4 - Conseil Général de l'Hérault
4 - Conseil Général de l'Hérault
4 - Conseil Général de l'Hérault
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
LA GRANDE HISTOIRE<br />
En route<br />
vers<br />
l’estive<br />
Me voilà partie. Adieu Guerlain, élégance et escarpins ! J’abandonne le confort citadin, laisse montre<br />
et portable sur la table. Juste une vaste chemise, toile épaisse, ventilée et confortable, chapeau à large<br />
bord, pantalon robuste et bonnes chaussures. « Amenez votre gamelle et vos couverts », m’a- t-on dit.<br />
Savoir être minimaliste, couper avec le temps pour entrer dans un mon<strong>de</strong> diff érent. Celui<br />
<strong>de</strong> la lenteur, du levant au couchant, pour avancer en marchant au rythme d’un<br />
royaume errant. Voilà ce qu’est pour moi la transhumance. Pour la première fois,<br />
une sacrée expérience, expérience sacrée.<br />
17 h, un vendredi <strong>de</strong> juin<br />
Ren<strong>de</strong>z-vous au château d’Aumelas, aux portes <strong>de</strong> Montpellier.<br />
Ruines en pleine garrigue, plateau sauvage, dominant les<br />
paysages jusqu’à la mer. Parfum puissant <strong>de</strong> thym et <strong>de</strong> genêts<br />
en fleur. Le troupeau est là : huit cents brebis broutent<br />
paisiblement, <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s caussenar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s garrigues au front<br />
busqué, collier bleu, sonnailles chantantes qui berceront mes<br />
jours et mes nuits trois jours durant. Trois jours d’itinérance<br />
jusqu’aux contreforts <strong>de</strong>s Cévennes sur le causse <strong>de</strong> Blandas,<br />
trois jours d’un temps lent, dans lequel je me fondrai totalement.<br />
A peine arrivée, voilà qu’est donné le signal du départ.<br />
Le berger, c’est lui qui sait, lui qui déci<strong>de</strong><br />
Grand, ru<strong>de</strong>, taillé dans le muscle. Regard droit et clair, ri<strong>de</strong>s<br />
profon<strong>de</strong>s au coin <strong>de</strong>s yeux. Le berger Thierry est un taiseux,<br />
il n’a pas besoin <strong>de</strong> mots. Pourtant plus tard il saura pointer<br />
d’humour et <strong>de</strong> bonne humeur la vie <strong>de</strong> la petite troupe.<br />
Les brebis sont toute sa vie : ni femme ni enfant, les brebis et<br />
rien d’autre. Berger, ce n’est pas un métier qu’il a appris : il est<br />
inscrit dans une lignée, comme une évi<strong>de</strong>nce, et a pris le relais<br />
<strong>de</strong> son père. Il est resté dans la trace. « Mon frère, lui, il vit<br />
pour les brebis, et moi, c’est les brebis qui me font vivre ! »<br />
résume Richard, frère <strong>de</strong> Thierry. Chez les Saltel, la transhumance<br />
est une aff aire <strong>de</strong> famille. Richard en est le chef d’orchestre.<br />
Infatigable, il pense à tout, est attentif à chacun. Il va,<br />
vient, coordonne, transporte, charge, décharge, gère <strong>de</strong> main<br />
<strong>de</strong> maître toute la logistique et l’organisation.<br />
Puis il y a les amis. Les valeurs sûres, ceux sur qui,<br />
Mai 2013 — 33