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Corner Magazine #10

Le dernier de 2023 pour la route ! Coéquipiers, adversaires et observateurs, Alvyn Sanches a bluffé tout le monde cette saison. Nous l'avons brièvement rencontré et nous avons surtout fait parler les autres à sa place. Tous sont sous le charme. Vous n'avez pas regardé la Ligue des Champions ou la Challenge League de bout en bout ? Ce n'est pas grave, retrouvez notre récapitulatif avec des statistiques insolites et des points marquants. Cela aurait pu être un personnage de Game of Thrones, Bo Henriksen a transformé le FC Zurich. Découvrez sa méthode et l'avis de Guillaume Faivre, consultant chez Blue Sport. La Suisse a vu son nombre de joueurs en Ligue 1 exploser cet été. L'occasion de prendre la température auprès de consultants français. Nos expatriés font-ils bonne figure aux yeux de nos voisins? Kays Ruiz, Adili Endogan, Xavi Simons. Certains sont attendus comme de futures stars dès le plus jeune âge. La starification n'est rarement source de succès. Retour sur quelques cas d'école. Si la Challenge League vaut le coup d'œil, c'est aussi grâce à lui. Franck Surdez est la star de la deuxième division suisse cette saison. Décryptage d'un joueur qui doit passer à l'étape suivante. Restez connectés, restez au cœur du jeu avec Corner Magazine! Le magazine foot numéro un en Suisse romande.

Le dernier de 2023 pour la route !

Coéquipiers, adversaires et observateurs, Alvyn Sanches a bluffé tout le monde cette saison. Nous l'avons brièvement rencontré et nous avons surtout fait parler les autres à sa place. Tous sont sous le charme.

Vous n'avez pas regardé la Ligue des Champions ou la Challenge League de bout en bout ? Ce n'est pas grave, retrouvez notre récapitulatif avec des statistiques insolites et des points marquants.

Cela aurait pu être un personnage de Game of Thrones, Bo Henriksen a transformé le FC Zurich. Découvrez sa méthode et l'avis de Guillaume Faivre, consultant chez Blue Sport.

La Suisse a vu son nombre de joueurs en Ligue 1 exploser cet été. L'occasion de prendre la température auprès de consultants français. Nos expatriés font-ils bonne figure aux yeux de nos voisins?

Kays Ruiz, Adili Endogan, Xavi Simons. Certains sont attendus comme de futures stars dès le plus jeune âge. La starification n'est rarement source de succès. Retour sur quelques cas d'école.

Si la Challenge League vaut le coup d'œil, c'est aussi grâce à lui. Franck Surdez est la star de la deuxième division suisse cette saison. Décryptage d'un joueur qui doit passer à l'étape suivante.

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CORNER<br />

ALVYN<br />

SANCHES<br />

L’étoile montante<br />

LES SUISSES DE<br />

LIGUE 1<br />

L’avis de nos voisins français<br />

FRANCK<br />

SURDEZ<br />

L’espoir<br />

suisse inattendu<br />

DÉCEMBRE 2023 <strong>#10</strong>


L’ÉDITO<br />

Ciao 2023, bonjour 2024 !<br />

En cette fin d'année, le bilan du<br />

football helvétique est en deçà des<br />

attentes. Mais avant de râler et de<br />

souligner ce qui ne va pas, saluons<br />

un chiffre remarquable: l'été dernier,<br />

les clubs suisses de Super League<br />

ont réalisé des ventes s'élevant à<br />

près de 100 millions de francs.<br />

Jamais dans l'histoire de notre<br />

football une saison estivale n'avait<br />

été aussi fructueuse (à noter qu'en<br />

2018/19, le total des ventes avait été<br />

de 74 millions). Sur le plan sportif,<br />

l'aventure européenne du FC Bâle a<br />

été l'apogée de la saison. La Super<br />

League a également vu<br />

l'émergence d'un nombre<br />

exceptionnel de jeunes talents,<br />

enrichissant notre paysage<br />

footballistique. L'été a été marqué<br />

non seulement par un mercato<br />

animé, mais également par un<br />

Servette qui a suscité l'admiration,<br />

représentant avec panache notre<br />

championnat.<br />

De son côté, Young Boys s'est<br />

affirmé comme un tenant du titre<br />

presque à la hauteur de ce qu'il doit<br />

être, en participant à la Ligue des<br />

Champions et en s'assurant une<br />

campagne européenne en 2024,<br />

malgré un climat de plus en plus<br />

tendu du côté de Berne. Presque,<br />

car nous aurions tous aimé voir les<br />

hommes de Raphaël Wicky réaliser<br />

un exploit contre Leipzig ou<br />

Manchester Ctiy. En vain.<br />

Malheureusement, il y a<br />

également des sujets plus délicats<br />

et pas des moindres. L'équipe<br />

nationale suisse, sous la direction<br />

de Murat Yakin, se rend à l'EURO<br />

avec des doutes pesants, la crise<br />

entourant le maintien du<br />

sélectionneur ajoutant une<br />

couche d'incertitude. Un autre<br />

aspect moins positif de cette fin<br />

d'année concerne la Super<br />

League. La formule à 12 équipes a<br />

eu pour effet de réduire la<br />

moyenne de spectateurs sans<br />

nécessairement rehausser le<br />

spectacle sur le terrain. La<br />

compétition présente moins de<br />

talents qu'auparavant, creusant<br />

l'écart avec des championnats<br />

comme celui de la Belgique, et<br />

notre coefficient UEFA est<br />

désormais menacé.<br />

Heureusement l'espoir est permis:<br />

avec Servette et Young Boys, deux<br />

opportunités subsistent pour<br />

maintenir notre douzième place<br />

au classement UEFA, offrant ainsi<br />

à deux clubs suisses la possibilité<br />

de rêver à une participation<br />

lucrative à la Ligue des<br />

Champions.<br />

Et pour finir, l'année 2024<br />

marquera la fin d'une ère à la<br />

présidence de l'ASF, offrant<br />

l'opportunité de redonner un<br />

nouveau souffle à notre football.<br />

Une décision importante pour<br />

éviter que le football suisse ne<br />

manque d’air.


SOMMAIRE<br />

Alvyn<br />

SANCHES<br />

L’ÉTOILE MONTANTE<br />

CHALLENGE LEAGUE<br />

Retrouvez le bilan de la Challenge<br />

League en 5 points !<br />

Qui est Bo Henriksen, l'entraîneur<br />

danois qui porte le FC Zurich en<br />

ce début de saison ? Malgré les<br />

polémiques de début de saison, la<br />

méthode Henriksen fait<br />

l'unanimité au Letzigrund.<br />

Lausanne a son petit génie. Alvyn<br />

Sanches fait l'unanimité parmi les<br />

observateurs depuis le début de la<br />

saison. Incontournable au sein du<br />

club vaudois, il est également<br />

devenu l'attraction de l'équipe<br />

suisse M21. Zoom sur ce talent<br />

brut, aussi discret que prometteur.<br />

LA LIGUE DES<br />

CHAMPIONS<br />

DÉCRYPTÉE<br />

La chute de l’ogre zurichois. Les<br />

plus jeunes ont tendance à<br />

l’oublier, mais Grasshopper est le<br />

club suisse le plus titré. En<br />

l’espace de 30 ans, les Sauterelles<br />

sont passées du club modèle à<br />

l’archétype de ce qu’il ne faut pas<br />

faire. Chronique d’une chute.<br />

FRANCK<br />

SURDEZ SUR<br />

LE DEVANT DE<br />

LA SCÈNE<br />

Les réseaux sociaux ont amplifié le<br />

phénomène de starification de<br />

certains joueurs très jeunes.<br />

Pourtant, ceux qui sont mis en<br />

avant dès leur adolescence sont<br />

rarement ceux qui réussissent au<br />

plus haut niveau. Retour sur<br />

quelques joueurs érigés au rang<br />

de superstar dès leur plus jeune<br />

âge.<br />

Que pensent les journalistes<br />

français des joueurs suisses de<br />

Ligue 1 ? Nous avons profité de la<br />

trêve pour demander à deux<br />

experts de juger nos Helvètes.


#JOUEZSPORT<br />

Meilleur buteur: le pari<br />

facile?<br />

La minute<br />

JouezSport<br />

Erling Haaland, Harry Kane,<br />

Lautaro Martinez et Kylian<br />

Mbappé dominent actuellement<br />

la course au titre de meilleur<br />

buteur dans quatre des cinq<br />

grands championnats européens.<br />

À mi-saison, ils affichent soit une<br />

avance significative sur leurs<br />

concurrents, soit une dynamique<br />

collective et individuelle qui laisse<br />

présager une victoire. Seule en<br />

Espagne, la lutte s'annonce serrée.<br />

Jude Bellingham, l'homme à tout<br />

faire du Real Madrid, voit Antoine<br />

Griezmann le suivre de près.<br />

Avec 20 buts en 14<br />

matchs de<br />

Bundesliga, Harry<br />

Kane est le buteur le<br />

plus prolifique des 5<br />

grands<br />

championnats.<br />

Un peu moins reconnu pour ses<br />

talents de buteur, on serait<br />

presque tenté de dire que<br />

Bellingham pourrait flancher sur la<br />

durée par rapport au Français, qui<br />

semble fin prêt à remporter le titre<br />

de meilleur buteur du<br />

championnat d'Espagne pour la<br />

première fois de sa carrière. Du<br />

moins, si ce n'est pas cette année,<br />

cela risque bien de ne jamais<br />

arriver.<br />

Ah, l'époque du duel à l'échelle<br />

mondiale entre Cristiano Ronaldo<br />

et Lionel Messi semble déjà bien<br />

lointaine. On serait même presque<br />

prêt à regretter la saison 2001-<br />

2002 de la Ligue 1, où le fantasque,<br />

et ancien joueur d'Yverdon Sport,<br />

Djibril Cissé se battait avec le<br />

Portugais Miguel Pauleta pour la<br />

couronne du championnat. Une<br />

époque révolue, mais qui peut<br />

susciter l'intérêt de quelques<br />

parieurs en quête d'un risque<br />

modéré.


RÉDACTION<br />

Julien MORET<br />

Rayane DERRUNGS<br />

Robin GODINAT<br />

Téo NANIA Bénédict PERRET Ludovic CHEVALIER<br />

PRODUCTION<br />

KMedia


Photo: Edi Kingori


REPORTAGE<br />

Alvyn<br />

SANCHES<br />

L’ÉTOILE MONTANTE<br />

DU FOOTBALL<br />

SUISSE<br />

Photo: Lausanne-Sport


Lausanne, Alvyn Sanches s'est révélé au grand public avec<br />

sa techique, sa vision du jeu impressionnante et son<br />

niveau très prometteur affiché depuis le début de la<br />

saison. Jusqu'où ira la pépite vaudoise ?<br />

ÀIl y a des joueurs qui ont un petit<br />

quelque chose en plus. Des<br />

individualités qui incitent les<br />

passionnés de football à allumer<br />

leur télévision ou à se déplacer au<br />

stade. Dès qu'ils touchent le<br />

ballon, on sait qu'il peut se passer<br />

quelque chose de spécial. Ils sont<br />

rares, mais parviennent à laisser<br />

une empreinte durable. Les<br />

supporters du Lausanne-Sport<br />

peuvent se réjouir de compter un<br />

homme de cette trempe dans leur<br />

effectif: Alvyn Sanches. «C'est un<br />

énorme talent du football suisse,<br />

et je dirais même du football<br />

européen et mondial. Il a un<br />

potentiel qui n'a pas de limite. Il y<br />

a encore beaucoup de travail, et<br />

c'est ce qui est intéressant avec<br />

lui, parce qu'on parle d'un joueur<br />

qui a 20 ans et donc avec pas mal<br />

d'aspects à développer.<br />

Mais en termes de talent, c’est<br />

très fort ! Il a des capacités<br />

techniques, des capacités<br />

cognitives, une vision du jeu, une<br />

réflexion sur le terrain, une prise<br />

de décision qui, pour moi, est<br />

extraordinaire. À cela s’ajoute une<br />

capacité de course très<br />

intéressante. Il est capable de<br />

répéter les courses à haute<br />

intensité de la première à la 90e<br />

minute. J’aime beaucoup sa<br />

mentalité, très travailleur, très<br />

sérieux dans son travail. Il a tout.<br />

Mais il y a des choses qu'on ne<br />

contrôle pas et qui appartiennent<br />

à Dieu, cependant, je le vois<br />

vraiment aller tout en haut et ça,<br />

j'en suis convaincu, détaille avec<br />

émotion son agent Ismaël Piller,<br />

Gold Kick SA.» Le profil et le talent<br />

du joueur du LS fait également<br />

l’unanimité auprès de ses<br />

Photo: Lausanne-Sport<br />

Avec son numéro 80, Alvyn Sanches est le chouchou du public vaudois.


adversaires. Le défenseur de<br />

Young Boys, Aurèle Amenda, ne<br />

tarit pas d’éloges: «Alvyn est un<br />

joueur polyvalent doté d'une<br />

qualité technique au-dessus de la<br />

moyenne. Il est capable de créer<br />

du danger à tout moment.<br />

Offensivement, il peut jouer à tous<br />

les postes. Pour moi, c'est l'un des<br />

meilleurs joueurs à Lausanne et<br />

c'est un très grand talent suisse,<br />

faisant partie des meilleurs de sa<br />

génération.»<br />

En mai 2021, à l'âge de 18 ans,<br />

Sanches a fait ses premiers pas en<br />

Super League sous les couleurs du<br />

LS. Formé au Lausanne Benfica,<br />

puis à Team Vaud, le milieu de<br />

terrain, autrefois ailier, est<br />

rapidement devenu le chouchou<br />

du public lausannois. Depuis, il<br />

s’est imposé comme un élément<br />

clé dans l'équipe vaudoise avant<br />

d'être contraint de stopper<br />

brutalement sa progression en<br />

raison d'une grave blessure au<br />

genou survenue avec l’équipe de<br />

Suisse M21. En manquant les<br />

quatre prochains mois, le crack de<br />

Lausanne va cruellement<br />

manquer à l'effectif de Ludovic<br />

Magnin et va devoir redoubler<br />

d’efforts pour retrouver son<br />

niveau. Une situation qu’Ismaël<br />

Piller prend avec positivisme:<br />

«C’est clair que les blessures<br />

n'arrivent jamais au bon moment.<br />

Il n'y a pas de bonne blessure.<br />

C'est arrivé et on ne peut pas<br />

changer le passé. Il était vraiment<br />

dans une bonne dynamique,<br />

d'autant plus qu'il avait disputé<br />

deux matchs avec l'équipe<br />

nationale des moins de 21 ans et<br />

réalisé deux très bonnes<br />

performances. Maintenant, c'est<br />

un apprentissage pour lui. Il a la<br />

bonne attitude, et le club a été<br />

Alvyn Sanches<br />

est le genre de<br />

joueur qui fait un<br />

bien fou à notre<br />

championnat!<br />

KMedia<br />

formidable avec ce qu'ils ont<br />

entrepris jusqu'ici. Les personnes<br />

impliquées font vraiment un<br />

travail exceptionnel. L'important<br />

est qu'il soigne correctement ce<br />

genou sans pression.»<br />

Pour mieux comprendre l’ampleur<br />

qu’a pris le phénomène dans son<br />

équipe, il faut remonter à à la<br />

saison dernière où «Viny» n'avait<br />

manqué que trois matchs (en<br />

raison de suspension) lors de la<br />

promotion du LS. Il s'était<br />

démarqué comme l'un des<br />

acteurs clés de ce succès, en<br />

inscrivant sept buts et en délivrant<br />

six passes décisives en 34<br />

rencontres. «Le club était<br />

descendu en Challenge League,<br />

et c'était ma première saison avec<br />

un temps de jeu important. Je<br />

savais que j’allais jouer et que le<br />

coach aurait confiance en moi.<br />

Cette saison était importante<br />

aussi parce qu’il y avait une réelle<br />

pression pour remonter en Super<br />

League.<br />

Photo: USG


Photo: Lausanne-Sport<br />

Courtisé par les Young Boys l'été dernier, il n'est pas certain de voir Alvyn Sanches<br />

porter les couleurs du LS la saison prochaine.<br />

J’ai tout de suite eu des<br />

responsabilités. Avec du recul,<br />

tout s’est bien passé, tant d’un<br />

point de vue individuel que<br />

collectif. Je garde vraiment un très<br />

bon souvenir de la saison dernière,<br />

qui lance concrètement ma<br />

carrière, précise Alvyn Sanches.»<br />

Durant l’été, Young Boys<br />

souhaitait le recruter pour<br />

remplacer Fabian Rieder, mais<br />

Lausanne gourmand a réussi à<br />

conserver sa pépite, pour le plus<br />

grand bonheur des ultras vaudois.<br />

L’agent d’Alvyn Sanches se<br />

montre très clair à ce sujet:<br />

«Effectivement, il y a eu des offres<br />

concrètes. Mais Alvyn a un contrat<br />

avec Lausanne, et la volonté du<br />

club était de le garder à tout prix.<br />

Nous respectons cette<br />

décision et sommes aussi très<br />

heureux qu’il puisse continuer son<br />

développement au sein de son<br />

club de cœur et le club où il a fait<br />

sa formation. Il a ici la possibilité<br />

d’avoir un rôle majeur. Je pense<br />

que c’était la bonne décision, et<br />

quand on analyse son début de<br />

saison, cela me conforte dans<br />

cette idée.» Du côté de Berne,<br />

Aurèle Amenda comprends la<br />

décision même s’il aurait aimé<br />

l’avoir à ses côtés: «Bien sûr,<br />

j’aurais aimé voir Alvyn signer à<br />

YB. Il aurait pu apporter<br />

beaucoup à l’équipe. Il peut faire<br />

la différence à n’importe quel<br />

moment du match. Mais rester à<br />

Lausanne est un bon choix<br />

également, on le voit avec sa<br />

saison. Peu importe ce


qu’il fera dans sa carrière, je lui<br />

souhaite que du bonheur, et<br />

j’espère qu’il ira très loin.»<br />

En pleine bourre, Alvyn Sanches<br />

n'a cessé d'enchaîner les<br />

performances remarquables,<br />

comme si l’adversité le poussait à<br />

élever son niveau de jeu.<br />

Actuellement huitième de la<br />

Super League, Lausanne-Sport va<br />

lutter contre la relégation cette<br />

année, et prie pour récupérer au<br />

plus vite son joyau. «Je sens que je<br />

franchis un palier de saison en<br />

saison. Je deviens un joueur<br />

important de l'équipe et je dois<br />

prendre ce rôle à cœur, faire de<br />

mon mieux. J'essaie d'être le plus<br />

décisif possible, de jouer un peu<br />

plus haut sur le terrain pour<br />

essayer de marquer des buts ou<br />

faire des passes décisives», a-t-il<br />

précisé lors d'une interview pour<br />

Blick en octobre.<br />

Un joueur au profil séduisant<br />

Dans le jeu parfois très stéréotypé<br />

proposé par Ludovic Magnin au<br />

Lausanne-Sport, Alvyn Sanches<br />

apporte une créativité précieuse.<br />

«Ce n’est pas simple de défendre<br />

sur lui, car c’est un joueur qui<br />

bouge beaucoup. En un contre un,<br />

il utilise son corps et aime faire des<br />

feintes. Avec sa qualité technique,<br />

il est très difficile de lui prendre la<br />

balle. Il a un très bon pied gauche,<br />

et il peut soit faire la passe<br />

décisive, soit marquer. On le voit<br />

avec l'équipe de Suisse M21,<br />

commente Aurèle Amenda qui l’a<br />

affronté à plusieurs reprise.» Il est<br />

vrai que l’international suisse M21<br />

se démarque par un style<br />

séduisant, plutôt rare en Super<br />

League. Sur une touche, en un<br />

contrôle, il a la capacité d’orienter<br />

le jeu comme bon lui semble.<br />

En contre-attaque, il démontre<br />

une capacité de création<br />

impressionnante, que ce soit dans<br />

ses courses, grâce à sa technique<br />

et sa vitesse, ou dans ses passes en<br />

profondeur, grâce à sa vision du<br />

jeu. Du haut de ses 1m80, il peut<br />

également se montrer décisif dans<br />

les duels aériens. Le jeune espoir<br />

peut aussi contribuer au but sur<br />

un corner ou un coup franc. En<br />

tant que milieu offensif, numéro<br />

huit, ou parfois même attaquant,<br />

Alvyn Sanches est une aubaine<br />

pour tout coach. S’il peut encore<br />

progresser sur de nombreux<br />

points, notamment en termes de<br />

régularité, il a du temps devant lui<br />

et laisse présager de très belles<br />

choses.<br />

De plus, le jeune prodige s’illustre<br />

par son attitude. À 20 ans, il<br />

montre une maturité notable, que<br />

ce soit sur ou en dehors du terrain.<br />

Coéquipier modèle auprès de ses<br />

camarades, il fait preuve d’une<br />

vraie discrétion au quotidien qui<br />

transmets de la sérénité à l’équipe.<br />

Un personnage sympathique et<br />

humble, qui garde un certain recul<br />

sur sa position d’espoir important<br />

du sport suisse. Amis dans la vie,<br />

Aurèle Amenda est conquis par le<br />

caractère du joueur de Lausanne:<br />

«Alvyn est un très bon ami à moi.<br />

En sélection, on est souvent<br />

ensemble dans les chambres, et<br />

on se voit également en dehors<br />

du football. C’est quelqu’un de<br />

très gentil, très humble. Il a les<br />

pieds sur terre et est très drôle.<br />

D’ailleurs, sur le terrain, on voit<br />

que c’est quelqu’un qui a toujours<br />

le sourire. Il apporte de la bonne<br />

humeur, c’est un bon gars,<br />

comme on dit.»


Devenir un membre clé de<br />

l’équipe de Suisse M21<br />

Né en France, avec des racines<br />

portugaises, Sanches a grandi à<br />

Lausanne et devrait poursuivre sa<br />

carrière internationale sous le<br />

maillot de la Nati. Le milieu<br />

offensif a découvert la sélection<br />

avec les moins de 21 ans de<br />

l'Équipe de Suisse en mars 2023<br />

en entrant en cours de jeu contre<br />

Israël. S'il a manqué l'Euro M21 cet<br />

été, il a fait son retour en<br />

septembre en tant que titulaire<br />

enpuissance. Sous les ordres de<br />

Sasha Stauch, il a disputé les cinq<br />

honnêtement, je ne fais pas trop<br />

attention à tout ce qui se dit. Mais<br />

c’est sûr que cela reste dans un<br />

coin de ma tête. L’objectif final est<br />

d'y arriver. Mais je suis, pour le<br />

moment, très heureux de pouvoir<br />

évoluer avec les moins de 21 ans et<br />

je suis à 100% concentré sur nos<br />

objectifs, commente Alvyn<br />

Sanches.» Pourtant, c'est en pleine<br />

ascension que Sanches a chuté.<br />

Victime d'une lésion du ligament<br />

externe et du ménisque, le joueur<br />

a été opéré, et sa blessure le<br />

tiendra<br />

Photo: Lausanne-Sport<br />

En équipe de Suisse M21, le Vaudois est devenu indispensable.<br />

rencontres et s'est distingué avec<br />

deux buts et une passe décisive,<br />

contre l'Arménie et la Roumanie<br />

en novembre dernier. S'il continue<br />

sur cette lancée dans sa<br />

fulgurante progression, Sanches<br />

finira par attirer l'attention de<br />

Murat Yakin, ainsi que celle des<br />

recruteurs de clubs plus<br />

prestigieux. «L’équipe nationale,<br />

c’est du bonus. C’est quelque<br />

chose de grand, d’immense. Très<br />

éloigné des terrains jusqu'en<br />

mars-avril 2024. À 20 ans, il est<br />

parfois difficile de se remettre<br />

pleinement d'une telle blessure.<br />

Psychologiquement, Sanches<br />

devra faire preuve de caractère et<br />

ne pas se laisser abattre par ce<br />

coup dur. Lausanne-Sport a besoin<br />

de sa créativité, et le futur du<br />

football suisse en dépend<br />

également.


Photo: Lausanne-Sport


JE VAIS<br />

REVENIR<br />

ENCORE<br />

PLUS<br />

FORT !<br />

Photo: Lausanne-Sport


Alvyn, tout d’abord comment<br />

vas-tu ? Comment as-tu vécu ton<br />

opération ?<br />

Tout se passe bien, ça fait trois<br />

semaines que je me suis fait<br />

opérer. L'opération s'est très bien<br />

déroulée. Je me suis fait opérer<br />

par un spécialiste à l’étranger, l'un<br />

des meilleurs dans ce domaine. Je<br />

reprends doucement la marche et<br />

je travaille sur ma jambe. Je suis<br />

content de mes progrès.<br />

Comment se passe ta<br />

rééducation et où en es-tu ?<br />

Bon, il faut normalement compter<br />

3 à 4 mois pour se remettre de<br />

cette blessure. Pour le moment,<br />

j’effectue ma rééducation avec les<br />

physios du club. Je travaille avec<br />

eux deux fois par jour, et nous<br />

suivons minutieusement le plan<br />

de rééducation. C’est un travail<br />

totalement différent de ce à quoi<br />

je suis habitué, mais je garde le<br />

même sérieux afin de revenir dans<br />

les meilleures dispositions.<br />

On dit souvent que les épreuves<br />

rendent plus fort. En quoi celle-ci<br />

va t’aider à progresser ?<br />

Je veux profiter de cette blessure<br />

pour progresser physiquement. Je<br />

sais que j’ai un travail physique à<br />

entreprendre pour gagner un peu<br />

en masse musculaire. Lorsque l’on<br />

s’entraîne tous les jours, c’est plus<br />

compliqué de suivre des<br />

programmes spécifiques qui vont<br />

dans ce sens. Cette pause va me<br />

servir à cela. Comme tu l’as dit,<br />

c’est une épreuve et je dois y<br />

répondre mentalement. Ici aussi,<br />

je veux progresser. Je reviendrai<br />

plus fort !<br />

Qu’est-ce qui te manque le plus<br />

actuellement ?<br />

Le football, tout simplement. C'est<br />

ma passion quotidienne, trouver<br />

du plaisir sur le terrain. J'adorerais<br />

être avec l'équipe.<br />

Pendant les fêtes, tu vas quand<br />

même déconnecter un peu ? Astu<br />

prévu quelque chose ?<br />

Non, je n'ai pas de vacances. J'ai<br />

quelques jours de congé, mais je<br />

vais surtout continuer à travailler<br />

pour revenir en forme.<br />

Quelles sont tes objectifs pour la<br />

fin de saison ?<br />

Revenir en forme et atteindre les<br />

objectifs avec le club, à savoir le<br />

maintien, et si l'on peut, jouer pour<br />

les 6 premières places, on ne va<br />

pas se gêner.


Photo: Lausanne-Sport


LIGUE 1<br />

LE BILAN<br />

DES SUISSES DE<br />

LIGUE 1<br />

VU DE FRANCE


Photo: AS Monaco


DENIS<br />

ZAKARIA<br />

Photo: AS Monaco


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Alors pour commencer, voir un joueur de ce calibre<br />

«redescendre» en Ligue 1 était surprenant. Certes, c'est à<br />

Monaco qui est un gros club du championnat, mais ça m'a<br />

surpris. Et pour le coup, son association fonctionne plutôt bien<br />

avec Youssouf Fofana, donc c'est plutôt un recrutement<br />

intelligent qu'a fait une nouvelle fois Monaco. Avec la bonne<br />

forme du club tout est réuni pour que cela soit une réussite.<br />

Franchement, une belle satisfaction.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

Là, pour le coup, c'est une vraie satisfaction du côté de Monaco. Alors,<br />

évidemment, il avait un CV qui fait qu’on le connaît déjà depuis son passage à<br />

Gladbach. Tu ne peux pas jouer en Allemagne, à la Juventus et à Chelsea si tu<br />

n’as pas de talent. Mais le fait qu’il arrive en Ligue 1 et qu’il s’impose dans un<br />

secteur qui est quand même très important, avec notamment Fofana, vicechampion<br />

du monde, est une belle performance. Il a apporté de la compétitivité,<br />

de la performance et surtout du leadership. J’ai eu l'opportunité de le voir de<br />

plus près lors du match contre Reims où l'on voit que c'est un joueur qui est<br />

vraiment très important. C’est un peu la même impression laissée après son<br />

match contre le PSG, où il est le seul à surnager. Il contribue clairement au fait<br />

que Monaco soit dans le top 3. On peut juger de manière légitime que Denis<br />

Zakaria est un cadre de l’équipe de par son niveau de jeu.<br />

Photo: AS Monaco


PHILIPP<br />

KOHN<br />

Photo: AS Monaco


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Je le connaissais parce que je suis un amateur de Sorare. Avec<br />

la Ligue des Champions, les supporters du club en avaient<br />

forcément entendu parler, mais c’était une grosse<br />

interrogation. Son arrivée n’a pas forcément convaincu<br />

l'assistance. En début de saison, il a été coupable une ou deux<br />

fois, ce qui a crispé les supporters. Mais depuis, il s’est repris et<br />

a conquis tout le monde. Je ne peux pas encore dire que c’est<br />

un top gardien de Ligue 1, mais il n’est pas loin. Je le classe<br />

devant Mvogo car je le trouve plus impactant pour sa défense,<br />

plus rassurant.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

Pour Köhn, c'est une réalité plus contrastée. Déjà, parce que son prédécesseur, Nübel,<br />

avait été fortement critiqué, et que tout le monde s’attendait à une amélioration à ce<br />

poste cette saison. Pour moi, Philipp Köhn est meilleur que l’Allemand. Il y a eu des<br />

performances très satisfaisantes qui ont contribué à sauver des matchs de l’AS<br />

Monaco. Je fais notamment référence aux matchs contre Clermont et Reims. Mais à<br />

côté de cela, il y a eu des erreurs. Il ne faut pas non plus se montrer trop critique, car<br />

pour le joueur, c’est une nouvelle réalité. Il quitte un championnat où il dominait<br />

chaque match avec Salzbourg pour rejoindre une équipe qui subit énormément de<br />

tirs malgré le fait qu’elle joue dans le haut du tableau. Pour le moment, j’aurais<br />

tendance à lui donner l’étiquette de transfert réussi, mais il ne doit pas se relâcher. Un<br />

match parfait qui représente ce sentiment est celui contre le PSG. Il réalise un arrêt<br />

incroyable, mais derrière, il est responsable d’un but. Dans le match qu’il a avec l’autre<br />

gardien suisse de Ligue 1, je classe Philipp Köhn devant Mvogo.<br />

Photo: AS Monaco


BECIR<br />

OMERAGIC<br />

Photo: Montpellier Hérault Sport Club


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

C'est vrai qu'on ne le connaissait pas trop avant qu'il n'arrive en<br />

Ligue 1, mais il est très intéressant. La cellule de recrutement de<br />

Montpellier a bien travaillé. On le voit avec Omeragic notamment,<br />

les idées derrière sont bonnes pour le club. À 21 ans, jouer dans ce<br />

championnat, certes Montpellier n'est pas une équipe qui joue le<br />

haut du tableau, mais c'est prometteur. Cela étant, il faut<br />

confirmer. On a souvent tendance à dire en France que le plus dur<br />

est la deuxième saison. Donc j'ai envie de dire que le plus dur est<br />

peut-être devant lui, mais ça ne veut absolument pas dire qu'il ne<br />

peut pas réussir et basculer vers une carrière plus huppée.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

Alors là, pour le coup, c'est une belle surprise, car ce n'était pas nécessairement le<br />

joueur que l'on attendait le plus lors du mercato très intéressant réalisé par<br />

Montpellier. On peut voir clairement que c'est un défenseur élégant, porté vers l'avant,<br />

et qui, à mon avis, trouve toute sa mesure dans la défense à trois récemment installée<br />

du côté de Montpellier. Bien sûr, Montpellier se trouve dans une situation précaire, ce<br />

qui ne facilite pas les choses, mais le joueur tire son épingle du jeu et a même été<br />

sélectionné dans l'équipe type de L’Équipe. Malgré le fait que Montpellier soit réputé<br />

pour son jeu rugueux et athlétique, c’est encourageant de voir qu’il y a tout de même<br />

la possibilité de soutenir des joueurs à l'aise avec le ballon.<br />

J'attends de lui qu'il maintienne son niveau de performance et qu'il s'impose comme<br />

titulaire sur la durée. Son profil peut intéresser plusieurs clubs, et sa capacité à évoluer<br />

à différents postes et dans divers systèmes est vraiment un atout. Je pense que s'il<br />

parvient à maintenir ce niveau à Montpellier, il pourrait franchir une étape plus<br />

importante à l'échelle de la Ligue 1.<br />

Photo: Montpellier Hérault Sport Club


YVON<br />

MVOGO<br />

Photo: Lorient FC


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Ah, Mvogo. Franchement, du côté de Lorient, on avait été<br />

un peu frustrés de le voir se blesser assez gravement la<br />

saison passée, mais là, il est en train de revenir. C'est un<br />

gardien reconnu dans le milieu, et j'étais assez surpris que<br />

Lorient parvienne à le faire venir. C'est un élément fort de<br />

ce club, même s'il peut parfois passer au travers. Il a réussi<br />

à faire en sorte qu'à ce poste, il n'y ait plus de concurrence<br />

à Lorient. C'est un brillant gardien de notre championnat.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

Avec les départs très importants du côté offensif, la saison du club est<br />

compliquée. Il ne faut toutefois pas oublier que l'objectif premier de Lorient<br />

est de valider son maintien. L’assise défensive de l’équipe est de moins<br />

bonne qualité que la saison dernière à cette même période. Cette réalité<br />

collective se reflète dans les performances d’Yvon Mvogo, qui n’est pas<br />

toujours irréprochable. Malgré cela, il demeure un gardien capable de se<br />

distinguer avec de superbes arrêts. Je me souviens notamment d'une<br />

magnifique parade contre Lens. Cependant, le problème survient dès lors<br />

que l'équipe subit beaucoup de tirs. Tu ne peux pas tout faire, et cela<br />

conduit à encaisser des buts. C’est une saison plus compliquée.<br />

Photo: Lorient FC


JORDAN<br />

LOTOMBA<br />

Photo: OGC Nice


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Au début, je n’étais pas convaincu. Finalement, petit à petit,<br />

avec les blessures de son concurrent Youssef Atal, il a<br />

commencé à gratter du temps de jeu très régulièrement<br />

jusqu’à devenir un élément confirmé du championnat et de<br />

son club. Les coachs qui se succèdent sur le banc lui font<br />

confiance. Il a progressé et c’est tant mieux pour les Aiglons.<br />

Défensivement, il est solide et si Nice est une équipe qui<br />

prend peu de buts, c’est aussi grâce à lui. Pour franchir un<br />

cap, il aura besoin de se montrer plus décisif.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

L’évolution de Lotomba est très intéressante, notamment la saison dernière où il a réalisé de<br />

superbes performances à droite. Son début de saison était plus compliqué, mais désormais,<br />

il retrouve une forme de continuité par rapport à la saison dernière. Il ne faut pas non plus<br />

oublier qu’avec le changement de coach, il y a des principes de jeu différents. Mais en<br />

France, le cas Lotomba est clivant : j’ai eu l’opportunité de parler avec d’autres confrères<br />

journalistes et tout le monde lui reconnaît le fait qu’il peut apporter de belles choses<br />

offensivement même si cela ne se traduit pas forcément par une influence décisive.<br />

Défensivement, il est capable de lacunes qui peuvent coûter un but. Je pense<br />

qu’aujourd’hui, avec ce qu’il a montré par le passé, je m’attends à un peu mieux du côté de<br />

Lotomba, qu'il soit beaucoup plus sûr dans ses capacités, qu'il ait beaucoup plus confiance<br />

en lui et qu'il devienne un élément de référence du club derrière les cadres tels que Todibo.<br />

Il doit être un véritable lieutenant sur cette deuxième partie de saison. Malgré la deuxième<br />

place, l’ensemble du collectif niçois demeure fragile et le coach lui a préféré de manière<br />

ponctuelle Rosario, qui n’est pas un latéral droit de métier. Cela doit être une alerte pour<br />

Jordan.<br />

Photo: OGC Nice


VINCENT<br />

SIERRO<br />

Photo: Toulouse FC


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

J’étais un petit peu surpris de le voir récupérer le brassard de<br />

capitaine après une année au club. Mais visiblement, il a<br />

convaincu pas mal de monde. Sur le début de saison, j'ai eu la<br />

chance de commenter à plusieurs reprises Toulouse, et c'est vrai<br />

que j'ai bien aimé son impact au milieu de terrain, la façon qu'il a<br />

de remotiver un peu ses coéquipiers quand ça ne marche pas. Et<br />

puis dans le jeu, c’est un joueur qui a du ballon. C’est plutôt<br />

intéressant, il se projette pas mal. Je trouve que c'est un élément<br />

assez important de cette équipe. Toulouse va donc avoir besoin<br />

de lui pour les échéances à venir.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

En tant que capitaine, il a pris une autre envergure. Donc forcément,<br />

quand les résultats ne suivent pas, comme contre Lyon par exemple, il a<br />

été critiqué au niveau de ses performances. Mais moi, j'ai eu l'impression<br />

que sa saison est correcte. Notamment en Europe où il a disputé de très<br />

bons matchs. Que ce soit contre Liverpool ou contre l’Union Saint-<br />

Gilloise, Sierro a vraiment répondu présent. Certes, en Ligue 1, c’est un<br />

peu plus controversé, mais il y a aussi eu des bons matchs. Contre Nice, il<br />

était un élément moteur de ce Toulouse. Le bilan est OK. Il ne faut pas<br />

oublier que le club était en Ligue 2 il y a deux ans.<br />

Photo: Toulouse FC


ERAY<br />

COMERT<br />

Photo: FC Nantes


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Je l’ai vu récemment contre Paris, et je l’ai trouvé bon. Il a<br />

vraiment fait un match sérieux. C’était une surprise pour<br />

moi de le voir rebondir à Nantes, mais cela montre la<br />

qualité de la cellule de recrutement du club. J’avais pu<br />

commenter différents matchs de Valence la saison passée<br />

et je ne l’imaginais pas forcément au FCN. Ce changement<br />

d’air lui fait du bien. Il y a plus de sérénité. Derrière lui, il a<br />

un très bon gardien et je le vois devenir un leader de cette<br />

équipe. Il en a les épaules.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

C’est une surprise qu'il ait signé à Nantes. Même si Nantes est un peu<br />

coutumier de ce type d’opportunités. Par rapport à Valence, on aurait pu<br />

imaginer qu’il trouve un meilleur club. Nantes encaisse beaucoup de<br />

buts et a déjà changé d’entraîneur. Mais individuellement, il tire son<br />

épingle du jeu. Le meilleur exemple est le match contre le PSG. Il a<br />

parfaitement géré Kolo Muani et a également été très satisfaisant dans la<br />

gestion de Mbappé. Cette équipe nantaise devrait quand même faire<br />

mieux, car c'est pour moi une équipe qui a l'ambition de jouer dans la<br />

première moitié du tableau de Ligue 1. J'ai envie d'être optimiste par<br />

rapport au fait qu'elle est à peu près stable et compétitive, et c'est un<br />

joueur qui a tout pour être une référence du club.<br />

Photo: FC Nantes


FABIAN<br />

RIEDER<br />

Photo: Stade Rennais


Tanguy Le Seviller<br />

Journaliste<br />

L’Équipe TV<br />

Alors chez Rieder, déjà, on voit qu’il est très jeune. Mais on<br />

comprend vite qu’il n’est pas là pour mettre les plots à<br />

l’entraînement. Rennes l'a payé cher, et il a un très bon pied<br />

gauche qu’il montre par séquences parce qu’il n’est<br />

malheureusement pas souvent titulaire. Du côté de Rennes, on<br />

prend son temps pour le faire éclore et ne pas le brûler. C’est un<br />

joueur qui m’excite un peu et je suis très content de le voir<br />

évoluer en France. C’est important que la Ligue 1 arrive à recruter<br />

des talents de ce calibre que l’on pourrait facilement imaginer<br />

ailleurs, en Bundesliga par exemple.<br />

Elton Mokolo<br />

Journaliste<br />

Club des 5<br />

Personnellement, j’étais très enthousiaste à l'idée de le voir arriver en France, car nous avons pu<br />

le suivre avec Young Boys durant les barrages de la Ligue des Champions. Je suis également<br />

un adepte de Football Manager, et Fabian Rieder est une pépite du jeu. Il s’inscrit parfaitement<br />

dans le mercato rennais. Sur le papier, son profil est très intéressant et s'harmonise bien avec<br />

l’effectif en place. Cependant, tout cela est un peu « gâché » par le fait qu’il arrive en toute fin de<br />

mercato. Ce n’est jamais évident, d'autant plus pour un jeune joueur. C’est son premier passage<br />

à l’étranger, et il ne peut pas bénéficier de la préparation pour s’acclimater. Pour ne rien<br />

arranger, il arrive dans une équipe en crise de résultats. Clairement, le coach en place ne prend<br />

pas de risques par rapport à des joueurs qui ont de l’expérience en Ligue 1. J’ai l’impression que<br />

Rieder risque de pâtir du fait qu’il joue dans un secteur concurrentiel à Rennes, d'autant plus<br />

que ses concurrents doivent avoir une valeur marchande pour être vendus sur le marché des<br />

transferts. Il faudra voir sur le long terme. À chaud, tu as envie de dire que c’est<br />

malheureusement insatisfaisant, mais a-t-il vraiment pu montrer de quoi il est capable ? Je<br />

n’en suis pas persuadé. L’hiver sera important pour lui, et il peut s’imposer sur la deuxième<br />

partie de la saison. Il en a les moyens.<br />

Photo: Stade Rennais


LIGUE DES CHAMPIONS<br />

JOURNÉES<br />

STATISTIQUES<br />

INSOLITES


Photo: Edi Kingori


e 19 septembre 2023 à 18h45, la première rencontre de la<br />

phase de poules de la Ligue des Champions est lancée au<br />

Wankdorf de Berne. Et après trois minutes de jeu<br />

seulement, le défenseur français Mohamed Simakan venait<br />

planter le premier but de l’édition 2023-2024. Trois mois<br />

plus tard, ce n’est pas moins de 96 rencontres qui ont été disputées,<br />

au cours desquelles le ballon a atterri 296 fois au fond des filets. Une<br />

phase de poules spectaculaire et pleine de surprises durant laquelle<br />

certaines statistiques étonnantes vous ont probablement échappées.<br />

C’est pour cette raison que <strong>Corner</strong> <strong>Magazine</strong> a passé au peigne fin les<br />

96 rencontres pour ressortir six statistiques que vous ne lirez nulle<br />

part ailleurs.<br />

minutes de feu et un<br />

discours à la mi-temps<br />

bien rodé<br />

Pas de<br />

pointé pour cette<br />

année<br />

Si la phase de poules de la reine<br />

des compétitions européennes<br />

nous a appris quelque chose cette<br />

année, c’est qu’il ne fallait surtout<br />

pas prolonger la mi-temps, même<br />

de quelques minutes. Sur les 296<br />

buts marqués, 56 l’ont été entre le<br />

46e et la 60e minute de jeu, ce qui<br />

en fait la période de match la plus<br />

prolifique de la compétition<br />

actuellement. Des chiffres qui<br />

nous poussent à dire que les<br />

discours des coachs à la mi-temps<br />

ont bien eu l’effet escompté.<br />

Surtout que de manière plus<br />

générale, la plupart des buts ont<br />

été inscrits en deuxième mi-temps<br />

lors de cette édition. Un seul<br />

conseil pour la phase finale donc,<br />

soyez sur votre siège ou devant<br />

votre télévision avant que l’arbitre<br />

ne siffle le coup d’envoi de la<br />

deuxième mi-temps.<br />

Il y a des clubs se rappellent de<br />

leur passage en Ligue des<br />

Champions avec le souvenir<br />

douloureux d’un bilan de zéro<br />

point sur les dix-huit possibles.<br />

C’était le cas des Rangers et du<br />

club de Plzeň l’an passé, ainsi que<br />

celui du club turc de Besiktas il y a<br />

deux ans. Presque chaque année,<br />

une équipe devient la cible facile<br />

dans son groupe et enchaîne les<br />

défaites les unes après les autres.<br />

Mais il n’en était pas question<br />

cette fois, car toutes les équipes<br />

ont terminé la phase de poules<br />

avec au moins un petit point à leur<br />

compteur. Et même si l’Antwerp<br />

semblait condamné à ce rôle de<br />

grand perdant, le club anversois a<br />

su rebondir en créant l’exploit face<br />

au géant barcelonais pour finir<br />

cette première campagne en<br />

beauté. Il faut dire aussi que les<br />

groupes semblaient plus<br />

homogènes, et qu’aucune équipe<br />

n’est apparue dès le tirage comme<br />

le maillon faible de la phase de<br />

poules. Nous n’avons pas assisté à


Photo: BSC Young Boys<br />

la déroute totale d’un effectif qui<br />

va en prendre cinq à Munich et<br />

cinq à Barcelone, comme Viktoria<br />

Plzen l’an passé par exemple. Mais<br />

cette homogénéité de la<br />

compétition devra être révisée<br />

l’année prochaine, avec l’arrivée<br />

d’un nouveau format à 36 équipes.<br />

Pourtant, on sera tous d’accord<br />

pour dire que le football est plus<br />

beau lorsqu’il y a un vrai combat<br />

sur le terrain.<br />

coups de sifflets contre<br />

Young Boys<br />

Si on en croit les statistiques,<br />

Raphaël Wicky semble avoir misé<br />

sur l’engagement de ses joueurs<br />

pour tenir la face dans un groupe<br />

G compliqué. Notre représentant<br />

national pointe à la deuxième<br />

place des équipes ayant commis<br />

le plus de fautes, juste derrière la<br />

Real Sociedad. Avec 87 fautes<br />

commises en six rencontres,<br />

l’équipe de Berne a été<br />

sanctionnée plus de 14 fois par<br />

match. Bien qu’on ne puisse pas<br />

enlever à l’équipe d’avoir montré<br />

une agressivité positive face à des<br />

écuries souvent plus fortes, le bilan<br />

semble tout de même assez<br />

conséquent. Il faudra donc lever le<br />

pied plus souvent en Ligue Europa<br />

pour éviter une stupide exclusion<br />

et espérer quelque chose dans<br />

cette nouvelle compétition. Et s'il y<br />

en a bien un qui ne doit pas<br />

hésiter à lever le pied, c’est<br />

Mohamed Ali Camara. Le<br />

défenseur guinéen des Young<br />

Boys est le champion du coup de<br />

sifflet avec 12 fautes commises sur<br />

les cinq rencontres qu’il a<br />

disputées.<br />

Avec 12 fautes<br />

commises durant la<br />

phase de groupe,<br />

Mohamed Aly Camara<br />

est le défenseur le plus<br />

rugueux de la<br />

compétition.


matchs fautes rouges Racioppi sur son<br />

Certains parviennent à faire moins<br />

de fautes, mais à prendre plus de<br />

cartes rouges. C’est le cas<br />

d’Antonio Silva, qui remporte le<br />

prix de la statistique insolite de<br />

cette phase de poules. Le jeune<br />

défenseur portugais de 20 ans n’a<br />

joué que quatre matchs, n’a<br />

commis que quatre fautes, mais il<br />

a tout de même réussi à prendre<br />

deux cartes rouges. C’est une tout<br />

autre définition du 4-4-2 qui nous<br />

est proposée. Une faute sur deux<br />

commises par le joueur de Benfica<br />

lui vaut donc une rouge. Une stat<br />

que le joyau de Lisbonne va devoir<br />

changer s’il veut passer plus de<br />

temps sur les terrains.<br />

Anthony Racioppi est l’un des<br />

artisans de la troisième place<br />

obtenue par les Young Boys de<br />

Berne au sein du groupe G. Le<br />

dernier rempart de la formation<br />

bernoise est le gardien qui a<br />

réalisé le plus d’arrêts lors des six<br />

journées. Il s’est interposé 31 fois<br />

face aux attaques adverses, et le<br />

compteur aurait probablement<br />

atteint d’autres sommets s’il<br />

n’avait pas été remplacé par David<br />

von Ballmoos lors de la dernière<br />

rencontre face à Leipzig. Une belle<br />

vitrine donc pour le gardien suisse<br />

de 24 ans qui est en droit<br />

d’espérer un appel du pied de la<br />

part de Murat Yakin. Mais il faut<br />

dire que Yann Sommer et Gregor<br />

Kobel ne lui facilitent pas la tâche.<br />

Photo: SL Benfica<br />

4 matchs, 4 fautes et 2 cartons rouges. Antonio Silva nous présente sa<br />

version du 4-4-2.


Photo: Edi Kingori<br />

Les deux gardiens de la Nati ont<br />

réalisé chacun trois clean-sheets<br />

lors de cette campagne 2023-<br />

2024. Gregor Kobel fait même<br />

partie du top 20 des joueurs les<br />

plus performants lors de la phase<br />

de poules, juste derrière Xavi<br />

Simons. Une triple satisfaction<br />

pour nos gardiens qui met donc<br />

notre sélectionneur face à un<br />

problème de luxe pour le poste de<br />

gardien.<br />

pour la<br />

reconversion<br />

d’Akanji<br />

Prenez un défenseur qui dispose<br />

d’une bonne relance et replacez-le<br />

devant la défense. C’est la nouvelle<br />

formule magique de Pep<br />

Guardiola qui semble aller à<br />

merveille au profil de Manuel<br />

Akanji. Car nos gardiens ne sont<br />

pas les seuls à avoir brillé lors de<br />

ces six rendez-vous européens.<br />

L’ancien titulaire de Dortmund<br />

montre beaucoup d’aisance dans<br />

ce nouveau rôle et il atteint un<br />

taux de réussite de passes<br />

avoisinant la perfection. Sur 333<br />

passes tentées, Akanji a réussi 323<br />

fois à atteindre son coéquipier. Ce<br />

qui lui vaut un taux de 97,6 % de<br />

passes réussies. Une précision de<br />

passes supérieure à celle d’un<br />

joueur comme Toni Kroos, par<br />

exemple, et qui laisse penser que<br />

notre défenseur de formation a<br />

toutes les qualités requises pour<br />

exceller à ce nouveau poste.


Photo: Dylan Oppliger


Photo: Dylan Oppliger


CHALLENGE LEAGUE<br />

Le bilan en<br />

5 points<br />

À l'heure de la trêve hivernale, il est temps de dresser le premier<br />

bilan. Du super favori sédunois à l'outsider thounois en passant<br />

par la surprise nyonnaise et les inconnues Xamax et Bellinzone,<br />

faisons un tour d'horizon de la première moitié de la saison.<br />

Photo: Gabriel Bertelletto


(Les statistiques ont été collectées après la<br />

journée s’étant déroulée les 9 et 10<br />

décembre). Ce papier ne prend pas en<br />

compte les rencontres de la 18e journée.<br />

Le FC Sion en puissance<br />

Leader devant Thoune, le FC Sion<br />

est l’équipe qui donne la meilleure<br />

impression depuis le début de la<br />

saison. Fraîchement relégués, les<br />

Sédunois n’ont pas tardé à prendre<br />

leur rythme et ne comptent<br />

qu’une seule défaite depuis le<br />

début du championnat (2-3 contre<br />

Thoune en septembre). Il faut dire<br />

que l’effectif sédunois regorge de<br />

qualité, avec de nombreux joueurs<br />

bénéficiant d’une grande<br />

expérience dans l’élite du football<br />

suisse. Qu’ils s’appellent Timothy<br />

Fayulu, Reto Ziegler, Numa<br />

Lavanchy, ou encore Dejan Sorgic,<br />

tous ont le niveau pour jouer en<br />

Super League. Et sur le terrain,<br />

cette expérience fait la différence.<br />

Depuis le début de la saison, Sion<br />

domine. Les Valaisans ont la<br />

troisième meilleure attaque du<br />

championnat (27 buts inscrits) et la<br />

meilleure défense (12 buts<br />

encaissés en 16 matchs). Fayulu<br />

est d’ailleurs le gardien comptant<br />

le plus de blanchissage (9). Il est<br />

également le deuxième gardien<br />

avec le plus haut pourcentage<br />

d’arrêt (72.1%), juste derrière le<br />

gardien schaffhousois Simon<br />

Enzler (73.6%). Mais s’il est leader, le<br />

FC Sion peut remercier sa réussite.<br />

En effet, les Sédunois ont inscrit 28<br />

buts en 24.99 xG (expected goals),<br />

soit une surperformance de 3.01<br />

buts. Défensivement, les Sédunois<br />

sont aussi en verve. Ils n’ont<br />

encaissé que 12 buts sur les 17.00<br />

xGA subis, soit une<br />

surperformance de 5.00 xGA.<br />

Attention à ne pas oublier cette<br />

réussite sous le sapin, sous peine<br />

de voir Thoune revenir.<br />

Le FC Thoune à l’affut<br />

Car derrière Sion, Thoune se fait<br />

pressant. Les joueurs de l’Oberland<br />

comptent en effet seulement deux<br />

points de retard sur les Sédunois à<br />

la trêve. Ils doivent en partie ces<br />

résultats probants au style de jeu<br />

attrayant instauré depuis l’arrivée<br />

de Mauro Lustrinelli sur le banc,<br />

combiné aux nombreux talents<br />

jonchant l’effectif thounois. Si<br />

l’international suisse M21 Daniel<br />

Dos Santos et ses 6 buts (4e<br />

meilleur buteur du championnat)<br />

en sont l’image, il n’est de loin pas<br />

la seule pépite de l’effectif. Le<br />

prometteur avant-centre M19<br />

helvétique Nando Toggenburger<br />

(19 ans) en est lui déjà à 2 buts<br />

inscrits en seulement 202 minutes<br />

jouées, soit un ratio de 0.89 but par<br />

match (meilleur ratio du<br />

championnat). Cette jeunesse<br />

mêlée à l’expérience des Koro<br />

Koné, Leonardo Bertone, Marco<br />

Bürki ou Jan Bamert semble<br />

disposer des qualités nécessaires<br />

pour remonter dans l’élite, après<br />

quatre saisons dans l’antichambre<br />

de la Super League. Seule équipe à<br />

avoir vaincu Sion cette saison,<br />

l’équipe de l’Oberland possède<br />

tout simplement la meilleure<br />

attaque du championnat, avec 35<br />

buts inscrits en 16 matchs, ainsi<br />

que la troisième meilleure défense<br />

(21 buts encaissés).<br />

Comme Sion, l’équipe semble<br />

toutefois en surrégime. Les<br />

Thounois ont inscrit 35 buts en<br />

24.99 xG, soit une surperformance<br />

de 10.01 buts, la plus haute<br />

différence du championnat.<br />

Défensivement, l’équipe est<br />

également en réussite : 21 buts<br />

encaissés en 19.89 xGA, soit un<br />

léger surrégime de 1.19 but.


Stade Nyonnais, le promu<br />

surprise<br />

3e du championnat à la trêve,<br />

Nyon est sans aucun doute<br />

l’équipe surprise de ce début de<br />

saison. L’équipe de La Côte<br />

compte surtout sur une défense<br />

de fer, la deuxième meilleure du<br />

championnat derrière Sion (19 buts<br />

encaissés). Nyon doit entre autres<br />

son classement à une légère<br />

surperformance<br />

dans ce<br />

domaine. Ils ont<br />

en effet encaissé<br />

19 buts en 22.27<br />

xGA concédés,<br />

soit 3.27 buts<br />

encaissés de<br />

moins que ce<br />

qu'ils auraient<br />

dû. Sur ce plan, le<br />

Stade Nyonnais<br />

peut remercier<br />

Edin Omeragic.<br />

Le portier prêté<br />

par Servette est<br />

clairement au<br />

niveau, pour sa<br />

première saison<br />

en tant que<br />

titulaire dans le<br />

monde<br />

professionnel. Le<br />

Genevois compte<br />

le troisième<br />

meilleur<br />

pourcentage<br />

d’arrêt du<br />

championnat<br />

(71.6%), juste derrière Enzler et<br />

Fayulu.<br />

Devant les buts, Nyon carbure à<br />

son rythme, mais produit peu. Ils<br />

ont en effet inscrit 24 buts en 22.27<br />

xG (légère surperformance de 1.72<br />

xG). Seuls Baden (15.68 xG),<br />

Schaffhouse (15.84 xG) et<br />

Bellinzone (21.42 xG) se procurent<br />

moins d’xG que les Nyonnais. Voici<br />

Voici donc probablement le<br />

secteur du jeu que les Nyonnais<br />

feraient bien d’améliorer s'ils<br />

entendent lutter pour le podium<br />

jusqu’au bout de la saison.<br />

Xamax, le point d’interrogation<br />

Nyon ferait en effet bien de rester<br />

en réussite, car Xamax le talonne,<br />

tout en étant bien moins<br />

chanceux. Les Xamaxiens,<br />

Photo: Xamax<br />

4e à la trêve,<br />

vivent une saison<br />

faite de hauts et<br />

de bas. Après un<br />

début de saison<br />

tonitruant, les<br />

hommes de La<br />

Maladière ont<br />

connu une<br />

longue phase de<br />

disette, lors de<br />

laquelle ils n’ont<br />

pas remporté le<br />

moindre match<br />

en championnat<br />

pendant près de<br />

3 mois (5 nuls, 4<br />

défaites). Les<br />

Rouge et Noir<br />

manquent<br />

cruellement de<br />

réussite. Bien<br />

qu'étant l'équipe<br />

à s'être créée le<br />

plus de grandes<br />

occasions (34),<br />

loin devant<br />

Vaduz (29),<br />

Xamax peine à convertir ses<br />

opportunités. Elle est la deuxième<br />

équipe avec le plus d’xG créés<br />

depuis le début de la saison (27.54<br />

xG). Problème : les hommes d'Uli<br />

Forte n'ont inscrit que 23 buts, soit<br />

une sous-performance de 4.54 xG.<br />

Pourtant, Xamax peut compter sur<br />

le jeune et talentueux Franck<br />

Surdez qui compte déjà 6 buts et 6


passes décisives en 16 rencontres<br />

disputées cette saison. Longtemps<br />

écarté du groupe professionnel<br />

pour des problèmes extra-sportifs,<br />

le jeune Neuchâtelois confirme les<br />

promesses placées en lui il y a<br />

deux saisons, lorsqu'il avait inscrit 4<br />

buts et réalisé 2 passes décisives à<br />

tout juste 19 ans. Cette saison, il est<br />

clairement le facteur X de<br />

Neuchâtel Xamax, lui qui est le<br />

joueur le plus décisif de l'exercice<br />

avec 12 contributions, devant<br />

Sofian Bahloul (9 buts, 1 passe<br />

décisive). Il est également le joueur<br />

ayant créé le plus de grandes<br />

occasions de but (10) devant<br />

Tosetti (9).<br />

De l’autre côté du terrain, Xamax<br />

défend bien et est la troisième<br />

meilleure défense du<br />

championnat, avec 1.2 but encaissé<br />

en moyenne par match, juste<br />

derrière Nyon (1.1) et Sion (0.7). Les<br />

Xamaxiens ont encaissé 21 buts en<br />

22.44 xGA concédés, soit une très<br />

légère surperformance de 1.44<br />

xGA. Pourtant, Guivarch fait partie<br />

des gardiens les moins<br />

performants du championnat. En<br />

effet, le portier xamaxien est bien<br />

moins décisif que l’an dernier et<br />

affiche un faible pourcentage<br />

d'arrêts de 65%, soit le deuxième<br />

moins bon total du championnat,<br />

juste devant Nicholas Ammeter<br />

(Wil, 62.7%).<br />

Photo: FC Wil<br />

Avec 9 buts et une passe décisive, Sofian Bahloul (tout à droite) est<br />

l’un des joueurs majeurs de Challenge League.


Quid de Bellinzone ?<br />

À la vue du début de saison du<br />

club tessinois, ce cinquième point<br />

peut sembler surprenant.<br />

Seulement, de l’eau a coulé sous<br />

les ponts, et les Granata ne sont<br />

plus l’équipe qu'ils étaient il y a<br />

encore quelques semaines. Depuis<br />

l’arrivée de Manuel Benavente en<br />

lieu et place de Sandro Chieffo sur<br />

le banc, Bellinzone est tout<br />

simplement la meilleure équipe de<br />

la ligue. En dix matchs depuis<br />

l’arrivée du coach espagnol, les<br />

Tessinois ont remporté cinq<br />

rencontres et ont engrangé 18<br />

points sur 30 possibles,<br />

simplement un point de moins<br />

que le FC Sion sur la même<br />

période. Pourtant, Bellinzone reste<br />

la troisième moins bonne attaque<br />

de la ligue, avec seulement 15 buts<br />

marqués depuis le début de la<br />

saison (0.88 par match), seuls<br />

Schaffhouse (13 buts inscrits) et<br />

Baden (14) font moins bien.<br />

Mais Bellinzone est également<br />

l’équipe qui sous-performe le plus:<br />

en 21.42 xG, ils n’ont marqué qu’à<br />

15 reprises, soit une sousperformance<br />

de 6.42 buts.<br />

Défensivement, Bellinzone va aussi<br />

mieux. Bien qu’ayant encaissé 24<br />

buts depuis le début de la saison<br />

(1.41 par match), les Granata n’en<br />

ont encaissé que 9 en dix matchs<br />

depuis l’arrivée du coach espagnol.<br />

Un regain de forme défensive qui<br />

coïncide également avec l’arrivée<br />

d’Alessandro Iacobucci devant les<br />

cages à la place d’Alexander Muci.<br />

Le portier italien a encaissé 14 buts<br />

en 12 matchs (5 blanchissages, 1.16<br />

but par match), alors que le Suisse<br />

en avait encaissé 10 en cinq<br />

matchs (0 blanchissage, 2 buts par<br />

match). Une série d’améliorations<br />

qui pourrait permettre aux<br />

Tessinois d’être plus ambitieux<br />

après les fêtes ?


Photo: Gabriel Bertelletto


IL ÉTAIT UNE FOIS<br />

GRASSHOPPER<br />

CLUB<br />

CHRONIQUE DE LA CHUTE<br />

D’UN OGRE


Photo: Grasshopper Club


2<br />

7 titres de champion<br />

de Suisse et 19 Coupes<br />

de Suisse ont fait la<br />

gloire du bien nommé<br />

Rekordmeister.<br />

Cependant, comment l'ancien<br />

ogre du football suisse a-t-il pu<br />

tomber dans l’anonymat, et<br />

quelles en sont les raisons ?<br />

Retour sur les tournants clés de<br />

l'histoire récente du club fondé<br />

en 1886.<br />

Il était une fois, le grand<br />

Grasshopper Club Zurich,<br />

surnommé GC, du football suisse<br />

dirigé par Christian Gross avec<br />

Murat Yakin et Kubilay Türkyilmaz,<br />

qui avait vaincu le légendaire Ajax<br />

Amsterdam de Marc Overmars.<br />

Oui, il n’y a pas si longtemps,<br />

Grasshopper aurait pu déstabiliser<br />

la moitié des joueurs adverses<br />

avant le coup d’envoi. Fort de ses<br />

titres, de son campus et de sa<br />

puissance financière, GC s’était<br />

forgé une réputation<br />

exceptionnelle dans le football<br />

suisse.<br />

Après un premier titre de<br />

champion en 1897, les Zurichois<br />

étaient déjà le club phare du pays<br />

avant la guerre. Les six titres acquis<br />

entre 1927 et 1939 ont été suivis de<br />

trois autres pendant la Seconde<br />

Guerre mondiale. Malgré une<br />

première relégation en 1948, GC a<br />

de nouveau triomphé en 1952 et<br />

1956. Un palmarès que de<br />

nombreux autres clubs<br />

envieraient. À cela s’ajoutent des<br />

exploits en Coupe de l’UEFA avec<br />

une demi-finale historique en 1978,<br />

ainsi que de nouveaux<br />

championnats en 1982, 1983 et<br />

1984, marquant le premier triplé<br />

dans leur histoire.<br />

Photo: Grasshopper Club<br />

Christian Gross et Marcel Koller. Deux figures<br />

importantes des belles années de GC.<br />

Photo: Lausanne-Sport<br />

Les années folles et la<br />

Champions League<br />

Face à ces exploits des Bleus et<br />

Blancs, la rivalité avec l’autre club<br />

de Zurich devient légendaire. Ainsi,<br />

le FCZ brille aussi sur la scène<br />

européenne (1977) mais va finir par<br />

être relégué en 1988 alors que le<br />

GC monte encore en puissance. Ce<br />

sont les années folles avec l’arrivée<br />

d’un certain Othmar Hitzfeld sur le<br />

banc de touche du Hardturm. Il<br />

leur offre deux titres dans une lutte<br />

féroce en 1990 et 1991 avant de<br />

partir au Borussia Dortmund. Fort<br />

d’une situation financière<br />

supérieure à celle de tous ses<br />

adversaires, avec notamment<br />

Credit Suisse, Nissan, Berretta, ou<br />

encore la puissante Tele24 (Zurich)<br />

qui achète les droits de leurs<br />

matchs, GC s’offre l’accès à la Ligue<br />

des Champions pour la toute<br />

première fois.


C’est Christian Gross avec ses titres<br />

en 1995 et 1996 qui ouvre la voie<br />

avec deux qualifications à la suite<br />

et signe la victoire mémorable à<br />

l’Amsterdam Arena face à l’Ajax en<br />

1996. À la suite de cela, le tout<br />

premier transfert suisse important<br />

en Angleterre est conclu avec le<br />

départ de Viorel Moldovan à<br />

Coventry. Avec le titre de 1998 et<br />

une nouvelle tribune ouest, on se<br />

dit que le club est parti pour<br />

régner encore 20 ans sur le<br />

championnat suisse.<br />

Le début des ennuis et un<br />

sursaut d’orgueil<br />

Alors que sur le plan sportif tout<br />

est au beau fixe pour les Zurichois,<br />

Johan Vogel et Cie vivent un été<br />

1999 compliqué. Le puissant<br />

président Romano Spadaro est<br />

remplacé par Peter Widmer, et<br />

l’action du club s’effondre en<br />

bourse. En effet, un peu pris par la<br />

folie des grandeurs européennes,<br />

les dirigeants avaient décidé de<br />

coter Grasshopper en bourse en<br />

1997. Une décision lourde de<br />

conséquences, puisque leur action<br />

perd plus de 50% de sa valeur en<br />

moins de deux ans et signifie la fin<br />

de la domination outrageuse du<br />

club en Suisse. Des dépenses<br />

également trop onéreuses,<br />

notamment le transfert de<br />

Stéphane Chapuisat ou du<br />

Nigérian Elfan Ekoku. Outre la<br />

perte du titre de champion, les<br />

nouveaux dirigeants du club<br />

annoncent une perte de 22<br />

millions à la suite de la saison 1999-<br />

2000 et la fin de la cotation de<br />

l’action en bourse. Au bord de la<br />

faillite pour la première fois de son<br />

histoire, Grasshopper est sauvé par<br />

un groupe d'investisseurs et se<br />

renforce sportivement en 2001.<br />

Grâce à cela, deux nouveaux titres<br />

tombent dans leurs mains aux<br />

dépens d’une lutte serrée avec le<br />

FC Bâle en 2001 et 2003.<br />

Des erreurs stratégiques<br />

Le titre de champion de Suisse de<br />

2003 avec Marcel Koller, une<br />

légende du club devenu<br />

entraîneur, sera d’ailleurs le 27e et<br />

dernier en date. En effet, la<br />

passation de pouvoir avec le<br />

nouveau géant du football suisse<br />

va avoir lieu. Le FC Bâle, avec Gigi<br />

Oeri, recrute non seulement un<br />

ancien de GC sur leur banc avec<br />

Christian Gross, mais pille aussi les<br />

derniers grands joueurs du club.<br />

Murat Yakin, Boris Smiljanic, Bernt<br />

Haas, Pascal Zuberbühler, ou<br />

encore Hakan Yakin passent du<br />

côté du Rhin et y gagnent des<br />

trophées. Privé de la Ligue des<br />

Champions, Grasshopper va faire<br />

du surplace pendant cinq ans,<br />

jusqu'en 2008, avec plusieurs<br />

Photo: Grasshopper Club<br />

Lucas Andersen, arrivé de l’Ajax Amsterdan, fait<br />

partie des erreurs de casting de GC.


changements d’entraîneurs. Le<br />

géant n’est plus, les finances ne<br />

suivent plus, et la valse des<br />

présidents débute.<br />

La perte du Hardturm<br />

À cela s’ajoute également l'un des<br />

éléments marquants de l’histoire<br />

du club au début du 21e siècle.<br />

Leur stade fétiche de 17’500 places,<br />

le « Hardturm Stadion », est démoli<br />

en 2007 pour faire peau neuve.<br />

Malheureusement, le projet va se<br />

heurter à de multiples oppositions,<br />

si bien que sa construction n’a<br />

pour l’instant pas encore débuté.<br />

Pire, GC doit donc jouer depuis<br />

plus de 15 ans dans le stade de son<br />

grand rival zurichois, le Letzigrund<br />

du FCZ. Et pour ajouter un dernier<br />

coup sur la tête, le Crédit Suisse,<br />

qui devait financer le projet, s’est<br />

retiré avant de faire faillite. Un<br />

coup de massue pour les finances<br />

du club, dont la banque était un<br />

partenaire privilégié. Sans stade,<br />

sans mécène et avec beaucoup<br />

moins d’argent, les dirigeants se<br />

succèdent et les erreurs se<br />

répètent. On rappelle des légendes<br />

sans vision, et les manquements<br />

stratégiques s’accumulent.<br />

Des présidents sans argent ni<br />

vision<br />

Walter Brunner, Roger Berbig,<br />

Erich Vogel, Urs Linsi, et enfin<br />

André Dosé se succèdent de 2008<br />

à 2013. À chaque changement, les<br />

dettes s’accumulent, et le retour<br />

au directoire des deux légendes<br />

Alain Sutter et Johan Vogel ne fait<br />

qu’aggraver les choses. Vivant audessus<br />

de ses moyens et dans la<br />

nostalgie des années de gloire,<br />

André Dosé ne peut que constater<br />

que sous sa présidence, le club<br />

passe très proche de la relégation<br />

et les factures s’empilent. Fin<br />

décembre 2013, il doit<br />

démissionner, et Grasshopper est à<br />

nouveau au bord de la faillite pour<br />

la deuxième fois en 4 ans. Stephan<br />

Anliker lui succède et devient le 7e<br />

président en moins de 10 ans. Loin<br />

de se stabiliser, la terre continue<br />

de trembler autour du défunt<br />

Hardturm. La nomination du<br />

fantomatique Martin Huber en<br />

tant que directeur sportif crée des<br />

vagues et des départs. Les derniers<br />

grands donateurs, dont Reinhard<br />

Fromm et Heinz Spross, prennent<br />

leurs distances. Le calme ne<br />

revient pas, malgré une nette<br />

amélioration et une 2e place en<br />

2015. Mais dès l’année suivante, la<br />

valse des coachs commence<br />

(Skibbe, Tami, Yakin, Fink). Le<br />

président Anliker prend<br />

également plus de pouvoir en<br />

2018, ce qui conduit à la vente du<br />

paquet d’actions du richissime<br />

Heinz Spross. Près de 10 millions<br />

s’envolent à nouveau du club.<br />

La grande chute et la relégation<br />

Déjà bien mal en point, la perte de<br />

ces millions s’ajoute au départ du<br />

sponsor maillot Fromm courant<br />

2018. Lassé des querelles internes<br />

et de l’image du Rekordmeister,<br />

son directeur jette l’éponge. Sous<br />

la pression des supporters, le<br />

président Anliker démissionne et<br />

est remplacé par Stephan Rietiker,<br />

un médecin qui ne connaît pas<br />

grand-chose au football. Sur le<br />

banc, Stipic et Forte se succèdent<br />

avec autant de mauvaises<br />

performances. En mai 2019, près<br />

de vingt ans après les années<br />

dorées de la Ligue des Champions<br />

et le départ du populaire Romano<br />

Spadaro, Grasshopper est relégué<br />

pour la deuxième fois de son<br />

histoire en Challenge League. La<br />

chute et la honte sont totales<br />

lorsque les ultras interrompent le<br />

match contre Lucerne sur le score


de 0-4, puis ordonnent aux joueurs<br />

de laisser leurs maillots sur le<br />

terrain, ce que les 11 titulaires<br />

exécutent de peur. À la fin de la<br />

saison, Stephan Rietiker n’a pas<br />

d’autre choix que de démissionner.<br />

Le mirage chinois<br />

Pour remonter la pente en Super<br />

League, la légende Fredy Bickel<br />

est appelée à la rescousse. Il n’y<br />

restera que six mois puisqu'en avril<br />

2020, en plein Covid, le club est<br />

vendu aux Chinois de «Champion<br />

Union HK Holdings Limited».<br />

Également propriétaires de<br />

Wolverhampton Wanderers, on se<br />

dit que ces investisseurs venus<br />

d’Asie vont redonner leur grandeur<br />

aux Zurichois. Toutefois, leur<br />

arrivée ne se passe pas comme<br />

prévu, et le président Sky Sun voit<br />

GC végéter en Challenge League la<br />

première année. Les directeurs<br />

sportifs se succèdent à nouveau, et<br />

on comprend que le club n’est pas<br />

guéri de ses anciens maux.<br />

Finalement, au printemps 2021,<br />

Giorgio Contini parvient à ramener<br />

le Rekordmeister en Super League.<br />

Le calme est revenu, mais une<br />

ligne stratégique claire n’est<br />

toujours pas visible. Et en février<br />

2023, le président Sky Sun<br />

continue une nouvelle et fâcheuse<br />

coutume: il démissionne, remplacé<br />

par Matt Jackson. L’Anglais fait<br />

revenir Bernt Haas à la direction<br />

sportive et Bruno Berner comme<br />

coach, deux anciens de la maison.<br />

Photo: Grasshopper Club<br />

Steven Zuber et Izet Hajrovic sont deux joueurs de la dernière équipe<br />

flamboyante de Grasshopper.


Vers un nouveau rachat<br />

En cette saison 2023-2024, le club<br />

est donc à nouveau dans une<br />

phase transitoire et pas à l’abri<br />

d’une mauvaise surprise ou d’une<br />

nouvelle relégation. De plus, les<br />

rumeurs d’une vente au fond<br />

d’investissement américain,<br />

propriétaire du Los Angeles FC, se<br />

font de plus en plus pressantes.<br />

Information ou rumeur, le<br />

président n’a pas vraiment éteint<br />

l’incendie. «Il y a régulièrement des<br />

spéculations qui sont rapportées<br />

par les médias ou par des tiers.<br />

Tous les clubs et toutes les<br />

entreprises vivent le fait qu'il y a<br />

toujours des demandes», explique<br />

l'Anglais. Une nouvelle saga<br />

pourrait bien voir le jour du côté<br />

du club toujours privé de son<br />

Hardturm. Dommage, car la<br />

dynamique sportive semblait être<br />

sur un ascendant positif.<br />

Dans ses déboires, on ne peut<br />

également pas s’empêcher de<br />

faire un parallèle entre GC et le FC<br />

Bâle qui fut son successeur<br />

pendant près de 20 ans. Lui aussi<br />

en proie à des problèmes<br />

financiers, structurels et de<br />

dirigeants, il s’est non seulement<br />

fait doubler et éclipser par Young<br />

Boys, mais il risque la relégation et<br />

un scénario identique à son ancien<br />

concurrent.<br />

La seule lueur d'espoir est le<br />

campus<br />

Finalement, si l’on devait terminer<br />

par une note positive, nous<br />

retiendrons que le standing du<br />

campus de GC est bien l'une des<br />

seules lueurs d’espoirs et de<br />

réussite de ces dernières années.<br />

Ainsi, des joueurs comme Stephan<br />

Lichtsteiner, Ricardo Cabanas ou<br />

Steven Zuber ont été formés ces<br />

vingt dernières années dans le<br />

club. Les infrastructures à<br />

disposition sont parmi les<br />

meilleures de Suisse.<br />

Par son académie, GC est capable<br />

de former : Petar Pusic (parti en<br />

Croatie), Marvin Keller, Malik Deme<br />

(aujourd’hui à Young Boys), Junior<br />

Zé, Marvin Akahomen (tous deux à<br />

Bâle) ou encore le très jeune Eman<br />

Kospo, 17 ans, repéré par le grand<br />

FC Barcelone, en sont les meilleurs<br />

exemples. Toutefois, le manque de<br />

cohérence du club conduit<br />

presque inévitablement les<br />

meilleurs talents à partir. Cette<br />

année, les jeunes milieux de<br />

terrain Filipe de Carvalho (20 ans)<br />

et Dion Kacuri (19 ans) sont bien<br />

partis pour jouer un rôle dans la<br />

première équipe. Le premier a déjà<br />

marqué quatre buts, alors que le<br />

deuxième s’impose petit à petit<br />

aux côtés des joueurs<br />

expérimentés arrivés cet été.<br />

Pour son futur proche, GC ferait<br />

donc bien d’orienter sa stratégie<br />

tant sur le plan sportif que<br />

commercial, vers la promotion et<br />

l'intégration des jeunes talents.<br />

Bien sûr, tout en utilisant à bon<br />

escient les éventuels renforts<br />

financiers que les propriétaires<br />

chinois ou les futurs investisseurs<br />

américains voudront bien investir.<br />

Pour obtenir cette cohérence, il<br />

faudra une vision à long terme qui<br />

manque cruellement depuis des<br />

années. Les quelques supporters<br />

du club zurichois se demandent<br />

en boucle si la stabilité (gage de<br />

réussite) fera un jour son retour au<br />

sein du club. Il le faudra si l’on veut<br />

revoir l’ogre zurichois à l’œuvre.


Dion Kacuri, 19 ans, est l’un des très bons espoirs du football suisse. Le<br />

milieu de terrain est formé à GC et évolue dans la première équipe.<br />

Photo: Grasshopper Club


LE CLASSEMENT DES BUTEURS<br />

SAISON 2023/24<br />

1 Chris Bedia 17 matchs 10 buts<br />

2 Jonathan Okita 18 matchs 9 buts<br />

3 Jean-Pierre Nsame 17 matchs 9 buts<br />

4 Antonio Marchesano 16 matchs 7 buts<br />

5 Kaly Sène 17 matchs 7 buts<br />

6 Tsiy Ndenge 17 matchs 7 buts<br />

7 Chadrac Akolo 17 matchs 7 buts<br />

8 Matteo Di Giusto 18 matchs 6 buts<br />

9 Willem Geubells 17 matchs 6 buts<br />

10 Sayfallah Ltaief 17 matchs 6 buts


Photo: Thomas Henzelin


Photo: Thomas Henzelin


Bo<br />

Henriksen,<br />

l’entraîneur<br />

venu du<br />

Nord<br />

epuis que le Danois a<br />

repris l'équipe, le FC<br />

Zurich a retrouvé les<br />

sommets. Pourtant, il<br />

se murmure depuis Dpeu avec insistance qu'Happy Bo<br />

pourrait quitter le club à la fin de<br />

son contrat en juin 2024. Portrait<br />

d'un homme ambitieux, mais<br />

surtout très sympathique.


Photo: Midtjylland


«Bo Henriksen, avec sa<br />

personnalité ouverte et<br />

charismatique, a été une bouffée<br />

d'air frais dont notre club avait<br />

grand besoin. Il a apporté<br />

beaucoup d'énergie et d'esprit à<br />

l'équipe et a réussi deux fois de<br />

suite à nous qualifier pour la<br />

phase de groupes en Europe, tout<br />

comme il a mené l'équipe au titre<br />

à la victoire en Coupe. Nous avons<br />

toutes les raisons de remercier Bo<br />

pour l'énergie et les résultats qu'il<br />

a apportés au FC Midtjylland.»<br />

Voici les mots du directeur général<br />

du club danois, Claus Steinlein, au<br />

mois de juillet 2022, au moment où<br />

il décide de se séparer de son<br />

entraîneur. Une décision qui paraît<br />

surprenante, alors que les Ulvene<br />

(les Loups) viennent de terminer à<br />

la 2ème place du championnat<br />

danois, à seulement 6 points de<br />

l’ogre du FC Copenhague.<br />

Pourtant, le manager général<br />

souligne qu’en «considérant<br />

l'année 2022 dans son ensemble,<br />

nous n'avons pas connu l'évolution<br />

attendue de notre classement<br />

général Smartodds (ndlr : un<br />

logiciel utilisé par le FC<br />

Midtjylland, à la pointe dans<br />

l’analyse statistique), et l'évolution<br />

de notre style de jeu et de notre<br />

expression n'a pas été à la<br />

hauteur de nos espérances. Dans<br />

ce contexte, après mûre réflexion,<br />

nous sommes arrivés à la<br />

conclusion que nous avions besoin<br />

d'un nouvel entraîneur principal,<br />

et nous pensons que le moment<br />

est venu de nous séparer.»<br />

Si l’on devait décrire l’entraîneur<br />

danois, voici les mots qui<br />

reviennent: ouvert, charismatique,<br />

énergique, passionné. Pas<br />

étonnant qu’il ait été comparé par<br />

certains médias de son pays à<br />

Jürgen Klopp. Pas une surprise<br />

non plus que sa personnalité<br />

corresponde à celle du fiévreux<br />

Ancillo Canepa, lorsque celui-ci<br />

recherche un entraîneur capable<br />

de sauver un FC Zurich en<br />

perdition.<br />

Une acclimatation plus que<br />

réussie<br />

Depuis qu’il a repris l’équipe, les<br />

résultats de Bo Henriksen font<br />

l’unanimité sur les bords de la<br />

Limmat. Lors de sa première<br />

saison, il parvient à éviter la<br />

relégation (8ème place), en ayant<br />

Avec sa personnalité<br />

ouverte et<br />

charismatique, Bo<br />

Henriksen a été une<br />

bouffée d’air frais pour<br />

le club !<br />

repris une formation bonne<br />

dernière, après 10 journées sans<br />

aucune victoire. Sa recette, comme<br />

il l’expliquait dans une interview à<br />

Kicker: trouver un concept et des<br />

leaders, et surtout, bâtir une<br />

relation forte avec les joueurs. En<br />

somme, faire confiance à ceux qui<br />

détiennent les clés du match.<br />

Car, comme il aime le rappeler,<br />

pour gagner, «il faut des joueurs<br />

qui soient prêts à mourir les uns<br />

pour les autres». La première<br />

décision forte du Danois lors de<br />

son arrivée en Suisse est de<br />

réinstaurer une défense à trois,


Photo: Midtjylland<br />

Le Danois avait conquis Midtjylland avec une moyenne de 1,89 point en 55 matchs.<br />

Il a une moyenne de 1,66 point en 50 matchs avec le FC Zurich.<br />

un système qu’il affectionne et qui<br />

figure dans l’ADN du FCZ. Ensuite,<br />

surtout, redonner confiance à des<br />

leaders (Brecher, Marchesano) qui<br />

avaient perdu leurs idées. Car le FC<br />

Zurich, avec la qualité de son<br />

effectif, ne peut être bon que<br />

lorsqu’il surperforme. Et le Danois,<br />

par son leadership et sa<br />

communication positive, a tout ce<br />

qu’il faut pour obtenir le meilleur<br />

de ses troupes. Grâce à la méthode<br />

Henriksen, plus basée sur le<br />

mental que sur la tactique, le FCZ<br />

part à la pause hivernale à la 3ème<br />

place en championnat.<br />

Un plan de carrière clairement<br />

défini<br />

Tout est rose dans la capitale<br />

économique suisse ? Pas si vite !<br />

Car une ombre survole le club<br />

zurichois, et la petite musique<br />

s’entend de plus en plus fort<br />

depuis quelques jours:<br />

Bo Henriksen, dont le contrat se<br />

termine en juin 2024, devrait<br />

quitter la Suisse à la fin de la<br />

saison, quelle que soit l’issue du<br />

championnat.<br />

La première raison tient<br />

probablement à l’ambition du<br />

Danois. Homme honnête et<br />

travailleur, il n’a jamais caché qu’il<br />

aspirait un jour à devenir<br />

entraîneur en Bundesliga ou dans<br />

un championnat de haut niveau.<br />

Le média danois BT semble<br />

d’ailleurs savoir qu’Henriksen<br />

aurait déjà informé ses dirigeants<br />

qu’il ne prolongerait pas. Il faut<br />

alors voir son passage en Suisse (le<br />

premier à l’étranger pour lui)<br />

comme une étape dans son plan<br />

de carrière. En effet, de nombreux<br />

entraîneurs ont pu utiliser leurs<br />

résultats dans notre championnat<br />

comme des atouts intéressants au<br />

moment de négocier


un contrat en Bundesliga.<br />

S'il paraît assez peu probable que<br />

Zurich puisse rivaliser cette saison<br />

avec les Young Boys au point de<br />

remporter le titre (on ne sait<br />

jamais), une place sur le podium<br />

pourrait ouvrir des portes à<br />

l'étranger pour Happy Bo.<br />

La méthode Henriksen, une<br />

méthode court terme ?<br />

Une certaine incertitude plane<br />

également du côté de ses<br />

dirigeants, qui n'ont pas encore<br />

cherché à prolonger son contrat.<br />

Cet hiver, lui et ses dirigeants se<br />

réuniront autour de la table pour<br />

discuter de la suite. La principale<br />

raison des hésitations de Canepa<br />

et du directeur sportif réside dans<br />

le fait qu'Henriksen fait rarement<br />

jouer les jeunes du club. Or, le FC<br />

Zurich regorge de pépites qui<br />

doivent jouer. Lors de la saison du<br />

titre en 2021-2022, des jeunes<br />

comme Omeragic, Kamberi,<br />

Krasniqi ou Seiler avaient<br />

largement participé. Cette saison,<br />

Bo Henriksen fait l'impasse sur la<br />

jeunesse, et certaines dents<br />

commencent à grincer.<br />

(à l'exception quand même de son<br />

deuxième passage en tant<br />

qu'entraîneur au AC Horsens, club<br />

dans lequel il est resté 6 ans et a<br />

atteint le statut de légende).<br />

L'avenir de Happy Bo s'écrira, selon<br />

toute vraisemblance, en dehors de<br />

nos frontières dès l'été prochain. À<br />

voir comment le FC Zurich, qui fait<br />

l'ascenseur depuis plusieurs<br />

saisons au classement, rebondira<br />

avec un nouveau coach.<br />

Photo: FC Zurich<br />

Enfin, il faut aussi prendre en<br />

compte que l'effet Henriksen<br />

semble peu à peu s'essouffler. Sur<br />

les six derniers matchs, le FCZ a<br />

connu trois défaites, un nul, pour<br />

deux victoires. S'il continue sur ce<br />

rythme, le club risque bien de<br />

dégringoler au classement.<br />

Ainsi, pourrait-on peut-être<br />

résumer la jeune carrière<br />

d'Henriksen ainsi: il a toujours su<br />

convaincre par sa personnalité,<br />

mais a été stoppé par des résultats<br />

qui, sur le moyen terme, n'ont pas<br />

toujours été à la hauteur<br />

Son avenir sur le banc du FC Zurich est très<br />

incertain.


Guillaume Faivre<br />

Consultant<br />

blue Sport<br />

L’avis de<br />

L’export<br />

Comment décrirais-tu le coach du FC Zurich, Bo Henriksen ?<br />

C’est un entraîneur qui est vraiment actif sur le terrain. On sent qu'il vit ses matchs<br />

et qu'il essaie vraiment de faire passer un message à ses joueurs. Cela se ressent<br />

sur le terrain et en dehors aussi. Il a vraiment une énergie particulière, et cela a un<br />

impact positif sur l’équipe. On sent qu’elle répond à cette énergie et être réceptive.<br />

Son apport est positif au FCZ.<br />

Quelles sont les caractéristiques de ce FCZ qui représentent vraiment la<br />

marque du coach ?<br />

C'est pour moi une certaine forme d'intelligence. Quand Bo Henriksen a repris<br />

l'équipe en 2022, elle était en bas du classement. Sans vouloir tout chambouler, il a<br />

repris le groupe tel qu'il était. Ensuite, pendant la saison, il n'y a pas eu beaucoup<br />

de changements. Il a fait confiance aux valeurs sûres de ce groupe, même si celuici<br />

traversait une période compliquée après un titre. Il s'est vraiment fondu dans le<br />

moule. Il fallait redonner confiance à ce groupe qui avait un immense potentiel<br />

mais qui était vraiment dans une situation difficile.<br />

En l'espace d'une année, Henriksen a fait progresser son équipe de dernier du<br />

classement à la première place, si on prend le classement d'octobre 2022 à<br />

octobre 2023. Cela montre que cette équipe a vraiment progressé et a retrouvé la<br />

confiance. Il a misé sur des joueurs qui ont une forte personnalité comme<br />

Marchesano, Kamberi, Boranijasevic ou encore Guerrero.<br />

Il y avait un entraîneur, Foda, qui avait un peu tout bousillé, pour être vulgaire.<br />

C’est une autre dynamique qui s'est instaurée. Foda était très distant des joueurs.<br />

Henriksen, lui, est quelqu'un de très proche de son groupe. Il va toujours chercher<br />

le dialogue. Ce travail, c'est tout ce que l’on ne voit pas la semaine. Ce sont des<br />

paramètres mentaux qui rentrent en ligne de compte. Il prend ça vraiment très à<br />

cœur et il amène quelque chose de plus au niveau mental, au niveau de l'énergie<br />

et au niveau du langage du corps. On a retrouvé une équipe complètement<br />

transformée même si les deux derniers matchs se sont terminés par une défaite.<br />

Les joueurs ont du plaisir, ils vont fêter les victoires avec leurs fans. Ce sont aussi<br />

des images qui parlent d'elles-mêmes.<br />

C’est relativement rare de voir un entraîneur nordique dans le championnat<br />

suisse. Pourtant, ce football, et notamment le football danois, se développe<br />

très bien. Ont-ils de l’avance sur la Suisse ?<br />

C'est difficile à dire. Je me souviens qu’à YB, nous avons joué contre Midtjylland.<br />

Henrisken a entraîné cette équipe qui était sur une pente ascendante. Le club a<br />

énormément progressé et de manière relativement rapide. De son côté, il a<br />

participé à tout ça. C’est un club assez avancé sur la data, et je pense qu’il y a des


aspects qui sont bons à prendre du Danemark ou de l'étranger. Un entraineur<br />

étranger amène aussi un bol d'air frais dans ce milieu. C'est peu courant en Suisse,<br />

donc il faut savoir tirer le positif pour le transmettre chez nous.<br />

Son contrat se termine en fin de saison, et il est quasiment acquis qu’il ne<br />

restera pas entraîneur du FC Zurich. Pourtant, le club performe. Comment<br />

expliquer cela ? Habituellement, l’incertitude est plutôt un signe négatif pour<br />

les résultats d’un club.<br />

Je crois que le message de sa part a toujours été clair. Il n'a jamais parlé<br />

ouvertement – notamment dans la presse danoise - qu'il voulait absolument rester<br />

à Zurich. C’est un entraîneur qui a toujours dit clairement que ce n'était pas lui la<br />

personne importante, mais que c’était le club. C’est une situation inhabituelle et<br />

plus on avance, plus l’avenir de Henriksen au FC Zurich semble compromis. Cela a<br />

peut-être une incidence sur la récente dynamique du FCZ au fur et à mesure des<br />

matchs. Mais le groupe est assez professionnel pour faire abstraction de tout ça.<br />

Le FC Zurich peut-il refaire le coup de la saison 2021/22 en remportant le titre<br />

de champion de Suisse ?<br />

Difficile à dire, car l’équipe qui a été championne il y a deux ans est sensiblement<br />

la même qu’aujourd’hui. Maintenant, le FCZ devra étoffer son effectif s’il entend<br />

réaliser cet exploit. Henriksen l’a d’ailleurs déclaré dans les médias. Je ne suis pas<br />

sûr qu’il aura vraiment l’occasion de le faire. Mais cet hiver peut être déterminant<br />

pour le 2e tour et pour recoller à YB. Le club bernois semble avoir un avantage<br />

certain sur le titre. Et comme la situation de l’entraîneur n’est pas très stable, je ne<br />

suis pas sûr que les signaux soient tous au vert du côté de Zurich.<br />

Qu’est-ce qui manque au club pour gagner en stabilité et éviter de faire une<br />

bonne saison sur deux ?<br />

Je dirais que c’est la stabilité autour du groupe. On le voit avec ce coach, il faut<br />

trouver la bonne personne pour bien entourer l’effectif. Aujourd’hui, le groupe vit<br />

bien. Le reproche que l’on pourrait faire à Henriksen est d’avoir de la peine à faire<br />

jouer les jeunes de l'académie. Il se repose davantage sur les valeurs sûres. De<br />

manière générale, Zurich doit gagner en sérénité, notamment au niveau<br />

technique, sportif, et aussi au niveau politique.<br />

Quel est le joueur qui t’impressionne le plus au FC Zurich depuis le début de la<br />

saison ?<br />

Il y en a deux : Marchesano et Brecher. Le gardien du FCZ fait une immense saison.<br />

J’ai lu récemment qu’au niveau des statistiques, c'était le meilleur gardien du<br />

premier tour avec le plus grand pourcentage d'arrêts et le moins de buts<br />

encaissés. Il a une telle constance et est aussi un vrai leader sur le terrain. Il dégage<br />

une présence et une confiance qui se transmettent à toute son équipe. Pour<br />

Marchesano, à chaque fois qu'il est sur le terrain, il apporte ce plaisir et ce petit<br />

quelque chose en plus. J’aime beaucoup le voir jouer sur le terrain.


Penses-tu que l’étape suisse va permettre au coach danois de trouver un club<br />

du Big 5 ?<br />

Je le verrais bien dans le championnat anglais, par exemple, avec cette capacité<br />

de management. Cependant, les places sont extrêmement chères et il a encore<br />

des preuves à faire, notamment sur le plan européen.<br />

En Suisse, a-t-on, selon toi, un manque de profondeur en termes d'entraîneurs<br />

talentueux ?<br />

Je ne sais pas. Au niveau de la formation, je suis persuadé que la Suisse offre<br />

vraiment les meilleures formations qui puissent exister. Après, c'est toujours une<br />

question de charisme, de personnalité, et à mon avis, ça ne s'apprend pas. On l'a<br />

ou on ne l'a pas. Mais c'est vrai qu'avec Gerardo Seoane, avec Urs Fischer, et même<br />

Lucien Favre, nous avons clairement ces entraîneurs qui sont capables de se faire<br />

un nom sur la scène internationale. Pour réussir, il est primordial de savoir se<br />

réinventer, de ne pas tomber dans une routine. On l'a vu encore avec Urs. Il arrive à<br />

amener cette équipe au plus haut niveau en Ligue des champions, ça dure 5 ans<br />

et puis à un moment donné, le cycle se termine.


Photo: Thomas Henzelin


HORS FRONTIÈRES


STAR DÈS<br />

LE PLUS<br />

JEUNE ÂGE:<br />

LA CHUTE<br />

ASSURÉE ?


eaucoup de futurs cracks n’atteignent jamais le niveau que<br />

l’on attendait d’eux. Mauvais choix sportifs, coups du sort<br />

ou entourage défaillant : les raisons peuvent être multiples.<br />

Plongée sur les parcours pas si atypiques de Kays Ruiz-Atil,<br />

Xavi Simons et Endogan Adili.<br />

Tous les amateurs du jeu Football<br />

Manager les connaissent : les<br />

pépites. Comprenez ces très<br />

jeunes joueurs, âgés en général de<br />

15-16 ans, qui ont un haut potentiel<br />

et sont considérés comme les<br />

futurs Ballons d'Or de demain.<br />

Kays Ruiz-Atil, Hachim Matsour, ou<br />

Karamoko Dembelé. Ces noms<br />

vous disent peut-être quelque<br />

chose, pourtant, et malgré tout le<br />

potentiel que l’on mettait dans ces<br />

joueurs, il y a peu de chance que<br />

vous les ayez vu jouer au plus haut<br />

niveau.<br />

Kays Ruiz-Atil est né en 2002 à<br />

Lyon, un an avant Ryan Cherki. Il<br />

est le bon exemple du jeune<br />

joueur surmédiatisé qui, à force<br />

d’avoir tutoyé les sommets très<br />

vite, s’est brûlé les ailes.<br />

Aujourd’hui, à 21 ans, sa carrière au<br />

plus haut niveau semble bel et<br />

bien terminée, puisque l’AJ<br />

Auxerre, son dernier club, a résilié<br />

son contrat. Il n’a pas retrouvé<br />

d'employeur. Tout a pourtant<br />

commencé très fort et surtout très<br />

jeune pour le Franco-Marocain.<br />

Recruté à l’âge de 7 ans seulement<br />

par le FC Barcelone, il est un<br />

archétype des dérives du club<br />

catalan à l’orée des années 2010,<br />

condamné pour ce transfert par la<br />

FIFA pour «recrutements<br />

frauduleux de mineurs». Dans un<br />

monde du football dans lequel les<br />

sommes de transferts se sont<br />

affolées ces vingt dernières<br />

années, aller chercher des joueurs<br />

de plus en plus jeunes a<br />

représenté pour certains clubs une<br />

véritable course contre la montre il<br />

y a quelques années. À cause de<br />

cette condamnation, le jeune Kays<br />

sera privé de terrains pendant un<br />

an.<br />

Après cette mésaventure, Kays<br />

Ruiz-Atil signe en 2015 au Paris<br />

Saint-Germain. À 13 ans, c’est<br />

encore jeune, mais l’âge est plus<br />

convenable pour intégrer un<br />

centre de formation. Gestes<br />

techniques, dribbles, vista : le<br />

talent du milieu de terrain est très<br />

vite médiatisé sur les réseaux<br />

sociaux. Un an plus tard, il signe, à<br />

16 ans, son premier contrat<br />

professionnel. Cependant, celui-ci<br />

marquera le début de la fin pour le<br />

joueur. Après 5 ans à faire ses<br />

gammes chez les juniors, il n'aura<br />

le droit qu'à sept bouts de match<br />

avec l’équipe première, avant de<br />

retourner au FC Barcelone. Il ne<br />

portera pas le maillot du club<br />

catalan, et son expérience à l’AJ<br />

Auxerre se terminera également<br />

après une seule rencontre de<br />

Ligue 1. Abrupt.


Photo: Paris Saint-Germain<br />

Avant même d’avoir 18 ans, Kays Ruiz a connu l’Olympique Lyonnais,<br />

le FC Barcelone et le Paris Saint-Germain. Il est aujourd’hui sans club.<br />

Réagir pour ne pas se brûler les<br />

ailes<br />

Alors, comment expliquer cette<br />

chute ? Peut-être que Kays Ruiz-<br />

Atil aurait dû s’inspirer du parcours<br />

de Xavi Simons, qui a su faire un<br />

pas en arrière au bon moment. Le<br />

Néerlandais de Leipzig (en prêt du<br />

PSG) a un parcours proche de celui<br />

du Français : recruté à l’âge de 8<br />

ans par le FC Barcelone, il est très<br />

vite considéré comme un<br />

phénomène. Alors qu’il n’a pas<br />

encore joué un match avec les<br />

pros, des grands clubs de l’époque<br />

(Chelsea ou le Real) essaient de le<br />

recruter. Il atterrira finalement en<br />

2020 à Paris. Et alors qu’il n’a<br />

encore aucune expérience du haut<br />

niveau, il touche déjà un salaire<br />

d’un million d’euros.<br />

Mais deux ans plus tard, le constat<br />

n’est pas bon pour le jeune Xavi,<br />

qui n’a disputé que 11 rencontres. Il<br />

décide alors de retourner au pays,<br />

à Eindhoven. À 20 ans, il découvre<br />

le football du pays dans lequel il<br />

est né. Un choix payant, puisqu’il<br />

explosera lors de la saison 2022-<br />

2023. Il retourne au PSG cet été<br />

(qui avait une clause de rachat) et<br />

plutôt que de tenter directement<br />

de se faire une place au milieu de<br />

terrain, entre les Ugarte, Zaïre-<br />

Emery ou encore Vitinha, il se fait<br />

prêter au RB Leipzig, comme un<br />

deuxième palier intermédiaire.<br />

Cette saison, il s’assume dans un<br />

championnat qui est autant, si ce<br />

n’est plus relevé que la Ligue 1,<br />

dans une équipe solide et stable,<br />

reconnue pour mettre les jeunes


en avant et qui dispute la Ligue<br />

des Champions. À n'en pas douter,<br />

il parviendra à se faire une place au<br />

PSG ou en tout cas dans une<br />

équipe du même niveau dans un<br />

futur proche. Il est en tout cas déjà<br />

devenu un joueur important de sa<br />

sélection nationale.<br />

La capacité à faire les bons choix et<br />

à savoir rebondir. Voici<br />

probablement ce qui est le plus<br />

important dans le début de<br />

carrière des pépites. Certains<br />

parviennent à se faire une place<br />

grâce à la stabilité (Mbappé, Gavi<br />

ou Ansu Fati), tandis que d’autres<br />

font les bons choix de transfert. Un<br />

entourage sain aide sûrement.<br />

Surtout, il s’agit d'avoir la dose de<br />

chance nécessaire. Ou plutôt,<br />

savoir éviter les coups du sort, car<br />

les blessures guettent.<br />

Endogan Adili, le talent suisse<br />

des années 2010 monté très haut<br />

trop vite<br />

La Suisse a également connu son<br />

talent précoce. Une fusée, disparue<br />

des radars aussi vite qu’elle n’est<br />

apparue dans le paysage du<br />

football de notre pays.<br />

Présentation en quelques lignes.<br />

Nom, prénom : Adili Endoğan.<br />

Date de naissance : 3 août 1994.<br />

Poste : milieu de terrain offensif.<br />

Club actuel : FC Thalwil<br />

Le 13 mai 2010, à l’âge de 15 ans et<br />

283 jours, le joueur des<br />

Grasshoppers entre en jeu avec<br />

son club formateur. Il marque le<br />

premier but de sa carrière sur le<br />

terrain du Brügglifeld. Une réussite<br />

anecdotique pour le résultat du<br />

match, mais qui reste dans<br />

l’histoire de notre championnat : le<br />

jeune Endoğan devient le plus<br />

jeune joueur à y marquer. Record<br />

qui tient toujours. Au niveau<br />

européen, il déloge le record de<br />

l’Autrichien Gregoritsch. Le<br />

Zurichois en est convaincu à<br />

l’époque: il deviendra un joueur de<br />

classe mondiale.<br />

Ses prestations avec les Sauterelles<br />

pendant deux ans attirent le FC<br />

Bâle qui le recrute en 2012. Entretemps,<br />

le jeune binational<br />

helvético-turque a disputé 23<br />

matchs de Super League. Il a<br />

surtout déjà connu les malheurs<br />

d’une grosse blessure, «se faisant<br />

le ligament croisé.» Au FC Bâle, il<br />

alterne entre l’équipe réserve<br />

(normal pour un jeune de 18 ans)<br />

et trois bouts de matchs avec<br />

l’équipe première, qui lui<br />

permettront de faire partie de<br />

l’équipe vainqueur du titre de la<br />

saison 2013-2014.<br />

Malgré son faible temps de jeu, il<br />

est transféré à l’aube de son<br />

vingtième anniversaire chez le<br />

mastodonte Galatasaray. Il restera<br />

sous contrat chez le géant turc de<br />

2014 à 2018, sans n’y disputer<br />

aucun match officiel. Les raisons<br />

de ce fiasco ? La malchance,<br />

probablement, a joué un grand<br />

rôle. Adili collectionne les coups du<br />

sort, comme il l’expliquait<br />

dernièrement au Blick: «Le destin<br />

m’a frappé très souvent. Trois<br />

blessures aux ligaments croisés et<br />

quatre opérations. En fait, c’est un<br />

miracle que je puisse encore jouer<br />

sans douleur.»<br />

Lorsqu’il est rétabli en 2018,<br />

Endoğan Adili accepte de résilier<br />

son contrat, mettant de côté<br />

beaucoup d’argent, pour relancer<br />

véritablement sa carrière en<br />

Suisse. Le problème est qu’il est<br />

complètement disparu des radars<br />

et aucun club de Super League ne<br />

veut prendre le risque d’engager


un joueur plus si jeune qui a déjà<br />

trois grosses blessures derrière lui.<br />

Adili se décide alors de faire une<br />

croix sur le football professionnel.<br />

Suivront des passages dans des<br />

clubs semi-professionnels de la<br />

région zurichoise : FC Kosova, SC<br />

YF Juventus, et depuis 2022 au FC<br />

Thalwil.<br />

Le jeune homme a toutefois trouvé<br />

son équilibre dans sa nouvelle vie<br />

de joueur amateur et d’entraîneur<br />

des jeunes au FC Zurich.<br />

Probablement que le football de<br />

haut niveau ne peut s’ouvrir à tous<br />

les talents, aussi précoces soientils.<br />

Et c’est mieux ainsi.<br />

Photo: Grasshopper Club


Photo: Thomas Henzelin


TALENT DE DEMAIN<br />

SURDEZ<br />

FRANCK<br />

L'ESPOIR SUISSE<br />

INATTENDU DE<br />

CHALLENGE<br />

LEAGUE<br />

Photo: Xamax


Rédaction: Emanuel Staub, bolzplazz.ch / Scout FC Winterthur<br />

Il est sur toutes les lèvres cet automne : Franck Surdez, le joyau de<br />

Xamax et la nouvelle étoile montante de l'équipe nationale M21. Qui<br />

est cet ailier en pleine ascension ? Et quel potentiel sommeille en lui?<br />

«Est-ce que tu connais Franck<br />

Surdez ?», me demande-t-on<br />

début novembre dans les tribunes<br />

d'un stade. La question vient d'un<br />

homme d'âge moyen, un<br />

recruteur expérimenté d'un club<br />

de deuxième division allemande,<br />

avec qui j'ai entamé la<br />

conversation pendant la pause.<br />

«Quel joueur fantastique»,<br />

s'enthousiasme-t-il. Bien sûr que<br />

je connais Surdez. Et depuis<br />

longtemps. Je le connaissais déjà à<br />

l'époque où il évoluait encore dans<br />

les équipes jeunes de Xamax, loin<br />

de la première équipe. À l'époque,<br />

il m'avait d'abord tapé dans l'œil<br />

en raison de sa coiffure<br />

caractéristique. Sa tête blonde et<br />

bouclée attire l'attention et lui<br />

confère un caractère unique. Rien<br />

que pour son look, Surdez se<br />

distingue de la masse. Ce sont<br />

souvent les particularités<br />

extérieures (cheveux,<br />

morphologie, style de course) qui<br />

attirent l'attention des<br />

observateurs sur un joueur. Mais<br />

c'est ensuite le talent<br />

footballistique qui détermine si le<br />

joueur restera dans les mémoires.<br />

Et dans le cas de Surdez, il est clair<br />

qu'il n'a pas seulement le look,<br />

mais aussi un grand talent de<br />

footballeur.<br />

Meilleur buteur de Challenge<br />

League<br />

Au cours du dernier semestre,<br />

Surdez a réussi à percer<br />

définitivement. Et sa carrière est<br />

vraiment lancée. Le fait que même<br />

les recruteurs allemands, réputés<br />

très critiques, soient désormais<br />

séduits par lui le prouve: ce pur<br />

produit de Xamax a quelque chose<br />

de spécial. Il suffit de regarder la<br />

liste des joueurs décisifs de<br />

Challenge League pour s'en<br />

rendre compte. Son nom y figure<br />

en tête - avec 14 contributions à<br />

un but (7 buts, 7 passes décisives),<br />

il est au-dessus de tous les autres<br />

joueurs de la ligue. Pas mal pour<br />

un joueur de 21 ans qui n'a que 60<br />

matchs professionnels dans les<br />

jambes.<br />

Mais ce qui rend Surdez si<br />

intéressant, ce n'est pas<br />

seulement son rendement<br />

offensif, mais plutôt son profil. Il<br />

évolue sur l'aile gauche, d'où il<br />

peut se projeter dans l'axe et<br />

utiliser son bon pied droit pour<br />

conclure ou centrer au deuxième<br />

poteau. Surdez est relativement<br />

grand (plus de 1,85 m), mais très<br />

fin. Cette finesse lui confère une<br />

agilité et une élégance extrêmes.<br />

S'il parvient à s'imposer dans le<br />

football professionnel malgré son<br />

manque de puissance physique,<br />

c'est grâce à une excellente<br />

tension corporelle qui lui permet<br />

de résister au duel et à une vitesse<br />

qui lui permet d'échapper à la<br />

pression adverse.<br />

Surdez glisse sur le terrain avec<br />

souplesse et légèreté, jaillit en<br />

profondeur de manière explosive<br />

lorsque l'occasion se présente, ou<br />

cherche avec audace et assurance<br />

des situations de un contre un et<br />

des possibilités de conclure.


Lorsqu'il a le ballon au pied,<br />

Surdez peut faire bouger les<br />

choses à lui tout seul, avec flair,<br />

sens du jeu et qualité technique.<br />

Que ce soit par ses dribbles<br />

efficaces, ses courses dynamiques<br />

avec le ballon ou sa créativité. En<br />

outre, il est relativement habile<br />

des deux pieds, dispose d'une<br />

bonne orientation et d'une grande<br />

sensibilité au niveau du pied. Son<br />

profil d'aptitudes est donc<br />

extrêmement complet. Il y a peu<br />

de choses qu'il ne sache pas faire.<br />

Un regard sur les statistiques le<br />

souligne également. Avec un total<br />

de 125 dribbles, Surdez occupe la<br />

deuxième place de la ligue dans<br />

ce domaine, seul le Valaisan Ilyas<br />

Chouaref (154) le dépasse. En ce<br />

qui concerne les passes clés -<br />

c'est-à-dire les passes qui mènent<br />

directement à une possibilité de<br />

but d'un coéquipier - le joyau de<br />

Xamax est même en tête avec une<br />

moyenne de 1,41 par match. Il en<br />

va de même pour les centres (6,32<br />

par 90 minutes). Surdez est<br />

également dans le groupe de tête<br />

pour les buts marqués (3,09 par 90<br />

minutes).<br />

Que signifie tout cela ? Les chiffres<br />

confirment ce que l'on voit à l'œil<br />

nu, à savoir que Surdez a une<br />

grande importance pour le jeu de<br />

son équipe. Qu'il est un joueur qui<br />

fait la différence et qui peut faire la<br />

différence avec des actions<br />

individuelles. C'est très précieux. Et<br />

cela fait de lui un joueur très<br />

convoité. Le recruteur allemand<br />

me dit qu'il a déjà entendu parler<br />

de l'intérêt de l'Italie pour le jeune<br />

ailier. Cela ne serait pas<br />

surprenant. Mais un transfert audelà<br />

des Alpes serait peut-être<br />

encore un peu prématuré. En<br />

Super League aussi, l'ascension<br />

fulgurante de Surdez devrait être<br />

suivie de près. Il est possible que<br />

dès cet hiver, les premiers clubs<br />

tentent d'engager la shooting star<br />

La prochaine étape<br />

logique pour Franck<br />

Surdez serait la Super<br />

League. Le jeune homme<br />

est courtisé !<br />

KMedia<br />

de cette saison de Challenge<br />

League. Ce serait aussi une<br />

prochaine étape judicieuse pour<br />

lui.<br />

Débuts timides et désormais<br />

titulaire dans l'équipe nationale<br />

des moins de 21 ans<br />

Un coup d'œil sur son passé<br />

montre que l'évolution rapide de<br />

Surdez ne va pas de soi. Rien ne lui<br />

a été donné. Il a dû se battre pour<br />

obtenir la carrière qu'il a<br />

aujourd'hui. Il a grandi dans une<br />

famille financièrement<br />

défavorisée, à la limite de la<br />

pauvreté. À l'adolescence, d'autres<br />

joueurs du centre de formation de<br />

Xamax avaient une meilleure<br />

situation et de meilleures<br />

perspectives. Mais il n'était pas<br />

question d'abandonner. Cette<br />

ténacité, associée à sa classe<br />

footballistique indéniable, son<br />

explosivité et son imprévisibilité,<br />

ont fait de lui, après la puberté, le<br />

joueur le plus prometteur de la<br />

relève du Team BEJUNE depuis<br />

Cédric Zesiger.


Photo: FC Lucerne<br />

Photo: Xamax<br />

Xamax n'avait pas connu l'éclosion d'un tel talent depuis l'actuel joueur de<br />

Wolfsburg, Cédric Zesiger.


Uli Forte a également joué un rôle<br />

important dans sa carrière.<br />

L'entraîneur de Xamax est à<br />

l'origine de l'explosion des<br />

performances de Surdez cette<br />

saison. Lorsque Forte est arrivé à<br />

Neuchâtel au printemps dernier,<br />

Surdez faisait partie des M21. Après<br />

l'échec de son transfert au<br />

Lausanne-Sport l'été précédent, il<br />

est retourné volontairement dans<br />

la deuxième équipe de Xamax,<br />

inscrite en 1ère ligue classique.<br />

Forte l'a "gracié" pour sa tentative<br />

de départ l'année précédente et l'a<br />

réintégré dans la première équipe.<br />

Surdez a saisi cette deuxième<br />

chance. Et il est maintenant en<br />

route vers l'élite nationale.<br />

L'équipe nationale des moins de 21<br />

ans en fait également partie. Cet<br />

automne, un changement de<br />

génération a eu lieu: la "vieille<br />

garde" composée de Zeki<br />

Amdouni, Dan Ndoye ou Kastriot<br />

Imeri a dépassé l'âge des moins de<br />

21 ans et n'est plus autorisée à<br />

jouer. Avec eux, l'équipe a<br />

également perdu une grande<br />

partie de sa dangerosité offensive.<br />

C'est justement aux postes<br />

d'ailiers, où l'ancienne génération<br />

était luxueuse avec des joueurs<br />

comme Ndoye, déjà mentionné,<br />

mais aussi Julian Von Moos ou<br />

Darin Males, qu'il manque<br />

désormais beaucoup de<br />

substance. C'est Franck Surdez qui<br />

a pris la relève. Et il est devenu en<br />

un rien de temps indispensable à<br />

l'aile gauche de la Nati M21. Il a été<br />

titulaire dans tous les 5 matchs de<br />

qualification pour l'Euro. Et il a fait<br />

ce qu'il fait aussi pour Xamax: être<br />

décisif. Certes, il attend encore son<br />

premier but. Mais son bilan de 4<br />

passes décisives est<br />

Le jeune joueur de 21 ans est le joueur le<br />

plus efficace de Challenge League.<br />

Photo: Xamax<br />

impressionnant. Et cela montre<br />

que Surdez est déjà un élément<br />

important pour l'équipe nationale<br />

M21.<br />

Jusqu'où peut-il aller ?<br />

Le passé l'a prouvé : même pour<br />

les joueurs qui se sont distingués<br />

en Challenge League, le passage à<br />

un niveau supérieur n'est pas<br />

toujours facile. Rodrigo Pollero<br />

(meilleur buteur en 2020/21,<br />

aujourd'hui de retour à<br />

Bellinzone), Joaquin Ardaiz<br />

(meilleur buteur en 2021/22,<br />

aujourd'hui à Sanliurfaspor) et<br />

Teddy Okou (meilleur buteur en<br />

2022/23, aujourd'hui à Lucerne)<br />

ont tous échoué ou ne sont pas<br />

encore vraiment arrivés en Super<br />

League. Ce sont des exemples<br />

d'avertissement pour Surdez.<br />

D'autres, comme Zeki Amdouni,


Photo: Xamax<br />

La bonne forme de Franck Surdez maintien Xamax dans le haut du classement.<br />

Shkelqim Vladi ou Nicky Beloko,<br />

ont réussi leur passage sans<br />

problème.<br />

Il ne fait aucun doute que Surdez a<br />

le potentiel pour une carrière à un<br />

niveau supérieur. Mais jusqu'où<br />

peut-il aller ? S'il progresse dans<br />

certains domaines - à commencer<br />

par le physique (mais la frontière<br />

est mince, car avec plus de masse<br />

musculaire, il risque de perdre de<br />

son agilité), la mentalité et le<br />

professionnalisme en dehors du<br />

terrain - alors on peut lui faire<br />

confiance. Car des joueurs comme<br />

lui ne poussent pas vraiment dans<br />

les arbres, du moins en Suisse.<br />

Surdez est capable de marquer<br />

des buts, mais aussi de créer des<br />

occasions. Il est excellent sur le<br />

plan technique, allie l'esprit de jeu<br />

et l'intelligence au dynamisme et<br />

à la vitesse. Cette combinaison est<br />

rare. Et elle fait rêver. La Suisse<br />

aura-t-elle donc bientôt un nouvel<br />

espoir inattendu en la personne<br />

de Franck Surdez ? Le temps nous<br />

le dira. Mais il en a certainement le<br />

potentiel.

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