DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

244 MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE 12 Dec. 31
MON FRANC PARLER
LE PROJET DE LOI SUR L'AVANCEMENT
LE projet du Gouvernement sur la réforme
de l'avancement vient d'être distribué
à la Chambre. En voici les caractères essentiels :
Promotions
de la 6 e à la 5 e cl.
de la 5° à la 4= cl.
de la 4 e à la'3 e cl.
de la 3 e à la 2 e cl.
de la 2° à la 1 cl.
à l'ancienneté
au choix
4 ans. ia. . . . *3 ans.
. . 5 ans. . . .(3 et 4 ans.
. . 6 ans- . . .13, 4 et 5 ans,
Pas de promotions.)3 ans et plus,
Les calculs de notre collaborateur, M. Riquet'
publiés dans le Manuel du 21 novembre dernier,
montrent que, par le jeu des promotions
au choix et des promotions à l'ancienneté, c'est
après 21 ans environ, en moyenne, qu'un
instituteur, d'après ce projet, arriverait à la
1" classe. Reconnaissons qu'il y aurait un
notable progrès sur le régime actuel. Tout de
même, les instituteurs seront-ils condamnés
à rester toujours des fonctionnaires de seconde
zone ? Pourquoi leur imposer 21 ans avant
leur promotion à la 1" classe, alors que les
commis des P. T. T. y atteignent en moins de
20 ans,; et ont par surcroît la perspective de
la classe exceptionnelle et des avancements
notables que constituent les postes de contrôleurs,
receveurs, etc. ? Cet accès à la 1 classe
après 18 ans 4 mois de services en moyenne,
ainsi que le prouvait encore M. Riquet, c'est le
régime des 3-4 seul qui peut le donner. C'est
celui que défendront, nous voulons l'espérer,,
tous nos amis du Parlement. A un instituteur
de 38 ou 40 ans, il assurerait un traitement
de 19 000 f. par an, soit, compte tenu des
versements pour la retraite, 1488 f. par mois,
moins de 50 f. par jour. Estime-t-on que ce
soit exagéré ?
!
ous aurions souhaité que le projet de loi
N donnât un avancement plus rapide au
début de la carrière. Car si l'on a aligné beaucoup
de chiffres sur le nombre des candidats
aux écoles normales, on en a produit beaucoup
moins sur le nombre des jeunes maîtres —
souvent parmi les plus brillants — qui abandonnent
l'enseignement pour d'autres carrières
plus lucratives.
Afin d'arrêter cetLe saignée, il n'eût peutêLre
pas été sans efficacité d'adopter le régime
des 2-3 pour le passage de la 6* à la 5* et de la
5" à la 4 e classe.
OUT au sommet, pour le passage de 2e
T en 1" classe, nous ne trouvons plus,
dans le projet du Gouvernement, que l'avancement
au choix. Pour défendre son projet, le
Ministre énumère d'ailleurs beaucoup de
raisons, excellentes en apparence : « L'accès
à la 1" classe sera aussi largement ouvert
dans l'avenir que par le passé... Mais les
dispositions nouvelles auront cet effet qu'après
trois ans de stage en 2" classe, tout fonctionnaire
de mérite exceptionnel pourra être
promu à la 1" classe, tandis qu'un fonctionnaire
moins méritant y sera normalement
promu après 5' ou 6 ans, exceptionnellement
après 7 ou 8 ans. Rien entendu, un fonctionnaire
qui aurait cessé de remplir ses devoirs
pourrait attendre plus longtemps. Mais c'est
une hypothèse que les traditions de notre
Université et le dévouement incontesté des
professeurs-et des instituteurs à. leurs fonctions
mettent en dehors de toute vraisemblance. »
Le ministre pense donc que l'avancement
en 1 IC classe, réservé uniquement au choix,
sera un stimulant pour quelques instituteurs
qui n'ont pas le « feu sacré ». Alors qu'il ne veut
pas voir de paresseux parmi les maîtres de la
6° à la 3° classe, il brandit son grand sabre
sur la tête de ceux qui touchent à la quarantaine
ou viennent de la [dépasser. On estimera
que cette sélection est peut-être un peu
tardive. Je pense, pour ma part, qu'il est,
parmi les « anciens », en toute petite minorité,
deux catégories de paresseux : ceux
qui n'étaient déjà guère vaillants à 25 ou
30 ans, et à qui il aurait fallu le dire dès cet
âge; ceux qui se sont usés prématurément à
un dur labeur et à qui il serait peut-être injuste
de faire grief d'avoir ainsi ruiné leur
santé et compromis leur ardeur.
Mais ne tremblez donc pas, ajoute le
Ministre, mon grand sabre n'est qu'un sabre
de bois et, comme vous le dit mon exposé
des motifs, il est « hors de toute vraisemblance
» que vous n'obteniez pas votre promotion.
— Alors, pourquoi la présenter comme
une faveur? Serait-ce afin de vous ménager la
possibilité de la refuser pour des motifs d'ordre
extra-professionnel ? On ne manquera pas de le
prétendre, et ce sera tant pis pour l'Administration
qui ouvre cette porte à toutes les polémiques
autour de ses décisions. Votre projet
vous donne un recoiirs contre les maîtres qui
ne s'acquittent pas en conscience des devoirs
de leur fonction : le retard d'un an de la promotion
à l'ancienneté, après avis du Conseil
compétent ; l'Administration, comme le personnel,
y trouvent une garantie ; qu'on s'y
tienne, sans frapper les maîtres de 2° classe —
et seulement ceux-là — d'une mesure d'exception
qui n'a pas son équivalent dans les autres
administrations. ANDRÉ BALZ.
LECTURE. E. TOUTEY. LECTURES PRIMAIRES. Cours Un volume iin-10, (L jA
élémentaire, illustré, cas tonné;