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« LA FIFA TRAVAILLE ACTUELLEMENT SUR<br />
SES RÈGLES D’ÉLIGIBILITÉ EN MATIÈRE DE<br />
GENRE. NOUS SOMMES ACTUELLEMENT<br />
DANS UN PROCESSUS DE CONSULTATION. »<br />
directrice du football féminin à la BBC.<br />
Barbra Banda n’a d’ailleurs pas tardé à<br />
entrer dans l’histoire de la compétition.<br />
Alors que la Zambie a signé la première<br />
victoire de son histoire en Coupe du<br />
Monde Féminine face au Costa Rica 1-3,<br />
elle a marqué le 1 000 e but de l’histoire<br />
de la plus grande des compétitions.<br />
Avec cette affaire, l’instance a donc décidé<br />
de revoir ses tests d’éligibilité au<br />
sexe, « la FIFA travaille actuellement<br />
sur ses règles d’éligibilité en matière<br />
de genre. Nous sommes actuellement<br />
dans un processus de consultation », a<br />
expliqué Sarai Bareman ajoutant qu’il<br />
s’agit d’un « sujet très complexe » et<br />
qu’« il y a beaucoup d’avis divergents<br />
sur la question de modifier ces tests<br />
ou non. En tant que représentant de la<br />
FIFA, notre rôle est de prendre en considération<br />
tous ces points de vue et aussi<br />
tout ce qui concerne la recherche, la<br />
science, les preuves, les situations individuelles<br />
et aussi les droits de l’homme.<br />
C’est une décision importante qui aura<br />
un énorme impact. »<br />
Pour l’instant, la CAN<br />
ne bouge pas<br />
Son de cloche différent sur le continent<br />
africain. Quelques jours avant le<br />
début de la dernière CAN féminine,<br />
en 2022, la Fédération zambienne de<br />
football avait annoncé l’exclusion de<br />
Barbra Banda. La raison ? Des résultats<br />
invalides lors du test ADN du sexe réalisé<br />
par la CAF. Considérée, à 23 ans,<br />
comme l’un des plus grands espoirs de<br />
la Zambie, l’attaquante était devenue,<br />
lors des Jeux olympiques de Tokyo, la<br />
première joueuse à réaliser deux triplés<br />
d’affilée face aux Pays-Bas et la Chine<br />
dans la compétition.<br />
La Confédération africaine de football,<br />
qui organise donc la Coupe des Nations,<br />
ne semble pas vraiment vouloir bouger<br />
pour l’heure. Bannie de la CAN 2022,<br />
Barbara pourrait également voir sa participation<br />
à l’édition 2024 annulée.<br />
Des sacrifices au nom<br />
de la conformité<br />
Devant ces contraintes, les possibilités<br />
pour les athlètes ne sont pas bien nombreuses.<br />
Contrairement à Caster Semenya,<br />
qui a contesté les règles de World<br />
Athletics en justice, Mboma a choisi de<br />
ne pas suivre cette voie. Et les raisons invoquées<br />
par son entraîneur, Henk Botha,<br />
sont claires : ils estiment ne pas disposer<br />
des ressources financières nécessaires<br />
pour entamer des procédures judiciaires<br />
coûteuses, et ils préfèrent suivre les<br />
règles pour éviter de perturber le processus.<br />
Cependant, tout cela a un prix. Et même<br />
s’il n’est pas financier, il pourrait coûter<br />
cher à la jeune namibienne. Les traitements<br />
hormonaux auxquels Mboma doit<br />
se soumettre ne sont pas sans risques.<br />
Caster Semenya, qui a également suivi un<br />
D.R.<br />
traitement similaire par le passé, a signalé<br />
des effets secondaires tels qu’une sensation<br />
de maladie, une prise de poids et<br />
des crises de panique. Les conséquences<br />
à long terme de ces traitements sur la<br />
santé des athlètes restent un sujet de<br />
préoccupation au sein de certaines ONG<br />
et associations.<br />
« Je ne vais pas laisser la FIA<br />
m’empêcher d’être qui je suis »<br />
Depuis presque 15 ans, les athlètes<br />
et la Fédération internationale d’athlétisme<br />
(FIA) se battent à ce sujet. Et la<br />
hache est loin d’être enterrée. Nous<br />
n’en avons que peu parlé ici, mais Caster<br />
Semenya en est le parfait exemple.<br />
Contrainte à de nombreuses reprises<br />
de « prendre un traitement pour rééquilibrer<br />
son taux d’hormones mâles, pour<br />
participer aux épreuves officielles » sur<br />
sa distance fétiche, la Sud-Africaine<br />
a décidé de dire stop. « Je refuse de<br />
laisser World Athletics me droguer ou<br />
m’empêcher d’être qui je suis », a réagi<br />
l’athlète dans un communiqué.<br />
La ministre sud-africaine des Sports,<br />
Tokozile Xasa, avait soutenu la plainte<br />
déposée par la championne. « Ce qui est<br />
en jeu ici n’est rien moins que le droit<br />
de chacun à faire du sport, selon elle.<br />
Le corps des femmes, leur bien-être,<br />
leur capacité à gagner leur vie, leur vie<br />
privée, leur sentiment d’appartenir au<br />
monde est remis en question », se questionne<br />
la femme politique.<br />
« Son don génétique devrait être célébré,<br />
et non faire l’objet de discrimination.<br />
Comment se fait-il qu’une athlète féminine,<br />
dont on dit qu’elle a des niveaux<br />
élevés de testostérone, doit rivaliser avec<br />
les hommes, alors qu’un homme, dont<br />
les niveaux de testostérones et d’oestrogènes<br />
sont plus faibles, n’a pas le droit<br />
de rivaliser avec les femmes ? Où est la<br />
parité ? », s’est interrogé le directeur des<br />
sports du gouvernement sud-africain Mokoditloa<br />
Eliakim Moemi. Et dans les faits,<br />
interdit-on à un basketteur d’être trop<br />
grand pour jouer au basketball, alors que<br />
c’est dans ses gènes… La réponse est<br />
clairement non. « Pour les droits humains<br />
des femmes athlètes, sur la piste et en dehors,<br />
jusqu’à ce que nous puissions courir<br />
aussi libres que nous sommes nées »,<br />
conclut Caster Semenya. WSA<br />
EN SAVOIR PLUS SUR AFRICA.WOMENSPORTS.FR N°8 • Janvier > Juin 2024 WOMEN SPORTS AFRICA 47