Boxoffice Pro n°459 – 3 janvier 2024
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
semaines suivantes, compensant certaines déceptions,<br />
comme La Vie pour de vrai, 10 jours encore sans maman,<br />
The Flash ou Hawaï.<br />
Malgré un mois de juin compliqué, la fréquentation,<br />
dans le sillage d’une forte Fête du Cinéma, retrouve de<br />
l’allant en juillet, avec les sorties successives de Mission :<br />
Impossible - Dead Reckoning puis de Barbie et Oppenheimer,<br />
transformés en phénomène Barbenheimer avec quelque<br />
10,3 millions de spectateurs cumulés. Dans le sillage du<br />
tandem, et avec les bons résultats de En eaux très troubles,<br />
Gran Turismo, Yannick et autres Les Algues vertes, les<br />
cinémas font le plein pendant l’été, avec 33,7 millions<br />
d’entrées enregistrées, soit le septième plus haut niveau<br />
depuis 1980. Entre avril et août, la fréquentation suit<br />
globalement les tendances des années pré-Covid, se<br />
démarquant nettement des résultats 2022, et pousse ainsi<br />
à l’optimisme pour une fin d’année qui, si elle voit<br />
quelques titres américains quitter le calendrier en raison<br />
des grèves hollywoodiennes (voir par ailleurs), ne présente<br />
pas moins une offre fournie et variée.<br />
“Gueule de bois” en avance ?<br />
Mais l’euphorie va rapidement s’estomper à mesure que<br />
les semaines s'égrenent vers le crépuscule de 2023. Après<br />
un mois de septembre ordinairement en retrait, et malgré<br />
le joli succès de la Palme d’or Anatomie d’une chute (1,4<br />
million d’entrées), le marché peine à trouver un nouveau<br />
souffle, orphelin de locomotives américaines à l’exception<br />
de quelques coups d’éclat, tels les millionnaires La<br />
Pat’Patrouille 2, La Nonne 2 et Killers of the Flower Moon.<br />
Côté français, les bons résultats “à leur niveau” de 3 jours<br />
max, La Règne animal, Le Consentement, Simple comme<br />
Sylvain ou La Fiancée du poète ne masquent pas les scores<br />
décevants de Une année difficile, Second tour, Marie-Line<br />
et son juge et autres Nouveau départ et L’Abbé Pierre. Entre<br />
une météo trop douce pour la saison et un contexte<br />
économique toujours compliqué, la fréquentation balbutie<br />
mais finit par reprendre quelques couleurs grâce à Wonka,<br />
Wish et Les Trois Mousquetaires : Milady. Insuffisant<br />
toutefois pour retrouver les niveaux d’avant-crise, le<br />
marché suivant, depuis septembre, la tendance des années<br />
2021 et 2022.<br />
180,76 millions de spectateurs sont donc allés dans les<br />
cinémas français en 2023, ponctuant un exercice sur une<br />
note mi-figue, mi-raisin, au regard de l’excellent été qui<br />
avait, alors, poussé les analystes à revoir leurs prévisions,<br />
autour des 190 millions. La progression se poursuit par<br />
rapport à la période post-Covid <strong>–</strong> +18,9 % vs 2022,<br />
+89,4 % vs 2021 <strong>–</strong> mais affiche toujours un recul sur le<br />
pré-Covid : -13,1 % vs la moyenne 2017-2019. La<br />
trajectoire des entrées annuelles laisse transparaître une<br />
forte dépendance du marché actuel aux films phénomènes.<br />
« Lorsque le cinéma fait l’actualité, crée l’événement et dépasse<br />
ainsi la sphère des spectateurs cinéma, c’est très bénéfique<br />
pour la fréquentation », résume ainsi Éric Marti, directeur<br />
En chiffres<br />
181 M d’entrées en 2023<br />
+18,9 % vs 2022<br />
+89,3 % vs 2021<br />
-15,3 % vs 2019<br />
-10,2 % vs 2018<br />
-13,4 % vs 2017<br />
-15,3 % vs 2016<br />
-12 % vs 2015<br />
-13,1 % vs moyenne 2017-2019<br />
-13,3 % vs moyenne 2015-2019<br />
général de Comscore France. En effet, les périodes où la<br />
fréquentation a dépassé les chiffres pré-Covid correspondent<br />
aux sorties de Super Mario et Les Trois Mousquetaires,<br />
de Barbie et Oppenheimer, qui ont réussi à attirer le public<br />
occasionnel, dont la venue en salles reste encore en retrait<br />
par rapport à l’avant pandémie.<br />
Quid de <strong>2024</strong> ?<br />
Difficile de prédire ou d’annoncer que tel ou tel film va<br />
devenir un phénomène. D’autant plus lorsque le line-up<br />
de l’année qui s’ouvre apparaît moins étoffé en titres<br />
américains, conséquence d’une production au point mort<br />
pendant les grèves. L’offre hollywoodienne va, en <strong>janvier</strong>,<br />
prendre des accents auteur (Priscilla de Sofia Coppola,<br />
Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos, May December<br />
de Todd Haynes, La Couleur pourpre de Blitz Bazawule,<br />
Argylle de Matthew Vaughn), avant un mois de février<br />
qui verra la reprise de Dune puis la sortie de Dune : Part<br />
2, les lancements de Bob Marley et Madame Web, puis<br />
en mars, de Kung-fu Panda 4 et Mickey 17 de Bong<br />
Joon-ho. Côté français, le premier trimestre sera également<br />
dense avec notamment Iris et les hommes, Un coup de dés,<br />
Captives, Opération Portugal 2, Daaaaaali !, Le Dernier<br />
Jaguar, Maison de retraite 2, Le Malade imaginaire ou<br />
encore La <strong>Pro</strong>messe verte.<br />
En France comme à l’international, <strong>2024</strong> semble se<br />
profiler avec moins d’atouts que l’année écoulée et,<br />
s’il est possible que la fréquentation n’atteigne pas le<br />
niveau de 2023, cela ne sera en rien alarmant. Juste<br />
logique eu égard au contexte. « Mais le marché français<br />
a cette chance de pouvoir et savoir s’appuyer sur un offre<br />
locale porteuse pour séduire le public », note Éric Marti.<br />
Nul doute que le secteur saura une nouvelle fois faire<br />
preuve d’une forme de résilience. En attendant un<br />
cru 2025 qui se pointe avec d’énormes promesses.<br />
Tanguy Colon<br />
VERS UN RECUL DU BOX-OFFICE MONDIAL EN <strong>2024</strong><br />
Le cabinet d’analyses Gower Street anticipe une baisse des recettes l’an prochain, en<br />
raison notamment d’une production plus réduite, car impactée par les grèves hollywoodiennes.<br />
En <strong>2024</strong>, le box-office mondial devrait atteindre 31,5<br />
milliards de dollars, d’après Gower Street Analytics, ce<br />
qui serait le premier ralentissement de la période postpandémique.<br />
En effet, l’année à venir devrait accuser un<br />
retard d’environ 5 % par rapport au box-office 2023,<br />
estimé actuellement à 33,4 milliards de dollars et qui<br />
sera affiné courant <strong>janvier</strong>. Et par rapport à la moyenne<br />
2017-2019, <strong>2024</strong> afficherait donc une baisse de 20 %.<br />
Dans le détail, le box-office nord-américain pourrait<br />
réaliser quelque 8 milliards de dollars de recettes en <strong>2024</strong> ;<br />
soit -11 % vs 2023, +7 % vs 2022 et -30 % vs la moyenne<br />
2017-2019. Le box-office international (hors Chine) est<br />
estimé à 15,6 Mds $ (-7 % vs 2023 et -21 % vs 2017-<br />
2019), avec notamment 8 Mds $ de recettes prévues pour<br />
la région Europe/Moyen-Orient/Afrique (-9 % vs 2023<br />
et -23 % vs 2017-2019). Moins dépendant de la production<br />
hollywoodienne, le box-office chinois pourrait<br />
atteindre 7,9 Mds $, soit 5 % de plus qu’en 2023.<br />
« Étant donné que nous avons perdu 50 % de temps de<br />
production en 2023, la baisse attendue de 5 % l’an<br />
prochain n'est pas le signe d'un déclin de l'intérêt pour le<br />
cinéma, mais simplement la conséquence directe d'une<br />
disponibilité limitée des films », a déclaré le PDG de<br />
Gower Street Dimitrios Mitsinikos. Le cabinet cite<br />
ainsi plusieurs productions américaines notables,<br />
initialement attendues pour <strong>2024</strong> et dont les sorties<br />
ont été repoussées à l’année suivante : Captain America<br />
5, Les 4 Fantastiques, Blanche Neige, Avatar 3, Mission :<br />
Impossible - Dead Reckoning, part 2 ou encore les<br />
animations Elio et Spider-Man : Beyond the Spider-Verse.<br />
Ce calendrier clairsemé en <strong>2024</strong> peut cependant drainer<br />
son lot de surprises, à l’image de la fin d’année 2023,<br />
avec les récents succès surprises des concerts filmés Taylor<br />
Swift : The Eras Tour et Renaissance : A Film by Beyoncé,<br />
ainsi que les belles performances de titres internationaux<br />
tels que Le Garçon et le Héron. « Sur la base des productions<br />
actuellement sur notre radar, nous nous attendons à ce que<br />
2025 soit une très bonne année au box-office mondial pour,<br />
espérons-le, amorcer une tendance positive pour la seconde<br />
moitié de la décennie », a ajouté Dimitrios Mitsinikos.<br />
Tanguy Colon<br />
N°459 / 3 <strong>janvier</strong> <strong>2024</strong><br />
11