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Voir le texte de présentation complet (pdf) - Harmonia Mundi

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HMA 1951882<br />

“Songes-y, mon âme”<br />

1<br />

Hugo Wolf (1860-1903)<br />

Mörike-Lie<strong>de</strong>r<br />

Hugo Wolf avait une véritab<strong>le</strong> vénéra tion pour <strong>le</strong>s poèmes<br />

d’Eduard Mörike, au point qu’il “ne pouvait même pas s’en<br />

séparer seu<strong>le</strong>ment une heure”. Presque tous <strong>le</strong>s Mörike-<br />

Lie<strong>de</strong>r jaillirent mira cu<strong>le</strong>usement entre février et mai 1888<br />

et c’est en <strong>le</strong>s composant que Wolf s’est révélé à lui-même.<br />

Ils sont incon tour nab<strong>le</strong>s pour com prendre l’art subtil et si<br />

accompli <strong>de</strong> celui qui s’imposa comme <strong>le</strong> <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s<br />

grands maîtres du lied avec piano.<br />

“Œuvre d’art tota<strong>le</strong>.” Tel est <strong>le</strong> maître-mot du progressisme esthé tique en cette secon<strong>de</strong><br />

moitié du xix e sièc<strong>le</strong>. Cette idée a <strong>de</strong>s précurseurs chez <strong>le</strong>s romantiques, avant que<br />

Franz Liszt, Richard Wagner et Hugo Wolf ne montent en première ligne pour la défendre.<br />

Liszt voulait faire du poème symphonique une forme d’art nouvel<strong>le</strong>, combinant pour <strong>le</strong>s<br />

dépasser musique et littérature, sans paro<strong>le</strong>s il est vrai. Wagner écrivit ses opéras comme<br />

un ensemb<strong>le</strong> indissociab<strong>le</strong> intégrant musique, poésie et scénographie. Hugo Wolf, cas<br />

rarissime, a composé presque exclusivement <strong>de</strong>s lie<strong>de</strong>r. Peut-on qualifier d’œuvre d’art<br />

tota<strong>le</strong> cette forme intime <strong>de</strong> la communication ?<br />

L’idée <strong>de</strong> l’œuvre d’art tota<strong>le</strong> n’implique pas nécessairement que l’ensemb<strong>le</strong> – musique,<br />

vision, paro<strong>le</strong>s – soit effectivement présent, mais que tout cela coexiste dans l’imagination<br />

du com po siteur et trouve un écho dans l’imagination du <strong>de</strong>stinataire. La composition<br />

intègre <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs variab<strong>le</strong>s. Personne ne met Wagner en scène exactement comme il<br />

l’a prescrit dans ses par ti tions, et pourtant, ses indications constituent une base <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion<br />

indispensab<strong>le</strong>. Si <strong>le</strong>s lie<strong>de</strong>r <strong>de</strong> Hugo Wolf évoquent chez chaque auditeur <strong>de</strong>s images<br />

différentes, cela ne signifie pas que <strong>le</strong> compositeur ne <strong>le</strong>s ait pas voulues ou créées. Quand<br />

on écoute la balla<strong>de</strong> du Feuerreiter (“Le Cavalier du feu”), <strong>le</strong>s scènes d’épouvante suscitées<br />

par <strong>le</strong> mystérieux pyromane s’imposent avec une évi<strong>de</strong>nce visuel<strong>le</strong> et même, véritab<strong>le</strong>ment,<br />

olfactive. En prêtant l’oreil<strong>le</strong> à la “Prière” (Gebet), on est transporté dans un espace <strong>de</strong><br />

ferveur et <strong>de</strong> paix – mais sans nul<strong>le</strong> fa<strong>de</strong>ur narrative, sans la moindre plate bondieuserie ; on<br />

comprendra que cette voix qui reste en suspens ouvre une porte sur l’infini, on comprendra<br />

que <strong>le</strong> temps interrompt un bref instant son cours avant que <strong>le</strong> piano, avec une génia<strong>le</strong><br />

simplicité, ne constate son arrêt définitif. Dans l’accompagnement du “Jardinier” (Der<br />

Gär tner), <strong>le</strong> rythme <strong>de</strong> la chevauchée se mê<strong>le</strong> à la grâce <strong>de</strong> la mélodie pour brosser <strong>le</strong><br />

portrait envoûtant <strong>de</strong> la princesse à cheval dans <strong>le</strong> parc. Parce que Wolf veut suggérer <strong>de</strong>s<br />

images à son auditeur, ses lie<strong>de</strong>r comportent tous <strong>le</strong>s ingrédients <strong>de</strong> l’œuvre d’art tota<strong>le</strong> ;<br />

simp<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>urs proportions et <strong>le</strong>ur sty<strong>le</strong> ne relèvent pas du genre dramatique, mais <strong>de</strong> la<br />

poésie lyrique et <strong>de</strong> la balla<strong>de</strong>. Alors que <strong>le</strong>s opéras <strong>de</strong> Wagner s’étirent en longueur, Wolf<br />

mise sur la concentration.<br />

Lui-même soulignait la dimension synesthétique <strong>de</strong> ses pièces chantées. Lors <strong>de</strong>s récitals,<br />

il aimait à <strong>le</strong>s faire d’abord déclamer. Il dit un jour à un <strong>de</strong> ses amis qu’il imaginait pour<br />

chacun <strong>de</strong> ses lie<strong>de</strong>r un fond <strong>de</strong> scène particulier, un tab<strong>le</strong>au qui servirait <strong>de</strong> décor. À <strong>de</strong><br />

rares exceptions près, il n’a jamais abordé <strong>de</strong> poèmes dont d’autres compositeurs avaient<br />

déjà donné une ver sion qu’il trouvait bonne, car il estimait qu’à chaque <strong>texte</strong> ne pouvait<br />

correspondre idéa<strong>le</strong>ment qu’une seu<strong>le</strong> musique, <strong>de</strong> mê me que <strong>le</strong> livret <strong>de</strong> Tristan serait<br />

impensab<strong>le</strong> sur <strong>de</strong>s notes diffé rentes. Même si Wolf n’écrivait pas ses <strong>texte</strong>s lui-même,<br />

“il se plon geait si profondément dans l’étu<strong>de</strong> d’un poète qu’il se dissolvait en quelque sorte<br />

dans sa personnalité avant d’illumi ner et <strong>de</strong> sublimer ses vers avec <strong>le</strong>s moyens qui lui étaient<br />

propres”. (Hans Jancik)


Les Mörike-Lie<strong>de</strong>r<br />

Parmi <strong>le</strong>s quelque trois cents lie<strong>de</strong>r composés par Hugo Wolf, <strong>le</strong>s cinquante-trois pièces<br />

sur <strong>de</strong>s poèmes d’Eduard Mörike, écrites entre <strong>le</strong> 16 février et <strong>le</strong> 26 novembre 1888,<br />

représentent <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus important par <strong>le</strong>ur nombre. Depuis l’âge <strong>de</strong> dix-huit ans, Wolf<br />

possédait <strong>le</strong>s œuvres du poète souabe et avait fini par <strong>le</strong>ur attacher un tel prix qu’il confessait<br />

en 1886 ne pas pouvoir s’en séparer fût-ce même une heure. Grâce à ces poè mes, écrit<br />

encore Hans Jancik, “il s’était enfin trouvé, il avait trou vé son sty<strong>le</strong> après avoir longuement erré<br />

et cherché”. Eduard Mörike, théologien originaire <strong>de</strong> Ludwigsburg, est sou vent qualifié <strong>de</strong><br />

poétaillon bourgeois. Jugement pour <strong>le</strong> moins inexact, car on rencontre chez lui, à côté d’une<br />

piété fervente, <strong>de</strong>s fantasmes érotiques qui ne cadrent guère avec ses fonctions pas tora<strong>le</strong>s<br />

et, à côté <strong>de</strong> l’éloge <strong>de</strong>s petits bonheurs quotidiens, une robus te ironie et un sens aigu du<br />

récit “noir”, incluant la même cou<strong>le</strong>ur d’humour.<br />

La plupart <strong>de</strong>s poèmes <strong>de</strong> Mörike, même quand il s’agit <strong>de</strong> formes rigoureuses comme<br />

<strong>le</strong>s sonnets, ne se laissent pas enfer mer dans une idée unique. À l’exception <strong>de</strong> quelques<br />

balla<strong>de</strong>s, ils ne comportent pas <strong>de</strong> message ou d’intrigue univoques, ne sont pas tendus<br />

vers un objectif précis. Ils se présentent bien plutôt comme <strong>de</strong>s fragments arrachés<br />

à un con<strong>texte</strong> plus vaste, <strong>de</strong>s instantanés qui laissent <strong>de</strong>viner plus qu’ils ne montrent.<br />

Cette ouverture, ainsi que <strong>le</strong>s sonorités <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong> Mörike et son art d’évoquer une<br />

atmosphère, avaient déjà inspiré plusieurs compositeurs. Mais aucun d’eux, avant ce<br />

Viennois d’adoption qu’était Hugo Wolf, ne s’était encore attaqué à tout un cyc<strong>le</strong> <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />

cinquante poèmes dont l’audition intégra<strong>le</strong> durerait aussi longtemps qu’un drame musical.<br />

Car ces cinquante-trois lie<strong>de</strong>r sont bel et bien conçus comme une œuvre d’art tota<strong>le</strong>. Wolf <strong>le</strong>s<br />

a encadrés d’une introduction et d’un épilogue, tous <strong>de</strong>ux subjectifs. L’“O<strong>de</strong> du conva<strong>le</strong>scent<br />

à l’espérance” (dont <strong>le</strong> titre, Der Genesene an die Hoffnung, rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> quatuor en la mineur<br />

<strong>de</strong> Beethoven) est aussi un témoignage <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> à l’adresse <strong>de</strong> Mörike, qui avait libéré<br />

la créativité <strong>de</strong> Wolf en lui imprimant une nouvel<strong>le</strong> direction. Quant à la conclusion bur<strong>le</strong>sque<br />

du cyc<strong>le</strong>, loin <strong>de</strong> représenter un adieu mélancolique dans la tradition romantique, el<strong>le</strong> boute<br />

hors avec énergie un représentant <strong>de</strong> cette corporation honnie qui faisait beaucoup souffrir<br />

Wolf : un critique. Le morceau com men ce comme <strong>le</strong> chœur que Schumann avait consacré<br />

à une rage <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts et se termine, après que <strong>le</strong> critique a dégringolé <strong>le</strong>s escaliers, sur<br />

une allègre valse (la rumeur courait à Vienne que c’était là <strong>le</strong> genre favori du très fameux<br />

critique Eduard Hanslick). Les artistes ont choisi d’enregistrer ici une sé<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> lie<strong>de</strong>r qui<br />

reflètent, sous une forme concentrée, la structure et <strong>le</strong>s carac tères essentiels du cyc<strong>le</strong> tout<br />

entier.<br />

Les Mörike-Lie<strong>de</strong>r se terminent sur une série d’humoresques annon cées dans Begegnung<br />

(“Rencontre”) et Nimmersatte Liebe (“Amour insatiab<strong>le</strong>”). Le groupe conclusif proprement dit<br />

commence avec Storchenbotschaft (“Le Message <strong>de</strong>s cigog nes”) : ces oiseaux qui, comme on<br />

<strong>le</strong> fait croire aux enfants, apportent <strong>le</strong>s bébés, confrontent <strong>le</strong> berger avec <strong>le</strong>s conséquences<br />

<strong>de</strong> son bel amour (insatiab<strong>le</strong> ?). Wolf en fait un scher zo qui joue capricieusement avec <strong>le</strong>s<br />

dissonances et <strong>le</strong>s mo tifs. Des balla<strong>de</strong>s précè<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>s humoresques. L’alliance <strong>de</strong>s <strong>le</strong>itmotive<br />

et d’une peinture sonore stylisée, <strong>le</strong>s entrecroisements mé lo diques qui, reliant entre<br />

el<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s strophes apparemment hé térogènes, en dévoi<strong>le</strong>nt par intermittence <strong>le</strong>s arrièreplans<br />

se crets, l’intensité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>scriptions qui créent l’ambiance, font du Feuerreiter (“Le<br />

Cavalier du feu”) un chef-d’œuvre du genre.<br />

An die Geliebte (“À la bien-aimée”), Peregrina I et II et Lebewohl (“Adieu”) forment un<br />

groupe relativement homo gène à l’intérieur du cyc<strong>le</strong>. Directement apparentés par <strong>le</strong>ur<br />

tonalité, ces quatre lie<strong>de</strong>r progressent sur une semblab<strong>le</strong> pulsa tion tranquil<strong>le</strong>, selon <strong>de</strong>s<br />

lignes mélodiques voisines à l’intérieur d’un ambitus harmonique comparab<strong>le</strong>. Peregrina II<br />

commence et se termine par <strong>le</strong> postlu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Peregrina I, qui varie <strong>le</strong>s premières mesures <strong>de</strong><br />

la voix chantée. Le développement <strong>de</strong> Lebewohl est fondé sur <strong>le</strong>s mêmes traits chromatiques<br />

qui carac térisaient <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux Peregrina et dont l’importance n’avait cessé <strong>de</strong> croître dans An<br />

die Geliebte. Ces quatre pièces sont autant d’éclairages portés sur une idée unique : la<br />

tension entre l’amour sublimé et <strong>le</strong> désir érotique. L’intensité émotionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> ces vers dans<br />

<strong>le</strong>squels Mörike transfigure un moment c<strong>le</strong>f <strong>de</strong> sa vie se re trouve dans une musique d’une<br />

formidab<strong>le</strong> <strong>de</strong>nsité. El<strong>le</strong>s sont, el<strong>le</strong>s aussi, préfigurées dans Im Frühling (“Au Printemps”), un<br />

<strong>de</strong> ces poèmes dédiés à la nature qui s’interca<strong>le</strong>nt entre <strong>le</strong>s autres compositions sans se<br />

mê<strong>le</strong>r à el<strong>le</strong>s. Tel un commentaire élargissant la perspective, ces pièces recentrent <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong><br />

tout entier, tant sur plan <strong>de</strong> la musique que sur celui <strong>de</strong>s poèmes, car el<strong>le</strong>s aussi par<strong>le</strong>nt<br />

toujours <strong>de</strong> l’homme.<br />

Chacun <strong>de</strong> ces lie<strong>de</strong>r porte en lui-même son propre sens et sa propre va<strong>le</strong>ur. Pourtant, <strong>le</strong><br />

travail du compositeur concernait aussi <strong>le</strong>ur suite et <strong>le</strong>ur agencement. La structure du cyc<strong>le</strong><br />

laisse trans paraître <strong>de</strong>s idées d’exposition et <strong>de</strong> développement, l’esquisse, la reprise et la<br />

progression d’une pensée tant littéraire que musica<strong>le</strong>. Ces morceaux sont <strong>de</strong>s œuvres d’art<br />

tota<strong>le</strong>s au sens humain et subjectif du terme. Mörike en personne avait trouvé la formu<strong>le</strong> :<br />

“Songes-y, mon âme !”<br />

2<br />

Habakuk Traber<br />

Traduction : Brigitte Hébert


1 | Gebet<br />

Herr, schicke was du willst,<br />

Ein Liebes o<strong>de</strong>r Lei<strong>de</strong>s;<br />

Ich bin vergnügt, daß bei<strong>de</strong>s<br />

Aus <strong>de</strong>inen Hän<strong>de</strong>n quillt.<br />

Wol<strong>le</strong>st mit Freu<strong>de</strong>n<br />

Und wol<strong>le</strong>st mit Lei<strong>de</strong>n<br />

Mich nicht überschütten!<br />

Doch in <strong>de</strong>r Mitten,<br />

Liegt hol<strong>de</strong>s Beschei<strong>de</strong>n.<br />

2 | Fußreise<br />

Am frischgeschnittnen Wan<strong>de</strong>rstab,<br />

Wenn ich in <strong>de</strong>r Frühe<br />

So durch Wäl<strong>de</strong>r ziehe,<br />

Hügel auf und ab:<br />

Dann, wie’s Vög<strong>le</strong>in im Laube<br />

Singet und sich rührt,<br />

O<strong>de</strong>r wie die gold’ne Traube<br />

Wonnegeister spürt<br />

In <strong>de</strong>r ersten Morgensonne:<br />

So fühlt auch mein alter, lieber<br />

Adam Herbst- und Frühlingsfieber,<br />

Gottbeherzte,<br />

Nie verscherzte<br />

Erstlings-Paradieseswonne.<br />

Also bist du nicht so schlimm, o alter<br />

Adam, wie die strengen Lehrer sagen;<br />

Liebst und lobst du immer doch,<br />

Singst und preisest immer noch,<br />

Wie an ewig neuen Schöpfungstagen,<br />

Deinen lieben Schöpfer und Erhalter.<br />

Möcht’ es dieser geben<br />

Und mein ganzes Leben<br />

Wär’ im <strong>le</strong>ichten Wan<strong>de</strong>rschweiße<br />

Eine solche Morgenreise!<br />

3 | Er ist’s<br />

Frühling läßt sein blaues Band<br />

Wie<strong>de</strong>r flattern durch die Lüfte;<br />

Süße, wohlbekannte Düfte<br />

Streifen ahnungsvoll das Land.<br />

Veilchen träumen schon,<br />

Wol<strong>le</strong>n bal<strong>de</strong> kommen.<br />

– Horch, von fern ein <strong>le</strong>iser Harfenton!<br />

Frühling, ja du bist’s!<br />

Dich hab ich vernommen!<br />

4 | Im Frühling<br />

Hier lieg’ ich auf <strong>de</strong>m Frühlingshügel:<br />

Die Wolke wird mein Flügel,<br />

Ein Vogel fliegt mir voraus.<br />

Ach, sag’ mir, all einzige Liebe,<br />

Wo du b<strong>le</strong>ibst, daß ich bei dir bliebe!<br />

Doch du und die Lüfte, ihr habt kein Haus.<br />

Der Sonnenblume g<strong>le</strong>ich steht mein Gemüte offen,<br />

Sehnend,<br />

Sich <strong>de</strong>hnend<br />

In Lieben und Hoffen.<br />

Frühling, was bist du gewillt?<br />

Wenn werd ich gestillt?<br />

3<br />

Prière<br />

Seigneur, envoie ce qu’il te plaît,<br />

Amour ou bien souffrance ;<br />

Je me réjouis que tous <strong>de</strong>ux<br />

Aient eu <strong>le</strong>ur source dans tes mains.<br />

Ne me submerge pas<br />

De trop <strong>de</strong> joies<br />

Et <strong>de</strong> trop <strong>de</strong> peines !<br />

Car c’est entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

Qu’est <strong>le</strong> doux renoncement.<br />

Voyage à pied<br />

Lorsqu’en début <strong>de</strong> matinée,<br />

À la main, un bâton fraîchement coupé,<br />

Je marche en traversant <strong>de</strong>s forêts,<br />

Des collines, <strong>de</strong>s vallées :<br />

Alors, comme l’oiseau dans la feuillée<br />

Qui chante et s’agite,<br />

Ou comme <strong>le</strong> raisin doré<br />

Qui s’enivre <strong>de</strong> so<strong>le</strong>il<br />

Dans <strong>le</strong>s premiers rayons du matin :<br />

Ce vieil et cher Adam ressent ainsi la fièvre<br />

De l’automne et du printemps,<br />

La plénitu<strong>de</strong> divine,<br />

Jamais perdue,<br />

Du premier homme au paradis.<br />

Ainsi, n’es-tu pas aussi mauvais,<br />

Ô vieil Adam, que <strong>le</strong> disent <strong>le</strong>s maîtres sévères,<br />

Tu aimes et louanges toujours,<br />

Tu chantes encore la gloire,<br />

Comme aux premiers jours du mon<strong>de</strong>,<br />

De ton Créateur et ton Dieu aimé.<br />

Puisse m’être accordée la grâce<br />

De vivre ma vie entière<br />

Comme un gai pè<strong>le</strong>rin,<br />

Dans cette marche sp<strong>le</strong>ndi<strong>de</strong> du matin !<br />

Le voici<br />

Revoici <strong>le</strong> ruban b<strong>le</strong>u du printemps<br />

Qui flotte dans <strong>le</strong>s airs ;<br />

Suaves et familiers, ses effluves<br />

Sur la terre s’exha<strong>le</strong>nt comme un pressentiment.<br />

Déjà rêvent <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>ttes<br />

De pouvoir bientôt éclore.<br />

Écoute, <strong>le</strong>s doux arpèges <strong>de</strong> la harpe viennent <strong>de</strong> loin !<br />

Printemps, oui c’est toi !<br />

C’est toi que j’ai reconnu !<br />

Au printemps<br />

Me voici étendu sur la colline au printemps :<br />

Le nuage <strong>de</strong>vient mon ai<strong>le</strong>,<br />

Un oiseau vo<strong>le</strong> <strong>de</strong>vant moi.<br />

Ah, dis-moi, amour unique,<br />

Où tu gîtes, que je reste auprès <strong>de</strong> toi !<br />

Mais toi et <strong>le</strong>s airs n’avez point <strong>de</strong> <strong>de</strong>meure.<br />

Pareil au tournesol mon cœur est ouvert,<br />

Il désire,<br />

Et s’étire,<br />

D’amour et d’espoir.<br />

Printemps, que me veux-tu ?<br />

Quand trouverai-je la paix ?


Die Wolke seh ich wan<strong>de</strong>ln und <strong>de</strong>n Fluß,<br />

Es dringt <strong>de</strong>r Sonne goldner Kuß<br />

Mir tief bis ins Geblüt hinein;<br />

Die Augen, wun<strong>de</strong>rbar berauschet,<br />

Tun, als schliefen sie ein,<br />

Nur noch das Ohr <strong>de</strong>m Ton <strong>de</strong>r Biene lauschet.<br />

Ich <strong>de</strong>nke dies und <strong>de</strong>nke das,<br />

ich sehne mich, und weiß nicht recht, nach was:<br />

Halb ist es Lust, halb ist es Klage:<br />

Mein Herz, o sage,<br />

Was webst du für Erinnerung<br />

In gol<strong>de</strong>n grünen Zweige Dämmerung?<br />

Alte unnennbare Tage!<br />

5 | Auf ein altes Bild<br />

In grüner Landschaft Sommerflor,<br />

Bei küh<strong>le</strong>m Wasser, Schilf und Rohr,<br />

Schau, wie das Knäb<strong>le</strong>in Sün<strong>de</strong>los<br />

Frei spie<strong>le</strong>t auf <strong>de</strong>r Jungfrau Schoss!<br />

Und dort im Wal<strong>de</strong> wonnesam,<br />

Ach, grünet schon <strong>de</strong>s Kreuzes Stamm!<br />

6 | Der Genesene an die Hoffnung<br />

Tödlich graute mir <strong>de</strong>r Morgen:<br />

Doch schon lag mein Haupt, wie süß!<br />

Hoffnung, dir im Schoß verborgen,<br />

Bis <strong>de</strong>r Sieg gewonnen hieß.<br />

Opfer bracht’ ich al<strong>le</strong>n Göttern,<br />

Doch vergessen warest du;<br />

Seitwärts von <strong>de</strong>n ew’gen Rettern<br />

Sahest du <strong>de</strong>m Feste zu.<br />

O, vergib, du Vielgetreue!<br />

Tritt aus <strong>de</strong>inem Dämmerlicht,<br />

Daß ich dir in’s ewig neue,<br />

Mon<strong>de</strong>nhel<strong>le</strong> Angesicht<br />

Einmal schaue, recht von Herzen,<br />

Wie ein Kind und son<strong>de</strong>r Harm;<br />

Ach, nur einmal ohne Schmerzen<br />

Schließe mich in <strong>de</strong>inen Arm!<br />

7 | Auf einer Wan<strong>de</strong>rung<br />

In ein freundliches Städtchen tret’ ich ein,<br />

In <strong>de</strong>n Straßen liegt roter Abendschein.<br />

Aus einem offnen Fenster eben,<br />

Über <strong>de</strong>n reichsten Blumenflor<br />

Hinweg, hört man Goldglockentöne schweben,<br />

Und eine Stimme scheint ein Nachtigal<strong>le</strong>nchor,<br />

Daß die Blüten beben,<br />

Daß die Lüfte <strong>le</strong>ben,<br />

Daß in höherem Rot die Rosen <strong>le</strong>uchten vor.<br />

Lang hielt ich staunend, lustbeklommen.<br />

Wie ich hinaus vor’s Tor gekommen,<br />

Ich weiß es wahrlich selber nicht.<br />

Ach hier, wie liegt die Welt so licht!<br />

Der Himmel wogt in purpurnem Gewüh<strong>le</strong>,<br />

Rückwärts die Stadt in goldnem Rauch:<br />

Wie rauscht <strong>de</strong>r Er<strong>le</strong>nbach,<br />

Wie rauscht im Grund die Müh<strong>le</strong>,<br />

Ich bin wie trunken, irrgeführt -<br />

O Muse, du hast mein Herz berührt<br />

Mit einem Liebeshauch!<br />

4<br />

Je vois cou<strong>le</strong>r nuages et f<strong>le</strong>uve,<br />

Le baiser doré du so<strong>le</strong>il,<br />

Profond, me pénètre <strong>le</strong>s sangs ;<br />

Mes yeux, dans une étrange ivresse,<br />

Font comme s’ils s’endormaient,<br />

Seu<strong>le</strong> mon oreil<strong>le</strong> épie encore <strong>le</strong> chant <strong>de</strong>s abeil<strong>le</strong>s.<br />

Je songe à ceci, et puis à cela,<br />

Je me languis sans trop savoir <strong>de</strong> quoi :<br />

Moitié plaisir, moitié crainte,<br />

Mon cœur, oh, dis-moi,<br />

Quels souvenirs tisses-tu<br />

Dans <strong>le</strong>s rameaux verts et or <strong>de</strong> la brune ?<br />

Jours anciens, indicib<strong>le</strong>s !<br />

Sur une vieil<strong>le</strong> image<br />

Dans la floraison estiva<strong>le</strong> d’un vert paysage,<br />

Près du frais ruisseau, <strong>de</strong>s joncs et <strong>de</strong>s roseaux,<br />

Regar<strong>de</strong>z comme <strong>le</strong> petit enfant sans péché<br />

Joue hardiment près du sein <strong>de</strong> la Vierge !<br />

Tandis qu’au loin dans l’enchantement <strong>de</strong> la forêt,<br />

Ah, verdit déjà <strong>le</strong> bois <strong>de</strong> la croix !<br />

O<strong>de</strong> du conva<strong>le</strong>scent à l’espérance<br />

L’aube me faisait frémir mortel<strong>le</strong>ment :<br />

Mais déjà ma tête reposait, ô espérance,<br />

En ton sein délicieux,<br />

Attendant que la victoire fut acquise.<br />

Je sacrifiais à tous <strong>le</strong>s Dieux,<br />

Mais toi, je t’oubliais ;<br />

Tu contemplais la fête,<br />

À l’écart <strong>de</strong>s sauveurs éternels.<br />

Ô, pardonne, toi ma fidè<strong>le</strong> !<br />

Quitte ton crépuscu<strong>le</strong>,<br />

Laisse-moi contemp<strong>le</strong>r ton visage,<br />

Incertain, et <strong>de</strong> lune rayonnant.<br />

Le voir une fois, du fond du cœur,<br />

Comme un enfant, en toute can<strong>de</strong>ur ;<br />

Ah, une seu<strong>le</strong> fois sans dou<strong>le</strong>ur,<br />

Ouvre-moi tes bras !<br />

D’un voyage à pied<br />

J’entre dans une gentil<strong>le</strong> petite vil<strong>le</strong>,<br />

Au rouge du soir qui tombe dans <strong>le</strong>s rues,<br />

D’une fenêtre qui vient <strong>de</strong> s’ouvrir,<br />

Par <strong>de</strong>ssus la plus luxuriante abondance <strong>de</strong> f<strong>le</strong>urs,<br />

On entend sonner <strong>le</strong>s cloches d’or,<br />

Et comme un chœur <strong>de</strong> rossignols une voix s’élève,<br />

Qui fait frémir <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs,<br />

Qui fait s’exha<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s effluves,<br />

Qui fait chatoyer <strong>le</strong>s roses dans la pourpre divine.<br />

Longtemps, je suis resté là, charmé, étreint <strong>de</strong> volupté,<br />

Comment ai-je passé <strong>le</strong>s portes <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> ?<br />

Je ne <strong>le</strong> sais nul<strong>le</strong>ment.<br />

Ah, comme <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> ici resp<strong>le</strong>ndit !<br />

Le ciel ondoie comme une hou<strong>le</strong> <strong>de</strong> braise,<br />

La vil<strong>le</strong> est au loin dans une brume dorée :<br />

Comme murmure <strong>le</strong> ruisseau sous <strong>le</strong>s aulnes,<br />

Comme murmure <strong>le</strong> moulin au vallon,<br />

Je suis comme enivré, égaré –<br />

Ô Muse, tu as touché mon cœur<br />

D’un souff<strong>le</strong> d’amour !


8 | Zitronenfalter im April<br />

Grausame Frühlingssonne,<br />

Du weckst mich vor <strong>de</strong>r Zeit,<br />

<strong>de</strong>m nur in Maienwonne<br />

Die zarte Kost ge<strong>de</strong>iht!<br />

Ist nicht ein liebes Mädchen hier,<br />

Das auf <strong>de</strong>r Rosenlippe mir<br />

Ein Tröpfchen Honig beut,<br />

So muß ich jämmerlich vergehn<br />

Und wird <strong>de</strong>r Mai mich nimmer sehn<br />

In meinem gelben K<strong>le</strong>id.<br />

9 | Der Gärtner<br />

Auf ihrem Leibröß<strong>le</strong>in<br />

So weiß wie <strong>de</strong>r Schnee,<br />

Die schönste Prinzessin<br />

Reit’t durch die Al<strong>le</strong>e.<br />

Der Weg, <strong>de</strong>n das Röß<strong>le</strong>in<br />

Hintanzet so hold,<br />

Der Sand, <strong>de</strong>n ich streute,<br />

Er blinket wie Gold!<br />

Du rosenfarb’s Hüt<strong>le</strong>in<br />

Wohl auf und wohl ab,<br />

O wirf eine Fe<strong>de</strong>r,<br />

Verstoh<strong>le</strong>n herab!<br />

Und willst du dagegen<br />

Eine Blüte von mir,<br />

Nimm tausend für eine,<br />

Nimm al<strong>le</strong> dafür!<br />

10 | Begegnung<br />

Was doch heut Nacht ein Sturm gewesen,<br />

Bis erst <strong>de</strong>r Morgen sich geregt!<br />

Wie hat <strong>de</strong>r ungebetne Besen<br />

Kamin und Gassen ausgefegt!<br />

Da kommt ein Mädchen schon die Straßen,<br />

Das halb verschüchtert um sich sieht;<br />

Wie Rosen, die <strong>de</strong>r Wind zerblasen,<br />

So unstet ihr Gesichtchen glüht.<br />

Ein schöner Bursch tritt ihr entgegen,<br />

Er will ihr voll Entzücken nahn:<br />

Wie sehn sich freudig und ver<strong>le</strong>gen<br />

Die ungewohnten Schelme an!<br />

Er scheint zu fragen, ob das Liebchen<br />

Die Zöpfe schon zurecht gemacht,<br />

Die heute Nacht im offnen Stübchen<br />

Ein Sturm in Unordnung gebracht.<br />

Der Bursche träumt noch von <strong>de</strong>n Küssen,<br />

Die ihm das süße Kind getauscht,<br />

Er steht, von Anmut hingerissen,<br />

Derweil sie um die Ecke rauscht.<br />

5<br />

Le papillon jaune en avril<br />

Cruel so<strong>le</strong>il <strong>de</strong> printemps,<br />

Tu m’éveil<strong>le</strong>s avant l’heure,<br />

Car c’est seu<strong>le</strong>ment dans l’ivresse <strong>de</strong> mai<br />

Que croissent <strong>le</strong>s mets délicats !<br />

Si nul<strong>le</strong> aimab<strong>le</strong> jeune fil<strong>le</strong><br />

Ne me tend ici sa lèvre rose,<br />

Où per<strong>le</strong> une goutte<strong>le</strong>tte <strong>de</strong> miel,<br />

Je mourrais lamentab<strong>le</strong>ment,<br />

Et jamais <strong>le</strong> mois <strong>de</strong> mai<br />

Ne me verra dans mon habit jaune.<br />

Le jardinier<br />

Sur son petit cheval<br />

Aussi blanc que neige,<br />

La plus bel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s princesses<br />

Chevauche dans l’allée.<br />

Sur <strong>le</strong> chemin où <strong>le</strong> petit cheval<br />

Caraco<strong>le</strong> avec grâce,<br />

Le sab<strong>le</strong> que j’ai semé<br />

Étincel<strong>le</strong> comme l’or !<br />

Toi, petit chapeau rose<br />

Qui va montant et <strong>de</strong>scendant,<br />

Oh, laisse une plume<br />

Tomber à la dérobée !<br />

Et si en échange<br />

Tu me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s une f<strong>le</strong>ur,<br />

Prends-en mil<strong>le</strong> pour une,<br />

Prends-<strong>le</strong>s toutes !<br />

Rencontre<br />

Quel<strong>le</strong> est donc cette tempête<br />

Qui, jusqu’à l’aube, étreignit la nuit !<br />

Quel importun balai a brossé<br />

Rues et cheminées !<br />

Une fil<strong>le</strong>tte parcourt déjà <strong>le</strong>s rues,<br />

Et regar<strong>de</strong> autour d’el<strong>le</strong>, à <strong>de</strong>mi apeurée ;<br />

Comme <strong>le</strong>s roses dans <strong>le</strong> vent effeuillées,<br />

Ses joues s’empourprent <strong>de</strong> ref<strong>le</strong>ts changeants.<br />

Un beau garçon vient à sa rencontre,<br />

Et s’approche d’el<strong>le</strong> émerveillé :<br />

Comme ils se regar<strong>de</strong>nt joyeux et confus,<br />

Ces <strong>de</strong>ux étranges petits coquins !<br />

Il semb<strong>le</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si sa mignonne<br />

A déjà refait ses nattes,<br />

Que cette nuit, dans la chambre ouverte,<br />

La tempête avait défaites.<br />

Le garçon songe encore aux baisers<br />

Que la douce enfant lui avait rendus,<br />

Il reste là, par son charme fasciné,<br />

Alors qu’au coin <strong>de</strong> la rue, el<strong>le</strong> a déjà disparu.


11 | Der Tambour<br />

Wenn meine Mutter hexen könnt’,<br />

Da müßt’ sie mit <strong>de</strong>m Regiment,<br />

Nach Frankreich, überall mit hin,<br />

Und wär’ die Marketen<strong>de</strong>rin.<br />

Im Lager wohl um Mitternacht,<br />

Wenn niemand auf ist als die Wacht,<br />

Und al<strong>le</strong>s schnarchet, Roß und Mann,<br />

Vor meiner Trommel säß’ ich dann:<br />

Die Trommel müßt’ eine Schüssel sein;<br />

Ein warmes Sauerkraut darein;<br />

Die Sch<strong>le</strong>gel Messer und Gabel,<br />

Eine lange Wurst mein Sabel,<br />

Mein Tschako wär’ ein Humpen gut,<br />

Den füll’ ich mit Burgun<strong>de</strong>rblut.<br />

Und weil es mir an Lichte fehlt,<br />

Da scheint <strong>de</strong>r Mond in mein Gezelt ;<br />

Scheint er auch auf franzö’sch herein,<br />

Mir fällt doch meine Liebste ein:<br />

Ach weh! Jetzt hat <strong>de</strong>r Spaß ein End’!<br />

– Wenn nur meine Mutter hexen könnt’!<br />

12 | Jägerlied<br />

Zierlich ist <strong>de</strong>s Vogels Tritt im Schnee,<br />

Wenn er wan<strong>de</strong>lt auf <strong>de</strong>s Berges Höh:<br />

Zierlicher schreibt Liebchens liebe Hand,<br />

Schreibt ein Brief<strong>le</strong>in mir in ferne Land’.<br />

In die Lüfte hoch ein Reiher steigt,<br />

Dahin we<strong>de</strong>r Pfeil noch Kugel f<strong>le</strong>ugt:<br />

Tausendmal so hoch und so geschwind<br />

Die Gedanken treuer Liebe sind.<br />

13 | Nimmersatte Liebe<br />

So ist die Lieb’! So ist die Lieb’!<br />

Mit Küssen nicht zu stil<strong>le</strong>n:<br />

Wer ist <strong>de</strong>r Tor und will ein Sieb<br />

Mit eitel Wasser fül<strong>le</strong>n?<br />

Und schöpfst du an die tausend Jahr;<br />

Und küssest ewig, ewig gar,<br />

Du tust ihr nie zu Wil<strong>le</strong>n.<br />

Die Lieb’, die Lieb’ hat al<strong>le</strong> Stund<br />

Neu wun<strong>de</strong>rlich Gelüsten;<br />

Wir bissen uns die Lippen wund,<br />

Da wir uns heute küßten.<br />

Das Mädchen hielt in guter Ruh’,<br />

Wie’s Lämm<strong>le</strong>in unterm Messer;<br />

Ihr Auge bat: nur immer zu,<br />

Je weher <strong>de</strong>sto besser!<br />

So ist die Lieb’, und war auch so,<br />

Wie lang es Liebe gibt,<br />

Und an<strong>de</strong>rs war Herr Salomo,<br />

Der Weise, nicht verliebt.<br />

6<br />

Le tambour<br />

Si ma mère était sorcière,<br />

Alors el<strong>le</strong> <strong>de</strong>vrait suivre <strong>le</strong> régiment,<br />

Partout en France,<br />

Et serait la vivandière.<br />

À minuit au campement,<br />

Lorsque seu<strong>le</strong> la gar<strong>de</strong> veil<strong>le</strong>,<br />

Et que tous ronf<strong>le</strong>nt, hommes et chevaux,<br />

Je m’assiérais alors <strong>de</strong>vant mon tambour :<br />

Mon tambour serait un plat<br />

Rempli <strong>de</strong> choucroute chau<strong>de</strong> ;<br />

Les baguettes, <strong>le</strong> couteau et la fourchette,<br />

Mon sabre, une énorme saucisse,<br />

Mon shako serait un bon hanap,<br />

Que je remplirais avec du sang <strong>de</strong> Bourgogne,<br />

Et comme je suis sans lumière,<br />

La lune luit dans ma tente ;<br />

Bien qu’el<strong>le</strong> éclaire à la française,<br />

Ma mie me manque pourtant :<br />

Hélas ! Le rêve s’est dissipé !<br />

– Si ma mère était une sorcière !<br />

Chant du veneur<br />

Gracieuse est la trace <strong>de</strong> l’oiseau dans la neige,<br />

Lorsqu’il se promène sur <strong>le</strong>s sommets ;<br />

Mais plus gracieuse encor est cel<strong>le</strong> que la main<br />

De ma mie laisse sur la petite <strong>le</strong>ttre qu’el<strong>le</strong> m’écrit au loin.<br />

Un héron prend son envol et s’élève dans <strong>le</strong>s airs,<br />

Où ne peuvent l’atteindre ni la flèche ni la bal<strong>le</strong> :<br />

Mil<strong>le</strong> fois plus haut et plus rapi<strong>de</strong>s<br />

Vo<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s pensées d’un amour fidè<strong>le</strong>.<br />

Amour insatiab<strong>le</strong><br />

L’amour est ainsi ! L’amour est ainsi !<br />

Avec ses baisers à n’en plus finir :<br />

Quel est <strong>le</strong> fou qui pourrait prétendre<br />

Remplir d’eau une passoire ?<br />

Tu puiserais pendant mil<strong>le</strong> ans<br />

Et embrasserais éternel<strong>le</strong>ment,<br />

Jamais tu ne l’assouvirais.<br />

À toute heure, l’amour, l’amour<br />

Fait naître d’étranges désirs ;<br />

Nous nous sommes mordus <strong>le</strong>s lèvres au sang,<br />

Aujourd’hui en nous embrassant.<br />

La jeune fil<strong>le</strong> attendait calmement<br />

Comme l’agneau sous la lame,<br />

Et ses yeux disaient encore :<br />

Car c’est bien meil<strong>le</strong>ur avec la dou<strong>le</strong>ur !<br />

L’amour est ainsi, et l’était jadis,<br />

Depuis que l’amour existe,<br />

Et <strong>le</strong> roi Salomon, <strong>le</strong> Sage,<br />

N’aima pas autrement.


14 | In <strong>de</strong>r Frühe<br />

Kein Schlaf noch kühlt das Auge mir,<br />

Dort gehet schon <strong>de</strong>r Tag herfür<br />

An meinem Kammerfenster.<br />

Es wüh<strong>le</strong>t mein verstörter Sinn<br />

Noch zwischen Zweifeln her und hin<br />

Und schaffet Nachtgespenster.<br />

– Ängste, quä<strong>le</strong><br />

Dich nicht länger, meine See<strong>le</strong>!<br />

Freu dich! schon sind da und dorten<br />

Morgenglocken wach gewor<strong>de</strong>n<br />

15 | Denk’ es, o See<strong>le</strong><br />

Ein Tänn<strong>le</strong>in grünet wo,<br />

Wer weiß, im Wal<strong>de</strong>,<br />

Ein Rosenstrauch, wer sagt,<br />

In welchem Garten?<br />

Sie sind er<strong>le</strong>sen schon,<br />

Denk’ es, o See<strong>le</strong>,<br />

Auf <strong>de</strong>inem Grab zu wurzeln<br />

Und zu wachsen.<br />

Zwei schwarze Röß<strong>le</strong>in wei<strong>de</strong>n<br />

Auf <strong>de</strong>r Wiese,<br />

Sie kehren heim zur Stadt<br />

In muntern Sprüngen.<br />

Sie wer<strong>de</strong>n schrittweis gehn<br />

Mit <strong>de</strong>iner Leiche;<br />

Viel<strong>le</strong>icht, viel<strong>le</strong>icht noch eh’<br />

An ihren Hufen<br />

Das Eisen los wird,<br />

Das ich blitzen sehe!<br />

16 | An die Geliebte<br />

Wenn ich, von <strong>de</strong>inem Anschaun tief gestillt,<br />

Mich stumm an <strong>de</strong>inem heilgen Wert vergnüge,<br />

Dann hör ich recht die <strong>le</strong>isen Atemzüge<br />

Des Engels, welcher sich in dir verhüllt.<br />

Und ein erstaunt, ein fragend Lächeln quillt<br />

Auf meinem Mund, ob mich kein Traum betrüge,<br />

Daß nun in dir, zu ewiger Genüge,<br />

Mein kühnster Wunsch, mein einzger, sich erfüllt?<br />

Von Tiefe dann zu Tiefen stürzt mein Sinn,<br />

Ich höre aus <strong>de</strong>r Gottheit nächtger Ferne<br />

Die Quel<strong>le</strong>n <strong>de</strong>s Geschicks melodisch rauschen.<br />

Betäubt kehr ich <strong>de</strong>n Blick nach oben hin,<br />

Zum Himmel auf – da lächeln al<strong>le</strong> Sterne;<br />

Ich kniee, ihrem Lichtgesang zu lauschen.<br />

Peregrina<br />

17 | I<br />

Der Spiegel dieser treuen, braunen Augen<br />

Ist wie von innerm Gold ein Wi<strong>de</strong>rschein;<br />

Tief aus <strong>de</strong>m Busen scheint er’s anzusaugen,<br />

Dort mag solch Gold in heil’gem Gram ge<strong>de</strong>ihn.<br />

In diese Nacht <strong>de</strong>s Blickes mich zu tauchen,<br />

Unwissend Kind, du selber lädst mich ein –<br />

Willst, ich soll kecklich mich und dich entzün<strong>de</strong>n,<br />

Reichst lächelnd mir <strong>de</strong>n Tod im Kelch <strong>de</strong>r Sün<strong>de</strong>n!<br />

7<br />

À l’aurore<br />

Aucun sommeil n’a rafraîchi mes yeux,<br />

Là-bas point déjà <strong>le</strong> jour<br />

À la fenêtre <strong>de</strong> ma chambre.<br />

Mon esprit hagard se mine,<br />

Va sans cesse d’un doute à l’autre<br />

Et s’invente <strong>de</strong> nocturnes chimères.<br />

– Ces angoisses, ces tourments,<br />

Qu’ils se dissipent maintenant, ô mon âme !<br />

Réjouis-toi ! Écoute ici et là-bas<br />

S’éveil<strong>le</strong>r déjà <strong>le</strong>s cloches matina<strong>le</strong>s.<br />

Songes-y, mon âme<br />

Un petit sapin verdit quelque part,<br />

Dans la forêt, qui sait où ?<br />

Un rosier pousse, qui dira,<br />

Dans quel jardin ?<br />

Ils ont été choisis déjà,<br />

Songes-y, mon âme,<br />

Pour s’enraciner sur ta tombe<br />

Et y croître.<br />

Deux poulains noirs paissent<br />

L’herbe du pré,<br />

Ils rentrent chez eux à la vil<strong>le</strong>,<br />

En bondissant gaiement.<br />

Ils marcheront au pas,<br />

Traînant ta dépouil<strong>le</strong>,<br />

Peut-être, peut-être même avant<br />

Que ne soit perdu<br />

Le fer à <strong>le</strong>urs sabots,<br />

Que soudain je vois bril<strong>le</strong>r !<br />

À la bien-aimée<br />

Lorsque, profondément apaisé par ton image,<br />

Muet je me réjouis <strong>de</strong> ta chère sainteté,<br />

J’entends alors très bien comme doucement respire<br />

L’ange qui <strong>de</strong>meure au plus secret <strong>de</strong> toi-même.<br />

Un sourire étonné, interrogateur, éclôt sur mes lèvres,<br />

Demandant si nul rêve ne m’abuse,<br />

Quand en toi s’accomplit désormais, à jamais assouvi,<br />

Mon vœu <strong>le</strong> plus hardi, mon unique désir.<br />

Mon esprit plonge alors d’abîme en abîme,<br />

Des lointains nocturnes <strong>de</strong> la divinité, j’entends<br />

Le murmure mélodieux <strong>de</strong>s sources du <strong>de</strong>stin.<br />

Enivré, je lève <strong>le</strong>s yeux vers <strong>le</strong> ciel,<br />

Où rient toutes <strong>le</strong>s étoi<strong>le</strong>s ;<br />

J’écoute à genoux <strong>le</strong>ur chant étincelant.<br />

Peregrina<br />

I<br />

Le miroir <strong>de</strong> ces yeux bruns et fidè<strong>le</strong>s<br />

Est pareil au ref<strong>le</strong>t d’un or caché,<br />

Qui semb<strong>le</strong> émaner du plus profond d’el<strong>le</strong>.<br />

Un tel or peut naître d’un tourment sacré.<br />

À plonger dans la nuit <strong>de</strong> ce regard,<br />

Innocent enfant, tu m’y invites toi-même,<br />

Tu veux qu’hardiment nous nous enflammions,<br />

Et en souriant, tu me tends la mort dans <strong>le</strong> calice du péché !


18 | II<br />

Warum, Geliebte, <strong>de</strong>nk’ ich <strong>de</strong>in<br />

Auf einmal nun mit tausend Tränen,<br />

Und kann gar nicht zufrie<strong>de</strong>n sein,<br />

Und will die Brust in al<strong>le</strong> Weite <strong>de</strong>hnen?<br />

Ach, gestern in <strong>de</strong>n hel<strong>le</strong>n Kin<strong>de</strong>rsaal,<br />

Beim Flimmer zierlich aufgesteckter Kerzen,<br />

Wo ich mein selbst vergaß in Lärm und Scherzen,<br />

Tratst du, o Bildnis mit<strong>le</strong>idschöner Qual;<br />

Es war <strong>de</strong>in Geist, er setzte sich ans Mahl,<br />

Fremd saßen wir mit stumm verhalt’nen Schmerzen;<br />

Zu<strong>le</strong>tzt brach ich in lautes Schluchzen aus,<br />

Und Hand in Hand verließen wir das Haus.<br />

19 | Lebewohl<br />

„Lebe wohl“ – Du füh<strong>le</strong>st nicht,<br />

Was es heißt, dies Wort <strong>de</strong>r Schmerzen;<br />

Mit getrostem Angesicht<br />

Sagtest du’s und <strong>le</strong>ichtem Herzen.<br />

Lebe wohl! – Ach! tausendmal<br />

Hab’ ich mir es vorgesprochen,<br />

Und in nimmersatter Qual<br />

Mir das Herz damit gebrochen!<br />

20 | Verborgenheit<br />

Laß, o Welt, o laß mich sein!<br />

Locket nicht mit Liebesgaben,<br />

Laßt dies Herz al<strong>le</strong>ine haben<br />

Seine Wonne, seine Pein!<br />

Was ich traure weiß ich nicht,<br />

Es ist unbekanntes Wehe;<br />

Immerdar durch Tränen sehe<br />

Ich <strong>de</strong>r Sonne liebes Licht.<br />

Oft bin ich mir kaum bewußt,<br />

Und die hel<strong>le</strong> Freu<strong>de</strong> zücket<br />

Durch die Schwere, so mich drücket,<br />

Wonniglich in meiner Brust.<br />

Laß, o Welt, o laß mich sein!<br />

Locket nicht mit Liebesgaben,<br />

Laßt dies Herz al<strong>le</strong>ine haben<br />

Seine Wonne, seine Pein!<br />

21 | Der Feuerreiter<br />

Sehet ihr am Fenster<strong>le</strong>in<br />

Dort die rote Mütze wie<strong>de</strong>r ?<br />

Nicht geheuer muß es sein,<br />

Denn er geht schon auf und nie<strong>de</strong>r.<br />

Und auf einmal welch Gewüh<strong>le</strong><br />

Bei <strong>de</strong>r Brücke, nach <strong>de</strong>m Feld!<br />

Horch! das Feuerglöck<strong>le</strong>in gellt:<br />

Hinterm Berg,<br />

Hinterm Berg<br />

Brennt es in <strong>de</strong>r Müh<strong>le</strong>!<br />

Schaut! da sprengt er wütend schier<br />

Durch das Tor, <strong>de</strong>r Feuerreiter,<br />

Auf <strong>de</strong>m rippendürren Tier,<br />

Als auf einer Feuer<strong>le</strong>iter!<br />

Querfel<strong>de</strong>in! Durch Qualm und Schwü<strong>le</strong><br />

Rennt er schon und ist am Ort!<br />

Drüben schallt es fort und fort:<br />

Hinterm Berg,<br />

Hinterm Berg,<br />

Brennt es in <strong>de</strong>r Müh<strong>le</strong>.<br />

8<br />

II<br />

Pourquoi, bien-aimée, ton souvenir<br />

Inon<strong>de</strong>-t-il mes yeux <strong>de</strong> mil<strong>le</strong> larmes,<br />

Et pourquoi ne suis-je pas heureux,<br />

Pourquoi mon cœur soupire-t-il sans fin ?<br />

Ah, hier dans la chambre claire <strong>de</strong>s enfants,<br />

À la lueur <strong>de</strong>s bougies disposées avec grâce,<br />

Où je m’oubliais dans <strong>le</strong> bruit <strong>de</strong>s jeux,<br />

Tu entras, ô bel<strong>le</strong> image <strong>de</strong> mon pitoyab<strong>le</strong> tourment ;<br />

C’était ton ombre qui s’assit à la tab<strong>le</strong> du repas,<br />

Nous étions assis là, étrangers, taisant notre dou<strong>le</strong>ur ;<br />

Enfin, j’éclatai en <strong>de</strong> bruyants sanglots,<br />

Et main dans la main nous quittâmes la maison.<br />

Adieu<br />

“Adieu” – Comment pourrais-tu sentir<br />

Ce que signifie <strong>le</strong> mot dou<strong>le</strong>ur ;<br />

Tu <strong>le</strong> prononças d’un visage serein<br />

Et <strong>le</strong> cœur léger.<br />

Adieu ! Ah, mil<strong>le</strong> fois<br />

Me suis-je redis ce mot,<br />

Et dans ce tourment dévorant,<br />

Mon cœur s’est brisé !<br />

À l’écart<br />

Laisse, ô mon<strong>de</strong>, oh laisse-moi !<br />

Ne me soumets pas aux dons <strong>de</strong> l’amour,<br />

Laisse ce cœur solitaire<br />

À sa joie et à sa peine !<br />

Je ne sais pas ce que je p<strong>le</strong>ure,<br />

C’est une dou<strong>le</strong>ur inconnue ;<br />

Derrière mes larmes toujours je vois<br />

La chère lumière du so<strong>le</strong>il.<br />

Souvent je suis à peine conscient,<br />

Et la joie claire tressail<strong>le</strong><br />

Délicieusement en mon cœur,<br />

À travers l’angoisse qui m’oppresse.<br />

Laisse, ô mon<strong>de</strong>, oh laisse-moi !<br />

Ne me soumets pas aux dons <strong>de</strong> l’amour,<br />

Laisse ce cœur solitaire<br />

À sa joie et à sa peine !<br />

Le cavalier du feu<br />

Voyez-vous par la fenêtre,<br />

Là-bas, <strong>le</strong> béret rouge reparaître ?<br />

Ce n’est pas <strong>de</strong> bon augure,<br />

Lorsque déjà il va et vient.<br />

Et soudain la cohue se répand<br />

Près du pont, vers <strong>le</strong> champ !<br />

Oyez ! La cloche sonne l’alarme<br />

Derrière la montagne,<br />

Derrière la montagne<br />

Le moulin s’enflamme !<br />

Voyez ! Il bondit comme hors <strong>de</strong> lui,<br />

Le cavalier du feu s’élance hors <strong>de</strong>s murs,<br />

Juché sur sa bête efflanquée<br />

Comme sur une échel<strong>le</strong> <strong>de</strong> pompier !<br />

À travers champs ! Dans la fumée et la cha<strong>le</strong>ur,<br />

Il court, il est déjà dans la place !<br />

Là-bas s’amplifie la clameur :<br />

Derrière la montagne,<br />

Derrière la montagne,<br />

Le moulin s’enflamme.


Der so oft <strong>de</strong>n roten Hahn<br />

Mei<strong>le</strong>nweit von fern gerochen,<br />

Mit <strong>de</strong>s heil’gen Kreuzes Span<br />

Freventlich die Glut besprochen –<br />

Weh! dir grinst vom Dachgestüh<strong>le</strong><br />

Dort <strong>de</strong>r Feind im Höl<strong>le</strong>nschein.<br />

Gna<strong>de</strong> Gott <strong>de</strong>r See<strong>le</strong> <strong>de</strong>in!<br />

Hinterm Berg.<br />

Hinterm Berg<br />

Rast er in <strong>de</strong>r Müh<strong>le</strong>!<br />

Keine Stun<strong>de</strong> hielt es an,<br />

Bis die Müh<strong>le</strong> barst in Trümmer;<br />

Doch <strong>de</strong>n kecken Reitersmann<br />

Sah man von <strong>de</strong>r Stun<strong>de</strong> nimmer.<br />

Volk und Wagen im Gewüh<strong>le</strong><br />

Kehren heim von all <strong>de</strong>m Graus;<br />

Auch das Glöck<strong>le</strong>in klinget aus:<br />

Hinterm Berg,<br />

Hinterm Berg<br />

Brennt’s! –<br />

Nach <strong>de</strong>r Zeit ein Mül<strong>le</strong>r fand<br />

Ein Gerippe samt <strong>de</strong>r Mützen<br />

Aufrecht an <strong>de</strong>r Kel<strong>le</strong>rwand<br />

Auf <strong>de</strong>r beinern Mähren sitzen:<br />

Feuerreiter, wie so küh<strong>le</strong><br />

Reitest du in <strong>de</strong>inem Grab!<br />

Husch! da fällt’s in Asche ab.<br />

Ruhe wohl,<br />

Ruhe wohl<br />

Drunten in <strong>de</strong>r Müh<strong>le</strong>!<br />

22 | Storchenbotschaft<br />

Des Schäfers sein Haus und das steht auf zwei Rad,<br />

Steht hoch auf <strong>de</strong>r Hei<strong>de</strong>n, so frühe, wie spat;<br />

Und wenn nur ein mancher so’n Nachtquartier hätt’!<br />

Ein Schäfer tauscht nicht mit <strong>de</strong>m König sein Bett.<br />

Und käm’ ihm zur Nacht auch was Seltsames vor,<br />

Er betet sein Sprüchel und <strong>le</strong>gt sich auf’s Ohr;<br />

Ein Geist<strong>le</strong>in, ein Hex<strong>le</strong>in, so lustige Wicht’,<br />

Sie klopfen ihm wohl, doch er antwortet nicht.<br />

Einmal doch, da ward es ihm wirklich zu bunt:<br />

Es knopert am La<strong>de</strong>n, es winselt <strong>de</strong>r Hund;<br />

Nun ziehet mein Schäfer <strong>de</strong>n Riegel – ei schau!<br />

Da stehen zwei Störche, <strong>de</strong>r Mann und die Frau.<br />

Das Pärchen, es machet ein schön Kompliment,<br />

Es möchte gern re<strong>de</strong>n, ach, wenn es nur könnt!<br />

Was will mir das Ziefer? – ist so was erhört?<br />

Doch ist mir wohl fröhliche Botschaft beschert.<br />

Ihr seid wohl dahinten zu Hause am Rhein?<br />

Ihr habt wohl mein Mä<strong>de</strong>l gebissen ins Bein?<br />

Nun weinet das Kind und die Mutter noch mehr,<br />

Sie wünschet <strong>de</strong>n Herzal<strong>le</strong>rliebsten sich her?<br />

Und wünschet daneben die Taufe bestellt:<br />

Ein Lämm<strong>le</strong>in, ein Würst<strong>le</strong>in, ein Beute<strong>le</strong>in Geld?<br />

So sagt nur, ich käm in zwei Tag o<strong>de</strong>r drei,<br />

Und grüßt mir mein Bübel und rührt ihm <strong>de</strong>n Brei!<br />

9<br />

Toi qui souvent, à <strong>de</strong>s lieues <strong>de</strong> distance,<br />

As flairé l’o<strong>de</strong>ur du feu,<br />

Qui, avec <strong>le</strong> bois <strong>de</strong> la Sainte-Croix,<br />

Ô sacrilège, a conjuré la flamme,<br />

Malheur à toi ! Sous la charpente,<br />

L’ennemi infernal ricane et te rail<strong>le</strong>.<br />

Dieu ait pitié <strong>de</strong> ton âme !<br />

Derrière la montagne,<br />

Derrière la montagne<br />

Le moulin s’embrase !<br />

Une heure ne s’était pas écoulée<br />

Que <strong>le</strong> moulin s’était écroulé ;<br />

Cependant, dès cet instant,<br />

Nul ne revit jamais <strong>le</strong> hardi cavalier.<br />

La fou<strong>le</strong> <strong>de</strong>s gens et <strong>de</strong>s voitures<br />

Rentra chez el<strong>le</strong>, loin <strong>de</strong> ces horreurs ;<br />

La petite cloche aussi s’arrêta :<br />

Derrière la montagne,<br />

Derrière la montagne<br />

Brû<strong>le</strong>-<strong>le</strong>…<br />

Bien plus tard, un meunier découvrit<br />

Un sque<strong>le</strong>tte avec un béret<br />

Au mur <strong>de</strong> la cave adossé,<br />

Assis sur <strong>le</strong>s os <strong>de</strong> sa rosse :<br />

Cavalier du feu, comme tu chevauches<br />

Dans <strong>le</strong> frais du tombeau !<br />

Husch ! Ses restes tombent en cendres.<br />

Repose en paix,<br />

Repose en paix<br />

Là-bas, dans <strong>le</strong> moulin !<br />

Le message <strong>de</strong>s cigognes<br />

La maison du berger est juchée sur <strong>de</strong>ux roues,<br />

Perchée là-haut sur la lan<strong>de</strong>, <strong>le</strong> matin, <strong>le</strong> soir ;<br />

Ah, si tout homme avait un tel abri pour la nuit !<br />

Le berger ne l’échangerait pas avec <strong>le</strong> lit du roi.<br />

Quand <strong>de</strong> nuit il lui arrive quelque étrange aventure,<br />

Il dit une courte prière et s’endort sur ses <strong>de</strong>ux oreil<strong>le</strong>s,<br />

De petits fantômes, une petite sorcière, <strong>de</strong> gais lutins,<br />

Tous frappent à sa porte, mais il ne répond point.<br />

Un jour cependant, il en fut vraiment excédé :<br />

Les grattements au vo<strong>le</strong>t, <strong>le</strong>s couinements du chien ;<br />

Notre berger tire <strong>le</strong> verrou : Hé, voyez cela !<br />

Deux cigognes, mâ<strong>le</strong> et femel<strong>le</strong>, se tenaient là.<br />

Le coup<strong>le</strong> mignon fit une jolie révérence,<br />

Il aurait bien parlé, ah, si seu<strong>le</strong>ment il avait pu !<br />

Que me veu<strong>le</strong>nt ces volail<strong>le</strong>s ? A-t-on jamais ouï ceci ?<br />

Mais sans doute est-ce une bonne nouvel<strong>le</strong>.<br />

Vous venez sans doute <strong>de</strong> chez vous sur <strong>le</strong> Rhin ?<br />

Vous avez sans doute pincé <strong>le</strong> mol<strong>le</strong>t <strong>de</strong> ma mie ?<br />

Maintenant l’enfant p<strong>le</strong>ure et la mère plus encore,<br />

El<strong>le</strong> aimerait que l’élu <strong>de</strong> son cœur soit près d’el<strong>le</strong> ?<br />

El<strong>le</strong> souhaite que soit décidé <strong>le</strong> baptême :<br />

Un agne<strong>le</strong>t, un saucisson, une petite bourse ?<br />

Dites-lui donc que j’arriverai dans <strong>de</strong>ux ou trois jours,<br />

Saluez mon petit garçon et faites-lui sa bouillie !


Doch halt! warum stellt ihr zu zweien euch ein?<br />

Es wer<strong>de</strong>n doch, hoff ich, nicht Zwillinge sein?<br />

Da klappern die Störche im lustigsten Ton,<br />

Sie nicken und knicksen und fliegen davon.<br />

23 | Abschied<br />

Unangeklopft ein Herr tritt Abends bei mir ein:<br />

„Ich habe die Ehr, Ihr Rezensent zu sein!“<br />

Sofort nimmt er das Licht in die Hand,<br />

Besieht lang meinen Schatten an <strong>de</strong>r Wand,<br />

Rückt nah und fern: „Nun, lieber junger Mann,<br />

Sehn Sie doch gefälligst mal Ihre Nas’ so von <strong>de</strong>r Seite<br />

Sie geben zu, daß das ein Auswuchs is’.” [ an!<br />

– Das? Al<strong>le</strong> Wetter – gewiß!<br />

Ei Hasen! ich dachte nicht,<br />

All’ mein Lebtage nicht,<br />

Daß ich so eine Weltsnase führt’ im Gesicht!<br />

Der Mann sprach noch verschiednes hin und her,<br />

Ich weiß, auf meine Ehre, nicht mehr;<br />

Meinte viel<strong>le</strong>icht, ich sollt’ ihm beichten.<br />

Zu<strong>le</strong>tzt stand er auf; ich tat ihm <strong>le</strong>uchten.<br />

Wie wir nun an <strong>de</strong>r Treppe sind,<br />

Da geb’ ich ihm, ganz frohgesinnt,<br />

Einen k<strong>le</strong>inen Tritt,<br />

Nur so von hinten aufs Gesäße mit –<br />

Al<strong>le</strong> Hagel! ward das ein Gerumpel,<br />

Ein Gepurzel, ein Gehumpel!<br />

Derg<strong>le</strong>ichen hab’ ich nie gesehn,<br />

All mein Lebtage nicht gesehn<br />

Einen Menschen so rasch die Trepp’ hinabgehn!<br />

10<br />

Mais atten<strong>de</strong>z ! Pourquoi êtes-vous là toutes <strong>de</strong>ux ?<br />

Ne serait-ce pas, j’espère bien, <strong>de</strong>s jumeaux ?<br />

Les cigognes approuvent d’un claquement joyeux,<br />

El<strong>le</strong>s s’inclinent, font une courbette et s’envo<strong>le</strong>nt.<br />

Adieu<br />

Sans frapper un Monsieur entre un soir chez moi :<br />

“J’ai l’honneur d’être <strong>le</strong> critique <strong>de</strong> votre œuvre !”<br />

Aussitôt, il prend la lampe en main,<br />

Considère longuement mon ombre sur <strong>le</strong> mur,<br />

S’approche puis recu<strong>le</strong> : “Eh bien, mon jeune ami,<br />

Ayez l’obligeance <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r votre nez <strong>de</strong> ce côté !<br />

Vous conviendrez que c’est une excroissance.”<br />

Ceci ? Mil<strong>le</strong> tonnerres – certainement !<br />

Diantre ! Je n’avais pas pensé,<br />

Jamais <strong>de</strong> toute ma vie,<br />

Que j’avais un nez aussi extraordinaire !<br />

L’homme dit encore diverses choses,<br />

Sur mon honneur, je <strong>le</strong>s ai oubliées ;<br />

Sans doute pensait-il que j’allais me confier.<br />

Enfin, il se <strong>le</strong>va et je l’éclairai.<br />

Alors que nous arrivions dans l’escalier,<br />

Je lui donnai, <strong>de</strong> fort bonne grâce,<br />

Un petit coup <strong>de</strong> pied,<br />

Par <strong>de</strong>rrière dans <strong>le</strong> fon<strong>de</strong>ment –<br />

Sacreb<strong>le</strong>u ! Cela produisit un gron<strong>de</strong>ment,<br />

Une dégringola<strong>de</strong>, un boitil<strong>le</strong>ment !<br />

Je n’avais jamais vu,<br />

Jamais <strong>de</strong> toute ma vie,<br />

Un homme <strong>de</strong>scendre aussi vite l’escalier !<br />

Traduction Pierre-André Bruhns

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