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Lionel Bertrand, à l’inverse de Marler,<br />
fut d’abord député fédéral de Terrebonne de<br />
1940 à 1944 et de 1945 à 1957 avant de faire le<br />
saut dans l’arène provinciale où il représenta<br />
les électeurs de Terrebonne de 1960 jusqu’à<br />
sa nomination, le 25 novembre 1964, au<br />
Conseil législatif pour la division des Mille-<br />
Isles. Lui qui avait toujours rêvé d’accéder<br />
au Sénat canadien, il dut se contenter d’un<br />
siège à la Chambre haute québécoise 5 . Il avait<br />
été secrétaire de la province puis ministre du<br />
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans le<br />
cabinet Lesage. Bertrand remplaçait Francis<br />
L. Connors, libéral, lui aussi mort en fonction.<br />
Les quatre conseillers législatifs<br />
libéraux avaient cumulé au moment de leur<br />
nomination quelque 51 années d’expérience<br />
parlementaire, soit une moyenne de près<br />
de 13 ans chacun. Ils ont fait partie du<br />
Conseil législatif jusqu’à son abolition le<br />
31 décembre 1968 et ont touché jusqu’à<br />
leur décès, comme leurs autres collègues,<br />
la pension annuelle et viagère de 10 000 $<br />
prévue dans la loi 6 .<br />
Les nominations unionistes<br />
L’Union nationale prend le pouvoir en<br />
juin 1966. Dans l’article 7 du chapitre premier<br />
de son programme électoral, le parti prend<br />
l’engagement « d’abolir le Conseil législatif<br />
sans l’intervention de Londres ni d’Ottawa<br />
dans les affaires internes du Québec ». Il n’y<br />
a alors aucun siège vacant au Conseil.<br />
Le 31 octobre 1967, le premier ministre<br />
Daniel Johnson effectue un remaniement<br />
ministériel. Au portefeuille de l’Éducation,<br />
il nomme Jean-Guy Cardinal, 42 ans, qui<br />
n’est pas député, mais qui vient d’être<br />
désigné conseiller législatif pour la division<br />
de Rougemont, laissée vacante à la suite de<br />
la démission, le même jour, de J. H. Albiny<br />
Paquette 7 . Geste antidémocratique selon le<br />
chef de l’opposition, Jean Lesage, qui aurait<br />
préféré que Cardinal se soumette au vote<br />
des électeurs d’une circonscription et prenne<br />
place à l’Assemblée législative comme Claude<br />
Wagner quelques années auparavant 8 . La<br />
faible majorité des unionistes en Chambre<br />
ou encore le fait qu’aucun député unioniste<br />
n’était disposé à céder son siège peut<br />
expliquer la méthode choisie par Johnson.<br />
Le même jour, Édouard Masson,<br />
représentant de la division De Repentigny<br />
depuis 1953, démissionne en faveur de<br />
Marcel Faribault, 59 ans. Ce dernier devient<br />
conseiller spécial du premier ministre en<br />
matières constitutionnelle et économique.<br />
Contrairement aux nominations libérales,<br />
les deux nouveaux conseillers législatifs<br />
n’ont aucune expérience parlementaire<br />
et n’ont jamais fait de politique active.<br />
Jean-Guy Cardinal, notaire de profession,<br />
était alors doyen de la Faculté de droit de<br />
l’Université de Montréal. Marcel Faribault<br />
était également notaire en plus d’être membre<br />
de plusieurs conseils d’administration. Sans<br />
expérience parlementaire, il était cependant<br />
très intéressé par la chose publique; partisan<br />
acharné de la thèse des deux nations, il était<br />
coauteur avec Robert Fowler de l’ouvrage Dix<br />
pour un dans lequel il plaidait avec insistance<br />
en faveur d’une nouvelle constitution.<br />
Le discours du trône prononcé<br />
le 20 février 1968 annonce l’abolition<br />
prochaine du Conseil législatif. Johnson veut<br />
« transformer le Conseil législatif en une<br />
chambre mixte, mi-sélective et mi-élective,<br />
à demi-corporative, qui aurait pour fonction<br />
Jean-Guy Cardinal,<br />
conseiller législatif pour<br />
la division de Rougemont<br />
en 1967 et 1968. Cardinal<br />
démissionne en octobre<br />
1968 pour poser sa<br />
candidature dans la<br />
circonscription de Bagot<br />
à l’élection partielle du<br />
4 décembre 1968, lors de<br />
laquelle il est élu. Il a été<br />
ministre de l’Éducation<br />
dans les cabinets<br />
Johnson et Bertrand de<br />
1967 à 1970 et premier<br />
ministre intérimaire du<br />
11 décembre 1968 au<br />
20 janvier 1969. Il ne se<br />
représente pas en 1973,<br />
mais fait un retour en<br />
1976, élu sous la bannière<br />
du Parti québécois.<br />
BULLETIN, 39, 2, AUTOMNE 2010<br />
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