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versification latine - Biblioteca Nacional de Colombia

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©<strong>Biblioteca</strong> <strong>Nacional</strong> <strong>de</strong> <strong>Colombia</strong>


PRÉFACE<br />

DE LA PREMIÈRE ËDITION<br />

(1826).<br />

Les Prosodies adoptées dans nos colléges sont <strong>de</strong>s ouvrages élémentaires<br />

plus ou moins complets, plus ou moins méthodiques;<br />

mais enfin ce ne sonL que <strong>de</strong>s ouvrages élémentaires. Leur objet<br />

unique est d'opprendre la quantité <strong>de</strong>s syllabes et la structure du<br />

vers. Enes ajoutent à ces règles quelques mots 5111' la ca<strong>de</strong>nce, sur<br />

les coupes du vers hexamètre, sur l'harmonie imitative et sur les<br />

licences; mais, comme elles ne font qu'efneurer ces matières, elles<br />

<strong>de</strong>viennent bientôt superflues. Dès la Troisième elles sont abandonnées,<br />

et il faut que les maltres par leurs leçons, les élèves par l'étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s poëtes , relilplissent cette lacune.<br />

RoUin, le premier, sentit que cette partie toute technique <strong>de</strong>s<br />

Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>versification</strong> avait besoin d'un complément, et il a<br />

laissé quelques pages où il pénètre avec sagacité jusqu'aux plus secrètes<br />

intentions <strong>de</strong> la poésie, L'auteur du Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Humanistes,<br />

s'emparant <strong>de</strong> ces esquisses, les a transportées da os un cadre plus<br />

étendu; et son livre, malgré quelques défauts dont la prolixité cst<br />

le plus saillant, offre beaucoup <strong>de</strong> reillarques judicieuses, et mérite<br />

d'être consulté, Un céièbre professeur <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong> Paris 1 publia,<br />

il y a quelques années, le 1J1'anue! du Ver sificateuT latin,<br />

ou Supple'ment au petit Trailé <strong>de</strong> Bollin SUT la l'ersification<br />

<strong>latine</strong>, On pouvait espérer que ce travail ne laisserait rien à désirer:<br />

il sortait <strong>de</strong> mains habiles; le poëte avait précédé le critique,<br />

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."


Yj<br />

1'1lEF.\Cr, ,<br />

et <strong>de</strong>s ,'ers connus <strong>de</strong> tous les littérateurs déposaient en raveur du<br />

nouvel ouvrage, Cependant J'auleur a-t-il bien recueilli tous scs<br />

souvenirs sur celte matière? Nous croyons qu'il est loin <strong>de</strong> l'avoir<br />

épuisée; et, après avoir rendu hommage à lu justesse <strong>de</strong>s aperçus<br />

qu'il a jetés dans ce peu <strong>de</strong> pages, nous tenterons d'en offrir <strong>de</strong><br />

nouv ea ux, Nous nous adressolls aux élè"es qui connaissent les règles<br />

<strong>de</strong> la quantité et le mécanisme du l'ers hexamètre, et nous avons<br />

pour but <strong>de</strong> rechercher les effets que produit la poésie <strong>latine</strong>, pour<br />

les désigner à leur admiration, et <strong>de</strong> les initier dans le secret <strong>de</strong>s<br />

ressources poétiques , afin <strong>de</strong> faciliter leur travail.<br />

Ici une objection se présente, un scrupule nous arrête, La versifica<br />

tion <strong>latine</strong> mérite-t-elle ces laborieuses recherches et ces offirieuses<br />

recommandations? Le temps que l'on consacre à en poser<br />

les préceptes n'est-il pas perdu, aussi bien que celui que l'on passe<br />

à les appliquer? Tel est, je le sais, l'avis <strong>de</strong> plus d'un détracteur ;<br />

CHI' la poésie <strong>latine</strong> es t en butte à <strong>de</strong> nombreuses attaques, et notre<br />

siètle surtout lui prodigue un superbe mépris, L' industrie, le commerce,<br />

les sciences exactes ont pris <strong>de</strong> nos jours un développement<br />

qui frappe tous les yeux, L'élan <strong>de</strong>s esprits vers ces objets a<br />

dû les babituer aux résultats matériellement utiles, aux solutions<br />

rigoureuses, à ce qu'on appelle le positif, et les rendre peu sensibles<br />

aux arts d'imagination , dont l'utilité, tout intellectuelle,<br />

est moins facile à apprécier, et n'est pas soumise au calcul. Ils n'y<br />

"oient qu'un jeu d'esprit frivole , qui pouvait séduire quand les sociétés,<br />

moins civilisées, étaient occupées <strong>de</strong> moindres intérêts ,<br />

mais dont un siècle <strong>de</strong> lumières doit faire justice, et que dédaigneront<br />

également le l'rai philosophe et le l'rai citoyen, Le rêve <strong>de</strong><br />

platon, sous ce rapport du moins, n'est pas loin <strong>de</strong> se réaliser; Ics<br />

poëtes seront chassés <strong>de</strong> nos sages gouvernements:<br />

Ignavum fucos pecus a prresepibus arcenl.<br />

Toutefois n'exagérons point. Si rami <strong>de</strong>s arts est soul'cnt froissé<br />

par les sèches doctrines <strong>de</strong> l' indush'ialisme > il faut avouer que ces<br />

idées n'ont pas encore tout envahi, et que la réforme n'est pas encore<br />

opérée, II est <strong>de</strong>s gens qui sentent et honorent les beaux-art. ,<br />

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'liij<br />

l>flÉFACE.<br />

travail. quols fruiJs üs en out recueillis, et ils sont tres-conséquents<br />

en voulant le proscrire. Envisageons-le sous un point <strong>de</strong><br />

vue plus élevé, et essayons <strong>de</strong> le défendre contre les dédains <strong>de</strong> la<br />

paresse et l'erreur du préj ugé.<br />

Le but <strong>de</strong> l'instruction est <strong>de</strong> développer l'esprit. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

langues est très-propre à remplir- cet objet. Les langues anciennes<br />

ont été cboisies <strong>de</strong> préférence, tant à cause <strong>de</strong> la beauté qui les recomman<strong>de</strong><br />

qu'à cause <strong>de</strong>s nombreux trésors dont elles sont dépositaires.<br />

L'enfant qui commence cette étu<strong>de</strong> a <strong>de</strong>s mots, <strong>de</strong>s règles il<br />

apprendre; sa mémoire surtout est mise en jeu. Peu à peu son jugement<br />

se forme; on lui donne à traduire d'une langue dans un e<br />

autre. Ce travail exige <strong>de</strong> lui une parfaite intelligence du texte; il<br />

s'habitue à se rendre compte <strong>de</strong>s idées d'un auteur; le besoin d'analysel'<br />

pénètre insensiblement dans cette jeune tête. Jusqu'ici il<br />

s'agit <strong>de</strong> comprendre, et non <strong>de</strong> produire: <strong>de</strong>s pensées étrangères<br />

doivent être reRdues avec exactitu<strong>de</strong>; y ajouter, ce serait manque\'<br />

au<strong>de</strong>voir d'intcrprète. Ce n'est qu'en Secon<strong>de</strong>, et surtout en Rhétorique,<br />

qu'on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux élèl'es, non plus seulement l' œune <strong>de</strong><br />

leur jugement, mais r œuvre <strong>de</strong> leur imagination. La <strong>versification</strong><br />

<strong>latine</strong>, qui les prépare à ce travail, sert <strong>de</strong> lien, d'intermédiaire<br />

entre la Rhétorique et les classes in férieures. Les sujets qu'ils ont à<br />

trailer provoquent leur activité: ils s'interrogent, pour trouver en<br />

eux-mêmes ce que la matière a omis à <strong>de</strong>ssein. Une épithète heureuse,<br />

une phrase inci<strong>de</strong>nte, un court développement, tel est d'abord<br />

le résultat <strong>de</strong> leurs mo<strong>de</strong>stes décou"ertes; mais dt!jà leurs essais<br />

portent l'empreinte <strong>de</strong> leur pensée. plus tard ils trouveront <strong>de</strong>s<br />

développements plus étendus; ils ajouteront <strong>de</strong> nouvelles idées; on<br />

re,connaîtra que les données <strong>de</strong> la matière ont passé par une intel.<br />

ligence : ici un trait <strong>de</strong> sensibilité, là <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong>scriptifs en<br />

réyèleront les traces. Qu'il est intéressant <strong>de</strong> voir ainsi la pensée<br />

comme jaillir d'un esprit; <strong>de</strong> le voir <strong>de</strong>l-enir créateur, c'est-à-dire<br />

s'élever à toute la dignité <strong>de</strong> sa nature! Non, il n'est pas perdu<br />

pour lui, ce travail par lequel il pénètre les sentiments <strong>de</strong> l'homme.<br />

ou se transporte <strong>de</strong>vant une scène <strong>de</strong> la natuTe; il n'est pas perdu<br />

pour lui, ce travail paT lequel il chcrche la forme qu'il donnera â<br />

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XIV<br />

PRÉFACE.<br />

Iicatesse et même le scrupule. On trouvera peut-être que j'ai quelquefois<br />

prodigué les exemples: il m'a bien fallu appuyer certains<br />

principes que je ne voyais nune part, ou qui étaient en contradiction<br />

avec quelques règles que je trouvais établies; ensuite, je<br />

pense que <strong>de</strong>s exemples frappent bien plus qu'un précepte ari<strong>de</strong>, et<br />

qu'on les retient souvent, quand le précepte est oublié. J'ajouterai<br />

que les règles <strong>de</strong> la poésie, ainsi que cenes <strong>de</strong>s autres arts, ne sont<br />

pas susceptibles d'une rigueur mathématique. 111" adressant à <strong>de</strong>s<br />

jeunes gens déjà avancés dans leurs étu<strong>de</strong>s, je n'ai pu affirmer<br />

dogmatiquement certains préceptes, dont la lecture <strong>de</strong>s poëtes aurait<br />

fait reconnaltre lïmpru<strong>de</strong>nte générclité. Il a donc fallu comme<br />

transiger avec le précepte général, et produire plusieurs exemples<br />

dans lesquels il avait été violé, pour que J'on reconnût à quelles<br />

conditions il peut l'être. On verra que certains développements,<br />

qui font diversion à la sécheresse <strong>de</strong>s règles générales et sont <strong>de</strong>stinés<br />

à former le goüt, n'ont besoill que d·une lecture attentive, et<br />

on les distinguera <strong>de</strong> la partie didactique 1 qui doit être apprise par<br />

cœur.<br />

Sans avoir la moindre prétention au système, je crains <strong>de</strong> contrarier<br />

quelquefois <strong>de</strong>s idées reçues. Je suis prêt à me rendre à<br />

toutes les remarques dont on me fera sentir la justesse; je recevra:<br />

avec soumission et reconnaissance les lumières qu'on voudra bien<br />

me communiquer. Heureux si cet ouvrage, tel quïl est, peut faciliter<br />

le travail <strong>de</strong>s élhes, et alléger la tâche <strong>de</strong>s professeurs! heureux<br />

si quelques sulIrages sont pour moi la récompense d'une<br />

jeunesse vouée sans réserve à Iïnstruction publique!<br />

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CHAPITRE 111.<br />

CHANGHIENTS DU SUnSTANTII'.<br />

1° On peut remplacer un nom pluriel par 110 nom<br />

collectif au singulier. Exemple:<br />

Armorum sonitum toto Germania cœlo<br />

Audiit. Y.<br />

au lieu <strong>de</strong> Germani.<br />

Nobili/as eum plcbe peril. L.<br />

au lieu <strong>de</strong> nobiles.<br />

Servitus obnoxia ...<br />

AfTectus proprios in fabellas translulit. PIl.<br />

au lieu <strong>de</strong> set·vi.<br />

2° Les poëtes mettent élégamment un adjectir ù la<br />

place d'un substantif au génitif:<br />

Pacatumque reget patriis virtutibus orbem. v.<br />

au lieu <strong>de</strong> patris.<br />

Casus abies visura marinas. V.<br />

au lieu <strong>de</strong> maris.<br />

Addit el Herculeos arcus, hastamque MincrvlE. J.<br />

au lieu <strong>de</strong> Herculi:;.<br />

Qualem virgineo <strong>de</strong>messum pollice norem ... v .<br />

. au lieu <strong>de</strong> vù·yinis.<br />

3° Ils prennent la cause pour l'efl"et:<br />

Cujus ab alloquiis anima hœc morilmnda revilit ,<br />

ut vigil infusA palla<strong>de</strong> flamma solet. O ..<br />

c'est-à-dire oleo.<br />

Bacchus amal colles, Aquilonem et frigora ta:li. \'.<br />

c'est-à-dire vitis.<br />

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12<br />

Cll.Al'1TI\E ur.<br />

12° Un subsLantif <strong>de</strong> qualité se change quelquefois<br />

cn un substantif <strong>de</strong> personne, <strong>de</strong> cetta maniûre :<br />

Parenl promissis, dissimulantque <strong>de</strong>os. u.<br />

Vultuque <strong>de</strong>am confessa, rt'cessit. Y.<br />

c'est-à-dire divinitatem.<br />

Mentirisjuvenem tinctis, Lentine ,.capillis. M.<br />

c'est-à-dire j7lVentam.<br />

!!Idue mente patrem. CL.<br />

c'est-à-dire paternos sensus.<br />

ncdidicit jam pace ducem. L.<br />

c'est-à-dire ducis munia.<br />

13° Quelquefois encore on peut remplacer un substantif<br />

par un verbe à l'infinitif ou au gérondif:<br />

Au lieu <strong>de</strong><br />

Lacrimarum pu<strong>de</strong>t.<br />

Mortem oplare. . .<br />

on pourra dlre<br />

flere pu<strong>de</strong>t.<br />

velle morio<br />

JJlemoriam horreo. . meminisse borreL<br />

Dulces querelœ (sunt). . dulce queri.<br />

Dignus vitâ. . . . . . • .. digous vivere ou qui vivat.<br />

A1l1ieu <strong>de</strong> me<strong>de</strong>ndi, qu'on voit dans le vers sUIvant:<br />

Beire potestates berbarum, usumque me<strong>de</strong>ndi. Y.<br />

une matière <strong>de</strong> vers pourrait donner medicinœ.<br />

Forsilan et, pingues hortos quœ cura colendi<br />

OrnareL, canerem. Y.<br />

culturœ.<br />

Quidquid solamen humandi est. Y.<br />

sepulturœ.<br />

Superanda ornois Cortuna (erendo est. v.<br />

patientiâ.<br />

Sic quisque pavendo<br />

Dat vires ramie. L.<br />

metu.<br />

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ClliNGEMENTS DU SUBST.lNTlf.<br />

14° Enfin le substantif se remplace par un verbe à<br />

l'indicatif> <strong>de</strong> cette manière:<br />

Ut sibi commiltal quidquid dolet. O.<br />

au lieu <strong>de</strong> dolores.<br />

lias odisse viros, atque omnia ferre sub auras,<br />

'Si qua tegunt. V.<br />

au lieu <strong>de</strong> arcana.<br />

" ,<br />

, .<br />

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13


CHAPITRE V.<br />

CHANGEMENTS DE L'ADJECTIF.<br />

1° L'adjectif peut se changer en un substantif au<br />

génitif:<br />

Jarnpridcm cœU Dobis le regia , Cœsar ,<br />

Invi<strong>de</strong>t. V.<br />

au lieu <strong>de</strong> cœlestis.<br />

Depulsus ab ubere matris. V.<br />

au lieu <strong>de</strong> matemo.<br />

Mais en générall'adjeclif doit être préruré:<br />

iJ'Iatcrnâ redimitus tempora lauro. V.<br />

1I1aternas agooscit aves. V.<br />

2° Les poëles mettent quelquefois au neutre l'adjectif<br />

attribut se rapportant à un substantif masculin ou<br />

féminin:<br />

Triste lupus stabulis, maluris frugibus irnbres. V.<br />

Du/ce salis humor. V.<br />

Triste rigor nimius? Torquati <strong>de</strong>spue mores. CL.<br />

Dulcis amor re"oni blandumque poteslas. ST.<br />

3° On trouve souvent une autre construction, empruntée<br />

aux Grecs COJ;llme la précé<strong>de</strong>nte. Au lieu <strong>de</strong><br />

faire accor<strong>de</strong>r l'adjectif avec le nom, les poëtes<br />

l'emploient substantivement, et le mettent au pluriel<br />

neutre; le nom passe au génitif :<br />

Obse<strong>de</strong>re alii tclis angusta viarum. v.<br />

pour angustas vias.<br />

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CBANGEME:'lTS DU VEllBE.<br />

Gravioraque lcla mcreri<br />

Servalus Cayaneus. ST.<br />

6° Ils mettent l'infinitif au lieu du supin. Ainsi Horace<br />

a dit: Niveus vi<strong>de</strong>ri.<br />

Roma capi racilis. Luc.<br />

EL, dcsit si Jarga Ceres, lune horrida cerni,<br />

Fœdaquc contingi maculato carpere morsu. ST.<br />

Ibat et hirsutas ille vi<strong>de</strong>re feras. PuoP.<br />

Non nos aut ferro Libycos populare penates<br />

Venimus. V.<br />

7° Ils emploient indifféremment le subjonctif ou<br />

l'inllnilif après les verbes timere> vetare> sua<strong>de</strong>,.e><br />

hortari> jubere> necesse est> oportet> et quelques<br />

autres:<br />

Quid trepidas et adire limes? O.<br />

U!teriùs tentare veto. V_<br />

Juturnam misero , fateor, succurrere fratri (suasi). V.<br />

Hortatur Cltherea lagant. CL.<br />

IIorlnmur tari quo sanguine cretus. Y.<br />

Seu Troas fierijuheas. Teucrosque vocari. V.<br />

Magnâ ditione jubelo<br />

Cn.rthago premat Ausoniam. V.<br />

Il. TEMPS.<br />

1 ° Rien n'est plus fréquent, en prose comme en<br />

poésie, que <strong>de</strong> remplacer dans un récit le parfait par<br />

le présent. Cette tournure donne <strong>de</strong> la vivacité au discours:<br />

ce que l'écrivain raconte semble se reproduire<br />

à nos yeux; nous assistons à la scène qu'il décri t.<br />

2° Le parfait peut remplacer à son tour le présent.<br />

Lorsqu'on veut donner une idée frappante <strong>de</strong> la rapi-<br />

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23


24<br />

CHAPITRE VI.<br />

dité d'nne actIOn, on la représente, non plus comme<br />

se faisant actuellement, mais comme déjà faite:<br />

Terra tremit, {tlgère ferre, et mortalia corda<br />

per gentes humilis slravil pavor. V.<br />

Et pavidœ matres pressere ad pectora natos. V.<br />

Tum ycro incumbunt : urgcl prreseDtia Turni,<br />

Atque ornois facibus pubes accingi tur atris ;<br />

Diripuere focos. v.<br />

Même sans vouloir produire cet effet, ct en parlant<br />

d'une chose habituelle, vraie dans tous les temps, les<br />

poëtes mettent quelquefois le parfait au lieu du présent;<br />

ils imitent l'aoriste <strong>de</strong>s Grecs.<br />

Dicendum et qure sint duris messoribus arma,<br />

Quîs SiDè nec potuere seri ncc surgere messes. V.<br />

Dree ea<strong>de</strong>m argenli rivos rerisque melalla<br />

Ostendit vcnis, alque auro plurima flux;t. v.<br />

Non reris acervus el auri<br />

b:groto domini <strong>de</strong>duxit corpore febrrn:. 11.<br />

3° Il est très-commun <strong>de</strong> voir le parfait <strong>de</strong> l'infinitif<br />

employé pour le présent:<br />

Baccbatur vates, magnum si peclore possit<br />

Excussisse <strong>de</strong>um. v.<br />

Si curaI cor speClanlis tetigisse querclà. U.<br />

Prrecipilanlque suos luctus, neuterque rece<strong>de</strong>ns<br />

SustinuiL dixisse : Yale. L.<br />

Membraque qui ferro gau<strong>de</strong>L pinzisse Gelonus. CL.<br />

Non ultrà patiens Fabius texisse dolorem. SIL.<br />

ri semblerait qu'alors le poëte, fidèle au temps qu'il<br />

adopte, ne <strong>de</strong>vrait point en changer: cependant les<br />

exemples <strong>de</strong> parfaits mêlés avec <strong>de</strong>s présents dans ce<br />

cas sont si fréquents, qu'on ne saurait en blâmer le<br />

mélange:<br />

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· .<br />

CHANGEMENTS DU VERBE. 27<br />

pourvu que le sujet auquel on fuit rapporter le verbe<br />

soit au singulier;<br />

Et genus, et virlus 1 nisi cum re, vilior algâ est. Il.<br />

Si forlunalum species, et gratia prœstat. H.<br />

Crerulere cui terga notre, maculosus et auro<br />

Squamam incen<strong>de</strong>bat fulgor. v.<br />

Est Amathus, est celsa mihi Paphos atque Cytbcra ,<br />

Idalireque domus. v.<br />

Quemjuvat clamor, gale


CHAPITRE VItI.<br />

CHANGEMENTS DES CONJOiiCTlONS.<br />

Nous ne pouvons passer en revue toutes les conjooc··<br />

tions; mais nous présenterons quelques remarques<br />

sur les plus usitées.<br />

1 0 Et> ae> atq1tc, que. - Ces conjonctions sont<br />

souvent répétées d'nne manièl'e toule poétique,<br />

comme dans les exemples sui\'ants :<br />

Regcrnque <strong>de</strong>dit. qui fϝerc certo<br />

El prerncre et laxas sdrct dare jussus hnhcnas. V.<br />

o qui res horninumque dct1mquD<br />

JElcrnis regis impcriis. Y.<br />

Lilloraqtte et yaeuos scnsit sinè remige portus. V.<br />

Alque dcos ntque aSira yocat erudcliù mater. Y.<br />

Voici plusieurs <strong>de</strong> leurs synonymés \es plus fréquents:<br />

Nec non galhancos sua<strong>de</strong>ho illcen<strong>de</strong>re odores. Y.<br />

Nec non et Teueri sociâ simul urhe fruuntur . Y.<br />

Cum stabulis armenta trahit. Y.<br />

Armenire tigres. iracundique leones ,<br />

Cumque lupis ursi. O.<br />

Et Melus , et malesuada Fames. ue turpis Egc;las,<br />

Terribiles visu formre, Lelumque. Labosque,<br />

Tum consanguincus Leti Sopor. V.<br />

Mactal leclas <strong>de</strong> more hi<strong>de</strong>nles<br />

Evandrus pari ter, pm·iter Trojana juventus. Y.<br />

C.orpusque simul, simul elue crimen. O.<br />

On trouve très-souvent dans les poëles aut ou ve<br />

signiBant et:<br />

Tectusque recusat<br />

Pra<strong>de</strong>re voce suà quemquam , aHl opponere morti. Y.<br />

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CHAPlTE.E IX.<br />

CHANGEMENTS DE TOURNURE.<br />

Il ne suffit pas <strong>de</strong> savoir ainsi changer un mot <strong>de</strong> la<br />

phrase, il faut encore pouvoir au besoin substituer<br />

une tournure à une autre. Rien ne facilite plus la <strong>versification</strong><br />

que la connaissance <strong>de</strong> ces transformations<br />

diverses.<br />

1 0 Le vocatif peut remplacer différents cas:<br />

Nox ubi jam media est. somnoque silcntia prmbet •<br />

El canis. ct variœ conlicuislis aves. O.<br />

au lieu <strong>de</strong> aves au nominatif 1.<br />

Terretur miDimo penDre slridore columba,<br />

UDguibus, accipiter, saucin racta luis. O.<br />

au lieu <strong>de</strong> unguibus accipitris saucia.<br />

Dextra sed Ausonio manus est subjecta peloro ,<br />

Lœvn, Pachyne, libi. O.<br />

Lœva Pachyno.<br />

Et te, Catilina, minaci<br />

PCDdcntem scopulo. v.<br />

Et Catilinam.<br />

Il ne faut pas abuser <strong>de</strong> ces apostropnes, comme le<br />

fait Lucain, qui met à chaque page: Roma, Fortuna,<br />

Magne, clc .<br />

. 2 0<br />

Supposons qu'on ait dans une matière; Quis te,<br />

Palinure, <strong>de</strong>us nobis eripuit? On chercherait peut-<br />

1 Lt!' quantité est la même' mais on voit que le verbe a subi un ebang c -<br />

men lmpOnam. '<br />

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32<br />

CHAPITRE IX.<br />

être longtemps) avant <strong>de</strong> trouver cette substitutJOIl si<br />

simple:<br />

Quis te, Palinure, <strong>de</strong>OTum<br />

Eripuit nobis ? v.<br />

Voici d'autres exemples:<br />

Alnean hominwn quisquam divlÎmquc subegit<br />

Della sequi? V.<br />

Namque alial, nullis hominum cogentibus , ipsœ<br />

Sponte suâ venient. V.<br />

3° On a fréquemment besoin <strong>de</strong> changer un actif<br />

en passif, et vice vel'sâ. Ainsi au lieu <strong>de</strong> , Eamque<br />

cœcus ignis carpit, on met:<br />

Et cœco carpitur igni. V.<br />

La quantité <strong>de</strong> certains moti> peut embarrasser. Par<br />

exemple Cynthiam, cOllsciâ, ne peuvent guère entrer<br />

dans un vers hexamètre 1. En changeant l'actif' en<br />

passif, ou le passif en actif, les mêmes mots p.ourrou t<br />

être admis. Au lieu <strong>de</strong>, Non ulhtm damnum Cynthiam<br />

gl'aviùs tentat, on aura:<br />

Non ullo graviùs tentatur Cynthia damno. Pnop.<br />

Souvent il raut avoir recours à un verbe qui régi t un<br />

autre cas que celui <strong>de</strong> la matière. Ainsi, au lieu <strong>de</strong> ,<br />

Habeo fis tu lam , on dira:<br />

Est mihi disparibus septem compacta cicutis<br />

FistuZa. Y.<br />

Au lieu <strong>de</strong>, L enlam salicem superat pallens oliva :<br />

Lenla saUx quaolùm pallenti cedit olivœ. V.<br />

1 A la rigueur ces mOLS pourraient y ë ,'e admis 11 l'ai<strong>de</strong> d'une élisiùn;<br />

mais l'emploi cn eSllri's·rnro, el,l fauL re,·iter.<br />

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CHANGEMENTS DE TOURNURE.<br />

4° Quelquefois on changera un verbe en un sub­<br />

&lantif:<br />

Vos ducebam <strong>de</strong>viendra:<br />

Dua; ego vester aram. V.<br />

Non diva te genuit :<br />

Non tihi diva parens. V.<br />

5° Le partiei pe, après vi<strong>de</strong>re, audil'e, peu t se remplacer<br />

par l'infinitif;<br />

Te quoque magllanimœ vi<strong>de</strong>runt, Ismare, gentes<br />

Vulocra dirigere, et caJamos armare vencno. V.<br />

Demcns! nce Zcpbyros audis .pirare secundos ! Y.<br />

Le vers suivant sc prête au même changement:<br />

Gau<strong>de</strong>lque comantes<br />

Ea;cutiens cervice toros. v.<br />

On serait libre <strong>de</strong> mettre excutere ou excussisse J si la<br />

quantité le <strong>de</strong>mandait.<br />

6° On peut souvent changer le participe présent<br />

actif en un substantif:<br />

Geminœ quum fortè coJumbœ<br />

Ipsa sub ora viri cœlo venêre volantes. V.<br />

A la place <strong>de</strong> volantes, on pounait mettre volatil J<br />

mais il serait bon alors d'ajouter une épithète au substan<br />

tif:<br />

Trepido petit arva volatu. O.<br />

Pulchroque secat Galatea l'lata lu<br />

Flumco. CoL.<br />

Au lieu <strong>de</strong> turpiter formidantes J on Ji l élégalllment:<br />

Pars ingentcm {ormidine tl/rpi<br />

Sc.1ndunl rursus equum. V.<br />

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33


DES PÉRIPHRASES. 39<br />

2° La périph1'ase supprime entièrement le nom <strong>de</strong>s<br />

objets, et les désigne en rappelant leur famille, leur<br />

patrie, leur nature, etc. :<br />

Hrec ait, et il'Iaiâ gcnitum <strong>de</strong>mittit ab alto. v.<br />

au lieu <strong>de</strong> 1I1ercurùtm.<br />

Un us Pellœo juveni non sufficit orbis. loy.<br />

au lieu <strong>de</strong> Alexandro.<br />

Qualem ministrum fulminis alitem ... B.<br />

au lieu <strong>de</strong> aquilam.<br />

lam maris immensi prolem et genus omne natantllm<br />

Proluit ( Iluctus). V.<br />

au lieu <strong>de</strong> pisces.<br />

3° Si l'on veut développer un verbe au moyen<br />

d'une périph1'ase, on peut employer le substantif qui<br />

correspond à ce verbe. Ainsi, au lieu <strong>de</strong> quiescere ,<br />

on dira:<br />

Oeulos ubi languida pressit<br />

Nocte quies. V.<br />

Corpus mandare quieti. Ln.<br />

Procuhuit, seramquc <strong>de</strong>dit per membra quietem. V.<br />

Placidâ laxârant membra quiete. V.<br />

4° Ou bien Oil remplace le verbe par une courte<br />

<strong>de</strong>scription. Au lieu <strong>de</strong> navigare, on dit:<br />

Vela dare, {aecre, etc.<br />

Fluelus, œquor, etc., sein<strong>de</strong>re, tranare, metiri, ctc.<br />

Au lieu <strong>de</strong> arare :<br />

Terram exercere , domare., etc.<br />

Glebas inuertere , convellere, etc.<br />

Telluri infin<strong>de</strong>re !Uleos.<br />

Ces <strong>de</strong>ux manières sont souvent réunies:<br />

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DfS Él'll'BÈTES.<br />

avoir été créée pour la circonstance. L'épithète <strong>de</strong> cornipes<br />

ajoutée à equus n'a certainement rien <strong>de</strong> bien<br />

remarquable: Virgile a su lui donner un grand sens,<br />

lorsqu'il parle <strong>de</strong> Salmonée imitant le bruit <strong>de</strong> la<br />

foudre:<br />

Demens! qui nimbos ct non imilabile Culmen<br />

.!Ere ct cornipedum pulsu simulàrat equorum !<br />

L'épithète <strong>de</strong> Neptunia donnée à Troja n'est qu'une<br />

épithète historique j mais quelle valeur elle acquiert<br />

dans ce vers du même poële, où la ruine <strong>de</strong> Troie<br />

contraste d'une manière si frappante avec sa céleste<br />

origine!<br />

Ornois huma fumal Neptunia Troja.<br />

ÉPITHÈTES DE CARACTÈRE. - Elles expriment la qualité<br />

dominante d'un homme ou d'une chose, considérés<br />

hors <strong>de</strong> leur espèce. Ces épithètes sont déjà meilleures<br />

que les précé<strong>de</strong>ntes, parce qu'elles sont plus<br />

individuelles; elles n'appartiennent pas nécessairement<br />

à toute une classe, mais clles en caractérisent certains<br />

membres:<br />

Sum pius .!Encas, famà super rethera Dolus. V.<br />

Transadigit cos las , et pcctora candida rumpit. v.<br />

Énée couronne sa tête <strong>de</strong> myrte; il est fils <strong>de</strong><br />

Vénus:<br />

Sic fatus, velat maternâ tempora llluro. V.<br />

ÉPITHÈTES DE CIRCONSTANCE. - Les épithètes que<br />

l'on doit surtout rechercher sont les épithètes <strong>de</strong><br />

circonstance. Elles ne sont pas l'attrihut inhérent<br />

d'une classe ni même d'un individu; elles ne conviennent<br />

à Un individu que dans un cas donllé : il s'en-<br />

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45


DES ÉPll'llÈTES.<br />

IV. DE LA PLACE DES EPITRÈTES.<br />

L'épithète doit se placer avant le substantif, et, autant<br />

que possible, en être séparée:<br />

Tityre, tu patulœ recubans sub tegmine fagi ,<br />

Silvestrem tenui musam meditaris avenâ ;<br />

Nos patriœ fines et dulGia linquimus arva. V.<br />

1 re Remarque. C'est surtout lorsque l'épithète aurait<br />

la même consonnance, qu'il faut l'éloigner dl:!<br />

substantif. Ainsi l'oreille n'aime pas:<br />

Quis tamenexiguos elegos cmiscrit auctor. B.<br />

Banciàum ap .... m antiqui laudabÏlnt. Il.<br />

2' Remarque. Mais l'adjectif et le substantif peuvent<br />

se suivre immédiatement quand l'un et l'autre<br />

sont terminés en a :<br />

Transadigit costas, et peetora candida rumpit. v.<br />

Subit aspera silva. V.<br />

3' Remarque. TI est permis <strong>de</strong> rapprocher l'épithète<br />

du substantif si leurs déswences diffèrent:<br />

Immortalejecur ton<strong>de</strong>ns. V.<br />

Pallentes violas 1 et summa papavera carpens. V.<br />

Hoc juvenem egregiumprœstanti munere donat. v.<br />

4" Remarque. Quelquefois le goût lui-même exige<br />

. :\ Ceci ne COntredit pas la règle précé<strong>de</strong>mment établie. Si dans ce vers<br />

11 n'y avaIt pas un second régime, et rumma papavera, on mettrlrll Pallenles<br />

carpens vIolas, plutôt que Palle ni •• violas carpons. Nous voyon.<br />

dans le mêmo pocte :<br />

. Non corporc nolœ<br />

Sufficmntvir .. , Dec vox aut verba sequnntur.<br />

et DOD pas: "o/œ Vire. sufficiunt.<br />

Maria antè cxurere TUJ'no<br />

Quàrn sacras dabitur pi"' ... Y.<br />

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51


Ince-nsœ. \'. ,<br />

DES ÉPITnÈTES. 53<br />

Succurritis urbi<br />

dit Énée à ses compagnons, qui préten<strong>de</strong>nt sauver<br />

Troie; et cet adjectif) d'une effrayante énergie, a dû<br />

porter le découragement dans leur âme.<br />

On frémit comme si i'on voyait la main gigantesque<br />

<strong>de</strong> Polyphême , en lisant ce vers <strong>de</strong> Virgile:<br />

Vidi egomet, duo <strong>de</strong> numero quum corpora nosLro ,<br />

Prensa manu magnâ, medio resupinus in antro ,<br />

Frangeret ad saxum.<br />

"<br />

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CHAPITRE XII.<br />

DES SOURCES DE DÉVELOPPEMENTS.<br />

La pé1'iphrase et l'épithète offrent déjà le moyen<br />

d'enrichir une matière. Nous parcourrons successiyement<br />

toutes les autres sources <strong>de</strong> développements, et<br />

nous arriverons par <strong>de</strong>grés jusqu'aux plus fécon<strong>de</strong>s.<br />

1 0 RtpÉTITION. - Elle consiste à reproduire un mot<br />

sur lequel on veut attirer l'attention:<br />

Sequitur pulcherrimus Astur ,<br />

.As/ur equo fi<strong>de</strong>ns. V.<br />

Vincis me miserum, vincis, Datura, pareDtem. ST.<br />

Dat populus, dat gratus equcs, dat tura senatus. 1\1.<br />

Terra Degat se<strong>de</strong>m , se<strong>de</strong>m negat ossibus unda. O.<br />

2 0 EXPRESSION REDOUBLÉE.- Non contente <strong>de</strong> se servir<br />

d'un mot pour exprimer une idée, la poésie en emploie<br />

souvent <strong>de</strong>ux qui ont le même sens:<br />

Ex quo re!liquias dil'inique ossa parentis<br />

CODdidimus terrà. V.<br />

l'iunc ultro ad cineres ipsius et ossa parentis ...<br />

Adsumus. v.<br />

Sed non idcirco flammœ atque incendia vires<br />

Indomitas posuere. V.<br />

Quum vitam in sill'is , inter <strong>de</strong>serta ferarulD<br />

bistra domosque traho. V.<br />

Littora tum patrire lacrimans por/usque relinquo. v.<br />

Si les <strong>de</strong>ux substantifs ont chacun Ulle épithète, le<br />

redoublement <strong>de</strong>vient encore plus poétique:<br />

vivo teDtat prrevcl'tere amore<br />

lam pri<strong>de</strong>m resi<strong>de</strong>s animos <strong>de</strong>suetaque corda. V.<br />

Errantesque <strong>de</strong>os agitataque n1.lmina Trojre. V.<br />

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DES sounCES DE- DÉVELOPPEUENTS. 55<br />

Threïciâ fretus citharâ fidibusque canoris. V.<br />

ut notœ fulsere aquilœ Romanaque signa. L.<br />

Au lieu <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong>ux substantifs synonymes, souvent<br />

les poëtes emploient d'abord une expression générale,<br />

puis une autre dont le sens est plus restreint.<br />

et qui précise et éclaircit la première:<br />

Arentem in silvam , et virgulta sonantia lawro. V.<br />

Sanguine placâstis ventos et virgine cœsâ,<br />

Quum primùm Iliacas, Danai, venistis ad oras;<br />

Sanguine qurerendi reditus, animâque litandum<br />

Argolicâ. Y.<br />

IlIa fugâ sil vas saltusque peragrat<br />

Dictœos. Y.<br />

3° ApPOSITION. - L'apposition est un substantif qui<br />

sert d'attribut à un autre substantif :<br />

Elfodiuntur opes, irritamenta malorum. O.<br />

Nec tamen interea l'aucre, tua cura, palumbes.<br />

Nec gemere aeriâ cessabit turtur ab ulmo. Y.<br />

Et geminas, causam lacrimis , sacraverat aras. Y.<br />

Atque hic ingentem comitum affiuxisse novorum<br />

lnvenio admirans numerum, matresque Yirosque,<br />

Collectam exsilio pubem, milerabile vulgus. Y.<br />

On peu joindre l'apposition au substantif principal<br />

. par une conjonction. On dirait, par exemple: Effodiuntur<br />

opes et irritamenta malontm. De même:<br />

protinus Androme<strong>de</strong>n et tanti prremia facli<br />

Indotala rapit. O.<br />

nic malè dcfensus Uammis et dote palernâ<br />

Cacus. O.<br />

He, rates curyas et leti lexite causas. Pnol'.<br />

Quelquefois l'apposition seri d'attribuL, non plus à<br />

un substantif, mais à toute une phrase:<br />

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56<br />

CllAl'lTIlE XlJ.<br />

Primus tmmas invasit agrestes<br />

JEneas, omen pl/gnœ. V.<br />

Vieina coegi<br />

ut quamvis avido parerent arva colouo.<br />

Gratum opus agricolis. V. (?)<br />

4° INCISE. - L'incise n'est pas indispensable dans<br />

la phrase; mais elle la rend plus pleine, en y introduisant<br />

une nouvelle idée:<br />

Nalam perquircre Cadmo<br />

Imperat, et pœnam, si non invenerit, addit<br />

Exsilium, facto pius et seelemtus eo<strong>de</strong>m. O.<br />

Fatale aggressi sacfato avellere templo<br />

Palladium , cœsis summœ eustodibus arcis. V.<br />

Egressi superant fossas, noctisque per Ulnhrum<br />

Castra inimica petunt, mullis tamen antt! (u/uri<br />

Exitio. v.<br />

L'incise est quelquefois une exclc.mation ùe douleur,<br />

d'indignation, <strong>de</strong> surprise, etc. :<br />

Invalidasque tibi ten<strong>de</strong>ns, heu! non tua, palmas. Y .<br />

.Egyptum, viresque Oricntis, et ultima sccum<br />

Baetra vehit, sequiturque (ne{as!) JEgl'ptia conjux. Y.<br />

Ecce autcm gemini a Tenedo, tranquiIla per (llla,<br />

(Horresco re{erens ) immensis orhibus angues<br />

Incumbunt pelago. v.<br />

Dujus apes sumplUm <strong>de</strong>nSifl, mirabile diclU!<br />

Obse<strong>de</strong>re apieem. Y.<br />

D'autres fois, c'est une parenthèse sans momement:<br />

)Encas ( neque enim patrius consistere mentem<br />

Passus amor ) rapidurn ad naves prremittit .\chalen:. Y.<br />

lm pas tus ceu plena Ico per oyilia turbans<br />

(Sua<strong>de</strong>t enim vesana rames ) mandilquc trahitque<br />

Molle pecus. Y.<br />

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66 CHAPITRE XIII.<br />

Cette licence a besoin d'être légitimée par l'exemple<br />

d'un bon auteur. Beaucoup <strong>de</strong> tmèses, employées par<br />

Lucrèce t, étaient déjà tombées en désuétu<strong>de</strong> dans le<br />

siècle d'Auguste:<br />

Exanimalque indignos inque merenles ,<br />

au lieu <strong>de</strong> immerentes.<br />

Languidior porro disjeclis disque sipatis,<br />

au lieu <strong>de</strong> dissipatis.<br />

ELLIPSE. - 1 0 La poésie retranche SOuvent certaines<br />

prépositions que la prose exigerait:<br />

NuIli cerla domus, Iucis habilamus opacis. Y.<br />

sous-entendu.in.<br />

Devenere locos lallos el amœna ,irela. Y.<br />

sous-entendu in.<br />

Iri, <strong>de</strong>cus cœli, quis te mihi nuhibus aclam<br />

Delulit in terras? Y.<br />

sous-entendu <strong>de</strong>.<br />

sous-entendu cum.<br />

Gemitu quum ta lia reddit. Y.<br />

Quas vento accesserit oras. Y.<br />

sous-entendu ad.<br />

2 0 En prose on peut sous-entendre ut après quelques<br />

verbes, tels que oportet, necesse est, vola,<br />

royo, etc. Chez les poëles cette ellipse a lieu avec un<br />

plus grand nombre <strong>de</strong> verbes:<br />

Hortantur socii, Cret am proavosque petamus. Y.<br />

Experiar i tu <strong>de</strong>io<strong>de</strong>jubclo cerlel Amyntas. V.<br />

t ,"oyez la Dute à la lin du ,·olllDle.<br />

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LICEN(,'ES l'OtTIQUES. 67<br />

30 L'ellipse du verbe esse est si fréquente à la troisième<br />

personne du singulier et du pluriel, qu'il est<br />

inutile d'cn donner <strong>de</strong>s exemples. Avec la première<br />

Ct la secon<strong>de</strong> personne, elle est particulière à la<br />

poésie:<br />

Protinus ad Priami se<strong>de</strong>s c1amore vocati. v.<br />

sous-enten<strong>de</strong>z sumus.<br />

Nunc jl1as promite vires,<br />

Nunc animos , quihus in Gretulis Syrtihus usi. v.<br />

sous-enten<strong>de</strong>z estis.<br />

Rine fore duetores, revocato a sanguine Teuer; ,<br />

Pollicitus. v.<br />

sous-enten<strong>de</strong>z eras.<br />

4° Les poètes omettent as'sez souvent le pronom<br />

personnel, sujet d'un infinitif :<br />

Testor in occasu veslro nec tela nec ul1as<br />

Vitavisse vices Danadm. V.<br />

c'est-à-dire me vitavisse.<br />

[nfclix Dido , verus mihi nnntius ergo<br />

veneraI exstinctam. V.<br />

c'est-à-dire te exstinctam.<br />

Spero equidcm mediis, si quid pia nUIDina possunt.<br />

Supplicia hausurum scopulis. v.<br />

c'est-à-dire te hausurum.<br />

Quiane aurilio juvat anlè levatO$? v.<br />

c'est-à-dire' eos levatos.<br />

5° Les prosateurs disent plus volontiers: Rerum<br />

natura, orbis terrarum, aeies oeulorum. Les poëles<br />

suppriment d'ordinaire ces génitifs.<br />

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74<br />

CHAPITRE XlII.<br />

Daret ut catenis<br />

Fatale monstrum. Quœ 1 generosiùs<br />

Perire qurerens, elc.<br />

Quœ ne se rapporte pas à rnonstrum, mais à Cléopâtre,<br />

que ce mol fait entendre.<br />

Raura Parretonio <strong>de</strong>cedunt agmina Nilo,<br />

Quum fera poniL biems. IUœ, clangore fuguci ,<br />

Umbra CreUs arvisque volant. ST.<br />

Illœ ne s'accor<strong>de</strong> avec aucun mot <strong>de</strong> la phrase précé<strong>de</strong>nte,<br />

mais avec grues> sous-entendu, el désigné par<br />

agmina rauca> Nilo.<br />

ule genus antiquum Terral, Titania pub es ,<br />

Fulmine <strong>de</strong>jectl. Y.<br />

Titania pubes équivaut ici à Titanes.<br />

TOURNURE NON SUIVrE. - On trouve <strong>de</strong>s passages<br />

ùans lesquels un verbe régit d'abord \ln substantif,<br />

puis un autre verbe:<br />

Discitejustitiam moniti) et non temnere dil'os. V.<br />

DI, JOI'is in tectis, tram miserantul' inanem<br />

Amborum, et tantos morlalibus esse labores. Y.<br />

Non illa colo calathisve Minerval<br />

Femineas assuela manus, sed prœlia virgo<br />

Dura pati, cursuque pedumprœvertere VCDtoS. V.<br />

Viresque peractas<br />

IDgemit ' , et cam pis alios regnare Icones. ST.<br />

Les phrases suivantes offrent <strong>de</strong>s irrégularités analogues<br />

:<br />

Arca<strong>de</strong>s ad portas ruere, et <strong>de</strong> more vetusto<br />

Funereas rapuere faces. V.<br />

1 On trouve <strong>de</strong> même dans Térence ea se rapporlanl à monl/nom (Anelr.<br />

J, 5, 15).<br />

2 bo.<br />

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,<br />

LICENCES POÉTIQUES.<br />

Pbaselus ilIe , quem vi<strong>de</strong>tis, bospites,<br />

Ait fuisse navium celerrimus. CAT.<br />

pour se celerl'imurn.<br />

Sed eoim quia rettulit Aj aI.<br />

Esse JOI'is pronepos. O.<br />

pour se pronepotem.<br />

3° Les poëles emploient dans un sens rélléchi certains<br />

verbes qui sont toujours actifs dans la prose:<br />

.MDeas: Quo <strong>de</strong>in<strong>de</strong> ruis? quo proripis? inquit. V.<br />

Dixit, et avertens roseà cervice refulsit. V.<br />

Et lateri agglomera"l nostro. V.<br />

Accingunl ornnes operi. v.<br />

PcdibusquevoZulans. V.<br />

Il faut expliquer tous ces verbes comme s'ils étaient<br />

accompagnés <strong>de</strong> te ou <strong>de</strong> se.<br />

4° Ils mettent quelquefois le présent au lieu du<br />

passé:<br />

Hei mihi, qualis erat! quantùm mutatus ab ilIo<br />

Hectore, qui redii eluvias indulus Acbillis ! V.<br />

Craterll antiquum, qu€m dat Sidonia Dido. V.<br />

At Maiam) auditis si quidquam credimus, Atlas ,<br />

I<strong>de</strong>m Atlas generat> cœli qui si<strong>de</strong>ra tollit V.<br />

Aeriam cœlo nam Jupiter Irim<br />

DeIDÏsit, germanre baud molliajussa ferentem,<br />

Ni Turnus cedat Teucrorum mœnibus aILis. V.<br />

Tum, ne qua futuri<br />

spes saltem trepidas mentes levet. addita fati<br />

pejoris manifesta fi<strong>de</strong>s. L.<br />

5° Le présent au lieu du futur:<br />

Nec cre<strong>de</strong>re quivi<br />

BUDC taDtum tibi me discessu {crre doJorem. V.<br />

pour laturum.<br />

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77


LICENCES POÉTIQUES.<br />

pour adventurn socia1'um ratium 1.<br />

Irruimus ferro, et divas ipsumque vocamus<br />

In partern prœdamque Jovem. V.<br />

pour in partem prœdœ.<br />

Hic tamen 'ndicio pœnam linguâque vi<strong>de</strong>ri<br />

COmIDeruisse polest. o.<br />

pour linguâ indice.<br />

Cras nato Cresare restus<br />

DaI veniam somnumque dies. H.<br />

pour veniam somni.<br />

Noctis erat medium, curasque et pectora somnus<br />

Solverat. o.<br />

pour pectora curis.<br />

8' D'autres fois l'ordre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux idées est interverti.<br />

Le Dom d'hystérologie a été donné à cette figure<br />

(ôa'!ëpoÀ0i'(cx, <strong>de</strong> Banpov, Mi'w, prœposterè dico). Virgile<br />

dit <strong>de</strong> Minos:<br />

Casligatque auditque dolas.<br />

Castigat présuppose audit.<br />

Moriamur, et in media arma ruamU$. v.<br />

Moriamur n'est que le résultat <strong>de</strong> leur action.<br />

Tum yila per auras<br />

Concessit mœsta ad Man es , corpusque reliquit. V.<br />

Il faut que l'âme ait quitté le corps, pour qu'elle puisse<br />

<strong>de</strong>scendre au séjour <strong>de</strong>s ombres.<br />

Dardaniumque ducem ...•<br />

Alloquere, et celeres <strong>de</strong>ter mea dicta per auras. v.<br />

Mercure ne peut adresser la parole à Énée qu'après<br />

avoir traversé les airs.<br />

1 Natium se trouve dans les Halieutique. d'O,-i<strong>de</strong> (v. 100), ct dans<br />

Lucain ( UI. 579 et 705).<br />

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79


CHAPITRE XIV.<br />

RÉSUMÉ.<br />

ANALYSE D'UN MORCEAU DE VIRGILE, OU L'ON MONTRE L'EMPLOI DES<br />

RESSOURCES CI-DESSUS INDIQUÉES.<br />

Matiire.<br />

Ille (Sol) etiam, post Cresaris mortem, Romam<br />

miseratus est, quum caput texit ferrugine, ita ut relas<br />

impia retérnam noctem metuerit. Quanquam tune temporis<br />

signa quoque a terrâ, ponto, canibus avibusque<br />

dabantur. Srepe JEtnam vidimus in Cyelopeos agros<br />

efferventem , et flammas saxaque volventem. Arma in<br />

rethere sonantia audierunt Germani; Alpes prreter<br />

morem tremuere. Ingens etiam in silvis vulgo audita<br />

vox, et pallida simulaera sub obseuram noetem visa;<br />

et peeu<strong>de</strong>s ver bis usre sunt. Sistunt amnes; <strong>de</strong>ruseit<br />

terra; templorum cbur lacrimis, res sud ore ma<strong>de</strong>t.<br />

Silvas contorquet Eridanus, et undique armenta stabulaque<br />

rapit. Tune etiam semper victimarum fibrre<br />

minaees apparuere, sanguis pt.teis manavit, et nocLu<br />

luporum ululatibus sonuere urbes. Tune potissimÙIn<br />

cœlo sereno eeci<strong>de</strong>re fulgura, et cometre arserunt.<br />

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94 CHAPITRE XV.<br />

Énée arracbant le ràmeau d'or qui doit lui ouvrir le<br />

chemin <strong>de</strong>s enfers:<br />

Corripit eltemplo lEneas, avidusque refringit<br />

Cunctantem.<br />

un voyageur reculant d'effroi <strong>de</strong>vant un serpent que<br />

son pied vient <strong>de</strong> fouler:<br />

Trepidusque repentè refugiL<br />

Âltollentem iras et cœruZa colZa tumentsm.<br />

un guerrier qui expire:<br />

Dedit obvia ferro<br />

Pectora> nec misero dypei mora profuit rem:.<br />

les Troyens rendant les <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>voirs à Misène:<br />

Corpusque lavant frigentis et ungunt.<br />

Quelquefois le pronom se remplace par le substantif<br />

même, que l'on répète:<br />

Et Lausum increpitat, Lausoque minatur. v.<br />

Qui bene pro patriâ cum patriâque jacenL. o.<br />

D'autres fois, par le participe du verbe précé<strong>de</strong>nt:<br />

Germanamque rapit> raptœque insignia Bacchi<br />

Induit. o.<br />

ou par ce participe joint au substantif:<br />

Umbra viri visa est, 'tJisam fera salvil in umbram. o.<br />

ou enfin par un substantif nouveau, ou même par<br />

uue phrase entière. Dans la fable du Lion <strong>de</strong>venu<br />

vietrX, Phèdre dit:<br />

Infeslis Taurus mOl coniodit cornibus<br />

Hostile corpus.<br />

Nous avons vu Diomè<strong>de</strong>, disent les députés <strong>de</strong>s Latins,<br />

et notre main a touché la sienne:<br />

COntigimusque manUID quâ concidit nia teUus. v.<br />

Mettez manum ejus, et comparez!<br />

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96 CHAPITRE XV.<br />

4" RÉPÉTITION. - La répétition d'un mot peut donner<br />

au style beaucoup <strong>de</strong> grâce ou <strong>de</strong> force:<br />

Ad cœlum tollens ar<strong>de</strong>ntia lumina frustra,<br />

Lumina, nam teneras arcebanL vineula palmas. V.<br />

Per tamen ossa viri subito malè Leeta sepulero,<br />

Semper judicüs ossa verenda meis. O.<br />

Regina e1:tulerat noturo penetralibus ensem ,<br />

Ensem seeptriferi spolium lat:riroabile Laii. ST.<br />

Un monosyllabe (adverbe ou pronom) répété <strong>de</strong>llx<br />

fois consécutivement ajoute à la phrase <strong>de</strong> la vivacilu<br />

et <strong>de</strong> l'énergie:<br />

sed moriamur, ait: sic, sic juvat ire sub umbras. \'.<br />

Hortatur Mnestheus : Nunc, nunc consurgite remis. Y.<br />

Me, me, adsum qui feci. V.<br />

Quo, quo, scelesti, ruitis? D.<br />

Te, te, laborum socia eL adjutrix, precor. SE".<br />

Quand le poëte veut fixer encore plus fortement<br />

J'intérêt sur un objet, il répète un mot jusqu'à troIS<br />

fois:<br />

Quum proeul obseuros colles humilemque vi<strong>de</strong>rous<br />

ltaliam: Italiam primus conclamat Achates ;<br />

ltaliam [


DU STYLE POÉTIQUE. 97<br />

cher symétriquement <strong>de</strong>ux mots semblables. Elle emploie<br />

le môme nom ou le même adjectif à <strong>de</strong>ux cas<br />

différents, ou bien le même verbe à <strong>de</strong>ux temps différents<br />

, ou encore un nom et un verbe <strong>de</strong> la même famille.<br />

Cette répétition s'appelle polyptote ('ltoÀU'lt"ttoJ"rO'I,<br />

<strong>de</strong> 'l't-o).ûç , 'It(,tTW, mullos casus habens) :<br />

LiUora littoribus contraria, tluctibus undas<br />

Imprecor, arma m·mis. v.<br />

lIfortali urgemur ab hoste ,<br />

Mortales. V.<br />

Illum absens absentem audilque vi<strong>de</strong>lque. V.<br />

Falle dolo, '.lt notos pueri puer indue vultns. V.<br />

Ullor amans {lentem, flens acriùs ipsa, Lenchal. O.<br />

Non mibi, qui pœnam ratror meruissc 0 scd illi<br />

Parcite, quœ nullo digna dolore dolet. O.<br />

6° ANTITllÉSE. - Si l'on rapproche <strong>de</strong>ux mots qui<br />

expriment une idée opposée, il Y a antithèse;<br />

Taliter e3.uta est veterem nova Roma senectam. M.<br />

Flagrabant sancti sceleratis ignibus ignes ,<br />

Mixlaque erat Oammre fiamma profana piœ. O.<br />

Solatia luclûs<br />

Exigua ingentis. V.<br />

L'usage <strong>de</strong>s contrastes est connu dans tous .es arts.<br />

L'éloquence a Souvent recours il l'antithèse; mais la<br />

poésie en faIt au moins un aussi fréquent usage, et il<br />

est à propos ?e. voir les effets qu'clle en lire. Dans les<br />

exemples prece<strong>de</strong>nts, les mots étaient opposés aux.<br />

mots. Les meilleures antithèses sont celles qui opposent<br />

les pensées aux pensées.<br />

Virgile, parlant d'Évandre, qui conduit Énée au<br />

Capitole, offre un beau rapprochement;<br />

5<br />

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98 CHÀl'lTr.E x v.<br />

Bine ad Tarpeiam se<strong>de</strong>m eL Capitolia duciL,<br />

Aurea nunc, olim savestribus horrida dumis.<br />

Lorsque Troie va succomber sous la ruse <strong>de</strong> Sinon,<br />

il rappelle les vains efforts <strong>de</strong> la Grèce armée:<br />

Talihus insidiis perjurique arte Sioonis<br />

Credita res, captique dolis lacrimisque coactis,<br />

Quos neque Tydi<strong>de</strong>s , nec Larissœus Achilles,<br />

Non anni domuere <strong>de</strong>cem, non mille carinœ.<br />

Lucain, décrivant les funérailles <strong>de</strong> Pompée, rappelle,<br />

par une antithèse pleine <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, que ce<br />

héros avait reçu trois fois les honneurs du triomphe:<br />

Collegit vestes, miserique iosigoia Magni ,<br />

Armaque, et impressas auro, quas gesseraL olim,<br />

EIuvias, pictasque togas, velamina summo<br />

Ter conspecta Joui.<br />

Claudien, montrant Proserpine occupée à cueillir '<br />

<strong>de</strong>s fleurs, introduit au milieu <strong>de</strong> cette scène riante<br />

un contraste fort touchant:<br />

Quas inter, Cereris proIes, nunc gloria mat ris ,<br />

itfox dolor, requaIi lendit vestigia gressu.<br />

7° APOSTROPHE. - La figure nommée apostrophe<br />

sert à rendre un sentiment soudain <strong>de</strong> douleur, <strong>de</strong><br />

tendresse, d'indignation, etc.; elle fait éviter la monotonie<br />

d'une énumération, d'une <strong>de</strong>scription, ou<br />

simplement elle donne à la phrase un tour plus<br />

élégant.<br />

Virgile, après avoir fait la <strong>de</strong>scription du temple <strong>de</strong><br />

Cumes orné par la main <strong>de</strong> Dédale, s'écrie:<br />

Tu quoque magnam<br />

partem opere in tanto, sineret dolor , Icare, haheres!<br />

Énée, racontant le funeste stratagème <strong>de</strong>s Grecs,<br />

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DU STYLE POÉTIQUE 99<br />

déplore l'aveuglement <strong>de</strong> ses concitoyens, qui :lléprisèrent<br />

les conseils <strong>de</strong> Laocoon:<br />

Et, si fata <strong>de</strong>Ùlll, si mens non 131va fuisset,<br />

Impulerat ferro ArgoHcas fœdare latebras ;<br />

Trojaque nunc stares, Priamique au aUa maneres! v.<br />

Le même poëte, énumérant les soldats qui forment<br />

l'armée <strong>de</strong> Turnus, varie la forme du récit par quelques<br />

apostrophes :<br />

Et te monlos31 misêre in prœlia Nersœ,<br />

Ufens, insignem famâ et felicibus armis.<br />

Séreste veut offrir en trophée au dieu Mars les<br />

armes <strong>de</strong> son ennemi :<br />

Arma Serestus<br />

Leeta referl humeris, tibi 1 rex Gradive 1 tropœum! v.<br />

8° H.uWIESSE n'EXPRESSION. - La poésie est surtout<br />

remarquable par la hardiesse <strong>de</strong> ses expressions: on<br />

regar<strong>de</strong>rait comme ambitieuse la prose qui voudrait<br />

rivaliser avec elle sous ce rapport.<br />

Voyons comment Virgile exprime cette idée: pousser<br />

<strong>de</strong>s cris :<br />

lncendunt clamoribus urbem '.<br />

Plangorib!1s 3l<strong>de</strong>s<br />

Femineis ululant.<br />

lmmugit regia Juctu.<br />

Adresser <strong>de</strong>s vœux au ciel :<br />

Oneravitque rethera volis.<br />

Il dit d'un nuage : Solis inar<strong>de</strong>scit radiis; d'un<br />

homme: Si<strong>de</strong>reo flagrans clypeo.<br />

1 Ailleurs; Clamorl incfflàunt cœlum.<br />

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100 CUAPITRE xv.<br />

L'éclat d'une pierre précieuse est rendu d'une manière<br />

non moins hardie dans ce vers:<br />

Vivis gau<strong>de</strong>bat digitos incen<strong>de</strong>re gemmis. ST.<br />

S'agit-il <strong>de</strong> peindre une armée rangée en bataille?<br />

Lalè ferreus hastis<br />

norret ager, campique armis sublimibus ar<strong>de</strong>nt. V.<br />

La maison d'Ucalégon est déjà la proie <strong>de</strong>s flammes:<br />

Ucalegon. v.<br />

Jam prO:cimus ar<strong>de</strong>t<br />

HerClùe est dévoré par la robe sanglante <strong>de</strong> Nessus:<br />

Totusque furil per viscera Nessus. S-:.<br />

9° PÉRIPHRASE. - La périphrase est d'un grand<br />

usage en poésie : clle présente la pensée sous une<br />

forme moins commune et plus ingénieuse. Ovi<strong>de</strong> ,<br />

parlant <strong>de</strong> l'hiron<strong>de</strong>lle qui fait son nid, se sert <strong>de</strong> ceLte<br />

périphrase :<br />

Et luteum celsâ sub trabe fingit opus.<br />

Il dit, pour désigner la grue:<br />

Et, qure pygmœo sanguine gau<strong>de</strong>t, aI'em.<br />

Lucain met silva Dodones , pour q1terCus.<br />

1JIel!ifer electis exercitus obslrepit hcrbis. CL .<br />

c'est-à-dire apes.<br />

La p ériphrase sert aussi à donner plus d'énergie à.<br />

la pensée:<br />

Si furor Enceladi projectâ mugiat .iEtnâ. CL.<br />

Frange manu telum Phrygii prœdonis , et ipsum<br />

Pronum sterne solo. V.<br />

LEneœ serait un mot bien froid dans la bouche <strong>de</strong>s<br />

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102 CHJ.l'lTHE xv<br />

PyUœ nec rala senectal<br />

Maluerit, PJ.rygiis aut <strong>de</strong>gere longiùs annis.<br />

c'est-à-dire la vieillesse <strong>de</strong> l\estor et <strong>de</strong> Priam '.<br />

Les forêts étaient attirées par la lyre d'Orphée:<br />

SilYaque Bistoniam srepè secuta chel)n. C, ..<br />

mot à mot la lyre <strong>de</strong> Thrace.<br />

L'antonomase met encore un nom particulier pour<br />

un nom général. Cet emploi est bien moins fréquent<br />

que le précéùedt.<br />

Nous venons <strong>de</strong> voir: Et nunc ille Paris, en parlant<br />

d'Énée: Paris signifie ici ?tn homme efféminé.<br />

Horace dit qu'il faut soumettre ses ouvrages à la censure<br />

d'un ami: Fiet Aristarchus. On lit dans Ovi<strong>de</strong>:<br />

[TUS et est subito. qui modo Crœsus erat.<br />

c'est-à-dire, le riche <strong>de</strong>vient pauvre.<br />

11 0 COURTE PROSOPOPÉE. - Elle transporte aux objets<br />

insensibles <strong>de</strong>s expressions qui ne conviennent<br />

qu'aux êtres animés:<br />

Dissultanl ri pre , reJluitque exterl'itus anmis. V.<br />

l>urpureus yeluli quum Jlos succisus aratro<br />

Languescit moriens. v.<br />

Mira/urque noyas fron<strong>de</strong>s et non sua po ma (arbos). Y.<br />

Pontem indiana/us Araxe. Y.<br />

On trouve plusieurs expressions semblables dans<br />

l'exemple suivant, où Virgile décrit la chute d'un<br />

arbre que l'on abat :<br />

t Ces antonomases semblent aVOIr eu vogue dans ce siècle, elle, sc retrou"ent<br />

fréquemment dans Martial'.<br />

Longa, precor • py/ioque yeni nUlDerosior œ,o ( dies ) ...<br />

Promisi' pylwm quater .enecuru.<br />

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104 CHAPITRE XV.<br />

La louve qui allaite les fondateurs <strong>de</strong> Rome:<br />

Fccerat ct viridi fctam lIJavorlis in antro<br />

Procubuisse lupam : geminos huic ubera circum<br />

Lu<strong>de</strong>re pcndrnles pueros , et lamberc matrem<br />

Impavidos; iIIam tereti cervicc rel1exam<br />

Mu]cere alternos , et corpora fingere linguâ.<br />

13° ABONDA.NCE DU STYLE. - La poésie se distingue<br />

par la richesse et la variété <strong>de</strong> ses expressions. Admirons<br />

dans Virgile le tableau d'une éruption <strong>de</strong> l'Etna:<br />

Horrificis juxlà tonaliEtna ruinis,<br />

Jnterdumque atram prorumpit ad œlbera nubem<br />

Turbine fllmantem piceo et can<strong>de</strong>ntc favillâ ,<br />

Attollitque globos l1ammarum , et si<strong>de</strong>ra lambit ;<br />

Interdllffi scopulos avulsaque viscera montis<br />

Erigil eructans, liquefactaque saxa sub auras<br />

Cum gemilu glornerat, fundoque exrestuat irno.<br />

Le fond <strong>de</strong> l'idée est que l'Etna vomit <strong>de</strong>s matières<br />

embrasées: quel parti le génie fécond du poële a su<br />

en tirer!<br />

Ailleurs il offre la pcintw'e d'une eau en ébullition<br />

:<br />

Magno veluti quum l1amma sonore<br />

Virgea suggeritur costis undantis aheni,<br />

Exsultantque restu latices : furit iutus aqure vis,<br />

Fllffiidus atque allè spumis eluberat amllis,<br />

Nec jam se capit uuda, volaI vapor aler ad auras.<br />

L'eau, qui est le sujet <strong>de</strong> cette comparaison, est<br />

désignée avec variété par tuus ces mots, undantis,<br />

latices> aquœ vis, fumidus amnis, unda > vapor.<br />

Dans le combat d'Hercule et <strong>de</strong> Cacus, la caverne<br />

du monstra est appelée spelunca> vastum recessum><br />

saxum opccum, vastU7n antrum> ingells l'elJïa> umo<br />

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110 CHAl'ITllE XVI.<br />

Cette expression trop éloignée ne désigne pas suffisamment<br />

le héros.<br />

Sénèque parle d'un crime qui fait presque reculer<br />

d'horreur le soleil;<br />

Stat ecce Titan dubius , emerito die,<br />

Suâne currat, an Tltyesleâ viâ.<br />

L'énergie ici n'est que <strong>de</strong> l'exagération et <strong>de</strong> l'obscurité.<br />

Racine, empruntant cette idée, mais éclaircissant<br />

l'expression, fait dire à Clytemnestre:<br />

Et toi, soleil, eL loi, qui dans celle contrée<br />

Reconnais l'hérilier et le vrai fils d'Atrée ,<br />

Toi qui n'osas du père éclairer le festin,<br />

Recule: ils l'ont appris ce funeste chemin!<br />

6° Nous avons vu quel parti les poëtes peuvent tirer<br />

.<strong>de</strong>s expressions figurées; mais on trouve aussi <strong>de</strong>s<br />

métaphores bizarres et forcées. ,<br />

Claudien représente Proserpine occupée à bro<strong>de</strong>r<br />

un ouvrage dont les zones étaient le sujet, Voici<br />

comment il s'exprime au sujet <strong>de</strong> la zone torri<strong>de</strong>;<br />

Squalebat aduslus<br />

Limes, et assiduo sitiebant stamina sole.<br />

Et peu après, il dit <strong>de</strong>s zones glaciales:<br />

Torpentes trnit geminas, brumàque perenni<br />

Fœdat, eL reterno contristat frigore telas.<br />

Cet exemple nous montre un tissu sensible aux impressions<br />

du froid et du chaud. Il y a loin <strong>de</strong> cette<br />

prétention à la simplicité <strong>de</strong> Virgile:<br />

QUÎ!lque lenent cœlum zonal, quarum una corusco<br />

Semper sole rubens , el lorrida semper ab igni ;<br />

Quam circum extremœ <strong>de</strong>-rtrà lœvàquc trahuntur<br />

Creruleà glacie concrelœ alque imbribus alTi;;.<br />

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112 ClLU'ITRE :XVI.<br />

Nec facilè dicam, corpora an flammœ. ma gis<br />

Gemuere. piceus ignis in fnmos abit ;<br />

"Et ipse fumus , tris/is ne nebnlà gravis,<br />

Non rectus exit.<br />

Ces vers diffus offrent en outre le défaut qui sera<br />

signalé à l'article 9.<br />

8° La périphrase trop prolongée rend le style languissant<br />

: alors, en croyant ajouter <strong>de</strong> la richesse à<br />

la pensée, on ne fait qu'en retar<strong>de</strong>r la marche.<br />

Virgile a dit:<br />

Antè , pererratis amborum finibus·, exsul<br />

Aut Ararim Parthus bibet , aut Germania Tigrim,<br />

Quàm nostro illius labalur peclore vultus.<br />

La piriphrase contenue dans le second vers a plusieurs<br />

fois été reproduite par les Latins et les mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Tout le mon<strong>de</strong> connaît les vers <strong>de</strong> Boileau:<br />

Avant qu'un tel <strong>de</strong>ssein m'entre dans la pensée ,<br />

On ponrra voir la Scine à la Saint-Jean glacee ,<br />

Arnaud à Charenton <strong>de</strong>venir huguenot ,<br />

Saint-Sorlin janséniste, et Saint-PaIin bigot.<br />

La même idée est rendue par Sénèque avec une<br />

abondance fastidieuse:<br />

. Lucida dnm eurrent annosi si<strong>de</strong>ra mundi,<br />

Oceanus clausum dum fluctibns ambiet orbem,<br />

Lnnaqne dimissos dum plena recolliget igncs ,<br />

Dona matutinos prœdicet Lucifer ortns,<br />

Altaque cœruleum dum Nerea nesciet Arctos,<br />

Candida formosi vencrabirnur ara Lyœi.<br />

9° En voulant offrir uu tableau pittoresque, on<br />

s'appesantit quelquefois sur <strong>de</strong>s détails qui inspirent<br />

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116<br />

ABUS DU STYLE l'OtTIQUE<br />

blés; 4° enfin, et cette différence est capitale, Virgile<br />

décrit un fait extraordinaire; il doit insister sur son<br />

idée pour bien nous pénétrer <strong>de</strong> ce pouvoir miraculeux<br />

<strong>de</strong> l'harmonie; au lieu que Pluton parle tous les<br />

jours: pourquoi tout ce luxe <strong>de</strong> développements!<br />

Virgile, comme nous l'avons vu, et Homère qu'il imitait,<br />

n'ont pas mis cinq vers pour dire que Jupiter<br />

fait trembler l'Olympe d'un signe <strong>de</strong> tête.<br />

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118 CHAPIT!lE XVII.<br />

Clamorem immensum tollit, quo pontus et omnes<br />

Intremuere undal, penitusque exterrita telIus<br />

Italial, curvisque immugül 1Etna cavernis. v.<br />

Voyez cette idée: Bellorum l'eliquias ara 101' inveniet><br />

amplifiée dans les Géorgiques:<br />

Scilicet et tempus veniet quum finibus illis<br />

Agricola, incurvo lerram moUlus aratro ,<br />

Exesa inveniel scabrâ rllbigine pila;<br />

Aut gravibus ras tris galeas pulsabit inanes,<br />

Grandiaque elfossis mirabitur ossa sepulcris. \".<br />

L'amplijlcation est une manière d'insister fortement<br />

sur une idée: or l'idée doit mériter ce privilége. Si<br />

l'on veut rendre un sentiment profond ou présenter un<br />

tableau pittoresque, le goût <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'on choisisse<br />

tous les traits qui pourront communiquer au lecteur<br />

cette impression énergique, ou mettre sous ses yeux<br />

celte peinture 'vivante; mais si l'amplijication recouvre<br />

une idée secondaire, accessoire, <strong>de</strong> peu <strong>de</strong><br />

valeur, elle glace l'intérêt, et fatigue l'esprit, dont<br />

la juste impatience s'élance au <strong>de</strong>là.<br />

Examinons les exemples précé<strong>de</strong>nts, pour reconnaître<br />

si l'amplification a été légitime. 1° Nous voyons<br />

d'abord le regret cuisant <strong>de</strong> fuir la patrie: l'idée est<br />

touchante: la développer, c'est prolonger l'émotion.<br />

2° Cette pompe et cette richesse dans l'expression<br />

nous pénètrent <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Troie, et nous compatissons<br />

davantage à sa chute. 3° Quelle consolation<br />

pour un béros <strong>de</strong> reposer auprès <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> héros!<br />

Énée justifie à nos yeux son regret, en énumérant<br />

tant <strong>de</strong> nobles victimes. 4° Virgile ... 'eut rendre d'une<br />

manière frappante la voix redoutable <strong>de</strong> Polyphêroe :<br />

pouvait-il mieux Y réussir qu'en montrant toute la<br />

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120 CITAI'lTltE {VII.<br />

Fcrreique Eumcnidum thalami, et Discordiu <strong>de</strong>mens,<br />

Vipcreum crinem vitLis innexa erucntis.<br />

Ovi<strong>de</strong> chante le retour du printemps:<br />

Omnia tune florent , tune est nova tempo ris retas :<br />

Et nova <strong>de</strong> gravido palmite gemma tumet;<br />

Et modô formatis amicitur frondihus arbor ,<br />

Prodit et in summum seminis herba solum'<br />

Et tepidum volueres conccntibus aera mulcc;t ,<br />

Ludit et in pralis luxuriatque pecus.<br />

Tum blandi soles, ignotaque prodi! birundo ,<br />

Et luteum celsâ sub trabe fingi! opus.<br />

Nous voyons ici <strong>de</strong>s développements fort étendus;<br />

mais ne perdons pas <strong>de</strong> vue l'intention <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

poëles. Peindre les divinités <strong>de</strong>s ellfer's et l'influence<br />

du printemps, voilà tout leur objet: la richesse <strong>de</strong>s<br />

détails rendra le tableau plus achevé.<br />

Mais si l'idée n'était qu'accessoire, il faudrait abréger<br />

<strong>de</strong> beaucoup l'énumémtion : autrement on ferait<br />

languir l'intérêt. Virgile, parlan t <strong>de</strong>s différents arbres<br />

coupés pour construire un bûcher, dit, avec son goût<br />

ordinaire:<br />

Hur in antiquam silvam, slabula alla ferarum :<br />

Procumbunt piceœ ; sonat ieta securibus ilex,<br />

Fraxineœque trabes, cuncis el fissile robur<br />

Scinditur; ad volvunt ingeDtes montibus ornos.<br />

Et ailleurs :<br />

l?erro sonat icta bipelllli<br />

FrmnuS; ever!un 1 actas ad si<strong>de</strong>ra pinus .<br />

Robora nec coneis et olentem scin<strong>de</strong>re cedrum,<br />

Nec plaustris cessant vectare gemelltibus ornos.<br />

Lucain même, qui souvent est si prodigue <strong>de</strong> détails<br />

inutiles, est resté dans une juste mesure, 10rs-<br />

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122<br />

CHAPITRE XVl1.<br />

-comme <strong>de</strong>s bons, et ensuite parce que chaque vers<br />

pris à part est digne <strong>de</strong> servir <strong>de</strong> modèle:<br />

Non CLaonis abfuit arhor,<br />

Non nemus IIeliadum , non frondibus œsculus altis,<br />

Non lilire molles, nec fagus, et innuha laurus ,<br />

Et coryli fragiles, et fraxinus ulilis hastis,<br />

Enodisque abies, eurvataque glandihus ilex ,<br />

Et plalanus genialis, acerque coloribus impar •<br />

Amnicolreque simul saliees, et aqualica lOlos.<br />

perpeluôque virens buxus. lenuesque mYTicm.<br />

Et bieolor myrtus , baccis et cœrula linus.<br />

Vos quoque. ilexipe<strong>de</strong>s he<strong>de</strong>rœ ,venistis. et lInù<br />

Parnpineœ viles, et amiclœ vitibus ulmi,<br />

Ornique et picere, pornoque onerala rubenli<br />

Arbutus, et lentre, vieloris prœmia , palmre •<br />

Et succincla comas hirsulaque vertice pin us,<br />

Grata <strong>de</strong>ûm Malri : siqlli<strong>de</strong>m Cybelelus ALys<br />

Exuit hac hominem, lruncoque induruit iIIo.<br />

Adfuit huic lurbre melus imitata cupressus.<br />

30 ACCUMULATION. - On peut appliquer à celte figure<br />

tout ce que nous avons dit <strong>de</strong> la précé<strong>de</strong>nte: car on<br />

ne saurait faire une énumération <strong>de</strong> parties, sans<br />

faire à la fois une accumulation, et réciproquement.<br />

On peut relire les exemples d'Ovi<strong>de</strong> que nous avons<br />

donnés cî-<strong>de</strong>ssus(p. 62), et qui pèchent déjà par l'étendue.<br />

Nous renvoyons les jeunes gens studieux à la<br />

lecture <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux passages du même auteur, où la diffusion<br />

est encore plus frappante: dans l'un il accumule<br />

les noms <strong>de</strong>s chiens qui dévorent Actéon (Met. lU,<br />

207 -225); dans l'autre il énumère les guerriers qui<br />

doivent combattre le sanglier <strong>de</strong> Calydon (ib. VJIJ,<br />

300-318 ).<br />

Virgile et Horace seront ici, comme sous les autres<br />

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124 CUAl'lTl\E XVII.<br />

ceux que lui fournit une pénible recherche. Ovi<strong>de</strong> a<br />

aussi fait une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> tempête (Metam. XI,<br />

4.40, suiv. ) : elle ne renferme pas moins <strong>de</strong> quatrevingts<br />

vers. Le poëte décrit pOUl' décrire : heureux<br />

<strong>de</strong> trouver un champ ouvert à son imagination, iloublie<br />

Céyx et Halcyone. Virgile, au contraire, ne perd<br />

pas <strong>de</strong> vue son héros; tous les détails <strong>de</strong>scriptifs ne<br />

sont que secondaires; ils sont <strong>de</strong>stinés à émouvoir<br />

plus vivement la pitié en faveur d'Énée; on le suit au<br />

milieu <strong>de</strong> la tempête; on entend, au milieu du bouleversement<br />

<strong>de</strong> la nature, l'expression pathétique <strong>de</strong> sa<br />

douleur.<br />

Lucain est tombé dans le même défaut qu'Ovi<strong>de</strong>:<br />

on peut voir sa <strong>de</strong>scription au livre V (v. 560, suiv.)<br />

<strong>de</strong> la Pharsale. Mais rien n'est plus chargé que le détail<br />

qu'il donne <strong>de</strong>s prodiges qui annoncèrent la guerre<br />

civile (liv. l, 522, suiv. ) :<br />

Tum, ne qua fuluri<br />

Spes saItem trepidas mentes levet, addita fati<br />

pejoris manifesta !i<strong>de</strong>s, Superique minaces<br />

Prodigiis terras implêrunt, rethera, ponlum.<br />

Ignota obscurœ vidcrunt si<strong>de</strong>ra noctes ,<br />

Ar<strong>de</strong>nlemque polum flammis, cœloque volanle;<br />

Obliquas per inane faces, crinemque timeodi<br />

Si<strong>de</strong>ris, et terris mutantem regna cometen.<br />

Fulgura fallaci mieueruot crebra sereno ,<br />

Et varias ignis <strong>de</strong>nso <strong>de</strong>dit aere formas.<br />

Il reste encore une soixantaine <strong>de</strong> vers, qu'on peut<br />

achever dans l'original. On fera bien <strong>de</strong> comparer à<br />

ce morceau la fin du premier livre <strong>de</strong>s Géorgiques.<br />

S'il faut éviter <strong>de</strong> trop prolonger les <strong>de</strong>scriptions, on<br />

doit à plus forte rah;on prendre gar<strong>de</strong> qu'elles ne<br />

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126 CIl!PITflE '\.VII.<br />

colore, embellit son objet, souvent l'élève et l'agrandit.<br />

Si la comparaison présente une image simple et fidèle,<br />

elle atteint son but. On a cité bien <strong>de</strong>s fois ces<br />

beaux vers <strong>de</strong> Virgile où Didon, égarée par l'amour,<br />

est comparée à une biche qui fuit, emportant le trait<br />

enfoncé dans son flanc:<br />

Qualis con je cl à cervn sagittâ ,<br />

Quam procuJ incautam ncroora inter Cressia fhil<br />

Pastor agen, tclis, liquitque volatilcferrum<br />

lXescius : iIla fug1l silvas saltusquc peragraL<br />

Dictreos ; hrerel laleri lelalis arundo.<br />

Lucain dit que Pompée dans sa vieillesse était encore<br />

entouré du respect <strong>de</strong>s Romains, qui n'avaient<br />

pas oublié sa jeunesse triomphante. Il le compare à<br />

un vieux chêne chargé d'offran<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> trophées;<br />

Qualis frugifeTo quercus sublimis in agro,<br />

Exuvias veteres populi sacra laque geslans<br />

Dona ducum; nec jam \'alidis radicibus hrerens ,<br />

Pon<strong>de</strong>re fixa suo est; nudosque per aera ramos<br />

Effun<strong>de</strong>ns, lrunco , non frondibus emci" umbram :<br />

At, quamvis primo nutet casura sub Euro,<br />

Tot ckcùm silvre firmo se robore tollant,<br />

Sola lamen coli LuI'.<br />

On ne peut trouver un rapport mieux saisi el plus<br />

poétiquement exprimé.<br />

Un poëte moins connu, et qui ne manque pas <strong>de</strong><br />

comparaisçns heureuses, Stace, peignant le désespoir<br />

d'Ilypsipyle, lorsqu'elle aperçoit Archémore, son<br />

nourrisson, baigné dans son sang, ajoute:<br />

Ac velut aligerœ se<strong>de</strong>ro felusque parentis<br />

Quum piger umbrosâ populatus in il ice serprns,<br />

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J)E LA COl\II'ARAISON. 129<br />

objet du rapport. On a reproché à Virgile d'avoir comparé<br />

Amale, agitée par les plus vives inquiétu<strong>de</strong>s, à<br />

la toupie que l'enfant fouelte sans relâche. Par défaut<br />

<strong>de</strong> convenance: la comparaison ne peut pas s'employer<br />

indistinctement dans tous les cas. Placée mal à propos,<br />

elle produit un mauvais effet. Dire qu'elle marque<br />

toujours un travail <strong>de</strong> l'esprit, c'est la proscrire <strong>de</strong><br />

tous les cas où l'on ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu'un élan du cœur.<br />

Pour en déterminer l'emploi, nous ne saurions mieux<br />

faire que <strong>de</strong> citer les judicieuses observations <strong>de</strong><br />

Marmontel. " Plus l'âme est occupée <strong>de</strong> son objet di­<br />

.. rect, moins elle regar<strong>de</strong> autour d'elle; plus le mou­<br />

.. vement qui l'emporte est rapi<strong>de</strong>, plus il est impa-<br />

1( tient <strong>de</strong>s obstacles et <strong>de</strong>s détours; enfin) plus le<br />

Il sentiment a <strong>de</strong> chaleur et <strong>de</strong> force) plus il maîtrise<br />

1( l'imagiuatioll et l'empêche <strong>de</strong> s'égarer. Il s'ensuit<br />

" que la narration tranquille admet Jes comparaisons<br />

Il fréquentes; qu'à mesure qu'elle s'anime, elle en<br />

" veut moins, les veut plus concises et aperçues <strong>de</strong><br />

Il plus près; que dans le pathétique elles ne veulent<br />

Il être qu'indiquées par un trait rapi<strong>de</strong>; ct que) s'il<br />

Il s'en pr.ésente quelques-unes dans la véj1émence <strong>de</strong><br />

" la passlOn , un seul mot les doit exprimer. "<br />

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136 CHAPITRE XVIlI.<br />

Agglomerant, ealeo donee se earcere claudanl<br />

sponte suA: lanta esl e<strong>de</strong>ndi gloria lili '. (rida.)<br />

La femelle du paon contemple avec joie sa petite<br />

famille:<br />

Adspiee, maternam quàm dulcia gaudia mentem<br />

Pertenlant '. (Vanière.)<br />

Un jeune rhétoricien 3 apostrophait ainsi saint Antoine,<br />

qui s'empressait d'aller retrouver saint Paul,<br />

mort pendant son absence;<br />

Quid facis, Antoni? jam friget paulus, ct allas,<br />

Immixlus superis, nec jam Iuus, attigit arces •<br />

Dieu adoucit la barbarie <strong>de</strong>s Gaulois;<br />

Posuere {erocia Galli<br />

Corda, volente Deo '.<br />

Une prêtresse annonce la victoire <strong>de</strong> Salamine:<br />

Te Marathon rediviva manet; jam part us Athenis<br />

Aller Millia<strong>de</strong>s ' .<br />

Ici l'on a peint la démarche incertaine d'un bom me<br />

ivre:<br />

Murorum alterno vi<strong>de</strong>n' ut ruat impete duros<br />

Crecus in amplel.Us, quanquam fecunda lucernis<br />

Addi<strong>de</strong>rit numerum generosi copia Bacchi 7 ?<br />

t Virgile fi dit, en différents endroits: j[ille rugit rerugilque 'ja •....<br />

orbibuJ orb" .mp.d.unl ... tanta .. , generana. gloria mel/i •.<br />

li Lalonœ tacitum pertentant gaudia pectus. V.<br />

:; Cité par Rollin.<br />


140 CUAPITIIE XVIII.<br />

ArgoliCi, quos bla <strong>de</strong>cct concessa libido,<br />

J'aUa connubia el l"'les celebrant hymenœos,<br />

Ce <strong>de</strong>rnier vers, auquel le poële a donné ici un<br />

sens figuré, est pris au propre dans Virgile.<br />

On a dit d'un écolier:<br />

l\Jusarum phœbique recens doctoris alumnus ,<br />

Poslquam Longa <strong>de</strong>cem tulcrant fastidia memes "<br />

On sent ici la nécessité <strong>de</strong> connaître les poëtes<br />

latins, et surtou t Virgile, dont le lecteur se souviendra<br />

plut6t. Les O<strong>de</strong>s d'Horace offrent aussi une source<br />

fécon<strong>de</strong> d'heureuses imitations. Qu'on tâche <strong>de</strong> transporter<br />

quelques-unes <strong>de</strong> ses expressions dans le vers<br />

hexamètre: c'est une conquête légitime.<br />

DU CENTON.<br />

Nous dirons quelques mots du centon, non pas que<br />

nous attachions une gran<strong>de</strong> valeur au résultat <strong>de</strong> ce<br />

travail, mais parce qu'il présuppose la connaissance<br />

<strong>de</strong>s poëtes classiques, ct offre un utile exercice <strong>de</strong><br />

mémoire 2, Nous savons que plusieurs professeurs<br />

proposent ce genre <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir, sinon à toute une<br />

classe, du moins aux élèves d'élite,<br />

Le centon est une pièce entièrement composée <strong>de</strong><br />

vers ou <strong>de</strong> fragm ents <strong>de</strong> vers empruntés iL nn poëte.<br />

Le plus ancien centon latin qui nous ait été conservé<br />

est la Médée d'Hosidius Géta, écrivain du siècle<br />

l Matr; longa dcccm lulerunt raSlidia menses. V.<br />

\1 Centonem vacant qui primi hac concinnatione luse-mnt. Solit ..<br />

memoriœ negotiunl sparsa col/tgere, rI i,,/egrare larera /a. (AusOn. ad<br />

Paul. )<br />

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CHAPITRE XIX.<br />

DE LA FIN DU VERS HEXA.MÈTRE.<br />

Il faut soigner avec une attention particulièt'e les<br />

<strong>de</strong>ux pieds qui terminent le vers hexamètre. L'oreille<br />

en juge sévèrement l'harmonie, et l'esprit <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> la valeur aux mots qui les remplissent.<br />

LONGUEUIl. DU MOT FINAL. - Le <strong>de</strong>rnier mol du vers<br />

hexamètre doit être un mol <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou <strong>de</strong> trois syllabes;<br />

Conticuere omnes, intentique ora tenebant .'<br />

In<strong>de</strong> toro pater ./Eneas sic ors us ab alla. V.<br />

Remarques. 1" Un vers peut finir yuelquefois pal'<br />

<strong>de</strong>ux monosyllabes, ou par le verbe est précéd é d'une<br />

élision:<br />

Versibus exponi tragieis res comica non vu!t. Il.<br />

Grammatici certant, et adhuc sub judice lis est. H.<br />

Corripiunt, spirisque ligant ingentibus; ctjant<br />

Bis medium amplexi. V.<br />

Qum poslquam vates sic ore effatus amico est. Y.<br />

Les monosyllabes que, ve et ne ( interrogatif) se<br />

mettent très-bien à la fin du vers: . lnvoll'ens umbrâ magnâ terramqu e polurnque. V.<br />

Si quis in adversum rapiat casus\'e <strong>de</strong>usve. V.<br />

o magnis poslhac inimicus risus! utm'ne<br />

Ad casus dubios /i<strong>de</strong>t sibi cerlius! H.<br />

C'est qu'en effet ces mots ne sont plus <strong>de</strong>s mono-<br />

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146 CIlAPITRE XIX.<br />

Les ycrs hypcrmètrcs 1 finissent pour l'œil par un<br />

mot <strong>de</strong> quatre syllabes, mais réellement par un mot<br />

<strong>de</strong> trois, puisc/ue la <strong>de</strong>rnière est élidée. On met bien:<br />

Et magnos membrcrum artus , magna ossa lacer/osque<br />

Exuit. Y.<br />

li n'est pas non plus qnestion ici du vers .pondalqllc><br />

lequel, il peu d'exceptions près, finit pal'<br />

un mot <strong>de</strong> quatre syllabes 2, mais <strong>de</strong> quatre syllabes<br />

longues:<br />

Cara <strong>de</strong>ùm soboles, magnum Jovis incremcntum. v.<br />

3° On doit encore bannil' <strong>de</strong> la fin du vers les mols<br />

<strong>de</strong> cinq syllabes, tels que ceux-ci:<br />

Su nt igilur soliùà primordia simplicilate. Ln.<br />

Te noslris ducibus, te Graiis ante{ercndo. n.<br />

Ullinguns manc;piortnn<br />

Contemnas. J.<br />

4° Évitez à plus forte raison les mots <strong>de</strong> six syllabes,<br />

comme:<br />

Quisquis luxurià, tristivc superstitione,<br />

Aut alio mentis morbo calet. II.<br />

NATUUE DU MOT fl;,{AL. - 1 0 Si nous examinons malDtenant<br />

les mots, non plus par rapport ù leur quantité,<br />

mais pal' rapport à leur nature, nous reconnaîtrons<br />

que la par lie du discours qui termine le plus souvent<br />

J Pog. 81.<br />

51 On trouve à la vérité dans Virgile;<br />

Cum sociis, ualoquC, .Pcnalihlls ct mognis dh ...<br />

Quœ f}(londdm ill lJuSL1$, aut culminiblls <strong>de</strong>serUs.<br />

)f;Js ces exceptions très-l'arcs ne dCLl'uisent pas la l'èGle.<br />

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CHAPITRE XX.<br />

DE L'EUS ION .<br />

A moins qu'elles ne se trouvent au milieu d'un concours<br />

désagréable <strong>de</strong> consonnes, ou qu'elles ne soient<br />

placées à certains pieds que nous allons indiquer, les<br />

élisions ne produisent point un mauyais e[et, ct les<br />

poëtes du second ordre les ont évitées avee une a/l'ectalion<br />

puérile. Virgile, dans les ouvrages mêmes auxquels<br />

il a mis la <strong>de</strong>rnière main, cL Horace, daus ses<br />

O<strong>de</strong>s, en font un assez fréquent usage: elles donnent<br />

<strong>de</strong> la variété au vers, qui, sans elles, finit par être<br />

monotone.<br />

Il ne faut pas croire qu'Lln vers soit d'autant plus<br />

dur qu'il renferme plus d'élisions. JI yen Il trois dans<br />

chacun <strong>de</strong>s suivants, ct cependant Ïls sont très-coulants<br />

:<br />

Qui cultus babendo<br />

siL pecori, ntque apibus quanta ex pcrienlia parcis. V.<br />

NUill fictu ingemuit nos/ra, aul miscralus amantcm cs.t? v.<br />

Au contraire uno seule élision peut être choquante,<br />

comme nous le verrons bientôt.<br />

1 0 Si la voyelle élidée ct celle qui commence le mot<br />

suivant sont les mêmes, l'élision n'a l'ion <strong>de</strong> désagréable<br />

à l'oreille:<br />

Flumina amcm sihasquc inglorius. v.<br />

Ille eLiam clslinclo miscralus Cœsarc U


CHAPITRE XXII.<br />

DE L'HARMONIE EN Gf;NÉRAL.<br />

Si l'harmonie du style est nécessaire à l'éloquence,<br />

elle l'est bien plus encore à la poésie. Le poëte, en<br />

adoptant le rhythme ca<strong>de</strong>ncé du vers, s'est engagé à<br />

offrir à l'oreille un charme qu'elle ne trouvait pas dans<br />

la prose : à plus forte raison doit-il, à l'exemple <strong>de</strong><br />

l'orateur, choisir, parmi les mols qui sc présentent à<br />

lui, ceux qui sont les plus doux à prononcer, ct<br />

faire en sorte que leur mélange produise encore une<br />

agréable impression. Il sern parlé plus tard <strong>de</strong> l' harmonie<br />

imitative; nous verrons alors quelles restrictions<br />

il faut mettre au précepte général.<br />

L'harmonie a pour juge le sentiment, ct ne peut<br />

guère être soumise à l'analyse. Qui serait insensible<br />

à la douceur <strong>de</strong> ces vers?<br />

Tilyre, tu palulre rccuhans suh lrgminc fagi ,<br />

Silvcstrcm tenui musam meditaris a"cnâ :<br />

Nos patrire fines et dulcia linquimus ar"a,<br />

Nos palriam fugimus ; lu, Tilyrc, Icnlus in umbrà.<br />

Formosam resonare doces Amar)llida sih:as. Y.<br />

Ver erat relernum. placidique tcpentibus auris<br />

Mulcebant Zcph)'ri natos sinè semine Dores.<br />

11101 eliam fruges tenus inarata ferehat •<br />

Nec rellovatuS. ager gra"iùis canebat aristis.<br />

Fluminu jum lactis , iam ilumina neclaris ibant •<br />

Flavaque <strong>de</strong> "iridi slillahunt ilice mella. o.<br />

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CHAPITRE XXIV.<br />

DES DIfFÉRENTES COUPES DE LA PÉRIODE POÉTIQUE.<br />

Le génie <strong>de</strong> la poésie <strong>latine</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> essentIellement<br />

que chaque ,-ers ne soit pas terminé par un repos,<br />

et que, la plupart du temps, un ou plusieurs<br />

mots, nécessaires au sens d'une phrase, soient reportés<br />

au vers suivant: en un mot, l'enjambement, interdit<br />

à notre poésie, est une condition <strong>de</strong> la poésie<br />

laline. Après un certain nombre <strong>de</strong> pareils rejets, que<br />

l'on a eu soin <strong>de</strong> varier pour éviter la monotonie, la<br />

pério<strong>de</strong> se termine avec le vers, et l'esprit, dont l'attention<br />

a été soutenue par cct hellreux enchaînement,<br />

se repose un instant pour la prêter encore.<br />

Le poële ne renvoie pas sans choix au second vers<br />

les mols qui n'auraient pu entrer dans le premier: il<br />

tient compte et <strong>de</strong> leur nature et <strong>de</strong> leur quantité.<br />

Sous le premier rapport, les mots rejetés n'auront<br />

pas une médiocre importance dans l'ensemble <strong>de</strong> la<br />

phrase. Destinés à fixer les regards, ils doivent en<br />

être dignes; et rien ne nuit plus à l'effet d'une phrase<br />

qu'un rejet insignifiant. Les mots que l'on réservera<br />

pour le vers suivant seront donc le substantif, ou<br />

le verbe, ou une épithète remarquable, ou plusieurs <strong>de</strong><br />

res mots à la fois.<br />

Sous le rapport <strong>de</strong> la quantité, nous allons établir,<br />

d'après l'exemple <strong>de</strong>s poëles, les règles qu'il faut<br />

suivre.<br />

On peut rejeler un monosyllabe, pourvu qu'un<br />

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Î::IIIODE l'Oi'TIQUE.<br />

173<br />

autre membre <strong>de</strong> phrase lui soit étroitement uoi par<br />

une c:onjonction :<br />

Non reddita contrà<br />

Vox, fidamque negant suspecta silcnlia paeem. ST.<br />

Cœperat humcnLi cœlum subLexere pallâ<br />

Nox, ct cœruleam terris infu<strong>de</strong>ral umbram. ST.<br />

Mais ce cas est rare.<br />

Il est aussi permis <strong>de</strong> rejeler un trochée:<br />

lnfestisque obvia SigDis<br />

Signa, pares aquilas , et pila miDanlia piUs. L.<br />

TUDe etiam faLis aperit Cassandm fuLuris<br />

Üf"a, <strong>de</strong>i jussu non unquam credita Teucris. v.<br />

Mais les rejets les plus fréquents sont:<br />

1° Un dactyle:<br />

lLaliam , falo profugus, Lavinaque venit<br />

Litlora. V.<br />

2° Un dactyle est une longue:<br />

Quidve doleDs regina dClÎm Lot volvere casus<br />

Insignem pietaLe virum, LoL adire labores<br />

Impulerit. V.<br />

3° Deux pieds et <strong>de</strong>mi (ou la césure penthémimère) :<br />

Necdum eliam C3usœ irarum sœvique do1ores<br />

Exci<strong>de</strong>rant animo. v.<br />

Trois pieds et <strong>de</strong>mi (ou la césure hephthémimère):<br />

Quam JUDO ferLur terris magis omnibus UDam<br />

Posthabitâ coluisse Samo. v.<br />

Le poële peut choisir à son gré parmi ces différentes<br />

coupes, à moins que l'harmonie imitative ne le<br />

force d'adopter l'une <strong>de</strong> préférence, ou même d'aVOIr<br />

recours à d'autres moins usitées dont nons parlerons<br />

,<br />

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174<br />

CHAPITRE XXIV.<br />

plus tard. il doit aussi avoir gl'and soin <strong>de</strong> les varier.<br />

II y a <strong>de</strong> la monolouie dans les vers suivants:<br />

Siculasque relcgat in oras.<br />

Ingenio confisa loci. Trinacria quondam<br />

ltaliœ pars una fuit. CL.<br />

Et plus encore dans ceux-ci:<br />

FestinaL eniro <strong>de</strong>currere velox<br />

Flosculus, angustœ miserœque brevissima vital<br />

Portio : dum bibimus. dom serta, unguenta rosasque<br />

Poscimus, obrepit non intellecta seneetus. J.<br />

Un seul vers renferme quelquefois un sens complet;<br />

d'autres fois l'idée est exprimée en <strong>de</strong>ux, trois,<br />

quatr,e vers, etc. La pério<strong>de</strong> poétique peut comprendre<br />

jusqu'à sept ou huit vers: il est rare qu'elle<br />

en ait neuf.<br />

L Tantre molis erat Romanam con<strong>de</strong>re gentem !<br />

2. Defessi .!Eneadre , quœ proxima littora, cursu<br />

contendunL petere, et Libyœ vertuntur ad oras. V.<br />

5. Postera quum primo stellas Oriente fugâral<br />

Clara dies, socios in cœtum Iittore ab omni<br />

Advocat .!Eneas, tumulique ex aggere fatur. V.<br />

4. Dardanidœ magni, genus alto a sanguine divûm.<br />

Annuus exacLis completur mensibus orbis<br />

Ex q,uo relliquias divinique ossa parentis<br />

Condidimus terrâ. mœstasque sacravimus aras. V.<br />

5. At sreva e speculis tempus <strong>de</strong>a naeta nocendi •<br />

Ardua teeta petit slabuli , et <strong>de</strong> culmine summo<br />

Pastorale callit signum. cornuque recurvo<br />

Tartaream intendit vocem : quâ prote nus omne<br />

Contremuit nemus, et sil Val intonuere profl1ndœ. v.<br />

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178<br />

CllAPITRE XXIV.<br />

Qua\is, ubi hibernam Lyciam Xanthique fluenla<br />

Desel'it, ac De\um malernam invisit A\Jollo,<br />

Instauratque choros, mixtiquc altaria circum<br />

Cretesque Dryopesque Cremunt pictique Agalbyrsi :<br />

Ipse jugis cynlhi graùilur , mollique fluenlem<br />

Fron<strong>de</strong> premil crincm fingens, arque implicat auro;<br />

Tela sonant humeris. Daud i1l0 segnior ibat<br />

lEneas; tan turo egrcgio <strong>de</strong>cus en îlet ore. V.<br />

Non sic, aggeribus l'uptis quum spumeus amnis<br />

Elüt, oppositasque evicit gurgite moles,<br />

Fertur in ana furens cumulo , camposque per ornnes<br />

Cum stabulis armen!a trahit. Viùi ipse furenlem<br />

Cœ<strong>de</strong> NeoptoJemum, etc. V.<br />

Lorsqu'un discours a une certaine étendue, il finit<br />

ordinairement avec le vers. Au contraire, quelques<br />

paroles prononcées dans une situation violente se<br />

terminent fort bien sans que le vers soit complet. On<br />

trouve même d'assez longs discours qui sont dans ce<br />

<strong>de</strong>rnier cas. Quand Énée sort du nuage où il était<br />

caché, et se montre à la cour <strong>de</strong> Carthage, il dit<br />

(après douze vers) :<br />

In freta dum fluvii current, dum montllus umbrm<br />

Lustrabunl convcxa, polus dum si<strong>de</strong>ra pascet,<br />

Semper honos nomenque luum lau<strong>de</strong>sque manebunt,<br />

Quœ me cumque vocan! !errœ. Sic fatus, amicum<br />

Ilionea petit <strong>de</strong>xtrà, etc. v.<br />

Lucain semble affectionner cette manière <strong>de</strong> terminer<br />

ses discours: il réserve alors pour le vers imparfait<br />

un trait énergique, dont l'effet est souvent fort<br />

heureux.<br />

Caton veut ranimer ses soldats découragé,; par la<br />

journée <strong>de</strong> Pharsale: il finit par les imiter à porter sa<br />

tête au tyran pour mériter leur gràce:<br />

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180<br />

PÉRIODE POÉTIQUE.<br />

Ilium, et omnis bumo fumat Neptunia Troja,<br />

Diversa exsilia et dcsertas quœrere terras<br />

Augurüs agirour divûm, classeroque sub ipsâ<br />

Antandro ct pbrygiœ moHrour montibus Idill,<br />

Incerti quo fata fera nt , ubi sistere <strong>de</strong>tur;<br />

Contrahimusque viros. Vix prima incepcrat restas,<br />

Et pater Allcbises dure falis vela jubebat, etc.<br />

Le <strong>de</strong>rnier trait, Contrakimusque vi1'os, nuit à l'effet<br />

<strong>de</strong> cette belle pério<strong>de</strong>. Il est faiLle après tout ce qui<br />

précè<strong>de</strong>, et il trompe l'oreille, qui aLtendait un repos,<br />

au moins après le septième vers.<br />

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IJARMONIE IMITATIVE.<br />

183<br />

J. IIAR!!ONIB IMITA TlVE RÉSULTANT DU CHOIX DE CERTAINES LETTRES,<br />

DE CERTAINES SYLLABES.<br />

A. - Les vers suivants, pleins <strong>de</strong> douceur et <strong>de</strong><br />

grâce, le doivent à la voyelle a, qui Y est multipliée:<br />

lI{ollia luteolà pingit vaccinia caHbâ. V.<br />

Indum sanguineo veluli violaverit ostro<br />

Si quis ebur, auL mixta rubent ubi lilia multà<br />

Alba rostl. v.<br />

Elle exprime la majesté dans ce vers:<br />

Omnia suh magntl labentia llumina terrâ. v.<br />

E. - La voyelle e est propre à rendre un bruit<br />

sourd et lugubre, un sentiment douloureux:<br />

Insonuere cavœ gerniturnque <strong>de</strong>dêre cavernre. Y.<br />

Obseenique canes irnportunreque volueres. v.<br />

Te, veniente die, te, <strong>de</strong>ce<strong>de</strong>nte, eanebat. v.<br />

U. - Un son plus éclatant, un cri est imité par la<br />

syllabe um:<br />

Urgeri volucrum rauearum ad lillora nuhem. V.<br />

Hine exaudiri gemitus irœque leonum<br />

viucla recusanttlm , el serâ sub nocte ru<strong>de</strong>nttlm;<br />

Setigerique sues, alque in prresepibus ursi<br />

Srevire, ae for roœ magnorum Illulare luporurn. V.<br />

s. - Cette lettre pourra exprimer le gazouillement<br />

d'un ruisseau:<br />

Unda levi somnum sua<strong>de</strong>bil inire susurro. V.<br />

le sifflement <strong>de</strong>s serpents:<br />

Sibila lambcbanl linguis vibranlibus ora. V.<br />

R, S, T, X. - Les lettres les plus dures à prononcel',<br />

comme 1', S, t, X, serviront à peindre tout ce<br />

qui affecte désagréablement un <strong>de</strong> nos sens.<br />

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184 CHAPITIU> xxv.<br />

Écoutez le cultivateur promenant le raleau SUr la<br />

terre:<br />

Ergo œgre rastris terram rimantur. v.<br />

le bruit d'un atelier:<br />

Turn ferri rigor, atque argutœ lamina semc. v.<br />

N'entend-on pas icila bruyante manœuvre <strong>de</strong>s vaisseaux?<br />

Unù omnes ruere, ae tolum spumare reductis<br />

CODl'ulsum remis rostrisque tri<strong>de</strong>ntibus œquor. ,'.<br />

Les membres d'Hippolyte se brisent avec fracas:<br />

Ossa gravem dare fracta sonum. O.<br />

C'est maintenant un torrent qui mugit:<br />

Fractorurn suhitas tOITCntllm audire ruinas. ST.<br />

Virgile imite ainsi le brult <strong>de</strong> la grêle et celui <strong>de</strong> la<br />

charrue:<br />

Tarn mulla in tectis crepitans salit borrida grando, ..<br />

Post, valido nitens 511b pon<strong>de</strong>re, faginus axis<br />

Instrepat, et junctos temo trabat œreus orbes.<br />

Il sait rendre une sensation pénible pour le goût,<br />

pour le toucher :<br />

Et ora<br />

Tristia tentantÛIll sensu torquebit amaro.<br />

Aret<br />

Pcllis , et ad tactum tractanti dura resistit.<br />

Il nOus fait assister aux détonations <strong>de</strong> l'Etna:<br />

Portus ab accessll Yentorllm immolus, et i ngens<br />

Ipsc : sed horrificis juxtù tonat ..Etna ruinis, etc.<br />

Ce qu'il y a encore <strong>de</strong> remarquable dans ces <strong>de</strong>ux vers.<br />

c'est le calme qui règne dans le premier, si bien opposé<br />

au fracas du second.<br />

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186 CHAPITRE XX.V.<br />

,<br />

Hicgaieam tectis trepidusrapil; ille fremenles<br />

Ad juga cogit equos. v.<br />

Celui-ci, la mobilité d'une âme inquiète:<br />

Namque agor ut pel plana citus sola verbere turbo. TIB<br />

Ici c'est une lionne poursuivant le ravisseur qUi<br />

emporte ses lionceaux:<br />

Signaque nacla pedum, sequitur, quem non vi<strong>de</strong>t, hostem. O.<br />

Ne voit-on pas le mouvement léger d'un rat, en lisant<br />

ce vers?<br />

Hrec ubi dicta<br />

Agreslem pepulere, domo levis exsilit. H.<br />

Écoutons le langage pressé <strong>de</strong> la fureur:<br />

Sequar atris ignibus abscils ;<br />

El, quum rrigida mOTS animâ seduxeril arlus,<br />

Omnibus umbra lods ad.ero : dabis, improbe, pomas. V.<br />

Et, dans le même endroit, les cris <strong>de</strong> la vengeance:<br />

Non arma expedient, totâque ex urbll sequentur ,<br />

Diripientque rates alii navalibus? !te,<br />

Ferle citi flammas, date vela, impellite rcmos. v.<br />

Voyez quel élan règne dans ces yers! Et comparez à<br />

ce mouvement si naturel un passage où Lucain rend<br />

la même idée:<br />

Prœcipitate rates e sicr.o littore, naulre;<br />

Classis in ad versos erumpal remige ventos ;<br />

Ile duces mecum.<br />

Que ces vers sont froids et inanimés! quel contresens,<br />

sous le rapport <strong>de</strong> la ca<strong>de</strong>nce, dans ces syllabes lentes<br />

e sicco, adversos e1'Umpal!<br />

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IlARi\lONIE LlUTA.l'lVE.<br />

187<br />

2° La marche du spondée est plus grave. Il sert à<br />

ex primer la difficulLé , la lenteur, la majesté, la tristesse.<br />

Nous avons trouvé que dans ce vers :<br />

Ergo œgre rastris tcrram rimantur ,<br />

Virgile avait fait un habile usage <strong>de</strong> la leUre,.; nous<br />

remarquerons maintenant que les spondées concourent<br />

aussi à produire l'harmonie imitative.<br />

Le pénible travail du laboureur est encore beureu .<br />

sement exprimé par les vers suivants:<br />

Agricola, incurvo terrom moU tus aratro ,<br />

Exesa inveniet scabrâ rubigine pila. V.<br />

Ceux-ci ren<strong>de</strong>nt d'une manière pittoresque les efforts<br />

<strong>de</strong>s cyclopes et <strong>de</strong>s matelots;<br />

llli inter sese multâ vi bracbia tollunt. v.<br />

Adnixi torquent spumas, et cœrula vermnt. v.<br />

On semble partager la fatigue d'Hercule, qui trois<br />

fois a tenté vainement <strong>de</strong> pénétrer dans l'antre <strong>de</strong><br />

Cacus, quand on lit dans Virgile:<br />

Ter saxea tenlal<br />

Limina nequ.idquam; ter fessus valle resedit.<br />

Le même poële nous montre Thésée dans les enfers:<br />

(Dfelix Theseus.<br />

Se<strong>de</strong>t, œternùmque se<strong>de</strong>bit<br />

Ces spondées peignent admirablement l'éternité du<br />

supplice.<br />

Quel morne abattement règne dans le passage suivant,<br />

où Virgile exprime la tristesse du laboureur qui<br />

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188 CllAPIrRE xxv.<br />

a perdu un taureau, et le découragement <strong>de</strong> celui qui<br />

survi t à son frère!<br />

lt lristis aralor,<br />

Mœrenlem ahjungens fralernâ morle juvencum.<br />

Ceux-ci respirent aussi une profon<strong>de</strong> doulrur :<br />

El casum insonlis mecum indignabar amici. v.<br />

Al non infelix animi Phœnissa. v.<br />

La lenteut' d'un vieillard, la dignité d'un roi, sont<br />

encore rendues avec vérité par l'emploi du même<br />

pied:<br />

Olli sedato respondit cor<strong>de</strong> Latinus. v.<br />

Contemplez le calme et la majesté du maître <strong>de</strong>s<br />

dieux:<br />

vullu quo cœlum lcmpestatesque serenat,<br />

Oscula libavit natoo. V.<br />

Uemarquons ces grands mots indignabar, tempestates,<br />

et reconnaissons qu'ils sont propres à produire<br />

les mêmes effets, c'est-à-dire à exprimer la tristesse<br />

ou la gran<strong>de</strong>ur..<br />

Cassandre est tombée au pouvoir <strong>de</strong>s Grecs. Virgile<br />

commence cette scène par un vers d'une harmonie<br />

lugubre:<br />

Ecce trahebatuT passis priameïa virgo<br />

Crinibus.<br />

Il rend ainsi [e <strong>de</strong>uil profond ùes Troyennes, qui,<br />

fatiguées <strong>de</strong> leurs longs voyages, promènent <strong>de</strong>s<br />

yeux humi<strong>de</strong>s sur l'immensité <strong>de</strong>s flots:<br />

At procul in solà secretœ Tron<strong>de</strong>s actâ,<br />

Amissum Anchisen fichant, cunct:eque profundum<br />

Ponlum adspectabant fientes.<br />

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19-i ClLU'JTRE XXV_<br />

Ici le poëte a su reproduire la gravité d'une cérémonie<br />

religieuse:<br />

Armati Jovis ante aras, paterasque lenente. ,<br />

Stabant. V.<br />

Stace offre un bel exemple d'un spondée ainsi rejeté.<br />

11 parle du supplice <strong>de</strong> Tityus :<br />

Ipsre borrent , si quando pectore ab alto<br />

Emergnnt volucres, immensaquc membrajacentis<br />

Spectant> dum miserre crescunt in pabula fihrœ.<br />

Dans ce tableau les vautours sell}blent se complaire<br />

à contempler leur victime.<br />

3° Le rejet du dactyle, au contrarre: aura pour<br />

but <strong>de</strong> peindre la rapidité.<br />

Nisus lance une javeline :<br />

DixeraL, et loto connixu3 corpore, ferrum<br />

Conj'icit: basta volans noctis diverberat umbras. V.<br />

En lisant le mot conjicit, on suit le mouvement léger<br />

du trait. Un habile contraste fait encore ressortir davantage<br />

cette beauté : le premiers vers, et toto<br />

connixus, se traîne avec peine, parce qu'il imite<br />

l'effort du guerrier.<br />

lei l'on assiste à la chute d'un soldat blessé:<br />

Bic jn"enis primam ante aciem, stri<strong>de</strong>nte sagittâ ...<br />

Ste1"nitur. v.<br />

Didon fait un <strong>de</strong>rnier effort pour ouvrir les yeux à<br />

la lumière:<br />

flla, graves oeulos conata attollere 1 rursns<br />

Deficit. v.<br />

Le vers suivant offre une chute analogue:<br />

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196 CHAPITRE XXV.<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nisus, conjicit : vous reconnaltrez <strong>de</strong> part<br />

et d'autre le peintre habile <strong>de</strong> la nature.<br />

L'arrivée d'Énée a suspendu les travaux <strong>de</strong> Cartbage:<br />

Non cœplre assurgunl lurres, non armajuvcntus<br />

Exercet. V.<br />

Quelle langueur dans ce rejet! Les spondées du premier<br />

vers contribuent aussi à la peinture <strong>de</strong> cette<br />

ville qui semble inanimée.<br />

Le même poétc dit <strong>de</strong> Polyphême :<br />

Jacuitque peT antrum<br />

[mmensus.<br />

et il nous met sous les yeux l'image colossale du cyclope.<br />

Créuse veut retenir Énée qui se pl'écipite au COIllbat:<br />

Ecce autem complexa pe<strong>de</strong>s in !imine conjux<br />

Hœrebat, parvumque patri ten<strong>de</strong>bat lulum. V.<br />

Le mot hœrebat rend parfaitement les efforts obstinés<br />

<strong>de</strong> la tendresse conjugale.<br />

Énée arrache le rameau d'or qui doit lui frayer 1e<br />

chemin <strong>de</strong>s enfers :<br />

Corripit extemplo lllneas, avidusque refringit<br />

Ctlnctantem. v.<br />

Quelle rapidité dans le mouvement d'Énée, avid1tsque<br />

refringit! Mais le rameau résiste un instant à son impatience,<br />

cunctantem.<br />

5" On trouve quelquefois rejeté un grand mOL,<br />

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202 CH!J'ITRE xxv.<br />

7' La secon<strong>de</strong> suspension que nous avons annoncée<br />

a lieu après le cinquième pied.<br />

Laocoon court au secours <strong>de</strong> ses fils et il est à<br />

son tour enlacé par les serpents:<br />

Post ipsum, auxilio suheuntem ae tela ferentem,<br />

Gorripiunt, spirisque ligant ingentibu$ ; et jam<br />

Bis medium amplexi, etc. v.<br />

Tableau d'un vaisseau jouet <strong>de</strong> la tempête:<br />

Tol1imur in cœlum curvato gurgite, et I<strong>de</strong>m<br />

Subductâ ad lianes imos <strong>de</strong>sidimus undà.. v.<br />

Tibulle rend ainsi le mouvement d'une <strong>de</strong>vineresse<br />

qui tire un nom <strong>de</strong> l'urne:<br />

Ilia sacras pueri sortes ter sustulil : illi<br />

Reltulit e triviis omina certa puer.<br />

v. JURlIONIE fMlTATIVE RÉSULTANT DES tUSIONS.<br />

Les poëtes savent aussi tirer parti <strong>de</strong> l'élision. Souvent<br />

indifférente, elle <strong>de</strong>vient, au besoin, susceptible<br />

<strong>de</strong> produire <strong>de</strong>s effets frappants.<br />

Virgile rend pal' <strong>de</strong>s élisions accumulées la difformité<br />

<strong>de</strong> Polyphême :<br />

Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen a<strong>de</strong>mptum.<br />

Il veut peindre l'hydre qui veille à la porte <strong>de</strong>s<br />

enfers:<br />

Quinquaginta atris immanis hiatibus hydra.<br />

Le hiat1ls produit par le concours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux<br />

voyelles offre l'image du monstre, dont on croit voir<br />

les cinquante gueules béantes.<br />

Didon, près d'expirer, fait un <strong>de</strong>rni-er effort pour<br />

entr'ouvrir sa pesante paupière:<br />

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210<br />

CruPITRE XXVI.<br />

très-nombreuses; nous nous bornerons à en indiquer<br />

quelques-unes:<br />

Dooec eris felix, muItos oumerabis amicos;<br />

Tempora si fuerint oubila, solus eris. O.<br />

Semiscpulla rirûm curvis feriHolur aratris<br />

Ossa; ruiDosas occulit herba domos. O.<br />

Sed mihi quid pro<strong>de</strong>st vestris dis je ct a lacertis<br />

llios, et, murus quod fuit ùo!.è, solum? O.<br />

Ossa mei fralris c1avâ pcrfracta trinodi<br />

Sparsit humi; soror est prreda rcliela reris. O.<br />

Cujus opes auxere mem; cui dives egenli<br />

Munera multa <strong>de</strong>di, multa datura fui. O.<br />

Est tibi , sitque precor , natus , qui mollibus annis<br />

10 patrias artes erudiendus crat. O.<br />

Srepe fui meodax pro le mibi; sœpe pulavi<br />

Alba procellosos vela referre Notos. O.<br />

Ula dies fatum miserre mihi dixit: ab iIIâ<br />

pessima mutati cœpit amoris hiems. O.<br />

FIN DU VERS. - Le vers pentamètre se termine par<br />

un mot <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux syllabes, dont la quantité est un<br />

iambe. La <strong>de</strong>rnière syllabe doit être longue <strong>de</strong> nature<br />

:<br />

SOrte nec ulla meà tristior esse potest. O.<br />

ou douteuse<br />

Vix Pnamus Lanti, totaque Troja fuit. O.<br />

ou commune:<br />

Quod tibi donavi, perfi<strong>de</strong>, littus emo. o.<br />

Le "ers finit moins bien par une brève;<br />

Materiam credis ab hoste pete. O.<br />

La recherche <strong>de</strong> cet ïambe doit donc occuper avant<br />

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218 Cll!PlTRE XXVlI.<br />

Quicüm-\-que re-\-gnii fi-I-dit, et 1 magnâ 1 pOlens<br />

DomYna-l-tur au-l-lâ, nec Ileves J mëtüit J dcos,<br />

Anirnum-J-que Te-I-bus cre-J-dulum Ilœtis J <strong>de</strong>dit,<br />

:AIè vï<strong>de</strong>-I-at, et 1 te, Tro-Ha. Non 1 unquam J tulit<br />

Docnmen-\-ta fOTS \ majo-\-Ta, quàm J fragili Iloco<br />

SlaTent J super-\-bL COlu-\-rnen e-I-versum oc-I-cidit<br />

pollen-\-tïs lsï-\-œ, cœ-\-litum c-\-gl'egius Ilabor ...<br />

Yictam-\-que quam-I-vis vi<strong>de</strong>-\-at, haud J credit 1 sibi,<br />

Potuis-\-se vin-\-ci. spoli-\-li Popu-\-lator \ rapit. SEN.<br />

Sénèque admet quelquefois au premier pied le procéleusmatifJue<br />

(v on met bien:<br />

1 0 Un ïambe> un spondée> un dactyle ou un anapeste<br />

au premier pied;<br />

2 0 Un dactyle au troisième;<br />

3° Un anapeste au cinquième.<br />

1 Sanè accidil l10nnllnquam ut pro anapœslo, au! dactylo, aUI<br />

.pond,o, qUf,tuO" breves pnmo pe<strong>de</strong> ponanlur, lanquam :<br />

Beneficia pro re eolere , sapientis viri est.<br />

()Jar. ViCI. p. 2572.)<br />

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VERS LUlnIQUE.<br />

223<br />

diguée comme nous le voyons dans l'exemple suivant:<br />

Quin ipsa lanti penieax cla<strong>de</strong>s mali<br />

Siccavit oculos ; quodque in extremis sol et •<br />

Periere lacrimœ. Portat hune œger parens<br />

Supremum ad ignem; mater hunc amens gerit. SEN.<br />

Le vers ïambique, dont beaucoup <strong>de</strong> poëles ont fait<br />

usage 1, l'esta soumis aux règles essentielles suivies par<br />

Catulle, HOl'ace et Sénèque. Au <strong>de</strong>uxième et au quatrième<br />

pieds il présente toujours l' ïambe ou lc tribraque.<br />

Voici le commencement <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription qu'en fait<br />

Térentianus Maurus (p. 2432) :<br />

A<strong>de</strong>slo, iambe prrepes et tui tenax<br />

vigoris ; ad<strong>de</strong> concitum celer pe<strong>de</strong>m,<br />

Nec alterius indigcns opis, veni.<br />

Le propre <strong>de</strong> ce vers était la rapidité: pes citus> a<br />

dit Horace. Ausone le caractérise élégamment dans<br />

une <strong>de</strong> ses Épîtres 2 :<br />

Iambe, Parthis et Cydonum spiculis 1<br />

Iambe, pinnis alilum velocior<br />

Padi ruenUs impetu torrentio/,<br />

MagnA sonorœ grandinis vi <strong>de</strong>nsior,<br />

Flammis Corusci fulminis vibratior 1<br />

Jam nunc per auras Persei talaribus 1<br />

pctasoque ditis Arcados YeCtu5, 101a.<br />

Il. TRlUÈTRES DES ANCIENS TRAGIQUES ET DE PlIÈDRE.<br />

Les anciens tragiques latins n'ont pas imité la sévé-<br />

1 Maniai, Pétrone, Ausone, Pauli" <strong>de</strong> N 1 Pru<strong>de</strong>nce Sidoine ApoUifl<br />

alr!?, ctc. 0 e, !<br />

2 Epis/. 21.<br />

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238<br />

CnAl'ITRE XXVII.<br />

« blance avec la conversation, qu'à peine pouvait-on<br />

" y reconnaître la mesure i. »<br />

Horace, qui a jugé Plaute avec sévérité, à cause du<br />

dédain que son siècle professait pour les productions<br />

contemporaines, a dit :<br />

Al noslri proavi Plaulinos el numeros , el<br />

Laudavere sales, nimiùm patienter uLrumque,<br />

Ne dicam slultè mirati.<br />

Toutefois cetté critique ne porte pas expressément<br />

sur les trimètres du comique.<br />

Quintilien reconnaît l'harmonie <strong>de</strong> l'ïambique t7'imètre<br />

<strong>de</strong> Térence, quand il exprime le regret que le<br />

poëLe ne se soit pas borné à ce mètre!.<br />

Priscien s'étonne qu'on nie la ca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s vel'S<br />

<strong>de</strong>s Comiques, et que cel'Lains savants préten<strong>de</strong>nt<br />

en pénétrer seuls le secret: Mir01' quosdam veZ abnegare<br />

esse in Terentii comœdiis metra> veZ ea quasi<br />

arcana, et ab omnibus doctis semota> sibi solis esse<br />

cognita corifirmare. C'est pour révéler ce prétendu<br />

mystère, qu'il a rédigé, en cinq pages, les règles <strong>de</strong><br />

la métrique <strong>de</strong>s Comiques 3.<br />

Pour faire juger <strong>de</strong> cette <strong>versification</strong>, je citerai un<br />

fragment pris au hasard dans Plaute (Trin J, 1).<br />

1 c?micorum &enarii, prol>ter 3imiLitudinem &ermonis ,1 sic sœlle sun ,<br />

abject!, ul nonnunquam "ja; in eis "umerus el l1e-rsu. illtelligi l,ossil.<br />

(Oral, ;;5.)<br />

2 Pl", adhuchabitura graliœ (scripla)J si inlra 'Jersu. trimelro.<br />

sletissenl. (bu/.I. Or. X, l, 99.)<br />

;) Ce grammairien, COmme nous l'avons déjà "", consl.ale que, <strong>de</strong> sou<br />

temps, [es vers <strong>de</strong>s. Comiques él.aienL souvenL dMccLUCUX par la faule <strong>de</strong>s<br />

copistes: Versus, $1 quo • • mp.rilia. .crip/orum coarud./, a.d ir,tegl'ullI<br />

,.uttluer. mwicœ locum (p. 1321 ). Que doit-ce êLre aujourd'hui 1<br />

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VERS ASC.LÉI'UDE. 263<br />

La plus agréable et la plus fréquente consiste à rejeter<br />

la césure penthémimère ;<br />

Luctantem lcariis fluctibus Africum<br />

11ercator metuens , oLium eL oppidi<br />

Laudat ,"ura sui. H.<br />

Me doctarum he<strong>de</strong>rre prremia frontium<br />

Dis miscent superis ; me gelidum nemus,<br />

Nympharumque lev es cum Satyris chori<br />

Secernunl populo. B.<br />

On rejette bien un spondée:<br />

Gau<strong>de</strong>nLem patrios fin<strong>de</strong>re sarculo<br />

Àgros, AUalicis conditionibus, eLc. U.<br />

Nec partern solido <strong>de</strong>rnerc <strong>de</strong> die<br />

Spernit, nunc viridi membra sub arbuto<br />

Stralus, nUDC ad aquœ lene caput sacrœ. H.<br />

Quelquefois aussi on rejette trois longues:<br />

lIlanet sub Jove frigido<br />

Venator, tenerm eonjugis immemor ...<br />

Donarem tripodas, prœmia fortium<br />

Graiorum: neque tu pessima munerum, etc. H.<br />

On doit rarement se permeltre une élision à la<br />

césure:<br />

Elegi monumentum œre perennius. n.<br />

surtout s'il y a un repos avant les <strong>de</strong>ux dactyles:<br />

Non omnis moriar ; multaque pars mel<br />

vitabit Libitinam: usque ego posterA, etc. H.<br />

Un monosyllabe, non précédé d'un autre monosyllabe<br />

J fait une mauvaise césure:<br />

Quod non imber edax, non Aquilo impotens<br />

possit diruere, aul innumerabilis ...<br />

Per qum spiritus et vila redit bonis. H.<br />

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264 VERS ASCLÉPIADE.<br />

Dans ce vers, comme dans le vers pentamètre f ,<br />

avec lequel il a une gran<strong>de</strong> ressemblance' , la césure<br />

rime souvent avec la fin du vers:<br />

o et prresidium et du1ce <strong>de</strong>cus meulII ..<br />

Evitata rotis j palmaque nobilis<br />

Terrarum dominos evehil ad <strong>de</strong>os :<br />

Hune si mobilium lurba Quiritium ...<br />

Ilium si proprio condidil horreo<br />

Quidquid <strong>de</strong> Libycis verl'itur areis. U.<br />

Ce mètre, fréquent dans les chœurs <strong>de</strong> SénèquE',<br />

se trouve aussi dans Ausoae et dans Pru<strong>de</strong>nce.<br />

1 re Remarque. L'asclépia<strong>de</strong>, composé <strong>de</strong> douze syllabes<br />

3, avec son repos obligé après la sixième, se<br />

rapproche beaucoup <strong>de</strong> notre vers alexand1'in '. Aussi<br />

nous semble-t-il plus harmonieux que les autres<br />

mètres lyriques.<br />

2 e Remarque. On voit dans Sénèque un asclépia<strong>de</strong><br />

dans lequel le premier pied est un dactyle:<br />

vitre dirus umor, quum pateat malis<br />

Ëlfûg'î-I-um, et miseros libera mors vocet.<br />

ASCLÉPIADE SPOND!ÏQUE. - Il Y a un autre asclépia<strong>de</strong><br />

qui prend un spondée au <strong>de</strong>rnier pied". Il en sera pal'lr<br />

au chapitre du vers Ch01"iambique, système auquel 011<br />

rattache aussi l'asclépia<strong>de</strong> proprement dit.<br />

1 Voy. ci-<strong>de</strong>ssus, p. 214.<br />

2 plusieurs grammairiens y voient un pentamètre abrégé d'une syllabe.<br />

Diomè<strong>de</strong> (p. 508) compare le jJl'emier vers d'Horace à ce pentamètre :<br />

Mœcenas atavis edite re1lJ.igi-J-bu •.<br />

3 Cc nombre a été noté par les anciens' Cf. Mar. Victor. p. 2.51 ; CU'J.<br />

Bass. p. 2663) •<br />

.( Bien entrndu, cela tient à nntre mauvaise prononciatiun.<br />

IS Voy. ci-<strong>de</strong>ssus (p. 261 ) un alcalque .pondGrqut.<br />

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270 VERS ET STROPHE SAPHIQUES.<br />

même quelquefois entre eux les vers saphiques, et l'élision<br />

a lieu <strong>de</strong> l'un à l'autre:<br />

Dissi<strong>de</strong>ns plcbi, numero beatorum<br />

Eximit virtus ...<br />

lIIugiunt vacCal, tibi tallit hinnitum<br />

Apta quadrigis equa ...<br />

Plorat, et vires animurnque moresque<br />

Aureos educit in astra.<br />

Si l'on reconnaît que ces petits vers s'unissent par<br />

la prononciation, on ne s'étonnera pas <strong>de</strong> voir à la fin<br />

<strong>de</strong> fun d'eux un monosyllabe qui par le sens appartient<br />

au vers suivant:<br />

Septimi, Ga<strong>de</strong>s aditure mecum , et<br />

cantabrum indoctum juga ferre nostra, et<br />

Blirbaras Syrtes ...<br />

Prene natali proprio, quOd ex hac<br />

Luce, lIIœcenas meus, etc.<br />

Plena miraris , positusq\le carbo ,w<br />

Cespite vivo.<br />

3" Remarque. Une fois dans Horace la césure allonge<br />

une syllabe brève:<br />

Angulus ridët, ubi non Hymetto<br />

lIIella <strong>de</strong>ceduot.<br />

4' Remarque. Le saphique a onze syllabes, comme<br />

l'alcaïque, et le rapport entre ces <strong>de</strong>ux mètres n'a pas<br />

échappé aux grammairiens 1. En reportant au commencement<br />

du saphique sa <strong>de</strong>rnière syllabe, on a un<br />

alcaïque:<br />

Sapho Cardines; audis minùs et minùs jam. H .<br />

..4 le. lam cardincs audis rninùs el minùs.<br />

1 cr. Mar. Viel . p. 2616 ; Alil. Fort. p. 2701.<br />

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VERS PllALÉCIEN.<br />

L'ïambe pour premier pied n'est pas rare dans<br />

Catulle:<br />

,<br />

Adèste, hen<strong>de</strong>casyllabi , quot eslis ...<br />

Amicos medicosque convocate ...<br />

Mens esse aliquid putare nugas.<br />

Dans une · seule pièce, le même poëte admet le<br />

spondée comme substitution au dactyle du second<br />

lieu:<br />

Oramiis , si fortè non moleslum est.<br />

Demontres ubi sint lure tenebrre :<br />

Te in Campo qU!lsivimus minore.<br />

Le vers plwlécien a souvent été employé par les<br />

Latins. Il convient aux sujets légers, gracieux, et à<br />

l'épigramme. On le voit dans plusieurs Silves <strong>de</strong> Stace,<br />

et dans Pru<strong>de</strong>nce, Sidoine, Boëce, l\Iartianus Capella.<br />

Remarque. On ne peut douter du charme que le<br />

nombre <strong>de</strong> onze syllabes avait pour l'oreille <strong>de</strong>s Romains<br />

i. Le vers héroique <strong>de</strong>s Italiens est également<br />

hendécasyllabe. Puisqu'en italien, comme en latin, la<br />

<strong>de</strong>rnière syllabe n'est pas accentuée, ces différents<br />

vers ont <strong>de</strong> l'analogie avec notre vers <strong>de</strong> dix syllabes<br />

à rime féminine:<br />

J'ai vu l'impie adoré sur la terre.<br />

L'e muet qui termine ce vers forme une onzième<br />

syllabe, que l'on entend à peine: la terre a exactement<br />

la quantité du mot minore, qu'on voit dans le<br />

<strong>de</strong>rnier exemple.<br />

t ,,"OU5 avons déjà vu l'alcarque tit le ,aphiq,,', qui on! le même nombr e<br />

<strong>de</strong> syllabes.<br />

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282 CHAPI nu; li: XXll .<br />

On trouve ce mètre employé dans plusieurs chœurs<br />

<strong>de</strong> Sénèque. Il le mêle à différents autres vers, particulièrement<br />

à <strong>de</strong>s saphiques. Il use <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />

libertés, et ne conserve fidèlement le trochée qu'au<br />

quatrième lieu. Ex. ;<br />

Fregit iosultaos, duxitque ad ortus ...<br />

Non maria asperis insana Coris .. .<br />

Te duce, concïdit toti<strong>de</strong>m diebus .. .<br />

Extimuit maous, iosucta carpi...<br />

IIlotum barbaricis -equitum catcrvis ...<br />

Sidus Arcadium, geminumque Plaustrum.<br />

Remarque. Le vers saphique 1 est un trochaïque <strong>de</strong><br />

cinq pieds:<br />

Jam sa-I-tis ter-l-ris nivis 1 atque 1 dirœ.<br />

TRIlIlÈTRE HYPERCATALECTIQI;E. - C'est un trochaique<br />

<strong>de</strong> six pieds et <strong>de</strong>mi. Marius Viclorinus 2 :<br />

Nunc J1H-vëm l'l-I-tëmüs, 1 iitque ô-I-rëmüs 1 supplï-l-ces.<br />

On voit les suivants dans un chœur <strong>de</strong> Sénèque:<br />

Vidimus patriam ruentem nocte fuoeslâ ...<br />

Vidimus simulata dona molis immeosœ.<br />

TROCHAïQUE SEPTÉNAIRE. - Le trochaïque septénaiTe<br />

(septenarius) , ou tétramètre catalectique, a sept pieds<br />

et <strong>de</strong>mi 8. Lorsqu'il est rigoureux, il prend le trochée ou<br />

le tribraqueaux lieux impairs; les lieux pairs admettent<br />

t Ci-<strong>de</strong>ssus, p. 265.<br />

2 Pag. 2528. Cf. Ser •. p. 1819; Aug. <strong>de</strong> Ar"$;c. IV, 6.<br />

3 Cf. Seru. p. 1819:.T. Mn"r. p. 243\ ; Mar. Viel. p. 2530; Ali/. Fort.<br />

p. 2693 ; Aug. <strong>de</strong> MUSIC. IV, ij; Y. 7.<br />

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284<br />

CBAl'ITRE XXXIT.<br />

sieurs livres <strong>de</strong> ses Satires. En voici quelques fragments:<br />

Bunc la-l-borem 1 sùmas, llau<strong>de</strong>m \1 qui ti-I-bi ne fru-I<br />

[-elum fe-I-rat.<br />

MÜDïf'îci cornes que amicis 1 noslris vi<strong>de</strong>amur virL<br />

Prospiciendum ergo in senectâ: 1 nunc est adolescentia.<br />

QuM si paulisper caplare, nIque 1 observnre hrec volueris.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> sentences qui nous ont été conservées<br />

<strong>de</strong>s mimes <strong>de</strong> Publius Syrus sont dans ce mètre:<br />

Improbè Ncptunum accusaI, qui iterurn naufrngium facit.<br />

Benevoli conjunelio anirni maxima est cognal,jo.<br />

coutumeliam Dec fortis ferl , nec ingenuus facHo<br />

On le retrouve encore dans <strong>de</strong> nombreux fragments<br />

<strong>de</strong> l'ancien théâtre. En voici un <strong>de</strong> Pacuvius :<br />

Interea , propè jam occi<strong>de</strong>nte sole, inborrescit mare;<br />

Tenëbrœ cODdul}!iranlur, Doctisque et nimbûm OCCœrat nigror ;<br />

Flamma inter nubes coruseat, cœlum tonitru contremit;<br />

Grando rnilta imbri largiOuo subito prœcipitans cadit;<br />

Undique omnes venti erumpuDt, sœvi exsistunt turbines,<br />

Fervet aJstu pelagus.<br />

Plaute et Térence emploient le trochaïque septénaire<br />

presque aussi souvent que l'iambique trimètre.<br />

Voici un exemple <strong>de</strong> Plaute:<br />

Et miser sum et forlunnlus, si vos vera dicitis :<br />

Eo miser sum quia malè illi Ceci. si goalus meu·st.<br />

Beu heu 1 eur ego plus minusque fcci quam<strong>de</strong> 1 œquum fuil!<br />

Quod malè feci , crucior : modô si in-l-feclum lieri possiet!<br />

Nous lisons dans Térence:<br />

NOD oporluit relictas : portant quid rcrum y Bei mihi !<br />

1 La leçon ordinaire eSlqudrn. Mais voyez Festus , v. Quamdt.<br />

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VERS TROCHAÏQUE. 285<br />

Aurum, vcslem : et vcspcrascit, et non noverunt viam.<br />

Factum a nobis stuItè est. Abïdum tu, Dromo, ilIis obviàm.<br />

1 re Remarque. Le repos après le quatrième pied est<br />

presque toujours conservé 1. Nous avons signalé dans<br />

le <strong>de</strong>rnier vers <strong>de</strong> Plaute un cas assez fréquent : on<br />

peut mettre dans le premier hémistiche la première<br />

partie d'un mot composé:<br />

Ad caput amnis, quod <strong>de</strong> cœl0 ex-I-oritur suh solio lovis. P.<br />

Heu! qui rem ipsam posset intel-l-Iigcre, et 1hesnurum 1uum. P.<br />

Reddam le, ex ferâ, fame man-I-suetem • : me specta modô. P.<br />

Tu mihï cognata dudum in-I-1er memoratus nomina. Aus.<br />

Le repos <strong>de</strong> l'hémistiche manque dans un petit<br />

nombre d'exemples. J'ai ohservé qu'alors le second<br />

hémistiche commence toujours par une syllabe accentuée:<br />

Istrec ego ml semper habui re-l-tati tegumentum meœ. P.<br />

Adolescentihuicgeneresummo, a-I-mico atque requalimeo. P.<br />

Noli succensere, quM ego i-l-ratus ei feci malè. P.<br />

Nam qui hero ex sentenliâ ser-I-vire servus postulat. P.<br />

vi<strong>de</strong>o exire neminem ; ma-I-tronam nullam; in redibus. T.<br />

vestimentis frigus atque hor-I-rorem exaclurum pu lat. LUClL.<br />

Decipil virinos; quod mo-I-lendum conduxit, comest. POMPON.<br />

o flexanima a1que omnium re-l-giDa rerum oratio! PAC.<br />

Si uuquam quisquam vidit quem cata-l-pulLa aut ballista ice­<br />

[rit. C,t:CIL.<br />

2' Remarque. Pour scan<strong>de</strong>r ce mètre dans les Cotniques,<br />

il faudra avoir égard à toutes les licences que<br />

nous avons notées à propos <strong>de</strong> l'iambique trimètre 3.<br />

---------------------------------------------t<br />

I.e. vers Où il manque doivent être tenus pour suspecl.!


VERS DA.CTYLIQUES. 305<br />

Phalisque. Il a trois dactyles et un iambe ou un pyrrhique<br />

1.<br />

Septimius Sérénus en avait fait usage 2 :<br />

Quandll fla-\-gëllli Iï-\-gas , ïtli \ jügâ ,<br />

Yitis et ulmus uti simul eant :<br />

Nam lIisi sint paribus frutieibus,<br />

Umbra neeat teneras amineas.<br />

On le trouve égal ement dans Boëce S :<br />

Qui sel'ere ingenuum volet agrum,<br />

Liberct arva priùs fruticibus ,<br />

Falce rubos filicernque rcsecet.<br />

TÉTRAlIIÈTRE CATALECTIQUE. - Il est composé <strong>de</strong> trois<br />

dactyles plus une syllabe. C'est la césure hephthémimère<br />

du vers hexamètre 4. On cite 5 les vers suivants<br />

<strong>de</strong> Seplimius Sérénus :<br />

Ïnql1ït li-\-rnïcüs a-I-gër dllmï-I-no :<br />

Si bene mi facias, memini. .•<br />

pinea brachia quum trepidant.<br />

Audio ranticulum zephyri.<br />

Ausone a fait quelques vers dans ce mètre; Pruùence<br />

l'a employé plusieurs fois.<br />

TÉTRAMtTRE flYPEltCATALECTIQUE. - On peut considérer<br />

COIllffie un tétmmètre hypercatalectique un vers<br />

Ifui a quatre pieds, plus une syllabe longue au milieu,<br />

1 Voyez, sur ce ycrs, Sen ius , p. J82 4; T. Maur. p . 2421; Mar. Viel.<br />

p. 2580.<br />

2 .Jpud T. M'l-u r . CL Mar. Vic l . 1. ciL.; Aug. d. MUl ie. IV, 30.<br />

;; Con . al. 1ll , J •<br />

.4 Jf,l r. V,el. p. 21:i 8.<br />

li 1'tr. Maur. eL Mar. lïd. 1. ·:iL.<br />

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338 CHANTRE nux.<br />

Jam veris comites, quœ mare LemperanL ,<br />

IIlJpcllunL animœ Iinlea Thraciœ;<br />

Jam nec praIa rigent, nec fluvii strepunt<br />

IIibernâ nhc turgidi '. H.<br />

3° ANAl'ESTIQUES dimètre et manomètre:<br />

Felix Priamus, dicimus omnes :<br />

Secum exce<strong>de</strong>ns sua regna tuiiL;<br />

Nunc Elysii nemoris LuLis<br />

Errat in umbris, inLcrque pius<br />

Felix animas Reclora quœrit.<br />

Felix Priam us ! felix quisquis<br />

Bello moriens omnia sccum<br />

Consumpla vi<strong>de</strong>L ! SEN.<br />

Le système qui précè<strong>de</strong> le manomètre a .plus ou<br />

moins <strong>de</strong> vers.<br />

Ausone S a composé une strophe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux anapest1ques<br />

d'Ïmètres suivis d'un monomètre:<br />

Tu quoque in revum, Crispe, futurum<br />

MœsLÏ venies commemoratus<br />

Alunere Lhreni.<br />

4° Deux ou trois GLYCONIQUES trochaïques suivis d'un<br />

1'1UAPÉEN:<br />

Tu cursu, <strong>de</strong>a, menslruo<br />

MeLiens iter annuum ,<br />

Rustica agricolre bonis lecta frugibus expIes. CAT.<br />

Sit suo similis paLri<br />

Manlio, et facilè insciis<br />

NoscileLur ab omnibus,<br />

Et pudicitiam sure maLris ind1ceL ore. ID.<br />

t Neuf o<strong>de</strong>s d'lIoracc présenleDl cette strophe.<br />

li Prof. 21.<br />

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DE L'ACCENT. 353<br />

abréviations <strong>de</strong> illieee, istwee: Ils ont l'accent <strong>de</strong><br />

leur primitif: mie, illaée, illune, istie, etc.<br />

6° L'accent déplacé par l'enclitique reste sur la<br />

même syllabe, quand l'apocope fait disparaître la<br />

voyelle finale: vidén', audin', etc. Ainsi dans Virgile:<br />

Pyl'rhîn' connubia servas? Tant6n' me erimine dign1lm<br />

Duxisti? Et dans, Horace: Nem6n' oleum fert<br />

DeiUS?<br />

7° Quand le génitif <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième déclinaison<br />

en 'ius est contracté en i, au lieu <strong>de</strong> ii, l'accent<br />

se comporte comme si cette contraction n'avait pas eu<br />

Ji eu: Valerius, Valérii etValéri; tugurium, tugul'ii<br />

et tugul·i.<br />

8° Les parfaits <strong>de</strong> la quatrième conjugaison qui<br />

présentent une synérèse après la syncope conservent<br />

l'accent sur la syllabe accentuée dans le primitif: audivit,<br />

audit; munîvit, munît; petîvit, petit; obivit,<br />

obU 1.<br />

V. MOTS COMPOSÉS.<br />

Les mots composés suivent d'ordinairè les règles<br />

générales <strong>de</strong> l'accent. Ainsi l'on dit: e6ncavus, trilnsfuga,<br />

homielda, inlero, participa, signifer, fidicen,<br />

tibicen, agricola, terrigena, Publipar, Publipores,<br />

amnipotens, ildmodum , affatim, etc.<br />

Ces règles souffrent cependant quelques exceptions.<br />

1° Les adverbes composés <strong>de</strong> in<strong>de</strong> précédé d'une<br />

t cene différence d'accent faisait distinguer à l'ureille l'un et l'autre<br />

teJilps .<br />

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368 NOTES.<br />

l'AGE 68.<br />

ELLIPSE. - "voici quelques exemples d'ellipses plus<br />

fortes, qu'il faut remarquer, mais que nous ne pouyons<br />

pas imiter:<br />

Deiphobe Glauci (fllia). v .<br />

.!Eneas hale <strong>de</strong> Danais victoribus arma (vovit). v.<br />

Un<strong>de</strong> tibi frontem libertatemque parentis (sumis )? J.<br />

Tune duos unâ salvissima vipera cœnà (occidisti)? J.<br />

Sed mibi lam faciles un<strong>de</strong> meosque <strong>de</strong>os (sperem) ? O.<br />

QUo ml, inquit, mutam speciem, si vineor sOllo (<strong>de</strong><strong>de</strong>runt)? Pu.<br />

Quid te, flave Cydon, quid le per colla refusis<br />

Intactum, Crenœe, comis (dicam ) ? ST.<br />

Ergo nunc Dama sodalis<br />

Nusquam est! Un<strong>de</strong> mihi lam for lem lamque fi<strong>de</strong>lem 1 ? B.<br />

l'AGE 69.<br />

PLÉONASME. - L'ancienne langue <strong>latine</strong> employait<br />

beaucoup <strong>de</strong> pléonasmes qui peu à peu sont tombés en<br />

désuétu<strong>de</strong>. On trouve encore dans les vieux poëles:<br />

nusquam gentium ou terrarum, ubi gentium; e re­<br />

!liane loci, in<strong>de</strong> loci, interea loci, posti<strong>de</strong>a loci,<br />

adhuc locorum ! ; post <strong>de</strong>in<strong>de</strong>, post in<strong>de</strong>; qu,ippe etenim,<br />

ergo igitur, ast autem.<br />

Le pléonasme <strong>de</strong> rerum est assez fréquent:<br />

omnia transformat sese in miracula rerum. \'".<br />

Quid agis, duleissime rerum? B.<br />

Quelquefois les poëtes mettent ait ou inquit , après<br />

avoir déjà annoncé un discours par une périphrase :<br />

1 Sous-enten<strong>de</strong>z petam ou parabo.<br />

!l Horace a dit : quo locon .. ", .<br />

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370 ::'fOTES.<br />

conçoit l'assimilation <strong>de</strong> œquare lacrimis labores, avec<br />

œquare lacrimas laboribus. Pareillement prœtexere<br />

funera sacris, c'est «couvrir les apprêts <strong>de</strong> mort d'une<br />

apparence <strong>de</strong> sacrifice. » Nous disons: l'espoir brille<br />

sur son jront, et son front brille d'espérance.<br />

On lit souvent qu'il ya une hypallage dans ce vers:<br />

Ibant obscuri solâ sub Docte per umbram. v.<br />

c'est-à-dire obscurâ soli. Servius permet, mais n'exige<br />

pas cette explication. Il vaut mieux, selon nous, expliquoc<br />

rigoureusement: « Ils allaient invisibles dans<br />

la nuit solitaire. l)<br />

At si virgineum snffu<strong>de</strong>rit ore ruborem. V.<br />

« Mais si elle répand sur son visage un mo<strong>de</strong>ste incarnat.<br />

" Suffun<strong>de</strong>re ora rubore, est une expression<br />

corrélative.<br />

Solane perpetuâ mœrens carpére juventâ 1 v.<br />

Assurément on s'éloignerait beaucoup du sens si<br />

l'on traduisait par, ton éternelle jeunesse. Mais perpetuus<br />

gar<strong>de</strong> ici son premier sens, le sens qu'il a par<br />

excellence au physique, celui <strong>de</strong> continuus. C'est<br />

donc : ta jeunesse entière, tu te mineras sans cesse,<br />

pendant toute ta jeunesse. II n'est pas besoin d'expliquer<br />

perpetud par perpetua.<br />

Vina, bonus quœ <strong>de</strong>ffiJ.e cadis onerà.rat A.cesles .•.<br />

Dividit. ".<br />

Ce n'est pas là une hypallage, pour quibus cados<br />

onerdrat; mais onerare admet en latin une double<br />

construction, <strong>de</strong> même qu'en français nous disons:<br />

charger <strong>de</strong> vin un navire, et charger du vin sur un<br />

navire<br />

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NOTES. 371<br />

En ramenant cette sorte d' hypallage 1 à la signification<br />

littérale, on débarrasse la poésie <strong>latine</strong> d'un <strong>de</strong><br />

ses plus étranges priviléges.<br />

PAGE 82 (1).<br />

VERS HYPERMÈTRES. - Voici tous les exemples dans<br />

lesquels Virgile a mis à la fin <strong>de</strong> l'hypermètre d'autres<br />

mots que ve ou q'!-'e :<br />

Aut dulcis musti vulcano <strong>de</strong>coquit humorem><br />

Et foliis undam, etc. (G. I, 295.)<br />

Jamque, iter emensi, torres ae tecta Latinorum<br />

Ardun cernebnnt. (.d!:. VII, 160.)<br />

Et spumas miscent argenti, Yiyaque sulphura,<br />

Idreasque pices. (G. Ill, 449.)<br />

Inseritur yero ex fetu nucis arbutus horrida ,<br />

Et steriles platani, etc. (G. II, 69. )<br />

Prreferimus manibus vittas ae verba precantia,<br />

Et petieresibi, etc. (.,ft. vn, 237.)<br />

Ces <strong>de</strong>rniers vers ont fait avancer à quelques critiques<br />

qu'il y avait <strong>de</strong>s vers dactyliques> comme <strong>de</strong>s<br />

vers spondaïques. Mais il est évi<strong>de</strong>nt que ces exemples<br />

ne diffèrent pas <strong>de</strong> ceux qui offrent que ou ve;<br />

car on ne trouve jamais ce dactyle que lorsque le vers<br />

suivant commence par une voyelle, ou qu'il peut y<br />

avoir une synérèse '.<br />

On a vu dans quelques mètres lyriques d'Horace 3<br />

l'élision avoir lieu d'un vers à l'autre, comme dans les<br />

exemples qui précè<strong>de</strong>nt.<br />

t Ce mot est très-vague, et n différents sens dans les grammairiens.<br />

2 Voy. p. 307. cr. Mar. Victor. p. 1969.<br />

S Ci-<strong>de</strong>ssus, p. 259, 269, 270,301.<br />

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376<br />

NOTES.<br />

terra <strong>de</strong> tero 1. Plusieurs inscriptions <strong>de</strong> la république<br />

confirment la remarque <strong>de</strong> Varron; mais ce n'est pas<br />

aux origines d'une langue qu'on va chercher les<br />

règles <strong>de</strong> son orthographe.<br />

Dans la question qui nous occupe, l'autorité <strong>de</strong>s<br />

manuscrits (j'excepte toujours les pius anciens) est<br />

presque sans valeul' ; car s'ils suppriment la <strong>de</strong>uxième<br />

consonne dans relligio, reppulit, etc., ils le font<br />

d'après un système généml, que les philologues<br />

qui l'adoptent en un cas se gar<strong>de</strong>nt bien <strong>de</strong> suivre<br />

dans les autres. Rien <strong>de</strong> plus fréquent que d'y trouver<br />

intervalum, atulit, afuit, tranquilus, male, belus,<br />

Catulus, etc., pour intervallum, attulit, affuit,<br />

tmnquillus, malle, bellus, C atullus, etc. , et cepenùant<br />

ces fautes d'orthographe n'opt pas encore trouvé<br />

<strong>de</strong> défenseurs.<br />

Que résultera-t-il <strong>de</strong> cette discussion, où je crois<br />

avoir établi une doctrine inattaquable? c'est que l'on<br />

continuera à écrire reliquias, religione, reperit, dans<br />

le cas <strong>de</strong> l'épenthèse; que les éditeurs seront tout<br />

glorieux d'employer cette orthographe sàvante, et<br />

auront une triste idée <strong>de</strong> celui qui doublera la consonne,<br />

ce que bien <strong>de</strong>s gens regar<strong>de</strong>nt comme un<br />

procédé d'invention mo<strong>de</strong>rne pour allonger une brève.<br />

PAGE 84.<br />

FINALE JlR:ÈVE SUIVIE DE DEUX CONSONNES. - Jusqu'ici<br />

j'ai cru <strong>de</strong>voir établir, dans une longue note, la né-<br />

t Terra dicta ab .ea, '" ..fU" •• cribit, guod teritur; ilaqlle tera ;71<br />

AIIgurum librÎs .cr.p/a cum r uno (DI L . L. V, 21).<br />

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NOTES. 381<br />

Eâ<strong>de</strong>m 1'atione, quurn jam efferebant, ut nos hodie<br />

yam, pro lubitu dissolvebant : nunc ïam.<br />

Notre langue offre <strong>de</strong>s analogies. Nous rusons oui,<br />

d'unè seule syllabe, et le participe ouï en a <strong>de</strong>ux.<br />

Riel', que les poëtes font aujourd'hui <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux syllabes,<br />

pouvait n'en avoir qu'une, même encore sous<br />

Louis XIV. Il pri-e-ra était primi tivement <strong>de</strong> trois syllabes:<br />

les premiers poëtes qui ont dit, en <strong>de</strong>ux syllabes,<br />

il prie-ra, ont fait une synérèse, et aujourd'hui<br />

la diérèse n'est plus permise. An-cien est disyllabe;<br />

autrefois ce mot était trisyllabe: an-ci-en. Nous écrivons<br />

éperon; on trouve dans nos vieux poëles épron,<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux syllabes. Avec n'a que <strong>de</strong>ux syllabes; mais<br />

que l'on traîne un peu sur la <strong>de</strong>rnière, et l'on dira<br />

avec Boileau :<br />

Tous les jours Je me couche avecque le soleil.<br />

C'était là une ancienne licence, dont Racine s'est<br />

abstenu, et qui a péri avec Boileau.<br />

PAGE 90.<br />

HEHMÈTRES D'HORACE. - Horace a dit (Epis!. Il,<br />

2,65) :<br />

Prreter celera, me Romrene poemala censes<br />

Scribere posse, inter tot curas totque Jabores ?<br />

Port-Royal .fait sur le premier <strong>de</strong> ces vers une remarque<br />

fort judicieuse: " Horace, voulant marquer<br />

la peine qu'il avait à s'appli.quer à faire <strong>de</strong>s vers parmi<br />

le tracas <strong>de</strong> la ville, l'a fait par ce vers sans césure,<br />

qui n'a presque pas la forme d'un vers. "<br />

Si l'on veut poursuivre cette idée, on trouvera<br />

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382 NOTES.<br />

qu'Horace, auteur d'un goût si parfait, a souvent<br />

donné une leçon par l'absence même <strong>de</strong>s qualités<br />

qu'il jugeait nécessaires à la poésie soutenue. Ainsi il<br />

recomman<strong>de</strong> au poëte qui médite un grand ouvrage,<br />

<strong>de</strong> ne pas imiter la négligence du style épistolaire. Il<br />

lui trace son travail :<br />

Reci<strong>de</strong>rel omne quod ultra<br />

PerCeclum traherelur , et in versu Caciendo<br />

S31pe caput scaberet, vivos el ro<strong>de</strong>ret ungues.<br />

S31pe stilum vertas, iterum qum digna legi sint<br />

Scripturus. (Sat. l, 10, 69. )<br />

Nous voyons ici le précepte el l'exemple: in vet·su<br />

faciendo, quœ digna legi sint, voilà <strong>de</strong>s vers qui ne<br />

sont pas faits; sœpe stilum vertas montre que le style<br />

<strong>de</strong> l'auteur n'a pas été assez retourné.<br />

Dans le passage suivant (Art. Poet. 263 ) , Horace<br />

met à l'épreuve le jugement du lecteur, prêt à se<br />

moquer <strong>de</strong> lui s'il n'est pas frappé du manque <strong>de</strong> ca<strong>de</strong>nce:<br />

Non quivis vi<strong>de</strong>t immodulata poemala ju<strong>de</strong>x.<br />

Ailleurs il critique Lucilius , et il rend la satire plus<br />

piquante en versifiant suivant la manière négligée <strong>de</strong><br />

ce poëte:<br />

QU31rere num illius, num rernm dura negàrit<br />

versiculos natura magis factos , et euntes<br />

]\Iolliùs ac si quis, etc. (Sat. l, 10, 57. )<br />

Mais quand Horace ne parle plus en moraliste,<br />

quand il rencontre une idée poétique qui exige uu<br />

ton élevé et une facture sévère, il ne le cè<strong>de</strong> dans<br />

l'exécution à aUCun autre poëte. Témoin ce passage<br />

<strong>de</strong> l'Art Poétique (v. 15);<br />

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NOTES.<br />

Purpureus, lalè qui splen<strong>de</strong>at, unus et alter<br />

Assuilur pannus, quum lucus et ara Dianre,<br />

Et properantis aqure per amœnos ambitus agros,<br />

Et Oumen Rhenum aul pluvios <strong>de</strong>scribitur arcus.<br />

383<br />

Il décrit en quelques vers (Sat. l , 5, 73) un commencement<br />

d'incendie, et aussitôt son style se colore:<br />

Nam vaga per veterem dilapso flamma culin am<br />

Vulcano, summum properabal lambere tectum.<br />

Con vivas avidos cœnam servosque limentes<br />

Tum rapere , atque omnes reslinguere velle vi<strong>de</strong>res.<br />

Ailleurs (Sat. Il , 1 , 12) il se dit incapable <strong>de</strong> célébrer<br />

les hauts faits d'Auguste, et il s'en défend dans<br />

<strong>de</strong>s vers dignes <strong>de</strong> l'épopée:<br />

.cupidum, pater optime, viras<br />

Deficiunt : neque enim quivis horrentia pilis<br />

Agmina , nec fractâ pereuntes cuspi<strong>de</strong> Gallos,<br />

Aul labentis eqoo <strong>de</strong>scribat vulnera Parthi.<br />

Nous allons voir, dans quelques vers, la pompe du<br />

style héroïque et la simplicité <strong>de</strong> la satire rapprochées<br />

avec un goût exquis (Epist. II, 1 , 248) :<br />

Nec magis expressi villtus per ahenea signa,<br />

Qoàm per vatis opus, mores auimique virorom<br />

Clarorum apparent. Nec sermones ego maUem<br />

Repentes per humum, quàm res componere gestas .<br />

Tcrrarumque situs et Oumina dicere, et arees<br />

Montibus impositas, et barbara regna, tuisque<br />

Auspiciis totom confecta duella per orbem,<br />

Claustraque costo<strong>de</strong>m pacis cohibentia lanum ,<br />

Et formidatam Parthis te principe Romam.<br />

Enfin, nous renverrons, pOur la noblesse et la ca<strong>de</strong>nce<br />

du vers, aux hexamètres <strong>de</strong>s Épo<strong>de</strong>s, nous<br />

bornant à en transcrire un seul fragment (16,43, sq.).<br />

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386 :l'OTES.<br />

Il faut négliger celle <strong>de</strong>rnière césure, qui n'était<br />

qu'un acci<strong>de</strong>nt particulier à la poésie pastorale l , et<br />

ne dispensait pas d'une autre césure. Le vers grec<br />

avait le choix entre les trois premières césures. Or il<br />

n'en est qu'une, la césure penthérnimère, qui suffise<br />

par elle-même au vers latin.<br />

1 0 Césure pentMmimère ou sémiquinaire :<br />

Contieuere omnes, 1 intentique ora tcnehant. v.<br />

Elle est également harmonieuse en latin comme<br />

en grec: c'est la césure pal' excellence. On me dispense<br />

d'insister sur ce point.<br />

2 0 La césure hepMMmimère, ou sémisepténaire,<br />

est assez fréquente en grec:<br />

0;;"'. O"oi OVT! TW à:ll"" Err.i ... (Hom. Il. 1,299. )<br />

ÀTp


390 NOTES.<br />

conticuere orones, intentique 6ra tenéhant,<br />

In<strong>de</strong> toro pater .!Eneas sic 6rsus ab 11110. V.<br />

Nous qui prononçons alto comme marteau, nous ne<br />

faisons pas attention au respect <strong>de</strong>s poëtes pour les<br />

syllabes jortes qui doivent commencer les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers<br />

pieds. Comme ces syllabes sont longues, et<br />

qu'elles sont en même temps accentuées, la fin <strong>de</strong>s<br />

vers est marquée pour l'oreille d'une manière bien<br />

sensible. \<br />

On voit tout <strong>de</strong> suite pourquoi les césures au cinquiéme<br />

et au sixième pieds sont défendues. Le vers<br />

suivant;<br />

Augescunt alim gentes, àlim minuunlur. Lr ..<br />

manque d'harmonie, parce que \e cinquième pied ne<br />

commence point par une syllabe accentuée. Cependant<br />

le commencement <strong>de</strong> ce pied est un temps fort<br />

sous le rapport <strong>de</strong> la quantité: il faut donc, ou renoncer<br />

à ce temps fort J que la ca<strong>de</strong>nce exige) ou faire<br />

ressortir une syllabe non accentuée) une véritable<br />

muette.<br />

Un défaut analogue se trouve dans les vers suivants;<br />

Et nova fictaque nuper , habebunt verha {i<strong>de</strong>m , si<br />

Grreco fonte cadant. n.<br />

Il faut prononcer fi<strong>de</strong>m, et cependant le temps fort<br />

est sur <strong>de</strong>rn.<br />

Nec semel hoc fecil, nec, si retraclus erit, jam<br />

Fiel homo. H.<br />

La syllabe rit, muette sous le rapport <strong>de</strong> l'accent,<br />

convient mal pour le temps frappé du sixième pied.<br />

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NOTES.<br />

391<br />

Pour rendre ce défaut plus sensible, j'avais, dans<br />

les précé<strong>de</strong>ntes éditions, comparé le vers hexamètre à<br />

notre alexandrin, et montré le jeu <strong>de</strong>s accents ùans<br />

celui-ci. Depuis lors, j'ai développé plus au 10ng cette<br />

doctrine dans mOR Traité <strong>de</strong> Versification française<br />

(p. 145 et suiv.), et j'ai été assez heureux pour<br />

qu'ellc obtînt l'approbation générale. Je renvoie au<br />

chapitre précité ceux qui désireraient la connaître.<br />

PAGE 164.<br />

CACOPHONIE. - A propos <strong>de</strong> IJorica castra, l'abbé<br />

DesfoDtaines cite avec éloge plusieurs exemples analogues.<br />

Le P. La Cercla, bien avant lui, avait ,'anté<br />

l'élégance <strong>de</strong> ce rapprochement (leporis et venustatis<br />

plena). Dirigeant donc mes observations <strong>de</strong> ce côté.<br />

j'ai recueilli <strong>de</strong>s faits; mais bient6t le nombre en est<br />

<strong>de</strong>venu si considérable, qu'il a fallu m'arrête!'. J'ai<br />

fait plus: j'ai cherché <strong>de</strong>s exemples où le plus simple<br />

déplacement dans la construction aurait fai.t é,·iler<br />

cette consonnance. J'ajouterai quelques citations aux:<br />

précé<strong>de</strong>ntes:<br />

Acbaica castra - fama malnm - date tcla - Oceano nOI -<br />

Ilamma manu - ipsn salis - glancâ canenlia - stirpe pe<strong>de</strong>s - te<br />

teneo - siliquà quassanle - adverso sole - Iliaci cineres _ rere<br />

reni<strong>de</strong>nti - curvà valle- si syrtibus - falsi Simoentis _ parere<br />

recusa - iJli limina - ascensu supero - triplici circumdaln -<br />

cmcâ caligine - mittêre reliclâ - <strong>de</strong>nte tenaci _ si sinè pace tutt<br />

- aure reliquit - vi "ictus - prima manu _ arma manu - lectissima<br />

matrum - clamore relinqui - tela LalinoruDl - Turne<br />

neras - veDiendi discere - tempora ramis _ incubat aIra - ce<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>o - non ulla laborum - teque qucrelis _ ad si<strong>de</strong>ra raptim -<br />

ego te terras - te teD<strong>de</strong>re contrà. v.<br />

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NOTES. 397<br />

longues, sont aussi admis à la fin du vers hexamètre:<br />

Glaucô, et Panlipère, cllnOo lIIelicertœ. V.<br />

Ismarus, aul Rhodopë, aul extremi Garamantes. Y.<br />

!lus, el Assaracus, raplusque Jovi Ganyme<strong>de</strong>s. o.<br />

L'analogie sera encore plus frappante, si l'on observe<br />

que dans ce cas le cinquième pied offre assez<br />

souvent une élision omise ou une césure allongée:<br />

Ulla moram fecere, neque Aonië Aganippe. V.<br />

Amphion Dircœus in Aclœii Aracynlho.<br />

Ille lalus niveum molli fultiis hyacintho.<br />

A>tas Lncinam justosque paU hymenœos.<br />

Grains homo, infectos Iinquens profugûs hymenœos.<br />

Evolal infclix , et femineii ululatu.<br />

Suslinet, et Turni natœque callit hymenœos. ID .<br />

Arsit et OEni<strong>de</strong>s in Mamaliâ A/alan/à. O.<br />

Ut Tegeœus aper, cupressiferii Erymantho.<br />

Ille Noto Zephyroque et Silhoniii A.qui/oni.<br />

Tympanaque, et plausus, et Baccheï ululatus.<br />

Cumque Phereliadë, et Hyanteô Jolao. O.<br />

lam veniel virgo, jam dicelür hymenœus. eAT.<br />

Cum facibus spirisque el Tarlareo ululatu. V. FL.<br />

Gorgonis hic proies in Pieriii HeUcone. GERM.<br />

Ces licences, nous le répétons, dérivent toutes <strong>de</strong><br />

l'imitation <strong>de</strong>s Grecs.<br />

PAGE 208.<br />

VERS PENTA.MÈTRE. - L'étymologie du mot pentamètre<br />

indique que ce vers est composé <strong>de</strong> cinq pieds.<br />

On dit alors que le troisième est un spondée, et les<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>s anapestes.<br />

Quintilien reconnaît que le pentamètre a un spondée<br />

au troisième lieu i mais il fait observer en même<br />

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NOTES.<br />

399<br />

Cc vers n'est point usilé dans la tragédie. Euripi<strong>de</strong><br />

seul en a introduit quelques-uns dans son Andromaque.<br />

Ovi<strong>de</strong> indique que c'est une chose nouvelle<br />

pour la tragédie <strong>de</strong> s'exprimer en vers pentamètres,<br />

lorsqu'il fait dire à l'Élégie, s'adressant à la Muse tragique:<br />

Irnparibus tamen es numeris dignata rnoveri :<br />

ln me pugnâsti versibus usa meis.<br />

Le vers pentamètre ne s'emploie pas seul; et la raison<br />

en esl simple: coupé eo <strong>de</strong>ux parties égales, et<br />

reproduisant toujours son indispensable césure, il eût<br />

üffert une gran<strong>de</strong> monotonie. Il ne faut voir qu'un<br />

court et ingénieux badinage dans ces vers, attribués<br />

à Virgile:<br />

Sic vos non vobis nidificatis, aves.<br />

Sic vos non vobis vellera fertis, oves.<br />

Sic vos non vobis mellificatis, apes.<br />

Sic YOS non vobis ferUs aratra, boves.<br />

Dans une pièce d'Ausone, où il a rapporté, en<br />

mètres différents, les sentences <strong>de</strong>s sept Sages <strong>de</strong> la<br />

Grèce, le <strong>de</strong>rnier paragraphe est en vers pentamètres:<br />

Turpe quid ausurus. te sine teste lime.<br />

Vila perit; morlis gloria non moritur.<br />

Quid factul'us eris, dicere sustuleris.<br />

Crux el, si meluas, vincere quod nequeas.<br />

Quum verè objurgas , sic, inimice. juvas;<br />

Quum falso laudas, tune, cl amice. noces.<br />

Nil nirnium. Satis est: nc sit et hoc nirniurn.<br />

Je citerai encore six vers faits contre l'empereur<br />

COlllmo<strong>de</strong> i :<br />

t ;Ipud Lampr. (;Inlon. Diadum. 7).<br />

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400 NOl'ES.<br />

commodus Hcrculeum nomen habcre cupit;<br />

Anloninorum non pulal esse bonum :<br />

Eipers huma ni juris el imperii ,<br />

Sperans quin etiarn cJal'iùs esse <strong>de</strong>um ,<br />

Quàm si sil princeps sanguinis cgl'egii.<br />

Non erit iste <strong>de</strong>us, nec lamen uUus homo.<br />

On peut voir ùans Martianus Capella (p. 307) une<br />

pièce <strong>de</strong> 28 vers pentamètres, SUl' Orphée, Arion et<br />

Amphion.<br />

l'AGE 214.<br />

PENT.urÈTRES LÉONINS. - Dans la première èditjofi<br />

<strong>de</strong> cet ouvrage, je conseillais, avec POl't-Royal, d'éviter<br />

les pentamètres léonins> comme celui-ci:<br />

Qurerebant Ilavos per nemus omne favos. O.<br />

Cependant il m'est venu une réflexioh : Pourquoi,<br />

me suis-je dit, le poële n'a-t-il pas mis:<br />

Flavos qurerebant per nemus omne ravos.<br />

Ne pourrait-il pas se faire qu'il y eût qu elque charme<br />

dans cette consonnance même? J'ai reconnu, par une<br />

infinité <strong>de</strong> passages, qu'il en était ainsi. On en Jugera<br />

sans doute <strong>de</strong> même quand j'aurai cité quelques exemples<br />

où un simple déplacement <strong>de</strong> mols eût pu faü'e<br />

éviter le vers léonin:<br />

posset servitium mile lenere Luum. P"oP<br />

Neplunus fratri par in amore Jovi.<br />

Neu subeant labris pocula nigra suis,<br />

Nam sine le noslrurn non valet ingeniurn.<br />

posses in tanto vivcre Ilagitio?<br />

Non est ingenii cymba gravanda tui .<br />

Mollia sunt parvis praIa terenda rotis ,<br />

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NOTES. 409<br />

Hermann (p. 472) approuve ceLte division; Braunhard<br />

et Orelli la reproduisent dans leur édition<br />

d'Horace, et ils renvoient à la dissertation du philologue<br />

anglais, que Gaisford insère dans son édition<br />

d'Héphest!on (p. 254). L'opinion <strong>de</strong> Bentley semble<br />

donc faire loi aujourd'hui parmi les savants.<br />

On peut cependant élever contre ce système plusieurs<br />

objections qui me paraissent <strong>de</strong> quelque poids.<br />

1° Et d'abord aucun grammairien latin ne nous apprend<br />

qu'Horace ait composé <strong>de</strong>s ioniques dimètres.<br />

Puisqu'ils lui empruntent <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux autres<br />

ioniques, il eût été assez naturel qu'ils le citassent<br />

aussi pour le dimètre.<br />

2° Ensuite ce système néglige d'une manière trop<br />

hardie le témoignage <strong>de</strong>s anciens, qui disent, dans<br />

une foule <strong>de</strong> passages, que l'o<strong>de</strong> d'Horace contient<br />

<strong>de</strong>s trimèt1'es, et plus <strong>de</strong> trimèt1'es que <strong>de</strong> tétramètres.<br />

3° Une grave autorité a échappé à Bentley , laquelle<br />

vient confirmer encore le mètl'e qu'il a <strong>de</strong>stitué. Je<br />

veux parler <strong>de</strong> cette élégante épigramme intitulée<br />

Pasiphae, dans laquelle un grammairien ancien il<br />

réuni tous les mètres d'Horace. Cette omission a d'autant<br />

plus lieu <strong>de</strong> surprendre, que Bentley lui-même a<br />

inséré cetle pièce dans son édition d'Horace. On y<br />

trouve, comme modèle <strong>de</strong> l'ionique mineU1', précisément<br />

le trimètre:<br />

Et amoris pudibundi malesuadis.<br />

4° Attachant une gran<strong>de</strong> importance à cc que l'idée<br />

fût distribuée naturellement, je d.ésirais, à la fin <strong>de</strong><br />

III première sll'Ophe : rnet1œntes patruœ verbera fin-<br />

18<br />

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410 NOTES.<br />

guœ> au lieu <strong>de</strong> placer metuentes à la fin du vers<br />

précé<strong>de</strong>nt, comme le fait Bentley. Pareillement à la<br />

troisième strophe:<br />

Eques ipso melior nellerophonte,<br />

N eque pugno nequc segoi pe<strong>de</strong> vic tus.<br />

Je trouvris plus <strong>de</strong> symétrie dans cet arrangement<br />

que dans l'aùdition <strong>de</strong> neque pugno au premier <strong>de</strong> ces<br />

<strong>de</strong>ux vers. Ce qui n'était cbez moi qu'un soupçon<br />

s'est changé en certitu<strong>de</strong>, quand j'ai découvert <strong>de</strong>ux<br />

passages omis par Bentley , et qui mellaraissent trancher<br />

la question. Censorin donne <strong>de</strong>ux rojs (p. 2726<br />

et 2728) un exemple <strong>de</strong> l'ionique mineur; et au lieu<br />

<strong>de</strong> citer le premier vers <strong>de</strong> l'o<strong>de</strong> d'Horace, comme<br />

font les autres gmrnmairiens , il cite le troisième:<br />

Meluentis patroz verbera lingue.<br />

Donc la strophe finit par un trimètt·e.<br />

La manière que je propose me semble lever toutes<br />

les difficultés. Elle maintient le tétramètre au commencement,<br />

ce que lIarius Victorinus indique dans<br />

trois passages j elle concilie, en les admettant à la fois,<br />

les opinions <strong>de</strong>s grammairiens, et cela sans tomber<br />

dans l'inconvénient <strong>de</strong> couper <strong>de</strong>s mots.<br />

rm.<br />

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