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Zelenka: Sacred Music - Abeille Musique

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C<br />

ET HOMME devait être assez étrange : obstiné, réservé,<br />

prône à la mélancolie, un homme fervent dans sa<br />

pratique religieuse (bigot pour certains) et manquant<br />

totalement de courtoisie. On comprend donc assez facilement<br />

qu’avec de tels traits de caractère, Jan Dismas <strong>Zelenka</strong>,<br />

membre de l’orchestre de la cour de Saxe pendant des années,<br />

se voit refuser le poste de Kapellmeister auquel il aspire. Prix<br />

de consolation, il est fait Kirchencompositeur (littéralement<br />

« compositeur d’église »), titre parfaitement évasif car donné<br />

par la cour. Cette place subordonnée qu’il gardera toute sa<br />

vie n’en assure pas moins à <strong>Zelenka</strong> des revenus financiers<br />

mais empêche l’appréciation de son œuvre par le public. Dans<br />

son <strong>Music</strong>alisches Lexicon publié en 1732, Johann Gottfried<br />

Walther dédie quatre lignes à <strong>Zelenka</strong> en le désignant comme<br />

membre de la kurfürstliche Hofkapelle, sans même mentionner<br />

qu’il est compositeur.<br />

Il existe peu d’informations sur la vie de <strong>Zelenka</strong>. Il naît en<br />

1679 dans un village de Bohême et son père est Kantor. Aucun<br />

document ne subsistera sur les vingt-cinq premières années<br />

de sa vie. Son père assure probablement son premier enseignement<br />

musical mais on sait que le jeune homme étudie plus<br />

tard au Collegium Clementinum jésuite de Prague. Son premier<br />

emploi auprès de la famille aristocratique von Hartig de Prague<br />

est bientôt suivi par un poste à Dresde ; il est employé comme<br />

contrebassiste aux alentours de 1710, à la cour de l’Électeur<br />

de Saxe, Frédéric-Auguste I er , converti au catholicisme en<br />

1697. Ses activités en tant que compositeur attirent rapidement<br />

l’attention. Pour terminer sa formation musicale, le Prince lui<br />

permet de voyager en Italie et à Vienne entre 1716 et 1719. Il<br />

reçoit alors l’enseignement de Johann Joseph Fux. Compositeur<br />

parmi les plus diligents et talentueux de la cour de Saxe, il<br />

contribue largement au style originale de la musique religieuse<br />

de Dresde et devient l’assistant le plus important du souffreteux<br />

Kapellmeister, Johann David Heinichen (1683–1729). Toutefois,<br />

la carrière prometteuse de <strong>Zelenka</strong> sous le « règne »<br />

d’Heinichen commence à vaciller en 1730. L’héritier de<br />

l’Électorat de Saxe, le Prince Frédéric-Auguste II, se découvre<br />

une passion pour le style moderne italien lors de son grand<br />

périple européen, et tente, avec un succès grandissant, de se<br />

débarrasser de la musique d’Heinichen et de ses collègues<br />

(déjà considérés comme datant quelque peu) en engageant<br />

d’autres musiciens et, surtout, de rétablir l’opéra. À l’époque,<br />

un jeune compositeur allemand, Johann Adolf Hasse, est<br />

célèbre à Venise et à Naples ; son style est brillant, simple et<br />

mélodieux et balaie les œuvres de compositeurs plus âgés.<br />

C’est lorsque Hasse (apparemment à la suite de longues<br />

négociations secrètes) accepte de prendre la succession<br />

d’Heinichen à Dresde que se joue le destin de <strong>Zelenka</strong>. Avec<br />

son style complexe et ornementé, il n’a pas une chance contre<br />

la simplicité désarmante de son adversaire. <strong>Zelenka</strong> devient<br />

alors renfermé, il compose de moins en moins et meurt en<br />

décembre 1745, amer et brisé.<br />

Friedrich Rochlitz, musicologue de Leipzig, sera le premier<br />

à souligner l’importance de <strong>Zelenka</strong>. Ses professeurs, Johann<br />

Friedrich Doles et Johann Adam Hiller, tous deux admirateurs<br />

et connaissances de <strong>Zelenka</strong>, lui font connaître le compositeur<br />

oublié. Ce n’est que grâce à « une permission spéciale des<br />

hautes autorités, très difficile à obtenir » que Rochlitz peut<br />

examiner un héritage musical toujours caché, plus de cinquante<br />

ans plus tard. Il passera « des heures … à lire certaines<br />

œuvres, les choisissant au hasard dans l’embrouillamini ». Sur<br />

la base de ce court examen, il formule son appréciation très<br />

souvent citée de l’œuvre de <strong>Zelenka</strong> : elle démontre « une<br />

profondeur, une harmonie savante et une expérience de son<br />

usage qui le rapprochent très près de Sebastian ».<br />

Cet enregistrement présente quatre œuvres sacrées<br />

représentatives de ce que <strong>Zelenka</strong> composa environ entre<br />

1727 et 1733 et que Rochlitz tenait en haute estime du fait de<br />

« l’admirable particularité » de leur langage harmonique et des<br />

voix « délicatement entremêlées ».<br />

Les Litaniae de Venerabili Sacramento en do majeur<br />

(Z147) furent, selon une note sur le recueil, complétées le 1 er<br />

juin 1727. Elles furent composées pour la procession de la<br />

Fête-Dieu du 12 juin qui, par respect pour les Protestants,<br />

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