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Programme de soirée - Génération danse

Programme de soirée de la pièce Génération danse, présentée du 10 octobre au 18 novembre 2023, au Théâtre La Licorne. Une production de La Manufacture.

Programme de soirée de la pièce Génération danse, présentée du 10 octobre au 18 novembre 2023, au Théâtre La Licorne. Une production de La Manufacture.

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GÉNÉRATION<br />

DANSE<br />

DE<br />

CLARE BARRON<br />

Traduction<br />

MARYSE WARDA<br />

Mise en scène<br />

SOPHIE CADIEUX<br />

Production<br />

LA MANUFACTURE<br />

DU 10 OCTOBRE AU 18 NOVEMBRE 2023


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

LA MANUFACTURE<br />

ET LE THÉÂTRE LA LICORNE<br />

La Manufacture est une compagnie <strong>de</strong> théâtre qui assure également la direction du<br />

Théâtre La Licorne, un centre <strong>de</strong> création et <strong>de</strong> diffusion théâtral favorisant l’émergence,<br />

la découverte, le développement et le rayonnement d’une dramaturgie qui porte un regard<br />

neuf et actuel sur notre société, ses enjeux et les débats qu’ils provoquent. Privilégiant<br />

la création québécoise, la compagnie fait aussi place à la parole d’auteurs canadiens et<br />

étrangers, particulièrement d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlan<strong>de</strong>. La Licorne est un théâtre<br />

où les idées circulent, où les artistes créent en toute liberté. Un théâtre où le public,<br />

véritable complice, est toujours au cœur <strong>de</strong> notre action artistique. Lieu d’incubation et<br />

<strong>de</strong> création incontournable, La Licorne est une véritable institution dédiée au théâtre <strong>de</strong><br />

création et un modèle <strong>de</strong> vitalité <strong>de</strong>s plus inspirants.<br />

→ VOIR L’ÉQUIPE DE LA MANUFACTURE<br />

→ VOIR LE CONSEIL D’ADMINISTRATION<br />

© SUZANE O’NEILL<br />

GÉNÉRATION DANSE À REPENTIGNY<br />

Grâce à une <strong>de</strong>uxième année <strong>de</strong> partenariat avec Diffusion Hector-Charland – partenariat qui permet aux<br />

productions <strong>de</strong> La Manufacture d’être présentées à Repentigny, et ce, peu <strong>de</strong> temps après leur création –,<br />

<strong>Génération</strong> <strong>danse</strong> sera à l'affiche du Théâtre Alphonse-Desjardins, du 30 novembre au 2 décembre 2023.<br />

EN SAVOIR PLUS


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

MOT DE LA<br />

DIRECTION ARTISTIQUE<br />

Il y a <strong>de</strong>s textes, comme <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong>, qui nous soufflent dès la<br />

première lecture par leur force d’impact. Je me souviens encore <strong>de</strong> l’état<br />

d’euphorie dans lequel j’étais en tournant la <strong>de</strong>rnière page, porté à la<br />

fois par la fougue et la liberté <strong>de</strong> l’écriture et l’immense plaisir qui s’en<br />

dégage. Je venais <strong>de</strong> recevoir en pleine face une parole sauvage comme<br />

j’en avais rarement lu. Une parole fière et assumée pour parler <strong>de</strong> rêves<br />

et d’espoirs et <strong>de</strong>s sacrifices pour les atteindre et aussi <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong><br />

soi avec ce que ça <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> courage pour se tenir droit, surtout à<br />

l’adolescence ! Tout ça dans une langue rythmée, caustique où tous les<br />

sujets sont abordés <strong>de</strong> front, sans tabous ni morale. Une o<strong>de</strong> à la force<br />

brute <strong>de</strong> la jeunesse, quand tout est encore à bâtir et à inventer. Une<br />

o<strong>de</strong> à la sororité aussi, parce qu’à travers leur vulnérabilité, les doutes<br />

et les angoisses, ces jeunes femmes ne sont jamais seules. Elles savent<br />

intuitivement, et quel que soit l’âge, qu’ensemble elles sont plus fortes…<br />

et donc plus libres.<br />

© KELLY JACOB<br />

Cette sororité, vous allez la sentir sur scène aussi, avec cette équipe<br />

<strong>de</strong> formidables interprètes qui jouent le jeu imaginé par l’autrice avec<br />

un plaisir contagieux ! Merci à chacune et chacun <strong>de</strong> vous pour votre<br />

abandon total, votre confiance et votre talent ! Et merci à l’équipe <strong>de</strong><br />

conception pour votre inventivité débordante et à Maryse Warda pour<br />

ta traduction si juste et nuancée.<br />

Bien entendu, pour mener une troupe si nombreuse à bon port, il fallait<br />

une capitaine inspirée et inspirante. Chère Sophie, un immense merci<br />

d’avoir accepté mon invitation à mettre en scène cette pièce. Tu as su,<br />

avec toute ta sensibilité et ton intelligence, insuffler ce qu’il fallait <strong>de</strong><br />

délinquance à ce texte pour le faire rayonner à sa pleine mesure!<br />

Finalement, je veux remercier Marie Farsi qui m’a fait découvrir l’univers<br />

jubilatoire <strong>de</strong> Clare Barron et sans qui cette rencontre n’aurait peut-être<br />

jamais eu lieu.<br />

Sinon, à vous, cher public, je vous souhaite une <strong>soirée</strong> haute en couleur<br />

en compagnie <strong>de</strong> ces personnages éclatants qui, je l’espère, sauront<br />

vous convaincre qu’il n’y a pas d’âge pour rêver!<br />

PHILIPPE LAMBERT<br />

DIRECTEUR ARTISTIQUE ET GÉNÉRAL<br />

LA LICORNE / LA MANUFACTURE


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

CLARE<br />

BARRON<br />

AUTRICE<br />

© MARC J. FRANKLIN<br />

Biographie<br />

Clare Barron est une autrice et interprète américaine, originaire <strong>de</strong><br />

Wenatchee, dans l’État <strong>de</strong> Washington. Sa pièce Dance Nation (<strong>Génération</strong><br />

<strong>danse</strong>) a été présentée en première mondiale au Playwrights Horizons <strong>de</strong><br />

New York en mai 2018. Pour cette pièce, Clare Barron était finaliste pour<br />

le prix Pulitzer <strong>de</strong> théâtre en 2019. Elle a également reçu le prix Susan<br />

Smith Blackburn, le prix James Tait Black pour le théâtre et le Relentless<br />

Award, créé en l’honneur <strong>de</strong> Philip Seymour Hoffman. Parmi ses autres<br />

pièces, citons : Shhhh, (2022, Atlantic Theater Company, New York), You<br />

Got Ol<strong>de</strong>r (2018, Page 73 ; Steppenwolf, Chicago) pour laquelle elle a<br />

reçu <strong>de</strong>ux Obie Awards, pour le texte et la production, une nomination<br />

au Drama Desk pour la meilleure pièce et a été finaliste du Susan Smith<br />

Blackburn ; I’ll Never Love Again (2016, The Bushwick Starr, Brooklyn) ; et<br />

Baby Screams Miracle (2013, Clubbed Thumb New York ; 2017, Woolly<br />

Mammoth Theatre, Washington). Clare Barron est aussi récipiendaire<br />

du Whiting Award pour le théâtre, du Vineyard Theatre’s Paula Vogel<br />

Playwriting Award et <strong>de</strong> la bourse d’écriture <strong>de</strong> Page 73.<br />

Dance Nation a été présentée en première britannique à l’Almeida Theatre, à Londres,<br />

en septembre 2018.<br />

Playwrights Horizons Inc., à New York, a produit la première mondiale <strong>de</strong> Dance Nation en<br />

2018 avec le soutien d’une bourse <strong>de</strong> la National Endowment for the Arts et d’un généreux<br />

don <strong>de</strong> Scott M. Delman.<br />

Un merci spécial au Harold and Mimi Steinberg Trust pour le soutien apporté aux nouvelles<br />

œuvres au Playwrights Horizons. Merci à la Time Warner Foundation pour son soutien au<br />

New Works Lab <strong>de</strong> Playwrights Horizons.<br />

Dance Nation a été développée au Perry-Mansfield New Works Festival, en juin 2015,<br />

avec l’Atlantic Theatre Company, et présentée dans le cadre du Contemporary American<br />

Voices Festival au Long Wharf Theatre, en septembre 2016.<br />

Dance Nation a été écrite, en partie, en rési<strong>de</strong>nce à SPACE on Ry<strong>de</strong>r Farm et a bénéficié<br />

d’un atelier dans le cadre du programme Jerry A. Tishman Playwrights Creativity Fund<br />

<strong>de</strong> New Dramatists.


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

Mot <strong>de</strong> l'autrice<br />

Il y a quelque chose d’un peu paralysant à créer une œuvre<br />

portant sur le « genre », en ce moment. Pire encore d’avoir<br />

à en parler. Mais je vais quand même essayer.<br />

Cette pièce parle <strong>de</strong> filles <strong>de</strong> 13 ans. Elle parle aussi <strong>de</strong><br />

femmes, d’ambition et <strong>de</strong> désir. Je voulais l’écrire, car<br />

je tenais à offrir une représentation différente d’adolescentes<br />

sur scène. Une pièce où le traumatisme ne serait<br />

pas le point central. Mais où « être la meilleure » le serait.<br />

Les jeunes filles sont jouées par <strong>de</strong>s femmes allant <strong>de</strong><br />

la vingtaine à la soixantaine, parce que j’étais fatiguée<br />

<strong>de</strong> cette convention qui consiste à choisir <strong>de</strong>s jeunes<br />

femmes toutes menues <strong>de</strong> 25 ans pour incarner <strong>de</strong>s<br />

filles <strong>de</strong> 13 ans. Je ne voulais pas que les personnages<br />

d’adolescentes correspon<strong>de</strong>nt à l’image qu’on se fait<br />

<strong>de</strong>s adolescentes – parce que les adolescentes ne ressemblent<br />

pas vraiment à ça ! Aussi, parce que le vrai sujet<br />

<strong>de</strong> la pièce est ce qu'il nous reste <strong>de</strong> nos 13 ans et que<br />

l’on porte avec nous toute notre vie.<br />

En ce qui me concerne, je suis encore en lutte avec plusieurs<br />

<strong>de</strong>s mêmes enjeux.<br />

Je me souviens d’avoir participé à un point <strong>de</strong> presse<br />

pour parler d’une pièce que j’avais écrite. Le journaliste<br />

m’a <strong>de</strong>mandé si j’étais actrice. J’ai répondu : « Non, j’ai<br />

écrit la pièce. » Il a sursauté : « Toute seule ? » Au lieu <strong>de</strong><br />

lever les yeux au ciel ou <strong>de</strong> le remettre à sa place, j’ai ri,<br />

timi<strong>de</strong>ment, et je lui ai souri : « Oh, bon, vous savez, j’ai eu<br />

beaucoup, beaucoup d’ai<strong>de</strong>. »<br />

À cet instant, le réconforter lui, quant à ses actions, ses<br />

mots et son point <strong>de</strong> vue — m’assurer qu’il ne se sente pas<br />

mal –, était plus important pour moi que <strong>de</strong> me défendre<br />

moi et mon travail. Et je pense vraiment qu’il s’agit là d’un<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement qui m’a hantée.<br />

Parfois, je me dis que le sous-titre <strong>de</strong> ma vie professionnelle<br />

et personnelle pourrait être « Clare Barron ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

hommes médiocres à se sentir mieux ».<br />

C’est une chose que je dois changer. Et je tiens à préciser<br />

que je reconnais qu’il est autant question ici d’attentes<br />

venant <strong>de</strong> l’extérieur – être agréable aux yeux <strong>de</strong>s autres,<br />

polie, gentille, impuissante et humble – que <strong>de</strong> mon<br />

propre échec à m’assumer véritablement comme agent<br />

<strong>de</strong> changement dans le mon<strong>de</strong> – ce que nous sommes<br />

tous.<br />

Dans mon cas, cette « impuissance » ou apparente<br />

impuissance m’a parfois permis <strong>de</strong> fonctionner à l’intérieur<br />

même du système et <strong>de</strong> réussir.<br />

Nous transigeons constamment en <strong>de</strong>vises corrompues.<br />

Je ressens un grand malaise quand je reçois une quelconque<br />

reconnaissance. En partie, parce que je n’aime<br />

pas prendre trop <strong>de</strong> place. En partie aussi, car je suis<br />

consciente d’avoir eu une vie relativement facile. Qu’il y<br />

a quelque chose <strong>de</strong> précaire à se montrer agréable aux<br />

gardiens du temple dans un mon<strong>de</strong> aussi profondément<br />

injuste.<br />

C’est ce qui est un peu délicat dans le fait <strong>de</strong> récompenser<br />

l’excellence. Comment peut-on en célébrer une poignée,<br />

alors qu’il y en a tant sans tribune, sans privilèges<br />

et qui sont confrontés à <strong>de</strong> profonds biais institutionnels ?<br />

Ou même, d’un point <strong>de</strong> vue plus psychologique :<br />

Je me souviens quand j’ai commencé à écrire du théâtre,<br />

mes collègues masculins se mettaient en colère lorsqu’ils<br />

ne décrochaient pas une chose convoitée (une rési<strong>de</strong>nce<br />

d’écriture, un cercle d’auteurs). J’étais troublée – moi, je<br />

n’étais pas en colère. Et c’est là que j’ai compris la différence.<br />

Eux, ils considéraient qu’ils la méritaient ; moi, je<br />

m’étais convaincue du contraire.<br />

Les filles <strong>de</strong> ma pièce sont aux prises avec les mêmes<br />

considérations : qui est la meilleure, qui mérite reconnaissance,<br />

que faire quand le système (i.e. Pat le Prof <strong>de</strong><br />

Danse) est injuste, comment être amies tout en étant en<br />

compétition, comment se défendre soi-même quand on<br />

a été formée à ne pas le faire…<br />

La différence, c’est qu’elles n’ont que 13 ans.<br />

La différence, c’est qu’elles sont encore un peu naïves.<br />

Elles croient que tout est encore possible.<br />

Dans la pièce, les filles auditionnent pour un « rôle spécial »<br />

dans une compétition <strong>de</strong> <strong>danse</strong>. Après l’audition, une <strong>de</strong>s<br />

filles, Amina, court vers sa meilleure amie, Zuzu. Elles se<br />

félicitent toutes les <strong>de</strong>ux pour leur performance, ignorant<br />

le fait qu’une <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sera inévitablement déçue. Puis<br />

Amina a une idée : « Peut-être qu’on va juste l’avoir toutes<br />

les <strong>de</strong>ux ! »<br />

Zuzu s’illumine. L’idée ne l’avait pas effleurée. « Oh mon<br />

Dieu ! Ça serait parfait ! »<br />

Et pourquoi pas.<br />

Clare Barron<br />

Ce texte a été originalement publié par le Playrights Horizons en 2018.


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

SOPHIE<br />

CADIEUX<br />

METTEURE EN SCÈNE<br />

Biographie<br />

Depuis sa sortie du Conservatoire d’art dramatique <strong>de</strong> Montréal en<br />

2001, Sophie Cadieux rayonne dans l’espace théâtral montréalais, ayant<br />

participé à près d’une quarantaine <strong>de</strong> productions. Dès 2004, les spectateurs<br />

<strong>de</strong> La Licorne la découvrent dans Cette fille-là, <strong>de</strong> Joan MacLeod<br />

(2004). Avec sa compagnie la Banquette arrière, qu’elle cofon<strong>de</strong> en<br />

2001, elle joue entre autres dans les créations La fête sauvage (2006)<br />

et Province (2012). On la retrouve aussi dans Après la fin <strong>de</strong> Dennis Kelly<br />

(2008) et Des arbres <strong>de</strong> Duncan Macmillan (2016), <strong>de</strong>ux productions<br />

<strong>de</strong> La Manufacture. Elle s’est récemment illustrée au Centre du Théâtre<br />

d’Aujourd’hui dans Les mutant·es, qu’elle a coécrit avec Sylvain Bélanger<br />

(2023), dans la reprise <strong>de</strong> La Fureur <strong>de</strong> ce que je pense (2022), d’après<br />

l’œuvre <strong>de</strong> Nelly Arcan, et dans 4.48 Psychose <strong>de</strong> Sarah Kane (2022),<br />

pour laquelle elle remportait le Prix <strong>de</strong> la critique <strong>de</strong> l’AQCT pour la<br />

meilleure interprétation féminine. Elle a également brillé dans le solo<br />

théâtral Féministe pour Homme, <strong>de</strong> Noémie <strong>de</strong> Lattre.<br />

© KELLY JACOB<br />

En 2015, elle signe sa première mise en scène avec Tu iras la chercher <strong>de</strong><br />

Guillaume Corbeil, à Espace Go. Elle continue ces <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong><br />

déployer ce talent en orchestrant notamment la pièce Nassara <strong>de</strong> Carole<br />

Fréchette (2021). Avec <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong>, elle réalise sa <strong>de</strong>uxième mise<br />

en scène à La Licorne, après Gamètes <strong>de</strong> Rébecca Déraspe (2017).<br />

À la télévision, elle a joué dans une foule <strong>de</strong> séries dont Lâcher prise –<br />

interprétation qui lui a d’ailleurs valu un Gémeaux. On peut aussi la voir<br />

dans le <strong>de</strong>rnier film d’Ariane Louis-Seize, Vampire humaniste cherche<br />

suicidaire consentant.


SPENCER IMBROCK / UNSPLASH<br />

Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

Mot <strong>de</strong><br />

la metteure<br />

en scène<br />

Il y a quelque chose <strong>de</strong> merveilleux dans ne pas savoir.<br />

Il y a <strong>de</strong>s textes qui se révèlent lentement, se distillent, qui apparaissent au fil <strong>de</strong>s<br />

conversations, <strong>de</strong>s questions. C’est le cas <strong>de</strong> <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong>. Il y a une fébrilité<br />

dans chaque scène, un grand appétit <strong>de</strong> performer, <strong>de</strong> gagner, une soif inassouvissable<br />

d’être à sa place.<br />

Clare Barron met en scène <strong>de</strong>s jeunes filles carnivores, féroces, qui semblent avoir<br />

peur <strong>de</strong> rien et <strong>de</strong> tout à la fois. Elles sont écartelées entre l’enfance et le mon<strong>de</strong><br />

adulte qui les lorgne.<br />

Nous sommes tombées sous le charme <strong>de</strong> ces imparfaites en <strong>de</strong>venir. Elles sont<br />

cruelles et « cruellées ».<br />

Dans ce jouissif parcours, on vous convie à retourner dans cet espace où beaucoup<br />

<strong>de</strong> questions et <strong>de</strong> choix se côtoient, où se <strong>de</strong>ssinent les contours <strong>de</strong> ce que l’on<br />

<strong>de</strong>vient (<strong>de</strong>s fois bien malgré soi).<br />

Parfois, on s’affranchit <strong>de</strong> ce qu’on pensait vouloir être et on chemine vers ce que<br />

l’on veut vraiment.<br />

Ces jeunes <strong>danse</strong>uses ont <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> femmes <strong>de</strong>vant vous, ce soir. Elles sont<br />

multiples et puissantes.<br />

Je remercie profondément les interprètes pour le saut bungee-kamikaze dans cet<br />

univers iconoclaste, dans la tête <strong>de</strong> cette autrice allergique aux conventions et à<br />

l’attendu, qui joue <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s avec un plaisir sadique.<br />

Les filles, vous êtes games et fabuleuses et généreuses.<br />

Merci à l’équipe <strong>de</strong> conception et à toute l’équipe <strong>de</strong> La Manufacture.<br />

Merci à Marie-Hélène pour l’appui dans TOUTE et le regard juste à tous les instants.<br />

Je vous souhaite la fièvre douce-amère mais enivrante <strong>de</strong> la <strong>danse</strong>. On <strong>danse</strong><br />

toujours dans tout ce qu’on fait.<br />

SOPHIE CADIEUX<br />

FOU DE<br />

THÉÂTRE ?<br />

Chaque samedi,<br />

dans l’édition papier


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

MARYSE<br />

WARDA<br />

TRADUCTRICE<br />

Biographie<br />

© J.-S. DENOMMÉ<br />

C’est en 1992 que Maryse Warda signe sa toute première traduction pour<br />

le Théâtre <strong>de</strong> Quat’Sous : Traces d’étoiles <strong>de</strong> Cindy Lou Johnson. Au cours<br />

<strong>de</strong> sa carrière, elle a traduit plus <strong>de</strong> 70 pièces d’auteurs contemporains<br />

nord-américains et britanniques, dont Margaret Edson (Wit), David Ives<br />

(Variations sur un temps, La Vénus au vison), David Mamet (Le cryptogramme,<br />

Race), Simon Stephens (Le bizarre inci<strong>de</strong>nt du chien pendant la<br />

nuit) ou Tom Schulman (La société <strong>de</strong>s poètes disparus). Son travail sur la<br />

série Motel <strong>de</strong> passage, <strong>de</strong> George F. Walker, reçoit en 2000 le Masque<br />

<strong>de</strong> la traduction. Pour sa traduction <strong>de</strong> Toxique ou L’inci<strong>de</strong>nt dans l’autobus,<br />

<strong>de</strong> Greg MacArthur, elle remporte le prix du Gouverneur général en<br />

2011. Fidèle collaboratrice <strong>de</strong> La Manufacture, elle a notamment réalisé<br />

la traduction <strong>de</strong>s pièces Yellow Moon et Les événements, <strong>de</strong> David Greig,<br />

Ce moment-là <strong>de</strong> Deirdre Kinahan et Des promesses, <strong>de</strong>s promesses <strong>de</strong><br />

Douglas Maxwell. Outre son adaptation québécoise <strong>de</strong> Fairfly, signalons<br />

celles <strong>de</strong>s comédies Le Prénom et Les Choristes, présentées à Juste pour rire.<br />

Pour La Licorne, elle signait récemment la traduction <strong>de</strong>s pièces Le Nœud,<br />

<strong>de</strong> Johnna Adams (2022), Un violon discordant, <strong>de</strong> Anthony Black d’après<br />

Yann Martel (2022), et Stop Kiss, <strong>de</strong> Diana Son (2023). Pour le Ri<strong>de</strong>au<br />

Vert, elle a traduit Vania & Sonia & Macha & Spike, <strong>de</strong> Christopher Durang<br />

(2022) et Une maison <strong>de</strong> poupée, 2e partie, <strong>de</strong> Lucas Hnath (2023), sans<br />

oublier Le Garçon <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière rangée, <strong>de</strong> Juan Mayorga, pour le Théâtre<br />

Niveau Parking.<br />

VIVEZ<br />

L’EXPÉRIENCE


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

LES INTERPRÈTES<br />

Cliquez sur le nom pour consulter la biographie <strong>de</strong> l’artiste.<br />

© GUILLAUME BOUCHER<br />

Thomas Derasp-Verge<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Luke<br />

© EVA-MAUDE TC<br />

Émilie Gilbert<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Ashlee<br />

© ANNIE ÉTHIER<br />

Mireille Métellus<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Maeve<br />

© MAXYME G. DELISLE<br />

Dominique Pétin<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Zuzu<br />

© ANNIE ÉTHIER<br />

Clara Prieur<br />

dans le rôle d'Amina<br />

© EVA-MAUDE TC<br />

Pascale Renaud-Hébert<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Sofia<br />

© JULIE PERREAULT<br />

Tova Roy<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Connie<br />

© MAXIME CÔTÉ<br />

Sally Sakho<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Vanessa et les mères<br />

© JEAN-PHILIP LESSARD<br />

Sasha Samar<br />

dans le rôle <strong>de</strong> Pat le prof <strong>de</strong> Danse


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

ÉQUIPE DE CRÉATION<br />

Texte CLARE BARRON<br />

Traduction MARYSE WARDA<br />

Mise en scène SOPHIE CADIEUX<br />

Avec THOMAS DERASP-VERGE, ÉMILIE GILBERT,<br />

MIREILLE MÉTELLUS, DOMINIQUE PÉTIN,<br />

CLARA PRIEUR, PASCALE RENAUD-HÉBERT,<br />

TOVA ROY, SALLY SAKHO et SASHA SAMAR<br />

Assistance à la mise en scène MARIE-HÉLÈNE DUFORT<br />

Espace scénique SOPHIE CADIEUX<br />

et MARTIN LABRECQUE<br />

Costumes ELEN EWING<br />

Éclairages MARTIN LABRECQUE<br />

Musique PHILIPPE BRAULT<br />

Régie MARIE-HÉLÈNE DUFORT et HÉLÈNE RIOUX<br />

Maquillage et coiffure DOMINIQUE HASBANI<br />

Assistance aux costumes FANY MC CRAE<br />

et JEANNE DUPRÉ<br />

Direction technique du spectacle FRANÇOIS MARTEL,<br />

assisté d'ALICE GERMAIN<br />

Technicien·nes <strong>de</strong> scène<br />

MARTIN BEAULIEU, PHILIPPE BÉLANGER,<br />

FRÉDÉRIC DESSOLY, NICOLAS DUPUIS,<br />

RAFAEL GONZALES-MORA, JULIE LAROCHE,<br />

JOËLLE LEBLANC, MARIE LÉPINE,<br />

ALEXANDRE LEROUX, CAROLINE LORTIE,<br />

SILOÉ MELANÇON, GASPARD PHILIPPE,<br />

CAMILLE PILON-LAURIN, ÈVE PILON-SENTERRE,<br />

JÉRÉMIE POIRIER et ÉLOI TALBOT<br />

Relations <strong>de</strong> presse<br />

GINETTE FERLAND<br />

Photo <strong>de</strong> l'affiche<br />

RICHMOND LAM<br />

Photos <strong>de</strong> production<br />

SUZANE O’NEILL<br />

Graphisme du programme<br />

LILY PINSONNEAULT<br />

Un merci spécial à MATHIEU GOSSELIN<br />

Une production du THÉÂTRE DE LA MANUFACTURE<br />

ÉQUIPE DE LA MANUFACTURE<br />

Directeur artistique et général<br />

PHILIPPE LAMBERT<br />

Adjointe à la direction artistique<br />

PASCALE RENAUD-HÉBERT<br />

Artiste associée<br />

LOUIZA GUIRA<br />

Directeur fondateur<br />

JEAN-DENIS LEDUC<br />

Directrice exécutive<br />

DANIÈLE DROLET<br />

Adjointe à la direction exécutive<br />

HÉLÈNE RIOUX<br />

Directeur technique<br />

FRANÇOIS MARTEL<br />

Adjointe à la direction technique<br />

ALICE GERMAIN<br />

Directrice <strong>de</strong> production<br />

MARIE-HÉLÈNE DUFORT<br />

Directrice <strong>de</strong> tournée<br />

FRÉDÉRICKE CHARTRAND<br />

Directrice <strong>de</strong>s communications<br />

et du développement<br />

CLAUDIE BARNES<br />

Adjointe aux communications<br />

DAPHNÉ ANGIOLINI<br />

Relations <strong>de</strong> presse<br />

GINETTE FERLAND<br />

Accueil et services aux groupes<br />

SOPHIE ROCHELEAU<br />

Responsable du guichet<br />

VALÉRIE MICHAUD<br />

Billetterie<br />

LORI PIFKO<br />

MAXIME BERNARD<br />

Gérant <strong>de</strong> salle<br />

ALEXANDRE LAVIGNE<br />

Gérant <strong>de</strong> bar<br />

CAM POIRIER<br />

Équipe <strong>de</strong> salle et bar<br />

ALEXIS AUBÉ<br />

ÉMILE DEMERS<br />

NICOLE DOUMMAR<br />

JADE L. DION<br />

MARIANNE LAROSE<br />

MARGOT LEPAGE<br />

ÉLISABETH LEROUX<br />

STÉPHANIE MORIN<br />

CLARA PRIEUR<br />

ROXENNE QUENNEVILLE<br />

MATHILDE RICHER<br />

ARNAUD ROUSSELLE<br />

LOUIS ROY<br />

Entretien ménager<br />

GABRIEL CONSTANTIN<br />

ALINA DUMITRACHE


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

ENTREVUE<br />

AVEC DOMINIQUE PÉTIN<br />

ET CLARA PRIEUR<br />

<strong>Génération</strong> <strong>danse</strong> abor<strong>de</strong> les enjeux <strong>de</strong> l’adolescence avec<br />

énergie et audace ! Nous nous sommes entretenus avec<br />

Dominique Pétin et Clara Prieur, <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s neuf interprètes<br />

qui donnent vie à ce spectacle aussi puissant qu’inattendu,<br />

afin d’en savoir plus sur leur expérience <strong>de</strong> jeu.<br />

Parlez-nous <strong>de</strong> cette pièce unique et étonnante <strong>de</strong><br />

Clare Barron. Son histoire, ses spécificités, les thèmes<br />

qu’elle abor<strong>de</strong>.<br />

Dominique Pétin : En travaillant ce texte, il m’apparaît que<br />

l’autrice nous invite, entre autres, à la désobéissance. Clare<br />

Barron propose une forme théâtrale non conventionnelle<br />

où les co<strong>de</strong>s habituels <strong>de</strong> la dramaturgie sont brassés.<br />

Le public est sommé <strong>de</strong> rester dans une posture d’ouverture<br />

par la fougue <strong>de</strong>s interprètes et celles-ci doivent se<br />

mouler à une écriture émotive en pointillé. Il n’y aura pas <strong>de</strong><br />

cartes <strong>de</strong> navigation, pas <strong>de</strong> GPS, simplement l’urgence <strong>de</strong><br />

vivre et d’être. Un peu comme l’adolescence, quoi.<br />

© DAPHNÉ ANGIOLINI<br />

Sur la photo : Clara Prieur et Dominique Pétin<br />

Clara Prieur : L’histoire est simple : une troupe d’ados veut<br />

se rendre à la gran<strong>de</strong> compétition nationale <strong>de</strong> <strong>danse</strong>,<br />

guidée par Pat le prof et plus ou moins soutenue par leurs<br />

Mamans. Mais les enjeux sont plus complexes. La sororité<br />

se <strong>de</strong>ssine par contraste, en présence d’autres forces.<br />

Pour moi, c’est avant tout une pièce qui propose un regard<br />

féminin sur le thème <strong>de</strong> la férocité : celle qui s’installe dans<br />

le ventre <strong>de</strong>s adolescentes avec le sang <strong>de</strong>s premières<br />

règles, celle <strong>de</strong> la découverte <strong>de</strong> la sexualité, celle du<br />

premier amour, celle du désir <strong>de</strong> réussir et <strong>de</strong> la pression<br />

qui vient avec, celle <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> trouver sa place<br />

au sein d’un petit groupe, comme au sein <strong>de</strong> la société. À<br />

l’adolescence, tout semble être une question <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong><br />

mort. La <strong>danse</strong> sert <strong>de</strong> prisme pour décupler ces enjeux-là,<br />

et faire du corps leur point névralgique.


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

Vos personnages respectifs entretiennent une amitié<br />

privilégiée, ici. Dites-nous-en plus sur la relation compétitive,<br />

complexe et attachante qui vous lie dans ce<br />

texte, ainsi que sur votre duo d’actrices.<br />

D.P. : Avant tout, il y a l’amour qu’elles éprouvent l’une<br />

pour l’autre ; l’attachement profond qu’on ressent quand<br />

on rencontre dans ce mon<strong>de</strong> quelqu’un qui nous ressemble.<br />

Quand on a le cœur grand ouvert, sans protection<br />

(parce qu’on n’avait jamais imaginé qu’on aurait besoin<br />

<strong>de</strong> protection), la peine d’amitié est très douloureuse.<br />

On tombe. De haut. Zuzu s’écrasera. Cependant, cette<br />

première débarque lui permettra <strong>de</strong> se libérer en quelque<br />

sorte. Tout comme Zuzu, je suis admirative <strong>de</strong> la grâce<br />

<strong>de</strong> Clara/Amina. Je remercie Clara <strong>de</strong> sa patience à mon<br />

égard, <strong>de</strong> sa gentillesse aussi. Nous nous sommes rapi<strong>de</strong>ment<br />

ouvertes l’une à l’autre exposant nos fragilités,<br />

nos biais. Ça m’émeut.<br />

C.P. : Amina et Zuzu s’adorent, elles se connaissent par<br />

cœur, elles sont les plus ambitieuses <strong>de</strong> la troupe. Elles<br />

arrivent à un moment décisif <strong>de</strong> leur jeune carrière : celui<br />

<strong>de</strong> se faire remarquer par un agent <strong>de</strong> casting pendant<br />

la compétition nationale… Bien sûr, une rivalité s’installe,<br />

mais elle reste sour<strong>de</strong>, inavouable. Deux pulsions luttent<br />

à l’intérieur d’Amina : elle veut être la meilleure, mais elle<br />

ne veut pas écraser son amie. Ce que j’ai trouvé formidable<br />

avec Dominique, c’est qu’il y a eu tout <strong>de</strong> suite une<br />

gran<strong>de</strong> franchise et beaucoup <strong>de</strong> bienveillance entre<br />

nous. Je n’ai jamais senti <strong>de</strong> différence d’âge, mais un<br />

désir profond <strong>de</strong> chercher les nuances <strong>de</strong> cette relation<br />

entre Amina et Zuzu. C’est une femme très inspirante, et<br />

ça me touche <strong>de</strong> voir qu’une amitié réelle se tisse entre<br />

nous à mesure que les personnages prennent vie dans<br />

la fiction.<br />

L’autrice a choisi d’écrire <strong>de</strong>s personnages d'adolescent·e·s<br />

pour <strong>de</strong>s interprètes adultes. Qu’est-ce que<br />

cette liberté dans la forme apporte au texte et à votre<br />

jeu ? Comment est-ce <strong>de</strong> jouer un ado quand on est<br />

adulte ?<br />

D.P. : J’avais sous-estimé l’énergie qui nous habite, adolescentes.<br />

Dans le corps, bien sûr, mais aussi et surtout<br />

dans les montagnes russes <strong>de</strong>s émotions. Tout est à broil.<br />

Et vulnérable. Cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un élan ininterrompu. Sans<br />

repos. Il m’a fallu pour épouser pleinement la proposition,<br />

me défaire <strong>de</strong> mes défenses, <strong>de</strong> mes frustrations. Plonger<br />

dans le processus en toute liberté m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> laisser<br />

<strong>de</strong> côté tout ce qui fait <strong>de</strong> moi une adulte réfléchie pour<br />

renouer avec la désinvolture, le romantisme, la fragilité <strong>de</strong><br />

l’adolescente que j’étais il y a 50 ans. Tout un voyage. Et<br />

comme le chante si bien Céline… « On ne change pas, on<br />

met juste les costumes d’autres sur soi. » (sourire)<br />

C.P.: J’ai l’impression que le texte <strong>de</strong> Clare Barron et la<br />

direction <strong>de</strong> Sophie Cadieux nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’osciller<br />

en permanence entre l’adulte et l’adolescent·e. Les didascalies<br />

initiales indiquent que nous ne jouons pas <strong>de</strong>s<br />

ados à proprement parler, mais que « les personnages<br />

<strong>de</strong> 13 ans sont hantés par les spectres <strong>de</strong> ce qu’ils vont<br />

<strong>de</strong>venir », ce qui déploie largement les possibilités d’interprétation<br />

! C’est vertigineux, car on peut choisir quand<br />

déplacer le curseur sur l’échelle <strong>de</strong> la maturité, analyser<br />

quels outils nous manquent, nous encombrent ou nous<br />

donnent du pouvoir selon l’âge. J’ai adoré me replonger<br />

dans les enjeux <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> bouleversements<br />

qu’est l’adolescence, retrouver la fébrilité <strong>de</strong>s premières<br />

fois. On peut se permettre d’avoir <strong>de</strong>s réactions moins<br />

psychologiques, plus à fleur <strong>de</strong> peau, tout en gardant le<br />

recul d’un·e adulte en contrepoint.<br />

Clara, tu es comédienne, mais également <strong>danse</strong>use<br />

professionnelle. Quels sont les parallèles à tisser entre<br />

les enjeux soulevés dans la pièce et les défis réels qui<br />

parsèment la vie <strong>de</strong> <strong>danse</strong>use (sacrifices, compétition,<br />

pression <strong>de</strong> performance, etc.) ?<br />

C.P.: Souvent, dans le milieu <strong>de</strong> la <strong>danse</strong>, on commence<br />

très jeune, puis on se transforme auprès <strong>de</strong>s mêmes personnes<br />

pendant <strong>de</strong>s années, dans un microcosme qui<br />

obéit à ses propres co<strong>de</strong>s. L’amitié se <strong>de</strong>nsifie, il y a tant<br />

<strong>de</strong> couches qui se superposent qu’on ne sait plus très<br />

bien comment les définir. L’effort physique <strong>de</strong>mandé au<br />

quotidien, l’adrénaline <strong>de</strong>s concours, la joie d’être sur<br />

scène, tout ça sou<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens incomparables. D’un côté,<br />

on atteint une complicité et une liberté très épanouissantes<br />

— ce qu’on retrouve bien dans la pièce. Mais d’un<br />

autre côté, on est mis face aux limites <strong>de</strong> nos corps en<br />

permanence, on a beau s’entrai<strong>de</strong>r pour les repousser, on<br />

réalise vite qu’il n’y a pas d’égalité. En revanche, quand<br />

on arrive à se débarrasser <strong>de</strong>s complexes ou <strong>de</strong> la frustration<br />

qui en découlent, on partage une telle euphorie<br />

en dansant que ça en vaut vraiment la peine !


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

REGARDS CROISÉS<br />

AVEC DAPHNÉ B.<br />

© MARIE OUARDIYA ATCHEBA<br />

Donner la parole à une voix extérieure au milieu<br />

théâtral, afin d’approfondir notre réflexion sur les<br />

spectacles présentés entre nos murs, c’est la raison<br />

d’être <strong>de</strong> Regards croisés, une tribune offerte,<br />

par La Manufacture, à un·e libre penseur·euse en<br />

rési<strong>de</strong>nce. Après Martine Delvaux et Fabrice Vil,<br />

La Licorne accueille cette saison l’essayiste,<br />

poète, traductrice littéraire et chroniqueuse<br />

Daphné B, à qui l’on doit notamment l’essai<br />

Maquillée, lauréat du Prix <strong>de</strong>s libraires (2021).<br />

Son <strong>de</strong>rnier recueil <strong>de</strong> poésie jeunesse, La pluie<br />

<strong>de</strong>s autres, a été finaliste au prix du Gouverneur<br />

général. Elle nous offre ici son texte Pas cute,<br />

fruit d’une réflexion sur la pièce <strong>Génération</strong><br />

<strong>danse</strong>. Bonne lecture !<br />

Pas cute<br />

Ce sont les didascalies qui me frappent à la lecture <strong>de</strong><br />

<strong>Génération</strong> <strong>danse</strong> (traduit <strong>de</strong> l’anglais par Maryse Warda),<br />

ces indications que la dramaturge américaine Clare<br />

Barron sème dans son manuscrit pour diriger les artistes<br />

qui feront vivre sa pièce. Comme une cheffe d’orchestre,<br />

elle distribue ses coups <strong>de</strong> baguette avec précision. À<br />

travers ses exigences, j’ai l’impression <strong>de</strong> la voir apparaître<br />

dans toute sa puissance, sa souveraineté d’autrice.<br />

Le « mignon » est proscrit. La sauvagerie païenne et la<br />

férocité sont essentielles, précise-t-elle dans le texte qui<br />

met en scène <strong>de</strong>s adolescentes participant à une compétition<br />

<strong>de</strong> <strong>danse</strong>. En fait, Barron ne fait pas que gouverner<br />

son royaume. En nous transmettant ses intentions par l’entremise<br />

<strong>de</strong>s didascalies, elle nous livre aussi sa vision du<br />

mon<strong>de</strong>.<br />

Les chants <strong>de</strong>vraient être <strong>de</strong>s rituels terrifiants qui<br />

convoquent une puissance véritable.<br />

Tous les personnages […] <strong>de</strong>vraient être incarnés par <strong>de</strong>s<br />

adultes (pour la plupart) âgés entre 12 et 75 ans et même<br />

plus. Voyez ça comme une pièce peuplée <strong>de</strong> fantômes :<br />

les corps plus âgés <strong>de</strong>s acteurs hantent les personnages<br />

<strong>de</strong> 13 ans.<br />

C’est en lisant ces indications que j’ai pensé que je <strong>de</strong>vais ressembler<br />

à l’autrice. Depuis plusieurs années, j’essaie, moi aussi,<br />

<strong>de</strong> lutter contre le cute, l’infantilisation systématique <strong>de</strong> tout ce<br />

qui touche à ma personne ou à mon genre ; le féminin. Quand<br />

je chante dans ma douche, no joke, je hulule parfois, dans<br />

un mélange <strong>de</strong> rituels terrifiants et <strong>de</strong> puissance véritable.<br />

À 33 ans, j’ai le goût qu’on me considère avec sérieux<br />

et qu’on respecte ma liberté, mon intelligence, mon autorité.<br />

Tous les jours, je lutte contre mon désir <strong>de</strong> plaire,<br />

d’être la gentille fée qui saupoudre ses courriels <strong>de</strong> lol et<br />

<strong>de</strong> bonhommes sourire, comme pour m’excuser d’exister.<br />

La vérité, c’est que j’aimerais envoyer les gens chier beaucoup<br />

plus souvent. Dire non. Gueuler. Exiger davantage que<br />

le minimum. Et venger l’enfant qui hante mon corps d’adulte.<br />

Je ne veux plus être la fille qu’on exploite sans hésitation,<br />

celle qu’on taxe <strong>de</strong> « jeune » autrice québécoise, alors même<br />

qu’elle a quatre livres <strong>de</strong>rrière la cravate, <strong>de</strong>ux maîtrises et<br />

l’âge d’avoir <strong>de</strong>s enfants. Je suis tannée d’être celle qu’on<br />

fait travailler gratuitement, celle qu’on traite comme une figurine<br />

Hello Kitty, celle à qui on envoie <strong>de</strong>s pouces bleus. Je<br />

n’en peux plus. L’année passée, sur un minuscule pen<strong>de</strong>ntif<br />

en grain <strong>de</strong> riz que je porte autour du cou, j’ai fait inscrire<br />

mon nouveau pseudo : « chien sale ».


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

Ce désir <strong>de</strong> dignité qui ressemble presque à un jappement,<br />

je le retrouve chez Barron. Quand l’autrice proscrit<br />

le « mignon » <strong>de</strong> sa pièce, ce n’est pas parce qu’elle<br />

déteste ce qui est cute, mais parce que le cute porte un<br />

genre, et que l’autrice veut qu’on prenne ses personnages<br />

au sérieux, même si (ou justement parce que) ce<br />

sont <strong>de</strong>s filles, <strong>de</strong>s humaines <strong>de</strong> 11 à 14 ans. Clare Barron<br />

nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> les écouter avec l’attention que<br />

comman<strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> la prochaine<br />

chimiste à gagner le prix Nobel. On leur doit du respect,<br />

<strong>de</strong> l’attention et <strong>de</strong> la considération. Il me semble que ce<br />

n’est pas sorcier, non ?<br />

Au moment d’écrire Dance Nation, Barron avait à peu<br />

près mon âge: 33 ans. Je clique sur un article paru dans<br />

The Guardian et lis une entrevue dans laquelle elle parle<br />

<strong>de</strong> toute la con<strong>de</strong>scendance qu’elle a suscitée dans sa<br />

carrière <strong>de</strong> « jeune femme ». Elle raconte « cette fois où,<br />

lors d’une remise <strong>de</strong> prix, un critique l’a prise pour une actrice,<br />

puis lui a <strong>de</strong>mandé si elle avait réellement écrit toute<br />

seule la pièce pour laquelle elle avait été sélectionnée ».<br />

Elle poursuit : « Des fois [ton i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> jeune femme] te<br />

freine, pis d’autres fois, grâce à cette chose qu’on fétichise<br />

et qu’on marchandise, on t’offre une opportunité.<br />

Pis ça <strong>de</strong>vient épeurant <strong>de</strong> vieillir. Genre, est-ce que<br />

j’ai une carrière seulement parce que j’étais une jeune<br />

autrice, pis que c’était hot dans le temps ? Ou bien est-ce<br />

que les gens prennent vraiment mon travail au sérieux ? »<br />

Je lis ma peur dans les mots <strong>de</strong> Barron, ma colère, mon<br />

insécurité. Je l’ai déjà écrit dans un livre, moi aussi : « on<br />

me prend cute, pour ici ou pour emporter, on me prend<br />

par la main en me disant c’est incroyable », on me prend<br />

tout sauf au sérieux. Quand on me parle d’écriture, on<br />

me ramène sans cesse à mon sexe, à mon genre. Dans la<br />

sphère médiatique, on s’obstine encore à me cantonner<br />

au féminisme, au rose et au corps, alors que j’étudie les<br />

médias numériques <strong>de</strong>puis dix ans et que j’écris sur la<br />

transformation i<strong>de</strong>ntitaire, le <strong>de</strong>uil et la sociologie. Si je<br />

suis féministe, ce n’est pas par choix, mais par nécessité.<br />

Similairement, on relègue souvent les personnes racisées<br />

aux enjeux raciaux, les personnes trans aux enjeux trans,<br />

etc., bien qu’on <strong>de</strong>vrait pouvoir parler <strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> mort,<br />

d’économie, <strong>de</strong> philo, <strong>de</strong> sports, <strong>de</strong> sciences, <strong>de</strong> socio,<br />

d’environnement, d’histoire, d’éthique et <strong>de</strong> politique en<br />

transcendant la case réductrice <strong>de</strong> notre i<strong>de</strong>ntité.<br />

Ainsi, <strong>de</strong>puis quelques années, je travaille à me transformer<br />

en chienne sale, à répliquer quand on me marche<br />

sur les pieds, à parler. Évi<strong>de</strong>mment, ça ne plaît pas à tout<br />

le mon<strong>de</strong>. C’est dur, c’est insécurisant et ça me nuit. La<br />

<strong>de</strong>rnière fois que je me suis enflammée sur les réseaux<br />

sociaux parce qu’on venait <strong>de</strong> me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> donner<br />

un cours <strong>de</strong> presque <strong>de</strong>ux heures aux HEC sans être<br />

rémunérée, les gens que j’ai dénoncés se sont empressés<br />

<strong>de</strong> m’écrire un courriel : on me disait <strong>de</strong> me comporter<br />

avec davantage <strong>de</strong> respect, <strong>de</strong> civilité. Mais comment<br />

puis-je respecter ceux et celles qui n’ont aucun respect<br />

pour moi, pour la valeur <strong>de</strong> mon travail, pour ma survie ?<br />

Dans une autre didascalie, Clare Barron décrit les adolescentes<br />

qui exécutent une chorégraphie. On dirait <strong>de</strong>s<br />

bébés robots sexy.<br />

Elle précise l’image : [Elles ressemblent à] <strong>de</strong>s robots<br />

sanguinaires qui veulent détruire le mon<strong>de</strong> et le fourrer<br />

après sa mort.<br />

Elles sont à peine vêtues. Elles caressent leurs corps.<br />

Grincent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts — elles ont toutes <strong>de</strong>s crocs à présent.<br />

Des <strong>de</strong>nts pointues et acérées.<br />

Une musique se fait entendre. Sexuelle et perverse.<br />

La rencontre <strong>de</strong> déesses <strong>de</strong> vidéos <strong>de</strong> musique et <strong>de</strong><br />

gremlins lubriques.<br />

À mes yeux, cette didascalie contient l’essence <strong>de</strong> ma<br />

chienne sale intérieure. C’est une force qui refuse d’être<br />

cute, mais qui se sait aussi vivante, désirable et désirante.<br />

Une déesse gremlin lubrique. Je me regar<strong>de</strong> dans<br />

le miroir, je checke mes crocs, mes petites <strong>de</strong>nts croches.<br />

Je me caresse les cheveux roses, je jappe. Puis je finis <strong>de</strong><br />

lire l’article dans The Guardian où ma nouvelle héroïne<br />

narre son parcours.<br />

À la fin <strong>de</strong> l’entrevue, la dramaturge offre un conseil à tous<br />

ceux et celles qui souhaiteraient écrire sur les filles et les<br />

femmes, et je vous le livre ici : « Faut qu’il y ait <strong>de</strong> l’âme.<br />

Que ça soit big. Prenez ça au sérieux. »<br />

Mais surtout : « Don’t make it cute. »<br />

Daphné B.<br />

Causerie avec DAPHNÉ B. et SOPHIE CADIEUX<br />

Le jeudi 16 novembre, après la représentation <strong>de</strong> <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong>, La Manufacture vous invite<br />

à une discussion avec Daphné B. – libre-penseuse en rési<strong>de</strong>nce à La Licorne cette saison – et<br />

Sophie Cadieux, metteure en scène <strong>de</strong> la pièce. Animé par Alexandre Cadieux, cet entretien sera<br />

l’occasion d’approfondir les thèmes abordés dans cette œuvre <strong>de</strong> Clare Barron.<br />

La causerie sera suivie d'une <strong>soirée</strong> dansante animée par DJ Flip Phone.<br />

Événement gratuit - Tous les détails ici.


Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

ENTREZ DANS<br />

LA DANSE<br />

Le soutien à la culture est d’une importance capitale puisqu’il permet aux<br />

organisations <strong>de</strong> maintenir une offre culturelle <strong>de</strong>s plus vastes et diversifiées.<br />

Nous, citoyens et citoyennes, consommons la culture tous les jours, que ce<br />

soit par les arts vivants, la télévision, le cinéma, la radio, la littérature ou<br />

encore les arts visuels. Elle fait partie intégrante <strong>de</strong> nos vies. La culture est<br />

partout autour <strong>de</strong> nous et elle rend notre quotidien plus doux, plus beau,<br />

plus dynamique.<br />

Soutenir La Licorne, c’est donc contribuer à cette<br />

effervescence culturelle si riche et puissante qui<br />

nous unit.<br />

Chaque geste <strong>de</strong> solidarité envers notre théâtre<br />

nous permet <strong>de</strong> poursuivre notre mission et <strong>de</strong><br />

vous faire voyager, cher·ère·s spectateur·trice·s,<br />

dans <strong>de</strong>s univers qui remettent en question vos<br />

certitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s univers qui font réfléchir et qui<br />

bousculent votre vision du mon<strong>de</strong> par les différents<br />

sujets abordés dans nos œuvres.<br />

La façon la plus simple <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>meure lors<br />

<strong>de</strong> l’achat <strong>de</strong> billets. Que ce soit en arrondissant<br />

votre panier d’achats à la dizaine ou à la centaine<br />

près ou encore en ajoutant un don spontané, nous<br />

sommes toujours extrêmement reconnaissants<br />

<strong>de</strong> la générosité dont vous faites preuve.<br />

N’hésitez pas à vous informer auprès <strong>de</strong> la billetterie<br />

sur les différentes façons <strong>de</strong> soutenir<br />

les artistes et les créations théâtrales <strong>de</strong> La<br />

Licorne. C’est avec plaisir que nous vous gui<strong>de</strong>rons<br />

dans vos aspirations philanthropiques.<br />

Merci <strong>de</strong> votre présence à La Licorne.<br />

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Les interprètes <strong>de</strong> <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong> en répétition<br />

© CAMILLE GLADU-DROUIN


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