Bonheur social brut au lieu de produit social brut? - eBooksPlus ...
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THEME DU MOIS<br />
24<br />
cents désavantagés économiquement et <strong>social</strong>ement<br />
dans leur région et promeut ainsi<br />
leur intégration <strong>social</strong>e dans leur propre région<br />
(voir «rotary» octobre 2011). Certes, il<br />
existe une multitu<strong>de</strong> d’<strong>au</strong>tres projets, il suffit<br />
<strong>de</strong> jeter un coup d’œil dans la presse régionale<br />
et internationale pour s’en convaincre.<br />
Mais la particularité <strong>de</strong>s projets rotariens<br />
est qu’ils se déroulent par la voie directe, le<br />
contact personnel, par le biais d’un lien<br />
amical ou encore <strong>au</strong> travers <strong>de</strong> projets internation<strong>au</strong>x<br />
avec contrôle et encadrement<br />
à large échelle. Les organismes <strong>de</strong> bienfaisance<br />
spécialisés comme Charity Watch<br />
qui contrôlent les ONG et œuvres d’entrai<strong>de</strong><br />
apprécient d’ailleurs la Rotary Foundation à<br />
laquelle ils ont décerné la note A+.<br />
M<strong>au</strong>vaise note pour la politique du<br />
développement?<br />
Deux jeunes chercheurs, la Française Esther<br />
Duflo et l’Indien Abhijit Vinayak Banerjee,<br />
propagent actuellement un vent <strong>de</strong> panique<br />
dans la politique du développement. Ils sont<br />
tous <strong>de</strong>ux professeurs <strong>au</strong> Massachusetts<br />
Institute of Technology (MIT) et ont publié en<br />
2011 «Poor Economics»; cet ouvrage est le<br />
résultat <strong>de</strong> 15 recherches dans les régions<br />
les plus p<strong>au</strong>vres du globe. Au <strong>lieu</strong> <strong>de</strong> développer<br />
en permanence <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x modèles<br />
<strong>de</strong> développement et d’entrai<strong>de</strong> basés<br />
normalement sur <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s peu comparables<br />
et donc sur <strong>de</strong> pures spéculations<br />
<strong>au</strong> détriment <strong>de</strong>s p<strong>au</strong>vres, Duflo et Banerjee<br />
ont sillonné le mon<strong>de</strong> et ont analysé <strong>de</strong>s projets<br />
<strong>de</strong> développement dans les villes et<br />
les villages, ce qui les a aidés dans leurs<br />
propres expérimentations. Leurs questions<br />
sont pertinentes: Comment fonctionnent les<br />
p<strong>au</strong>vres? A quelles contraintes sont-ils soumis?<br />
Dans quelles structures d’incitation<br />
vivent-ils? Pourquoi agissent-ils ainsi et pas<br />
<strong>au</strong>trement? «Dans chaque cas, il est très<br />
utile d’analyser concrètement le problème,<br />
<strong>de</strong> trouver la réponse spécifique <strong>au</strong> <strong>lieu</strong> <strong>de</strong><br />
parler immédiatement <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement<br />
dans son ensemble.»<br />
Quelques exemples nous ai<strong>de</strong>ront à mieux<br />
comprendre la démarche <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />
jeunes chercheurs qui ont analysé longuement<br />
le comportement <strong>de</strong>s plus p<strong>au</strong>vres en<br />
In<strong>de</strong>; ils ont ainsi constaté qu’un ménage<br />
p<strong>au</strong>vre, qui souffre <strong>de</strong> la faim avec moins<br />
<strong>de</strong> 99 Cent par jour, pourrait théoriquement<br />
dépenser plus pour se nourrir. Mais il investira<br />
plutôt dans le tabac, l’alcool ou les fêtes.<br />
Même si ses revenus <strong>au</strong>gmentent, il ne<br />
consacrera pas forcément cet argent supplémentaire<br />
à la nourriture. Il semble que<br />
ces gens ne veuillent pas plus <strong>de</strong> nourriture<br />
et surtout une nourriture <strong>de</strong> meilleure qualité<br />
ni pour eux, ni pour leurs enfants même si<br />
cela leur donnait une chance <strong>de</strong> réussir. Les<br />
<strong>de</strong>ux <strong>au</strong>teurs dévoilent dans leur livre toute<br />
une série <strong>de</strong> faits contradictoires qui ont<br />
amené certains coopérants <strong>au</strong> développement<br />
à douter du bon sens <strong>de</strong> l’être humain.<br />
Duflo et Banerjee ont souvent constaté durant<br />
leurs voyages que les gens ne souffrent<br />
pas véritablement <strong>de</strong> la faim bien qu’ils<br />
soient inclus statistiquement dans le milliard<br />
d’êtres humains recensés par l’ONU qui<br />
souffrent <strong>de</strong> la faim. Nombreux sont ceux qui<br />
n’<strong>au</strong>raient pas besoin d’<strong>au</strong>tant <strong>de</strong> calories<br />
comme cela figure sur les table<strong>au</strong>x officiels<br />
d’aliments parce que le travail manuel est<br />
moins exigeant ou parce que grâce <strong>au</strong>x antibiotiques,<br />
il y a moins <strong>de</strong> diarrhées. Aussi<br />
longtemps que l’être humain vit <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus<br />
du seuil <strong>de</strong> la famine, il ne v<strong>au</strong>t pas la peine<br />
pour un être humain qui pense rationnellement<br />
et économiquement <strong>de</strong> consommer<br />
plus <strong>de</strong> calories, écrivent Duflo et Banerjee.<br />
Il est question dans leur livre d’un village<br />
p<strong>au</strong>vre <strong>au</strong> Maroc où un homme préfère<br />
acheter sa télévision à crédit que <strong>de</strong> dépenser<br />
plus pour sa nourriture. Il s’ennuierait<br />
parce que dans son village, il n’y a pas <strong>de</strong><br />
travail et il ne s’y passe rien; il préfère donc<br />
renoncer à la nourriture et avoir sa télévision.<br />
Autre question fréquente que se posent souvent<br />
les coopérants à <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> développement:<br />
Comment ai<strong>de</strong>r les enfants<br />
p<strong>au</strong>vres à avoir une meilleure instruction?<br />
Réponse typique: construire une école. Mais<br />
Duflo, la pragmatique, constate que ce n’est<br />
pas l’infrastructure qui pose problème – on<br />
peut très bien enseigner <strong>de</strong>hors ou dans une<br />
maison privée – mais comment attirer les enfants<br />
à l’école ou même faire venir les enseignants.<br />
Pour une expérimentation en In<strong>de</strong>,<br />
<strong>de</strong>s enseignants avaient reçu une caméra<br />
digitale avec horodotage actif et étaient obligés<br />
<strong>de</strong> filmer leurs élèves le matin et le soir.<br />
Les salaires n’étaient versés que pour le<br />
temps effectif d’enseignement. Comparée<br />
avec un <strong>au</strong>tre groupe contrôlé, mais sans<br />
caméra, l’absentéisme <strong>de</strong>s enseignants était<br />
tombé <strong>de</strong> moitié et les résultats <strong>de</strong> leurs<br />
élèves étaient nettement meilleurs.<br />
D’<strong>au</strong>tres constations surprenantes qui intéressent<br />
<strong>de</strong> plus en plus les spécialistes ont<br />
été faites sur le terrain; elles pourraient<br />
d’ailleurs ai<strong>de</strong>r à abor<strong>de</strong>r la situation sous un<br />
<strong>au</strong>tre angle dans l’un ou l’<strong>au</strong>tre <strong>de</strong>s projets<br />
d’ai<strong>de</strong> <strong>au</strong> développement et à une amélioration<br />
<strong>de</strong>s résultats. Esther Duflo qui, selon le<br />
Times Magazin, est une <strong>de</strong>s 100 personnes<br />
les plus influentes <strong>de</strong> la planète et qui a <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> recevoir le Prix Nobel<br />
conseille <strong>de</strong> bien choisir l’organisation avec<br />
laquelle on travaille, <strong>de</strong> ne pas arrêter les activités<br />
<strong>de</strong> projets et <strong>de</strong> continuer à ai<strong>de</strong>r en<br />
faisant <strong>de</strong>s dons malgré les résultats <strong>de</strong> ses<br />
recherches et <strong>de</strong>s questions encore sans réponses<br />
<strong>au</strong>jourd’hui.<br />
Sources: Die Zeit, 22.6.2011 Nr. 26 / Das Magazin, 25/2011 /<br />
Rotary International / Caritas Suisse / Office fédéral <strong>de</strong> la<br />
statistique<br />
P<strong>au</strong>vreté en Suisse – Définition <strong>de</strong><br />
l’Office fédéral <strong>de</strong> la statistique<br />
La p<strong>au</strong>vreté se définit comme une insuffisance<br />
<strong>de</strong> ressources dans <strong>de</strong>s domaines essentiels<br />
<strong>de</strong> la vie, tels que le logement, l’alimentation,<br />
la santé, l’éducation, le travail et<br />
les relations <strong>social</strong>es. Sont considérées<br />
comme p<strong>au</strong>vres les personnes dont les ressources<br />
matérielles et immatérielles sont inférieures<br />
à une certaine limite appelée seuil<br />
<strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté. Ce seuil est généralement défini<br />
d’après les directives <strong>de</strong> la Conférence<br />
suisse <strong>de</strong>s institutions d’ai<strong>de</strong> <strong>social</strong>e (CSIAS)<br />
ou d’après la limite qui donne droit <strong>au</strong>x prestations<br />
complémentaires.<br />
On parle d’indigence quand un ménage n’arrive<br />
pas à assurer sa propre subsistance.<br />
Seuil <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté<br />
La définition du seuil <strong>de</strong> la p<strong>au</strong>vreté est basée<br />
sur les normes <strong>de</strong> la Conférence suisse<br />
<strong>de</strong>s institutions d’ai<strong>de</strong> <strong>social</strong>e (CSIAS). Est<br />
considéré statistiquement p<strong>au</strong>vre tout ménage<br />
qui vit <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce seuil.<br />
Le minimum nécessaire à la couverture <strong>de</strong>s<br />
besoins fondament<strong>au</strong>x (besoins <strong>de</strong> base +<br />
loyer + primes d’assurance-maladie + 100<br />
francs par membre du ménage <strong>de</strong> 16 ans et<br />
plus) est pris comme seuil <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté. En<br />
2005, ce seuil était <strong>de</strong> 2200.– pour un ménage<br />
d’une personne seule, <strong>de</strong> 3800.– pour une<br />
famille monoparentale avec <strong>de</strong>ux enfants et<br />
<strong>de</strong> 4800.– pour une famille avec <strong>de</strong>ux enfants<br />
(Il s’agit ici <strong>de</strong> valeus théoriques: les valeurs<br />
spécifiques à chaque canton ont été communiquées<br />
séparément.) Est considéré comme<br />
p<strong>au</strong>vre tout ménage dont le revenu, après déduction<br />
<strong>de</strong>s cotisations <strong>social</strong>es et <strong>de</strong>s impôts,<br />
est inférieur <strong>au</strong> seuil <strong>de</strong> p<strong>au</strong>vreté.<br />
ROTARY SUISSE LIECHTENSTEIN MARS 2012