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L'ÉMISSION<br />
©Boxoffice Pro<br />
Dans l'Émission Boxoffice Pro<br />
du 5 octobre, la déléguée<br />
générale de la Fédération<br />
nationale des éditeurs de<br />
films relaie les demandes qui<br />
aideraient les distributeurs à<br />
investir.<br />
« Nous sommes totalement confiants sur l’avenir du cinéma »,<br />
réaffirme Hélène Herschel au vu de la fréquentation des<br />
12 derniers mois, tout en reconnaissant certains « échecs<br />
cuisants » pour des films art et essai ayant manqué de<br />
visibilité. La situation est en effet contrastée pour les<br />
membres de la FNEF qui, pour rappel, rassemble une<br />
cinquantaine de distributeurs de toutes tailles, des majors<br />
américaines aux plus petits indépendants. « Notre rôle est<br />
de faire la synthèse de nos différences pour avoir une position<br />
commune », pour ce qui est le syndicat le plus représentatif<br />
de l’ensemble du secteur – et d'ailleurs le seul habilité à<br />
négocier des accords de branche, en tant que groupement<br />
d’employeurs.<br />
À des niveaux très divers donc, les distributeurs sont en<br />
recherche permanente d’innovation pour accompagner<br />
la sortie des films en salles, « ultra stimulés par la concurrence<br />
des télés et plateformes ». La promotion digitale et<br />
l’événementialisation doivent aujourd’hui être amplifiées,<br />
tout comme l'utilisation de la data, « pour savoir à qui<br />
l’on s’adresse : c’est notre gros chantier mené avec les salles ».<br />
Mais Hélène Herschel rappelle aussi que les éditeurs<br />
investissent des minimums garantis, en moyenne trois<br />
ans avant la sortie salle. « Ce rôle de l’éditeur-distributeur,<br />
en partenariat avec le producteur, est de plus en plus important.<br />
» Et la prise de risque, dès la lecture du scénario,<br />
l’est tout autant.<br />
Crédit d’impôt et fonds de soutien<br />
automatique<br />
Une prise de risque qui n’est pas suffisamment prise<br />
en compte selon la FNEF. « Si notre écosystème est<br />
performant, l’édition est le maillon de la chaîne qui<br />
retient le moins l’attention », même si la période Covid<br />
a permis de mieux identifier son rôle – les autres<br />
acteurs de la filière, notamment la FNCF, ayant été<br />
« de très bons avocats ». Aussi la FNEF en appelle à un<br />
crédit d’impôt pour la distribution, comme il en existe<br />
pour la production, afin de soutenir les frais de<br />
promotion. « Cette aide serait vertueuse, notamment<br />
pour les plus petites sociétés dont les films ont besoin de<br />
Hélène Herschel, déléguée générale de la Fédération nationale des éditeurs de films<br />
La prise de risque des éditeurs<br />
doit être encouragée<br />
HÉLÈNE HERSCHEL, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE LA FNEF<br />
plus de visibilité. Notre projet, rédigé depuis plusieurs<br />
années, relève de la loi des finances. Nous sommes donc<br />
dans le bon timing pour que des parlementaires déposent<br />
un amendement sur le sujet… même si la tendance<br />
actuelle du gouvernement n’est pas de créer de nouvelles<br />
niches fiscales. »<br />
Autre demande : un renforcement du fonds de soutien<br />
automatique à la distribution, le seul à être plafonné.<br />
« Au-delà d’un million d’entrées pour un film, on ne génère<br />
plus de soutien, contrairement à l'exploitation et à la<br />
production. Nous demandons le même traitement, pour<br />
récompenser les films qui ont du succès, ce qui permettrait<br />
de réinvestir cet argent. » Un effet vertueux là encore, qui<br />
bénéficierait à l’ensemble de la filière, des ayants-droits<br />
aux diffuseurs. La proposition a d’ailleurs été retenue<br />
dans le rapport des sénateurs “Le cinéma contre-attaque”,<br />
et dépend maintenant de la décision du CNC.<br />
La recommandation art et essai peut<br />
entraver la stratégie commerciale…<br />
Concernant la réforme art et essai, la FNEF estime que<br />
la recommandation des films doit être reconsidérée.<br />
« Beaucoup trop sont recommandés. Sans doute relèvent-ils<br />
de l’art, mais à partir de 300-400 copies, ils ne sont pas<br />
forcément de “l’essai” ». Tout en reconnaissant l’importance<br />
pour les salles d’avoir des films art et essai porteurs, la<br />
FNEF souhaiterait que les aides soient modulées selon<br />
des critères objectifs (nombre de copies prévu, situation<br />
géographique des cinémas…). « Et ce sont nos plus petits<br />
adhérents qui demandent cette évolution », précise la déléguée<br />
générale. « Les aides attribuées aux salles étant les<br />
mêmes quels que soient les films art et essai, cela laisse<br />
forcément moins de place aux plus fragiles. » Mais surtout,<br />
la FNEF demande la possibilité pour l’éditeur de refuser<br />
la recommandation art et essai. « Un distributeur prend<br />
énormément de risques et a peu de liberté. La seule qui lui<br />
reste est sa stratégie commerciale, et la recommandation peut<br />
être une limitation excessive. »<br />
… tout comme les engagements de<br />
diffusion<br />
Toujours dans la volonté de maîtriser leur plan de sortie,<br />
les distributeurs de la Fédération ne sont pas favorables<br />
à des engagements de diffusion encadrés par la loi. « C’est<br />
notre cœur de métier de positionner un film à tel endroit.<br />
» Par ailleurs, les combinaisons de sortie ayant souvent<br />
doublé, « les petites salles ont désormais accès aux films,<br />
même si elles les ont parfois plus tard », affirme Hélène<br />
Heschel, dans l’attente d’une étude chiffrée demandée<br />
par la FNEF. Et là aussi, ce sont les plus petits distributeurs<br />
qui redoutent « des obligations de diffusion pour les<br />
films porteurs, ce qui laisserait encore moins de place aux<br />
plus fragiles ». Les engagements de programmation des<br />
salles « nous semblent vertueux et, surtout, suffisants pour<br />
maintenir l'équilibre ».<br />
Chronologie des médias<br />
Enfin, sur la chronologie des médias dont la prochaine<br />
clause de revoyure est prévue en janvier, « nous allons<br />
probablement rester sur le principe sain sur lequel la profession<br />
s’est unie : chaque diffuseur a des obligations d'investissement<br />
dans la création européenne, et si son effort est plus<br />
important, il peut remonter dans la chronologie ».<br />
Les éditeurs restent toutefois attentifs à la fenêtre vidéo,<br />
contractée à deux mois pour un revenu qui reste très<br />
important pour eux. Les obligations de pré-achat et<br />
d’achat par les chaînes télé, moins visibles, « sont aussi<br />
vitales pour nous dans les recettes secondaires », précise la<br />
déléguée générale, sachant que les accords avec chaînes<br />
et plateformes arrivent à échéance en 2025.<br />
Emission à voir ou revoir<br />
sur notre chaîne YouTube<br />
Cécile Vargoz<br />
N°454 / <strong>18</strong> octobre <strong>2023</strong><br />
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