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[ Seyssins en têtes ]
Stéphane CANO, entre énergie et
sagesse
Né d'un père entraîneur de foot dans une ville
du sud-ouest vouée au rugby, Stéphane Cano
est pourtant tombé dans le judo tout petit.
L'opiniâtreté et le talent le conduisent aujourd'hui
à disputer bientôt les championnats d'Europe en
Roumanie, puis en septembre à se présenter aux
championnats du monde. Pour ces deux sélections
prestigieuses, il évoluera avec son complice
Frédéric Rouhet en « katame no kata » (1). Tous
deux ont fini 5 e des championnats du monde
2008, il s'agira donc de gravir quelques marches
de plus.
Pari difficile dans un contexte « où on s'entraîne
tout seul, parce que la France est très en retard »,
mais défi qui n'est pas pour déplaire au directeur
technique de Seyssins-Judo, club qu'il pilote
depuis 2001 avec une énergie et une autorité naturelles.
Après un parcours qui l'a conduit en Suisse
puis dans le Vercors et à Crolles, ce judoka ceinture
noire 3 e dan anime en effet l'équipe pédagogique,
composée de Philippe Cubat et Ido Batian.
Au fil d'une séance avec une vingtaine de judokas
en herbe qu'il entraîne deux fois par semaine, on
se rend vite compte que la moindre de ses vertus
est sans doute la fermeté, qui se traduit par l'attention
aux règles, le sens du cérémonial. Pas
question de zapper le salut au portrait du vénérable
fondateur Jigoro Kano.
Ni de prolonger les inévitables
petits défoulements
enfantins. Rien ne
doit s’opposer à cette
demande de concentration
et de rigueur.
« Le judo, c'est surtout un
sport bon pour le corps et
la tête »
Stéphane Cano reste pour autant lucide, et sa
devise pourrait être : faire son métier de sportif
sérieusement, sans se prendre trop au sérieux non
plus. Le judo reste d'abord un plaisir, une discipline
pour soi. Il déplore un changement des mentalités
qui voit de plus en plus de bons judokas
abandonner et quitter le club après une défaite.
« On ne peut pas toujours gagner, le sport c'est
aussi ce défi permanent, et puis si on connaissait
la recette pour gagner sans faillir, ce ne serait pas
drôle... ». La compétition à Seyssins-Judo n'est
ainsi qu'une infime partie de l'activité et le souci
premier reste de former avant tout des judokas,
pas forcément des champions. « Plus on monte en
âge, moins on trouve de compétiteurs. Quand des
très jeunes débarquent au club avec ce fantasme
de compétition, on les calme tout de suite... Le
judo, c'est surtout un
sport bon pour le corps et
la tête, une activité vraiment
complète... ».
À la fin du mois de mai,
les passages de ceinture
en présence des parents viendront clore l'année
par un week-end de fête. Si cette fin de la saison
prend la forme d'un temps fort, c'est grâce à la
mobilisation de tous les bénévoles Stéphane Cano
est attentif et sensible à cette vie collective du
club. « Avant, les clubs étaient centrés sur les activités,
aujourd'hui cela ne suffit plus, il faut organiser
des tournois, faire entrer de l'argent lors de
soirées festives. Si à Seyssins le judo ne coûte pas
très cher, c'est aussi grâce à tous ces efforts conjugués
».
(1) Ce « kata » regroupe les techniques de judo au sol :
immobilisations, étranglements et clés.
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[ [info]Seyssins - mai 2009 - n°145 ]