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au profit de la Bibliothèque de la représentation nationale<br />

fut décrété dans les années 1980 (art. 132 de la Loi sur<br />

l’Assemblée nationale). Le bulletin bibliographique parut<br />

à la fin des années 1960 à l’initiative de la Bibliothèque<br />

nationale et de Georges Cartier. Les index de journaux<br />

évoqués dans les années 1930 devinrent réalité vers 1965<br />

(index du Devoir); même chose pour la climatisation des<br />

locaux et pour les magasins évoquée au début de 1948<br />

(Rapport annuel daté du 3 mars 1948).<br />

JeAN-ChArLeS hArVey, Le SCANDALe DeS Demi-civiLisés et Le PoSte<br />

De « BIBLIothÉCAIre ProVINCIAL »<br />

Jean-Charles harvey, introduction des Demi-civilisés (extraits), Montréal, typo, 1966 [1996], p. 7-11.<br />

Ce roman, paru en mars 1934, s’efforçait de peindre certains milieux petits-bourgeois<br />

de Québec et autres lieux. Comme mes écrits précédents m’avaient quelque peu mis en<br />

vedette, mon éditeur Albert Pelletier […] espérait un succès de ce dernier-né. Mais une<br />

bombe éclata qui nous déconcerta tous deux.<br />

Vers la fin d’avril, Son Éminence le cardinal Villeneuve, archevêque, interdisait Les Demi-<br />

Civilisés. […] Amis et ennemis crurent que je ne m’en relèverais jamais. C’était le temps où<br />

l’Église, encore plus que de nos jours, jouissait d’une autorité et d’un prestige incontestés<br />

aussi bien auprès du pouvoir civil que dans la masse des croyants.<br />

Le Soleil, porte-parole ministériel, dont j’étais le rédacteur en chef depuis sept ans, était<br />

le plus fort des quotidiens de la région québécoise. Ma fonction me liait étroitement aux<br />

chefs fédéraux et provinciaux du parti régnant. Alexandre Taschereau, premier ministre,<br />

et Ernest Lapointe, bras droit de Mackenzie King, m’honoraient de leur confiance. […]<br />

La nouvelle de la mise au ban des Demi-Civilisés se répandit d’un océan à l’autre le jour<br />

même où le cardinal promulgua sa sentence. Dans son affolement, mon directeur, Henri<br />

Gagnon, de passage à Montréal à ce moment-là, me téléphona le soir même à mon domicile<br />

pour exiger ma démission immédiate et me prier de ne plus me montrer au journal qu’il<br />

administrait. […]<br />

L’index fit boomerang. Sous l’attrait du fruit défendu, le public prit d’assaut certaines<br />

librairies de la métropole, dont l’archevêque n’avait pas daigné appuyer le décret de son<br />

collègue de la vieille capitale. Pour le livre et son auteur, ce furent des heures de célébrité.<br />

[…]<br />

Mes vacances payées me portèrent jusqu’à l’automne, alors que le Premier ministre<br />

m’offrit conditionnellement la fonction de bibliothécaire provincial. « Vous n’avez, dit-il,<br />

qu’à obtenir l’assentiment du cardinal, et le poste vous appartient. » Ma fierté se cabra:<br />

« Je n’irai pas à Canossa! », lui dis-je.<br />

Le chef du gouvernement me demanda alors si je connaissais un prêtre influent et d’esprit<br />

large qui me recommanderait pas écrit. Je lui désignai le directeur de L’Action Catholique,<br />

le chanoine Chamberland, avec qui j’entretenais des relations cordiales. […]<br />

Et voici l’accueil que fit Son Éminence à la requête du chanoine: « Faites savoir au Premier<br />

ministre que je n’ai aucune objection à ce qu’il confie à M. Harvey toutes les fonctions qu’il<br />

voudra ... sauf la bibliothèque. » De là ce compromis: à la bibliothèque, M. Taschereau<br />

nomma le colonel Marquis, statisticien depuis vingt ans, et, à Harvey, écrivain et journaliste<br />

depuis toujours, il confia la statistique. Le premier ne connaissait rien aux livres et le<br />

second ignorait tout de la statistique. […]<br />

Ce petit drame eut un dénouement inattendu. La tourmente électorale de 1936 balaya<br />

le parti libéral. En février 1937, le nouveau régime me limogea sans avis. J’appris mon<br />

congédiement par radio, un soir, en famille. Le Premier ministre Duplessis m’accorda,<br />

par la suite, un entretien pour me dire que j’avais trop d’ennemis à Québec pour y rester<br />

et que je ferais mieux de retourner à Montréal où il me doterait bientôt d’un emploi. […]<br />

BULLETIN, 39, 2, AUTOMNE 2010<br />

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