YEMALY Association ASSOCIATION ASSOCIATION NOS PARTENAIRES ENGAGÉS ACTIVEMENT POUR UNE DIFFUSION GRATUITE DE WOMEN SPORTS AFRICA EN PRINT ET DIGITAL DANS L’ENSEMBLE DES PAYS DU CONTINENT TOP PARTENAIRES PARTENAIRES DE DIFFUSION R È SEAU INTERNATIONAL FRANCOPHONE POUR LE SPORT YEMALY YEMALY 2 WOMEN SPORTS AFRICA N°8 • Janvier > Juin 2024 EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR
ÉDITORIAL Changer la donne pour transformer la vie des jeunes grâce au sport En 2001, le Comité International Olympique m’a décerné le trophée « Femme et Sport ». Ces trophées récompensent l’action d’hommes, de femmes et d’organisations en faveur de l’égalité des genres sur l’aire de compétition et en dehors. J’avais alors 17 ans et j’étais loin de me douter que mes modestes tentatives visant à proposer aux jeunes des séances gratuites d’entraînement en taekwondo se transformeraient en une vocation allant bien au-delà de l’ambition ou de l’accomplissement personnel. Ayant grandi dans la banlieue de Harare, au Zimbabwe, j’ai moi aussi dû relever les défis auxquels les jeunes filles sont confrontées lorsqu’elles osent rêver d’aller au-delà des attentes de la société. J’ai vu bon nombre de mes amies, camarades de classe et proches se marier très jeunes. Aujourd’hui, je sais que, selon l’UNICEF, 34 % des filles au Zimbabwe se marient avant 18 ans. J’ai vu les effets dévastateurs du mariage et de la maternité précoces sur mes camarades. Grâce au taekwondo - que j’ai commencé à pratiquer à l’âge de cinq ans - j’ai le sentiment d’être maîtresse de mon destin et de pouvoir faire entendre ma voix... Ce qui est loin d’être le cas des jeunes africaines. Le simple fait de poursuivre un but, de chercher à l’atteindre et de persévérer a fait naître en moi un sentiment d’accomplissement que j’ai voulu partager. J’ai commencé par proposer à des jeunes filles des séances d’entraînement gratuites en taekwondo dans un lieu sûr, afin de les aider à prendre en main leur destin. Ce fût un succès. Aujourd’hui, nous aidons également les jeunes filles à devenir autonomes afin qu’elles puissent répondre à leurs besoins quotidiens. L’initiative a été rebaptisée Vulnerable Underaged People’s Auditorium. Il s’agit d’une fondation qui dirige des programmes d’émancipation pour apprendre par exemple à fabriquer du savon liquide ou à cuisiner des plats simples. Des compétences comme celles-ci permettent de s’affranchir financièrement des hommes. Nous distribuons également des produits d’hygiène afin que les jeunes filles ne se mettent pas en danger en essayant de se les procurer par des moyens illégaux. Nous organisons par ailleurs des ateliers consacrés aux «obligations morales» afin de discuter des problèmes de fond auxquels sont confrontées les jeunes filles et d’essayer de trouver des solutions. Notre action consiste essentiellement à travailler avec les victimes de mariages d’enfants et de grossesses précoces. Ces dernières peuvent ainsi témoigner des conséquences de ces pratiques et aider celles qui ont été épargnées jusqu’ici en partageant leur expérience. Le Vulnerable Underaged People’s Auditorium continue de gagner en efficacité. Grâce à la reconnaissance et à la subvention que j’ai reçues en tant que lauréate du trophée du CIO «Femme et Sport» 2021 pour l’Afrique, j’ai pu déposer officiellement les statuts de la fondation. J’ai aussi commencé à recevoir des équipements de World Taekwondo pour mes séances d’entraînement. Je pense donc être à présent en position de force pour étendre la portée de mon action au-delà de ma communauté. Ce trophée m’a énormément encouragée et motivée. J’ai compris que je n’étais pas seule. J’en ai tiré de multiples enseignements : qu’il fallait apprendre davantage, faire des recherches, essayer de mieux comprendre ce dont les habitants de mon pays avaient vraiment besoin dans leur vie quotidienne. Je pense que cela va changer la vie de bon nombre de mes concitoyens. Ma fondation va du reste s’en trouver dynamisée. Mon souhait est que davantage de personnes comprennent le pouvoir qu’a le sport de façonner les êtres humains et les sociétés pour le bien de tous, raison pour laquelle je forme l’espoir qu’un nombre de plus en plus élevé d’installations de loisirs et d’espaces sûrs de ce type soient mis à la disposition des jeunes dans tout le Zimbabwe. Lorsque je réfléchis à mon parcours et aux progrès accomplis jusqu’à présent, j’appelle davantage de jeunes à s’engager dans le sport. Mon parcours ne se résume pas à une réussite personnelle ; il entend également servir de catalyseur à un mouvement qui permet aux jeunes filles de faire fi des attentes de la société pour assouvir leurs passions sans crainte. Plus elles pratiqueront des activités sportives, plus elles seront à même de se fixer des objectifs ambitieux dans la vie. Dans mon pays, en Afrique et partout ailleurs dans le monde, il est essentiel de poursuivre dans cette voie et de montrer la force, la résilience et la grâce que les femmes peuvent acquérir en s’engageant dans le monde du sport. D.R. Alors que je songe au chemin qui s’ouvre devant nous, je suis pleine d’espoir et de détermination et je vous invite tous à vous joindre à moi dans cette entreprise pour défendre l’autonomisation des jeunes filles au Zimbabwe et ailleurs. Ensemble, nous pouvons créer un monde où toutes les filles sont encouragées à poursuivre leurs rêves, où les mêmes règles s’appliquent à tous et où le parcours des athlètes féminines est synonyme de triomphe, de résilience et de possibilités infinies. n Par Natsiraishe Maritsa, Remerciements aux équipes du CIO pour la réalisation de cet édito EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 3