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ALIOS, 10 ANS La clé des champs urbains en Gironde / n°53 ... - Spirit

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Les artistes Alios, <strong>10</strong> ans de sculptures dans la ville 04<br />

Juli<strong>en</strong> Pol<br />

Michaël Merino<br />

Mireille Fulpius<br />

Quinie Araguas<br />

Juli<strong>en</strong> Pol<br />

C’est dans ses origines vénètes et paysannes que ce total<br />

autodidacte puise son inspiration. Sa première grande interv<strong>en</strong>tion<br />

remonte à 2007 avec une série de sculptures à vocation paysagère.<br />

Plus tard, il s’expose à Cognac à l’occasion de la réalisation de deux<br />

œuvres monum<strong>en</strong>tales <strong>en</strong> espace urbain. L’architecture, qui ti<strong>en</strong>t<br />

une place cruciale dans ses travaux, lui offre une réelle distinction et<br />

permet de gagner <strong>en</strong> reconnaissance malgré une jeune expéri<strong>en</strong>ce<br />

et un parcours non académique. « L’exig<strong>en</strong>ce doit impérativem<strong>en</strong>t<br />

être corollaire de l’urg<strong>en</strong>ce p<strong>en</strong>sée. » Et c’est aussi ce qui fait la<br />

force de Juli<strong>en</strong> Pol qui propose dans sa définition architecturale<br />

ce qui n’est pas « artificiellem<strong>en</strong>t construit », à savoir le paysage.<br />

Ses travaux consist<strong>en</strong>t par ailleurs à ram<strong>en</strong>er à « l’échelle<br />

domestique », à l’intérieur, ce qui est habituellem<strong>en</strong>t visible à<br />

l’extérieur tout <strong>en</strong> conservant une « échelle généreuse ».<br />

« Je mets aussi un point d’honneur à ce que la beauté existe dans<br />

mes travaux, sans chercher à la contourner : il faut que ça marche<br />

a priori, que la noblesse de l’acte transparaisse immédiatem<strong>en</strong>t. »<br />

Exposer auprès du grand public incarne pour l’artiste un rituel<br />

initiateur : « être montré à <strong>des</strong> visiteurs qui n’ont pas nécessairem<strong>en</strong>t<br />

d’intérêt pour cette pratique est particulièrem<strong>en</strong>t formateur. »<br />

Spago Nero, prés<strong>en</strong>tée pour Alios 2009, est une œuvre de<br />

caoutchouc « fragile et s<strong>en</strong>sible » s’étalant sur 26 km, « la distance<br />

qui séparait mes grands-par<strong>en</strong>ts itali<strong>en</strong>s de leurs villages respectifs ».<br />

Une œuvre « multiple, abondante, nécessairem<strong>en</strong>t ambitieuse »<br />

qui laisse <strong>en</strong>trevoir métaphores, symboles et visions.<br />

Michaël Merino<br />

Lorsque Michaël Merino intègre la lic<strong>en</strong>ce Arts plastiques après un<br />

Deug Histoire de l’art, c’est dans la ferme int<strong>en</strong>tion de participer<br />

aux cours de sculpture de Jacques Franceschini, parrain d’Alios<br />

2009. Cette r<strong>en</strong>contre, que l’artiste désigne comme humainem<strong>en</strong>t<br />

et artistiquem<strong>en</strong>t déterminante, servira ainsi d’étincelle à son travail.<br />

Elle débute par une frustration, celle pour l’étudiant de voir tous<br />

ses projets avortés. Désemparé par un énième refus, il s’écrie :<br />

« Alors je vais faire une boule de fils de fer. » Ainsi démarre la longue<br />

et obstinée série <strong>des</strong> Boulimie(s).<br />

L’artiste r<strong>en</strong>tre vite dans un cercle infernal de production : explorer<br />

et étudier la matière et les techniques autour de la thématique<br />

cyclique et féconde de la sphère. Il <strong>en</strong>chaîne alors <strong>des</strong> expositions<br />

qui donneront naissance à de nouvelles boules de matières :<br />

<strong>en</strong> 2007, à la Maison <strong>des</strong> Arts de Bordeaux III, <strong>en</strong> 2008 pour<br />

l’exposition Germination/Bordeaux/Lyon/Madrid à Bordeaux-<br />

Bastide, la même année à Bilbao pour une foire internationale<br />

universitaire d’Art contemporain, et <strong>en</strong>fin <strong>en</strong> 2009 dans le grand<br />

hall de son université. Aujourd’hui, on compte cinq Boulimie(s) : <strong>en</strong><br />

fils de fer pelotés, <strong>en</strong> coton, <strong>en</strong> morceaux de bois juxtaposés, <strong>en</strong><br />

bouteilles et une de vêtem<strong>en</strong>ts cousus. « Une liste (qui) t<strong>en</strong>d à être<br />

complétée. Là, <strong>des</strong> personnes allant faire leurs courses, prom<strong>en</strong>ant<br />

leur chi<strong>en</strong>, passeront devant les œuvres ; et cet art contemporain<br />

aura fait partie de leur quotidi<strong>en</strong>. »<br />

L’œuvre prés<strong>en</strong>tée à Alios s’appelle H2O, <strong>en</strong> hommage aux 180<br />

bouteilles de plastique transpar<strong>en</strong>t qui compos<strong>en</strong>t cette sphère de 120<br />

cm de diamètre, sout<strong>en</strong>ue par une structure <strong>en</strong> pâte de papier mâché.<br />

Mireille Fulpius<br />

Bi<strong>en</strong> avant de travailler le bois, il faut savoir que Mireille Fulpius<br />

s’était attelée à celui de l’acier. Cette Suissesse d’origine n’avait pas<br />

peur de contraindre le métal à d’imposantes formes géométriques.<br />

À la fin <strong>des</strong> années 90, elle comm<strong>en</strong>ce à s’intéresser au bois. Plus<br />

souple, ce matériau organique lui offre de nouvelles perspectives,<br />

lui permettant, <strong>en</strong>tre autres, de réaliser de colossales prises de<br />

volumes avec peu de moy<strong>en</strong>s. Sa première installation éphémère<br />

est conçue dans le cadre de l’association régionale Le V<strong>en</strong>t <strong>des</strong><br />

forêts <strong>en</strong> 1998 dans la Meuse. Avec Auprès de mon arbre, elle<br />

propose plusieurs c<strong>en</strong>taines de mètres de planches de bois qu’elle<br />

délignera finem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cercle autour du tronc d’un arbre grandiose.<br />

Elle ti<strong>en</strong>t alors son sujet, sa technique. Celle de travailler <strong>en</strong> accord<br />

avec la nature, dans la démarche du <strong>La</strong>nd Art, par économie<br />

<strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s et respect de l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t, mais surtout par une<br />

collaboration humaine locale. C’est donc naturellem<strong>en</strong>t qu’elle<br />

pr<strong>en</strong>d goût à un travail <strong>en</strong> grande dim<strong>en</strong>sion, façonné dans de<br />

larges espaces : elle interroge ainsi les lieux de création de ses<br />

œuvres, et s’attache à travailler <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce avec ceux-ci, <strong>en</strong><br />

termes de disposition et de ressources.<br />

Sa dernière installation se trouve d’ailleurs sur le dos du Massif<br />

du Sancy, <strong>en</strong> Auvergne, et fait écho à la topographie naturelle de<br />

l’<strong>en</strong>droit : il s’agit comme son nom l’indique, d’une gigantesque<br />

Charp<strong>en</strong>te de bois de 200 mètres de long. En ce qui concerne<br />

Alios, Mireille Fulpius réserve la surprise de travailler « avec du bois<br />

de chez nous », sur place…<br />

P. Chappert-Gaujal<br />

Patrick Chappert-Gaujal a une dizaine d’années lorsqu’il comm<strong>en</strong>ce<br />

à s’intéresser à l’Art abstrait. Et c’est relativem<strong>en</strong>t jeune, à 16 ans, qu’il<br />

fait son <strong>en</strong>trée aux Beaux-Arts de Perpignan où il passe cinq ans.<br />

S’<strong>en</strong>suit une période de réflexion qui débouchera finalem<strong>en</strong>t sur un<br />

départ pour la Suède. Il y reste quelques années au cours <strong>des</strong>quelles<br />

il expose au sein de la prestigieuse galerie GMK de Malmö. De retour<br />

<strong>en</strong> France, près de Narbonne, il s’installe à la Franqui, et monte son<br />

atelier. Aujourd’hui, il participe à de nombreuses manifestations<br />

artistiques <strong>en</strong> France comme à l’étranger, notamm<strong>en</strong>t les Bi<strong>en</strong>nales<br />

de Dakar. Par ailleurs, il n’hésite pas à intégrer ses travaux dans de<br />

nombreux projets d’<strong>en</strong>vergure. Ainsi, se joint-il aux architectes pour<br />

le réaménagem<strong>en</strong>t du Front de mer de Port Leucate, ou concourt-il<br />

<strong>en</strong>core au festival <strong>des</strong> Jardins de Chaumont-sur-Loire. Ses supports<br />

sont divers : papier, toile, verre, inox, mais l’on reti<strong>en</strong>t une particularité :<br />

l’utilisation du « bois flotté ».<br />

« C’est naturellem<strong>en</strong>t que j’ai décidé de travailler avec ce qui<br />

m’<strong>en</strong>toure. » Parce qu’il n’est jamais très loin de la mer, il s’inspire de<br />

ce dont les rivages de la Méditerranée lui font don : <strong>des</strong> morceaux<br />

de bois ayant écumé les eaux font le charme <strong>des</strong> compositions<br />

de l’artiste. Après polychromisation, celles-ci ne sont pas sans<br />

évoquer les artefacts d’un temps passé, les totems, dont toutes<br />

formes anecdotiques sembl<strong>en</strong>t pourtant avoir été évacuées.<br />

Quinie Araguas<br />

C’est à l’adolesc<strong>en</strong>ce que Quinie Araguas attise et développe<br />

son goût pour l’art. De son admiration pour l’insol<strong>en</strong>te liberté<br />

<strong>des</strong> derniers tableaux de Picasso à sa décisive r<strong>en</strong>contre avec<br />

la mystérieuse Gradiva de Pompéi, la jeune fille se passionne<br />

et se lance : <strong>des</strong>sin, peinture, sculpture même. Aujourd’hui, elle<br />

possède son titre de professeur agrégé <strong>en</strong> Arts plastiques. Depuis<br />

les années 80, elle révèle au public ses œuvres, dont beaucoup<br />

font maint<strong>en</strong>ant partie de gran<strong>des</strong> collections publiques à l’échelle<br />

du Frac Aquitaine ou <strong>en</strong>core de l’Artothèque de <strong>Gironde</strong>. Son<br />

travail, Les tables, fruit d’une création continue, se pose comme<br />

une série d’étonnantes « reliques archéologiques ». Susp<strong>en</strong>dues<br />

au mur comme <strong>des</strong> tableaux de maîtres ou r<strong>en</strong>versées au sol, ces<br />

sculptures circulaires d’un mètre cinquante de diamètre s’illustr<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> deux techniques : le bas et le haut relief. Les premières fig<strong>en</strong>t<br />

dans un brassage de plâtre et de sable une macédoine <strong>en</strong> surface<br />

de fragm<strong>en</strong>ts d’objets, de terre cuite modelée, de végétaux et<br />

de minéraux. Pour les secon<strong>des</strong>, décrites comme <strong>des</strong> « tables<br />

vitrines », il est question de prés<strong>en</strong>ter dans un assemblage de<br />

verre, de miroirs et de néons, <strong>des</strong> fragm<strong>en</strong>ts d’objets <strong>en</strong> terres<br />

cuites modelées.<br />

« Enfouissem<strong>en</strong>ts, émerg<strong>en</strong>ces, recollages hasardeux et<br />

rapprochem<strong>en</strong>ts poético-comiques… <strong>des</strong> histoires se reconstitu<strong>en</strong>t<br />

à partir de tessons de mémoires. » Quinie Araguas prés<strong>en</strong>te un petit<br />

extrait de cette série sans fin qui compte désormais une quinzaine<br />

de Tables.<br />

P. Chappert-Gaujal

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