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Programme de soirée - Génération danse

Programme de soirée de la pièce Génération danse, présentée du 10 octobre au 18 novembre 2023, au Théâtre La Licorne. Une production de La Manufacture.

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Théâtre La Licorne • <strong>Génération</strong> <strong>danse</strong><br />

Vos personnages respectifs entretiennent une amitié<br />

privilégiée, ici. Dites-nous-en plus sur la relation compétitive,<br />

complexe et attachante qui vous lie dans ce<br />

texte, ainsi que sur votre duo d’actrices.<br />

D.P. : Avant tout, il y a l’amour qu’elles éprouvent l’une<br />

pour l’autre ; l’attachement profond qu’on ressent quand<br />

on rencontre dans ce mon<strong>de</strong> quelqu’un qui nous ressemble.<br />

Quand on a le cœur grand ouvert, sans protection<br />

(parce qu’on n’avait jamais imaginé qu’on aurait besoin<br />

<strong>de</strong> protection), la peine d’amitié est très douloureuse.<br />

On tombe. De haut. Zuzu s’écrasera. Cependant, cette<br />

première débarque lui permettra <strong>de</strong> se libérer en quelque<br />

sorte. Tout comme Zuzu, je suis admirative <strong>de</strong> la grâce<br />

<strong>de</strong> Clara/Amina. Je remercie Clara <strong>de</strong> sa patience à mon<br />

égard, <strong>de</strong> sa gentillesse aussi. Nous nous sommes rapi<strong>de</strong>ment<br />

ouvertes l’une à l’autre exposant nos fragilités,<br />

nos biais. Ça m’émeut.<br />

C.P. : Amina et Zuzu s’adorent, elles se connaissent par<br />

cœur, elles sont les plus ambitieuses <strong>de</strong> la troupe. Elles<br />

arrivent à un moment décisif <strong>de</strong> leur jeune carrière : celui<br />

<strong>de</strong> se faire remarquer par un agent <strong>de</strong> casting pendant<br />

la compétition nationale… Bien sûr, une rivalité s’installe,<br />

mais elle reste sour<strong>de</strong>, inavouable. Deux pulsions luttent<br />

à l’intérieur d’Amina : elle veut être la meilleure, mais elle<br />

ne veut pas écraser son amie. Ce que j’ai trouvé formidable<br />

avec Dominique, c’est qu’il y a eu tout <strong>de</strong> suite une<br />

gran<strong>de</strong> franchise et beaucoup <strong>de</strong> bienveillance entre<br />

nous. Je n’ai jamais senti <strong>de</strong> différence d’âge, mais un<br />

désir profond <strong>de</strong> chercher les nuances <strong>de</strong> cette relation<br />

entre Amina et Zuzu. C’est une femme très inspirante, et<br />

ça me touche <strong>de</strong> voir qu’une amitié réelle se tisse entre<br />

nous à mesure que les personnages prennent vie dans<br />

la fiction.<br />

L’autrice a choisi d’écrire <strong>de</strong>s personnages d'adolescent·e·s<br />

pour <strong>de</strong>s interprètes adultes. Qu’est-ce que<br />

cette liberté dans la forme apporte au texte et à votre<br />

jeu ? Comment est-ce <strong>de</strong> jouer un ado quand on est<br />

adulte ?<br />

D.P. : J’avais sous-estimé l’énergie qui nous habite, adolescentes.<br />

Dans le corps, bien sûr, mais aussi et surtout<br />

dans les montagnes russes <strong>de</strong>s émotions. Tout est à broil.<br />

Et vulnérable. Cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un élan ininterrompu. Sans<br />

repos. Il m’a fallu pour épouser pleinement la proposition,<br />

me défaire <strong>de</strong> mes défenses, <strong>de</strong> mes frustrations. Plonger<br />

dans le processus en toute liberté m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> laisser<br />

<strong>de</strong> côté tout ce qui fait <strong>de</strong> moi une adulte réfléchie pour<br />

renouer avec la désinvolture, le romantisme, la fragilité <strong>de</strong><br />

l’adolescente que j’étais il y a 50 ans. Tout un voyage. Et<br />

comme le chante si bien Céline… « On ne change pas, on<br />

met juste les costumes d’autres sur soi. » (sourire)<br />

C.P.: J’ai l’impression que le texte <strong>de</strong> Clare Barron et la<br />

direction <strong>de</strong> Sophie Cadieux nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’osciller<br />

en permanence entre l’adulte et l’adolescent·e. Les didascalies<br />

initiales indiquent que nous ne jouons pas <strong>de</strong>s<br />

ados à proprement parler, mais que « les personnages<br />

<strong>de</strong> 13 ans sont hantés par les spectres <strong>de</strong> ce qu’ils vont<br />

<strong>de</strong>venir », ce qui déploie largement les possibilités d’interprétation<br />

! C’est vertigineux, car on peut choisir quand<br />

déplacer le curseur sur l’échelle <strong>de</strong> la maturité, analyser<br />

quels outils nous manquent, nous encombrent ou nous<br />

donnent du pouvoir selon l’âge. J’ai adoré me replonger<br />

dans les enjeux <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> bouleversements<br />

qu’est l’adolescence, retrouver la fébrilité <strong>de</strong>s premières<br />

fois. On peut se permettre d’avoir <strong>de</strong>s réactions moins<br />

psychologiques, plus à fleur <strong>de</strong> peau, tout en gardant le<br />

recul d’un·e adulte en contrepoint.<br />

Clara, tu es comédienne, mais également <strong>danse</strong>use<br />

professionnelle. Quels sont les parallèles à tisser entre<br />

les enjeux soulevés dans la pièce et les défis réels qui<br />

parsèment la vie <strong>de</strong> <strong>danse</strong>use (sacrifices, compétition,<br />

pression <strong>de</strong> performance, etc.) ?<br />

C.P.: Souvent, dans le milieu <strong>de</strong> la <strong>danse</strong>, on commence<br />

très jeune, puis on se transforme auprès <strong>de</strong>s mêmes personnes<br />

pendant <strong>de</strong>s années, dans un microcosme qui<br />

obéit à ses propres co<strong>de</strong>s. L’amitié se <strong>de</strong>nsifie, il y a tant<br />

<strong>de</strong> couches qui se superposent qu’on ne sait plus très<br />

bien comment les définir. L’effort physique <strong>de</strong>mandé au<br />

quotidien, l’adrénaline <strong>de</strong>s concours, la joie d’être sur<br />

scène, tout ça sou<strong>de</strong> <strong>de</strong>s liens incomparables. D’un côté,<br />

on atteint une complicité et une liberté très épanouissantes<br />

— ce qu’on retrouve bien dans la pièce. Mais d’un<br />

autre côté, on est mis face aux limites <strong>de</strong> nos corps en<br />

permanence, on a beau s’entrai<strong>de</strong>r pour les repousser, on<br />

réalise vite qu’il n’y a pas d’égalité. En revanche, quand<br />

on arrive à se débarrasser <strong>de</strong>s complexes ou <strong>de</strong> la frustration<br />

qui en découlent, on partage une telle euphorie<br />

en dansant que ça en vaut vraiment la peine !

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