Lightopia Programm - Vitra Design Museum

Bulb, Ingo Maurer, 1966
»The quality of light
is more important to
me than its form.«
Ingo Maurer (born 1932) has been one of the
world’s leading figures in the field of lighting
design for decades. Curator Jolanthe
Kugler spoke with him about his oeuvre
and the evolution of lighting design.
For almost fifty years, you have introduced surprising
new designs on an annual basis. What
brought about the design of your very first lamp?
I had just received a commission that took me
to Venice. While I was there I enjoyed a wonderful
meal and drank a whole bottle of red
wine with it. Then I went up to my room and
there was this naked light bulb hanging there.
It was like a ... coup de foudre! Still half drunk,
I drew a sketch of a lamp. The next day I travelled
to Murano with this idea in my pocket. When
I got home, I designed a base made of pressed
metal to go with it: the Bulb lamp was born!
How did things develop after that?
At that point in time, I still placed a great emphasis
on the form of an object, similar to great
Italian designers like Achille Castiglioni and
Vico Magistretti. But I noticed quite quickly that
the quality of light is more important to me than
the form, and so I began to concentrate on that.
Then my fan lamps (Uchiwa I, 1973) came into
fashion – also an interesting story. I travelled to
Japan and met a great master of fan artistry,
Shigeki-San. Even though we couldn’t talk to each
other, there was an amazing intuitive understanding
between us. This is how I slipped into
Japanese culture, and that brought me even
closer to the topic of light.
For every important theme in the past fifty years
of lighting design, your workshop has made some
technical contribution or introduced a stylistic innovation.
Where did you get the idea for YaYaHo?
That was on a New Year’s morning in Haiti,
where I was staying with friends. There was a
small outdoor square with a huge hanging light
bulb welded directly to the wire, without a plug
or any other connection. I was so entranced by
it, so fascinated, that I wanted to make something
like it. When I got back to New York, we
started experimenting with the idea, stretching
cables to see what it might look like.
In your designs, the most innovative technology
is very often combined with conventional lighting
typologies or archaic light sources, like My
New Flame (with Moritz Waldemeyer, 2012)...
That mostly happens on an unconscious level;
generally I’m far removed from intellectual considerations...
Designs with new technologies
emerge from experimentation. One time, when
I made a sketch of a chandelier on a napkin,
I started to think: this should really shine and
sparkle. That’s how we arrived at the LEDs, a
technology that had already been developed
by General Electric in 1906. But collaboration
with other people is also important – it leads to
new ideas and new approaches, like My New
Flame (2012) with Moritz Waldemeyer.
Along with LEDs, we also observe an increasing
use of OLED lamps. Do you see a great future in
this development?
This definitely presents new challenges for lighting
design. For example, one could create works
with a strong graphic character. I would use
OLEDs in combination with another light source
or as an integrated part of a colourful surface, in
a very playful way. I am currently working on a
new design with OLEDs which is actually conceived
as an outdoor product. I have already
found a solution for the technical requirements,
but I still need to work on the design aspects...
« La qualité de la
lumière m’importe
plus que la forme. »
Ingo Maurer (*1932) se place depuis des
décennies au rang des designers lumineux
les plus remarquables sur la scène mondiale.
Jolanthe Kugler, commissaire, s’est
entretenue avec lui sur ses travaux et
l’évolution du design lumineux.
Voilà près de 50 ans que vous nous surprenez
chaque année avec de nouveaux projets. Comment
votre premier design de lampe vous est-il venu ?
J’avais une mission pour laquelle j’ai dû me
rendre à Venise. La nourriture était formidable
et j’ai bu une bouteille entière de vin rouge. Puis
je suis retourné dans ma chambre et j’ai vu
pendre cette ampoule nue. Ça a été comme
un… coup de foudre ! Encore à moitié enivré, j’ai
dessiné l’image de cette lampe. Le lendemain,
je suis allé à Murano avec cette idée dans ma
besace. De retour chez moi, j’y ai ajouté le pied
en métal chromé et voilà ! « Bulb » était né !
Comment s’est passée la suite ?
À cette époque, la forme avait encore beaucoup
d’importance pour moi, comme c’est le
cas pour les grands designers italiens, Achille
Castiglioni et Vico Magistretti notamment. J’ai
cependant rapidement remarqué que la qualité
de la lumière m’importait plus que la forme et je
me suis concentré là-dessus. Puis la mode s’est
intéressée à mes lampes-éventail (Uchiwa I, 1973),
une histoire très intéressante d’ailleurs. Je suis
allé au Japon et j’ai rencontré un artisan spécialiste
de la création d’éventails, Shigeki-San. Sans
parler la même langue, nous nous comprenions
intuitivement incroyablement bien. C’est comme
ça que je suis tombé dans la culture japonaise
et que je me suis encore approché de la lumière.
Pour chacun des thèmes développés au cours des
50 dernières années, votre atelier a été à l’origine
d’innovations, tant sur le plan technique que sur
la forme. Qu’en est-il en ce qui concerne YaYaHo ?
C’était le matin du Nouvel An, que j’avais passé à
Haïti avec des amis. Il y avait là-bas une petite
place où pendait une énorme ampoule accrochée
à un câble, sans douille ou autre connecteur. Ça
m’a plongé dans une sorte de transe, j’étais tellement
impressionné que j’ai voulu en faire quelque
chose. De retour à New York, j’ai commencé à faire
des essais de tension de fils pour voir ce à quoi cela
pouvait ressembler.
Dans vos projets, il arrive souvent que les techniques
les plus modernes côtoient les typologies
de lampes les plus traditionnelles ou les agents
lumineux les plus archaïques, comme dans My
New Flame (avec Moritz Waldemeyer, 2012)…
Tout ceci est bien involontaire, en réalité, je me
trouve très éloigné des considérations intellectuelles…
C’est par l’expérimentation que les
nouvelles technologies trouvent leur place
dans mes projets. Alors que j’avais crayonné un
lustre sur une serviette, j’ai pensé qu’il faudrait
le faire briller et miroiter. C’est comme ça que
nous sommes arrivés aux LEDs, une technique
inventée dès 1906 par General Electric. Mais
ce qui compte par-dessus tout, c’est la collaboration
avec d’autres personnes, aux approches
et idées nouvelles, comme dans le cas de My
New Flame (2012) avec Moritz Waldemeyer.
Après les LEDs, ce sont de plus en plus les OLEDs
qui sont employées. La tendance a-t-elle un bel
avenir d’après vous ?
Ces nouveaux enjeux de création sont très certainement
à prendre en considération. On pourrait
par exemple travailler dessus sur le plan graphique.
Je combinerais les OLEDs avec un autre type de
lumière, ou sur une surface colorée, de manière
ludique. Je travaille actuellement sur un nouveau
projet avec des OLEDs, pour l’extérieur. Pour la
mise en œuvre technique, j’ai la solution, mais je
dois encore peaufiner la forme…
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