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BO#454 - 18-10-2023

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L'ÉMISSION<br />

©Boxoffice Pro<br />

Dans l'Émission Boxoffice Pro<br />

du 5 octobre, la déléguée<br />

générale de la Fédération<br />

nationale des éditeurs de<br />

films relaie les demandes qui<br />

aideraient les distributeurs à<br />

investir.<br />

« Nous sommes totalement confiants sur l’avenir du cinéma »,<br />

réaffirme Hélène Herschel au vu de la fréquentation des<br />

12 derniers mois, tout en reconnaissant certains « échecs<br />

cuisants » pour des films art et essai ayant manqué de<br />

visibilité. La situation est en effet contrastée pour les<br />

membres de la FNEF qui, pour rappel, rassemble une<br />

cinquantaine de distributeurs de toutes tailles, des majors<br />

américaines aux plus petits indépendants. « Notre rôle est<br />

de faire la synthèse de nos différences pour avoir une position<br />

commune », pour ce qui est le syndicat le plus représentatif<br />

de l’ensemble du secteur – et d'ailleurs le seul habilité à<br />

négocier des accords de branche, en tant que groupement<br />

d’employeurs.<br />

À des niveaux très divers donc, les distributeurs sont en<br />

recherche permanente d’innovation pour accompagner<br />

la sortie des films en salles, « ultra stimulés par la concurrence<br />

des télés et plateformes ». La promotion digitale et<br />

l’événementialisation doivent aujourd’hui être amplifiées,<br />

tout comme l'utilisation de la data, « pour savoir à qui<br />

l’on s’adresse : c’est notre gros chantier mené avec les salles ».<br />

Mais Hélène Herschel rappelle aussi que les éditeurs<br />

investissent des minimums garantis, en moyenne trois<br />

ans avant la sortie salle. « Ce rôle de l’éditeur-distributeur,<br />

en partenariat avec le producteur, est de plus en plus important.<br />

» Et la prise de risque, dès la lecture du scénario,<br />

l’est tout autant.<br />

Crédit d’impôt et fonds de soutien<br />

automatique<br />

Une prise de risque qui n’est pas suffisamment prise<br />

en compte selon la FNEF. « Si notre écosystème est<br />

performant, l’édition est le maillon de la chaîne qui<br />

retient le moins l’attention », même si la période Covid<br />

a permis de mieux identifier son rôle – les autres<br />

acteurs de la filière, notamment la FNCF, ayant été<br />

« de très bons avocats ». Aussi la FNEF en appelle à un<br />

crédit d’impôt pour la distribution, comme il en existe<br />

pour la production, afin de soutenir les frais de<br />

promotion. « Cette aide serait vertueuse, notamment<br />

pour les plus petites sociétés dont les films ont besoin de<br />

Hélène Herschel, déléguée générale de la Fédération nationale des éditeurs de films<br />

La prise de risque des éditeurs<br />

doit être encouragée<br />

HÉLÈNE HERSCHEL, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE LA FNEF<br />

plus de visibilité. Notre projet, rédigé depuis plusieurs<br />

années, relève de la loi des finances. Nous sommes donc<br />

dans le bon timing pour que des parlementaires déposent<br />

un amendement sur le sujet… même si la tendance<br />

actuelle du gouvernement n’est pas de créer de nouvelles<br />

niches fiscales. »<br />

Autre demande : un renforcement du fonds de soutien<br />

automatique à la distribution, le seul à être plafonné.<br />

« Au-delà d’un million d’entrées pour un film, on ne génère<br />

plus de soutien, contrairement à l'exploitation et à la<br />

production. Nous demandons le même traitement, pour<br />

récompenser les films qui ont du succès, ce qui permettrait<br />

de réinvestir cet argent. » Un effet vertueux là encore, qui<br />

bénéficierait à l’ensemble de la filière, des ayants-droits<br />

aux diffuseurs. La proposition a d’ailleurs été retenue<br />

dans le rapport des sénateurs “Le cinéma contre-attaque”,<br />

et dépend maintenant de la décision du CNC.<br />

La recommandation art et essai peut<br />

entraver la stratégie commerciale…<br />

Concernant la réforme art et essai, la FNEF estime que<br />

la recommandation des films doit être reconsidérée.<br />

« Beaucoup trop sont recommandés. Sans doute relèvent-ils<br />

de l’art, mais à partir de 300-400 copies, ils ne sont pas<br />

forcément de “l’essai” ». Tout en reconnaissant l’importance<br />

pour les salles d’avoir des films art et essai porteurs, la<br />

FNEF souhaiterait que les aides soient modulées selon<br />

des critères objectifs (nombre de copies prévu, situation<br />

géographique des cinémas…). « Et ce sont nos plus petits<br />

adhérents qui demandent cette évolution », précise la déléguée<br />

générale. « Les aides attribuées aux salles étant les<br />

mêmes quels que soient les films art et essai, cela laisse<br />

forcément moins de place aux plus fragiles. » Mais surtout,<br />

la FNEF demande la possibilité pour l’éditeur de refuser<br />

la recommandation art et essai. « Un distributeur prend<br />

énormément de risques et a peu de liberté. La seule qui lui<br />

reste est sa stratégie commerciale, et la recommandation peut<br />

être une limitation excessive. »<br />

… tout comme les engagements de<br />

diffusion<br />

Toujours dans la volonté de maîtriser leur plan de sortie,<br />

les distributeurs de la Fédération ne sont pas favorables<br />

à des engagements de diffusion encadrés par la loi. « C’est<br />

notre cœur de métier de positionner un film à tel endroit.<br />

» Par ailleurs, les combinaisons de sortie ayant souvent<br />

doublé, « les petites salles ont désormais accès aux films,<br />

même si elles les ont parfois plus tard », affirme Hélène<br />

Heschel, dans l’attente d’une étude chiffrée demandée<br />

par la FNEF. Et là aussi, ce sont les plus petits distributeurs<br />

qui redoutent « des obligations de diffusion pour les<br />

films porteurs, ce qui laisserait encore moins de place aux<br />

plus fragiles ». Les engagements de programmation des<br />

salles « nous semblent vertueux et, surtout, suffisants pour<br />

maintenir l'équilibre ».<br />

Chronologie des médias<br />

Enfin, sur la chronologie des médias dont la prochaine<br />

clause de revoyure est prévue en janvier, « nous allons<br />

probablement rester sur le principe sain sur lequel la profession<br />

s’est unie : chaque diffuseur a des obligations d'investissement<br />

dans la création européenne, et si son effort est plus<br />

important, il peut remonter dans la chronologie ».<br />

Les éditeurs restent toutefois attentifs à la fenêtre vidéo,<br />

contractée à deux mois pour un revenu qui reste très<br />

important pour eux. Les obligations de pré-achat et<br />

d’achat par les chaînes télé, moins visibles, « sont aussi<br />

vitales pour nous dans les recettes secondaires », précise la<br />

déléguée générale, sachant que les accords avec chaînes<br />

et plateformes arrivent à échéance en 2025.<br />

Emission à voir ou revoir<br />

sur notre chaîne YouTube<br />

Cécile Vargoz<br />

N°454 / <strong>18</strong> octobre <strong>2023</strong><br />

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