
de s’initier à la peinture auprès du maîtreorfèvre
Simon de Valk à Leyde et la gravure
auprès du peintre de grisailles Hieronymus
Van Diest, à La Haye. Après un court passage
à Anvers en 1607, il s’installe à Middelburg en
1608, avant de déménager à La Haye en 1625.
Influencé par l’œuvre des Breughel, Pierre et
Jan l’Ancien, il est particulièrement fameux
pour ses illustrations de la Guerre de Quatre-
Vingts Ans entre les deux Pays-Bas, Nord et
Sud, dans lesquelles il dénonce le fanatisme
religieux. De 1620, jusqu’à son décès, il a peint
de nombreuses grisailles et gravures illustrant
des scènes, souvent de genre, parfois mythologiques
et religieuses, venant souvent illustrer
maximes et proverbes, la plupart d’entre
eux issus de son contemporain, le poète
néerlandais Jacob Cats (1577-1660). C’est ce
travail d’illustration qui fit sa renommée aux
XVIIe et XVIIIe siècles. Peut-être est-ce à cette
catégorie que se rattache le dessin, attribué
par La Libre à van de Venne, proposé parmi
plus de dix mille lots, lors de la dernière vente
en ligne organisée, le 12 décembre, en la salle
namuroise Rops. Il y était catalogué comme
anonyme et simplement décrit comme une
Scène de guerre par les experts de la salle,
qui en voient passer des œuvres et ne sont
aucunement redevables, de par la législation
belge, de la description des lots qu’ils
proposent… Quoi qu’il en soit, le dynamisme
noueux de cette scène en grisaille, typique
de l’art de Van de Vennne, représenterait en
fait L’Arrestation de Samson, épisode qui vit le
héros biblique, invincible de par sa chevelure,
trahi par sa maîtresse Dalila. Ce qui n’a pas
échappé à deux marchands parisiens, malgré
l’estimation dérisoire du lot (entre 200 et 300
euros). Ceux-ci s’unirent contre un Hollandais
pour faire monter les enchères et en prendre
possession à 38.000 euros (47.500 euros frais
inclus).
Adriaen Pietersz van de Venne, L’Arrestation de
Samson, XVIIe siècle, dessin au lavis d’encre de
Chine, 10 x 13 cm. Rops, 12-12. © Rops
76

Collect-1/2pQ-fév.qxp_320 11/01/23 10:54 Page1
Ventes
Belgique
VENTE PUBLIQUE
14 & 15 FÉVRIER à18h30
97.500 €
Ado Chale, Goutte d’eau, 1989,
table de salon en bronze doré.
Bonhams Cornette de Saint Cyr,
20-11. © Bonhams Cornette de
Saint Cyr
57.200 €
Ettore Sottsass, Barbarella, 1966,
meuble en bois de rose et hêtre.
Bonhams Cornette de Saint Cyr, 20-11.
© Bonhams Cornette de Saint Cyr.
Huile sur toile "Composition"
Signé en bas à droite J. Germain et daté (19)67
Ecole française. Dim.:89 x 116 cm.
ON A VENDU
Design chez
Bonhams Cornette
de Saint Cyr
Le 20 novembre, la salle Bonhams
Cornette de Saint Cyr à Bruxelles
mettait en vente 194 meubles
design et objets des XXe et XXIe
siècles. Cette vente était l’occasion
d’attirer l’attention sur de grands
créateurs. Quantité d’offres
vinrent ainsi de nouveaux clients
du réseau Bonhams. Le clou de
la vente était la table de salon
Goutte d’eau (1989) du créateur
belge et orfèvre Ado Chale. La
forme libre de ce dessus de table
en bronze doré s’inspire d’un
des quatre éléments : l’eau. Elle
se vendait 97.000 euros, trois fois
l’estimation basse. Le secrétaire
Barbarella de l’architecte et créateur
italien Ettore Sottsass a,
pour sa part, plus que doublé son
estimation basse (20.000-30.000
euros) avec une adjudication à
57.200 euros. Ce meuble en bois
de rose et hêtre avait été produit
en 1966 par Poltronova. Sottsass
fut le cofondateur du collectif
de design Memphis Group qui
s’inspirait des mouvements Art
déco et Pop. Le mobilier modulaire
S421 du Scandinave Verner
Panton, composé d’un canapé et
de deux fauteuils et produit par
Thonet en 1963-1968 ne manquait
pas non plus d’attirer les regards.
Il trouvait preneur contre 46.800
euros (est. 20.000-30.000 euros).
Enfin, un dressoir de Charlotte
Perriand quittait la salle à 44.200
euros, et un portemanteau mural
de Jules Wabbes en padouk massif,
crochets et chevilles en laiton,
signé, s’adjugeait 22.750 euros.
Fin d’année
surprenante chez
Bonhams Cornette
de Saint Cyr
Début décembre, la salle Cornette
de Saint Cyr enregistrait
une formidable vente en art
belge et contemporain avec un
résultat total de 2.403.310 euros.
Des acheteurs belges dans la
salle et de nombreux clients par
téléphone soumettaient ainsi
des offres, notamment pour des
"La Mise au tombeau"
Encre noire et brune sur papier. Par Paul Delvaux
Ecole belge. Dim.: 133 x 203 mm.
EXPOSITION
VENDREDI 10, SAMEDI 11 ET DIMANCHE 12 FÉV.
DE 10 À 18H
HOTEL DE VENTES VANDERKINDERE S.A.
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77

Ventes
Belgique
507.000 €
Marcel Broodthaers, Surface de
Moules, 1965-1967, coquilles de moules
collées avec résine teintée sur panneau
de bois peint, 67 x 51 x 9,5 cm.
Bonhams Cornette de Saint Cyr, 04-12.
© Bonhams Cornette de Saint Cyr
3.800 €
Miguel Berrocal, Goliath, 1972, sculpture en
laiton poli, composé de 79 éléments amovibles.
Haynault, 05-12. © Haynault
12.000 €
Rodolphe-Théophile Bosshard, Scène de famille, New York, ca. 1924,
toile, 42,5 x 65 cm. Bernaerts, 06-12. © Bernaerts
œuvres de Marcel Broodthaers,
Jean-Michel Folon et Evelyne
Axell. Plus de 110 lots de plus de
deux siècles d’histoire de l’art
changeaient ainsi de propriétaire.
La Surface de Moules (1965-1967)
de Marcel Broodthaers, estimée
300.000-500.000 euros, rapportait
507.000 euros et devenait instantanément
le clou de la vente.
L’œuvre, composée de coquilles
de moules collées avec de la
résine teintée sur un panneau de
bois peint, fait partie d’une série
de 15 panneaux sur ce thème.
Les fans de Jean-Michel Folon lui
rendaient un vibrant hommage
en faisant des offres généreuses
pour la Fontaine aux oiseaux qui
dépassait largement son estimation
(250.000-350.000 euros)
en rapportant 403.000 euros. Il
existe deux autres exemplaires de
cette monumentale sculpture, qui
représente le personnage favori
de Folon avec une main tendue
sur laquelle un oiseau s’est posé,
l’une à Watermaal-Boitsfort et
l’autre à Monaco. Les deux autres
œuvres de Folon à avoir pulvérisé
leur estimations sont des aquarelles
sur papier des années 1970 : Le
cri (1975) qui changeait de mains
contre 11.700 euros (est. 6.000-
8.000 euros) et Underground
(1973) qui rapportait 13.000 euros
(est. 4.500-5.500 euros). Evelyne
Axell, étoile filante du Pop art
belge de 1965 à 1972, figurait aussi
dans le peloton de tête avec Le
jour où les homards... (1968),
œuvre vendue 208.000 euros (est.
200.000-300.000 euros). Nombre
d’autres œuvres dépassaient
largement leur estimation : Le
Thiou (II), huile en couleur sur
toile de 1972 du chef de file belge
de l’art abstrait lyrique de l’aprèsguerre
Louis van Lint. Le tableau,
estimé 30.000 à 50.000 euros,
s’adjugeait 80.600 euros. Une
gouache écarlate sur papier de
1964 de Jean Degottex, intitulée
Écriture, 23-2-1964, estimée 8.000
à 12.000 euros, rapportait 46.800
euros, près de quatre fois son
estimation la plus élevée. Quant
à elle, une Compression (1963)
de César, d’une collection privée
belge, changeait de mains contre
41.600 euros (est. 18.000-25.000
euros).
Miguel Berrocal
chez Haynault
Haynault proposait de beaux lots
lors de sa vente du 5 décembre
dernier, dont une sculpture dorée
de l’Espagnol Miguel Berrocal
(1933-2006). Cet artiste, originaire
de Malaga, acquit une réputation
internationale grâce à ses
‘‘sculptures puzzles’’. En 1964, il fut
invité à participer à la Documenta
III de Kassel. Son Goliath (1972),
une édition destinée à Edition
Orangerie multiples, fut moulée
à Cologne par G.S. Reischauer et
composée de 79 éléments amovibles.
Un exemplaire faisait l’objet
d’une offre à 3.800 euros. Autre
clou de la vente, un ensemble
de deux fauteuils Easy Lounge
avec repose-pied de Charles et
Ray Eames, œuvre de 1956. Ces
meubles emblématiques trouvaient
preneur à 6.400 euros. Un
grand miroir du XVIIIe siècle, de
la période Régence, en bois doré
orné de ferronnerie, surmonté
d’un fronton avec immense
coquille au milieu, quittait la salle
pour 2.000 euros. Signalons enfin
ce maître ancien, Klaes Molenaer
de Haarlem (1626-1676), dont la
Vue d’une plage avec marchands
de poissons rapportait la somme
de 1.800 euros.
Antiquités et Art
moderne chez
Bernaerts
Bernaerts proposait antiquités et
art moderne, les 5 et 6 décembre
derniers. L’offre la plus élevée
portait sur un relief de Malines
représentant L’Arrestation du
Christ et daté vers 1575-1610. Avec
une estimation de 4.000-5.000
euros, l’œuvre trouvait preneur à
19.000 euros. La taille et la qualité
de ce relief en albâtre sont tout
à fait exceptionnels. L’anatomie
délicate et précise des personnages
laisse supposer que cette
pièce est de la main d’un maître
important. Autre chef-d’œuvre à
signaler, une représentation de
Vierge à l’enfant entourée d’une
78

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Ventes
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Kati Heck, Multikulti Sause, 2011, toile, porte-gobelets en bois, verre à vin et
bière, 230 x 305 cm. Bernaerts, 06-12. © Bernaerts / photo : Tim Van Laere
Gallery
19.000 €
Relief représentant l’Arrestation du
Christ, Malines, 1575-1610, albâtre avec
traces de dorure, 44 x 31 cm. Bernaerts,
05-12. © Bernaerts
18.000 €
Demetre Chiparus, Pyjama Girl,
sculpture, bronze doré, ivoire, marbre,
signée sur le socle, H. 48 cm. Galerie
Moderne, 05 & 06-12. © Galerie
Moderne
auréole par le Maître au Brocart
d’Or. Cette appellation fut inventée
pour identifier un groupe de
tableaux au style similaire d’un
maître inconnu à ce jour et/ou de
son atelier, actif dans le sud des
Pays-Bas vers 1480-1499. L’arrièreplan
comportait souvent un décor
de motifs floraux dorés, imitation
d’un brocart doré. Cette œuvre
était adjugée 18.000 euros. Les
autres offres notables concernaient
une garniture de cheminée
en trois parties de style Louis
XVI et un lampadaire (1870) de
Ferdinand Barbedienne, époque
Napoléon III, respectivement
frappés 17.000 et 7.600 euros.
Pour sa part, la Nature morte
avec plantes exotiques, papillons
et raisins près d’un rocher de
Carel Borchaert Voet (1671-1743)
s’adjugeait au prix surprenant de
3.400 euros. Carel Borchaert Voet
fut actif, de 1689 à 1690, en Angleterre
au service de Hans Willem
Bentinck, comte de Portland.
Il peignit pour ce mécène une
série de douze natures mortes
avec paniers de fleurs et fruits,
ainsi que quelques paysages
des alentours de sa maison de
Zorgvliet. La section art moderne
a été dominée par les signatures
de Folon, Kati Heck et Rinus Van
De Velde. La sculpture en bronze
Vivre en ville (2004) de Jean-
Michel Folon changeait ainsi de
mains contre 350.000 euros, près
de trois fois son estimation haute.
De son côté, la jeune artiste Kati
Heck (1979) obtenait 85.000 euros
de l’œuvre Multikulti Sause, titre
qui se réfère à la déclaration de
2010 d’Angela Merkel Multikulti
ist tot (le multiculturel est mort).
Elle y met en scène, avec un sens
aigu du drame et de l’ironie,
des personnes de son entourage
immédiat et mélange avec
humour diverses influences,
recréant une vision singulière du
quotidien. Pour leur part, deux
dessins au fusain de Rinus Van
De Velde obtenaient une des
cinq meilleures enchères : It was
time of tremendous possibilities,
changes and personal anxieties
(2011) s’adjugeait au niveau de
l’estimation à 40.000 euros,
tandis que All the things I still
possessed I left behind (2015)
partait à 26.000 euros. D’autres
œuvres créaient également la
surprise. Un triptyque sans titre
de 2005 du peintre, sculpteur
et photographe autodidacte
Avi Kenan était adjugé dix fois
l’estimation haute à 20.000 euros.
Scène de famille, New York (1924)
du peintre Rodolphe-Théophile
Bosshard générait 12.000 euros.
Cette œuvre, composition d’un
nu féminin avec une grande ville
à l’arrière-plan, est une pièce
unique de sa période parisienne
(1920-1924).
Constant Permeke
à la Galerie
Moderne
Les 5 et 6 décembre, la Galerie
Moderne proposait une belle
offre en art belge et international.
Une magnifique sculpture de
l’artiste Art déco franco-roumain
Demeter Chiparus (1886-1947) y
tenait la vedette. Expert en sculpture
chryséléphantine, Chiparus
connut son heure de gloire dans
le Paris de l’entre-deux-guerres.
Pyjama Girl (1925), qui date de
cette période, représente une
jeune fille endormie dans un
pyjama à la mode, sur un socle
en marbre avec un chat faisant
le gros dos. Cette sculpture en
bronze doré, au prix estimatif de
20.000 à 25.000 euros, quittait
la salle contre 18.000 euros. De
son côté, un Paysage avec charrette
aux couleurs sombres de
Constant Permeke, provenant
de la collection Jean Van Parys
(1891-1964), estimé 8.000 à 12.000
euros était adjugé 10.000 euros.
Enfin, un collectionneur déboursait
6.000 euros pour l’œuvre Les
porteurs de fraises (1925) de Jean
Brusselmans, estimée 4.000 à
6.000 euros.
Expressionnistes
chez Millon
Belgique
Le 7 décembre, la filiale bruxelloise
de la salle Millon proposait
tableaux et objets d’art en
provenance de collections belges
et luxembourgeoises. Les deux
chefs-d’œuvre vendus sont de
la main d’artistes expressionnistes
: Edgard Tytgat (1879-1957)
et Gustave De Smet (1877-1943).
Bien que contemporains et tous
deux inspirés par les scènes
folkloriques, ces peintres se
distinguaient par leurs méthodes
de travail. La Flûte enchantée
(1924) de Tytgat, estimée 40.000 à
60.000 euros, était adjugée 70.000
euros. Tytgat crée un univers
personnel, un spectacle parfois
plein d’ambiguïté, mais qui
exprime la simplicité, la fraîcheur
et l’innocence d’un enfant. Il est
80

70.000 €
Edgard Tytgat, La Flûte enchantée, 1924, huile sur toile, 46 x 61 cm. Millon
Belgique, 07-12. © Millon Belgique
9.000 €
Henri Rivière, L’Enterrement aux
parapluies, 1891, gravure sur bois en couleur,
34,6 x 24,6 cm. Arenberg Auctions,
du 8 au 10-12. © Arenberg Auctions
36,000 €
Maurits Escher, Chute d’eau, 1961, lithographie,
éd. 12/70, 38 x 30 cm. Bernaerts,
08-12. © Bernaerts
à noter que la partie droite de
l’œuvre est reprise dans un dessin
intitulé Le flûtiste et son chien,
réalisé par l’artiste en 1926. Tytgat
ajouta en 1924 trois anneaux
entrelacés à son dessin, en signe
de solidarité avec tous les artistes
qui participèrent aux festivités
bruxelloises organisées alors par
James Ensor en hommage au
peintre Bruegel. La Lys (ca. 1930)
de Gustave De Smet représente
un paysage flamand. Vers 1928,
l’artiste mettait un terme à son
évolution post-cubiste. Sa composition
devint plus lâche et la
représentation plus picturale. Ses
couleurs criardes furent remplacées
par des teintes terreuses.
L’artiste a effectué un retour à la
nature et à l’humain. Cette œuvre
s’est vendue 27.000 euros, c’est-àdire
bien au-dessus de sa valeur
estimative de 5.000 à 7.000 euros.
Troisième surprise de cette vente :
Élégante pensive devant la Mer
du Nord de l’artiste réaliste Constantin
Meunier (1831-1905). Cette
œuvre pulvérisait sa modeste estimation
(1.000-2.000 euros) pour
être adjugée 8.500 euros.
Retable chez
Arenberg Auctions
Nombre de collectionneurs se
firent plaisirs, entre les 8 et le
10 décembre chez Arenberg
Auctions. Parmi les gravures,
Henri Rivière (1864-1951), artiste
français connu comme l’inventeur
du théâtre d’ombres au cabaret
parisien Le Chat Noir, enregistrait
de bons résultats. Il expérimenta
la gravure sur bois en couleur à la
fin du XIXe siècle et s’inspira du
japonisme en vogue à l’époque,
comme en atteste L’Enterrement
aux parapluies (1891). Cette gravure,
estimée 2.500 à 3.500 euros,
trouvait preneur contre 9.000
euros. La même somme était déboursée
pour une œuvre espagnole
du début du XVIe siècle (est.
8.000-9.000 euros), Sainte Hélène
et la Sainte Croix, qui montre la
sainte entourée d’un saint, d’une
autre femme et de deux hommes.
Le motif ornemental à l’arrièreplan,
l’auréole du saint et une
partie de la croix furent réalisés à
l’aide de modèles gravés. Ce tableau
a probablement été réalisé
en Aragon-Catalogne (nord de
l’Espagne) comme partie d’un
retable plus important. Singulière
était la publication de William
Curtis (1746-1799), botaniste et
entomologiste britannique : The
Botanical Magazine, fondé en
1787 est la plus ancienne revue
de botanique. Très populaire
à l’époque, il était connu pour
ses gravures d’éminents artistes
comme Sydenham Edwards,
James Sowerby, John Curtis,
Mathilda Smith et Lillian Snelling.
Un collectionneur déboursait
18.000 euros (est. 10.000-15.000
euros) pour cet exemplaire. Deux
atlas faisaient, de leur côté, l’objet
d’offres respectives de 20.000
et 9.000 euros : soit, le Nouveau
grand atlas des villes d’Italie augmenté
et amélioré de R. Chr. Alberts
de 1724 et le Nouveau grand
atlas des villes du Piémont et de
Savoie augmenté et amélioré
de 1725, réédition du Theatrum
Italiae de Joan Blaeu.
Œuvres sur papier
chez Bernaerts
Une vente Papier I & II était
proposée le 8 décembre chez
Bernaerts. Comme il fallait s’y
attendre, les rares lithographies
du célèbre artiste néerlandais
Maurits Escher, provenant directement
de sa famille, furent le
clou de l’événement. L’une de ses
œuvres les plus emblématiques,
Chute d’eau (1961), était ainsi
adjugée 36.000 euros, le triple de
son estimation basse, tandis que
Trois mondes (1955) rapportait
34.000 euros. De son côté, Rue à
Scanno (1930) arrivait à la troisième
place avec un prix marteau
de 32.000 euros, plus de cinq
fois l’estimation haute. Citons
encore un étonnant morceau de
gravure sur bois en couleur sur
soie, intitulé Poissons (ca. 1942),
qu’Escher réalisa pour sa famille
proche et n’est mentionné dans
pratiquement aucune bibliographie.
Estimé 4.000 à 6.000 euros,
il trouvait preneur à 15.000 euros.
Nombre d’œuvres de James Ensor
enregistraient également de bons
résultats. La gravure Squelettes
voulant se chauffer (1895) rapportait
ainsi la somme étonnante
de 3.600 euros, contre une
estimation de 500 euros. Dans
la section Papier II, la vidéo Une
seconde d’Éternité (D’après une
idée de Charles Baudelaire) de
1970 battait tous les records avec
la somme de 15.000 euros (est.
6.000-8.000 euros).
81

Ventes
Belgique
50.000 €
Anto Carte, L’Enfant Prodigue, 1982,
huile sur toile, 178 x 138 cm. Horta, 12-12.
© Horta
28.000 €
Frans Smeers, Famille dansant à la plage, 1911, huile sur toile, 61 x 80,5 cm.
Vanderkindere, 13 & 14-12. © Vanderkindere
166.000 €
Avalokitesvara debout sur une fleur de
lotus, bronze à patine brune portant
des traces de laque rouge et de dorure,
travail chinois, XVIème - XVIIème,
dynastie Ming, h. +/- 66cm. Vanderkindere,
13 & 14-12. © Vanderkindere
Art contemporain
chez Horta
Horta enregistrait quantité de
beaux résultats lors de sa vente
du 12 décembre. Anto Carte était
présent avec trois œuvres, dont
une huile sur toile intitulée
L’Enfant Prodigue (1982). Estimée
60.000 à 80.000 euros, elle n’a
finalement pas réussi à dépasser
cette fourchette avec un prix
marteau à 50.000 euros. Côté art
contemporain, nombre d’artistes
remportaient un vif succès. Des
offres enthousiastes étaient ainsi
faites pour une toile réalisée en
technique mixte du Français Gully
(1977), lequel s’est fait un nom
dans les années 1990 et au début
des années 2000 comme artiste
urbain dans les rues de Paris,
même s’il travaille depuis 2008
dans son atelier. Tout comme
Banksy, il cache son identité. Son
œuvre Gully présente Basquiat
et Warhol (2020) met en scène, à
la manière de bandes dessinées,
deux artistes emblématiques. Estimée
8.000 à 12.000 euros, la toile
obtenait un prix au marteau de
14.000 euros. L’artiste sud-africain
Guy Pierre Du Toit enregistrait
également de beaux résultats. Sa
sculpture d’environ deux mètres
de haut, œuvre de 2018 représentant
deux ‘‘lièvres dansants’’, estimée
10.000 à 15.000 euros, quittait
la salle contre 17.000 euros.
Edgard Tytgat chez
Vanderkindere
Edgard Tytgat était l’une des stars
de la vente des 13 et 14 décembre
derniers chez Vanderkindere. Son
Portrait du Docteur Bouché (1911),
estimé 25.000 à 30.000 euros,
séduisait un collectionneur qui
déboursait 45.000 euros. Frans
Smeers (1873-1960), un autre
maître belge, suscitait un vif intérêt.
Peintre postimpressionniste
de scènes de genre, portraits,
paysages, natures mortes, vues
de plages, ports et marines, cet
artiste bruxellois a d’abord suivi
une formation pour devenir décorateur,
avant d’étudier auprès de
Jean-François Portaels et Joseph
Stallaert à l’Académie des Beaux-
Arts de Bruxelles. Il commença par
peindre selon la tradition réaliste,
puis se tourna vers le luminisme
à partir de 1900. Sa toile Famille
dansant à la plage fut peinte en
1911, tout comme le Portrait du
Docteur Bouché. Estimée 4.000 à
6.000 euros, elle dépassait largement
les attentes en s’adjugeant
28.000 euros. En matière d’art
moderne, une petite sculpture
de Lynn Chadwick suscitait bien
des convoitises. The Cape, un
bronze patiné, représente un de
ses personnages caractéristiques,
vêtu d’un manteau sombre, avec
une forme dorée en guise de tête.
Estimée 10.000 à 15.000 euros,
cette sculpture générait 25.000
euros. Citons enfin une rare
sculpture chinoise, Avalokiteśvara
assis sur un lotus, dont le résultat
d’adjudication créait la surprise.
Cette sculpture en bronze avec
traces de laque rouge date du
XVIe-XVIIe siècle. Son estimation,
fixée entre 26.000 et 36.000 euros,
était littéralement pulvérisée
par un prix marteau de 166.000
euros !
ON VENDRA
La Collection
Seymour Lazar
chez Lempertz
La vente organisée à Bruxelles par
Lempertz, le 1er février, comprend
217 lots, la plupart provenant
d’Afrique et d’Océanie. La vente
présente 159 lots de la collection
de Seymour et Alyce Lazar. Seymour
Lazar fut un avocat à succès
du show-business, devenu trader
en bourse et investisseur audacieux
qui commença à collectionner
dans les années 1960. Il comptait
parmi ses amis et clients Lenny
Bruce, Miles Davis, Alan Ginsberg,
Maya Angelou et le militant
de l’usage des psychédéliques
Timothy Leary. Il aimait rassembler
de grandes séries d’objets
– massues, peignes, cuillères, ...
Beaucoup furent acquis auprès de
marchands tels son ami de longue
date, Peter Adler, à Londres,
et beaucoup aux enchères. Parmi
les différentes provenances des
objets figurent certains des noms
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James Ensor, Dunes, Mer et Bateaux, ca. 1925-1930, huile sur toile,
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jaune 18 carats, rubis et diamants, 6 x 5,5 cm. Antenor,
05-02. © Antenor
les plus célèbres de l’histoire de
l’Art d’Afrique et d’Océanie – le
général de corps d’armée Pitt
Rivers, Harry Beasley, Helena
Rubinstein, Klaus Perls, J.J. Klejman,
Morris Pinto, Ernst Heinrich,
Harold Rome, Stéphen Chauvet,
Henri Kamer et Ben Heller. Les
points forts de ce groupe comprennent
un rare bouclier Massim
et une pagaie Maori, tous deux
ayant appartenu à la collection
du lieutenant-général Pitt Rivers
à la fin du 19e siècle (estimations
8.000-12.000 euros et 3.000-4.000
euros). Un tabouret Songye,
anciennement dans la collection
du photographe belge Raoul
Blondiau, fit partie de la célèbre
exposition d’Anvers de 1937-1938
(Tentoonstelling van Kongo-
Kunst) et a ensuite fait partie de la
collection du Baltimore Museum
of Art (est. 15.000-20.000 euros).
Un important groupe d’appuienuques
provenant d’une collection
privée est également proposé
lors de cette vente bruxelloise.
Ils furent offerts au propriétaire
actuel par le célèbre marchand
anglais John Hewett. Ils comprennent
des exemples provenant des
peuples Luba, Shona, Tsonga,
Zulu et Kuba ainsi que deux
exemples des Fidji. Enfin, un
groupe de masques et d’objets
d’art du Congo comprend un
masque Ngady amwaash féminin
Kuba exceptionnellement ancien
et rare, qui fut acquis auprès de la
marchande anversoise Nadya Levi
dans les années 1970 (est. 20.000-
22.000 euros).
Beaux bijoux
chez Antenor
Le 5 février, sous l’expertise de
Laure Dorchy, Antenor accueille
au Sablon sa vente Jewels IV.
Parmi les lots à retenir, notons
cette importante broche aux trois
oiseaux inséparables, signée Van
Cleef & Arpels. Elle est en or jaune
18 carats, serti de diamants taille
brillant et de petits rubis cabochons
(est. 15.000-20.000 euros).
Outre une belle tabatière ronde
du XVIIIe siècle, travail français
d’époque Louis XVI, en or jaune
18 carats, sertie de lapis-lazuli et
ornée d’une scène galante en miniature
peintre (est. 15.00-20.000
euros), citons encore deux pièces
Art déco : un bracelet en platine
et diamants à motifs géométriques
provenant d’une famille
princière européenne (est. 12.000-
14.000 euros) et un poudrier en or
jaune 14 carats rehaussé de laque
imitant le lapis-lazuli, laque rouge
et or et diamants en taille rose
(est. 4.000-6.000 euros).
Ensor chez
Carlo Bonte
La prochaine vente de Carlo
Bonte se tient les 7, 8 et 9 février. A
l’honneur, deux œuvres originales
de James Ensor en provenance
d’une collection privée, excellent
prélude aux expositions à venir
lors de l’année Ensor, en 2024. Le
tableau Dunes, Mer et Bateaux
date des années 1925-1930. Il fut
présenté au grand public, entre
autres, lors de l’exposition Les
peintres de la mer, aux musées
royaux des Beaux-Arts de Belgique,
à Bruxelles, en 1950. Elle fit
partie de la collection de Gustave
Van Geluwe et figure dans le catalogue
raisonné de Xavier Tricot.
Un engageant portrait, au fusain
et à la craie noire, d’un homme
posant pour Ensor dans son atelier
attire également l’attention.
L’offre en maîtres anciens est à
nouveau bien diversifiée, avec
des œuvres de Théobald Michau,
Gillis Mostaert et une Vierge à
l’Enfant dans une couronne de
fleurs de Brueghel le Jeune, très
finement peinte. Modest Huys représente,
à lui seul, le luminisme
avec quatre œuvres importantes
en provenance de la même
collection. A noter, la présence
d’une horloge de table hexagonale
datant des environs de 1750,
dont le travail est signé Johan
Simon Betzamyr de Danzig. Rare,
on a conservé sont élégant étui
original. De même, une grande et
belle collection d’objets de Delft,
dont une rarissime chaussure miniature
du XVIIIe siècle avec polychromie
noire et une théière du
XVIIIe siècle en kakiemon. Parmi
les sculptures en bronze, on note
le buste Suzon d’Auguste Rodin.
Mais, le clou du spectacle en art
asiatique est la sculpture en pierre
d’un Bouddha assis (H. 75 cm) de
la dynastie Tang. Le tout élégamment
présenté sur un piédestal
en bronze. Enfin, on annonce la
dispersion d’un ensemble de neuf
baskets Louis Vuitton Air Force
One conçues par le designer Virgil
Abloh, présentées lors des collections
de mode masculine Louis
Vuitton printemps-été 2022.
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Belgique
EST. 50.000-70.000 €
Bouddha assis, dynastie Tang, calcaire gris, H. 170
cm. Carlo Bonte, 07 au 09-02. © Carlo Bonte
Une aquatinte originale de Tal-Coat. Damien Voglaire,
le 11-02. © Damien Voglaire
EST. 2.000-2.500 €
Jean-Joseph Carriès, sculpture d’un artiste représenté
comme Midas avec des oreilles d’âne, bronze. Bernaerts,
14-02. © Bernaerts
Belle offre chez
Damien Voglaire
Pour cette première vente de
l’année qui se déroule en deux
vacations, les 10 et 11 février, Damien
Voglaire propose une large
section consacrée aux avantgardes
littéraires et artistiques
du XXe siècle. Des livres de Paul
Éluard et Robert Ganzo illustrés
d’eaux-fortes originales par Óscar
Dominguez, deux romans-collages
de Max Ernst : Le Rêve d’une
petite fille qui voulut entrer au
carmel et Une semaine de bonté
ou les Sept éléments capitaux,
le rare livre Facile, première collaboration
entre Man Ray et Paul
Éluard, dont Nusch, son épouse,
posa pour le photographe. Un
des derniers recueils d’Antonin
Artaud publiés de son vivant,
Artaud le Momo, comprenant
des poèmes virulents et explosifs
(rare exemplaire comportant la
suite des dessins), l’édition originale
de Corps et biens de Robert
Desnos, exemplaire du service
de presse enrichi d’un charmant
dessin dédicacé, mais aussi de
nombreuses éditions originales
de Francis Picabia. Pour la partie
moderne et contemporaine, la
salle propose trois numéros de
la revue trimestrielle d’art actuel
Kwy, publiés par Lourdes Castro,
Christo, Jan Voss et René Bertholo
; une rarissime édition originale
de Piero Manzoni illustrée de huit
reproductions photographiques
en noir d’œuvres et performances
de l’artiste. Également à saisir, le
superbe deuxième livre illustré
de Tal-Coat comprenant dixsept
aquatintes originales tirées
par l’atelier Crommelynck ; des
éditions originales de Lawrence
Weiner, Marcel Broodthaers,
Dieter Roth, Andy Warhol et
bien d’autres… Damien Voglaire
propose également quelques
peintures et dessins, un beau
portrait de jeune femme aux
cheveux roux par Henry De Groux,
un nu d’Oscar Jespers (fusain
sur papier) ou encore une huile
d’Henri Thomas.
VENTES AUX
ENCHÈRES
D'OBJETS D'ART
ET D'ANTIQUITÉS
JORDAENS SA
VENTES
LES MARDI 31 JANVIER ET MERCREDI 1 FÉVRIER
LES MARDI 7 ET MERCREDI 8 MARS
À PARTIR DE 19H.
EXPOSITION
LES VENDREDI ET SAMEDI AVANT LA VENTE
DE 10 À 17 H.
Drabstraat 74 I 2640 Mortsel I info@jordaens.eu
03 449 44 30 I Catalogues et livestream: www.jordaens.eu
86

EST. 10.000-15.000 €
Cy Twombly, Sans titre, 1977, crayons de couleur, pastel
et gouache sur papier, 48 x 59 cm. Vanderkindere, 14 &
15-02. © Vanderkindere
Edmond De Pratere, Scène de chasse avec chevaux et chiens, huile sur toile, 120 x 183,5 cm.
Debaveye, 15 & 16-02. © Debaveye
Mardi gras chez
Bernaerts
Sous le titre Mardi gras, la salle
Bernaerts organise, le 14 février,
une vente classique d’œuvres
d’art et d’antiquités du XVIe
au XIXe siècle. Une seule vente
donc, entamée par la dispersion
de quelques maîtres anciens,
dont le portrait d’un artiste confiant,
toile de la main d’un peintre
jusqu’alors inconnu des Pays-Bas
septentrionaux, actif au XVIIe siècle.
Cette oeuvre provient d’une
collection anglaise, avant d'être
demeurée des décennies durant
dans une collection bruxelloise.
De ce même ensemble, on annonce
une paire de panneaux
attribués à David III Ryckaert
représentant deux des péchés
capitaux. On y trouve également
des œuvres de Barend Gael,
Jacob Van Es (att.) et Andrea del
Sarto. La vente met davantage
l’accent sur les peintures du
XIXe siècle. Outre des œuvres de
maîtres belges tels qu’Eugène et
Louis Verboeckhoven et Gustave
Colsoulle, il convient de mentionner
une paire de danseurs et
nobles dames du romantique
polonais Ladislaus Bakalowicz,
qui a émigré en France, et une
paire de vues de villes d’Anvers et
de Cologne par Wake Cheltenham,
datant de 1872. Egalement
à prendre, une scène de village
du sud de l’Italie avec personnages
et massif rocheux par le
Français Alfred de Curzon, une
Lettre de 1887 par le Britannique
prussien Otto Leyde ou
une séduisante scène de genre
comparant des notes par le Britannique
Thomas Musgrave Joy,
mort très jeune. Une œuvre de
jeunesse de Godefroid Guffens
et une splendeur de Charlemagne
Oscar Guet clôturent la liste
des romantiques. La sculpture
d’un artiste représenté comme
Midas, avec des oreilles d’âne,
compte parmi les autres œuvres
d’intérêt. Son auteur, le Français
Jean-Joseph Carriès (1855-1894),
s’est délibérément ridiculisé
en se représentant comme un
faune ou comme le légendaire
roi phrygien : il se considérait
comme stupide, bestial et non
civilisé. Terminons ce tour
d’horizon par huit ensembles de
cheminée d’époque Napoléon III,
de style Louis XIV ou Louis XV.
Un Twombly pour
Vanderkindere
Ce sont les 14 et 15 février que la
salle bruxelloise Vanderkindere
tient sa vente cataloguée mensuelle.
Incluant toujours une belle
diversité, celle-ci se démarque
cette fois par la présence d’une
rare œuvre d’un artiste américain
qu’on a peu l’habitude de voir en
Belgique, Cy Twombly (1928-2011).
Ce peintre néo-dadaïste remettait
en question l’expressionnisme
abstrait à travers sa technique et
les sujets qu’il abordait dans ses
toiles, où les tracés se mélangent
de manière désordonnée et se
simplifient au fil des années. Se
rapprochant de l’art européen
en déménageant en Italie, il s’est
s’inspiré, par la même occasion,
de la mythologie. L’œuvre proposée
par la salle Vanderkindere est
une technique mixte sur papier,
monogrammée au milieu vers
la droite C.T et datée 1977. Elle
provient d’une collection privé
belge et fut acquise en la Galerie
Alexandra Monett, à Bruxelles.
Son estimation est de 10.000 à
15.000 euros.
Des vases
de Canton chez
Debaveye
Debaveye annonce pour les
15 et 16 février la vente d’un
chef-d’œuvre du peintre réaliste
romantique de paysages et
d’animaux Edmond de Pratere
(1826-1888). Sa Scène de chasse
avec chevaux et chiens figure
dans le livre Animal painters
of the 19th century (p. 154). De
nombreux autres trésors sont
à découvrir lors de ces enchères,
telle cette belle collection
d’aziatica, avec ses nombreux
vases de Canton, une peinture de
paysage en quatre parties datée
du XIXe siècle, un large éventail
de sculptures religieuses en bois
flamandes et européennes des
XVIIe et XVIIIe siècles. Le tout
est complété d’une belle offre
en meubles anciens, dont des
meubles Napoléon III, une commode
en acajou du XVIIIe siècle
estampillée JME, des ensembles
de salon du XIXe siècle, de
nombreux meubles de campagne
en chêne et autres tableaux de F.
Cane, M. Cockx, H. De Braekeleer,
A. Devambez, Y. De Chastellux,
87

Ventes
Belgique
EST. 8.000-12.000 €
Canons vénitiens, fin du XVIIe siècle. Rob Michiels, 23 à 25-02. © Rob Michiels
Cette œuvre d’Edgar Scauflaire sera à prendre chez
Lhomme, le 25-02. © Lhomme
J. De Coene, J.G. Domergue, V.
Dooms, Fr. Du Mont, E. Farasyn,
A. Gaudin, F. Jespers (4 œuvres), J.
Linnel, Minneboo, A. Saverys, Sorel,
Sorlain, E. Vierin. Enfin, mentionnons
des verreries de Lalique,
Schneider et Val Saint Lambert,
une grande collection de Royal
Dux, des céramiques flamandes
de Torhout et Maes, des couverts
en argent massif signés Wolfers.
Art asiatique
et européen chez
Rob Michiels
Du 23 au 25 février, art asiatique
et européen seront proposés chez
Rob Michiels, à Bruges. La pièce
maîtresse est un vase impérial
chinois réalisé pour la cour de
l’empereur Wanli (1572-1620), estimé
entre 80.000 et 120.000 euros.
Pour une figurine en bronze doré
(H. 16,5 cm) représentant Avalokitesvara
et datant de la période
Yongzheng (1722-1735), on espère
entre 30.000 et 60.000 euros. Les
bronzes chinois sont particulièrement
remarquables, avec en tête
deux grandes statues de Bouddha
de la dynastie Ming, estimées
entre 30.000 et 80.000 euros. Pour
une tasse et une soucoupe en
porcelaine exceptionnellement
fine de période Yongzheng, la
salle espère 8.000 à 12.000 euros.
La porcelaine chinoise destinée
au marché vietnamien est
une spécialité plus récente de
l'enseigne brugeoise. Un bol daté
de 1804 est ainsi proposé contre
une estimation de 15.000 à 25.000
euros, tandis qu’un vase bleu et
blanc, à décor de nuages, vaudrait
entre 10.000 et 20.000 euros. En
matière d’art européen, un grand
triptyque espagnol de la première
moitié du XVIe siècle a reçu une
estimation de 40.000 à 80.000
euros. Il fut intégré par les décorateurs
anversois de la Maison
Franck dans une importante collection
de Knokke. En 1948, il était
inclus dans l’exposition d’Anvers
sur l’art ecclésiastique. De la
même collection, on annonce
aussi une intéressante œuvre
d'après Jérôme Bosch : l'original
de cette Moquerie du Christ est
conservé à la National Gallery de
Londres, même si cette version
du début du XVIe siècle s’en
rapproche qualitativement. Une
allégorie de la fausseté, dessin
de Jan Lievens ayant travaillé un
certain temps avec Rembrandt,
est estimée entre 25.000 et 35.000
euros. Enfin, une tirelire en bleu
de Delft suscitait l’étonnement
du commissaire-priseur. Exécuté
dans une très haute qualité et
quasi sans défaut, il s’agit de l’un
des lots les plus importants dans
le domaine de la céramique.
L’estimation pour ce chefd’œuvre
de Pieter Kocx est de
4.000 à 8.000 euros. Enfin, un canon
de bronze de 1656, provenant
de l’armée anglaise de Charles
II, est également proposé (est.
12.000-18.000 euros). Il fut repêché
en mer du Nord, tout comme
un autre spécimen aujourd’hui
conservé au musée Gruuthuse.
Une paire de canons vénitiens de
la fin du XVIIe siècle est, quant à
elle, estimée entre 8.000 et 12.000
euros.
Art contemporain
chez Lhomme
La prochaine vente publique chez
Lhomme aura lieu le samedi 25
février. L’art contemporain sera
particulièrement présent dans
cette vente avec un superbe
exemplaire de l’Eau-forte VI de
Pierre Soulages, des œuvres de
Jean Rets, Georges Collignon,
Jo Delahaut, Hans Hartung,
Roger Greisch, Pierre Alechinsky,
Fernand Flausch, Bram Bogart…
ainsi que des sculptures de Paul
Van Hoeydonck, Mady Andrien,
Lambert Rocour, ou encore des
ouvrages illustrés d’estampes
originales de Jo Delahaut, Raoul
Ubac et Bram van Velde. Seront
également proposés une huile
et plusieurs dessins d’Armand
Rassenfosse, un dessin de Léon
Spilliaert, des œuvres d’Edgar
Scauflaire et une toile du peintre
luministe Ferdinand Hart Nibbrig.
Suivront un bel ensemble de manuscrits
autographes de Gustave
Flaubert, Marcel Proust, Colette,
88

VEILINGHUIS
HET PAND
LA SALLE DES VENTES DU COIN OUEST DE LA FLANDRE
Vente
d’un particulier
Nature morte
florale signée
Louise Coupé.
61 x 110 cm
L’artiste gantoise Louise
Coupé (1877-1945) est
connue pour ses natures
mortes de fleurs et de fruits.
Elle a participé aux Salons
triennaux d’Anvers, en 1920
et 1926. Oeuvre, e. a.,
au Musée de Gand.
Mentionné dans BAS I en
“Twee eeuwen Signaturen
van Belgische kunstenaars”
Vente aux enchères d’antiquités
dimanche 26 février à 14h
Jours d’expositions :
du samedi 18 au jeudi 23 février entre 13u30 - 18h.
Vente aux enchères avec public dans la salle.
Tél 04 74 49 13 17
info@veilinghuishetpand.be
www.veilinghuishetpand.be
KASTEELSTRAAT 8
DIKSMUIDE
CONTACT
elsbethreiter@gmail.com
Vente d'art et antiquités
28 février 2023
INGELANDGAT 4 - GENT
LOECKX.BE

Ventes
Belgique
EST. 700-1.000 €
Lucas Franchois II le Jeune (att.), La Lamentation, XVIIe siècle. ‘t PAND,
26-02. © ‘t PAND
Vue de l’offre en art d’Orient chez Loeckx, le 28-02. © Loeckx
Karl-Joris Huysmans, mais aussi
quelques livres anciens, dont un
bel exemplaire des Délices du
Pays de Liège, et modernes, un
chapitre d’estampes japonaises et
un bel ensemble de gravures de
Félicien Rops.
Vente aux enchères
d’antiquités au
‘t PAND
Une importante vente
d’antiquités se déroulera au ‘t
PAND de Diksmuide le 26 février.
On y annonce une offre intéressante
en argenterie religieuse, tels
que calices, ostensoirs, ciboires,
patènes et couronnes. Ces lots
seront complétés de statues
anciennes en bois, chemins de
croix, reliquaires, lourds chandeliers
d’autel en bronze et autres
sculptures néo-gothiques, entre
autres. On verra, en outre, une
offre variée en antiquités civiles:
statues en bronze, socles de
statues, cloches de bronze, petits
meubles, objets décoratifs en
cristal et porcelaine. Les objets
de collection et autres curiosités
fermeront la marche.
Varia chez Horta
Lors de sa vente des 27 et 28
février, outre quelques remarquables
bijoux dont une bague en or
blanc et jaune agrémentée d’un
diamant solitaire taille brillant de
+/- 7,03 carats, avec certificat HRD
stipulant M SI1 (est. 22.000-25.000
euros), la salle Horta proposera
quelques tableaux de maîtres
anciens. Est ainsi à prendre, une
École flamande du XVIe siècle,
triptyque à l’huile sur panneau
représentant L’adoration des
mages, L’adoration des bergers
et La circoncision. Attribuées au
Maître de 1518 et son atelier, leur
estimation est de 40.000 à 60.000
euros. Parmi les œuvres des XIXe
et XXe siècles, citons un Verboekchoven
de belle facture (Bouc,
moutons et agneaux sur fond de
paysage marin avec voiliers et
vapeur, est. 12.000-15.000 euros)
et un Paulus (Hiver au Pays Noir,
est. 8.000-10.000 euros). Enfin,
moins présents cette fois-ci, les
artistes contemporains seront
représentés par Enrico Castellani,
dont l’œuvre intitulée Composition
avec fils vaut entre 6.000 et
8.000 euros.
Art oriental
chez Loeckx
La prochaine vente chez Loeckx
est prévue le 28 février. Elle
proposera une large sélection
d’art occidental et oriental. Il s’agit
notamment de sculptures bouddhistes
et d’objets rituels provenant
de la région himalayenne :
Tibet, Népal et Chine. Des objets
de porcelaine, jade ou cloisonné,
et quelques peintures chinoises
seront également proposés. Un
magnifique paysage d’hiver de
Klaes Molenaer se distingue également,
ainsi qu’une sélection de
céramique et verrerie Art nouveau
et Art déco, dont un rarissime
vase signé Daum Nancy, illustré
d’un motif en toile d’araignée.
Art contemporain,
moderne et ancien
chez De Vuyst
Les collectionneurs et passionnés
pourront bientôt s’émerveiller devant
l’offre unique de la vente de
mars chez De Vuyst. Plus de 650
œuvres seront mises aux enchères
le 4 du mois, des maîtres anciens
à l’art contemporain, international
et national, des peintures et
sculptures aux photographies et
installations. Une partie importante
de la vente comprend des
œuvres clés du début du XXe siècle.
De l’excentrique James Ensor,
une importante version coloriée
à la main de la gravure L’entrée
du Christ à Bruxelles (1898) est
90

EST. 6.000-8.000 €
Enrico Castellani, Composition avec fils, 1958,
huile sur tissu marouflée sur toile, 79,5 x 59,5
cm. Horta, 27 & 28-02. © Horta
EST. 80.000-120.000 €
Léon Spilliaert, Vue du Visserskaai depuis
l’atelier, 1909. De Vuyst, 04-03. De Vuyst
EST. 55.000-75.000 €
Corneille, Composition, 1951. De Vuyst, 04-03. De Vuyst
ainsi annoncée. Le catalogue
comprendra, en outre, plusieurs
aquarelles importantes de Léon
Spilliaert, dont View of the Fishermen’s
Quay from the Studio
(1909). On y trouve également
plusieurs œuvres importantes de
Jean Brusselmans, notamment
une huile de 1914, sa période
fauve brabançonne, qui porte le
double titre Matin en banlieue /
L’usine à Auderghem et provient
de la collection du critique d’art
Paul Haesaerts. Les couleurs et
coups de pinceau utilisés par
Brusselmans sont exceptionnellement
modernes pour l’époque.
La Lys et le Tempelhoeve à
Laethem-Saint-Martin (1918), avec
ses coups de pinceau lumineux et
estivaux, illustre le génie pointilliste
d’Evariste De Buck. L’œuvre
date de la période où l’artiste
séjourna pour la première fois à
Laethem, entre 1916 et 1918. Deux
importantes sculptures d’Oscar
Jespers méritent également d'être
mentionnées : Hunched Woman
- Opschik (1933) en marbre blanc
et Bird (1927) en bronze. Corneille
a, pour sa part, réalisé une
merveilleuse composition en 1951,
dernière année officielle du mouvement
CoBrA, proposée lors de
cette vente. Laquelle comprendra,
en outre, des œuvres de Karel
Appel et Reinhoud. Le vaisseau
spatial General Spinaxis (1977) de
Panamarenko est un grand dessin
de près de deux mètres de large.
En 1968, Panamarenko réalisait
une première version en balsa
du General Spinaxis. En 1978, il
construisait une version monumentale,
exposée à l’aéroport de
Brême. C’est dans ce contexte
que l’artiste créait le grand dessin
proposé ici. Il s’agit d’un vaisseau
spatial alimenté par l’énergie
solaire. Enfin, on mentionnera
quelques noms internationaux
tels Pierre Soulages, Sam Francis,
Pablo Atchugarry, Sol LeWitt et
Jan Dibbets. L’art contemporain
sera représenté par Rinus Van de
Velde, Philippe Vandenberg et Jan
Fabre.
91

Auction calendar
FEBRUARY / MARCH 2023
Belgium
FEBRUARY
31-2 Jordaens
Kunst en antiek MORTSEL
1 Lempertz Brussel
Arts of Africa, the Pacific & the
Americas BRUSSEL
2 Legia Auction
Kunst en antiek HANNUT
3 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
4-6 DVC Gent
Kunst en antiek GENT
4 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
5 Antenor
Juwelen BRUSSEL
6 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
7-9 Carlo Bonte
Kunst en antiek BRUGGE
7 Berg van Barmhartigheid
Juwelen en numismatiek
BRUSSEL
10 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
10-11 Damien Voglaire
Klassieke schilderijen en
boeken BRUSSEL
11 Berg van Barmhartigheid
Speciale verkoop
BRUSSEL
11 FW auctions Namur
Algemene veiling NAMEN
11 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
11 Morel de Westgaver
Ansichtkaarten, prenten en
boeken BRUSSEL
11-12 Maison Jules
Kunst en antiek GENT
12-13 Monsantic
Kunst en antiek BERGEN
13 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
13-19 Rops Namur
Kunst en antiek ONLINE
14 Berg van Barmhartigheid
Zilver en juwelen
BRUSSEL
14-15 Vanderkindere
Kunst en antiek UKKEL
14-15 Bernaerts
Kunst en antiek
ONLINE
15-16 Debaveye
Kunst en antiek
HARELBEKE
17 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
18 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
20 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
20 Elysée Liège
Kunst en antiek LUIK
21 Elysée Liège
Burgerveiling LUIK
23 Rob Michiels
Aziatische kunst BRUGGE
24 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
25 Rob Michiels
Europese en Islamitische
kunst BRUGGE
25 Lhomme
Schilderijen, prenten,
tekeningen, boeken etc LUIK
25 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
26 HET PAND
Antiek DIKSMUIDE
27 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
27-28 Galerie Moderne
Kunst en antiek BRUSSEL
27-28 Horta
Kunst en antiek BRUSSEL
28 Loeckx
Kunst en antiek GENT
MARCH
2-12 Arenberg
Collectibles ONLINE
3 Maison des Huissiers de
Justice
Deurwaarderstukken BRUSSEL
4 ABS Veilingen Mechelen
Deurwaarderstukken
MECHELEN
4 De Vuyst
Hedendaagse,
Moderne en Oude Meesters
LOKEREN
4 Louiza Auction
Schilderijen BRUSSEL
6 Amberes
Burgerveiling ANTWERPEN
7 Berg van Barmhartigheid
Juwelen en numismatiek
BRUSSEL
10 Maison des Huissiers
de Justice
Deurwaarderstukken
BRUSSEL
The Netherlands
FEBRUARY
28-5 Oprechte Veiling
Kunst en antiek HAARLEM
6 Derksen
Meubelen en klokken
ARNHEM
6-7 Zadelhoff
Kunst, antiek en curiosa
ONLINE
6-10 Korst van der Hoeff
Kunst en antiek
S-HERTOGENBOSCH
7 Derksen
Kunst ARNHEM
8 Derksen
Kleingoed en vitrinestukken
ARNHEM
9 Derksen
Aziatica ARNHEM
11 Derksen
Goud, zilver en brocanten
ARNHEM
11 Van Sabben
Affiches HOORN
14 Richard Terborg
Tekeningen ONLINE
14-18 Heritage Auctions
Goud, zilver, kunst, curiosa en
militaria IJSELSTEIN
14-28 Venduehuis Den Haag
Single owner sale, paintings
ONLINE
15-16 Notarishuis Rotterdam
Algemene veiling ONLINE
17-19 Veilinghuis Omnia
Kunst en antiek KOLMHAM/
HOOGEZAND
19 Peerdeman
Kunst en antiek UTRECHT
21-7 Venduehuis Den Haag
Indonesian art sale ONLINE
27 Ald Fryslan
Chinees en Oosters porselein
ONLINE
27-28 Van Spengen
Kunst en antiek HILVERSUM
28 De Jager
Kunst, antiek en juwelen GOES
28-2 Ald Fryslan
Kunst en antiek IJLST
MARCH
1-2 De Jager
Aziatica GOES
9-10 De Ruiter
Munten en bankbiljetten
KLAASWAAL
13-15 Klinkhamer
Kunst en antiek GRONINGEN
France
FEBRUARY
26-2 Tajan
Art Moderne & Contemporain
PARIS
1 Ader
Verrerie contemporaine PARIS
1 Thierry De Maigret
Tableaux, objets d'art,
mobilier, tapis (Drouot) PARIS
1 Magnin Wedry
Tableaux, mobilier & objets
d'art (Drouot) PARIS
1 Bonhams Cornette
La collection Dr Peter et Ulrike
Bühner de motos et voitures
anciennes
PARIS
1-2 Bonhams Cornette
Les Grandes Marques du
Monde à Paris PARIS
2 Bonhams Cornette
Fine watches at The Grand
Palais Ephémère PARIS
2 Lucien Paris Nogent
Fonds de maisons et parties
de mobilier garnissant un
hôtel particulier NOGENT
3 Artcurial
Rétromobile 2023 PARIS
3 Crait+Müller
Livres, tableaux, mobilier &
objets d'art (Drouot) PARIS
3 Giquello & Associés
Collection Lucie Scheler,
livres anciens et modernes,
tableaux modernes (Drouot)
PARIS
3 Oger - Blanchet
Importants bijoux - Montres
et orfèvrerie (Drouot) PARIS
3 Coutau-Begarie
Etoffes - Costumes anciens -
Papier peints (Drouot) PARIS
4 Artcurial
Racing, Flying & Yachting
PARIS
7 Artcurial
Maîtres anciens & du XIXe
siècle PARIS
7 Cannes Enchères
Joaillerie & Horlogerie de
collection CANNES
7-21 Aguttes
Bijoux & Montres ONLINE
8 Beaussant Lefèvre
Tableaux, mobilier et objets
d'art (Drouot) PARIS
8 Ader
Cadres anciens et modernes
(Drouot) PARIS
9 Ader
Judaïca PARIS
9 Maison R&C
Oeuvres d'exception (Drouot)
PARIS
9 Millon
Tour du monde du
collectionneur NICE
9-23 Aguttes
Asian Art ONLINE
10 Thierry De Maigret
Tableaux, objets d'art,
mobilier, tapis (Drouot) PARIS
10 Tessier & Sarrou
Marine & Voyage (Drouot)
PARIS
10 Drouot Estimations
Montres, bijoux, objets de
vitrine & mode (Drouot) PARIS
10 Ader
Art de l'Islam et de l'Inde
& Archéologie - Vente de
prestige (Drouot) PARIS
10 Giquello & Associés
Livres anciens et modernes
(Drouot) PARIS
10 Artcurial
de Hislaire à Yslaire
PARIS
10 Artcurial
L'univers du créateur de Tintin
PARIS
10 Coutau-Begarie
Eventails (Drouot)
PARIS
11 Artcurial
Bandes dessinées PARIS
13 Ader
Numismatique & Philatelie
PARIS
14 Gros & Delettrez
Mode et fourrure (Drouot)
PARIS
14 De Baecque
Arts Premiers (Drouot) PARIS
14 L'Huillier
Eden roc (Drouot) PARIS
14 Deburaux - Du Plessis
Bijoux anciens et modernes
(Drouot) PARIS
14 Ader
Collection Marcel Sztejnberg
(Drouot) PARIS
14 Lemon Auction
Design - Art du XXe siècle
(Drouot) PARIS
14 Yann Le Mouel
Oeuvres sur papier - Tableaux
modernes et contemporains
(Drouot) PARIS
14 Millon
Biennale - Tableaux, mobilier
& objets d'art (Drouot) PARIS
14-28 Aguttes
Numismatique ONLINE
15 Piasa
Photographies d'une
collection PARIS
15 Piasa
Bruno Gambone Ceramiques
PARIS
15 Gros & Delettrez
Mode et fourrure (Drouot)
PARIS
15 Aguttes
Livres & Manuscrits NEUILLY
15 Millon
Ecole de Paris - Regards de
collectionneurs PARIS
16 Giquello & Associés
Tableaux, mobilier et objets
d'art (Drouot) PARIS
16 Lucien Paris Nogent
Ecrin de Madame M. - Bijoux
anciens et modernes, et à
divers amateurs NOGENT
16-22 Sothebys
Living Contemporary PARIS
17 Gros & Delettrez
Bijoux anciens & modernes -
Montres (Drouot) PARIS
17 Ader
Art d'après guerre et
contemporain (Drouot) PARIS
21-28 Artcurial
Estampes & Multiples ONLINE
22 Thierry De Maigret
92

Auction calendar
FEBRUARY / MARCH 2023
Tableaux, objets d'art,
mobilier, tapis (Drouot)
PARIS
22-28 Sothebys
Livres et Manuscrits PARIS
23 Coutau-Begarie
Haute Epoque (Drouot) PARIS
23 Aguttes
Design NEUILLY
23 Piasa
Design français PARIS
23 Cannes Enchères
Lithographies
CANNES
23-1 Artcurial
Mobilier & Objets d'art ONLINE
24 Beaussant Lefèvre
Tableaux, mobilier et objets
d'art (Drouot) PARIS
24 Coutau-Begarie
Mobilier & Objets d'art
(Drouot) PARIS
24 Nouvelle Etude
Césars & Prestigieuse garderobe
(Drouot) PARIS
24 Cannes Enchères
Art Moderne CANNES
24-2 Artcurial
Collection de Mode ONLINE
25 Cannes Enchères
Art Contemporain CANNES
MARCH
1 Ader
Tableaux anciens (Drouot)
PARIS
2 Lucien Paris Nogent
Objets d'art et de bel
ameublement NOGENT
6 Aguttes
Peintres d'Asie, Oeuvres
majeures NEUILLY
7 Bonhams Cornette
Estampes et multiples en
ligne PARIS
7 Ader
Bijoux & Vintage (Drouot)
PARIS
8 Piasa
Art + Design from one
property PARIS
8-20 Sothebys
Fine Watches PARIS
9 Aguttes
Arts d'Asie NEUILLY
10-20 Sothebys
Handbags and Accessories
PARIS
United Kingdom
FEBRUARY
25-8 Sothebys
Fine Watches
LONDON
27-10 Sothebys
Original Film Posters
LONDON
6-16 Bonhams
Art from Georgia & Armenia
ONLINE
7-8 Bonhams
The Connoisseur's Library
LONDON
9 Dreweatts
The culinary arts - A private
library ONLINE
9 Sothebys
Fine Jewels
LONDON
9 Christies
Private Collection from an
English Country House
LONDON
15 Bonhams
Knightsbridge Jewels LONDON
20-28 Bonhams
Modern and Contemporary
South Asian Art
ONLINE
21-22 Dreweatts
Interiors LONDON
22 Bonhams
Watches & Wristwatches
LONDON
23-9 Christies
Post-War & Contemporary Art
Online ONLINE
28-14 Christies
Contemporary Edition:
London ONLINE
28 Christies
20th/21st Century Art Evening
Sale LONDON
28 Christies
The Art Of The Surreal
LONDON
MARCH
1 Christies
Post-War and Contemporary
Art Day Sale LONDON
1-2 Sothebys
Modern & Contemporary
Auction LONDON
1-2 Phillips
20th Century &
Contemporary Art LONDON
2 Dreweatts
Old masters, British and
European art LONDON
2 Christies
Impressionist Day and Works
on Paper Sale LONDON
2-16 Christies
Prints and Multiples ONLINE
7 Dreweatts
Fine clocks, barometers and
scientific instruments LONDON
8 Dreweatts
Fine jewellery, silver, watches
and objects of vertu LONDON
8 Bonhams
British and European Art
LONDON
10-16 Sothebys
(Woman) Artists LONDON
Germany
FEBRUARY
25-2 Van Ham
Jewels Quarterly ONLINE
30-3 Hermann Historica
Antiken, Asiatika,
Schusswaffen, Orden und
Militaria
ONLINE
8-9 Nagel Auktionen
Moderne & Zeitgenössische
Kunst, Design Highlights
STUTTGART
Fair calendar
FEBRUARY / MARCH 2023
Belgium
JANUARY
28-5/2 BRAFA
BRUSSELS
FEBRUARY
3-5 Menart Fair
BRUSSELS
03-05 JAP Artists Print
SCHAERBEECK
8-12 Affordable Art Fair
BRUSSELS
9-12 Fine Art Fair Wavre
WAVRE
MARCH
9-12 COLLECTIBLE
BRUSSELS
France
FEBRUARY
10-12 Art3f Toulouse
TOULOUSE
Germany
FEBRUARY
3-5 ARTe Contemporary Art
Fair
OSNABRUCK
Italy
FEBRUARY
3-5 Arte Fiera
BOLOGNA
10-13 Arte Genova
GENOVA
11-20 Excelsior
MODENA
Portugal
FEBRUARY
10-12 Art Expo Algarve
ALGARVE
Spain
FEBRUARY
22-26 ARCOMadrid
MADRID
The Netherlands
FEBRUARY
8-12 Haute Photographie
ROTTERDAM
10-12 OBJECT
ROTTERDAM
9-12 ART ROTTERDAM
ROTTERDAM
United Arabic
Emirates
FEBRUARY
3-5 Art Dubai
DUBAI
United Kingdom
FEBRUARY
9-12 Affordable Art Fair
LONDON
United States
FEBRUARY
16-19 Frieze Los Angeles
LOS ANGELES
17-20 The Palm Beach Show
PALM BEACH
MARCH
2-5 Outsider Art Fair New York
NEW YORK
93

Museum calendar
FEBRUARY / MARCH 2023
Belgium
ANTWERPEN
MOMU
△ Mirror Mirror. Mode en
de Psyché'
t/m 26-02
Snijders&Rockoxhuis
△ ‘Finis Terrae’
t/m 26-02
M HKA
△ ‘Dora Garcia. Elle a
plusieurs noms’
10-02 t/m 21-05
BINCHE
Musée international
du Carnaval et du
Masque
△ ‘Dia de Muertos’
j. 05-03
BRUGGE
Groeningemuseum
△ ‘Pieter Pourbus. Master
of Maps’
t/m 16-04
Sint-Jans Hospitaal
△ ‘Oog tot Oog met
de Dood. Hugo
Van der Goes, een
nieuwe blik over oude
meesters’
t/m 05-02
BRUSSELS
Atomium
△ ‘Visual System’
03-02->
△ View from my window
j. 29-05
BOZAR
△ ‘Swedish Ecstasy : De
Swedenborg à Hilma af
Klint et au-delà’
17-02 au 21-05
CIVA
△ ‘Picturesque. Jules
Buyssens, landscape
architect’
j. 12-02
△ ‘After / D’Après / No’,
Vincent Meessen
j. 26-03
Design Museum
Brussels
△ On Display. Quand
le design investit la
boutique'
j. 05-03
Fondation A
△ ‘Graciela Iturbide.
Lignes d’ombre’
j. 21-04
ISELP
△ ‘Memories Gone
Wild. Fictive Archive
Investigation’
j. 25-03
MAD
△ ‘The Power of
Ceramics. Modern Craft
#2’
j. 25-02
Maison de l’histoire
européenne
△ ‘Jeter. Histoire d’une
crise contemporaine’
18-02 au 31-01-2024
MIMA
△ ‘Local Heroes’
03-02 au 28-05
MRBAB
△ Isabelle de Borchgrave.
Miradas de Mujeres'
j. 12-02
△ Picasso & Abstraction'
- 'Jean-Pierre Ghysels.
Exposition focus'
- 'Prune Nourry.
L'Amazone Erogène
(Arc)'
j. 12-02
Musée Horta
△ ‘Victor Horta versus Art
nouveau’
24-03 au 08-01-2024
Musée juif de
Belgique
△ Arié Mandelbaum
j. 05-03
△ ‘236. Land(es)capes
from the 20th Convoy’. Jo
Struyven / Luc Tuymans
j. 14-08
△ ‘Femmes marocaines
- Entre éthique et
esthétique’
j. 30-04
Musée Mode &
Dentelle
△ Kidorama. 200 ans de
mode enfantine
j. 05-03
Musée René Magritte
△ ‘Renée Demeester,
paysages abstraits’
j. 03-09
Villa Empain
△ ‘Ornamentum’
j. 14-05
WIELS
△ Danai Anesiadou. D
Possessions
j.23.04
CHARLEROI
Musée de la
Photographie
△ Stephan Gladieu.
Corée du Nord - Brian
McCarty. War-Toys -
Vasco Ascolini. Ciseler
l’ombre
j. 21-05
Musée des Beaux-
Arts
△ ‘Dupuis : La fabrique
de héros. 100 ans de 9e
art au Pays noir’
j. 30-07
GENT
Huis van Alijn
△ Licht uit. Pop op
t/m 26-03
MSK
△ Theodoor Rombouts
(1597-1637)
t/m 23-04
Museum Dr. Guislain
△ Mirror Mirror - Mode &
de psyche'
t/m 26-02
S.M.A.K.
△ Healing the Museum
- Artist in Residence:
Grace Ndiritu
t/m 04-02
HASSELT
C-Mine
△ Enzo Mari
11-02 t/m 28-05
HORNU
CID
△ ‘Michele De Lucchi &
ADML Circle’
12-02 au 27-08
MAC’s
△ ‘Les Fabriques du
coeur et leur usage’
j. 19-03
LA LOUVIÈRE
Centre de la Gravure
et de l’Image
imprimée
△ ‘Pol Bury. Va-et-Vient’
j. 12-03
MECHELEN
Kazerne Dossin
△ Homo’s en Lesbiennes
in Nazi-Europa’
16-02 t/m 10-12
OOSTENDE
Mu.ZEE
△ ‘Friends in a field :
conversations with Raoul
De Keyser’
t/m 21-05
LEUVEN
Museum M
△ Prendre le temps
t/m 23-04
LIÈGE
Trésor de la
Cathédrale
△ ‘Pierres précieuses,
gemmes et matériaux
d’exception. Histoire et
techniques’
j. 05-03
Trinkhall Museum
△ Jean-Marie Heyligen
et Paul Duhem
j. 05-03
LOUVAIN-LA-NEUVE
Musée L
△ ‘Fossiles & Fictions’
j. 26-03
MORLANWELZ
Musée Royal de
Mariemont
△ ‘Les vies multiples des
cercueils’
j. 09-04
Musée Royal de
Mariemont
△ ‘Egypte. Eternelle
passion’
j. 16-04
NAMUR
Musée Rops
△ ‘Charles Doudelet
(1861-1938) et le
symbolisme. Les Portes
d’or’
j. 05-03
TERVUREN
Africa Museum
△ Europa Oxalá'
t/m 05-03
TOURNAI
Musée des Beaux-
Arts
△ Toute une histoire,
regard sur les collections
#3
j. 02-2023
EUPEN
IKOB
△ ‘Henrik Naumann:
WESTALGIE mit Merle
Vorwand und Tom
Bogaert’
j. 16-04
LA LOUVIÈRE
Keramis
△ ‘Daniel Pontoreau.
Avant le paysage’
11-02 au 20-08
94

Gallery calendar
FEBRUARY / MARCH 2023
Belgium
AALST
Galerie Van
Caelenberg
△ ‘Tout est nouveau sous
la lune’
t/m 16-02
ANTWERPEN
Annie Gentils Gallery
△ Jacqueline Peeters
t/m 06-03
Coppejans Gallery
△ ‘Denmark. Sie
Sollten in Ruhe
weiterarbeiten’
t/m 18-02
De Zwarte Panter
△ ‘Agnès Guillaume.
Epithalame - Fred
Bervoets. Onderweg’
t/m 05-02
Everyday Gallery
△ ‘I Paint What I Want
To See’
t/m 12-02
Ronny Van de Velde
△ ‘Le mal du pays’
t/m 26-03
Tim Van Laere
△ Ryan Mosley
02-02 t/m 18-03
ASSE
De Ziener
△ ‘Jo De Smedt.
VUUR’
t/m 26-02
BONHEIDEN
Galerie Art Depot
△ Gilbert Swimberghe
t/m 26-02
BRUSSELS
Almine Rech
△ ‘Fabien Adèle, Alexis
McGrigg & Ted Pim’
j. 25-02
Ballon Rouge
△ Rashawn Griffin
j. 11-03
Baronian
△ ‘Jean-François
Lacalmontie. Peintures’ -
‘Marcin Sobolev.
Central Asia’
j. 04-03
Belfius Art Gallery
△ Art Beats’
j. 24-06
Belgian Gallery
△ ‘Resonances’
j. 23-02
Bernier/Eliades
△ ‘Charlie Billingham.
Habillé pour le Week-
End’
j. 25-02
Box Galerie
△ ‘Sven Laurent,
fragments of solace’
j. 04-03
CFC Editions
△ Werner Lambersy,
passeur des ailleurs’
j. 25-02
Chez Olivia Project
Room
△ ‘Léopoldine Roux.
Souvenirs de Bruxelles’
j. 18-02
CLEARING
△ ‘Cursed Objects.
Meriem Bennani’
j. 11-02
Contretype
△ ‘Archipel_o. Lyon
Bandie, Théodore
Bauthier, Bénédicte
Blondeau, Aliki
Christoforou, Aurélien
Goubau, Marcel Top’
j. 19-03
Dvir Gallery
△ ‘Aysha E Arar.
Barbarian’
j. 23-02
Frédérick Mouraux
Gallery
△ ‘Bob Verschueren : le
choix du fragile’
j. 04-03
Galerie Albert
Dumont
△ Jean-Philippe Braam -
Luis Gonzalvez
j. 19-02
Galerie Aliénor
Prouvost
△ ‘Ordinary Life. Wenjie
Lin’
j. 25-02
Galerie Didier
Devillez
△ Denis De Mot,
peintures récentes
j. 18-02
Galerie Dys
△ ‘Koenraad Tinel.
Traveller’
j. 26-02
Galerie Faider
△ Max Wechsler
j. 11-02
Galerie La Forest
Divonne
△ ‘Christian Renonciat.
Le Grain des choses’
j. 04-03
Galerie Nathalie
Obadia
△ Fiona Rae
j. 18-03
Gallery Laurentin
△ ‘Antoine Mortier.
Works on paper’
j. 04-02
Gallery Sofie Van den
Bussche
△ ‘Avolenté - Yves &
Christophe Malfliet’
j. 19-02
Hangar Photo Art
Center
△ ‘Mirror of Self’
j. 25-03
Huberty & Breyne
△ ‘Albert Dubout. Le Fou
dessinant’
j. 18-02
In-Gate Gallery
△ ‘Vladimir Semenskiy:
Age of Wisdom’
18-02 au 08-04
Irène Laub
△ ‘Tout est là. Bernard
Villers’
j. 25-02
Kusseneers Gallery
△ Ermias Fikleyesus - Els
Opsomer
j. 18-02
La Patinoire Royale /
Galerie Valérie Bach
△ ‘Arno Rafael
Minkkinen. Standing
With Nature’
j. 25-02
△ ‘Francine Holley. Une
abstraction musicale’
j. 25-03
La Verrière
△ ‘Marion Verboom.
Chryselephantine’
09-02 au 22-04
Le Botanique
△ ‘Photo Brut’
j. 19-03
△ ‘Katherine Longly. To
Tell My Real Intentions,
I Want to Eat Only Haze
Like A Hermit’
j. 05-03
Le Salon d’Art
△ ‘Entrevoir. Patrick Van
Ghendt. Estampes’
j. 04-03
Maison des Arts
△ ‘Sub terra’
25-02 au 14-05
Maruani Mercier
△ ‘Tony Matelli.
Timelines’
j. 11-02
Mathilde
Hatzenberger Gallery
△ ‘Estelle Lagarde. Ils
vécurent heureux’
j. 26-02
Michèle Schoonjans
△ ‘Mathieu Bonardet x
Tom Henderson. Tilt’
j. 25-02
Modesti Perdriolle
△ ‘Jean-Daniel Allanche.
L’atelier moléculaire de
Saint-Germain-des-
Prés’
j. 25-02
Odradek Residence
△ ‘Jean-François Pirson.
D’où monte son chant, le
silence aussi’
j. 11-02
Parc Royal
△ ‘Le Chat déambule à
Bruxelles !’
09-03 au 30-06
Rossi Contemporary
△ Frank Van Hiel
j. 04-03
Sorry we’re Closed
△ Julien Meert -
‘Planetarium’
j. 18-03
Super Dakota
△ On the edge of all this
sprawl of night and cities’
j. 11-03
Templon
△ Alioune Diagne. Tukki’
j. 04-03
The Palm Beach
△ ‘Herbarium. Anne
Greuzat’
j. 26-02
Vanderborght
△ ‘Peter Lindbergh.
Untold Stories’
j.14-05-2023
Zedes Art Gallery
△ ‘Leif Österman. From
Last Nights Rain’
j. 04-03
Zwart Huis
△ ‘Christophe Coppens.
Playdate’
j. 04-03
DIEPENBEEK
Anouk Vilain Art
Gallery
△ ‘The show must go on.
Pieter Jan Martyn’
11-03 t/m 09-04
GENT
Barbé Urbain
△ Charlie Voet - Joost
Pauwaert
08 t/m 12-02
Francis Maere Fine
Arts Gallery
△ ‘Ernest Van Hoorde
(1921-1991)’
t/m 05-03
GENTBRUGGE
Galerie Settantotto
△ ‘Change. Herman De
Vries’
19-02 t/m 02-04
HASSELT
Z33
△ ‘Fitting In’
t/m 26-02
HEVERLEE
Parcum - Parkabdji
△ ‘Fragile - Patrick Van
Caeckenbergh’
t/m 26-02
JAMBES
Galerie Détour
△ Jehanne Paternostre
j. 11-02
KORTENBERG
Artipool
△ Kaat Spelier - Nicko -
Michel Janssens
t/m 12-02
LIÈGE
Christine Colon
△ ‘Marlis Albrecht et
Jivko’
j. 12-02
Les Brasseurs Art
Contemporain
△ Jacques Di Piazza -
Messa Porta’
j. 18-03
Les Chiroux
△ ‘Marion Colard -
DRAGA’
j. 05-02
LINKEBEEK
Hors Tempsia
△ Agnès De Man. ZOO
t/m 23-04
LOUVAIN-LA-NEUVE
Espace 001
△ ‘Martin Chaumont. Sur
le qui-vive’
05-02 au 05-03
MONS
Atelier des Capucins
△ ‘TomArt, peintures
- Helène Soete,
sculptures’
j. 05-02
Les Anciens Abattoirs
△ ‘Le réservoir, porte
d’entrée d’un voyage aux
origines de la Nature’
j. 12-02
OOSTEEKLO
Galerie William
Wauters
△ ‘A la recherche du pain
perdu’, Pjeroo Roobjee
- Herman Van den
Broecke
05-02 t/m 12-03
SPY
Galerie Aarnor
△ Gilles Mezzomo
j. 12-02
TOURNAI
Rasson Art Gallery
△ Bénédicte Vanderreydt
j. 25-02
95

Chambre Royale Belgo –
Luxembourgeoise des salles de ventes
Aux enchères, commissaires-priseurs, courtiers et experts mobiliers
asbl fondée en 1936
Avenue Louise 500,
1000 Bruxelles
Tél. 0475-62 71 85
Fax 02-741 60 70
www.auctions-in-belgium.be info@auctions-in-belgium.be
Extrait liste des membres (Liste complète disponible au sécretariat ci-dessus)
ANTWERPEN 2000
AMBERES b.v.b.a
(Dir. Rik Dupain - Marc
Royer)
Terninckstraat 6-8-10
T.03/226.99.69 -
F.03/227.03.89
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Gecatalogeerde kunstveilingen,
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Geïllustreerde catalogus.
Wekelijkse burgerveilingen.
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toegewezen per jaar
BERNAERTS
Kunstveilingen
(Dir. Ch. & P. Bernaerts)
Verlatstraat 16-22
T.03/248.19.21
info@bernaerts.be
www.bernaerts.be
LIVE & ONLINE VEILINGEN
Oude, Romantische &
Moderne Meesters.
Antiek, Toegepaste kunsten,
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verzekering
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DVC
(Dir. D. Van Cappel)
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F.03/234.22.14
Gecatalogiseerde kunst- en
antiekveilingen schattingen
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e-mail: dvc@dvc.be
www.dvc.be
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Drabstraat 74 - 2640 Mortsel
T.03/449.44.30
e-mail: info@jordaens.eu
www.jordaens.eu
Openbare verkopingen van
kunst, antiek, juwelen, wijn,
collecties en inboedels.
Taxatie voor verdeling en
verzekering
BRUGGE 8000
CARLO BONTE AUCTIONS
Kardinaal Mercierstraat 20,
8000 Brugge
www.carlobonte.be
info@carlobonte.be
T. 050 33 23 55
Internationale ONLINE
Kunst- en Antiekveilingen.
Asian Art, Western Art,
Antiques, Design. Advies bij
verkoop - expertise - schattingen
Van de Wiele Auctions
Groeninge 34
T.050 49 07 69
auctions.vandewiele@proximus.be
www.marcvandewiele.com
Zeldzame drukken en handschriften,
oude kaarten,
atlassen, grafiek en schilderijen.
Schattingen voor verzekeringen
en nalatenschap.
BRUSSEL 1000
ARENBERG AUCTIONS
(dir. Johan Devroe § Henri
Godts)
Wolstraat 19 bus 2 - 1000
Brussel
T. 02-5441055
info@arenbergauctions.com
www.arenbergauctions.com
Veilingen van zeldzame
atlassen, boeken, prenten
en tekeningen. Ook gehele
bibliotheken, archieven en
zeldzame manuscripten.
Salle de Ventes du
BEGUINAGE s.p.r.l.
(Olivier Bolens - David Libotte)
Rue Haute 161 (1000)
T.02/218.17.42
0475/87.06.77
F.02/218.86.50
www.salledeventesdubeguinage.be
s.v.b@hotmail.be
Online via Drouot digital
HAYNAULT Kunstveilingen
(dir. Rodolphe de
Maleingreau d’Hembise)
Stallestraat 9 - 1180 Brussel
T.02/842.42.43
www.haynault.be
info@haynault.be
Negen gespecialiseerde
veilingen per jaar: juwelen,
goud en zilverwerk (3x);
munten penningen, verzamelingen
en historische
souvenirs (2x); schilderijen,
kuntwerken uit Europa en
Azië (4x)
Lempertz 1798
(dir. Henri Moretus Plantijn)
Grote Hertstraat 6, 1000
Brussel / Rue du Grand Cerf
6, 1000 Bruxelles
T. 02 514 05 86
F. 02 511 48 24
brussel@lempertz.com
www.lempertz.com
Schattingen en expertises
van maandag tot vrijdag
van 9:00 – 13:00 uur en van
14:00 uur -17:00 uur.
Hôtel de Ventes HORTA
(Dir. Dominique de Villegas)
70/74 Avenue de
Roodebeek (1030)
T.02/741.60.60
F.02/741.60.70
www.horta.be
info@horta.be
‘Ventes mensuelles cataloguées
d’antiquitées, oeuvres
d’art, bijoux et vins’
Brussels Art Auctions
Dir. Ph Serck & Is. Maenaut
Rue Ernest Allardstraat 7-9 /
Sablon - Zavel (1000).
F. 02/503.62.10
www.ba-auctions.com
info@ba-auctions.com
T.02/511.53.24
Vente d’art et antiquités.
Spécialiste en art Belge classique
et moderne
Galerie MODERNE
(Dir. David & Jérôme Devadder)
Rue du Parnasse 3 (1050) -
T.02/511.54.15 - F.02/511.99.40
www.galeriemoderne.be -
info@galeriemoderne.be
11 Ventes mensuelles cataloguées
GENT 9000
DVC
(Dir. D. Van Cappel)
Zandlopersstraat 10 - 9030
Mariakerke
T.09/224.14.40
F.09/225.04.14
e-mail: dvc@dvc.be -
www.dvc.be
Gecatalogiseerde Kunst- en
Antiekveilingen
Schattingen en expertises
voor nalatenschappen en
verzekeringen
Galerie en Veilingzaal
PICTURA b.v.b.a.
Brusselsesteenweg 656
9050 Gentbrugge
T.0475/74.49.25
henk.vervondel@telenet.be
www.pictura.be
LOECKX
auctioneers Belgium
(Dir. Cécile La Pipe,
Peter en Natan Loeckx)
Ingelandgat 4
T.09/223.37.93
F.09/233.76.71
www.loeckx.be
info@loeckx.be
International art & antiques
auctions. Expertises
LIEGE 4000
Hôtel des Ventes Elysée
(Dir. Fairon)
Boulevard Cuivre et Zinc 28
T.04/221.09.09
F. 04/221.15.05
www.ventes-elysee.be
info@ventes-elysee.be
Ventes publiques mensuelles
d’antiquités et objets
d’art, Vintage, Maroquinerie,
Bijoux. Expertises et accueil
du lundi au vendredi de
9h00 à 12h00 et de 13h00 à
17h00. Fermé le mercredi
Légia – Auction
(Dir. Bruno de Wasseige
& Vincent de Lange)
Rue de Cras-Avernas, 12
4280 Hannut
Tél. : 019/63.55.59
0495/87.99.01 - 0475/27.73.87
www.legia-auction.com contact@legia-auction.com
Ventes publiques d’Arts et
d’Antiquités, tapis, mobiliers,
bijoux, tableaux, Art d’Asie,…
Expertises gratuites sur rendez-vous.
Librairie LHomme
(Dir. David Lhomme)
Rue des Carmes 9
T.04/223.24.63
F.04/222.24.19
www.michel-lhomme.com
librairie@michel-lhomme.
com
Livres anciens et modernes
de qualité - Gravures -
Tableaux - Curiosités
Hôtel des Ventes MOSAN
(Dir. Maxence Nagant de
Deuxchaisnes)
Rue du Nord belge 9 (4020)
T.04/344.91.70 - F.04/341.39.19
www.hvm.be - Expertises
gratuites tous les vendredi
de 9h à 12h30 et de 14h à 18h
LOKEREN 9160
DE VUYST
(Dir. Guy De Vuyst &
Pascale Philips)
Kerkstraat 22-54, 9160
Lokeren
T.09/348.54.40
F.09/348.92.18
www.de-vuyst.com
info@de-vuyst.com
Internationale Kunstveilingen
en Tentoonstellingen van
17de eeuw tot hedendaagse
kunst.
Schattingen en expertises
van nalatenschappen en verzekeringen
MONS - MAISIERES 7020
MONSANTIC
(Dir: Daniel Otten)
Rue Grande 193b,
7020 Maisières (Mons)
T.065/73.94.00
F.065/73.94.09
otten@monsantic.com
www.monsantic.com
Ventes publiques cataloguées
Expertises le
mercredi, le samedi ou sur
rendez vous - déplacement
gratuit à domicile
NAMUR 5000
Salle de Ventes ROPS
(Dir. B. de Sauvage)
Avenue d’Ecolys 2, 5020
Suarlée (Namur)
T.081/74.99.88
F.081/74.99.86
www.rops.be /
www.rops-online.be
Ventes publiques mensuelles
d’antiquités et ventes bourgeoises.
Expertises gratuites
à domicile sur rendez-vous
ou à la salle tous les jours
de 9h à 12h, sauf les lundis
et jeudis
VERVIERS 4800
Hôtel des Ventes LEGROS
(Dir. Benoît Legros)
Rue Peltzer de Clermont 41
4800 Verviers
T. 087/33.01.00 - F.087.30.19.00
www.venteslegros.com
benoit.legros@euronet.be.
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MUSÉE DE L’EROTISME ET
DE LA MYTHOLOGIE
Musée de l’Erotisme et de la
Mythologie . Le musée, situé dans
une maison ancienne du Sablon,
offre un aperçu historique de l’art
érotique de l’antiquité à nos jours.
Cette collection privée, parmi les
plus belles d’Europe, présente des
pièces rares et uniques : ivoires,
peintures, sculptures, antiquités greco-romaines,
estampes japonaises,
œuvres d’artistes belges et autres
curiosités.
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T : +32(0) 2/514.03.53
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Malderen / Baeyens / E. Hoorne / P.
Mara / e. a. Info : 02/428.32.60
Recherche
Galerie d’art renommée
avec emplacement exceptionnel
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Intéressé? Veuillez répondre à la rédaction de Collect.
2026 marque le 100e anniversaire
de la naissance de l’artiste Geo
Sempels. Philippe Berte a été chargé
par la famille de réunir un maximum
d’informations sur cet artiste flamand
«oublié». Il s’agit d’inventorier et de
contacter, par différents canaux, les
collectionneurs privés afin de rendre
la rétrospective, potentiellement
prévue en 2026, aussi complète
que possible. Merci de bien vouloir
nous contacter à l’adresse : philippe.
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gratuite : 0473/86 05 01 et info@
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impressionniste.
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oeuvres du peintre malinois Hubert
Wolfs (1899-1937) pour catalogue et
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expositions (de groupe ou individuelle),
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Hauwere (belge, vers 1930, scènes de
Bruxelles) courriel : l.rodembourg@
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Wenckebach. Dessins, peintures et
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Cherche : Oeuvres (tableaux, dessins)
et détails (articles de journaux, lettres,
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belge Albert Dupuis (1923-2010) pour
une prochaine exposition et catalogue
au Musée Charlier. Contact :
Michèle Schoonjans de la fondation
F.A.D. - Tél. : 0478/71.62.96 ou courriel
michele@micheleschoonjans.be /
fondation.albert.dupuis.2010@gmail.
com
Dik van Bommel recherche des antiquités
égyptiennes. Merci de contacter
: dikencis@gmail.com
Recherche : tableaux de l’artiste
GABRIEL MEIRING (1946). Merci de
me contacter par e-mail : jean.wattenberge@telenet.be
Je recherche tous les documents
possibles concernant la CERAMIQUE
DE BRUXELLES, à savoir : catalogues,
plaquettes publicitaire,
papeterie, photos de bâtiments, ...
L’entreprise fut fondée en 1921 et
fermée en 1950. L’adresse originelle
était Chaussée d’Anvers 330, puis
Rue du Dobbelenberg 27 et Bd de
l’Abattoir 27, à Bruxelles. L’acte de
fondation mentionne, entre autres,
Fernand Thon, céramiste, et Marcel
de Vinck. Puis Alfons Smeets en tant
que manager. Je désire écrire un
historique - mémorandum sur cette
firme bruxelloise. Contact : Pierre
DEWIL, Square François Riga 51, 1030
Bruxelles, tél. : 0479/60 92 35, dewilpierre@gmail.com
Ecole d’art (Waterloo) cherche à
acquérir, pour sa section restauration,
des peintures anciennes (XVIe, XVIIe,
XVIIIe siècle), abîmées ou endommagées
(petits accidents - trous
– écaillements / éclats de peinture
- usures - fissures - plis sur la toile ou
sur le panneau). Tél. 0472/30 81 06 ou
0491/93 20 94
Afin d’établir le catalogue raisonné
du peintre Ward Lernout (Tervuren),
nous sommes en quête de tous ses
tableaux et dessins signés. Nous profitons
de cette occasion pour lancer
un appel aux personnes en possession
d’œuvres de Ward Lernout.
Confidentialité garantie. Idéalement,
il nous faut une photographie (également
avec téléphone portable) et les
informations suivantes : titre, année
et dimensions (hors cadre). Ces informations
peuvent être transmises à
l’adresse : tille.lernout@telenet.be. Ce
message peut également être lu sur
la page FB : «Ward Lernout peintre».
Merci d’avance pour votre collaboration.
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+32 (0) 3 765 9051
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Son accessibilité à 3 minutes de la sortie 6 de l’autoroute E411 Bruxelles-Namur, et son
parking face à l’entrée du hall, offrent aux visiteurs le confort d’une visite détendue.
Un Lunch Bar et un Salon de Thé sont présents au cœur du salon.
45 exposants internationaux
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