01.06.2013 Views

Bulletin

Bulletin

Bulletin

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

BULLETIN, 39, 2, AUTOMNE 2010<br />

41<br />

croissance, soit en banlieue de Montréal. Les<br />

réactions aux rapports préliminaires de 2001<br />

et de 2008 ont aussi été analogues, en ce sens<br />

que la population de la région montréalaise<br />

est restée silencieuse et qu’un tollé s’est fait<br />

entendre en région.<br />

En 2001, la réponse des régions à la<br />

proposition de la CRE avait considérablement<br />

ralenti le processus d’adoption de la nouvelle<br />

carte électorale. D’ailleurs, cette vive réaction<br />

avait fait plier la CRE, qui n’a finalement<br />

retiré aucune circonscription électorale<br />

aux régions. Cependant, l’île de Montréal<br />

perdait deux circonscriptions au profit de<br />

ses couronnes sud et nord. L’histoire s’est<br />

répétée en 2008. En effet, les citoyens des<br />

régions se sont mobilisés pour s’opposer<br />

au retrait de trois de leurs circonscriptions<br />

électorales. Cette résistance a d’abord ralenti<br />

le processus de révision de la carte électorale,<br />

qui a été bloqué dès la fin des audiences<br />

publiques menées au printemps 2008. Ainsi,<br />

le gouvernement a déposé un premier projet<br />

de loi, le projet de loi n o 92 (Loi modifiant la<br />

loi électorale concernant la représentation<br />

électorale) afin de protéger le nombre de<br />

circonscriptions électorales dans chacune<br />

des régions administratives, en réponse<br />

aux revendications des citoyens. Le projet<br />

loi n o 132 (Loi concernant la suspension du<br />

processus de délimitation des circonscriptions<br />

électorales), adopté à l’automne 2010, vise<br />

quant à lui la suspension du processus de<br />

délimitation afin de répondre aux souhaits<br />

de la Coalition pour le maintien des comtés<br />

en région.<br />

Soulignons que l’influence des régions<br />

dans la délimitation des circonscriptions<br />

électorales est un phénomène relativement<br />

nouveau. De fait, tant et aussi longtemps<br />

que la CRE a eu la possibilité d’ajouter des<br />

circonscriptions là où la population croissait,<br />

on n’entrevoyait pas la perte d’un ou de<br />

plusieurs députés en région.<br />

Par contre, depuis 1988, soit un an<br />

après qu’une modification à la Loi sur la<br />

représentation électorale eut fixé un minimum<br />

(122) et un maximum (125) au nombre de<br />

circonscriptions électorales, la CRE n’a plus<br />

de marge de manœuvre. En effet, elle a atteint<br />

le maximum de 125 circonscriptions permis<br />

par la loi cette même année 6 . Depuis, afin de<br />

présenter une carte électorale relativement<br />

équitable pour l’ensemble du Québec, elle<br />

se voit obligée d’enlever des circonscriptions<br />

dans les régions moins denses pour en établir<br />

là où la population est plus nombreuse.<br />

La multiplication des acteurs régionaux<br />

C’est aussi tout le climat régional<br />

qui a changé au cours des 30 dernières<br />

années au Québec. Malgré l’importante<br />

baisse démographique et les difficultés<br />

économiques, ou peut-être même à cause<br />

des nombreux problèmes locaux, la classe<br />

politique semble s’intéresser aux régions<br />

de plus en plus. Force est de constater que,<br />

quelle que soit l’allégeance politique du parti<br />

au pouvoir, le développement régional est au<br />

cœur des politiques gouvernementales depuis<br />

la fin des années 1990 et le début des années<br />

2000. En outre, la création de nombreux<br />

programmes et d’instances en région permet<br />

l’émergence d’acteurs très actifs dans le<br />

domaine du développement régional, et ce,<br />

depuis le début des années 1980.<br />

La Politique nationale de la ruralité et<br />

le Fonds d’intervention économique régional<br />

(FIER) ainsi que les conférences régionales<br />

des élus ou la Table Québec-régions, par<br />

exemple, sont le fruit d’une plus grande<br />

décentralisation instaurée par les différents<br />

gouvernements québécois. Résultats : de<br />

nouvelles plateformes et de nouveaux<br />

acteurs voient le jour, donnant ainsi plus de<br />

responsabilités, mais aussi plus d’autonomie<br />

et de pouvoir aux régions.<br />

Lorsqu’il est temps de revendiquer le<br />

maintien du statu quo en ce qui a trait à la<br />

carte électorale, des intervenants tels que les<br />

membres des conférences régionales des élus<br />

et les municipalités régionales de comté (MRC)<br />

connaissent bien les règles du jeu politique.<br />

Ils ont aussi appris le sens de la solidarité,<br />

puisqu’ils ont pu se rencontrer pendant les<br />

sommets des régions, des conseils des MRC<br />

ou des réunions de la Fédération québécoise<br />

des municipalités (FQM).<br />

Plusieurs de ces entités ont été<br />

créées afin de concerter tous les efforts de<br />

développement dans une même région<br />

et pour établir un lien direct entre les<br />

régions et le gouvernement du Québec. Leur

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!