LES CAHIERS
Facteurs socioculturels du REX: sept études de terrain - Icsi
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2.3. Approches précédentes<br />
Normativisme L’environnement opérationnel est entièrement compris et modelé; la sécurité<br />
est assurée par le suivi des procédures.<br />
De plus, nous avons utilisé les catégories suivantes comme bases pour nos entretiens et notre<br />
questionnaire. Ce ne sont pas des concepts du même type que ceux décrits au dessus, mais<br />
plutôt des phénomènes socio-organisationnels bien connus qui dérivent directement de pratiques<br />
opérationnelles et du travail sur les facteurs humains. Ils ne sont pas tous indépendants<br />
des concepts précédents, mais plutôt les incarnent et les illustrent; il s’agit simplement de<br />
différentes pièces d’un même tissu. Pour les trois dernières de ces cinq catégories, nous n’avons<br />
pas donné d’exemple d’hypothèse ou de mythe associé, mais nous avons à la place terminé par<br />
une question ouverte, l’objectif étant simplement de comprendre les modèles du système que<br />
les personnes utilisent.<br />
Erreurs L’erreur humaine est un phénomène bien défini, facilement compris ; l’erreur humaine<br />
devrait être éliminée à chaque fois que possible puisque c’est une menace pour la sécurité.<br />
Responsabilité La responsabilité individuelle est (de manière inconditionnelle) bonne pour la<br />
sécurité.<br />
Vision de la sécurité Pour quelles raisons l’aviation est-elle sûre?<br />
Modèle explicite de l’accident Quels modèles d’accidents les personnels ont-ils dans la tête<br />
ou quel est celui utilisé officiellement dans leur travail?<br />
Relations interorganisationnelles Quelle est la nature des relations entre les différents soussecteurs<br />
de l’industrie ?<br />
2.3.7 Du pain sur la planche<br />
Pourquoi, si ce type de recherche existe déjà, discutons-nous encore ce sujet? Le problème<br />
réside dans le fait que les efforts pour provoquer un changement de paradigme scientifique et<br />
pour amener de nouvelles idées au courant de pensée principal au sein de l’industrie, n’ont pas<br />
atteint le succès escompté.<br />
Pour commencer, les professionnels de l’industrie déplorent la complexité des idées et le niveau<br />
d’expertise requis pour les comprendre et soulignent que les modèles et les méthodes ont besoin<br />
d’être plus matures et « validés » avant d’être raisonnablement appliqués en pratique [Steele<br />
et Pariès 2007].<br />
Il est vrai que peu de publications sont destinées à un large public. Beaucoup de paradoxes sont<br />
inhérents à ce problème de communication. Premièrement, on s’attendrait plutôt à ce que seules<br />
les organisations les plus consciencieuses au niveau sécurité lisent des livres régulièrement mis<br />
à jour et participent à des débats publics sur la sécurité. Ainsi, le premier effet constaté peut-être<br />
celui de « prêcher des convertis ». Le second paradoxe, c’est que, de lui-même, le paradigme<br />
existant bloque les changements; nous recherchons une façon simplifiée de délivrer comme<br />
message que le système est irréductible et ne peut pas être simplifié, et nous devons démontrer<br />
les avantages coûts-bénéfices qu’il y a à adopter une vision qui n’est pas pertinente avec de<br />
telles quantifications. Nous devons également expliquer clairement les idées au personnel<br />
technique et aux managers (qui prennent les décisions) de façon à les convaincre qu’ils ont<br />
besoin d’acquérir une expertise particulière en Facteurs Humains pour les comprendre et les<br />
appliquer. Ceci est extrêmement difficile. Les principes du modèle du fromage suisse [Reason<br />
1990] peuvent être aisément expliqués à l’aide d’une diapositive Powerpoint, c’est pourquoi<br />
au sein de l’industrie, les personnes s’attendent à ce que n’importe quel nouveau modèle soit<br />
aussi simple et intuitif.<br />
Il est naturel que les discussions sur le changement de paradigme et sur les limites du cadre<br />
épistémologique actuel soient ciblées essentiellement au niveau académique. Le milieu académique<br />
est à l’origine du débat et les publications scientifiques ont vocation à expliquer les<br />
concepts. Cependant, l’académie a pris beaucoup de temps pour intégrer les nouvelles idées<br />
et le travail reste fragmenté, même parmi les chercheurs de la même « école ». Au sein de la<br />
communauté Facteurs Humains, certaines fractions minoritaires influentes refusent catégoriquement<br />
et contredisent les nouvelles idées, ce qui, cependant, fait tout sauf stopper le progrès<br />
et empêcher l’institutionnalisation des idées au niveau international.<br />
obstacles au<br />
changement<br />
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