Programme de soirée - Génération danse

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Théâtre La Licorne • Génération danse CLARE BARRON AUTRICE © MARC J. FRANKLIN Biographie Clare Barron est une autrice et interprète américaine, originaire de Wenatchee, dans l’État de Washington. Sa pièce Dance Nation (Génération danse) a été présentée en première mondiale au Playwrights Horizons de New York en mai 2018. Pour cette pièce, Clare Barron était finaliste pour le prix Pulitzer de théâtre en 2019. Elle a également reçu le prix Susan Smith Blackburn, le prix James Tait Black pour le théâtre et le Relentless Award, créé en l’honneur de Philip Seymour Hoffman. Parmi ses autres pièces, citons : Shhhh, (2022, Atlantic Theater Company, New York), You Got Older (2018, Page 73 ; Steppenwolf, Chicago) pour laquelle elle a reçu deux Obie Awards, pour le texte et la production, une nomination au Drama Desk pour la meilleure pièce et a été finaliste du Susan Smith Blackburn ; I’ll Never Love Again (2016, The Bushwick Starr, Brooklyn) ; et Baby Screams Miracle (2013, Clubbed Thumb New York ; 2017, Woolly Mammoth Theatre, Washington). Clare Barron est aussi récipiendaire du Whiting Award pour le théâtre, du Vineyard Theatre’s Paula Vogel Playwriting Award et de la bourse d’écriture de Page 73. Dance Nation a été présentée en première britannique à l’Almeida Theatre, à Londres, en septembre 2018. Playwrights Horizons Inc., à New York, a produit la première mondiale de Dance Nation en 2018 avec le soutien d’une bourse de la National Endowment for the Arts et d’un généreux don de Scott M. Delman. Un merci spécial au Harold and Mimi Steinberg Trust pour le soutien apporté aux nouvelles œuvres au Playwrights Horizons. Merci à la Time Warner Foundation pour son soutien au New Works Lab de Playwrights Horizons. Dance Nation a été développée au Perry-Mansfield New Works Festival, en juin 2015, avec l’Atlantic Theatre Company, et présentée dans le cadre du Contemporary American Voices Festival au Long Wharf Theatre, en septembre 2016. Dance Nation a été écrite, en partie, en résidence à SPACE on Ryder Farm et a bénéficié d’un atelier dans le cadre du programme Jerry A. Tishman Playwrights Creativity Fund de New Dramatists.
Théâtre La Licorne • Génération danse Mot de l'autrice Il y a quelque chose d’un peu paralysant à créer une œuvre portant sur le « genre », en ce moment. Pire encore d’avoir à en parler. Mais je vais quand même essayer. Cette pièce parle de filles de 13 ans. Elle parle aussi de femmes, d’ambition et de désir. Je voulais l’écrire, car je tenais à offrir une représentation différente d’adolescentes sur scène. Une pièce où le traumatisme ne serait pas le point central. Mais où « être la meilleure » le serait. Les jeunes filles sont jouées par des femmes allant de la vingtaine à la soixantaine, parce que j’étais fatiguée de cette convention qui consiste à choisir des jeunes femmes toutes menues de 25 ans pour incarner des filles de 13 ans. Je ne voulais pas que les personnages d’adolescentes correspondent à l’image qu’on se fait des adolescentes – parce que les adolescentes ne ressemblent pas vraiment à ça ! Aussi, parce que le vrai sujet de la pièce est ce qu'il nous reste de nos 13 ans et que l’on porte avec nous toute notre vie. En ce qui me concerne, je suis encore en lutte avec plusieurs des mêmes enjeux. Je me souviens d’avoir participé à un point de presse pour parler d’une pièce que j’avais écrite. Le journaliste m’a demandé si j’étais actrice. J’ai répondu : « Non, j’ai écrit la pièce. » Il a sursauté : « Toute seule ? » Au lieu de lever les yeux au ciel ou de le remettre à sa place, j’ai ri, timidement, et je lui ai souri : « Oh, bon, vous savez, j’ai eu beaucoup, beaucoup d’aide. » À cet instant, le réconforter lui, quant à ses actions, ses mots et son point de vue — m’assurer qu’il ne se sente pas mal –, était plus important pour moi que de me défendre moi et mon travail. Et je pense vraiment qu’il s’agit là d’un mode de fonctionnement qui m’a hantée. Parfois, je me dis que le sous-titre de ma vie professionnelle et personnelle pourrait être « Clare Barron aide des hommes médiocres à se sentir mieux ». C’est une chose que je dois changer. Et je tiens à préciser que je reconnais qu’il est autant question ici d’attentes venant de l’extérieur – être agréable aux yeux des autres, polie, gentille, impuissante et humble – que de mon propre échec à m’assumer véritablement comme agent de changement dans le monde – ce que nous sommes tous. Dans mon cas, cette « impuissance » ou apparente impuissance m’a parfois permis de fonctionner à l’intérieur même du système et de réussir. Nous transigeons constamment en devises corrompues. Je ressens un grand malaise quand je reçois une quelconque reconnaissance. En partie, parce que je n’aime pas prendre trop de place. En partie aussi, car je suis consciente d’avoir eu une vie relativement facile. Qu’il y a quelque chose de précaire à se montrer agréable aux gardiens du temple dans un monde aussi profondément injuste. C’est ce qui est un peu délicat dans le fait de récompenser l’excellence. Comment peut-on en célébrer une poignée, alors qu’il y en a tant sans tribune, sans privilèges et qui sont confrontés à de profonds biais institutionnels ? Ou même, d’un point de vue plus psychologique : Je me souviens quand j’ai commencé à écrire du théâtre, mes collègues masculins se mettaient en colère lorsqu’ils ne décrochaient pas une chose convoitée (une résidence d’écriture, un cercle d’auteurs). J’étais troublée – moi, je n’étais pas en colère. Et c’est là que j’ai compris la différence. Eux, ils considéraient qu’ils la méritaient ; moi, je m’étais convaincue du contraire. Les filles de ma pièce sont aux prises avec les mêmes considérations : qui est la meilleure, qui mérite reconnaissance, que faire quand le système (i.e. Pat le Prof de Danse) est injuste, comment être amies tout en étant en compétition, comment se défendre soi-même quand on a été formée à ne pas le faire… La différence, c’est qu’elles n’ont que 13 ans. La différence, c’est qu’elles sont encore un peu naïves. Elles croient que tout est encore possible. Dans la pièce, les filles auditionnent pour un « rôle spécial » dans une compétition de danse. Après l’audition, une des filles, Amina, court vers sa meilleure amie, Zuzu. Elles se félicitent toutes les deux pour leur performance, ignorant le fait qu’une des deux sera inévitablement déçue. Puis Amina a une idée : « Peut-être qu’on va juste l’avoir toutes les deux ! » Zuzu s’illumine. L’idée ne l’avait pas effleurée. « Oh mon Dieu ! Ça serait parfait ! » Et pourquoi pas. Clare Barron Ce texte a été originalement publié par le Playrights Horizons en 2018.
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