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Boxoffice Pro - N°405 / 6 octobre 2021

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SOUTIENS<br />

La Cour des comptes<br />

analyse le soutien au<br />

cinéma pendant la crise<br />

Le 29 septembre, la Cour des comptes a publié<br />

un “audit flash” sur les aides de l’État à trois<br />

secteurs culturels – le patrimoine, le spectacle<br />

vivant et le cinéma – en 2020 et au premier<br />

semestre <strong>2021</strong>. Elle y souligne « un effort financier<br />

exceptionnel » en faveur du cinéma et de<br />

l’audiovisuel, mais remarque le manque d’articulation<br />

avec les aides transversales, tout comme<br />

l’absence de contrôle d’éventuels “effets d’aubaine”…<br />

« à l’exception du cas des exploitants<br />

de salles, pour lesquels une clause anti-abus<br />

permettait de vérifier que les montants versés<br />

par les dispositifs général et sectoriel ne dépassaient<br />

pas les pertes de chiffres d’affaires de chaque<br />

entreprise ». Par ailleurs, pour l’ensemble de la<br />

filière, les magistrats recommandent que les<br />

aides publiques se réorientent davantage vers<br />

l’avenir et la relance, avec notamment la constitution<br />

d’entreprises plus solides, des infrastructures<br />

techniques de haut niveau, l’export et<br />

l’attractivité de la France.<br />

AIDES AU CINÉMA<br />

Le BLOC dénonce une gestion de crise<br />

« inéquitable »<br />

Le Bureau de liaison des organisations cinématographiques demande une répartition plus équitable<br />

des aides entre les acteurs de la filière et une meilleure régulation de l'exposition des films en salles.<br />

©Condor Distribution<br />

SOUTIEN AUX AUTEURS<br />

Le CNC valide<br />

les propositions<br />

de la SACD<br />

De son côté, la Société des auteurs et compositeurs<br />

dramatiques se réjouit du renforcement<br />

des aides à la conception retenu par le CNC.<br />

Dans la foulée du plan d’aide annoncé au<br />

Congrès, le CNC a adopté le 29 septembre un<br />

nouveau train de mesures en faveur des auteurs.<br />

La SACD, qui n’est pas membre du BLOC, avait<br />

proposé un renforcement du dispositif existant<br />

et salue « un soutien bienvenu et essentiel pour<br />

accompagner les auteurs, notamment ceux des<br />

films les plus fragiles, et favoriser la relance de<br />

la création ». Grâce à une majoration de 50 %<br />

de l’aide, les auteurs des films de fiction ou<br />

d’animation d’un budget inférieur à 4 millions<br />

d’euros sortis en 2020 et <strong>2021</strong> ou ayant été<br />

empêchés de sortir en raison de la crise sanitaire<br />

en 2020, pourront bénéficier d’un soutien<br />

revu à la hausse. L’aide destinée aux nouveaux<br />

projets s’établira à 15 000 euros au lieu des<br />

10 000 euros habituellement attribués.<br />

Pour la SACD, « cette nouvelle mesure de soutien<br />

aux auteurs est le fruit d’échanges constructifs<br />

avec le CNC et le ministère de la Culture qui ont<br />

toujours été à l’écoute des difficultés des auteurs,<br />

scénaristes et réalisateurs », et elle espère que<br />

cette volonté pourra se prolonger lors de la<br />

révision générale des soutiens en cours.<br />

La Voix d'Aïda, nommé à l'Oscar <strong>2021</strong> du meilleur film international,<br />

a-t-il autant de place dans les salles qu'il le mérite ?<br />

Après les aides annoncées à Deauville pour compenser les<br />

effets du passe sanitaire, l’audit publié le 29 septembre par<br />

la Cour des comptes sur les mesures de soutien au cinéma<br />

tout au long de la crise sanitaire (voir p.15) a encouragé<br />

les organisations du BLOC à réagir. Pour elles, l’audit de<br />

la Cour des comptes « corrobore de façon criante » leur analyse<br />

et les alertes qu’elles ont exprimées depuis de longs mois.<br />

Le Bureau, qui rassemble principalement des indépendants<br />

– producteurs, réalisateurs, distributeurs mais aussi exploitants*<br />

–, estime en effet que si la crise a affecté l’ensemble<br />

du secteur, « les mesures ont bénéficié de façon disproportionnée<br />

aux exploitants de salles et tout particulièrement aux circuits,<br />

au détriment des autres segments de la filière ».<br />

La Cour des comptes ayant relevé le poids très important<br />

du soutien versé par le CNC aux exploitants (65 %), le<br />

BLOC souligne un déséquilibre de 69 M € au détriment<br />

de la distribution, de la production et des auteurs. « Nous<br />

constatons, dès lors, que les mesures en faveur des salles leur<br />

ont permis de couvrir leurs déficits sans assurer le moindre<br />

“ruissellement” vers les ayants droit, bridant la capacité de ces<br />

derniers de se projeter dans de nouveaux projets et d’investir<br />

dans la recherche et la découverte de nouveaux talents. » La<br />

Cour des comptes préconisait en effet que les aides soient<br />

davantage orientées vers les investissements d’avenir et la<br />

relance.<br />

Et pour les organisations du BLOC, l’annonce de Roselyne<br />

Bachelot au Congrès est perçue comme le « dernier avatar<br />

d’une gestion de crise inéquitable », les 34 M € visant à<br />

compenser la mise en place du passe sanitaire étant répartis<br />

à hauteur de 80 % pour l’exploitation et 20 % pour la<br />

distribution et la production.<br />

Le BLOC déplore en outre que, malgré l’avis favorable de<br />

l’Autorité de la concurrence dans le contexte de la crise<br />

sanitaire, les pouvoirs publics n’aient pas donné suite à ses<br />

demandes de régulation de la diffusion des films en salles,<br />

« ni mis de conditionnalité aux aides conséquentes versées aux<br />

exploitants ». Une carence qui s’est traduite par « une surexposition<br />

des films dits porteurs ou américains au détriment<br />

du cinéma indépendant et de la diversité », et ce au moment<br />

où l’offre de films était massive. Le BLOC souligne à titre<br />

d’exemple récent que « les cinémas de plus de 6 écrans ont<br />

consacré entre 50 % et 65 % de leur capacité totale de vente<br />

au seul film Dune », face aux 400 œuvres qui se partageaient<br />

l’affiche, notamment les films français indépendants.<br />

Tout en saluant l’engagement financier de l’État et la<br />

réactivité du CNC, « qui ont permis la survie de la filière »,<br />

c’est donc bien l’inéquité de l’allocation des soutiens et le<br />

risque de voir « disparaître des cinémas la diversité de l’offre<br />

cinématographique » que dénoncent les organisations du<br />

BLOC. Elles demandent donc instamment aux pouvoirs<br />

publics la mise en œuvre d’un plan de relance « prenant<br />

désormais la bonne mesure des besoins d’investissement des<br />

secteurs de la production et de la distribution et intégrant la<br />

situation particulière des auteurs, qui subissent un dommage<br />

important, tant moral que financier », et conditionnant les<br />

subventions allouées à l’exploitation au respect d’obligations<br />

d’exposition et de diversité des films proposés au public.<br />

*Le BLOC regroupe l’ACID, le DIRE, le GNCR, le SDI ainsi que la Guilde Française des<br />

Scénaristes, Scénaristes de Cinéma Associés, la SRF, le Syndicat Français des<br />

Artistes Interprètes, le Syndicat Français des Agents Artistiques et Littéraires, le<br />

Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs, Syndicat des <strong>Pro</strong>fessionnels<br />

des Industries de l'Audiovisuel et du Cinéma, le Syndicat des <strong>Pro</strong>ducteurs de Films<br />

d’Animation, le SPI et l’UPC.<br />

16 <strong>N°405</strong> / 6 <strong>octobre</strong> <strong>2021</strong>

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