LES CAHIERS
Facteurs socioculturels du REX: sept études de terrain - Icsi
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Facteurs socioculturels du REX<br />
• les espaces et les temps de négociation et de discussion informelles;<br />
• les modes d’articulation entre modes formels et informels de fonctionnement;<br />
• les types d’engagement des acteurs dans leur travail, en fonction de leurs positions dans<br />
l’organisation ;<br />
• les contraintes et incertitudes subies par les acteurs.<br />
Notre objectif est en effet de comprendre les moyens par lesquels les individus parviennent<br />
à contrôler leur situation de travail et à organiser différentes tâches interdépendantes. Nous<br />
voulons remonter aux mécanismes de coordination, de négociation mobilisés par les acteurs<br />
dans le cadre et au moment de leur activité de travail, et pas seulement étudier les processus<br />
de planification décidés par les acteurs ad hoc. Pour cela, il nous semble insuffisant d’étudier<br />
un événement, souvent négatif, isolé dans le temps et l’espace. Cela nécessite en revanche de<br />
se pencher sur le fonctionnement normal, voire routinier, pour découvrir des vulnérabilités<br />
cachées au sein même des organisations. En effet, l’analyse d’aléas, de surcroît souvent ponctuels,<br />
ne permet pas à elle seule de mettre à jour ces vulnérabilités. Il s’agit d’entrer au cœur<br />
de l’activité de travail des acteurs étudiés, parce que c’est bien au cœur de l’activité, non pas<br />
en surface, que se glissent les facteurs de risques. Nous avons donc jugé nécessaire d’adopter<br />
une approche contingente, centrée sur les situations de travail, dans un contexte donné, tant<br />
routinières (si tant est qu’il y en ait dans les projets) que dégradées ou perturbées. Comme le<br />
précise J.M. Jacques et M. Latiers,<br />
observations permettent d’aller au-delà des retours d’expérience classiques menés après les<br />
[événements], principalement focalisés sur l’application stricte des plans et procédures, et où les<br />
‘‘Les<br />
déviations par rapport au prescrit sont la plupart du temps jugées négativement ou camouflées<br />
par les participants.<br />
Il nous a été possible d’approcher deux types de situation, par le biais de l’observation (partici-’’<br />
pante ou non) :<br />
• les nuits de travaux et essais, avec la signalisation et avec la voie;<br />
• les réunions suite à incident visant à en analyser les causes.<br />
Ces deux types de situations se caractérisent tout d’abord par leurs temporalités : elles sont<br />
situées dans le temps, ont un début et une fin déterminée. Par ailleurs, elles font intervenir<br />
différents types d’acteurs, aux logiques et intérêts différents, qui vont être amenés à échanger,<br />
à négocier, à se disputer. . . Ces observations nous permettent d’accéder à une foule d’informations<br />
difficiles à obtenir par le biais d’entretiens, et à une vision des phénomènes à la fois<br />
dynamique et située. Nos travaux ont ainsi permis de mettre en évidence, par exemple, que les<br />
négociations entre équipes projet et maîtres d’œuvre étaient difficiles : étant très instrumentées,<br />
et portant principalement sur les aspects techniques, planning ou coûts, elles mettent de côté<br />
des questions plus organisationnelles, professionnelles, voire identitaires.<br />
6.2.3 Troisième objectif : mettre à jour les mécanismes informels de maîtrise des risques dans les<br />
projets<br />
À partir du diagnostic organisationnel réalisé et des connaissances acquises sur le fonctionnement<br />
des organisations par projet, notre troisième apport consiste à généraliser nos résultats<br />
sur les mécanismes de maîtrise des risques dans les organisations par projet. L’objectif est en<br />
particulier de mettre à jour les mécanismes informels, invisibles permettant de maîtriser les<br />
risques. La prescription, bien qu’utile, est souvent insuffisante, et peut même créer de nouvelles<br />
failles. Ainsi, nous porterons notre attention sur la façon dont les acteurs, notamment par le<br />
biais d’« ententes », d’« ajustements », parviennent à compenser les failles du système. Ce troisième<br />
apport consisterait davantage en un retour d’expérience positif ; une fois ces pratiques<br />
informelles mises à jour, nous nous attacherons à comprendre comment elles peuvent être<br />
favorisées.<br />
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