Hathout, N. (2009) - ERSS - Université Toulouse II-Le Mirail
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18 Parcours scientifique<br />
quadruplets analogiques comme en (2) 4 . En (2a) par exemple, la décoration est à l’action<br />
de décorer ce que l’embellissement est à l’action d’embellir. De même, en (2b), une facétie<br />
est un acte ou une parole facétieuse de la même façon qu’une drôlerie est un acte ou une<br />
parole drôle.<br />
(2) a. décoration : décorer :: embellissement : embellir<br />
b. facétie : facétieux :: drôlerie : drôle<br />
Ce type de croisement s’avère très efficace pour former des couples de mots morphologiquement<br />
apparentés avec une précision de l’ordre de 95% pour le dictionnaire de synonymes<br />
de l’ATILF 5 et de 92% en anglais pour les synsets de WordNet (Miller et al. 1990,<br />
Fellbaum 1999). Il est également intéressant parce qu’il permet de relier des couples qui<br />
relèvent de séries dérivationnelles différentes comme en (2a) ou dans lesquels les relations<br />
morphologiques sont inversées comme en (2b). Dans ce quadruplet, facétie est la base de<br />
facétieux mais drôlerie est dérivé drôle.<br />
J’ai également effectué une comparaison de la sélectivité de différents types de quadruplets.<br />
On peut en effet typer les quadruplets morphosynonymiques de la manière suivante :<br />
– un quadruplet est dit « exact » (de type E) si c’est une analogie formelle comme (3) ;<br />
– un quadruplet qui n’est pas exact est dit « hétérogène » (de type H) comme (4).<br />
(3) déchirer : déchirure :: érafler : éraflure<br />
(4) déchirer : déchirure :: fendre : fente<br />
On peut ensuite projeter ce typage sur les couples qui composent les quadruplets :<br />
– un couple est dit « exact » (de type E) s’il fait partie d’un quadruplet exact ;<br />
– un couple qui n’est pas exact est dit « hétérogène » (de type H).<br />
<strong>Le</strong> typage des couples permet en retour de caractériser plus finement les quadruplets de<br />
type H. Trois sous-types peuvent être distingués :<br />
– un quadruplet est de sous-type H0 si ses deux couples sont de type E ;<br />
– un quadruplet est de sous-type H1 si l’un de ses couples est de type E et l’autre de<br />
type H ;<br />
– un quadruplet est de sous-type H2 si ses deux couples sont de type H .<br />
J’ai révisé manuellement des échantillons 200 couples qui apparaissent dans ces différents<br />
types de quadruplets et j’ai mis en évidence que la meilleure précision est obtenue pour les<br />
couples E issus de quadruplets H0 ou H1. <strong>Le</strong>s couples qui apparaissent dans des quadruplets<br />
E ont une précision inférieure. Cette observation, qui peut paraître contre-intuitive,<br />
s’explique par le fait que les couples E sont plus fortement contraints lorsque la caractérisation<br />
synonymique est distincte de celle qui est issue des séries morphologiques.<br />
4. Je rappelle qu’une analogie est une relation quaternaire qui s’établit entre les éléments d’un quadruplet<br />
(a, b, c, d) tel que a est à b ce que c est à d. Un quadruplet analogique (a, b, c, d) est noté a : b :: c : d. Par<br />
abus de langage, on utilise aussi le terme d’« analogie » pour désigner les quadruplets qui appartiennent à une<br />
relation analogique.<br />
5. Voir www.atilf.fr/synonymes/ pour une présentation de cette ressource. Une version nettoyée de<br />
ce dictionnaire est consultable sur le portail lexical du CNRTL (www.cnrtl.fr/synonymie/).