BO#454 - 18-10-2023

EXPLOITATION
L’UCF EN AG, POUR PROLONGER LES DÉBATS DU CONGRÈS
Les engagements de programmation ont été au cœur des discussions du syndicat des
Cinémas du Sud de la France, réuni à Marseille le 6 octobre, qui a aussi fait un focus sur
l'énergie et le décret tertiaire.
Les membres de l'UCF se sont retrouvés le 6 octobre au Pathé La Joliette
©Cécile Vargoz
Renouvellement du conseil
d'administration…
Pour représenter la Grande exploitation, Antoine Font
(Perpignan), René Kraus (Avignon-Le Pontet) et Rémi
Peyron (Aix-en-Provence) rejoignent Audrey Rieb
(Nîmes) et entrent au CA du syndicat.
Pour la moyenne, Jimi Andreani (Château-Arnoux),
Isabelle Moreau (Agde), Florence Passalacqua
(Carpentras) et Didier Tarizzo (Marseille) sont réélus.
Pour la Petite, Shérazed Belaïd (Avignon) entre, aux
côtés de Jean-Paul Enna (Gardanne), Yannick
Menjeaud (Guillestre) et Anaïs Rinaldi (Marignane).
…et du bureau
Quelques jours après l’assemblée générale, un
nouveau bureau a été élu : René Kraus devient
président de l’UCF, Anaïs Rinaldi est secrétaire et
Florence Passalacqua trésorière.
Cette année, l’assemblée générale de l’UCF se déroulait
après le Congrès de la FNCF, ce qui a permis de réagir
aux échanges avec les pouvoirs publics ayant eu lieu à
Deauville. Les inquiétudes demeurent sur la réforme art
et essai, mais surtout sur l’encadrement par la loi des
engagements de programmation, dans un contexte de
fréquentation qui reste fragile. Particulièrement pour les
gros cinémas, et particulièrement dans un Sud climatodépendant,
où certains affichent encore des chiffres à
-25 % par rapport aux années pré-Covid. Ainsi l’exploitant
des 3 Palmes à Marseille, Didier Tarizzo, a fait savoir,
à titre personnel, son hostilité sur le fond – « Si je programme
Expendables 4 dans 4 salles, ça gêne qui ? » –, mais surtout
sur la méthode. « J’ai découvert qu’un décret a été déposé
sans que nous ayons été consultés, et j'ai très peur que le
CNC décide pour nous », le président du syndicat* étant
rejoint sur ce point par des établissements plus petits et
non soumis aux engagements. Isabelle Moreau, du
Travelling à Agde (5 salles), s’inquiète en effet d’une
« ingérence dans nos entreprises » et préfère « l’incitation à
l‘obligation », quand Shérazed Belaïd du Vox d’Avignon,
cinéma classé en centre-ville, soulève la question des villes
à concurrence : « Si le multiplexe du Pontet est obligé de
programmer davantage d’art et essai, nous aurons moins de
films porteurs de notre côté. »
Operat(ion) impossible…
Un leitmotiv qui pourrait s'appliquer aux objectifs visés
par le décret tertiaire, pour réduire la consommation
énergétique des bâtiments – à savoir de 40 % en 2030,
50 % en 2040 et 60 % en 2050 tel que le définit la loi
Elan. Comme l’a rappelé à Marseille Thomas Garcia,
directeur du bureau d’études Garcia Ingénierie, les cinémas
dont les bâtiments dépassent une surface de 1000 m²
doivent donc déclarer, chaque année, leur consommation
sur la plateforme Operat. Leur obligation de réduction
(-40 %, etc.) sera ainsi calculée en valeur relative par
rapport à une année de référence, ou selon une valeur
absolue, pour des bâtiments récents. Or si l’Ademe
(Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie)
estime que la moitié des entreprises du tertiaire concernées
ont déclaré sur Operat, il semble qu’aucun cinéma
ne l’ait encore fait… tant la démarche est compliquée.
« Même les cabinets d’études recrutés par les grands circuits
n’y arrivent pas », affirme Richard Patry, alors que tous
les cinémas sont engagés dans une démarche d’économie
d’énergie et ont globalement baissé leur consommation
d’au moins 15 % cette année. Quant à ceux qui viennent
d’être construits, donc déjà performants, l’Ademe n’a
pas été capable de fixer une valeur absolue de référence !
Les critères à prendre en compte étant trop nombreux
et différents (type de locaux, zone géographique, nombre
de spectateurs, etc.) Un constat que l’intervenant spécialisé
Thomas Garcia n’a pu que reconnaître : le coût des
amendes pour non-atteinte des objectifs a été fixé, mais
les objectifs à atteindre pour les cinémas ne le sont toujours
pas. Et le président de la FNCF de conclure : « La décarbonation
des salles est une priorité absolue, pas la déclaration
sur Operat. »
Avec tout ça… « on n’avait pas besoin des punaises de lit »,
a enfin déploré Richard Patry en abordant le sujet qui
l’occupe plus que de raison. L’emballement et la psychose,
à partir de seulement trois cas avérés dans les salles de
cinéma, doit pour autant être « traité ». Au sens propre,
par la détection canine et la désinfection – qui est éligible
au fonds de soutien –, et surtout « en écoutant et en
rassurant les spectateurs, en commençant par discuter avec
les salariés qui sont à leur contact ».
Cécile Vargoz
Engagements oui, obligations non
Au nom du CNC, Corentin Bichet a rappelé que le
décret en préparation « visait à rétablir l’égalité entre
exploitants-propriétaires et ententes de programmation – qui
n’étaient pas soumises aux mêmes engagements –, quand
une autre partie concerne les cartes illimitées », comme le
préconisait le rapport Lasserre. « Mais pour ce qui est du
contenu des engagements, le CNC est prêt à discuter, et il y
aura discussion. »
Reste qu’au-delà des différentes sensibilités qui composent
l’UCF et la FNCF – tout comme la FNEF en matière
d’engagements de diffusion [voir page 24] –, Richard
Patry a résumé la position qui semble dominer : « Des
engagements oui, des obligations non. »
*la semaine suivant l’AG du 6 octobre, René Kraus a été élu président
de l’UCF
Corentin Bichet (CNC), Didier Tarizzo (UCF) et Richard Patry (FNCF) débattent des chemins à parcourir...
©Cécile Vargoz
28 N°454 / 18 octobre 2023