Bulletin

fois en quarante ans, et les députés ont
accepté un programme de modernisation 5 :
ajustement de l’horaire de travail,
aménagement du sous-sol, modification en
1945 de la loi sur la Bibliothèque, laquelle
fixait jusque-là le nombre d’employés à dix.
Le conservateur s’est intéressé aussi aux
politiques et aux pratiques d’acquisition et il
était particulièrement préoccupé par l’achat
de livres québécois.
En dépit de ses succès, Marquis a
connu des difficultés au cours de sa carrière
documentaire. Des collaborateurs le courtcircuitaient
(il est vrai qu’il faisait de même
envers ses supérieurs), et on ne respectait
pas la discipline qu’il s’efforçait d’implanter.
Il a composé avec le système de recrutement
pratiqué à l’époque et il a souvent été obligé
d’accepter des employés qu’il ne voulait pas
nécessairement embaucher. Ses relations
avec les autorités politiques n’étaient pas
à son goût. De là, un langage acéré avec
les présidents et le premier ministre. Et les
hommes politiques se sont montrés fort
réservés à son égard 6 . Il sollicitait beaucoup
plus de rencontres qu’il n’en obtenait, et
beaucoup de modifications matérielles qu’il
proposa passaient aux profits et pertes.
L’information administrative ne lui parvenait
pas toujours. L’État a mis fin à la publication
du catalogue imprimé et des rapports annuels
de la Bibliothèque en 1936, et il a eu beau
en réclamer la reprise, rien n’y faisait. Il
a eu aussi maille à partir avec de hauts
fonctionnaires. Pendant qu’il intervenait en
faveur de ses collaborateurs et suggérait
des augmentations de salaire, le sien, fixé à
4 000 $ en 1934, resta le même au moment
de sa prise de retraite en 1952.
Marquis s’est fait le promoteur de
nombreux projets au cours de son passage
à la Bibliothèque des parlementaires :
instauration d’un dépôt légal payé, dépôt
automatique des publications de l’État
auprès de la Bibliothèque, publication d’un
bulletin de bibliographies 7 , indexation de
journaux, établissement d’un service postal
de prêts, création d’une section scolaire,
formation d’un comité chargé d’encourager
la mise sur pied de bibliothèques dans les
centres populeux, aménagement de bureaux
superposés aux extrémités de la Bibliothèque.
Il tenait à la publication d’un catalogue
imprimé puisque le fichier « ne saurait être à
la portée de ceux qui n’habitent pas Québec».
Il a recommandé, en 1936, la célébration
du centième anniversaire de naissance de
Pamphile Le May, le sixième bibliothécaire
du Parlement.
Le conservateur utilisait un langage
direct avec les lecteurs. À un fonctionnaire
qui ne remettait pas un volume emprunté,
il a écrit « si votre Département a besoin de
certaines publications à la longue année, il
n’a qu’à les acheter ». À un correspondant
qui l’avait désigné par l’expression « gardien
de… », il conseille d’adresser ses lettres au
Conservateur. Il juge ne pouvoir acheter les
livres d’un auteur « plutôt dévergondé » et
il admet à la réserve, c’est-à-dire en enfer,
seulement les hommes « ayant fait un cours
classique complet ». Il tient pour acquis que
les rayons de la Bibliothèque contiennent
à la fois « des œuvres de vie et des œuvres
de mort ». Il méprise certaines catégories
de personnes et ne souffre pas de rester
sur son quant-à-soi. On devait choisir ses
sujets avec lui, note un abonné. Une notice
biographique, datée de 1953, précise à son
endroit : « Homme d’étude que les futilités
exaspèrent ».
Georges-Émile Marquis,
« Bibliothécaire de la
Province de Québec ».
Source : La Bibliothèque,
par G.-E. Marquis.
Brochure, 1934
BULLETIN, 39, 2, AUTOMNE 2010
32