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BO#454 - 18-10-2023

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ACTUALITÉS<br />

Grève à Hollywood : les négociations entres acteurs<br />

et producteurs patinent<br />

Les discussions entamées il y a 15 jours entre le syndicat des acteurs SAG-AFTRA et les producteurs de l’AMPTP semblent, pour<br />

l'heure, dans l’impasse.<br />

« Les PDG du secteur ont quitté la table des négociations<br />

après avoir refusé de répondre à notre dernière offre », a<br />

déploré le 12 octobre la Screen Actors Guild and the<br />

American Federation of Television and Radio Artists<br />

(SAG-AFTRA), tandis que les producteurs de l’Alliance<br />

of Motion Picture and Television Producers ont fait savoir<br />

« que le fossé entre l'AMPTP et SAG-AFTRA est trop grand<br />

et que les discussions ne nous mènent plus dans une direction<br />

productive ».<br />

La dernière demande des acteurs concernait le partage<br />

des revenus issus du streaming, qui selon eux « coûterait<br />

aux entreprises moins de 57 cents par abonné chaque année »,<br />

mais qui, selon les studios de AMPTP, représenterait<br />

« plus de 800 millions de dollars par an, ce qui serait économiquement<br />

insoutenable ». Et si la SAG-AFTRA estime<br />

que les boss d’Hollywood « ont intentionnellement déformé<br />

devant la presse le coût de la proposition, en la surestimant<br />

de 60 % », l'AMPTP se dit toutefois prête à un partage<br />

des revenus – le fameux “residual” – basé désormais sur<br />

le succès, pour les productions SVOD à gros budget, y<br />

compris à l’étranger.<br />

Concernant les protections face à l'IA, les studios accepteraient<br />

le principe du « consentement préalable de l'artisteinterprète<br />

et de l'acteur pour la création et l'utilisation de<br />

répliques numériques », ainsi que l'interdiction d’utiliser<br />

ces répliques ultérieurement « à moins que l'acteur n’y<br />

consente et qu'il soit payé pour cela »… Le syndicat des<br />

acteurs voit là une « tactique d'intimidation », sachant que<br />

les producteurs « continuent à exiger ce "consentement" dès<br />

le premier jour d'emploi ».<br />

Enfin, sur les rémunérations en général, l'AMPTP affirme<br />

avoir proposé « la plus forte augmentation des salaires<br />

minimum depuis 35 ans », ainsi qu’une revalorisation de<br />

58 % pour les “guest stars” des séries à gros budget, et<br />

d’autres hausses et primes diverses. Les négociateurs de<br />

la SAG-AFTRA estiment pourtant que les majors « refusent<br />

d'augmenter nos salaires pour suivre l'inflation ». Ils ajoutent<br />

que « les compagnies utilisent la même stratégie ratée qu'elles<br />

ont essayé d'infliger à la WGA [le syndicat des scénaristes] »,<br />

soit diffuser des informations trompeuses… quand<br />

l’AMPTP dit avoir « proposé les mêmes conditions que celles<br />

ratifiées par la DGA et la WGA », ce qui, pour rappel, a<br />

permis d’aboutir à un accord le 27 septembre dernier et<br />

de mettre fin à la grève des scénaristes américains. Les<br />

acteurs, à l'heure où nous bouclons ces lignes, sont<br />

déterminés à poursuivre la leur « aussi longtemps qu'il<br />

le faudra »…<br />

©SAG-AFTRA<br />

Cécile Vargoz<br />

Un avenant à la chronologie des médias<br />

sur la coexploitation télé/plateforme<br />

La période d'indisponibilité des films en SVOD quand s’ouvre la fenêtre télévision<br />

en clair est redéfinie.<br />

La chronologie des médias est un work in progress<br />

permanent. Celle qui a été signée en 2022 doit être<br />

revue en janvier 2025, mais en attendant, un nouvel<br />

aménagement vient d’être signé après concertation<br />

entre professionnels. On se souvient notamment<br />

qu’en juin 2022, Disney avait décidé de ne pas<br />

sortir Avalonia, l’étrange voyage dans les cinémas<br />

français, à cause des « contraintes » de notre chronologie.<br />

Soit l’obligation d’attendre 17 mois après<br />

la sortie salle pour proposer son film en ligne, mais<br />

surtout celle de le retirer de sa plateforme au moment<br />

de la fenêtre de télévision gratuite. De leur côté, les<br />

chaînes en clair s’inquiétaient pour l’exclusivité de<br />

leur fenêtre face à la concurrence – et aux exigences<br />

– des plateformes.<br />

L’avenant paru au JO du 6 octobre <strong>2023</strong> concerne<br />

cette période d'indisponibilité d'une œuvre sur un<br />

service de SVOD, en cas de coexploitation avec<br />

une chaîne de télé gratuite. Deux cas sont prévus,<br />

à titre expérimental : pour une œuvre n'étant pas<br />

produite par une plateforme ou dont le coût de<br />

production est compris entre 5 M € et 25 M €,<br />

l'œuvre ne peut être disponible en SVOD pendant<br />

minimum un mois suivant la première diffusion<br />

sur une télévision en clair (celle-ci commençant,<br />

pour rappel, 22 mois après la salle).<br />

Pour une œuvre produite par un service de SVOD<br />

ou par ses filiales, dont le coût de production est<br />

supérieur à 25 M €, et qui n’est pas préfinancée par<br />

une télévision en clair, l'accord prévoit une indisponibilité<br />

en SVOD pendant deux mois autour<br />

de la diffusion sur une chaîne en clair. Cette période<br />

d'indisponibilité est choisie « à la discrétion du<br />

service de télévision en clair concerné » et ne pourra<br />

être actionnée qu'une seule fois, et ce dans<br />

certaines conditions.<br />

Des dispositions qui devraient faciliter l’échange<br />

de programmes entre les chaînes de télé gratuites<br />

et les plateformes… en attendant la suite.<br />

Cécile Vargoz<br />

L’Unesco lance une<br />

discussion mondiale sur<br />

l’impact de l’IA<br />

La première conférence des Nations Unies sur<br />

l’impact de l’intelligence artificielle dans<br />

l’industrie cinématographique aura lieu à Paris<br />

le 19 octobre.<br />

Au cœur des négociations entre les studios et les scénaristes et<br />

acteurs aux États-Unis, la prolifération et l’utilisation de l'IA<br />

inquiète la filière cinéma du monde entier. Aussi, cette conférence<br />

internationale entend explorer et initier « les mécanismes<br />

envisageables pour faire appliquer les droits de propriété intellectuelle<br />

et permettre une répartition équitable des revenus pour les contenus<br />

culturels produits avec l'IA », indique l’Unesco, tout en réfléchissant<br />

à « l’équilibre à trouver entre le potentiel de l'IA et les préoccupations<br />

éthiques et sociétales qu'elle soulève ». Parmi les<br />

participants : le directeur et négociateur en chef de la SAG-AFTRA,<br />

Duncan Crabtree-Ireland (USA), l'ancienne ministre de la<br />

Culture espagnole, Ángeles González-Sinde – qui est aussi<br />

scénariste et réalisatrice –, Rizwan Ahmad (Inde), directeur du<br />

Centre des médias pédagogiques à l’Université Maulana Azad,<br />

Yvonne Muinde (Kenya), spécialiste en effets visuels, Michel<br />

Gondry et ses multiples casquettes pour la France, ainsi que<br />

des experts et journalistes des quatre coins du globe.<br />

La conférence se tiendra de 15h à 17h au siège de l'Unesco.<br />

12 N°454 / <strong>18</strong> octobre <strong>2023</strong>

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