Corner Magazine #2
Jean-Pierre Nsame est l'une des meilleures gâchettes de Super League et d'Europe. Il nous raconte son histoire. Débarqué à Salzburg avec l'étiquette de grand talent du football suisse, nous avons rencontré Bryan Okoh tout juste revenu de blessure.
Jean-Pierre Nsame est l'une des meilleures gâchettes de Super League et d'Europe. Il nous raconte son histoire. Débarqué à Salzburg avec l'étiquette de grand talent du football suisse, nous avons rencontré Bryan Okoh tout juste revenu de blessure.
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CORNER<br />
JEAN-PIERRE<br />
NSAME<br />
Entretien à coeur ouvert<br />
ANGES<br />
GARDIENS<br />
La belle histoire des Suisses<br />
de Bundesliga<br />
BRYAN<br />
OKOH<br />
Le retour en force<br />
AVRIL 2023 <strong>#2</strong>
L'ÉDITO'<br />
LE FC BÂLE<br />
S'ATTAQUE À<br />
L'EUROPE<br />
Non, non, vous ne rêvez pas !<br />
L'actuel septième de Super<br />
League - à six longueurs de la<br />
deuxième et de la neuvième<br />
place - est en demi-finales de la<br />
Conference League. Talentueux,<br />
chanceux, inexpérimentés,<br />
accrocheurs ou historiques, les<br />
mots ne manquent pas lorsqu'il<br />
s'agit d'évoquer cette équipe<br />
bâloise. Après avoir arraché sa<br />
qualification et un bout de<br />
maillot à Nice, les hommes<br />
d'Heiko Vogel iront se frotter<br />
(c'est le cas de le dire) à la<br />
Fiorentina d'un certain Arthur<br />
Cabral. Pas une mince affaire<br />
pour une équipe capable du<br />
pire comme du meilleur. Car oui,<br />
avec des batteries rechargées,<br />
l'impressionnante machine à<br />
courir de Saint-Jacques est bien<br />
capable de nous emmener tout<br />
droit en République Tchèque le 7<br />
juin prochain pour une soirée<br />
inoubliable. On croise les doigts,<br />
tout en leur souhaitant de ne<br />
pas passer à côté de l'Europe...<br />
en championnat !
CONTENU<br />
JP<br />
NSAME<br />
Pas loin de devenir le deuxième<br />
meilleur buteur de l'histoire des<br />
Young Boys, l'international<br />
camerounais se livre sans<br />
détour. Interview exclusive.<br />
TALENT<br />
ACADÉMIE<br />
Connu pour être un club de<br />
milieu de tableau de Super<br />
League, le FC Lucerne se voit<br />
coller l'étiquette de producteur<br />
de talents depuis quelques<br />
années. Reportage.<br />
BRYAN<br />
OKOH<br />
De retour d'une grave blessure<br />
au genou, Bryan Okoh retrouve<br />
le sourire. L'occasion de faire le<br />
bilan de ses premiers pas en<br />
Autriche et de nourrir des<br />
ambitions forte pour cet été.<br />
Entretien exclusif.
SUISSE<br />
ESPOIRS<br />
L'équipe de Suisse, ce n'est pas<br />
seulement l'équipe A. Retrouvez<br />
l'actualité de toutes les<br />
sélections suisses, les<br />
ambitions de l'ASF et les jeunes<br />
joueurs à suivre.<br />
ZOOM<br />
MOINS 18<br />
Zoom sur le championnat de<br />
Suisse des moins de 18 ans. Un<br />
championnat où les recruteurs<br />
prennent leur quartier et où des<br />
jeunes footballeurs façonnent<br />
leur rêve de devenir<br />
professionnel.<br />
NUMÉRO<br />
UN<br />
La Suisse est désormais<br />
réputée pour la qualité de ses<br />
gardiens de but. L'Allemagne<br />
l'a bien compris et mise sur nos<br />
portiers. Retour sur l'histoire<br />
des gardiens helvétiques de<br />
Bundesliga.<br />
IMPRESSUM<br />
RÉDACTION | Julien MORET Bastien FELLER<br />
Romain BLANCHARD Ludovic CHEVALIER Téo NANIA<br />
PHOTOGRAPHIE | Maya CRETEGNY<br />
PRODUCTION | KMedia
À COEUR OUVERT<br />
NSAME<br />
"J'AI TOUJOURS<br />
VOULU MARQUER<br />
UN CLUB DE MON<br />
PASSAGE"
BSC YB<br />
e rendez-vous était<br />
fixé à Berne, au<br />
restaurant Eleven du<br />
Wankdorf. Un lieu<br />
spécial tant pour Lnotre invité du jour que pour les<br />
fans bernois qui l’inondent pour<br />
suivre les matchs à l’extérieur<br />
du club jaune et noir. Assis<br />
devant un tableau remémorant<br />
les célébrations du sacre de<br />
2018, le symbole est fort pour<br />
entamer une discussion qui<br />
durera plus de deux heures.<br />
C’est d’ailleurs lors de cette<br />
saison que Jean-Pierre Nsame a<br />
rejoint le club de la capitale<br />
pour y écrire son histoire. Un<br />
récit qui, pour l’instant, a vu<br />
l’attaquant camerounais inscrire<br />
121 buts en 208 matches, et<br />
surtout remporter quatre titres<br />
de champion suisse, ainsi<br />
qu’une coupe. Une sacrée<br />
trajectoire et surtout une<br />
réussite qu’il associe à la force<br />
de son travail et de son mental<br />
à tout épreuve. Façonné par la<br />
vie, l’attaquant camerounais ne<br />
se fixe aucune limite pour être<br />
sur de toucher le ciel. Interview<br />
exclusive.<br />
OALS
Face au FC Bâle, tu as inscrit<br />
ton 95e but en championnat<br />
avec YB, c'est quelque chose<br />
d'incroyable, comment vis-tu<br />
la chose ?<br />
Je suis très content, parce que<br />
c'est un but qui, vu la<br />
physionomie du match, nous<br />
permet de repartir avec un point<br />
et aussi parce que je dépasse<br />
Guillaume (Hoarau). C'est celui<br />
qui m'a beaucoup aidé et qui<br />
m'a préparé à sa succession.<br />
C’est un privilège de pouvoir le<br />
dépasser et de pouvoir me dire<br />
que, du moins pour l'instant, je<br />
serai le meilleur buteur des<br />
temps modernes. Et puis j'ai<br />
toujours voulu marquer un club<br />
de mon passage et je trouve<br />
que c'est une belle manière de<br />
le faire. Mais ce n’est pas fini.<br />
Ernst Wechselberger (2ème),<br />
s’est arrêté à 130 buts. Il te<br />
reste encore 6 matchs cette<br />
saison et une année de<br />
contrat pour le dépasser…<br />
On ne sait jamais ce que le<br />
football réserve. Il y a des belles<br />
perspectives et j'ai toujours<br />
fonctionné comme ça. Cela<br />
étant, ça n’a jamais été un<br />
objectif, je n’ai jamais regardé<br />
les classements. Ce sont juste<br />
des infos qui viennent à moi<br />
petit à petit. Plus j'avance, plus<br />
je marque des buts et<br />
forcément, je me rapproche des<br />
légendes du club. C’est à ce<br />
moment-là qu'on commence à<br />
m'en parler, mais ce ne sont pas<br />
des choses qui me perturbent.<br />
J'avance toujours avec les<br />
mêmes pensées : jouer au foot,<br />
respecter le jeu et les<br />
partenaires. Ce n'est pas parce<br />
que je suis à un but d'une<br />
légende que je vais plus frapper<br />
au but. Non, je continue<br />
simplement à respecter la<br />
direction du jeu et ce qui devra<br />
arriver arrivera.<br />
Est-ce que le jeune Jean-<br />
Pierre s’imaginait vivre cela?<br />
Le jeune Jean-Pierre rêvait de<br />
jouer au Real Madrid, de goûter<br />
à la Ligue des Champions et de<br />
faire partie des meilleurs<br />
buteurs du monde. Aujourd'hui,<br />
quand je regarde ce jeune-là et<br />
les ambitions qu'il avait, je me<br />
dis qu’à part jouer au Real, il n'y<br />
a rien que je n’ai pas pu<br />
accomplir. Parfois, j'en parle<br />
avec certains, ils me disent «<br />
comment ça se fait que tu as<br />
cette vision-là ? », je réponds<br />
tout simplement que si j'avais<br />
joué au Real, je n'aurais été<br />
qu'un joueur de passage alors<br />
qu’en étant aux Young Boys et<br />
en ayant fait ce que j'ai fait, je<br />
sais que je ne le suis pas.<br />
Aujourd'hui, en Suisse, les gens<br />
me connaissent et savent ce<br />
que j'ai fait. Ils savent les choses<br />
que j'ai réalisées avec YB. Donc,<br />
à part le rêve de jouer pour le<br />
Real Madrid, tout le reste a été<br />
coché. Autant la Coupe<br />
d'Europe que la Coupe du<br />
monde. Il n'y a rien que je n'ai<br />
pas pu toucher. Ça me permet<br />
de dire que, quand on a des<br />
ambitions et des rêves, il faut<br />
travailler pour. Parfois, on les<br />
réalise complètement, mais<br />
parfois pas. Il faut savoir se<br />
contenter de ce qu'on arrive à<br />
réaliser et se satisfaire de ça.
Peux-tu nous raconter<br />
comment s’est passé ton<br />
enfance et ensuite ton<br />
arrivée en France ?<br />
Je suis né dans une famille très<br />
modeste. Mes parents se sont<br />
séparés quand j'étais très jeune,<br />
donc jusqu’à mes 6 ans, je n’ai<br />
pas de souvenir avec mon père.<br />
Ensuite, avec ma sœur, je suis<br />
venu en Europe pour le<br />
retrouver. Ma mère biologique,<br />
à ce moment-là, fait un<br />
sacrifice. Elle laisse partir ses<br />
enfants sans savoir quand ils<br />
reviendront. D'ailleurs, la seule<br />
fois que je suis revenu au<br />
Cameroun, c'était 18 ans plus<br />
tard pour rejoindre la sélection.<br />
Entre-temps, je n’avais jamais<br />
eu l'occasion de pouvoir y aller.<br />
Donc j'arrive en Europe, sur un<br />
continent dont je ne connais<br />
rien. Pour moi, le monde était<br />
comme l'Afrique. Mais là, j'arrive<br />
et je vois des routes<br />
goudronnées, je vois des<br />
voitures, des feux, des avions<br />
qui décollent de partout, etc.<br />
Tout ça était nouveau. Je pense<br />
que j'ai reçu du bon Dieu cette<br />
capacité de m'adapter vite à un<br />
nouvel environnement et donc je<br />
suis parvenu à m'adapter. Cela<br />
étant, notre style de vie ne<br />
s'améliore pas plus que ça. On<br />
va dire que le fait d'être en<br />
Europe ouvre beaucoup plus de<br />
possibilités de manière<br />
générale. Mais voilà, j'avais<br />
toujours eu ce rêve de devenir<br />
joueur de foot. Ma mère<br />
biologique me répète parfois<br />
que je suis né avec un ballon et<br />
que c'est un ballon qui m'a fait<br />
marcher. D’ailleurs, j'ai marché<br />
très tôt. Vers les 8-9 mois,<br />
Ma mère me<br />
répète que je suis<br />
né avec un ballon<br />
je marchais déjà, mais je<br />
marchais parce qu'il y avait un<br />
ballon. Donc, après, je<br />
commence ma vie en France<br />
avec mon père et elle est<br />
marquée par plusieurs<br />
événements, notamment des<br />
difficultés. L'une des premières a<br />
été l'école. Au Cameroun, on<br />
avait ce qu'on appelle « l'école<br />
buissonnière ». C'est-à-dire<br />
qu’une semaine, c'est que le<br />
matin, et la semaine d'après ce<br />
n'est que l'après-midi. Donc<br />
quand j'arrive en région<br />
parisienne, dans ma première<br />
école, je vais à l'école le matin,<br />
mais je n’y retourne pas l'aprèsmidi.<br />
L'école appelle donc mon<br />
père pour lui dire que je ne suis<br />
pas venu et ensuite il me<br />
demande pourquoi. Je lui dis<br />
que je suis parti le matin. Mais il<br />
me dit qu’ici, c’est toute la<br />
journée et ça, je ne le savais<br />
pas. Finalement, vers mes 11 ans,<br />
avec beaucoup de<br />
complications aussi au niveau<br />
familial, je me suis forgé le<br />
caractère que j'ai aujourd’hui.<br />
Ensuite, ma mère adoptive<br />
m'adopte et je rencontre mon<br />
frère, qui est Portugais et dont je<br />
suis très proche, à l’école.
Je grandis dans cet<br />
environnement, là où je me sens<br />
beaucoup plus à l'aise. On me<br />
laisse faire c'est ce que j'aime :<br />
jouer au foot. D'ailleurs, mon<br />
frère aussi rêvait d'être joueur<br />
de foot et, aujourd'hui, il fait<br />
partie de mon équipe d'agents.<br />
C'est lui qui me représente<br />
lorsque je ne peux pas<br />
répondre. Au niveau des<br />
questions importantes, de ma<br />
mentalité et de comment je<br />
pense, c'est le seul qui est en<br />
mesure de vous donner à 95%<br />
une réponse que je pourrais<br />
donner. J'essaye de lui faire<br />
vivre sa passion du foot et lui,<br />
de son côté, il met beaucoup<br />
d'énergie pour pouvoir m'aider à<br />
continuer à vivre ce rêve-là.<br />
Mon enfance a donc été<br />
marquée par beaucoup de<br />
choses. De nombreux hauts et<br />
bas qui m’ont fait grandir, m’ont<br />
donné cette mentalité-là et<br />
cette capacité à m'adapter.<br />
As-tu vu le football comme<br />
un exutoire ?<br />
Oui. Je me rappelle qu’un jour<br />
mon père me punit pour la<br />
énième fois et il m’interdit d’aller<br />
au foot. Pour moi, tu pouvais me<br />
punir de tout, sauf d’aller jouer<br />
au foot. J’y vais finalement et<br />
derrière ça se passe mal. Je<br />
pouvais accepter toutes les<br />
sanctions, sauf si c’était en<br />
rapport avec ça. J'étais prêt à<br />
transgresser beaucoup<br />
d'interdiction et beaucoup de<br />
lois pour aller sur un terrain,<br />
m'éclater en jouant et aussi en<br />
mettant en place les bases de<br />
ce que je voulais faire plus tard.<br />
J’estime que cela a commencé<br />
à ce moment-là et peut-être<br />
que, si je n’avais pas été un<br />
enfant désobéissant pour le<br />
foot, je n’aurais pas atteint le<br />
niveau que j'ai aujourd'hui.<br />
Parfois, j'en parle avec mon<br />
frère et je lui dis qu’il a trop<br />
écouté son père et que moi, je<br />
n’ai pas assez écouté le mien<br />
(rires).<br />
Penses-tu que le foot a aidé<br />
ton intégration dans ce<br />
nouveau pays ?<br />
Oui, parce que, par le biais du<br />
foot, je me faisais des amis.<br />
Parfois, quand j'étais à l'école,<br />
ça m'arrivait de jouer contre un<br />
mec d'une autre classe, mais<br />
qui était dans un autre club,<br />
celui de la ville d'à côté par<br />
exemple. Le foot a ce pouvoir<br />
de réunir les gens, de pouvoir<br />
leur faire partager un même but.
Du moins pendant les 90<br />
minutes du match, car on est<br />
tous concentrés sur le même<br />
objectif et, forcément, cela tisse<br />
des liens. Je dis toujours que,<br />
par le foot, j'ai pu en quelque<br />
sorte choisir ma famille, choisir<br />
avec qui je veux être, avec qui je<br />
ne veux pas être et apprendre<br />
de ces personnes. Tout ça, c'est<br />
ce qu’est pour moi le foot. Une<br />
grande table d'apprentissage.<br />
Parfois également, avec le<br />
talent que tu as, les gens te<br />
regardent et viennent vers toi. Si<br />
tu es un bon joueur, ils viennent<br />
plus facilement vers toi. Je<br />
pense que cela m’a aussi aidé.<br />
J’ai pu attirer des gens vers moi<br />
et ensuite, à mon tour, m’ouvrir.<br />
À quel moment tu te dis que<br />
tu peux faire quelque chose<br />
dans le foot, que tu peux en<br />
faire ton métier ?<br />
Je n'ai jamais eu en tête que ça<br />
n'allait pas marcher. J’ai<br />
toujours été sûr. J'avais cette<br />
certitude en moi que, même s'il<br />
fallait que j'aille en Bulgarie ou<br />
je ne sais où pour être<br />
professionnel, j'étais prêt à faire<br />
des sacrifices. Je me rappelle<br />
qu’à l'école, mes profs m'ont<br />
toujours posé la question parce<br />
qu'ils me disaient que j'étais<br />
intelligent, mais voyaient que je<br />
ne donnais pas beaucoup<br />
d'importance aux études. Je<br />
donnais le minimum hormis<br />
dans certaines matières où<br />
j'étais un peu meilleur parce que<br />
c’étaient des choses qui allaient<br />
dans le sens de mes priorités. Je<br />
dis que je voulais être joueur de<br />
foot, mais je ne voulais pas<br />
simplement être un joueur de<br />
foot qui joue et qui gaspille son<br />
argent sans rien faire à côté.
Non, je voulais être un joueur de<br />
foot, mais pouvoir aussi faire<br />
des choses à côté, investir<br />
intelligemment mon argent.<br />
Donc les cours qui pouvaient<br />
aller dans la vision que j'avais<br />
de la carrière et de comment je<br />
voulais mener ma vie, j'étais un<br />
peu meilleur que sur les autres<br />
ou je me disais « ouais là, j'ai<br />
juste besoin du minimum et le<br />
reste, je l’apprendrai durant ma<br />
vie au fur et à mesure ». Et<br />
quand les profs me disaient « et<br />
si jamais le foot ça ne marche<br />
pas ? », à l'intérieur de moi, je<br />
bouillonnais de leur demander<br />
qui ils étaient pour me dire ça.<br />
C'est quelque chose qui m'a<br />
conditionné. Je ne me donnais<br />
pas d'autres options que cellelà<br />
et je n’en voulais pas d'autres.<br />
Donc, à chaque fois, je faisais<br />
les choix en fonction de cet<br />
objectif. Je me rappelle, quand<br />
j'étais au Bourget, je finis mon<br />
année en 14 ans et j'ai le<br />
passage en 15 ans. Il n’y a qu’un<br />
pont qui sépare le Bourget et<br />
Drancy, deux villes rivales.<br />
Drancy avait la meilleure<br />
catégorie 15 ans de la région et<br />
avait l'objectif de monter en 16<br />
ans nationaux. Et moi, j'ai cette<br />
fibre d'être attiré par les défis.<br />
Vu que je voulais jouer dans la<br />
catégorie la plus haute de mon<br />
âge, je n’ai pas eu de problème<br />
à quitter le Bourget parce que<br />
ça allait dans la vision et dans<br />
la progression que je voulais<br />
avoir. Je ne voulais pas rester<br />
au Bourget en 15 ans et attendre<br />
encore un an pour<br />
potentiellement monter en 16<br />
ans nationaux deux ans plus<br />
tard. Je voulais tout de suite<br />
continuer ma progression.<br />
Quand j’arrive à Drancy, on a ce<br />
deal avec le club que l'objectif<br />
est de faire la montée et que<br />
mon objectif personnel est de<br />
trouver un centre de formation.<br />
À la fin de la saison, j'ai marqué<br />
20 ou 21 buts et ensuite, j'ai<br />
signé à Angers.<br />
Comment se passent tes<br />
premiers pas dans le monde<br />
pro ?<br />
Très bien. La première fois que<br />
je joue en professionnel, c'était<br />
lors d’un Angers-Metz en 2012.<br />
J'allais avoir 19 ans. Je m'en<br />
souviens très bien. Je joue un<br />
match avec la réserve, d'ailleurs<br />
je n’avais pas été très bon, et<br />
dans le car, le coach de la<br />
réserve, Laurent Viaud,<br />
m'appelle à l'avant et me dit<br />
que la semaine prochaine, je<br />
vais avec les pros. Pour moi, le<br />
match que je venais de faire et
ce que je venais de recevoir ne<br />
collaient pas. Je ne comprenais<br />
pas comment, avec le match<br />
que j’avais fait, je pouvais me<br />
retrouver avec les pros. Je suis<br />
quelqu’un de très exigeant, qui ai<br />
grandi dans la performance. En<br />
Ligue 2, nous jouions le vendredi.<br />
Cette semaine là, je m’entraîne<br />
avec les pros et je loupe les deux<br />
derniers jours d’école. Pour mon<br />
premier match, je rentre à Metz<br />
et je ne passe pas loin de<br />
marquer puisque je tire sur le<br />
poteau. À partir de ce momentlà,<br />
j'ai commencé à faire<br />
régulièrement les entraînements<br />
avec les pros. Ce qui veut dire<br />
que je loupais pas mal l’école.<br />
Mais j'avoue que j'étais aussi<br />
feignant, parce qu’après<br />
l'entraînement, je pouvais y<br />
retourner, mais je préférais rester<br />
au centre et dormir. Je mettais<br />
ça sur le dos des entraînements<br />
(rires). Finalement, à la fin de<br />
l'année, j'avais créé quelques<br />
liens avec les pros. Je me<br />
rappelle que lors du dernier<br />
entraînement de la saison,<br />
Claudio Keserü, Nicolas Gillet,<br />
Olivier Auriac et les autres me<br />
demandent si je viens avec eux<br />
en stage, car ils trouvaient que<br />
cela serait bien pour ma<br />
progression. Mais moi, la seule<br />
chose que je savais, c'est qu'il<br />
fallait que je me prépare pour le<br />
bac alors que j'avais manqué<br />
cent heures de cours. Mais<br />
quand je finis cet entraînementlà,<br />
le coach, Stéphane Moulin,<br />
m’appelle pour me dire que je<br />
vais avec eux en stage, car le<br />
mercato n'est pas fini et qu’ils<br />
prennent des jeunes pour<br />
compléter l’effectif. Je vais donc<br />
en stage avec, notamment,<br />
Sofiane Boufal. À la fin de ce<br />
stage, on joue un match amical<br />
dans lequel je marque un<br />
doublé. Ensuite, le même jour<br />
que les résultats du bac, le<br />
directeur sportif, Olivier Piquet,<br />
m'appelle dans son bureau et<br />
me dit qu'ils vont me faire signer<br />
pro. C’était une belle journée<br />
pour moi, pour l'école un peu<br />
moins parce que j'ai raté mon<br />
bac. C'était une année<br />
incroyable.<br />
Par la suite, tu disputes 27<br />
matchs en Ligue 2, puis tu es<br />
prêté en National (3e<br />
division), comment ça se<br />
fait?<br />
Cela a été une décision du club,<br />
pas de ma part. Dès ce<br />
moment-là, j'ai subi les choses.<br />
Je suis parti en vacances, et<br />
quand je reviens pour faire mon<br />
déménagement, je reçois un<br />
appel du coach qui me dit que je<br />
vais être prêté à Carquefou. Je<br />
ne voulais pas partir. J'ai grandi<br />
à Angers, dans un<br />
environnement où je sentais que<br />
le club voulait me pousser,<br />
m'aider à progresser, car je<br />
faisais partie de l'un des rares<br />
jeunes qui, à 16 ans, était<br />
surclassé de trois catégories en<br />
six mois.<br />
95<br />
C'est le nombre de buts<br />
inscrit par Nsame avec YB<br />
en championnat
J’ai fait six mois avec les pros,<br />
puis six mois avec les espoirs, et<br />
ça ne m'a pas empêché de finir<br />
meilleur buteur. Donc ce prêt me<br />
coupe un peu sur ma lancée, sur<br />
ce que j'ai envie de faire. C'est<br />
plus tard que j’ai compris que<br />
Romain Thomas, qui est d’ailleurs<br />
devenu capitaine d'Angers,<br />
venait de Carquefou et mon club<br />
voulait le récupérer. Dans le<br />
deal, en échange, ils devaient<br />
envoyer deux jeunes en prêt. Les<br />
six mois à Carquefou ont été très<br />
compliqués parce que, non<br />
seulement je ne m'attendais pas<br />
à être prêté, et en plus, j’ai<br />
manqué un peu de lucidité et<br />
peut-être aussi un peu d'humilité.<br />
Je me disais qu’en venant de<br />
Ligue 2, cela allait être facile<br />
alors que finalement pas du tout.<br />
Ça tourne au vinaigre complet,<br />
même si sur les matches de<br />
préparation, je marque 3 buts en<br />
5 matches. Le coach n’est pas<br />
forcément content de moi et<br />
ramène un attaquant<br />
d'expérience. Quand je vois qu’il<br />
arrive, je me dis que je vais en<br />
faire les frais et c'est exactement<br />
ce qui se passe. Donc, pendant<br />
six mois, je subis un peu les<br />
choses. Je joue même avec<br />
l'équipe B avec laquelle je prends<br />
un carton rouge pour un geste<br />
de frustration. À ce moment-là, je<br />
rentre à Paris où se trouvaient<br />
mon frère et ma mère adoptive.<br />
C'était devenu mon QG, là où je<br />
me réfugiais. Je rentre et je fais<br />
un reset. Je réalise que je n’avais<br />
pas abordé les choses de la<br />
bonne manière et je décide de<br />
repartir sur cette 2e partie de<br />
saison en laissant place à<br />
l'apprentissage, à de nouvelles<br />
méthodes. Dès que je reviens,<br />
sur les 6 premiers matches, je<br />
fais 5 passes décisives. Je ne<br />
jouais pas attaquant, mais ailier<br />
gauche. Je commence à servir<br />
les attaquants et je deviens moimême<br />
plus dangereux dans le<br />
jeu, dans mes accélérations,<br />
dans tout ce que je fais.<br />
D'ailleurs, je me souviens que le<br />
coach assistant était venu me<br />
voir pour me dire qu’il sentait<br />
que quelque chose avait<br />
changé en moi, que je<br />
paraissais plus léger, plus<br />
souple, plus vif, plus explosif.<br />
Ces six mois-là m'ont finalement<br />
fait du bien, parce que je pense<br />
que tout ce qui s'est passé par<br />
la suite dans ma carrière a été<br />
construit à ce moment-là.<br />
Tu avais 20 ans, c'est une<br />
belle preuve de maturité…<br />
C’est comme ça que je l'ai fait<br />
et aujourd'hui, c'est quelque<br />
chose auquel, quand j'ai des<br />
coups durs, je repense. Quand<br />
je commence une nouvelle<br />
saison ou en changeant de club,<br />
même en ayant déjà fait des<br />
choses dans ce club, je repars<br />
toujours avec cette mentalité en<br />
me disant que j'ai tout à<br />
prouver, que j'ai tout à faire<br />
dans la saison qui arrive.<br />
Cela t'a permis de goûter à<br />
la Ligue 1, pour 5 matchs,<br />
qu'est-ce qu'en tu gardes de<br />
cette expérience ?<br />
Bonne expérience, parce que je<br />
me suis dit que c'était le niveau<br />
où je voulais être, celui que je<br />
voulais atteindre. Mais aussi une<br />
expérience mitigée, car je n’ai<br />
pas beaucoup joué. Finalement,<br />
je me suis dit qu'il fallait que je<br />
parte. C'est bizarre parce qu’à
partir du moment où j'ai signé<br />
mon contrat pro avec Angers, je<br />
rêvais déjà d’étranger. Je n'avais<br />
même pas encore joué en<br />
France, que je me disais que ma<br />
carrière prendrait un autre<br />
tournant lorsque je serais parti.<br />
C’est bizarre, mais c'était comme<br />
ça. Je ne voulais pas rester trop<br />
longtemps en France, je voulais<br />
tout de suite partir. Comme si<br />
j'avais ce besoin d'aller me<br />
nourrir d'autres choses pour<br />
m'aider à élargir mon jeu, pour<br />
développer mon potentiel. C'est<br />
pour ça que je suis content<br />
d'avoir connu toutes ces<br />
difficultés à Angers, parce que,<br />
lorsque je suis parti à Servette,<br />
j'étais « blindé » sur le plan<br />
mental. Il fallait juste que je<br />
laisse place au plaisir sur le<br />
terrain et que je mette en<br />
application tout ce que tout ce<br />
que j'avais appris, en continuant<br />
à construire d'autres étages. Je<br />
me disais aussi qu'en France,<br />
cela allait être compliqué parce<br />
qu’il y a énormément de joueurs<br />
et que parfois on n’y prend pas<br />
la patience qu'il faut avec<br />
certains.<br />
Quand tu t’imaginais à<br />
l’étranger, il y avait la Suisse<br />
ou qu’un des quatre autres<br />
gros championnats ?<br />
Ah non, j'imaginais plus un des<br />
quatre gros championnats<br />
(rires). Je me souviens qu’avant<br />
j'étais stéréotypé comme le<br />
grand de devant qui marque<br />
des buts et les gens me disaient<br />
qu’ils avaient l'impression que je<br />
n’étais pas très bon<br />
techniquement. La seule<br />
personne que ce commentaire<br />
irritait beaucoup était mon frère,<br />
parce que lui me connaissait. Il<br />
me voyait jouer, m'entraîner et
prenait toujours ma défense sur<br />
ce point. Je voulais sortir de ce<br />
stéréotype, être hors norme<br />
parce que c'est quelque chose<br />
qui même aujourd'hui me révolte.<br />
Je ne mets pas d’étiquette sur<br />
les gens. Donc je voulais<br />
travailler les aspects où on ne<br />
m’attendait pas. Comme le fait<br />
de savoir frapper des deux<br />
pieds. Ça, c'est quelque chose<br />
que j'ai perfectionné avec le<br />
temps. En arrivant en Suisse, j’ai<br />
joué sur cet aspect de mon jeu,<br />
car je devais m’appuyer sur mes<br />
bases dans ce nouveau<br />
championnat. Mais, en<br />
marquant des buts et en prenant<br />
confiance, j’ai eu l’envie de<br />
développer<br />
d’autres<br />
caractéristiques, car être<br />
cantonné à un seul style, c’est<br />
limiter son potentiel.<br />
intermédiaires, à prendre<br />
l'information, savoir jouer en une<br />
touche ou savoir contrôler et me<br />
retourner quand il faut. Je me<br />
rappelle d’une période à Genève<br />
durant laquelle j'ai fait 3-4<br />
matches sans marquer. Les<br />
journalistes commençaient à<br />
poser des questions et Meho<br />
Kodro leur avait répondu que<br />
cela faisait 3-4 matches que je<br />
ne marquais pas, mais que<br />
j’étais toujours au bon endroit et<br />
que durant ces 3-4 matchs-là,<br />
Comment ton jeu s’est-il donc<br />
développé en Suisse ?<br />
Je sentais que j'avais encore<br />
énormément de choses à<br />
l'intérieur de moi, donc il fallait<br />
que je m'ouvre à d'autres<br />
schémas de jeu et à d'autres<br />
formes de jeu. Tous les coachs<br />
que j'ai eus m'ont apporté<br />
quelque chose qui m’a permis de<br />
m’améliorer. Je dis toujours que<br />
celui qui a davantage<br />
transformé mon jeu et la manière<br />
dont je bouge devant, c’est<br />
Meho Kodro à Servette. Il m'a<br />
appris les déplacements d'un<br />
attaquant, comment gagner le<br />
duel grâce au déplacement alors<br />
qu'avant, je le gagnais beaucoup<br />
plus par mon jeu physique. Il m'a<br />
également appris le<br />
déplacement entre les lignes, à<br />
me mettre dans les zones
dans le jeu, c'était moi le<br />
meilleur de l'équipe, car je<br />
gardais les ballons, j’arrivais à<br />
me retourner et j’étais souvent à<br />
l'avant-dernière passe pour<br />
déclencher une action. Il me<br />
faisait comprendre que le fait<br />
que je ne marque pas durant<br />
cette période-là était normal,<br />
car j’assimilais une autre<br />
manière de jouer et elle me rend<br />
aujourd'hui beaucoup plus<br />
imprévisible. Je peux<br />
maintenant être dans la surface,<br />
en dehors et arriver lancé ou<br />
faire des courses inattendues<br />
pour trouver un espace libre. J'ai<br />
pris conscience de ce que j'étais<br />
capable de faire dans un sens<br />
beaucoup plus large lors des six<br />
mois que j'ai passés avec Meho<br />
Kodro.<br />
Tu faisais partie d’un effectif<br />
de Ligue 1 et tu décides de<br />
partir en deuxième division<br />
suisse. Cela peut être vu<br />
comme un risque, comment<br />
toi vois-tu cela et qu’est-ce<br />
qui t’a fait venir en Suisse ?<br />
Je suis quelqu'un qui réfléchit sur<br />
le moment. Lorsque l’on m'a<br />
appelé pour me dire de partir à<br />
Genève faire un essai, je ne<br />
voyais que le terrain. Le fait de<br />
venir à Genève n'était pas un<br />
risque, car malgré tout ce que<br />
j'avais fait, il fallait que je puisse<br />
répondre à une question : quel<br />
est mon niveau ? Est-ce que<br />
j'étais un joueur de Ligue 2 ? Estce<br />
que j'étais un joueur de Ligue 1<br />
? En fait, je ne connaissais pas<br />
mon niveau vu qu’en Ligue 2,<br />
j'avais joué, mais après, je suis<br />
retourné en National durant<br />
deux ans. Ensuite, j'ai n’ai<br />
presque pas joué en Ligue 1.<br />
Donc je ne savais pas où je me<br />
situais et je dis souvent « reculer<br />
d'un pas pour en sauter deux ».<br />
Ce n’était donc pas un risque de<br />
venir à Genève. Quand j'arrive à<br />
Servette, je me dis que si cette<br />
saison, j'arrive déjà à marquer 10<br />
buts, alors déjà, je me dirais que<br />
je sais que je suis un bon<br />
attaquant de 2e division. Et là, il<br />
n’y aurait plus cette question à<br />
se poser et je pourrais travailler<br />
pour aller chercher au-dessus.
Et tes débuts ont été plus<br />
que réussis…<br />
Oui, au bout de 6 matches,<br />
j'étais à 7 buts. Je me suis dit : «<br />
Bon ok, on va continuer ». En<br />
arrivant à la trêve, je crois que<br />
j'en étais déjà à 14 matchs et 10<br />
buts. Il me restait donc une 2e<br />
partie de saison et je voulais<br />
montrer que je ne suis pas un<br />
joueur de deuxième division,<br />
comme je le pensais lorsque<br />
j’étais petit. C'était l'occasion de<br />
le montrer, j'ai marqué 13 buts<br />
de plus avec Meho Kodro et<br />
c'est ça qui a fait que je suis<br />
parti.<br />
En signant à YB, tu réalises<br />
le « grand saut », puisque<br />
désormais, tu joues une<br />
coupe d'Europe presque<br />
chaque année. D’ailleurs,<br />
pourquoi Young Boys ?<br />
Je suis quelqu’un qui prend<br />
toujours les choses de manière<br />
très calme, très posée parce<br />
que, quand je prends une<br />
décision, je sais pourquoi je la<br />
prends. Quand je suis venu à YB<br />
pour le premier rendez-vous, je<br />
me souviens que nous n’étions<br />
d’ailleurs pas loin d’où nous<br />
sommes actuellement (ndlr<br />
durant cette interview). Avec<br />
mon agent de l'époque, nous<br />
Quand il m'a vu pour la 1ère<br />
fois dans le vestiaire,<br />
Hoarau m'a dit:<br />
"Ah bah enfin !"<br />
sortions du rendez-vous, et il me<br />
demande ce que j'en pense et je<br />
me souviens avoir regardé<br />
l'horloge (récupérée de l’ancien<br />
Wankdorf et installée sur la<br />
place, devant le nouveau stade)<br />
et me dire : « Je vais être bien ici<br />
». Je savais qu'il y avait une<br />
histoire à écrire à Berne. C'est<br />
ça qui me motive, de nouveaux<br />
défis. J'avais aussi des intérêts<br />
de Bâle, mais c'était lors de leur<br />
réorganisation complète avec le<br />
départ de Seydou Doumbia et<br />
de Marc Janko. Tout le monde<br />
s'attendait d’ailleurs à ce que je<br />
signe à Bâle, car il n’y avait plus<br />
aucun attaquant. Alors qu’ici, il<br />
y avait Guillaume Hoarau. Le<br />
choix « facile » aurait été d’aller<br />
à Bâle. Mais ils venaient d’être<br />
champions et moi ce que je<br />
voulais c’était écrire une<br />
histoire. Je me suis dit qu’YB<br />
était le bon endroit, car elle<br />
aurait beaucoup plus d'impact<br />
et cela a fait pencher la<br />
balance.<br />
Comme tu l’as dit, un numéro<br />
1 était déjà bien en place,<br />
quelle était ta relation avec<br />
Guillaume Hoarau ?<br />
Très bonne. Je me souviens que<br />
le transfert a mis du temps à se<br />
faire et que quand je rentre<br />
dans le vestiaire pour la<br />
première fois, il est presque le<br />
premier que je vois. Il m’a dit «<br />
Ah bah enfin ! ». Le premier<br />
match que je fais, contre<br />
Grasshopper, est également ma<br />
première titularisation et lui me<br />
dit de prendre du plaisir, de ne<br />
pas me prendre la tête et de<br />
faire ce que je sais faire.<br />
Finalement, durant ce match, je<br />
fais un but et une passe
décisive. Guillaume devait<br />
rentrer pour jouer les 30<br />
dernières minutes si jamais le<br />
match était compliqué pour<br />
nous, mais le match était plutôt<br />
facile parce qu'on a gagné<br />
largement et le coach m'a laissé<br />
finir le match. J’ai beaucoup<br />
observé et appris de lui, dans sa<br />
manière d'être, car il est très<br />
bon. J'ai compris que je ne<br />
pouvais pas être comme lui non<br />
plus, car il a beaucoup de<br />
légèreté dans tout, et moi, je<br />
suis quelqu'un de beaucoup<br />
plus sérieux dans beaucoup de<br />
choses. Mais sur le terrain, la<br />
manière dont il aborde les<br />
choses, le sang-froid qu’il a, la<br />
sérénité qu’il a, de ça, j'ai<br />
beaucoup pris de lui. Bien sûr,<br />
j'avais toujours en tête de<br />
pouvoir prendre sa place, mais<br />
de manière très amicale.<br />
Et le fait qu'il soit bon, ça me<br />
motivait à l’être moi aussi parce<br />
que je ne voulais pas que,<br />
quand il ne jouait pas on ne<br />
gagne pas. J'entendais que,<br />
quand Guillaume n'était pas là<br />
lors des saisons précédentes,<br />
c'était très rare de voir l’équipe<br />
gagner et moi, je ne voulais pas<br />
faire partie de cela. Lorsqu’il<br />
n’était pas là, je me disais qu’il<br />
fallait que l'équipe gagne,<br />
qu’elle continue à performer et<br />
qu’elle ait confiance en moi en<br />
se disant qu’elle a quelqu’un de<br />
crédible et de fiable devant. Sur<br />
les deux premières saisons, la<br />
première, c'est Albian Ajeti qui<br />
finit meilleur buteur avec 17 buts,<br />
Guillaume finit à 15 et moi, je<br />
suis 3e meilleur buteur du<br />
championnat avec 13 buts. La<br />
seconde, Guillaume marque 23<br />
buts et moi 15 buts, il finit
premier et moi deuxième. Je lui<br />
ai toujours dit que je n’allais pas<br />
le lâcher (rires). La saison<br />
d’après, il a malheureusement<br />
connu beaucoup de blessures et<br />
durant cette période je bats le<br />
record.<br />
Tu dis que tu voulais<br />
marquer l’histoire d’YB et il y<br />
a un match en particulier<br />
dans lequel tu as pu le faire.<br />
C’était face à Lucerne, le 28<br />
avril 2018. Qu’as-tu pensé<br />
lorsque Marco Wölfli a<br />
arrêté le penalty à 1-1 et<br />
ensuite au moment où tu as<br />
inscrit le but du titre ?<br />
J'étais sûr qu'il allait se passer<br />
quelque chose. J'étais là, sans<br />
être là, car mentalement j'étais<br />
concentré sur le match. J'avais<br />
l'impression qu'il y avait une<br />
énergie qui n’était pas<br />
habituelle. Je n'étais pas<br />
comme tous les jours, j'avais<br />
l'impression d'être déjà au<br />
match lorsque nous étions à<br />
l'hôtel. Quand je rentre en jeu et<br />
qu’il y a le penalty, je dis à<br />
Sekou (Sanogo) : « S’il marque,<br />
on va marquer deux buts. »<br />
Marco arrête le penalty et le<br />
match continue. Quand il y a le<br />
débordement de Sulejmani, il<br />
cherche au deuxième poteau<br />
pour Guillaume, il la remet et je<br />
pivote tout de suite, prêt à<br />
recevoir le ballon. Il arrive, je le<br />
frappe en une touche et quand<br />
je vois qu’il entre, c’est une<br />
explosion de joie. J’ai encore le<br />
livre de cette année-là, je<br />
regarde les photos et ça me<br />
donne la chair de poule. Quand<br />
tu vois les visages, les émotions,<br />
tu te dis que tu as fait quelque<br />
chose d’incroyable. C’est pour<br />
ça que je suis venu à Berne et<br />
cela m’a donné envie de le vivre<br />
tous les ans.<br />
Est-ce que sur le moment, tu<br />
réalises la joie que tu<br />
procures à des milliers de<br />
personnes qui attendaient<br />
cela depuis plusieurs<br />
dizaines d’années ou cela<br />
prend du temps ?<br />
Sur le coup non. Je suis encore<br />
dans mon monde. C'est le<br />
lendemain ou une semaine<br />
après, quand je vais faire les<br />
courses et que je vois les gens<br />
qui viennent me voir pour me<br />
remercier. J'ai même vu certains<br />
tatouer la date du titre sur leur<br />
bras ou sur leur mollet. L'un des<br />
remerciements les plus<br />
chaleureux que j'ai pu entendre,<br />
c'est quelqu'un qui est venu me<br />
dire qu’il avait 32 ans ce jour-là<br />
et qu’il n’avait jamais vu YB<br />
gagner un titre. J’ai pris une<br />
claque. Quand je vois des gens<br />
qui ont ressenti ça ce jour-là, je<br />
me dis que si on peut<br />
recommencer, on va<br />
recommencer.<br />
Tu penses directement à la<br />
saison d’après et elle a été<br />
marquée par la découverte<br />
de la Ligue des Champions…<br />
Oui et dans un groupe<br />
incroyable. J’ai pu jouer titulaire<br />
à Old Trafford, rencontrer<br />
Cristiano Ronaldo, qui est un<br />
exemple pour moi au niveau du<br />
travail et de l’exigence. J’ai<br />
profité de cette Ligue des<br />
Champions, même si je suis un<br />
peu déçu de ne pas avoir plus<br />
joué.
Que t’as apporté cette<br />
expérience en tant que<br />
joueur ?<br />
J'ai appris énormément de<br />
choses. Ces matchs de Coupe<br />
d'Europe t'obligent à élever ton<br />
niveau et plus tu l’élèves, plus tu<br />
te rends compte qu’il peut<br />
augmenter. En 2017, contre le<br />
CSKA Moscou, avec Adi Hütter,<br />
j’ai joué mon premier match de<br />
play-off de Ligue des<br />
Champions. J'avais commencé<br />
le match et je n'avais pas été<br />
très bon. J'étais un jeune joueur,<br />
je découvrais. Quand je suis<br />
rentré chez moi, je me rappelle<br />
avoir dit à mon agent de<br />
l'époque que je savais que je<br />
n'avais pas été bon, mais que<br />
ça m’avait permis de savoir ce<br />
qu’il me restait à faire pour être<br />
meilleur. C'est le déclencheur de<br />
tout un travail beaucoup plus<br />
ciblé, sur certains exercices<br />
pour développer mon jeu. Du<br />
coup, les autres matchs, je les ai<br />
abordés en étant, cette fois-ci,<br />
plus armé, aussi au niveau de la<br />
maturité.<br />
Résultat, tu marques 32 buts<br />
la saison suivante. Que<br />
représente ce record pour<br />
toi?<br />
Ce n'était pas un record que je<br />
cherchais, parce que je suis<br />
quelqu'un qui a peu d’objectifs<br />
en termes de statistiques. Pour<br />
moi, avoir un objectif, c’est me<br />
fixer une limite et je fonctionne<br />
comme si je n’en avais pas. Je<br />
veux toujours aller au maximum<br />
de ce que je peux faire. Déjà à<br />
la trêve, j’avais marqué 15 buts<br />
et on me parlait de Seydou<br />
Doumbia. On me disait que<br />
j'avais fait aussi bien ou mieux<br />
que lui sur une phase. Je<br />
continue à jouer, à marquer et à<br />
être performant après le COVID.<br />
Plus je m’en approche et plus on<br />
me parle de ça. Mais moi, plus<br />
on me parle de ce record et<br />
moins j’y fais attention. Je<br />
fonctionne comme ça. J'ai la<br />
chance de travailler avec un<br />
coach mental qui me permet de<br />
ne pas remplir mon esprit<br />
d’autres choses et de changer<br />
d'objectif en cours de route. Ce<br />
qui vient au-dessus de cela, ce<br />
n'est que du bonus. Je voulais<br />
gagner le titre, faire le doublé et<br />
bien sûr que si je peux aider,<br />
c'est avec plaisir. La chose qui<br />
m'avait fait le plus plaisir, c'est<br />
quand Michel Aebischer me fait<br />
le centre pour le 30e but contre<br />
Lucerne. Les quelques<br />
supporters qui étaient là se<br />
lèvent (c’était le temps du<br />
COVID) pour applaudir et un<br />
défenseur adverse, Stefan<br />
Knezevic me regarde et me dit<br />
que j’ai marqué le 30e but.
Et sur le terrain, alors qu’il devait<br />
rester 10 minutes de jeu, il me<br />
serre la main et me félicite.<br />
C'était déjà incroyable d'avoir<br />
égalé le record. Je me disais<br />
qu’il fallait bien terminer la<br />
saison. Le dernier match était<br />
contre Saint-Gall et nous avions<br />
une revanche à prendre contre<br />
eux, car ils nous avaient posé<br />
de gros problèmes cette saisonlà<br />
et ils parlaient beaucoup. Ce<br />
dernier match, on voulait donc<br />
leur montrer que nous restions<br />
les patrons. C'était la seule<br />
motivation que j'avais. Durant la<br />
causerie, le coach, Gerardo<br />
Seoane, a dit qu’il voulait qu'on<br />
reste concentré, car nous avions<br />
des records à aller chercher. Il a<br />
également demandé à l’équipe<br />
de m’aider à battre le record. Je<br />
marque un doublé et le record a<br />
été battu.<br />
Cela montre bien l’esprit<br />
familial qui règne à YB…<br />
C'était l'état d'esprit qui régnait<br />
avec Seoane, il avait défini ses<br />
leaders et son ossature de<br />
manière claire. C'était à nous, et<br />
à moi devant, de lui rendre cette<br />
confiance-là. J'ai toujours<br />
fonctionné comme ça. Quand<br />
un coach me fait confiance, ça<br />
me donne des ailes et j'ai envie<br />
de rendre deux fois plus. Et c'est<br />
ce qui s'est passé avec les clubs<br />
avec lesquels j'ai eu cette<br />
confiance-là, j'ai toujours<br />
marqué beaucoup de buts. Un<br />
attaquant a besoin de sentir<br />
cela. Mais, même en étant<br />
meilleur buteur de l’équipe, je ne<br />
me considérais pas comme plus<br />
important que mes coéquipiers,<br />
au contraire. J’estime qu'ils sont<br />
plus importants que moi, car,<br />
finalement, il faut juste que je
marque. Oui, ce n’est pas facile,<br />
mais ce sont eux qui font tout le<br />
travail pour essayer de me<br />
mettre dans les meilleures<br />
dispositions.<br />
Après avoir inscrit 32 buts en<br />
Super League, on pensait<br />
que tu allais quitter la<br />
Suisse, comment se fait-il<br />
que tu sois resté ?<br />
Il y a eu le COVID (rires). Mais<br />
c’est aussi parce qu’il n’y a pas<br />
eu de projet qui allait dans la<br />
progression que je voulais avoir.<br />
Les clubs qui étaient là<br />
n’avaient pas le bon regard sur<br />
moi. Je me souviens avoir dit à<br />
mon agent qu’ils me parlaient<br />
comme si j'étais un joueur de<br />
Ligue 2. J'ai marqué 42 buts en<br />
45 matchs et j'ai terminé 3e<br />
meilleur buteur d'Europe. Oui,<br />
Mbappé en marque 40, mais<br />
autour de lui, il y a Messi,<br />
Verratti, etc. Moi, j’ai de très<br />
bons joueurs, mais pas du<br />
même niveau et j’ai moi-même<br />
pas le niveau de Mbappé. Donc,<br />
finalement, avec le niveau qu’on<br />
a, si j’arrive à marquer autant, il<br />
faut quand même avoir un peu<br />
de respect. Je ne rêvais pas du<br />
Real ou du Barça, je savais ce<br />
que je valais et je connaissais la<br />
réalité du foot. Entre le prix que<br />
je coûtais, le COVID et les clubs<br />
intéressés, on se retrouvait sur<br />
deux, voire trois étages<br />
différents. De plus, certains<br />
attaquants étaient en partance<br />
dans d’autres clubs. On me<br />
disait qu’ils allaient partir et que<br />
je viendrais comme numéro un<br />
donc j’attendais sur eux et<br />
finalement, il n’y avait pas de<br />
départ de leur côté. Malgré<br />
cela, je disais à YB que cela ne<br />
m’inquiétait pas, car le défi qui<br />
allait m’attendre la saison<br />
suivante allait aussi être très<br />
excitant. Après avoir inscrit 32<br />
buts, on s’attend à ce que tu<br />
refasses la même chose. J’avais<br />
aussi comme objectif de<br />
marquer davantage en Coupe<br />
d’Europe. Finalement, la saison<br />
suivante, j’ai terminé meilleur<br />
buteur et meilleur passeur de<br />
mon équipe en championnat et<br />
j’ai marqué 4 buts en 8 matchs<br />
européens. Ma progression a<br />
donc continué.<br />
En tant que buteur, quelle<br />
place joue la passe chez toi?<br />
Pour moi, elle est aussi<br />
importante que le but. On dit<br />
parfois dans le foot qu'un<br />
attaquant doit être égoïste,<br />
mais moi, je dis qu'un attaquant<br />
doit savoir partager. C'est<br />
comme ça que je vois le foot. Je<br />
ne suis pas attiré par le but.<br />
Pour moi, il est une<br />
conséquence du travail que tu<br />
vas faire. J'essaye toujours<br />
d'avoir le geste juste, la passe<br />
juste au moment où il faut la<br />
faire. S’il faut la faire et que mon<br />
partenaire marque, je<br />
ressentirais autant de joie de le<br />
voir marquer que si c'était moi.<br />
Faire une passe à quelqu'un<br />
dans un but vide, c'est comme si<br />
c’était toi qui avais marqué.<br />
C'est dur de faire une passe<br />
décisive, avec autant<br />
d'adversaires, de prendre l'info<br />
et de donner le ballon dans le<br />
bon tempo. Parfois, à<br />
l’entrainement, c'est moi qui<br />
donne les ballons aux autres,<br />
parce que j'aime travailler
dans différentes zones du<br />
terrain. Je me dis qu'en match,<br />
si je dois me trouver dans cette<br />
zone-là, il faut que je puisse<br />
réussir à faire la passe que<br />
j'aimerais recevoir. Plus tu<br />
prends plaisir à faire ces passes<br />
décisives, plus tes partenaires<br />
voient que tu es capable aussi<br />
d’en faire et plus eux auront<br />
envie de te servir aussi, car ils<br />
voient que tu essaies de<br />
t'appliquer pour les faire<br />
marquer. Parfois, sur des<br />
matchs, quand il y a un penalty,<br />
je peux aussi laisser mes<br />
partenaires tirer parce que, pour<br />
moi, c'est important qu'ils voient<br />
que, bien que je sois le buteur, je<br />
ne suis pas celui qui tire la<br />
couverture que sur lui. Au<br />
contraire, pour moi, plus il y a de<br />
monde sous la couverture,<br />
mieux c’est.<br />
Je ne suis pas<br />
celui qui tire<br />
la couverture sur lui!<br />
Après tous ces hauts, il y a eu<br />
la grosse blessure au tendon<br />
d’Achille lors du dernier<br />
match de championnat, ce<br />
moment a-t-il été difficile à<br />
gérer ?<br />
Franchement, pas du tout. Je me<br />
suis souviens que Christoph<br />
Spycher avait dit à ma copine<br />
qu’il avait l’impression que je<br />
n’étais pas blessé. J’ai tout de<br />
suite été très positif. Je savais<br />
que je m'étais blessé et je savais<br />
que c'était grave, mais je me<br />
suis dit que le foot et les<br />
blessures fonctionnent<br />
ensemble. Je n’ai pas cogité.<br />
J’ai tout de suite basculé et je<br />
me voyais déjà revenir. J’ai pris<br />
cette période-là pour partir en<br />
vacances avec toute ma famille.<br />
J’ai continué à travailler<br />
mentalement et à étudier ma<br />
religion. Donc, finalement, j'étais<br />
très occupé. Je n'ai pas eu le<br />
temps de penser à ma blessure.<br />
J’ai également pu voir le foot<br />
différemment et être le<br />
supporter de mon équipe. Tout<br />
cela m’a permis de me mettre<br />
des informations en tête pour le<br />
moment où je reviendrais avec<br />
l’équipe.<br />
Cela t'a donc permis de<br />
comprendre, grâce au but de<br />
Jordan Siebatcheu face à<br />
Manchester United, ce qu’un<br />
but à la dernière minute fait<br />
aux fans…<br />
C'est ça. Ces six mois m’ont<br />
permis de passer du temps<br />
avec des gens dans les tribunes<br />
et d'avoir des discussions avec<br />
eux. Parler du 28 avril 2018 par<br />
exemple (rires). Je prends le<br />
temps de discuter et ça me fait<br />
un bien fou parce que ça me<br />
gonfle d'énergie. On me<br />
souhaite du bien et que je<br />
guérisse vite. J’ai pu voir<br />
l’attente autour de mon retour,<br />
ce qu’ils voulaient que j’apporte<br />
et cela me donnait envie.<br />
C’étaient beaucoup de<br />
motivation, de choses qui me<br />
faisaient du bien et me<br />
permettaient d’être positif.
Un petit mot sur ton passage<br />
en Série A ?<br />
C'était mitigé, mais pour moi,<br />
c'est une expérience positive.<br />
Quand je suis parti en Italie, je<br />
savais pourquoi j'y allais. Je<br />
savais que j'y allais pour<br />
continuer à travailler et je me<br />
disais que c’était le<br />
championnat qui me permettrait<br />
de revenir très vite au niveau sur<br />
le plan physique. La Série A<br />
pouvait me permettre de<br />
travailler vraiment beaucoup<br />
physiquement et de retrouver<br />
mon niveau athlétique très<br />
rapidement. Je suis également<br />
parti, car il y avait un coach qui<br />
me disait qu'il avait besoin de<br />
moi. Avec le recul, je me dis<br />
qu’ils ont payé un joueur qu'ils<br />
n’ont pas utilisé. Mais peut-être<br />
que je n'aurais pas pu leur livrer<br />
ce que j'aurais voulu, parce que<br />
physiquement et au niveau de<br />
mes capacités, je n'étais pas en<br />
mesure de le leur donner.<br />
Aujourd'hui, si je devais repartir<br />
en Italie par exemple, je ne<br />
serais pas le même joueur. Je<br />
suis beaucoup plus armé<br />
physiquement pour pouvoir<br />
aider une équipe. À ce momentlà,<br />
je n'étais pas à 100%.<br />
Finalement, j'ai eu beaucoup<br />
plus que ce que j'étais allé<br />
chercher. J'ai discuté avec Nani<br />
et quand un joueur comme lui<br />
qui te valide en quelque sorte,<br />
tu te dis que tout va bien pour<br />
finir.<br />
LE SAVIEZ-VOUS ?<br />
Le Real Madrid est le club<br />
préféré de Jean-Pierre Nsame<br />
Tu as eu l’occasion de<br />
participer à la Coupe du<br />
Monde avec le Cameroun,<br />
cette sélection a un peu été<br />
la lumière au bout du<br />
tunnel...
Quand je suis revenu à Berne,<br />
j'avais dit à ma famille que je<br />
sentais que cette saison allait<br />
être bien. Mon frère m'a regardé<br />
et m’a demandé pourquoi, mais<br />
je ne savais pas lui répondre. Je<br />
sentais, sans penser à la Coupe<br />
du Monde, que cette saison<br />
allait être spéciale. Je me disais<br />
que je suis revenu dans un<br />
endroit où les gens attendaient<br />
quelque chose, se demandaient<br />
si j’allais être comme avant ou<br />
pas. Je voulais cette<br />
atmosphère, ce doute. Je ne<br />
doutais pas de moi, mais je me<br />
disais que, forcément, quand tu<br />
reviens dans un endroit où tu as<br />
réussi, les gens ont des attentes.<br />
Ils s'attendent à des prestations<br />
au moins aussi bonnes qu'avant.<br />
Si tu peux faire mieux, tant<br />
mieux, mais si tu fais moins<br />
qu'avant, il y aura un peu de<br />
déception. Certains pouvaient<br />
penser que c'était retourner<br />
dans une zone de confort, mais<br />
ce n’était pas ma vision. C’est<br />
une zone risquée, car l’histoire<br />
était belle et je risquais de la<br />
gâcher. Ensuite, concernant la<br />
sélection, pour être honnête, je<br />
ne m’attendais même pas à un<br />
retour. Rigobert Song m’a dit<br />
qu’il m’a appelé pour le stage<br />
en Corée du Sud, car j’avais été<br />
performant. Le fait d’être<br />
sélectionné est un rêve d’enfant<br />
qui se réalise. Si je repense à<br />
l’enfant que j’ai été, encore une<br />
fois, il a coché la case de «<br />
Coupe du Monde ». Si je pense<br />
aux joueurs que je suis<br />
aujourd'hui, bien sûr que je suis<br />
frustré. Mais comme je le dis<br />
aux gens, il faut toujours voir le<br />
bon côté des choses. Il y a un<br />
an, jour pour jour, j’étais blessé<br />
et la Coupe du monde était loin.<br />
Mais, un an après, j’y suis. Il faut<br />
savoir parfois relativiser et<br />
profiter du moment qu'on vit.<br />
Cela a dû être une énorme<br />
fierté de représenter son<br />
pays à un tel événement…<br />
Je jouais plus pour ma famille.<br />
Sincèrement, je n’étais pas sûr<br />
d'accepter la convocation. C'est<br />
vraiment en discutant avec ma<br />
famille, que je me suis dit que je<br />
devais y aller pour tout le travail<br />
accompli jusqu’ici et ne seraitce<br />
que pour eux. J’y suis donc<br />
allé avec cette mentalité. Si je<br />
joue, je jouerai pour eux. C’est<br />
ce qui fait que j’ai accepté<br />
d'aller en Corée du Sud et<br />
qu’après le coach me<br />
sélectionne pour la Coupe du<br />
Monde.<br />
Pour revenir à YB, cette<br />
saison la concurrence en<br />
attaque est énorme.<br />
Comment te sens-tu dans ce<br />
trio composé de Cedric Itten,<br />
Joël Monteiro et de toimême<br />
?<br />
Bien. Quand je suis revenu, je<br />
n'étais pas au même niveau<br />
physique que maintenant, parce<br />
que mon travail en Italie n'avait<br />
pas avancé autant que je l'avais<br />
espéré. Donc quand je suis<br />
arrivé, le coach m'avait dit que<br />
je partais un peu en retrait par<br />
rapport aux autres. Mais à mon<br />
âge, je sais le comprendre. Je<br />
n'étais pas encore au top au<br />
niveau de mon explosivité par<br />
exemple. On a mis un travail en<br />
place avec le club, pour<br />
travailler sur l'élasticité de mon
tendon et sur la mobilité.<br />
Finalement, j'ai commencé à<br />
marquer des buts et à performer.<br />
Dans le foot, j'ai toujours<br />
fonctionné sur le principe de « tu<br />
es bon, tu joues », « tu es meilleur<br />
buteur, tu joues ».<br />
fonctionne et qu’elle en tire profit.<br />
Donc, au vu du fonctionnement,<br />
parfois, il faut ronger son frein. Je<br />
ne leur demande pas d’être<br />
heureux, d’avoir le sourire<br />
jusqu’aux oreilles quand ils ne<br />
jouent pas, mais qu’on reste<br />
La rotation ? C'est une nouvelle manière<br />
de travailler pour le club<br />
Pour moi, cela fonctionne comme<br />
ça. Donc cette saison est<br />
spéciale, parce que ce n’est pas<br />
comme ça que ça fonctionne. Il<br />
faut s'y faire. J’essaie tout<br />
simplement d’effectuer mon<br />
travail au mieux, sans me soucier<br />
de ce que le club et le coach vont<br />
faire. Quand je suis sur le terrain,<br />
je joue et j'essaie de marquer,<br />
d'être performant, de faire<br />
marquer et de faire en sorte que<br />
l'équipe gagne. Les choix que le<br />
coach fait, ou la manière dont il<br />
les fait, je ne m'interroge plus<br />
dessus parce que c’est un<br />
tournant que le club est en train<br />
de prendre. Une nouvelle manière<br />
de travailler.<br />
La relation entre vous trois<br />
restent malgré tout très<br />
bonne de ce que l’on peut<br />
voir…<br />
Oui. Je discute beaucoup avec<br />
eux et eux me voient comme le<br />
numéro un en attaque par<br />
rapport à tout ce que j'ai fait ici et<br />
par rapport aussi à ce que je fais<br />
cette saison. Moi, ce n'est pas la<br />
peau dans laquelle je me vois par<br />
rapport au fonctionnement qui<br />
est mis en place. Je leur ai<br />
toujours fait comprendre que le<br />
plus important est que l'équipe<br />
concentré sur l’objectif de<br />
l’équipe et du club, car si on a<br />
atteint cet objectif-là, tout le<br />
monde trouve y son compte.<br />
Quand tu vois Anderlecht, qui<br />
a disputé les quarts de finale<br />
de Conference League et qui<br />
n’était pas loin de se qualifier<br />
pour les demies et Bâle, que<br />
vous avez surclassé cette<br />
saison et qui, lui, est dans le<br />
dernier carré, j’imagine que tu<br />
as des regrets…<br />
Nous étions meilleurs qu’eux et<br />
notre ticket s’est joué sur une<br />
séance de tirs au but qui n’avait,<br />
pour moi, pas été préparée de la<br />
meilleure manière possible.<br />
Quand tu dois tirer des penaltys<br />
dans un match couperet de<br />
Coupe d'Europe et que sur les<br />
tireurs désignés, on a Rieder,<br />
Imeri, Rrudhani et Lustenberger<br />
qui n’ont pas d’expérience de ces<br />
matchs alors qu’on avait tout ce<br />
qu’il fallait sur le banc, on a des<br />
regrets. Mais bon, ce sont les<br />
choix du coach. Pour moi, on le<br />
perd sur le match aller car on<br />
joue bien, mais nous commettons<br />
une erreur fatale. Au retour, on<br />
arrive à revenir mais on perd<br />
également sur une erreur de<br />
choix d’hommes pour tirer les
penaltys dans ce genre de<br />
contexte. Donc quand tu vois<br />
leur parcours aujourd’hui, tu te<br />
dis : « Et si cela avait été nous ?<br />
».<br />
Toi qui y évolues depuis<br />
bientôt 6 ans, que penses-tu<br />
de l’évolution de la Super<br />
League ?<br />
Depuis deux saisons, je vois des<br />
équipes qui sont en train de<br />
progresser. Je pense à Servette<br />
et à Lugano qui sont en train de<br />
se stabiliser dans le haut du<br />
classement. Ils luttent pour les<br />
places européennes et je pense<br />
qu’il leur manque un petit truc qui<br />
pourrait les faire basculer dans le<br />
fait de ne pas avoir 17 points de<br />
retard, mais plus que 5. Pour moi,<br />
ce sont les deux équipes qui ont<br />
le plus progressé et ça se ressent<br />
durant les matchs qu'on joue<br />
contre eux. Ce sont des équipes<br />
qui proposent du jeu, qui vont de<br />
l'avant. Lugano a maintenant des<br />
joueurs vifs et techniques par<br />
exemple. Ils ont quitté leur jeu<br />
très défensif et possèdent le 3e<br />
meilleur buteur du championnat.<br />
Je pense que les prochaines<br />
années, avec ces deux équipeslà<br />
et peut-être avec le retour de<br />
Bâle, cela risque d'être plus serré<br />
et plus intéressant que cette<br />
saison.<br />
Plus globalement, qu’est-ce<br />
que t'as apporté cette<br />
expérience en Suisse sur le<br />
plan humain ?<br />
Aujourd'hui, je me sens Suisse, je<br />
n'ai juste pas le passeport (rires).<br />
J'en ai adopté la manière de<br />
vivre et je vois que, quand je<br />
rentre en France, malgré le fait<br />
que j'aime bien le bruit, au bout<br />
de deux jours j’en ai marre.<br />
Mon frère me dit que je suis<br />
devenu Suisse. C'est vrai qu’il y a<br />
une rigueur ici qui n’est pas<br />
commune aux autres pays. Les<br />
rues sont propres et entretenues,<br />
ça te donne envie d'aller te<br />
balader et ce n'est pas le cas<br />
dans tous les pays. Il y a cette<br />
rigueur, ce respect des choses qui<br />
sont mises en place. C'est un<br />
pays dans lequel j'aime<br />
beaucoup vivre, j'aime beaucoup<br />
être en Suisse et cette sécurité<br />
qui fait qu’on peut être tranquille.<br />
À l’issue de la saison, il te<br />
restera un an de contrat.<br />
Quelle est la suite pour Jean-<br />
Pierre Nsame ?<br />
Ah, la suite, il faut la demander à<br />
mon agent (rires). Je me<br />
concentre sur la fin de saison.<br />
Nous savons que lorsqu’un<br />
attaquant marque, il y a des<br />
demandes, car c’est toujours<br />
recherché. Cela étant, il faut<br />
trouver le bon projet, celui qui va<br />
me plaire. J’ai toujours fait<br />
comprendre à YB que je suis<br />
d’abord tourné vers eux. S’ils<br />
veulent que l’histoire se poursuive,<br />
j’attends un signe de leur part.<br />
Aujourd’hui, le signe n’est pas<br />
encore là. Mais il me reste un an<br />
de contrat, donc je suis très<br />
serein et tranquille avec la suite,<br />
car je sais qu’elle sera belle.<br />
Est-ce que tu aurais l’envie de<br />
découvrir un championnat en<br />
particulier ? Sur les réseaux<br />
sociaux, tu montres que tu<br />
parles espagnol…<br />
Je suis un homme de projet. Donc<br />
quand on en a un d’intéressant et<br />
de solide, je suis toujours à<br />
l’écoute. Ce qui a fait que je suis<br />
encore à YB est le fait que le<br />
projet est cohérent, solide,
ambitieux et je m’y retrouve<br />
parfaitement. Je maîtrise<br />
l’espagnol et l’italien, donc voilà.<br />
Si je devais en choisir un,<br />
l’Espagne a toujours été celui qui<br />
m’a donné le plus envie. Mais<br />
comme je l’ai dit, j’ai toujours été<br />
stéréotypé<br />
Angleterre.<br />
Cependant, avec l’évolution que<br />
j’ai eue, je pense que je pourrais<br />
jouer dans n’importe quel<br />
championnat.<br />
La suite ?<br />
J'attends un<br />
signe d'YB !<br />
Formé à Angers<br />
2013-14 Carquefou<br />
2014-15 Amiens<br />
2015-16 Angers<br />
2016-17 Servette FC<br />
01.05.1993<br />
Douala<br />
2017-22 BSC Young Boys 4sélections<br />
2022-22 Venezia<br />
2022 BSC Young Boys
L'INSTINCT
DU<br />
BUTEUR
IL ÉTAIT UNE FOIS<br />
LE SUCCÈS<br />
DES<br />
GARDIENS<br />
SUISSES<br />
EN<br />
BUNDESLIGA
PHOTO: BORUSSIA MÖCHENGLADBACH
Il y a quelques dizaines<br />
d’années, rares étaient les<br />
gardiens suisses qui<br />
s’établissaient en Bundesliga.<br />
Mais, depuis quelques<br />
années maintenant, les portiers<br />
helvétiques sont devenus une<br />
valeur sûre à ce poste.<br />
Lorsque le grand Bayern Munich<br />
affronte son grand rival, le<br />
Borussia Dortmund, c’est aussi<br />
le numéro 1 et 2 de la Nati qui se<br />
rencontrent. Cela semble fou et<br />
peu commun pour un petit pays<br />
comme la Suisse, mais ce<br />
phénomène découle d’un<br />
processus réellement lancé il y a<br />
un peu moins d’une dizaine<br />
d’année. En effet, l’arrivée d’un<br />
certain Yann Sommer au<br />
Borussia Mönchengladbach lors<br />
de l’été 2014 a ouvert la voie à<br />
une nouvelle vague de gardiens<br />
helvétiques en Bundesliga.<br />
Roman Bürki, Yvon Mvogo,<br />
Gregor Kobel et maintenant<br />
Jonas Omlin ont également<br />
rejoint l’Allemagne avec,<br />
naturellement, des fortunes bien<br />
diverses. Mais sont-ils les<br />
pionniers ou des gardiens<br />
suisses ont déjà évolué en « Buli<br />
» ? Si oui, avec quel succès ?<br />
trois saisons pour 96 matches<br />
toutes compétitions confondues.<br />
Une belle fin de carrière pour<br />
celui qui disputera encore l’Euro<br />
2004 au Portugal avant de tirer<br />
sa révérence. « Ce fut une<br />
chance incroyable que de<br />
recevoir cette opportunité de<br />
jouer en Bundesliga avec<br />
Gladbach à la fin de ma carrière<br />
», déclarait-il au magazine des<br />
Fohlen en 2020.<br />
Très apprécié chez le cinq fois<br />
champion d’Allemagne, Jörg a<br />
gardé beaucoup d’amis,<br />
notamment Max Eberl, l’ancien<br />
directeur sportif du club. Le natif<br />
de Baden a également eu les<br />
honneurs d’être le capitaine de<br />
l’équipe. Ce qui lui vaudra d’être<br />
l’un des joueurs préférés du club.<br />
Jörg Stiel sera également élu<br />
dans l’équipe type des années<br />
2000. Un bel hommage pour celui<br />
qui a été le premier gardien<br />
suisse de « Gladbach » et le<br />
premier d’une longue série de<br />
joueurs.<br />
Jörg Stiel (89 matches de<br />
Bundesliga, capitaine)<br />
Durant le 21e siècle, l’Argovien<br />
Jörg Stiel a été l’un des premiers<br />
à accéder à la prestigieuse<br />
Bundesliga. Icone du FC Saint-<br />
Gall et en fin de carrière, l’ex<br />
international suisse (21<br />
sélections) rejoint le Borussia<br />
Mönchengladbach (eh oui, déjà)<br />
en 2001. Il s’y imposera et jouera
Diego Benaglio (259<br />
matches de Bundesliga,<br />
capitaine)<br />
Autre grande figure helvétique<br />
de la Bundesliga, le Zurichois<br />
reste pour l’instant le premier à<br />
glané un titre de champion<br />
d’Allemagne. Transféré lors de<br />
l’été 2002 de GC à Stuttgart<br />
sans y avoir disputé la moindre<br />
minute, le jeune homme de 18<br />
ans peine à faire son trou dans<br />
une équipe qui joue les<br />
premières places du classement<br />
et doit se contenter d’une seule<br />
apparition en Coupe de l’UEFA<br />
en 3 saisons. Une place qui ne lui<br />
convient naturellement pas et<br />
qui lui fait quitter le Bade-<br />
Wurtemberg pour rejoindre<br />
Nacional au Portugal. Deux ans<br />
et demi plus tard, il fait son<br />
grand retour en Bundesliga, à<br />
Wolfsburg. Il réussit, dès sa<br />
première saison, à emmener son<br />
équipe au titre de champion.<br />
Avec pas moins de 10<br />
blanchissages, le portier<br />
helvétique contribue de la plus<br />
belle des manières à ce sacre de<br />
2008-2009. Un Succès qui lui<br />
ouvre les portes de la<br />
prestigieuse Ligue des<br />
Champions. Le Zurichois<br />
s’installe, dans la foulée, comme<br />
le titulaire indiscutable en équipe<br />
nationale suisse (61 sélections).<br />
Si Diego Benaglio n’a pas<br />
remporté de deuxième titre de<br />
champion face à la féroce<br />
concurrence du Bayern Munich<br />
et du Borussia Dortmund (les<br />
deux seuls titrés depuis), il offrira<br />
à Wolfsburg sa première coupe<br />
d’Allemagne en 2015. Là aussi,<br />
avec de nombreuses parades, le<br />
désormais capitaine a montré la<br />
voie à ses coéquipiers. Ils<br />
gagneront encore la Supercoupe<br />
quelques mois plus tard.<br />
Considéré comme brillant et<br />
héros en club, le joueur formé à<br />
GC a disputé 260 matchs pour<br />
les « Loups » et a gardé sa cage<br />
inviolée à 73 reprises. 744 arrêts<br />
lui sont crédités pour un<br />
pourcentage d'arrêts de 71,3 %,<br />
excusez du peu. En fin de<br />
carrière, il a, par la suite, été<br />
transféré à Monaco en 2017.
Yann Sommer (285<br />
matches de Bundesliga,<br />
capitaine)<br />
Le portier actuel de l’équipe de<br />
Suisse arrive au Borussia<br />
Mönchengladbach du grand<br />
FC Bâle en juillet 2014. Auréolé<br />
de 4 titres de champion de<br />
Suisse et d’un incroyable<br />
parcours en Ligue des<br />
Champions, il s’impose<br />
rapidement comme un élément<br />
incontournable des « Fohlen ».<br />
Membre de la colonie suisse<br />
avec Granit Xhaka, puis Nico<br />
Elvedi, il écrit les plus belles<br />
pages du Borussia depuis les<br />
derniers titres de 1975,1976 et<br />
1977 sous la direction de Lucien<br />
Favre.<br />
Propulsé rapidement capitaine,<br />
il devient l’un des gardiens les<br />
plus fiables de Bundesliga avec<br />
plus de 85 blanchissages en huit<br />
saisons. Il reçoit ainsi deux fois<br />
la distinction de meilleur gardien<br />
de la saison de Bundesliga.<br />
Qualifié à plusieurs reprises en<br />
Coupe d’Europe avec les<br />
Allemands, il s’y impose<br />
également comme l’un des<br />
meilleurs gardiens du « vieux<br />
continent ».<br />
85<br />
blanchissages pour Sommer<br />
Longtemps resté à « Gladbach »<br />
malgré l’intérêt de grands clubs<br />
européens comme le FC<br />
Barcelone, Arsenal, Manchester<br />
United et Chelsea, le natif de<br />
Morges est resté fidèle à son<br />
club. L’été dernier encore, de<br />
nombreux clubs ont essayé de<br />
le déloger, toujours en vain. Au<br />
point que l’on a pu commencer<br />
à se dire que l’un des plus<br />
grands gardiens de notre<br />
histoire, et l’actuel numéro 1 de<br />
la Nati, ne jouerait jamais dans<br />
un des meilleurs clubs<br />
européens. Ceci est d’autant<br />
plus frappant que le Borussia<br />
Dortmund transfère, lui,<br />
plusieurs portiers suisses pour<br />
viser le titre de champion.<br />
Finalement, c’est après la<br />
Coupe du Monde 2022 et la<br />
blessure de Manuel Neuer, que<br />
Sommer va recevoir<br />
l’opportunité de franchir un<br />
palier. Au terme de longues<br />
semaines de négociations, le<br />
portier de 33 ans rejoint le<br />
Bayern de Munich avec un<br />
contrat de 2 ans et demi à la<br />
clé. La perspective d’être enfin<br />
couronné<br />
champion<br />
d’Allemagne et de, pourquoi<br />
pas, remporter une Ligue des<br />
Champions s’offre désormais à<br />
lui et on peut dire que cela ne<br />
serait qu’une juste récompense<br />
pour tout son travail chez nos<br />
voisins.
Marvin Hitz (181 matches<br />
de Bundesliga)<br />
Bien qu’arrivé en Allemagne en<br />
2008, Marvin Hitz n’explosera en<br />
Bundesliga que plusieurs années<br />
plus tard. En effet, après<br />
plusieurs saisons passées<br />
comme remplaçant de Diego<br />
Benaglio à Wolfsburg, il est<br />
finalement transféré au FC<br />
Augsburg en 2013. Le Saint-<br />
Gallois y a joué cinq saisons<br />
comme titulaire, aidant le club à<br />
se qualifier pour la première fois<br />
en Europa League lors de la<br />
saison 2014-2015. L’exinternational<br />
suisse (2 sélections)<br />
est vite considéré comme l’un<br />
des portiers les plus fiables de la<br />
ligue. Son gabarit et son jeu au<br />
pied plaisent au public allemand.<br />
Le 21 février 2013, il inscrit un but<br />
dans les arrêts de jeu contre<br />
Leverkusen qui fera le tour du<br />
monde. Après 157 apparitions à<br />
Augsburg et alors en fin de<br />
contrat, Marwin Hitz quitte le<br />
club en 2018 pour le grand<br />
Borussia Dortmund.<br />
Engagé comme doublure d’un<br />
autre Suisse, Roman Bürki, le<br />
Saint-Gallois va également<br />
devenir un visage important<br />
dans la Ruhr. Bien qu’il ne se soit<br />
jamais véritablement imposé<br />
comme numéro un, il a offert une<br />
solide concurrence et a su<br />
répondre présent lorsque l’on a<br />
fait appel à lui. La saison<br />
dernière, il a également pu jouer<br />
plusieurs rencontres pour<br />
suppléer un autre suisse, Gregor<br />
Kobel, dans les cages des «<br />
Borussen ».<br />
Au total, Marvin Hitz a disputé<br />
182 matches de Bundesliga pour<br />
34 blanchissages, dont 10 lors<br />
de la saison 2015-2016 et y a<br />
remporté 2 trophées : la<br />
Supercoupe d’Allemagne 2019<br />
et la coupe d’Allemagne 2021.<br />
L’été dernier, il a fait son retour<br />
en Super League, au FC Bâle,<br />
après plus de 10 ans passé en<br />
première division allemande.<br />
Roman Bürki (210<br />
matches de Bundesliga)<br />
Il aurait pu être le gardien star<br />
du Borussia Dortmund.<br />
Cependant, son parcours au «<br />
BVB » est fait de hauts et de<br />
bas. Arrivé en Bundesliga en<br />
2014 en provenance de GC, le<br />
jeune gardien fait une première<br />
saison remarquable sous les<br />
couleurs du SC Freiburg. Malgré<br />
des performances solides et un<br />
taux d’arrêt significatif (70%),<br />
son club est relégué au terme<br />
de la saison. Roman Bürki n’a<br />
malgré tout pas eu le temps de<br />
se poser trop de questions<br />
puisque le Borussia Dortmund a,<br />
entre-temps, frappé à sa porte<br />
et lui a offert un contrat courant<br />
sur plusieurs saisons.<br />
Le portier arrive donc dans la<br />
Ruhr lors de l’été 2015 avec<br />
comme objectif d’aider son<br />
équipe à remporter à nouveau<br />
le titre de champion. Il s’inscrit<br />
immédiatement comme titulaire<br />
et réussit une première saison<br />
satisfaisante, mais le titre n’est<br />
pas remporté. L’ex-international
suisse se blesse<br />
malheureusement une première<br />
fois, fin 2016, et n’a pu disputer<br />
que quelques matches cette<br />
saison-là. Il a toutefois gagné la<br />
coupe d’Allemagne en disputant<br />
la finale. À l’été 2018, les<br />
dirigeants lui recrutent une<br />
doublure helvétique en la<br />
personne de Marwin Hitz.<br />
Concurrence qui a été pour lui<br />
une menace permanente.<br />
Cependant, le Bernois a su<br />
garder sa place de titulaire et a<br />
remporté la Supercoupe sous<br />
les ordres de Lucien Favre en<br />
2019. Son contrat à peine<br />
prolongé jusqu’en 2023, une<br />
blessure et le départ du Vaudois<br />
courant 2020 précipitent le<br />
déclin du joueur formé à GC.<br />
Marwin Hitz le remplace avec<br />
brio pour une grande partie de<br />
la saison et la direction signe<br />
encore un autre Suisse, Gregor<br />
Kobel, lors dès l’été 2021. Roman<br />
Bürki est donc poussé vers la<br />
sortie et n’a plus rejoué pour le<br />
Borussia Dortmund. Après –<br />
seulement – 176 matches à<br />
Dortmund, il quitte le club pour<br />
la MLS (St-Louis City) en 2022.<br />
Gregor Kobel (100<br />
matches de Bundesliga)<br />
Évoluant en Allemagne depuis<br />
bientôt 7 ans, Gregor Kobel est,<br />
à 25 ans, un gardien possédant<br />
une certaine expérience de la<br />
Bundesliga. N’ayant jamais joué<br />
en Super League, il quitte GC<br />
pour poursuivre sa formation à<br />
Hoffenheim. Le Zurichois y<br />
évolue d’abord en ligue<br />
régionale, puis découvre la<br />
Bundesliga lors de la saison<br />
2018/2019.
Ne parvenant pas à s’imposer (1<br />
seul match joué), il est prêté à<br />
Augsburg en janvier 2019 où il<br />
s’impose comme titulaire. Il est<br />
ensuite transféré à Stuttgart,<br />
club avec lequel il réussit la<br />
remontée en 1ère division lors de<br />
sa première saison (2019/2020).<br />
Il s’y engage définitivement l’été<br />
suivant et stabilise le club en<br />
milieu de classement lors de la<br />
saison 2020/2021. Avec un<br />
pourcentage d’arrêts de plus de<br />
85%, le quotidien spécialisé<br />
Kicker l’a classé dans le Top 4<br />
de la saison en question, juste<br />
derrière un certain Yann<br />
Sommer.<br />
Repéré par Dortmund, il quitte le<br />
sud de l’Allemagne, après deux<br />
saisons, pour s’établir dans la<br />
Ruhr. Sa première année, lors de<br />
la saison 2021-2022, est<br />
excellente et, malgré quelques<br />
blessures, il impressionne les<br />
experts par son jeu en un contre<br />
un. Il est cette fois-ci classé audessus<br />
de Manuel Neuer et de<br />
Yann Sommer par Kicker, tout<br />
en faisant dans le même temps<br />
ses débuts en équipe nationale.<br />
La saison 2022-2023 lui a, pour<br />
l’instant, offert un premier<br />
match en Coupe du Monde et<br />
un duel incroyable pour le titre<br />
avec le Bayern Munich de Yann<br />
Sommer. Brillant en Champions<br />
League, la question est donc de<br />
savoir si, et surtout quand, il<br />
détrônera le natif de Morges.<br />
Que ce soit avec la Nati, ou sur<br />
le trône de la Bundesliga.<br />
Réponses dans les prochains<br />
mois.
Jonas Omlin (8 matches<br />
de Bundesliga)<br />
À 29 ans, Jonas Omlin<br />
découvre, depuis cet hiver, la<br />
Bundesliga. Après avoir évolué<br />
du côté de Lucerne, Bâle et<br />
Montpellier, l’homme originaire<br />
d’Obwald arrive dans une ligue<br />
faite pour lui.<br />
Grâce à des matchs<br />
impressionnants face au PSG de<br />
Neymar et de Lionel Messi, il<br />
était écrit qu’il ne resterait plus<br />
très longtemps dans un club<br />
alors menacé par la descente<br />
en Ligue 2. Le destin fait parfois<br />
bien les choses et le départ de<br />
Yann Sommer pour le Bayern<br />
Munich a permis de lui ouvrir les<br />
portes de la Bundesliga et du<br />
Borussia Mönchengladbach.<br />
Jusqu’à présent, après 12<br />
matches de championnat,<br />
l’international suisse (4<br />
sélections) réalise de bons<br />
débuts (68.1% d’arrêts) sous ses<br />
nouvelles couleurs et s’érige<br />
comme le digne successeur de<br />
son compatriote. La tradition du<br />
gardien suisse à « Gladbach »<br />
se perpétue donc avec Jonas<br />
Omlin.<br />
Les rares gardiens<br />
helvétiques sans succès<br />
en Allemagne<br />
Tous n’ont toutefois pas connu<br />
le succès en Bundesliga. Si<br />
parmi les 7 hommes cités plus<br />
haut, l’histoire a été ou est belle,<br />
la 1ère division allemande a<br />
aussi pu être cruelle et difficile.<br />
Voire injuste pour certains.
Pascal Zuberbühler est le<br />
premier gardien suisse à avoir<br />
joué en Bundesliga. En effet, le<br />
portier, alors au FC Bâle, est<br />
prêté au Bayer Leverkusen lors<br />
de l’été 2000. Il y a disputé 13<br />
matches en première division<br />
allemande. Ses performances,<br />
pas irréprochables, lui ont valu<br />
d’être rapidement relégué sur le<br />
banc et hué par certains fans.<br />
Le Thurgovien se résout<br />
finalement à revenir en Suisse,<br />
au FCB, la saison suivante pour<br />
y remporter de nombreux titres<br />
par la suite. Pour l’anecdote, l’ex<br />
international suisse (51<br />
sélections) a également été le<br />
pionnier en Premier League<br />
puisqu’il a disputé 15 matches<br />
entre 2006 et 2007 avec West<br />
Bromwich Albion.<br />
Un autre suisse n’a pas eu non<br />
plus beaucoup de chance en<br />
Bundesliga. Le Fribourgeois<br />
Yvon Mvogo, formé à Young<br />
Boys et devenu le nouveau<br />
titulaire indiscutable chez les<br />
Bernois, décide de signer au RB<br />
Leipzig en 2017. Il est prévu que<br />
l’international suisse (4<br />
sélections) devienne, à terme, le<br />
numéro un du club d’Allemagne<br />
de l’Est. Néanmoins, il n’a<br />
disputé qu’un seul match lors de<br />
sa première saison et a dû<br />
rester sur le banc les années<br />
suivantes. Quelques apparitions<br />
en coupe d’Europe et coupe<br />
d’Allemagne pour un total de 5<br />
titularisations en Bundesliga<br />
sont un bien maigre bilan pour<br />
un gardien à qui on promettait<br />
une grande carrière à Leipzig.<br />
Après trois années compliquées,<br />
Yvon a pu enfin regoûter au<br />
terrain en étant prêté au PSV,<br />
avant d’être transféré à Lorient<br />
l’été dernier.<br />
Enfin, un dernier Suisse a, lui<br />
aussi, joué en première division<br />
allemande et c’est un peu la<br />
belle histoire pour clôturer cette<br />
liste de gardiens helvétiques.<br />
Fabio Coltorti, ex-international<br />
suisse (8 sélections), signe au RB<br />
Leipzig en 2012, alors<br />
pensionnaire de 4ème division<br />
régionale, en provenance de<br />
Lausanne. Il participe ainsi aux<br />
montées successives en 3ème,<br />
puis 2ème Bundesliga (y<br />
inscrivant lui aussi un but sur<br />
corner) en tant que titulaire.<br />
Malgré son âge, le Lucernois a<br />
ensuite également joué un rôle<br />
important dans la montée en<br />
Bundesliga. En 2017, il se voit<br />
offrir l’occasion, à 36 ans, d’être<br />
titulaire en 1ère division après 5<br />
ans de bons et loyaux services.<br />
L’opportunité pour lui de<br />
défendre une dernière fois les<br />
cages du RB Leipzig avant de<br />
prendre une retraite bien<br />
méritée.<br />
Comment et pourquoi ?<br />
Une fois cette liste établie,<br />
comment expliquer ce<br />
phénomène ? La langue et les<br />
mentalités assez proches entre<br />
Suisses et Allemands<br />
apparaissent directement<br />
comme étant certaines des<br />
raisons qui poussent les<br />
gardiens helvétiques à se diriger<br />
vers la Bundesliga.
UNDESLIGA<br />
Mais ce n’est pas tout. Les prix<br />
demandés par les clubs de<br />
Super League semblent<br />
également être un autre facteur<br />
explicatif. Le portier suisse<br />
s’exporte bien, mais pour pas<br />
cher. En 2014, Yann Sommer a,<br />
par exemple, quitté le FC Bâle<br />
pour 9 petits millions d’euros,<br />
Yvon Mvogo a signé à Leipzig<br />
contre 5 millions, GC a empoché<br />
138’000 euros Gregor Kobel,<br />
Jonas Omlin a rejoint Montpellier<br />
pour 6 millions et Roman Bürki<br />
n’a rapporté « que » 1,8 million à<br />
GC. Des sommes dérisoires en<br />
comparaison avec les montants<br />
payés pour certains gardiens de<br />
qualités et d’expérience<br />
comparables, mais évoluant<br />
dans le « Big Five ».<br />
Le rapport qualité-prix en<br />
devient donc excellent et pousse<br />
les clubs cités plus haut à se<br />
pencher vers le marché<br />
helvétique. En effet, depuis<br />
plusieurs années, la formation<br />
suisse a fait ses preuves sur le<br />
plan européen et international.<br />
Elle se montre d’ailleurs comme<br />
étant l’une des meilleures de la<br />
planète football. Ces 3 facteurs,<br />
mis ensemble, forment donc ce<br />
que l’on pourrait considérer<br />
comme le trio gagnant pour les<br />
clubs allemands en quête de<br />
stabilité dans leur but.
ENTRETIEN<br />
Bryan<br />
OKOH<br />
"NOUS POUVONS<br />
GAGNER L'EURO<br />
ESPOIRS !"
l y a des talents qui<br />
n'attendent pas. À même<br />
pas 18 ans, Bryan Okoh<br />
pose ses crampons en<br />
Autriche dans la ville de IMozart. Non, le jeune suisse<br />
n'est pas parti faire une tournée<br />
européenne pour jouer du<br />
clavecin, mais bien pour<br />
démontrer à l'Europe entière son<br />
talent au poste de défenseur<br />
central. Car oui, son talent<br />
saute aux yeux et est<br />
indéniable. Il n'a pas fallu<br />
longtemps à la toile de RedBull<br />
pour le comprendre et mettre le<br />
paquet pour attirer le roc suisse<br />
dans ses filets. Un peu plus de<br />
deux millions plus tard, Bryan<br />
Okoh a troqué le bleu et blanc<br />
pour le rouge et blanc. Un<br />
changement de maillot réussi<br />
puisque le Vaudois a depuis<br />
brillé en Youth League et connu<br />
l'équipe de Suisse. Une partition<br />
presque parfaite.<br />
Presque, car c'est aussi durant<br />
ce rassemblement que le joueur<br />
de Salzburg découvre que son<br />
corps - si robuste pour son âge -<br />
peut être fragilisé. Après de<br />
longs mois d'attente, Bryan<br />
Okoh a refoulé les pelouses<br />
autrichiennes. Comment se<br />
sent-il ? Il suffit d'aller voir les<br />
quelques stories du joueur sur<br />
Instagram, où on le découvre<br />
prendre de vitesse les<br />
attaquants adverses et les faire<br />
voler au passage, pour se dire<br />
que Bryan Okoh est de retour.<br />
Une bonne nouvelle pour<br />
l'équipe de Suisse espoir et une<br />
moins bonne pour ses<br />
adversaires.
Salut Bryan, avant cette<br />
interview, pour le plaisir, j’ai<br />
réécouté le portrait que la<br />
RTS t’avait consacré en 2021<br />
via l’émission Génération<br />
Covid. Deux choses m’ont<br />
frappées : ta maturité et ta<br />
voix. On t’a déjà dit que tu<br />
avais la même intonation de<br />
voix que Kylian Mbappé ?<br />
(rires)<br />
(rires) Non, jamais ! C’est une<br />
première.<br />
Et d’où vient cette maturité ?<br />
Parce qu’au moment où tu<br />
fais cette interview, tu as à<br />
peine 18 ans. Est-ce que c’est<br />
naturel ou tu es simplement<br />
extrêmement bien préparé ?<br />
Non, je ne m’étais pas<br />
spécialement bien préparé. Je<br />
pense que c'est un peu naturel<br />
chez moi. C’est aussi lié à ce<br />
que j’ai fait dans ma vie. Je suis<br />
également quelqu’un de très<br />
curieux et je lis beaucoup. Enfin,<br />
je lisais beaucoup (rires). J’ai<br />
naturellement un peu moins de<br />
temps maintenant, mais j’aime<br />
beaucoup lire – notamment,<br />
lorsque j’étais à l’école – et je<br />
pense que c’est quelque chose<br />
qui m’a aidé à gagner en<br />
maturité.<br />
Au-delà de la lecture, il y a<br />
aussi ton parcours de vie<br />
que tu mentionnes. Tu es né<br />
au Texas, à Houston, tu as<br />
grandi à Lausanne et depuis<br />
l’été 2019, tu vis en Autriche<br />
à Salzburg. Toutes ces<br />
étapes te font grandir plus<br />
vite que les autres ?<br />
Oui, c’est certain. Quand je suis<br />
arrivé il y a deux ans, je vivais à<br />
l’académie du club. J’étais très<br />
bien encadré, mais il faut très<br />
vite s’adapter et trouver ses<br />
repères. Maintenant, j’ai mon<br />
appartement proche du centre<br />
d’entrainement. C’est aussi une<br />
nouvelle expérience de vivre<br />
seul. Il y a une forme de<br />
responsabilité. J’essaie de<br />
m’intégrer au mieux et aussi de<br />
visiter afin d’apprendre à<br />
connaître la ville. C’est<br />
important pour moi.<br />
Lors de ton départ, il y a<br />
cette étiquette de transfert<br />
le plus cher de l’histoire du<br />
football suisse (CHF 2Mio)<br />
pour un jeune joueur qui n’a<br />
pas joué en équipe première.<br />
Est-ce que l’on t’en parle<br />
encore, ou c’est derrière toi<br />
maintenant ?<br />
En général non même si c’était<br />
un peu le cas au début. J’essaie<br />
de mettre ça derrière moi, de<br />
faire abstraction. C’est sûr que<br />
c’est une fierté et ça fait<br />
toujours plaisir, car c’est aussi<br />
une reconnaissance par apport<br />
à ce que j’ai montré jusqu’ici.<br />
Mais j’utilise cela plutôt comme<br />
une source de motivation et<br />
d’énergie pour toujours donner<br />
le maximum et le meilleur de<br />
moi-même. Ce qui m’est arrivé<br />
est génial et je veux donner<br />
encore plus à chaque<br />
entraînement, à chaque match.
À l’époque de ce transfert, tu<br />
évolues en M18 avec Team<br />
Vaud. Alors qu’on imagine te<br />
voir assez vite avec l’équipe<br />
première de Lausanne ou<br />
t'orienter vers un transfert<br />
dans un des tout grands<br />
clubs d’Europe, tu signes en<br />
Autriche, à Salzburg. Peux-tu<br />
nous expliquer les raisons de<br />
ce choix ?<br />
J'ai vraiment pris le temps de<br />
beaucoup réfléchir avec ma<br />
famille. Nous avions pu visiter les<br />
installations, c’était magnifique.<br />
Les infrastructures sont vraiment<br />
incroyables, il y a tout pour nous<br />
aider à continuer de progresser.<br />
C’est un club réputé pour la<br />
formation et pour donner<br />
beaucoup de chances de jeu à<br />
leurs jeunes joueurs. Cela fait<br />
partie de la culture du club, ils<br />
n’ont pas peur de faire jouer les<br />
jeunes et les mettent en<br />
confiance. Ils m’ont présenté un<br />
plan de carrière avec de vraies<br />
opportunités pour jouer<br />
rapidement en équipe première.<br />
Tout était réuni !<br />
me motive à regarder les<br />
résultats du club. Je suis très<br />
content de les voir gagner et<br />
peut-être remonter en Super<br />
League.<br />
Tu avais d’autres offres ?<br />
Oui, mais ce n’est pas vraiment<br />
entré en ligne de compte. L’offre<br />
de Salzburg était vraiment<br />
attrayante !<br />
Est-ce que tu suis toujours le<br />
Lausanne-Sport ?<br />
Oui, j’ai quelques amis qui jouent<br />
encore à Lausanne, donc cela
Ta première année, tu<br />
évolues avec l’équipe M18 du<br />
club, mais également avec le<br />
FC Liefering en deuxième<br />
division. Et surtout, tu brilles<br />
en Youth League avec<br />
Salzburg et d’autres joueurs<br />
comme Adeyemi, Adamu,<br />
Kjaergaard, Sucic ou encore<br />
Sesko. Quel bilan tires-tu de<br />
cette première saison ?<br />
C’était une bonne saison pour<br />
moi, une saison où j’ai<br />
beaucoup appris. L’identité de<br />
jeu du club est vraiment<br />
différente de ce que j’avais<br />
connu jusqu’à présent, il a donc<br />
fallu s’adapter rapidement pour<br />
avoir du temps de jeu. J’ai pu<br />
évoluer avec beaucoup de très<br />
bons joueurs et forcément cela<br />
te fait progresser plus<br />
rapidement. Il y a beaucoup de<br />
concurrence et beaucoup<br />
d’entraînement, d’intensité. Le<br />
fait de sauter des M18 de Team<br />
Vaud et d’arriver directement<br />
avec la réserve du club qui<br />
évolue en deuxième division<br />
autrichienne est un grand pas<br />
en avant. J’ai senti une grosse<br />
différence de niveau, mais je me<br />
suis vite habitué. Je n’avais<br />
jamais participé à la Youth<br />
League, c’était une expérience<br />
incroyable. C'est un plaisir<br />
d’affronter les meilleurs jeunes<br />
d'Europe et de pouvoir montrer<br />
son talent. Nous avons été très<br />
bons durant cette compétition<br />
et c’est donc très frustrant de<br />
ne pas être allé jusqu’en finale<br />
pour gagner le titre. Mais je ne<br />
retiens que du positif !<br />
Cette identité de jeu, est-elle<br />
palpable dès les premiers<br />
entrainements ?<br />
Oui, on nous met tout de suite<br />
en condition ! Il y a une identité<br />
forte avec un jeu vers l’avant,
très haut sur le terrain et<br />
énormément de pressing.<br />
Forcément, lorsque l’on a 16 ans,<br />
il faut un peu de temps, mais<br />
nous sommes très bien<br />
encadrés et nous travaillons<br />
pour avoir cette mentalité de<br />
conquérant.<br />
C’est un football qui<br />
correspond à ce que tu<br />
aimes et à tes qualités ?<br />
Oui, totalement. J’aime ce<br />
football offensif où la ligne de<br />
défense évolue haut et met la<br />
pression sur l’adversaire. Je me<br />
sens à l’aise dans l’intensité, les<br />
contacts physiques et la vitesse<br />
donc c’est super pour moi.<br />
avec l’Allemagne sont bien<br />
présentes. Nous essayons de<br />
mettre de l’intensité sans trop<br />
calculer.<br />
Ce « prêt » au FC Liefering<br />
est un peu spécial, car tu<br />
t’entraines quand même<br />
avec Salzburg. On parle<br />
beaucoup de l’intensité du<br />
jeu de l’équipe, de la vitesse<br />
des joueurs, mais aussi de la<br />
qualité des entrainements au<br />
sein du club. Qu’est-ce qui<br />
fait la force de ce Salzburg<br />
et cette capacité à faire<br />
évoluer les jeunes joueurs.<br />
C’est l’encadrement, les<br />
technologies à disposition ?<br />
Dévoile-nous les secrets de<br />
la force du club (rires)…<br />
Nous gardons notre<br />
identité de jeu,<br />
peu importe l'adversaire<br />
Comment peux-tu décrire le<br />
football et le niveau de la<br />
2ème division autrichienne ?<br />
C’est un bon championnat avec<br />
de bons joueurs. Les équipes<br />
pratiquent différents styles de<br />
jeu, certaines sont plus<br />
techniques avec de jeunes<br />
joueurs, d’autres plus tactiques.<br />
Mais dans l’ensemble, je dirais<br />
que c’est un championnat plutôt<br />
physique. Les ressemblances<br />
Bryan Okoh<br />
C'est un tout. Le club a vraiment<br />
de très belles infrastructures et<br />
un super encadrement. Nous<br />
pouvons vraiment travailler<br />
dans les meilleures conditions<br />
avec toutes les technologies<br />
nécessaires pour maximiser la<br />
performance. La charge de<br />
travail est également<br />
importante et nous gardons
notre identité de jeu, peu<br />
importe l’adversaire que nous<br />
avons en face. Même lorsque<br />
nous jouons contre une grande<br />
équipe, notre manière de jouer<br />
reste la même et surtout nous<br />
n’avons pas peur. Cette<br />
mentalité nous aide à faire de<br />
gros matchs lors des grands<br />
rendez-vous. Il y a de plus en<br />
plus de joueurs qui arrivent de<br />
l’Académie en équipe première<br />
et qui ont cette mentalité depuis<br />
longtemps au sein des équipes<br />
jeunes. Ici, c’est la normalité de<br />
ne pas avoir peur d’avancer,<br />
d’attaquer l’adversaire. Cela<br />
devient une partie de nous.<br />
L’aspect physique est aussi très<br />
important ici. On travaille<br />
énormément, cela m’a surpris en<br />
arrivant au club. Il y a beaucoup<br />
d’heures en salle de<br />
musculation, du travail sur les<br />
techniques de courses. Tout ce<br />
travail est supervisé par<br />
plusieurs préparateurs vraiment<br />
spécifiques à l’aspect physique<br />
et dynamique.<br />
Il n’y avait pas tout ça à<br />
Lausanne ?<br />
Oui, il doit y avoir ça en équipe<br />
première. Nous avions aussi<br />
commencé ce travail en jeunes,<br />
mais je pense que c’est dans<br />
d’autres proportions. Ici, il y a<br />
beaucoup d’heures en salle de<br />
musculation et beaucoup<br />
d’entrainements.<br />
Le succès de Salzburg, sur le<br />
plan national et international,<br />
fait un peu penser au succès<br />
qu’a connu le FC Bâle il y a<br />
quelques années. La grande<br />
différence est que Salzburg<br />
réalise tout cela avec un<br />
effectif extrêmement jeune<br />
(une moyenne d’âge de 22<br />
ans). Comment cette jeunesse<br />
vit-elle la pression de la<br />
performance tous les 3 jours ?<br />
Les joueurs un peu plus âgés<br />
nous donnent de très bons<br />
conseils et nous aide à avoir<br />
notre propre expérience. Ils<br />
jouent très bien leur rôle. Ils nous<br />
aide à gérer la pression et à être<br />
performant sur le terrain. L’âge<br />
n’a pas vraiment d’importance,<br />
les joueurs de l’équipe sont prêts<br />
à être bons et assurer la<br />
continuité des résultats obtenus.<br />
D’accord, mais, en Suisse, on<br />
a aussi l’impression qu’il est<br />
très important d’avoir<br />
beaucoup de joueurs suisses,<br />
voir même du cru dans un<br />
effectif pour réussir et<br />
transmettre l’esprit du club.<br />
Actuellement à Salzburg, il n’y<br />
a que 6 joueurs autrichiens<br />
dans l’effectif et un entraineur<br />
allemand. Quel est ton regard<br />
sur cela ? Comment le club<br />
vous imprègne-t-il de son<br />
identité forte ?<br />
Il y a beaucoup d'étrangers, mais<br />
ce sont des joueurs que le club à<br />
formé. Ils sont venus assez tôt,<br />
comme moi, et ont eu le temps de<br />
s’imprégner de l’identité du club.
On nous l’a apprise. Finalement,<br />
que l’on soit autrichien ou<br />
étranger, cela n’a plus<br />
d’importance. Nous sommes «<br />
formés » au club. Lorsque l’on<br />
arrive en équipe première, il n’y<br />
a pas de surprise. Nous<br />
connaissons déjà les principes<br />
de jeu de l’équipe, les joueurs,<br />
donc l’adaptation est très<br />
rapide.<br />
Tu n’es pas le seul suisse du<br />
club. Philipp Köhn et Noah<br />
Okafor sont des cadres de<br />
l’effectif. Il y a Frederico<br />
Crescenti et plus récemment,<br />
Enrique Aguilar chez les<br />
jeunes. Il y a une bonne<br />
entente entre vous ? Ton<br />
expérience d’être arrivé jeune<br />
ici profite-elle à d’autres<br />
comme Crescenti ou Aguilar ?
On s’entend tous très bien,<br />
même si je connais un peu<br />
moins Enrique Aguilar. J’ai<br />
beaucoup d’affinités avec Noah<br />
et Philipp, car nous nous<br />
entrainons tous les jours<br />
ensemble. C’est bien d’être<br />
plusieurs suisses au club, ça<br />
aide.<br />
Novembre 2021, tu es<br />
convoqué avec l’équipe de<br />
Suisse et tu te blesses<br />
grièvement au genou. Je<br />
mentionnais l’épopée en<br />
Youth League et les joueurs<br />
que tu avais côtoyés. Cette<br />
blessure, elle arrive au pire<br />
moment, non ? C’est un vrai<br />
frein dans ta progression à<br />
ce moment-là.<br />
Cette blessure était un choc,<br />
c’est clair et elle est arrivée à un<br />
mauvais moment, car je me<br />
rapprochais vraiment de<br />
l’équipe, j’avais même été<br />
convoqué en Ligue des<br />
Champions ! J’étais tellement<br />
heureux de faire partie du<br />
groupe de l’équipe de Suisse, et<br />
je garde un très bon souvenir de<br />
toute l'équipe, du staff, tout le<br />
monde était vraiment génial.<br />
Je prends cette blessure comme<br />
une étape. C'est vrai que ça ne<br />
m’a pas permis de continuer sur<br />
ma lancée, mais je ne pense<br />
pas avoir reculé. J'ai beaucoup<br />
appris de choses et pour être<br />
honnête, je pense avoir encore<br />
gagné en maturité. Je n’ai pas<br />
goûté au terrain pendant de<br />
long mois, mais cette<br />
expérience va me servir.<br />
On parle peu du travail<br />
qu’effectue un joueur pour se<br />
remettre à niveau après une<br />
grosse blessure. Peux-tu nous<br />
raconter ce que tu as vécu<br />
après ton opération ?<br />
Comment es-tu revenu en<br />
forme ?<br />
J'ai beaucoup travaillé ici avec le<br />
club. J’ai été très bien encadré et<br />
c’est important dans ces<br />
moments-là d’avoir des<br />
personnes qui sont derrière toi et<br />
qui te poussent à ne rien lâcher<br />
pour revenir à ton meilleur niveau.<br />
Le travail effectué, la plupart du<br />
temps de manière individuelle, est<br />
vraiment spécifique pour te<br />
permettre de récupérer<br />
rapidement. J’avais une physio<br />
spécialiste des blessures<br />
ligamentaires. C’est aussi<br />
quelque chose qui te donne<br />
beaucoup de confiance et qui te<br />
montre que chaque exercice<br />
effectué est bénéfique pour ta<br />
rééducation.<br />
Est-ce qu’aujourd’hui, tu es de<br />
retour à 100% de tes<br />
capacités ?<br />
Je suis très proche de mes 100%.<br />
Je me donne encore deux-trois<br />
semaines pour être vraiment au<br />
maximum de ma forme. Je<br />
progresse de match en match et<br />
je le ressens vraiment. Je n’ai pas<br />
de douleurs et je ne pense plus<br />
du tout à la blessure, ce qui est<br />
très important. Je joue sans<br />
appréhension !
Cet été, il y a une belle<br />
échéance avec l’équipe de<br />
Suisse M21 : l’Euro espoir.<br />
Est-ce que tu penses être<br />
prêt pour la compétition ?<br />
As-tu des échanges avec<br />
Patrick Rahmen ?<br />
Je n’ai pas encore eu<br />
d'échange, mais je suis sûr et<br />
certain que je serais prêt ! À<br />
chaque fois que j’ai été avec<br />
l’équipe, je me disais : « Il y a<br />
vraiment de très bons joueurs<br />
dans le groupe, on peut faire<br />
quelque chose ! ». Je pense que<br />
nous pouvons aller au bout de<br />
la compétition, la gagner. J'ai<br />
confiance, on est capable de<br />
battre les meilleures équipes<br />
d’Europe si nous travaillons en<br />
équipe !<br />
Il y a une sacrée<br />
concurrence au poste de<br />
défenseur central avec<br />
Omeragic, Stergiou, Vouilloz,<br />
Burch, mais aussi Hajdari et<br />
Amenda que tu connais bien.<br />
Ce dernier est en train<br />
d’exploser en Super League,<br />
et on vous sent très<br />
complémentaires. Vous avez<br />
déjà joué ensemble. As-tu un<br />
profil de joueur avec qui tu<br />
aimes former la charnière<br />
d’une défense ?<br />
Je n’ai pas de profil de<br />
préférence, je pense que j’arrive<br />
très bien à m’adapter à mon<br />
coéquipier. Mais effectivement,<br />
je connais très bien Aurèle et<br />
nous sommes complémentaires.<br />
Nous avons déjà joué ensemble<br />
à plusieurs reprises et le fait de<br />
s’entendre très bien en dehors<br />
du terrain aide à mieux se<br />
comprendre sur le terrain.
Avant-dernière question, où<br />
jouera Bryan Okoh la saison<br />
prochaine ?<br />
Le plan est de me permettre<br />
d'avoir du temps de jeu et de<br />
me remettre à 100% afin de<br />
jouer avec la première équipe<br />
de Salzburg dès la saison<br />
prochaine !<br />
Et enfin, ton objectif avec la<br />
Nati. Tu rêves d’intégrer<br />
l’équipe avant l’Euro 2024 ?<br />
Personnellement, c'est un<br />
objectif et je vais tout donner<br />
pour. Je vais travailler pour<br />
continuer à me donner une<br />
chance d’intégrer à nouveau<br />
l’équipe de Suisse !<br />
LE SAVIEZ-VOUS ?<br />
Bryan Okoh est le cousin d'Isaac<br />
Schmidt (FC Saint-Gall)<br />
Bryan OKOH<br />
16.05.2003<br />
Houston<br />
Formé à<br />
2019<br />
Lausanne-Sport<br />
RedBull Salzburg
LE CAMPUS DU FC<br />
LUCERNE : LA<br />
NOUVELLE MINE<br />
D'OR DU FOOTBALL<br />
SUISSE<br />
Ce n’est peut-être ni le<br />
plus grand palmarès de<br />
Suisse, ni le club le plus<br />
réputé en dehors du pays,<br />
mais le FC Lucerne peut<br />
compter sur un campus de<br />
qualité et qui est reconnu<br />
internationalement.<br />
KMedia met en lumière<br />
cette académie peu<br />
médiatisée, mais qui a vu<br />
éclore de sacrés talents.
Champion de Suisse en 1989 et<br />
vainqueur de la Coupe en 1992,<br />
le FC Lucerne a certainement<br />
vécu les plus belles pages de<br />
son histoire durant cette<br />
période. Club de Suisse centrale<br />
et de tradition, le FCL n’est peutêtre<br />
pas un ogre du football<br />
suisse, mais il réalise un très bon<br />
travail de formation.<br />
Sous tension à cause de<br />
l’actionnariat du club, le FCL<br />
peut toutefois compter sur son<br />
vivier de jeunes talents pour<br />
faire éclore un joueur<br />
pratiquement tous les 18 mois.<br />
D’autant plus, qu’avec Mario<br />
Frick à la barre depuis<br />
décembre 2021, les Lucernois<br />
possèdent un entraîneur qui a à<br />
cœur de travailler avec les<br />
jeunes et qui n’hésite pas à leur<br />
donner une chance en pro, peu<br />
importe l’adversaire.<br />
ll s’en est expliqué après la<br />
victoire 0-2 face au FC Bâle : "Je<br />
sais ce dont sont capables ces<br />
joueurs en les voyant la semaine<br />
à l'entraînement. Comme nous<br />
sommes aussi en confiance et<br />
dominants sur certains matchs,<br />
c'est aussi plus simple d'intégrer<br />
ces talents. Je le fais en<br />
mesurant le risque pour ne pas<br />
les brûler et c'est pour l'instant<br />
payant cette saison".<br />
Et cela tombe bien, des talents,<br />
il en a plusieurs à disposition.<br />
Preuve en est, l’équipe M21 du<br />
club est actuellement largement<br />
en tête du 1er tour de promotion<br />
League (3ème division) devant<br />
les favoris Carouge, Nyon ou<br />
encore les M21 Bâlois. Les titres<br />
ne sont pas légions en Suisse<br />
centrale, mais le FC Lucerne sait<br />
fabriquer des champions.<br />
Comment tout cela est-il<br />
mis en place ?<br />
Il faut savoir que le FC Lucerne<br />
recrute uniquement des joueurs<br />
de la région. Grâce à plusieurs<br />
accords, les Lucernois ont créé<br />
un réseau, le IFV (Innerschweizer<br />
Fussballverband) qui leur<br />
permet d’obtenir les meilleurs<br />
jeunes des cantons de Lucerne,<br />
Obwald, Nidwaldm Uri, Schwyz,<br />
Zug et d’une partie de celui<br />
d’Aarau. De ce fait, les jeunes,<br />
qui intègrent l’académie du<br />
club, sont essentiellement issus<br />
de la région et n’ont pas besoin<br />
du temps d’adaptation qu’un<br />
joueur étranger pourrait<br />
demander. Cela permet<br />
également de créer un ancrage<br />
fort et un sentiment<br />
d’identification au club de Super<br />
League. La philosophie adoptée<br />
est claire et assumée par les<br />
pensionnaires de la<br />
Swissporarena: « Zentralschweiz<br />
first ».<br />
"Je sais ce dont sont capables ces<br />
jeunes joueurs"<br />
Mario Frick
Nombreuses sont les entités<br />
helvétiques qui pratiquent cette<br />
stratégie, mais aucune n’a<br />
l’efficacité du club de Suisse<br />
centrale. De plus, la stratégie<br />
d’intégrer rapidement les jeunes<br />
éléments les plus prometteurs à<br />
l’équipe première leur permet de<br />
ne pas les perdre au profit d’YB,<br />
Bâle, Zürich ou de l’étranger.<br />
Les anciennes gloires<br />
Revenons quelques années en<br />
arrière et rappelons-nous que<br />
parmi les Lucernois les plus<br />
connus figurent les frères<br />
Christian et Pirmin Schwegler.<br />
Tous deux formés au club, les<br />
deux figures locales sont des<br />
exemples parfaits du bon travail<br />
effectué par l’Académie<br />
lucernoise. Les frères ont débuté<br />
au club avant de partir jouer<br />
ailleurs en Suisse ou à<br />
l’étranger. Le point d'orgue pour<br />
Pirmin ? Ses 14 matches sous le<br />
maillot de la Nati. D’autres<br />
joueurs de leur génération,<br />
comme Stephan Lichtsteiner ou<br />
Fabian Lustenberger, ont pu<br />
briller à l’étranger (la Juventus<br />
pour le premier et le Herta Berlin<br />
pour le second) et font partie de<br />
cette génération dorée du<br />
campus du FC Lucerne. Seule<br />
ombre au tableau, le fait que le<br />
club n’ait pas pu en profiter<br />
davantage en les gardant plus<br />
longtemps pour nourrir de<br />
grandes ambitions sur le plan<br />
national.<br />
Les dernières « pépites »<br />
Les derniers exemples de<br />
réussites de cette académie<br />
sont sans aucun doute le<br />
gardien de but de la Nati, Jonas<br />
Omlin (récemment transféré de<br />
Montpellier au Borussia<br />
Mönchengladbach), l'attaquant<br />
Ruben Vargas, le talentueux<br />
Darian Males et l'expatrié<br />
Nicolas Haas.<br />
Tous disposent désormais d'un<br />
contrat à l’étranger (Males est<br />
prêté par l’Inter Milan au FC<br />
Bâle) et ont rapporté une belle<br />
somme, plus de 10 Mio CHF, au<br />
FC Lucerne. Bradley Fink y a<br />
aussi été formé, avant de filer<br />
au Borussia Dortmund<br />
(aujourd’hui au FC Bâle). Filip<br />
Ugrinic a également quitté le<br />
bercail – en direction d’YB – et<br />
rapporté quelques millions,<br />
après de très bonnes<br />
prestations sous le maillot bleu.<br />
À noter le passage de Remo<br />
Freuler, 55 sélections en équipe<br />
nationale suisse, entre ses 21 et<br />
ses 24 ans, avant son lucratif<br />
départ pour l'Atalanta Bergame.<br />
Qui seront les prochains?<br />
Alors forcément, se pose la<br />
question, qui seront les<br />
prochains talents qui brilleront<br />
sous la tunique bleue ? Deux<br />
jeunes lucernois sont des<br />
membres importants de l’équipe<br />
première et sont promis à un<br />
très bel avenir. Le premier se<br />
nomme Marco Burch. e la classe<br />
2000, le défenseur central,<br />
international suisse M21, épate<br />
par son talent et son leadership<br />
sur le terrain. Des<br />
caractéristiques qui font<br />
d’ailleurs déjà de lui l’un des<br />
capitaines de cette équipe.<br />
Mais son contrat, valable<br />
jusqu’en 2024, ne laisse pas<br />
présager d’une vente<br />
conséquente et certains clubs<br />
pourraient déjà lui faire les yeux<br />
doux cet été.
Le second est le vrai joyau<br />
lucernois et n’est autre qu’Ardon<br />
Jashari. Annoncé en juillet 2022<br />
tout proche du FC Bâle, le milieu<br />
de 20 ans, qui est lui aussi l’un<br />
des capitaines du club, est<br />
finalement resté et a été<br />
récompensé par une sélection<br />
en Coupe du Monde (face au<br />
Portugal). Il semble toutefois<br />
acté que la star montante ne<br />
fera pas de vieux os à la<br />
Swissporarena et qu’il devrait<br />
ramener un joli pactole en<br />
mettant les voiles cet été. Un<br />
futur transfert qui devrait ainsi<br />
battre le record de Ruben<br />
Vargas (vendu pour environ 4<br />
millions à Augsbourg lors de<br />
l’été 2019). Depuis la saison<br />
2021/2022, le défenseur central,<br />
Luca Jaquez, 19 ans, et le latéral<br />
droit, Severin Ottiger, 20 ans, se<br />
font également progressivement<br />
une place dans l’effectif<br />
professionnel lucernois et<br />
comptent déjà plusieurs<br />
apparitions en équipe première.<br />
De son côté, Pascal Loretz (19)<br />
fait, lui, partie des récents<br />
talents promus en équipe A.<br />
Profitant de la blessure du<br />
gardien numéro 1, Marius Müller,<br />
l’international suisse M21 a pu<br />
montrer l’étendue de son talent<br />
durant son intérim. Il pourrait<br />
bien briguer une place de<br />
titulaire dans les mois à venir. À<br />
noter également les récents<br />
débuts, gagnants, de Luuk<br />
Breedijk (19) face au FC Bâle.
L’ailier international suisse M19<br />
a pu ouvrir son compteur en<br />
Super League lors de sa<br />
première apparition. Nando<br />
Toggenburger, âgé de 18 ans<br />
seulement, a également pu<br />
jouer ses premières minutes en<br />
Super League cette saison. Tout<br />
comme Leny Meyer (18) et Lars<br />
Villiger (19). D’autres jeunes<br />
éléments très intéressants des<br />
Leuchten, comme les milieux<br />
Ronaldo Dantas (18) et Noah<br />
Rupp (19), pourraient suivre<br />
cette tendance.<br />
Mais attention, le FC Lucerne ne<br />
fait pas office d'exception !<br />
Comme toutes les autres<br />
académies, de nombreuses<br />
pépites n’ont jamais percé.<br />
Aujourd'hui âgé de 26 ans,<br />
Omar Thali fait partie de ceuxlà.<br />
À l'époque considéré comme<br />
l’un des attaquants les plus<br />
talentueux de sa génération,<br />
l'ancien international suisse M20<br />
n'a jamais réussi à faire son trou<br />
en Super League. Après un prêt<br />
infructueux à Kriens, il est parti<br />
rejoindre les ligues inférieures<br />
américaines.<br />
C LUCERNE
FORMATION<br />
LES<br />
OBJECTIFS<br />
AMBITIEUX<br />
DE L'ASF<br />
En début d’année 2021, l’ASF publiait son plan<br />
stratégique à atteindre à l’horizon 2025 pour les<br />
différentes équipes nationales. Les objectifs sont<br />
on ne peut plus clairs : l’ASF souhaite que « les<br />
équipes nationales connaissent la réussite à tous<br />
les niveaux ». Ce que cela signifie ? Que l’objectif<br />
pour les M17, M19 et M21 n’est ni plus ni moins que<br />
de participer à toutes les phases finales des<br />
différentes compétitions. Des objectifs ambitieux<br />
pour une nation qui ne compte, M17, M19 et M21<br />
confondus, que 16 participations sur 61 phases<br />
finales d’Euro dans son histoire.
MOINS<br />
16<br />
UNE GÉNÉRATION DE PRÉPARATION<br />
Entraînés par le responsable<br />
des équipes juniors helvétiques<br />
Francesco Gabriele, les M16<br />
sont avant tout une sélection de<br />
préparation vers les premières<br />
échéances arrivant en M17.<br />
Dans cette optique, le groupe se<br />
réunit plusieurs fois par saison<br />
pour disputer un enchaînement<br />
de matchs amicaux.<br />
L’ancien entraîneur du<br />
Lausanne-Sport et son groupe<br />
ont disputé huit matchs depuis<br />
juillet dernier. Le bilan est<br />
excellent : trois victoires, quatre<br />
nuls et une défaite. Parmi les<br />
victoire, relevons notamment de<br />
belles performances contre<br />
l’Italie (2-1, avec des buts de<br />
Dion Cakolli (Winterthur) et<br />
Eliano Guido (Grasshopper)) et<br />
contre la Belgique (1-0, but de<br />
Dion Cakolli).<br />
Prenant en compte le<br />
changement de génération et la<br />
mise en place d’un nouveau<br />
staff, Francesco Gabriele<br />
estimait, dans une interview<br />
donnée à l’ASF en décembre<br />
dernier, que « l’harmonisation<br />
de ce nouveau staff et des<br />
joueurs ont permis de former<br />
une équipe performante ».<br />
Les objectifs pour le groupe sont<br />
désormais de permettre à cette<br />
génération de se préparer au<br />
mieux pour les éliminatoires de<br />
l’Euro M17, qui commenceront à<br />
l’automne 2023. Dans ces<br />
éliminatoires, la Nati affrontera<br />
l’Irlande, l’Islande et l’Arménie.<br />
Pour aborder au mieux cette<br />
échéance, un nouveau<br />
rassemblement est prévu entre<br />
le 11 et le 19 avril en Serbie lors<br />
duquel les M16 affronteront<br />
l’Espagne, la Serbie et le Ghana.<br />
1<br />
joueur évolue à l'étranger
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Dion Cakolli<br />
07.06.2007<br />
Attaquant<br />
FC Winterthur<br />
Formé à Winterthur, le jeune joueur de 15 ans compte déjà trois<br />
matchs avec les M18 du club zurichois. Il est par ailleurs le<br />
meilleur buteur de la sélection helvétique M16 depuis septembre<br />
2022, avec quatre réalisations en sept matchs. Attention<br />
cependant, le Kosovo serait déjà sur la piste pour tenter de<br />
convaincre le jeune attaquant de choisir la nationalité kosovare.<br />
Enrique Aguilar<br />
27.01.2007<br />
Attaquant<br />
Red Bull Salzbourg<br />
Formé au FC Bâle, le binational s’est transféré l’hiver dernier au<br />
RB Salzburg. Auteur d’un but en six rencontres avec la Nati M16,<br />
il fait partie des M18 du club autrichien. Lorsque l’on connait la<br />
qualité du recrutement du groupe Red Bull, nul doute que le<br />
jeune attaquant sera l’un des joueurs à suivre de près dans les<br />
années à venir.<br />
Tugra Turhan<br />
09.08.2007<br />
Attaquant<br />
Grasshopper Club<br />
Le joueur de Grasshopper n’a disputé que 4 des 8 rencontres<br />
sous Francesco Gabriele depuis le début du tour. Toutefois, le<br />
jeune attaquant zurichois est le seul de l’effectif à avoir signé<br />
son premier contrat professionnel. Membre du cadre de l’équipe<br />
M18 du club du Letzigrund, pour laquelle il a inscrit 2 buts en 5<br />
rencontres, il a signé le mois dernier une entente portant jusqu’à<br />
l’été 2025.
MOINS<br />
17<br />
L’EURO 2023 EN LIGNE DE MIRE<br />
Comme pour les M16, la<br />
génération 2006 (M17) a connu<br />
un changement d’entraîneur<br />
l’été dernier. Sascha Stauch a<br />
repris l’équipe en juillet 2022.<br />
L’entraineur allemand avait<br />
notamment entrainé pendant 4<br />
saisons les M16 helvétiques.<br />
Même si son bilan à la tête des<br />
M17 peut sembler mitigé (3<br />
victoires, 4 nuls et 3 défaites en<br />
10 rencontres), son groupe a<br />
atteint son objectif : se qualifier<br />
pour la phase finale de l’Euro<br />
M17 qui se déroulera du 17 mai<br />
au 3 juin prochain en Hongrie.<br />
Les Rougets ont dominé la<br />
première phase de<br />
qualifications avec deux succès<br />
et un nul. Ils ont montré du<br />
caractère : mené 3-2 contre la<br />
Turquie dans le dernier match<br />
du groupe, décisif pour terminer<br />
à la première place, Leon<br />
Grando a égalisé à la 93e<br />
minute et permis à la Nati de<br />
terminer à la première place du<br />
groupe devant leurs adversaires<br />
du jour.<br />
Une première place acquise<br />
avec caractère qui a permis aux<br />
hommes de Sascha Stauch<br />
d’être en position favorable<br />
pour le tirage au sort de la<br />
deuxième phase qualificative.<br />
En effet, alors que la Turquie a<br />
été tirée dans le même groupe<br />
que l’Allemagne et l’Espagne, la<br />
Suisse a bénéficié d’une vraie<br />
chance de qualification, en<br />
étant tirée dans le groupe de la<br />
France, de l’Albanie et de la<br />
Lettonie. Grace à une victoire<br />
contre la Lettonie (5-2), un<br />
match nul contre l’Albanie (1-1)<br />
et malgré une courte défaite<br />
contre leur voisin français (1-2),<br />
Sascha Stauch et son équipe<br />
ont pu célébrer une qualification<br />
méritée pour l’Euro. La dernière<br />
qualification pour cette classe<br />
d’âge à un Euro remontait à<br />
2018, alors que la sélection était<br />
portée par des joueurs tels que<br />
Von Moos (aujourd’hui à Saint-<br />
Gall), Rieder (Young Boys),<br />
Omeragic (Zurich) ou encore<br />
Sohm (Parme).
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Winsley Boteli<br />
05.06.2006<br />
Attaquant<br />
Borussia Möchengladbach<br />
Formé à Servette, il s’est engagé en août 2022 au Borussia<br />
Mönchengladbach où il continue son impressionnante<br />
progression. Auteur d’un excellent début de saison avec les M18<br />
du club allemand pour lequel il a inscrit trois buts lors de ses six<br />
premiers matchs, il a rapidement eu l’occasion de s’illustrer<br />
avec l’équipe M19. Au total cette saison, entre M18 et M19, il<br />
comptabilise dix buts et trois assists en seize rencontres<br />
disputées. Sous le maillot à croix blanche, il a signé 6 buts en 10<br />
matchs depuis le début du premier tour.<br />
Gabriel Gonzalez<br />
14.06.2006<br />
Attaquant<br />
Bayern Munich<br />
Le jeune ailier gauche binational espagnol a été formé à<br />
Wettingen. À l’âge de 11 ans, il quitte son club formateur en<br />
direction d’Aarau. Après cinq saisons dans le club argovien, il<br />
s’engage, à l’été 2022, avec le Bayern Munich. Il a intégré le<br />
groupe M17 du club bavarois, pour lequel il a disputé 18<br />
rencontres cette saison (trois buts et deux assists). Sous le<br />
maillot national, le natif de Baden n’a pu disputer que 47<br />
minutes sur la saison en cours.<br />
Alessandro Romano<br />
17.06.2006<br />
Milieu de terrain<br />
AS Rome<br />
Le milieu défensif évolue actuellement dans les équipes de<br />
jeunes de l’AS Roma. Formé à Winterthur, il a rejoint la capitale<br />
italienne en début de saison. Membre des M17 du club<br />
giallorosso, il a marqué un but et distribué 3 passes décisives en<br />
18 rencontres de championnat. Il a même pu effectuer sa<br />
première apparition avec les M18 du club. En sélection, le milieu<br />
de terrain il a inscrit 3 buts en 9 rencontres disputées.
Mention également pour le jeune talent Eder Januaria Iria<br />
(2006). Appelé avec la Nati M16 en mars 2022, le binational a<br />
depuis également été appelé avec les jeunes sélections<br />
portugaises. Le milieu de terrain, formé entre Lancy et Carouge,<br />
évolue depuis 2019 au centre de formation du Paris Saint-<br />
Germain. Il a signé en janvier 2022 un contrat d’aspirant pro<br />
avec le PSG, portant jusqu’en 2024. Il déclarait au Blick à cette<br />
même occasion « rester ouvert à toutes les éventualités »<br />
pour son choix de sélection à l’avenir.<br />
MOINS<br />
18<br />
UNE TRANSITION À BIEN ABORDER<br />
Les M18 ont été repris par<br />
l’ancien coach du Lausanne-<br />
Sport et de Team Vaud Ilija<br />
Borenovic. En place depuis août<br />
2022, son bilan à la tête de la<br />
sélection n’est pas glorieux (5<br />
matchs, 3 nuls et 2 défaites),<br />
mais les adversaires affrontés<br />
sont coriaces : l’Espagne (2x), la<br />
Belgique, la Croatie et<br />
l’Angleterre. L’ancien coach du<br />
LS a bénéficié de trois<br />
rassemblements entre août et<br />
novembre 2022 pour tester son<br />
groupe et appréhender au<br />
mieux le tour à venir. Le Vaudois<br />
a notamment profité de ces<br />
matchs amicaux pour donner<br />
des opportunités et du temps de<br />
jeu à des joueurs « peu ou pas<br />
pris en compte auparavant »,<br />
déclarait Gabriele en fin<br />
d’année dernière.<br />
Les prochains objectifs sont<br />
simples. Tout comme les M16,<br />
cette génération vit<br />
actuellement une année de<br />
transition. Le but pour le<br />
nouveau staff en place est<br />
avant tout de préparer au mieux<br />
ce groupe, qui affrontera les<br />
éliminatoires pour l’Euro M19, qui<br />
commenceront à l’automne<br />
2023. Afin de s’y préparer au<br />
mieux, la génération 2005 se<br />
rassemblera mi-avril et<br />
affrontera l’Espagne à deux<br />
reprises, à Soleure et à Brühl.
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Calixte Ligue Junior<br />
21.03.2005<br />
Attaquant<br />
FC Zurich<br />
Le joueur de 18 à peine a inscrit son premier but en professionnel<br />
sous le maillot du FC Zurich au mois de mars dernier. Il est devenu<br />
par la même occasion le plus jeune joueur a inscrire un but en Super<br />
League cette saison, à l’âge de 18 ans et 347 jours. Après avoir<br />
inscrit 23 buts la saison dernière en M18 et avoir disputé ses<br />
premiers matchs en M21 en Première Ligue Promotion (six buts<br />
inscrits), il a logiquement été récompensé avec la signature de son<br />
premier contrat professionnel avec le club zurichois au mois de<br />
janvier. Il fait aujourd’hui partir intégrante de la première équipe du<br />
club. Le puissant et explosif attaquant à pris part à cinq rencontres<br />
avec le maillot des M18 suisse, sans pour autant inscrire le moindre<br />
but.<br />
Isaiah Okafor<br />
14.06.2006<br />
Milieu de terrain<br />
Bayer Leverkusen<br />
Le petit frère de Noah évolue aujourd’hui au Bayer Leverkusen.<br />
Formé au FC Bâle, tout comme son frère, il a rejoint l’Allemagne à<br />
l’hiver 2022. Initialement intégré à l’effectif des M17, Le milieu de<br />
terrain défensif s’est rapidement révélé comme un élément<br />
important des M19 du club, six mois seulement après son arrivée.<br />
Cette saison, il a disputé 14 rencontres de championnat et a même<br />
pu faire ses débuts en Youth League (6 matchs disputés). Durant la<br />
trêve de la Coupe du monde, le jeune international a même pu faire<br />
ses débuts en match amical avec la première équipe du Bayer<br />
contre les Glasgow Rangers. Ilija Borenovic ne l’a convoqué que<br />
pour le rassemblement de mars dernier, durant lequel il a disputé<br />
les trois matchs.
Labinot Bajrami<br />
04.06.2005<br />
Attaquant<br />
FC Zurich<br />
L’attaquant formé à Winterthur a quitté le club zurichois à l’âge de<br />
14 ans pour rejoindre son voisin du FC Zurich. Depuis, il suit la même<br />
voie que Calixte Ligue. Après une excellente première saison en M18<br />
(19 buts en 20 matchs de championnat), le jeune attaquant a été<br />
promu avec les M21 du club, qui évolue en Première Ligue<br />
Promotion. Une opportunité de se frotter au « football des adultes »,<br />
que Labinot Bajrami saisit avec brio. Pour sa première saison<br />
complète avec le groupe, il dispute 24 rencontres et marque à 8<br />
reprises. Des performances qui lui ont même permis de disputer sa<br />
première rencontre amicale avec le groupe professionnel l’été<br />
dernier.<br />
Johan Manzambi<br />
14.10.2005<br />
Milieu de terrain<br />
SC Freiburg<br />
Le milieu de terrain formé à Servette avait crevé l’écran avec le club<br />
Grenat lors de la dernière édition de la Geneva Cup. Lui, qui s’est<br />
également révélé grâce à un magnifique but inscrit depuis le milieu<br />
de terrain en Coupe de Suisse M18 contre le FC Bâle au mois de<br />
décembre, a refusé l’offre de contrat professionnel proposée par<br />
son club formateur pour signer en Allemagne, au SC Freiburg.<br />
Depuis son arrivée chez les M19 du club allemand, Johan Manzambi<br />
n’a pris part qu’à quatre rencontres (147 minutes disputées) pour un<br />
but marqué.
MOINS 19<br />
CAP SUR L’EURO 2024<br />
Bruno Berner ayant quitté ses<br />
fonctions d’entraineur des M19 en<br />
mai 2022 pour rejoindre<br />
Winterthur et la Super League,<br />
Francesco Gabriele a dû assurer<br />
la transition avant que Massimo<br />
Rizzo ne reprenne l’équipe en<br />
octobre dernier. Durant cette<br />
phase de transition, Gabriele a<br />
dû affronter la première phase de<br />
qualification sans véritable<br />
préparation, avec un groupe<br />
nouveau, de la génération 2004.<br />
Malheureusement, sous la<br />
houlette du responsable des<br />
équipes juniors, le groupe M19 n’a<br />
pas réussi à se qualifier pour la<br />
seconde phase de qualification.<br />
Les Rougets ont terminé à la<br />
troisième place de leur groupe,<br />
derrière la Tchéquie et la Grèce.<br />
Cet échec représente une<br />
seconde désillusion pour cette<br />
génération 2004, qui avait vu<br />
l’Euro être annulé en raison de la<br />
pandémie lorsque celle-ci<br />
évoluait en M17.<br />
Depuis la prise de fonction de<br />
Massimo Rizzo, un seul match<br />
amical a été disputé, face à<br />
l’Allemagne. Malgré une courte<br />
défaite (1-2), les Helvètes ont<br />
réalisé une prestation<br />
encourageante face à l’une des<br />
meilleures nations européennes.<br />
L’objectif est désormais double<br />
pour Massimo Rizzo ; dans un<br />
premier temps, préparer au<br />
mieux ce groupe à ses<br />
prochaines échéances en M20 à<br />
l’automne prochain. Puis dans un<br />
second temps seulement, tenter<br />
de qualifier la génération 2005<br />
(aujourd’hui en M18) au prochain<br />
Euro M19 qui aura lieu à l’été<br />
2024.<br />
Le groupe de la Suisse pour cette<br />
campagne de qualification, qui<br />
commencera en novembre, est<br />
composé de la Suède, de l’Italie<br />
et du Liechtenstein. L’objectif<br />
premier sera de terminer à l’une<br />
des deux premières places du<br />
groupe, seules places<br />
qualificatives pour la seconde<br />
phase de qualification. Notons<br />
que seule l’équipe en tête de son<br />
groupe lors de cette deuxième<br />
phase qualificative aura<br />
l’opportunité de disputer l’Euro<br />
2024. Un Euro que la génération<br />
M19 n’a plus disputé depuis…<br />
2009, duquel elle avait été<br />
éliminée dès les phases de<br />
groupe.
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Luuk Breedijk<br />
20.02.2004<br />
Attaquant<br />
FC Lucerne<br />
L’ailier gauche du FC Lucerne brille avec les M21 du club depuis le<br />
début de la saison. Pour sa première saison en Première Ligue<br />
Promotion, le natif de Locarno a inscrit onze buts en vingt-trois<br />
rencontres. Récompensé de ses bonnes prestations par la signature de<br />
son premier contrat professionnel, il a même inscrit son premier but<br />
face à Bâle en Super League dans un match crucial pour la deuxième<br />
place.<br />
Esey Gebreyesus<br />
23.01.2004<br />
Attaquant<br />
Olympique de Marseille<br />
Le Suisse d’origine érythréenne a quitté la Suisse et son club formateur<br />
GC à 17 ans seulement pour rejoindre l’Olympique de Marseille. Depuis,<br />
il poursuit sa bonne progression. Initialement intégré au groupe des<br />
M19, il fait aujourd’hui part intégrante de l’effectif des M21 du club de la<br />
Cannebière (dix rencontres, 2 assists cette saison). En janvier, il a été<br />
convoqué pour effectuer la préparation hivernale avec le groupe pro<br />
dirigé par Igor Tudor. Puis, même s’il est resté sur le banc durant toute<br />
la rencontre, il a également eu la joie de connaître sa première<br />
convocation avec le groupe pro marseillais au mois de janvier dans<br />
une rencontre de coupe de France face à Hyères. Le Zurichois a<br />
disputé sept rencontres pour un but marqué avec la sélection M19.<br />
Roggerio Nyakossi<br />
13.01.2004<br />
Défenseur<br />
Olympique de Marseille<br />
Coéquipier de Gebreyesus à Marseille, le capitaine de la Nati M19 a<br />
fait le pari de quitter son club formateur, le Servette FC, après<br />
seulement 5 rencontres de Super League. Pour sa première saison<br />
dans la Cannebière, il a majoritairement fait partie des M19,<br />
dénombrant seulement quatre apparitions avec la deuxième équipe<br />
du club, évoluant en N3 (5e division française). Blessé depuis le mois de<br />
février, il a notamment eu l’opportunité d’effectuer la préparation<br />
hivernale avec le groupe pro en compagnie de son coéquipier en<br />
sélection.
MOINS<br />
20<br />
L’EURO 2025 EN LIGNE DE MIRE<br />
Pour la première fois depuis 18<br />
mois, la Suisse a présenté une<br />
équipe nationale M20 à<br />
l’occasion de la trêve<br />
internationale de mars 2022. En<br />
effet, avant sa victoire 5-0<br />
contre la Roumanie le 28 mars,<br />
la dernière rencontre disputée<br />
par une sélection suisse M20<br />
remontait à octobre 2020 et une<br />
défaite contre l’Allemagne,<br />
pandémie oblige. Matteo<br />
Vanetta a repris l’effectif pour le<br />
rassemblement de septembre<br />
2022. L’ancien entraîneur d’YB<br />
assurait la transition entre la fin<br />
du contrat de Bruno Berner à<br />
l’ASF et la prise de fonction de<br />
Massimo Rizzo, qui a dirigé le<br />
rassemblement de mars 2023.<br />
En somme, les M20 ont disputé<br />
cinq rencontres depuis leur<br />
reprise en mars 2022, avec un<br />
bilan relativement bon : trois<br />
victoires (5-0 contre la<br />
Roumanie, 3-0 contre la Bosnie<br />
M21 et 1-0 contre l’Australie),<br />
deux défaites (3-0 contre l’Italie<br />
et 3-2 contre le Danemark).<br />
Francesco Gabriele déclarait<br />
que, pour cette génération<br />
2003, les objectifs étaient, à<br />
l’instar des équipe M16 et M18,<br />
de « les préparer au mieux à la<br />
transition vers les M21. ». C’est<br />
en effet cette génération qui<br />
disputera les qualifications pour<br />
le prochain Euro dès septembre<br />
2023. Le responsable des<br />
équipes nationales juniors<br />
déclarait donc que le but est<br />
avant tout « de se mesurer à<br />
l’échelle internationale », tout en<br />
soulignant « les résultats<br />
prometteurs » obtenus pour le<br />
moment.<br />
Préparer au mieux<br />
la transition<br />
vers les M21<br />
Francesco Gabriele
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Andrin Hunziker<br />
21.02.2003<br />
Attaquant<br />
FC Aarau/FC Bâle<br />
Le buteur, propriété du FC Bâle, a notamment beaucoup<br />
impressionné en équipes juniors : 35 buts en 28 rencontres avec les<br />
M17 et M18 du club rhénan. Il a même pu effectuer ses premières<br />
apparitions en Super League lors de la saison 2020-2021. Après une<br />
saison avec les M21 du FC Bâle, il a logiquement été cédé en prêt<br />
au début de saison, au FC Aarau. En Challenge League, il a inscrit<br />
cinq buts et délivré deux assists en vingt rencontres sous le maillot<br />
argovien. S’imposer en première équipe bâloise la saison prochaine<br />
semble compliqué. C’est pourquoi un second prêt dans la foulée de<br />
celui-ci pourrait s’avérer payant pour permettre au Bâlois de<br />
confirmer son potentiel montré chez les jeunes.<br />
Daniel Dos Santos<br />
29.12.2002<br />
Milieu de terrain<br />
FC Thoune<br />
Né au Portugal, Daniel Dos Santos a porté le maillot lusitanien en<br />
M16. Arrivé au FC Thun en 2018, il fait partie du groupe professionnel<br />
depuis février 2021. Sous le maillot thounois, il a déjà disputé 66<br />
rencontres, pour 11 buts marqués et 6 passes décisives. Évoluant<br />
dans l’une des équipes en forme du moment en Challenge League,<br />
le milieu de terrain de formation performe récemment dans un<br />
poste de numéro dix, en soutien des deux attaquants. Il n’a connu,<br />
pour le moment, qu’une seule sélection avec les M20 helvétique,<br />
mais Daniel Dos Santos a tout en main pour devenir une figure<br />
importante de la prochaine génération suisse.
Theo Golliard<br />
27.09.2002<br />
Milieu de terrain<br />
BSC Young Boys<br />
Certainement pas le nom le plus connu de la dernière sélection<br />
de Massimo Rizzo, mais le capitaine de l’équipe M21 de Young<br />
Boys est un joueur à suivre de près. Depuis deux saisons déjà, le<br />
petit milieu de terrain (1.72m) est une pièce centrale des M21 du<br />
club bernois. En Première Ligue Promotion, il a déjà pu disputer<br />
51 rencontres, pour 19 buts marqués. Cette saison, il n’a eu le<br />
droit qu’à 29 petites minutes en Coupe Suisse avec le maillot de<br />
l’équipe première (une passe décisive distribuée tout de même).<br />
Un prêt la saison prochaine pour le lancer véritablement dans le<br />
monde professionnel semble être une bonne solution pour tous<br />
les partis.<br />
Alessio Besio<br />
18.03.2004<br />
Attaquant<br />
FC Saint-Gall<br />
Bien qu’il soit le deuxième joueur le plus jeune de l’effectif des<br />
M20 helvétiques, l’attaquant du FC Saint-Gall est bien le plus<br />
expérimenté de cette sélection. Il a disputé sa première<br />
rencontre de Super League lors de la dernière journée de la<br />
saison 2020-2021. Match durant lequel il a d’ailleurs inscrit un<br />
but, alors qu’il venait de fêter son dix-septième anniversaire. La<br />
saison dernière, il a régulièrement eu sa chance en première<br />
équipe (35 matchs entre coupe et championnat, pour un but et<br />
deux assists). Freiné par une blessure à la reprise du<br />
championnat 2022-2023, il est plus souvent relégué sur le banc<br />
cette saison (seulement deux matchs disputés, 35 minutes<br />
jouées au total), voire avec les M21 du club (sept matchs en<br />
Première Ligue Promotion, six buts inscrits). Un prêt dans un<br />
club de Challenge League pour lui permettre de jouer avec<br />
régularité semblerait être une solution pour définitivement<br />
permettre à l’attaquant de s’acclimater au football<br />
professionnel.
« SWISS U18 ELITE<br />
LEAGUE », UN<br />
CHAMPIONNAT OÙ<br />
LE TALENT BRILLE<br />
DE MILLE FEUX<br />
C’est la dernière étape avant<br />
d’intégrer le contingent de<br />
l’équipe première ou de la<br />
réserve (U21) de son club. Le<br />
championnat suisse M18 compte<br />
beaucoup de jeunes talents à<br />
polir et promet un finish de haute<br />
voltige. Composé de 14 équipes<br />
et de 379 joueurs, ce<br />
championnat transitoire entre le<br />
football d’adolescent et le<br />
football d’adulte est une étape<br />
clé pour les jeunes joueurs. Zoom<br />
sur la relève du football suisse.
Neuf équipes suisses<br />
allemandes, quatre<br />
romandes et une<br />
équipe tessinoise.<br />
C’est la composition<br />
du championnat M18<br />
de notre pays et cela reflète la<br />
diversité de nos régions.<br />
Majoritairement dominés par les<br />
équipes suisses alémaniques,<br />
les Romands y trouvent<br />
également leurs comptes. Sans<br />
surprise, la quasi-totalité des<br />
équipes est une antichambre<br />
d’un club pro. Seuls Team Ticino<br />
et BEJUNE font office<br />
d’exceptions. En effet, le Team<br />
Ticino représente le Tessin dans<br />
son entier, et est donc composé<br />
des meilleurs jeunes joueurs de<br />
la région tessinoise. De son<br />
côté, BEJUNE (bien que lié au<br />
Neuchâtel Xamax) est<br />
simplement l’acronyme de<br />
Biel/Bienne – Jura – Neuchâtel<br />
et regroupe donc les joueurs de<br />
plusieurs régions sous le même<br />
blason.<br />
Les plus grands clubs du pays<br />
sont représentés avec les<br />
inévitables Bâle et Young Boys<br />
ainsi que les frères ennemis<br />
zurichois. Lucerne, Winterthur,<br />
Saint-Gall et les rivaux sédunois<br />
et genevois viennent compléter<br />
la liste des équipes évoluant en<br />
Super League. Lausanne (Team<br />
Vaud), Aarau et Thoune sont les<br />
seules équipes au sein de ce<br />
championnat pour qui leur « une<br />
» se bat en Challenge League. À<br />
noter que Lucerne est associé<br />
avec le SC Kriens (« Team FC<br />
Lucerne-SC Kriens ») et que<br />
Saint-Gall est<br />
associé avec le FC Wil (« FCO<br />
St. Gall-Wil »). Ces associations<br />
ont pour but de renforcer<br />
l’attractivité des clubs. Steven<br />
Lang, consultant BlueSport et<br />
recruteur pour SBE<br />
Management, abonde en ce<br />
sens : « C’est une bonne chose,<br />
cela permet de regrouper les<br />
talents dans des régions où le<br />
potentiel est moins fort que<br />
dans d’autres. ».<br />
Un championnat durant lequel<br />
les équipes s’affrontent selon un<br />
calendrier aller-retour qui est<br />
composé de 26 journées au<br />
total. Ensuite, les huit premiers<br />
s’affrontent pour savoir qui<br />
gagnera le trophée, des quarts<br />
de finale jusqu’à la finale.<br />
« C’est sympa, cela donne un<br />
peu de piment au championnat<br />
et cela redistribue les cartes. Et<br />
à cet âge, ces finales de<br />
championnat sont toujours<br />
excitantes pour les jeunes<br />
joueurs », décrit Steven Lang.<br />
« C’est un championnat qui a le<br />
vent en poupe », relate Loun<br />
Srdanovic, jeune défenseur<br />
international suisse de 16 ans<br />
évoluant au Servette FC « et le<br />
niveau ne change pas<br />
forcément lorsque nous<br />
affrontons des équipes de<br />
même catégorie, mais de pays<br />
étrangers. », précise-t-il.<br />
Toutefois, les joueurs sont<br />
jeunes et ne doivent pas brûler<br />
les étapes, c’est un vrai défi<br />
pour eux. « Le plus important est<br />
de rester concentré sur ses<br />
objectifs, tout
en étant motivé à progresser<br />
sur et en dehors du terrain. »,<br />
assure le talentueux défenseur<br />
genevois. « C’est une période<br />
primordiale pour un jeune qui<br />
ambitionne de passer ensuite<br />
professionnel. », complète<br />
Steven Lang. Si cette période<br />
est bien capitale, elle n’en est<br />
pas moins difficile. « Il y a les<br />
études à gérer, les<br />
entrainements, les déceptions,<br />
les potentiels voyages avec<br />
l’équipe nationale qui te font<br />
rater des cours que tu devras<br />
ensuite rattraper, les petites<br />
copines aussi. C’est un tout et<br />
c’est souvent les joueurs les plus<br />
forts mentalement et également<br />
les plus doués qui arrivent à<br />
percer. », précise l’ancien junior<br />
du FC Bâle.<br />
Cette performance vient<br />
récompenser le très bon travail<br />
fourni par le club genevois au<br />
niveau de la formation.<br />
Cette année, la tendance reste<br />
la même. Le trio de tête Bâle,<br />
Young Boys et Zurich ne<br />
devraient pas être rejoints sur la<br />
saison « régulière ». Fin<br />
connaisseur du championnat,<br />
Steven Lang précise : « Le FC<br />
Bâle a toujours eu la possibilité<br />
de recruter les meilleurs talents<br />
de Suisse, et même certains de<br />
l’étranger. Cette année, l’équipe<br />
est vraiment au-dessus des<br />
autres physiquement avec des<br />
individualités très fortes,<br />
notamment en attaque. Young<br />
Boys, une équipe également<br />
très<br />
C'est souvent les joueurs les plus forts<br />
mentalement qui arrivent à percer !<br />
Domination à l’accent<br />
suisse-allemand<br />
Comme souvent chez les ainés,<br />
ce sont les Suisses allemands<br />
qui dominent et surtout qui<br />
l’emportent. Aucun contingent<br />
M18 romand n’a remporté ce<br />
championnat sur la saison<br />
régulière depuis la saison 1997-<br />
1998 et la place de leader se<br />
dispute le plus souvent entre<br />
Young Boys, Bâle et Zurich ces<br />
dernières années. À noter que<br />
Servette a remporté les « finales<br />
» lors de la saison 2014-2015 et<br />
donc le titre de champion de<br />
Suisse.<br />
forte physiquement, brille plus<br />
par sa force collective, même<br />
s’ils ont également beaucoup<br />
de talents individuels. En Suisse<br />
romande, Servette travaille très<br />
bien depuis plusieurs années et<br />
continue sur cette lancée. C’est<br />
une équipe plus technique.<br />
Lausanne était en difficulté la<br />
saison dernière, mais s’est bien<br />
relevé cette année. C’est<br />
intéressant. ». Mais qu’est-ce<br />
qu’il fait le succès de ces géants<br />
de la formation ? Outre la<br />
qualité des entraîneurs et du<br />
staff technique, la mentalité de<br />
ces clubs y est également pour
quelque chose ! « La mentalité<br />
en Suisse allemande fait la<br />
différence. Cette rigueur est un<br />
plus. Cependant, de manière<br />
générale en Suisse, il y a un<br />
excellent travail jusqu’au M18<br />
compris. La différence avec<br />
l’étranger n’existe quasiment<br />
pas. C’est l’étape d’après où<br />
nous pouvons encore nous<br />
perfectionner, notamment sur<br />
des aspects physiques. Il y a<br />
peut-être un certain manque au<br />
niveau du travail individuel et<br />
spécifique. », analyse Lang.<br />
LES JOUEURS À SUIVRE<br />
Il est intéressant de souligner<br />
que la quasi-totalité des<br />
internationaux suisses est<br />
passée par ce championnat.<br />
C’est dire l’importance de ce<br />
passage M18, qui se situe au<br />
cœur des ambitions que<br />
commencent à nourrir ces<br />
jeunes sportifs.<br />
Cette année encore, ils sont<br />
plusieurs à être particulièrement<br />
intéressants. Commençons<br />
cette liste avec Hugo Parra (17,<br />
YB), lequel s’était révélé sous le<br />
maillot d’Echallens, avant de<br />
rejoindre Team Vaud et de<br />
poser ses valises dans la<br />
capitale en 2021. Très décisif en<br />
championnat, mais également<br />
en coupe de Suisse, il est l’une<br />
des perles du centre de<br />
formation bernois.<br />
Impossible de ne pas citer son<br />
compère d’attaque, Janis Lüthi<br />
(17, YB), qui a déjà connu les U19<br />
et également les U21 du club<br />
bernois. Lui aussi très décisif.<br />
Toujours à l’offensive, Gleen<br />
Mbazo (17, BEJUNE) et Xhan<br />
Aliu (16, GCZ) auront également<br />
des choix déterminants à faire<br />
pour ne pas brûler les étapes.<br />
On pourrait imaginer Mbazo<br />
rejoindre une structure un peu<br />
plus prestigieuse dès cet été.<br />
Comment citer les joueurs<br />
offensifs sans parler de Cobel<br />
Sow (16) ? En effet, le jeune ailier<br />
du FC Bâle fait des différences<br />
non-négligeables avec son<br />
équipe. Il est l’un de ces joueurs<br />
impressionnants balle au pied et<br />
continue tranquillement son<br />
périple bâlois (au FCB depuis les<br />
U15). Technique, rapide et<br />
intelligent sont les adjectifs qui<br />
décrivent le joyau que le club<br />
rhénan tient entre ses mains.<br />
Offensivement, le FC Bâle est<br />
gâté avec le très talentueux<br />
Axel Kayombo, 17 ans. Le<br />
Français, passé par Servette, a<br />
tout de l’attaquant moderne. Il<br />
forme un trio d’attaque<br />
redoutable avec Sow et Junior<br />
Zé (17) international suisse M17.<br />
Si le FC Bâle est devant au<br />
classement, il le doit en grande<br />
partie à sa force offensive.<br />
À Servette, le talent est là.<br />
International suisse M18,<br />
Tiemoko Ouattara est l’un des<br />
joueurs les plus prometteurs du<br />
championnat. Très performant, il<br />
a d’ailleurs été promu avec la<br />
deuxième équipe du club<br />
grenat. Plus au milieu cette foisci,<br />
talentueux et impressionnant<br />
par sa maturité sur le terrain,<br />
Mattéo Anselme. Du haut
de ses 16 ans, il est l’un des plus<br />
jeunes joueurs de la ligue, mais<br />
est surtout un pion clé de<br />
l'équipe servettienne. Titulaire<br />
indiscutable dans l’axe du jeu, il<br />
démontre une certaine capacité<br />
de projection et d’intelligence<br />
dans son jeu. On le retrouve<br />
souvent sur la liste des buteurs,<br />
plus que certains autres<br />
attaquants du championnat,<br />
pas mal pour un milieu. Il vient<br />
combler et (presque) faire<br />
oublier les nombreux départs<br />
subis par les grenats<br />
récemment. Et notamment celui<br />
de Johan Manzambi (SC<br />
Freiburg), lui qui était l’un des<br />
joueurs les plus talentueux du<br />
pays dans sa catégorie.<br />
Espérons que le club réussira à<br />
gérer de belle manière la<br />
carrière de son jeune milieu<br />
français.<br />
et l’éclosion de Sawadogo,<br />
Behrami ainsi que celle de<br />
Magnin confirme cette<br />
tendance.<br />
Et pour finir, un gardien se<br />
montre également redoutable,<br />
le portier allemand du FCZ,<br />
Patrick Zajac. Auteur de<br />
plusieurs cleansheet avec les<br />
U18, il a été inscrit au contingent<br />
U21 de Zürich l’été dernier. Il est<br />
le deuxième joueur le plus utilisé<br />
de son équipe en championnat<br />
et nul doute qu’il continuera sa<br />
progression avec Pedro Soares,<br />
l’entraîneur des gardiens U18 et<br />
U21 du club zurichois.<br />
Jacques Bomo (17, YB), natif de<br />
Yaoundé, est un élément clé de<br />
la formation bernoise et<br />
impressionne par sa capacité à<br />
« rendre service » à peu près<br />
partout sur le terrain. La preuve,<br />
il a été aligné aux postes de<br />
milieu gauche, milieu droit,<br />
attaquant de soutien et<br />
également de milieu offensif<br />
durant cette saison qui n’est<br />
pas encore terminée.<br />
Le dernier joueur de champ de<br />
ce « rapport » est Loun<br />
Srdanovic (ndlr: illustration).<br />
Âgé de 16 ans et dans le<br />
contingent U18 depuis août<br />
dernier, il est l’un des grands<br />
espoirs servettiens. Les latéraux<br />
ont la cote à Genève,